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Source : Ha’aretz, 19/06/09 (original en anglais en 2è partie de l’article)

Un rabbin Chabad déclare que les Juifs devraient tuer les hommes, femmes et enfants Arabes au cours de la guerre

par Natahaniel Popper, The Forward - Samedi, 22 juin 2009 - 13h05

samedi 20 juin 2009

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Comme les meilleurs des rabbins Chabad-Loubavitch, Manis Friedman a gagné les coeurs de beaucoup de Juifs sans affiliation avec ses discours charismatiques sur Dieu et l’amour ; c’est Friedman qui a amené Bob Dylan a établir une relation avec le Chabad

[ les Chabad-Loubavitch sont une branche de la secte Loubavitch. Un coup d’oeil sur leur site : http://www.chabad.org/ vous permettra de vous faire une idée sur la tendance générale singulièrement illuminée de cette organisation, qui, chez nous, dispose de centres implantés dans 75 villes de France - NdT ]

Mais Friedman, qui, aujourd’hui, sillonne le pays en tant que prédicateur Chabad, a laissé voir un côté nettement moins câlin et chaleureux lorsqu’on lui a demandé comment à son avis les Juifs devraient traiter leurs voisins Arabes.

« La seule façon de mener une guerre morale est la façon Juive : détruisez leurs lieux saints. Tuez les hommes, les femmes et les enfants (et le bétail), » a écrit Friedman en réponse à la question posée par le magazine Moment pour sa colonne « Demandez au Rabbin »

Friedman a expliqué que si Israël s’en tenait à cette sage conduite, « il n’y aurait pas de victimes civiles, pas d’enfants sous les tirs, pas de faux sentiments de justice, en fait, pas de guerre du tout. »

« Je ne fais pas confiance à la moralité occidentale, » écrit-il. « Vivre dans le respect des règles de la Torah fera de nous une lumière pour les nations qui souffrent de la défaite en raison d’une moralité désastreuse inventée par l’homme. »

L’emploi par Friedman d’une rhétorique qui pourrait paraître plus familière de la part d’un extrémiste Islamique a provoqué une réaction rapide. Le rédacteur en chef de Moment, Nadine Epstein, a déclaré que depuis la publication de cet article dans le dernier numéro, « ils avaient reçu beaucoup de lettres et de mails en réponse aux commentaires du rabbin Friedman, et que presqu’aucune n’avait été positive. »

[ pour un coup d’oeil sur Moment, qui correspond à la face présentable du judaïsme étasunien, et sur Nadine Epstein, qui n’est pas la journaliste homonyme de France Culture http://www.momentmag.com/about/staff.html . - NdT ]

Friedman est rapidement passé au contrôle des dégâts. Il a publié une déclaration dans le Forward par l’intermédiaire d’un porte parole du Chabad, déclarant que sa réponse dans Moment était « mal présentée » et qu’il pense que « tout voisin du peuple Juif doit être traité, comme la Torah nous l’ordonne, avec respect et compassion. »

Mais les paroles de Friedman ont suscité un débat posant la question de l’existence d’une côté sombre de la face réjouie que le mouvement Chabad-Loubavitch montre au monde dans sa quête sympathique des Juifs non affiliés. Mordecaï Specktor, rédacteur en chef du bulletin juif communautaire de la ville de Friedman, St Paul – Minnesota, a déclaré : « L’apparence publique des Loubavitch est faite de programmes éducatifs et de promotion de la judéité. Mais en vérité j’entends souvent s’exprimer cette même ligne dure que Friedman a exprimée ici. »

« Il présente les chose en termes plutôt raides, mais je pense que c’est là, plus ou moins, l’opinion des Loubavitch, » a déclaré Specktor, qui est également le réacteur en chef de American Jewish World

« Ils ne sont pas près de se mettre à aimer les Arabes, ou une solution à deux-états, ou quoi que ce soit de ce genre. Ce sont des fondamentalistes. Ce sont nos fondamentalistes. »

Abraham Foxman, directeur national de l’Anti-Defamation League, qui critique régulièrement les extrémistes Arabes, a déclaré que, dans la communauté Juive, « Nous ne sommes pas à l’abri du risque que de telles idées voient le jour. Il y a dans notre communauté des gens qui ont de telles vues, aussi bigotes et aussi racistes. »

Mais, avertit Foxman, les opinions de Friedman ne sont pas représentatives des rabbins Chabad qu’il connait : « Cela ne ma choque pas qu’il y ait un rabbin qui soutienne de pareilles opinions, » a déclaré Foxman, « mais je suis choqué que Moment abandonne toute discrétion éditoriale et tout bon sens et publie ceci comme étant représentatif du Chabad. »

