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Texte original en anglais en 2è partie de l’article ci-après

« Le prix douloureux pour Israël de l’aventure de ses colons »

Source : Ha’aretz / Bradley Burston - Mardi, 21 juillet 2009 - 12h33

mardi 21 juillet 2009

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[Commentaires : Nous ne saurions trop recommander de consulter cet article sur le site de Ha’aretz, et tout particulièrement les très nombreuses lettres de lecteurs qui l’accompagnent. Quelques une saluent la lucidité et le courage de l’auteur, mais la plupart l’insultent de plusieurs façons.

Et cela même nous amène, tout en appréciant son courage, à porter une appréciation plus nuancée sur sa lucidité.

Lorsqu’il écrit que les attitudes mussoliniennes de Netanyahu et de ses comparses « ont obtenu très peu de soutien en Israël », les faits, hélas, ne lui donnent pas raison.

A commencer par les résultats des dernières élections, qui se sont jouées entre la droite bien élevée de type Livni et la droite excitée de type Netanyahu et al.

Mais ceci n’est que la conséquence de tout un passé.

Bradley Burston l’écrit lui-même : le problème des implantations est posé depuis des dizaines d’années. Et chacun sait que les implantations ont pour inéluctable conséquence l’occupation, car il est bien évident que des colons n’ont aucun chance d’être les bienvenus en Cisjordanie, de sorte que leur sécurité exige la présence à leurs côtés d’une force d’occupation.

Et c’est donc depuis des dizaines d’années que l’établissement sioniste est un pays de menteurs, qui prétend vouloir la paix en prenant consciencieusement les dispositions qui la rendent impossible.

Car enfin les mouvements pacifistes israéliens (c’est de ceux qui sont sincères que je parle) ont dès le début tiré la sonnette d’alarme, notamment au sujet de la politique de colonisation-occupation.

Et cette politique trouve en réalité ses racines au coeur du projet sioniste. Car il ne faut pas longtemps pour que les idolâtres de la Sionie le déclarent : le peuple qu’ils prétendent constituer tiendrait ses droits sur la terre de Palestine non du droit international ou du droit des gens, mais d’un décret de l’Eternel.

C’est le droit de la Bible. Sic !

Il suffit de voir quel émoi Obama a suscité lorsque, dans son discours du Caire, il a légitimé l’existence d’un établissement sioniste en Palestine par les souffrances subies par des juifs au cours de la seconde guerre mondiale. Oh, ils ont glissé rapidement, mais enfin les lecteurs, même occasionnels de la presse sioniste ont pu le constater : la légitimité de la présence sioniste en Palestine n’avait rien à voir avec l’Holocauste !

Alors, la perspective qu’une confrontation violente règle un jour le sort de l’établissement colonial sioniste peut elle être écartée ? Nous n’en sommes pas du tout sûrs ]

VOICI L’ARTICLE

Ha’aretz et Bradley Burston

Le prix douloureux pour Israël de l’aventure de ses colons

Par Bradley Burston

Alors que des frictions se développent entre l’administration Obama et Israël au sujet des appels répétés de Washington à un gel de la construction des implantations, les partisans anxieux de l’entreprise de création d’implantations en Cisjordanie posent une question avec une fréquence et une insistance plus grandes que jamais :

Pourquoi les colons devraient-ils payer le prix de la paix entre Israël et les Palestiniens ?

La question est posée de manière rhétorique, afin de faire baisser et de détourner la pression qui s’oppose à l’expansion des enclaves en Cisjordanie.

Mais, au pied de la lettre, c’est très exactement la question qui se pose en ce moment même. Pourquoi, au fait, les colons devraient-ils être contraints à payer le prix de la paix ?

La réponse, en bref est celle-ci : c’est en raison de ce que le mouvement des implantations nous a coûté, et a coûté à Israël. Et en raison de ce qu’il coîute à Israël maintenant.

