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Sur un pied d’égalité

La situation des réfugiés, notamment au Liban

Ne plus se taire et faire comme si..............

lundi 24 octobre 2005

La chappe de silence qui pèse sur la situation des réfugiés palestiniens dans certains pays « d’accueil » doit être levée et le plus rapidement possible car, en certains endroits (voir article ci-après), le sort qui leur est réservé est intolérable et une réaction, d’où qu’elle vienne, est indispensable et cela dans l’urgence.
Va-t’il falloir une fois de plus que ce soit la Société Civile qui, à partir d’informations venues des Institutions Internationales elles mêmes, fasse pression sur ces dernières pour qu’elles ne soient pas de simples chambres d’enregistrement d’informations destinées à être archivées aprés lecture ?
Nous osons espérer que des réactions politiques, des prises de position courageuses et responsables verront le jour trés rapidement et déclencheront des processus de résorbtion de situations dramatiques intolérables.

En tout état de cause, il faut cesser de reléguer le problème posé par la situation des réfugiés en dernière position des préoccupations de ceux qui sont sensibles à la situation en Palestine occupée et dans les pays voisins et faire en sorte de soutenir leurs droits imprescriptibles avec la même vigueur que celle mise à dénoncer la situation dans les Territoires occupés.

Liban : les réfugiés palestiniens se plaignent d’être des citoyens de deuxième zone
IRIN (Office for the Coordination of Humanitarian Affairs), ONU

publié le dimanche 23 octobre 2005

Beyrouth, 2octobre - Rajah, une mère de quatre enfants, vivant dans le camp de réfugiés de Shatila au coeur de la capitale Beyrouth, rêve de retourner en Palestine.

« Mon rêve, c’est de retourner chez moi. Cet endroit est terrible » dit-elle en parlant du camp de réfugiés délabré qui d’après les Nations Unies (UN) héberge 12.000 Palestiniens.

« Nous n’avons rien ici et mes enfants souffrent. Ils sont malades et je ne peux pas obtenir de soins appropriés. Mon mari travaille dans le bâtiment mais il est au chômage car il est malade ; alors nous devons mendier et emprunter » dit-elle en soupirant profondément.

Les travailleurs sociaux disent qu’une partie du problème est que les droits des 400.000 réfugiés palestiniens vivant au Liban sont restreints. Ils n’ont pas le droit de posséder des terres et ils sont légalement exclus de beaucoup des emplois les mieux payés du pays.

Une promenade autour du camp de Shatila qui touche le quartier de Sabra, quartier étendu et désolé de Beyrouth, témoigne de la misère que beaucoup de Palestiniens vivant aujourd’hui au Liban subissent.

Les gens sont obligés de frôler des fils électriques dénudés et les canalisations d’eau qui dépassent dans les rues étroites de Shatila. Et la puanteur des égouts sous le soleil de midi brûlant est partout.

« Beaucoup de gens ont été électrocutés à cause de cela et certains en sont morts » dit Rajah en parlant des fils électriques dénudés.

Il y a environ 400.000 réfugiés palestiniens enregistrés au Liban auprès de l’Agence des Nations Unies (UNRWA) et environ la moitié d’entre eux vivent toujours dans des camps même si certains ne sont pas aussi déplorables que Shatila. La première vague de réfugiés est arrivée il y a plus d’un demi siècle au moment de la première guerre israélo-arabe de 1948.

A peu près la moitié des réfugiés palestiniens vivent encore dans des camps et même s’ils ne sont pas aussi terribles que Shatila, les travailleurs sociaux disent que les conditions de vie des Palestiniens au Liban sont bien pires que celles dans les autres pays voisins de Jordanie et de Syrie où ils sont bien intégrés et ont de meilleures installations.

« Ils ont quelques droits à la propriété et au travail » dit Hoda Samra Souaiby, une porte-parole de l’UNRWA à Beyrouth. « Il y a beaucoup de domaines dans lesquels les Palestiniens sont lésés ».

« Pas de droits »

Les réfugiés palestiniens n’ont pas le droit d’être propriétaires depuis 2001 quand un décret a été émis disant que les Palestiniens n’avaient pas le droit de posséder une maison dans le pays.

Le gouvernement dit qu’il a voté cette loi pour soutenir le droit au retour des Palestiniens.

Mais étant donné la situation sécuritaire tendue qui continue en Israël et dans les zones gouvernées par l’Autorité palestinienne, les travailleurs sociaux estiment que les conditions ne sont pas favorables à leur retour proche.

« Le vrai problème c’est que les Palestiniens sont traités sur une base sécuritaire et non humanitaire. Nous devons organiser les Palestiniens libanais sur des bases qui respectent les lois internationales stipulant que les réfugiés doivent être traités comme des citoyens égaux même sans citoyenneté » dit Ghassan Abdallah, de l’organisation palestinienne pour les droits humains à Beyrouth.

« Ils ont ici appliqué la deuxième partie de la loi concernant la nationalité et ont oublié celle sur l’égalité ».

« C’est un vrai cauchemar pour eux » a insisté Souaiby.

Une loi restrictive sur le travail

Jusqu’au milieu de l’année 2005, 772 professions étaient réservées aux seuls Libanais y compris les emplois importants tels que la médecine et le droit. Cela laisse que très peu de chance de trouver un emploi pour les Palestiniens et autres émigrants.

Le 7 juin, la situation s’est améliorée, du moins sur le papier, quand le gouvernement a émis un mémorandum permettant aux réfugiés palestiniens de travailler dans 50 des 72 professions réservées auparavant aux Libanais, mais ils sont toujours exclus de celles à haut niveau telles que la médecine et le droit.