Quelques jours après que cette colère concernant les commentaires ait éclaté, le quartier général du Chabad a publié un communiqué déclarant que « nous sommes en violent désaccord avec toute opinion qui suggère que le judaïsme permet la destruction incontrôlée de vies civiles, même en période de guerre. »

La déclaration continue « En accord avec la loi Juive, la position sans équivoque du Chabad-Loubavitch est que toute vie humaine est un don de Dieu, qu’elle est précieuse, et doit être traitée avec respect, dignité, et compassion. »

Dans l’article de Moment, le commentaire de Friedman es présenté comme la réponse du Chabad à la question « Comment les Juifs Devraient Ils Triter Leurs Voisins Arabes ? », à la suite d’un certain nombre de réponses de rabbin représentant les autres courants du Judaïsme, qui pour la plupart prônent une attitude conciliante envers les Arabes.

Epstein a déclaré que Friedman avait été « courageux » de publier si clairement ses opinions.

« La communauté Juive Américaine n’a pas l’occasion d’entendre des opinions comme celle-ci, » a déclaré Epstein, « non parce qu’elles sont peu fréquentes, mais parce que nous ne demandons pas souvent ce qu’ils pensent au Chabad et à d’autres groupes similaires. »

Le mouvement du Chabad est le plus souvent connu pour ses attitudes extrémistes envers les Palestiniens. Le maître du Chabad, Menachem Mendel Schneerson, a rejeté les accords de paix avec les Palestiniens, et le rabbin Moshe Feller, le grand rabbin du Chabad pour le Minnesota, a déclaré que les maîtres enseignaient qu’il n’y a pas d’obligation [ mitzvah – NdT ] de tuer, mais que les Juifs ont effectivement l’obligation d’agir pour se défendre.

« Les Juifs, dans l’ensemble, ils essaient de sauver la vie des autres, » a déclaré Feller au Forward, « mais s’il s’agit de sauver nos vies, alors nous devons faire ce que nous devons faire. C’est en dernier ressort. »

Friedman n’est pas un rabbin marginal dans le mouvement Chabad-Loubavitch. Il a été le traducteur en langue anglaise pour le maître du Chabad, et, sur l’insistance du maître, il a fondé Beïs Chana, un réseau de camp et d’écoles pour les femmes Juives. Friedman est également un orateur et un écrivain bien considéré sur les problèmes de l’amour et des relations. Son premier livre, « Personne ne rougit-il plus ? » a été soutenu par une citation de Bob Dylan, que Friedman a amené à rencontrer le maître.

Sur son blog et sur sa page Facebook, l’accent est mis sur le côté sympathique et amical. C’est cette réputation qui a provoqué, lors de la publication du commentaire dans Moment, une telle surprise chez Steve Hunegs, directeur du Conseil des Relations de la Communauté Juive pour le Minnesota et les Dakotas.

« Le Rabbin Friedman est l’auteur de plusieurs best sellers qui traitent de certains des problèmes les plus délicats de notre temps, » a déclaré Hunegs. « Je vais lui téléphoner et lui parler de cette affaire. »

Mais Shmarya Rosenberg, qui tient un blog critique du Chabad et qui habite non loin de Friedman dans le Minnesota, a déclaré que les commentaires publiés dans Moment ne sont absolument pas une aberration au vu de ses expériences avec Friedman et beaucoup d’autres rabbins Loubavitch.

« Ces déclarations sont les vues standard, normales, d’un Chabadnik, » a déclaré Rosenberg. « C’est juste qu’ils ne parlent pas de la sorte en public. »

De son côté, Friedman n’a pas perdu de temps pour modifier la déclaration qu’il avait écrit dans Moment. Il a déclaré au Forward que la ligne concernant le meurtre de femmes et d’enfants aurait du être mis entre guillemets ; il a déclaré que c’était une citation de la Torah, bien qu’il ait refusé de préciser les références. Friedman a encore déclaré qu’il ne s’agissait pas de recommander qu’Israël massacre effectivement des femmes et des enfants. Au lieu de cela, a-t-il dit, il pense qu’Israël devrait déclarer publiquement qu’il est rpêt à exécuter de tels actes , dans le but d’effrayer les Palestiniens et d’empêcher la guerre.

« Avec une telle attitude, personne ne serait tué – parce qu’il n’y aurait pas de guerre, » a déclaré Friedman. « La même chose vaut pour les Etats Unis. »

Friedman a effectivement reconnu, cependant, qu’en situation d’autodéfense, le comportement qu’il évoquait deviendrait autorisé.