1. Le coût en dollars

Le mouvement des implantations a coûté à Israël environ 100 milliards de dollars US au cours des 40 dernières années.

Sans même parler des gaspillage et des saupoudrages effrénés et dans les projets de construction en Cisjordanie et à Gaza, le coût pour le développement d’Israël a été incalculable. Les implantation dans des zones éloignées ont siphonné des fonds dont il y avait un besoin urgent pour des investissements générateurs d’emplois, pour des infrastructures, des habitations et des équipements sociaux dans le centre d’Israël, en Galilée ou dans le Negev.

D’énormes dépenses engagées dans la construction de routes en Cisjordanie, y compris des autoroutes à plusieurs voies à usage réservé aux israéliens, des routes construites à grands frais vers des implantations éloignées et bien souvent illégales, toutes ont comporté un coût humain par ailleurs. Il a fallu reporter la mise à niveau de routes dangereuses [ désignées sous l’appellation de « routes rouges » ] à l’intérieur d’Israël, ce qui a inévitablement ajouté à l’un des problèmes les plus dangereux du pays. L’an passé, plus de 440 personnes sont mortes sur les routes d’Israël, soit plus de 12 fois le nombre de victimes d’attaques terroristes.

2. Le coût pour la sécurité d’Israël

Pendant des dizaines d’années, le fardeau énorme d’assurer la garde des implantations, la police des barrages routiers, et de faire tourner la machinerie aux ramification étendues de l’occupation a privé les forces armées de ressources vitales en matière de temps et de budgets pour l’entraînement militaire.

Au cours des derniers mois, comme le commentateur militaire de Ha’aretz l’a rapporté, la dispute entre le premier ministre Netanyahu et le président Obama au sujet de la construction des implantations a été la cause de l’affaiblissement des capacité militaires israéliennes pour faire face à la menace posée par l’Iran.

3. Le coût pour la démocratie israélienne et l’état de droit

Le refus du mouvement des implantations de s’engager dans un compromis, alors même qu’il défiait le consensus national, et ses menaces explicites d’exploiter le fragile système politique d’Israël pour faire tomber tout gouvernement démocratiquement élu qui ferait des avancées significatives dans des négociations avec les Palestiniens, jette un doute sur la nature même de la démocratie israélienne.

Le système de deux poids deux mesures qui, pendant des dizaines d’années, a favorisé les colons avec des logements peu coûteux, des services sociaux abondamment subventionnés, et des permis de construire accordés les yeux fermés a longtemps été accompagné par une approche qui répond avec un gant de velours aux violences des colons contre les Palestiniens et leurs biens.

4. Le coût pour la crédibilité diplomatique israélienne

Que ce soit dans des implantation bien établies ou dans des avant postes que même Israël qualifie d’illégaux, les colons et les planificateurs des implantations ont, secrètement, triché et distordu les procédures de zonage, les directives militaires, et les décrets du gouvernement dans le but de soutenir les implantations, de bloquer les activités Palestiniennes dans les domaines de la construction, de l’agriculture, et de l’accès à l’emploi. Ils ont, en fait, réussi à neutraliser toutes les mesures qui étaient destinées à accompagner et soutenir le processus de paix israélo-palestinien.

Les mesures qui avaient pour but initial de placer une dose de sécurité entre les colons et les Palestiniens ont eu pour effet de ternir l’image internationale d’Israël, et ont fait repousser par beaucoup de pays toute perspective de normalisation et de renforcement de liens diplomatiques avec Israël.

Le refus des colons de tout compromis territorial a ôté toute valeur à toutes les propositions similaires à l’initiative de paix de la Ligue Arabe.

5. Le coût pour la relation d’Israël avec les Etats Unis

Pour chaque geste de défi ostentatoire organisé par le gouvernement Netanyahu , l’administration Obama trouve auprès de l’Autorité Palestinienne un partenaire plus ouvert, plus coopératif, plus sérieux, pour la diplomatie et pour la sécurité de la Cisjordanie.

