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Lapalissade indispensable de temps en temps (ndlr) En anglais dans 2è partie de l’article

Le Mur d’Israël approfondit encore la séparation

Par Ben White - The Guardian - Vendredi, 10 juillet 2009 - 6h52 AM

vendredi 10 juillet 2009

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Il y a cinq ans, la Cour Internationale de Justice (CIJ) à La Haye a publié son opinion relative au Mur de Séparation construit par Israël dans les Territoires Palestiniens Occupés (TPO). Ce verdict très attendu, prononcé à la demande de l’Assemblée générale des Nations Unies, était clair : le Mur d’Israël était illégal, il devait être enlevé et des dédommagements adéquats devaient être payés.

L’illégalité du Mur, et l’obligation pour Israël de démanteler cette structure et de payer des dommages compensatoires en raison des conséquences du Mur au jour de l’arrêt, ont tous été reconnus par les juges par une marge de 14 contre 1. (La CIJ avait également accepté l’emploi du mot « Mur », car « d’autres expressions » ne sont « pas plus exactes »). L’arrêt confirmait également que les implantations étaient « une violation flagrante » de la convention [ la Convention de Genève sur les obligation des puissances occupantes - NdT], instaurant « une brèche dans le droit international » (voyez le contraste avec la formulation tournant autour du pot utilisée par Barack Obama et Binyamin Netanyahu pour évoquer les avant postes et le « gel » des implantations) ; Enfin, et par dessus tout, la Cour trouvait que le tracé du Mur menaçait de créer une « Annexion de fait » , et le Mur lui-même était décrit comme un sérieux obstacle à « l’exercice par le peuple Palestinien de son droit à l’autodétermination. »

A l’époque, la décision de la CIJ avait été saluée par les Palestiniens et rejetée par le gouvernement israélien. Alors que Yasser Arafat la qualifiait de « victoire pour le peuple Palestinien », un porte parole du premier ministre d’alors, Ariel Sharon, à savoir Raanan Gissin, exprima l’opinion que « une fois la rancoeur passée, cette résolution prendrait sa place dans les poubelles de l’histoire. »

Aussi bien les Etats Unis que le Royaume Uni s’étaient opposés à toute cette procédure, sur la base étrange que le principal organe judiciaire de l’ONU « n’était pas le forum approprié pour résoudre ce qui est un problème politique. » Selon les termes employés par Jack Straw [ Le Secrétaire au Foreign Office de l’époque – NdT ], il valait mieux « ne pas embrouiller » la CIJ dans « une dispute bilatérale lourdement politique. »

Cette opposition était fort minoritaire – plus tard au cours du même mois, l’Assemblée Générale de l’ONU vota par 150 voix contre 6 son soutien à l’opinion de la CIJ. La décision avait été également bien accueillie par des organisations telles que Oxfam et Amnesty International, et le directeur d’Oxfam avait ajouté que cet arrêt était « un pas dans la bonne direction » mais nécessitait « une action à sa suite » de la part de la communauté internationale.

Mais aucune « action à sa suite » significative n’est jamais intervenue, et Israël a poursuivi la construction du Mur. Pendant 5 ans, le Mur a déroulé ses boucles en Cisjordanie et coupé à travers Jérusalem Est, isolant des communautés Palestiniennes et dévastant des vies, et il est devenu partie intégrante du régime d’apartheid dans les Territoires Occupés. Environ les deux tiers de son tracé de près de 700 km, comportant un mur de 8 mètres de haut, des barrières électriques, des tours de guet et de tir, et des « zones tampons » allant jusqu’à 100 de large, sont achevés ou en passe de l’être. De la Cisjordanie et de Jérusalem Est, 8,5% vont se retrouver du « mauvais côté » du Mur. Pour fixer les idées en matière de taille et d’importance, c’est comme si les Royaume Uni perdait Le Grand Londres et l’Angleterre du Sud-Est.

Pour permettre à Israël de consolider sa mainmise sur les colonies illégales dans les TPO, beaucoup de Palestiniens se retrouvent emprisonnés entre les circonvolutions du Mur. Environ 35 000 Palestiniens porteurs de cartes d’identité de Cisjordanie vont se retrouver coincés entre le Mur et la Ligne Verte ; Si vous comptez les Palestiniens de Jérusalem est dans la même catégorie, le total passe à quelque 260 000.

Voilà quels sont les faits, cinq ans après la publication de l’opinion de la CIJ. Israël n’a tenu aucun compte de la décisin des juges, ce qui n’est pas une surprise. Cependant, la direction Palestinienne a-t-elle suffisamment exploité cet arrêt ? Lorsqu’on évoque cette question avec les Palestiniens impliqués dans le suivi de la progression du Mur, ou engagés dans la résistance directe contre le Mur, on a le sentiment que la diplomatie Palestinienne n’a pas fait tout ce qu’elle aurait pu sur la base de l’arrêt de la CIJ.