« Si vos enfants sont menacés, vous faites le nécessaire, quel qu’il soit – et vous n’avez pas à vous excuser, » a-t-il déclaré.

Friedman explique qu’il n’a rien à voir avec les terroristes Arabes qui ont utilisé un langage semblable à propos de meurtre de civils Juifs.

« Ce dont ils parlent, c’est un génocide, pas de l’auto-défense, » a déclaré Friedman. « Avec eux, c’est une croyance religieuse – ils ont besoin de nettoyer la région de notre présence. Ce n’est pas ce que nous disons. »

Feller, le dirigeant des Chabad au Minnesota, a déclaré que la façon dont Friedman avait choisi de s’exprimer était « radicale ».

« Je l’adore, » a déclaré Feller. « C’est moi qui l’ai fait venir jusqu’ici. Il a ramené des milliers de gens à la mitzvah de la Torah. Mais quelquefois il tire un peu vite... »

Vous pouvez contacter Nathaniel Popper à popper@forward.com

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Commentaires :

[ Que vous faut-il de plus ? Imaginez de tels propos dans les extrémités au cerveau embrumé de n’importe quelle autre religion ou philosophie. Ce serait aussitôt l’intervention de la justice pour appel au meurtre pour raisons raciales, et ils ne s’en tireraient pas avec un simple « Je l’adore,...Mais quelquefois il tire un peu vite... » Mais, s’agissant du monde juif, on se croit obligé de prendre des précautions extravagantes, qui ne seraient qu’une insulte au reste du monde s’il n’y avait à la clé le drame qui pourrit depuis 60 ans la vie des Palestiniens, et qui menace de s’étendre à d’autres aires géographiques.

Plusieurs leçons qui doivent être tirées, obligatoirement, de ce genre d’incident.

La première est que les Juifs sont des hommes comme les autres. On le savait depuis bien longtemps, et on commence à voir quel prix cela fait payer de refuser de le voir.

Leur foi et/ou leur ascendance, réelle ou plus vraisemblablement supposée ne constitue évidemment pas un péché ni une malédiction, mais ne les exempte d’aucun des devoirs qui s’imposent aux autres hommes et ne leur vaut aucun privilège particulier.

Alors, pour l’affaire de Palestine, la seule solution qu’il peuvent légitimement revendiquer est l’application du droit international par des instances incontestables, et pas l’accord ou le désaccord du quatuor, du trio, de l’orchestre, ou la vision de Mr Bush, ou les sentiments de Mr Obama.

Et donc, maintenant : frontières de 1948 ; à la limite : Ligne Verte, si cette ligne d’armistice est validée par l’ONU (et personne d’autre) et sinon le grand large et pour ceux qui acceptent de vivre comme des hommes normaux, l’intégration dans un Etat Palestinien.

Vous voyez l’avenir avec un état Chabad-Loubavitch à Tel Aviv, vous ?

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et voici le texte en anglais :

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Fri., June 19, 2009 Sivan 27, 5769

Chabad rabbi : Jews should kill Arab men, women and children during war

By Nathaniel Popper, The Forward

Like the best Chabad-Lubavitch rabbis, Manis Friedman has won the hearts of many unaffiliated Jews with his charismatic talks about love and God ; it was Friedman who helped lead Bob Dylan into a relationship with Chabad.

But Friedman, who today travels the country as a Chabad speaker, showed a less warm and cuddly side when he was asked how he thinks Jews should treat their Arab neighbors.

"The only way to fight a moral war is the Jewish way : Destroy their holy sites. Kill men, women and children (and cattle)," Friedman wrote in response to the question posed by Moment Magazine for its "Ask the Rabbis" feature.

Friedman argued that if Israel followed this wisdom, there would be "no civilian casualties, no children in the line of fire, no false sense of righteousness, in fact, no war."

"I don’t believe in Western morality," he wrote. "Living by Torah values will make us a light unto the nations who suffer defeat because of a disastrous morality of human invention."

Friedman’s use of phrasing that might seem more familiar coming from an Islamic extremist has generated a swift backlash. The editor of Moment, Nadine Epstein, said that since the piece was printed in the current issue they "have received many letters and e-mails in response to Rabbi Friedman’s comments - and almost none of them have been positive."

Friedman quickly went into damage control. He released a statement to the Forward, through a Chabad spokesman, saying that his answer in Moment was "misleading" and that he does believe that "any neighbor of the Jewish people should be treated, as the Torah commands us, with respect and compassion."