Les effets gratuits de bombage de torse qui caractérisent beaucoup de déclarations de partis de droite, en particulier l’arrière garde criarde du Likud de Netanyahu et les membres du Yisraël Beitenu de l’éventuel délinquant Avigdor Lieberman, ont obtenu très peu de soutien en Israël, mais ont eu beaucoup d’effets dramatiques et destructeurs à Washington.

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et voici le texte anglais :

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The painful cost to Israel of its settler adventure

By Bradley Burston

As friction between the Obama administration and Israel mounts over Washington’s repeated calls for a freeze on settlement construction, anxious supporters of Israel’s West Bank settlement enterprise ask one question with ever greater urgency and frequency :

Why should settlers have to pay the price for peace between Israel and the Palestinians ?

The question is intended to be rhetorical, meant to dismiss and deflect pressure to curb expansion of West Bank enclaves.

But in a real sense, it is precisely the question of the moment. Why, in fact, should settlers be made to pay the price for peace ?

The answer, in short : Because of what the settlement movement has cost us, cost Israel. And because of what it is costing Israel now.

1. The cost in dollars

The settlement movement has cost Israel some $100 billion over the past 40 years.

Setting aside the considerable waste and graft in building projects in the West Bank and Gaza, the cost to Israel’s development has been incalculable. Settlement in remote areas has siphoned off critically needed funds for investment in employment, infrastructure, housing and social welfare in central Israel, the Galillee and the Negev.

Huge expenditures on West Bank road construction, including parallel highways intended only for use by Israelis, and roads built at great expense to remote and often illegal settlements, have taken a human toll as well. They have put off the upgrading of dangerous roads [designated "red highways"] within Israel, adding materially to one of the country’s most lethal problems. Last year more than 440 people died on Israel’s highways, more than 12 times the number of Israelis killed in terror attacks.

2. The cost to Israel’s security

For decades, the enormous burdens of guarding settlements, policing roadblocks and maintaining the far-reaching bureaucracy of occupation have robbed the IDF of vitally needed resources of time and funding for military training.

In recent months, as Haaretz military commentator Amir Oren has reported, Prime Minister Netanyahu’s wrangling with President Obama over settlement construction has been doing damage to the IDF’s capability to face the threat posed by Iran.

3. The cost to Israeli democracy and the rule of law

The unwillingness of the settlement movement to brook compromise, even when in direct defiance of national consensus, and its explicit threats to exploit Israel’s precarious political system to topple any democratically elected government which makes significant progress in negotiations with the Palestinians, places the very nature of Israeli democracy in doubt.

The double standard which for decades has favored settlers with inexpensive housing, heavily subsidized social services, and blind-eye building permits has long been accompanied by a kid-gloves approach regarding settler violence against Palestinians and their property.

4. The cost to Israel’s diplomatic credibility

Both in established settlements and in outposts acknowledged by Israel as illegal, settlers and settlement planners have covertly bent and distorted zoning procedures, military directives, and government decrees in order to boost settlement, block Palestinian construction, agriculture, and access to employment, and effectively neutralize measures intended to foster Israeli-Palestinian peace progress.

Measures aimed at driving a secure wedge between settlers and Palestinians have had the effect of tarnishing Israel’s international image, and have kept many nations from normalizing and strengthening diplomatic ties with Israel.

The settlers’ rejection of all territorial compromise renders moot all proposals similar to the Arab League peace initiative.

5. The cost to Israel’s relationship with the U.S.

With every move of ostentatious defiance mounted by the Netanyahu government, the Obama administration finds the Palestinian Authority a more reliant, cooperative, and businesslike partner for diplomacy and West Bank security.

The gratuitous machismo characterizing many of the declarations of right-wing parties, in particular the shrill back-benchers of Netanyahu’s Likud and members of Avigdor Lieberman’s indictment-shadowed Yisrael Beiteinu, has done little to win domestic backing in Israel, but has landed with dramatic and destructive effect in Washington.