Les Palestiniens des communautés directement affectées par le Mur continuent à organiser la résistance, parfois au péril de leur vie : 18 Palestiniens ont été tués par les forces d’occupation au cours de manifestations contre le Mur, la plus jeune victime étant un garçon de 10 ans. Alors qu’ils se battent pour leur survie, le Mur a certainement joué un rôle clé dans l’évolution de la situation générale, et semble dessiner les frontières des enclaves Palestiniennes auxquelles Israël donnera le titre d’« Etat ».

En 1994, le premier ministre israélien d’alors, Yitzhak Rabin, avait déclaré que « nous devons prendre une décision sur la séparation en tant que philosophie. » Cependant, il ne s’agissait pas d’une séparation en termes égaux, et en fait l’année suivante Rabin a clairement indiqué que « l’entité Palestinienne » serait « moins qu’un état. »

Il y a un terme pour indiquer une séparation inégale en doit international : c’est l’apartheid.

Il est urgent que le Mur soit démantelé, mais ce n’est là qu’un élément d’un tableau plus vaste.

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et voici le texte original :

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Israel’s wall still deepening the divide

Ben White

The Guardian

Thursday 9 July 2009 08.00

Five years ago today, the international court of justice in The Hague published its advisory opinion on Israel’s separation wall in the Occupied Palestinian Territories (OPT). The keenly awaited verdict, requested by the UN’s general assembly, was clear : Israel’s wall is illegal, it must be removed and adequate compensation paid.
The wall’s illegality, and Israel’s obligation to dismantle the structure and pay damages for the consequences of the wall thus far, were all agreed by the judges by a margin of 14-1. (The ICJ also accepted the use of the term "wall", since "other expressions" are "no more accurate".) There was also confirmation that Israel’s settlements were "a flagrant violation" of the convention, established "in breach of international law" (contrast this with the mealy-mouthed nitpicking over outposts and "freezes" by Barack Obama and Binyamin Netanyahu). Overall, the court found that the route of the wall threatened to create "de facto annexation", with the wall itself described as severely impeding "the exercise by the Palestinian people of its right to self-determination".
At the time, the ICJ decision was hailed by Palestinians and dismissed by the Israeli government. As Yasser Arafat described it as a "victory for the Palestinian people", a spokesman for the then prime minister Ariel Sharon, Raanan Gissin, opined that "after all the rancour dies, this resolution will find its place in the garbage can of history".
Both the US and UK had opposed the entire process, on the odd grounds that the UN’s main judicial body for settling legal disputes was not "the appropriate forum to resolve what is a political issue". In the words of Jack Straw, it was better not to "embroil" the ICJ "in a heavily political bilateral dispute".
This opposition was rare – later that same month, the general assembly voted by 150 to six in support of the ICJ opinion. The decision was also welcomed by the likes of Oxfam and Amnesty International, with Oxfam’s director adding that the ruling was a "step in the right direction" but needed "further action" by the international community.
But meaningful "further action" was not forthcoming, and Israel pressed on with the wall. Five years on, the wall loops around the West Bank and cuts through East Jerusalem, isolating Palestinian communities and devastating lives, and has become an integral part of Israel’s apartheid regime in the territories. About two-thirds of the 700km+ route, featuring a 8m-high wall, electric fences, sniper towers and "buffer zones" up to 100m wide, is completed or under construction. Of the West Bank and East Jerusalem, 8.5% will be on the "wrong" side of the wall. In terms of size as well as significance, this would be comparable to the UK losing Greater London and south-east England.
For Israel to consolidate its hold on the illegal colonies in the OPT, many Palestinians find themselves hemmed in and surrounded by the wall’s contortions (pdf). About 35,000 Palestinians with West Bank IDs are to be caught between the wall and the Green Line – if you add (pdf) the East Jerusalem Palestinians in the same position, this figure increases to about 260,000.
These are the bare facts five years on from the ICJ opinion. Israel has ignored the judges’ decision, but that’s not a surprise. However, has the Palestinian leadership sufficiently exploited the opinion ? Speaking to Palestinians involved in monitoring the wall’s progress, or in directly resisting it on the ground, there is a feeling that Palestinian diplomats have not done as much with the ICJ result as they could have.
Palestinians in communities directly affected by the wall continue to put up resistance, sometimes at their cost of their lives : 18 Palestinians have been killed by Israeli forces during anti-wall protests, the youngest victim a 10-year-old boy. While they fight for survival, the wall has also played a key role in changing the big picture, delineating the borders of the Palestinian enclaves Israel will grant "statehood".
In 1994, the then Israeli prime minister Yitzhak Rabin said that "we have to decide on separation as a philosophy". However, this is not separation on equal terms – the following year Rabin also made it clear that the Palestinian "entity" would be "less than a state". There is a term for unequal separation in international law – apartheid (I will talk about this tonight). The wall urgently needs dismantling ; but it is only one part of a bigger whole.