But Friedman’s words have generated a debate about whether there is a darker side to the cheery face that the Chabad-Lubavitch movement shows to the world in its friendly outreach to unaffiliated Jews. Mordecai Specktor, editor of the Jewish community newspaper in Friedman’s hometown, St. Paul. Minnesota, said : "The public face of Lubavitch is educational programs and promoting Yiddishkeit. But I do often hear this hard line that Friedman expresses here."

"He sets things out in pretty stark terms, but I think this is what Lubavitchers believe, more or less," said Specktor, who is also the publisher of the American Jewish World.

"They are not about loving the Arabs or a two-state solution or any of that stuff. They are fundamentalists. They are our fundamentalists."

Abraham Foxman, national director of the Anti-Defamation League and a regular critic of Arab extremists, said that in the Jewish community, "We are not immune to having these views. There are people in our community who have these bigoted, racist views."

But, Foxman warned, Friedman’s views are not reflective of the Chabad rabbis he knows. "I am not shocked that there would be a rabbi who would have these views," Foxman said, "but I am shocked that Moment would give up all editorial discretion and good sense to publish this as representative of Chabad."

A few days after anger about the comment surfaced, Chabad headquarters released a statement saying that, "we vehemently disagree with any sentiment suggesting that Judaism allows for the wanton destruction of civilian life, even when at war."

The statement added : "In keeping with Jewish law, it is the unequivocal position of Chabad-Lubavitch that all human life is G-d given, precious, and must be treated with respect, dignity and compassion."

In Moment, Friedman’s comment is listed as the Chabad response to the question "How Should Jews Treat Their Arab Neighbors ?" after a number of answers from rabbis representing other Jewish streams, most of which state a conciliatory attitude toward Arabs.

Epstein said that Friedman was "brave" for stating his views so clearly.

"The American Jewish community doesn’t have the chance to hear opinions like this," Epstein said, "not because they are rare, but because we don’t often ask Chabad and other similar groups what they think."

The Chabad movement is generally known for its hawkish policies toward the Palestinians ; the Chabad Rebbe, Menachem Mendel Schneerson, rejected peace accords with the Palestinians. Rabbi Moshe Feller, the top Chabad rabbi in Minnesota, said that the rebbe taught that it is not a mitzvah to kill, but that Jews do have an obligation to act in self-defense.

"Jews as a whole, they try to save the lives of others," Feller told the Forward, "but if it’s to save our lives, then we have to do what we have to do. It’s a last resort."

Friedman is not a fringe rabbi within the Chabad-Lubavitch movement. He was the English translator for the Chabad Rebbe, and at the rebbe’s urging, he founded Beis Chana, a network of camps and schools for Jewish women. Friedman is also a popular speaker and writer on issues of love and relationships. His first book, "Doesn’t Anyone Blush Anymore ?" was promoted with a quote from Bob Dylan, who Friedman brought to meet the rebbe.

On his blog and Facebook page, Friedman’s emphasis is on his sympathetic, caring side. It was this reputation that made the comment in Moment so surprising to Steve Hunegs, director of the Jewish Community Relations Council : Minnesota and the Dakotas.

"Rabbi Friedman is a best-selling author who addresses some of the most sensitive issues of the time," Hunegs said. "I intend to call him and talk to him about this."

But Shmarya Rosenberg, a blogger and critic of Chabad who lives a few blocks from Friedman in Minnesota, says that the comment in Moment is not an aberration from his experiences with Friedman and many other Chabad rabbis.

"What he’s saying is the standard normal view of a Chabadnik," Rosenberg said. "They just don’t say it in public."

For his part, Friedman was quick to modify the statement that he wrote in Moment. He told the Forward that the line about killing women and children should have been in quotes ; he said it is a line from the Torah, though he declined to specify from which part. Friedman also said that he was not advocating for Israel to actually kill women and children. Instead, he said, he believed that Israel should publicly say that it is willing to do these things in order to scare Palestinians and prevent war.

"If we took this policy, no one would be killed - because there would be no war," Friedman said. "The same is true of the United States."

Friedman did acknowledge, however, that in self-defense, the behavior he talked about would be permissible.

"If your children are threatened, you do whatever it takes - and you don’t have to apologize," he said.

Friedman argued that he is different from Arab terrorists who have used similar language about killing Jewish civilians.

"When they say it, it’s genocide, not self-defense," Friedman said. "With them, it’s a religious belief - they need to rid the area of us. We’re not saying that."

Feller, the Chabad leader in Minnesota, said that the way Friedman had chosen to express himself was "radical."

"I love him," Feller said. "I brought him out here - he’s magnificent. He’s brought thousands back to Torah mitzvah. But he shoots from the hip sometimes."

Contact Nathaniel Popper at popper@forward.com