Et selon les Palestiniens eux-mêmes, il existe toujours une profonde discrimination bien enracinée.

« Un jeune homme formé dans un de nos centres sociaux en technologie d’information dans le camp de Shatila a postulé pour un emploi dans trois compagnies libanaises mais a été refusé » dit Ahmed Halimeh du PARD (Popular Aid for Relief and Development), une ONG libanaise qui aide les personnes déplacées. « Les employeurs ont dit qu’ils ne l’emploieraient pas parce qu’il n’était pas libanais » ajouta-t-il.

L’adolescent en question a maintenant choisi d’ouvrir un magasin d’ordinateurs dans le camp de réfugiés.

« Les Palestiniens ne sont traditionnellement employés que pour des travaux de main-d’œuvre journaliers à bas salaire et c’est quelque chose que nous ne pouvons pas facilement changer » se plaint Halimeh.

Abdallah, de l’organisation palestinienne pour les droits humains, maintient que, malgré le mémorandum de juin ouvrant plus de professions aux réfugiés, la situation n’a pratiquement pas changé.

« En vérité presque rien n’a changé sur le terrain, ils ne peuvent toujours pas travailler comme avocats ou docteurs et donc la plupart des Palestiniens continuent à travailler de la même manière qu’auparavant et ce, sans couverture légale » dit-il

L’UNRWA n’est pas mandatée pour donner une protection légale aux réfugiés. « Mais néanmoins nous nous faisons les porte-parole auprès des officiels d’un point de vue humanitaire » dit la porte-parole de l’UNRWA.

Sabra et Shatila sont les zones les plus pauvres de Beyrouth et hébergent principalement les Palestiniens quoique certains Syriens et gitans libanais vivent aussi là-bas. Les deux camps ont été établis à l’origine dans les années 1950 pour recevoir les Palestiniens qui avaient fui la guerre dans les territoires occupés.

Quand on entre dans Shatila, on découvre un lieu de mémoire à l’endroit où les personnes tuées lors du massacre des réfugiés le 16 septembre 1982, ont été enterrées. Connu sous le nom de Place des Martyrs, le sol est un endroit de mémoire avec des photos de corps de femmes et d’enfants morts.

Le massacre de centaines (certains disent de milliers) de Palestiniens a été commis par les Phalangistes, une milice chrétienne de droite qui s’était alliée aux Israéliens quand ces derniers avaient occupé Beyrouth en 1982.

Les Phalangistes ont exécuté les tueries pour venger l’assassinat de leur dirigeant Bashir Gemayel peu de temps avant que celle-ci ne prête serment pour devenir le président du Liban. Ils considéraient que Gemayel avait été tué par l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) et ont pénétré dans le camp pour rechercher leurs membres.

Il n’y a pas de chiffres officiels du nombre de victimes du massacre qui s’en est suivi mais les estimations s’étendent de 800 à 3.500.

Aujourd’hui, même si le camp est calme, les souvenirs amers sont toujours vivaces.

« J’ai enterré des personnes ici, nous avons recouverts les corps avec des feuilles de métal puis avec de la terre afin qu’ils ne soient pas dévorés par des animaux » dit Halimeh en parlant de l’endroit où trois frères sont morts ensemble lors des combats.

Shatila a également été attaqué en 1986 par les milices chiites libanaises, Amal.

Même si aujourd’hui il y a la paix, les conditions dans le camp se sont détériorées.

« La situation ici aujourd’hui est désespérée » dit Jamile Ibrahim Shehade, la dirigeante de l’un des quelques 12 centres sociaux dans le camp. « Ici, 15.000 personnes vivent dans 1km2 ».

Le centre qu’elle dirige fournit des installations tels que des cliniques dentaires et une crèche pour les enfants. Elle reçoit de l’aide de Novège, du « Norwegian People’s Aid » ainsi que de l’ONG libanaise, PARD.

« Toute cette région était vide avant l’installation des camps et très peu a été fait en termes de construction d’infrastructures » a expliqué Shehade.

La misère continuelle dans les camps a un coût psychologique élevé sur les habitants de Sabra et Shatila, disent les travailleurs sociaux. Les esprits peuvent s’échauffer rapidement par suite de la frustration due aux corvées journalières dans les enceintes de logements décrépis.

Selon un sondage de 1999 faite par une ONG locale, Najdeh (Secours), 29% des 550 femmes sondées dans 7 des 12 camps officiels éparpillés dans tout le Liban, ont subi des violences physiques.

Les travailleurs sociaux préviennent aussi que l’emploi abusif de drogues est en augmentation dans les communautés de réfugiés. Ils disent que la consommation de hashish et de cocaïne augmente rapidement.

Aide limitée dans les camps

Sur toute l’étendue du pays, l’UNRWA dirige 87 écoles et 25 centres de soins élémentaires qui pourvoient à la population de réfugiés. Mais cela ne couvre que très partiellement les besoins de base des Palestiniens et beaucoup de communautés sont toujours sans électricité et sans source d’eau potable fiable.

« Les écoles travaillent en deux équipes et l’eau et l’électricité restent toujours très problématiques » dit Shehade.

Les services de santé pour les Palestiniens laissent beaucoup à désirer malgré le fait que l’UNRWA collabore avec le Ministère de la Santé libanais dans certains domaines comme le traitement pour des patients séropositifs ou atteints du Sida et de la tuberculose, le contrôle d’épidémies de maladies infectieuses et l’approvisionnement de vaccinations utilisées lors des campagnes nationales d’immunisation.

« Le gouvernement libanais ne paie pas pour les traitements des réfugiés palestiniens » dit Souaiby.

(Ce rapport ne reflète pas nécessairement les points de vues des Nations Unies)