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PALESTINE OCCUPEE, MARTYRISEE, SACCAGEE

Chronique de l’occupation

Lundi, 8 juin 2009 - 21h50

lundi 8 juin 2009

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Numéro : 95

nombre d’entrées : 5

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L’armée coloniale démolit les approvisionnements en eau d’un village de Cisjordanie

L’armée coloniale, lundi 07/06/09 au matin, a essayé de priver d’eau et d’électricité le petit village de Baq’a, un peu au nord de la ville de Hébron.

Cinq personnes ont été blessées en essayant d’empêcher l’armée d’occupation de démolir leurs puits.

Jeff Halper, de l’ICAHD (Comité Israélien Contre les Destructions de Maisons) a été arrêté pour avoir essayé de faire obstruction aux militaires.

L’armée coloniale est arrivée au village vers six heures du matin, accompagnée de trois grues, de quatre bulldozers, et de nombreux véhicules techniques et d’appui.

Un témoin des Equipes de Faiseurs de Paix Chrétiens ( Christian Peacemaker Team ) a déclaré à IMEMC que l’armée s’en était pris à quatre sites différents dans cette zone. Il est établi qu’au moins six puits d’eau potable ont été détruits par l’armée coloniale. On pense que deux autres puits ont été démolis, car les machines sionistes ont été vues en action sur le lieu de ces puits.

Des tuyaux d’irrigation ont été confisqués par les militaires et au moins un pylône électrique a été abattu

Les habitants du village qui essayaient d’empêcher la destruction de leurs biens ont subi les coups des soldats et ont été blessés. Des témoins locaux ont déclaré que 5 personnes ont été blessées, dont 2 femmes qui ont dû être évacuées par ambulance. L’armée a arrêté l’ambulance, afin qu’elle ne puisse pas aller à l’hôpital

Il y avait des militants pacifistes israéliens et internationaux pour soutenir des villageois. L’un d’eux, Jeff Halper, de l’ICAHD, a été arrêté par les soldats.

[ commentaires : Abject. Vous vous souvenez de l’époque où le nom que ces gens prétendent porter était un honneur ? ]

Katherine Orwell - IMEMC & correspondants – Lundi 08 juin 2009 – 13 : 05

http://www.imemc.org/article/60713

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002

« L’Iran est à portée de Rafale »

« L’Iran est à portée de Rafale » annonçait allègrement le journaliste de France Info le matin du 26 mai 2009. Cette joyeuse annonce contrastait tristement avec l’agressivité envers un pays qui n’est pas en guerre contre la France ! On provoque un pays en installant une base militaire à quelques centaines de kilomètres seulement de ses côtes, on fanfaronne dans les grands médias et on appelle cette agression, comble du cynisme, « Camp de la paix ».

En effet Nicolas Sarkozy a inauguré le 26 mai la première base militaire française à Abou Dhabi très loin de la France et très proche de l’Iran. Est-ce une manière de sortir de la crise en prolongeant la guerre économique par la guerre tout court ? La question mérite d’être posée. Non seulement la guerre peut fournir des débouchés intéressants pour la bourgeoisie, mais les foyers de tension se multiplient dangereusement à travers la planète : Afghanistan, Pakistan, Soudan, Tchad, Irak, Israël, Nigeria, Somalie, etc. etc.

Et dans le Golfe, région hautement stratégique où transitent à travers le détroit d’Ormuz près de 40 % de pétrole, l’armada américaine est puissamment présente. Les classes dominantes des pays impérialistes, grands et petits, mettent ainsi en permanence le monde en état de guerre larvée et montent les peuples les uns contre les autres.

Dans l’avion de Nicolas Sarkozy, il y avait non seulement le ministre de la Défense, Hervé Morin, et trois autres ministres mais surtout toute une kyrielle de patrons dont l’avionneur Charles Edelstenne patron de Dassault Aviation : l’État au service d’une bourgeoisie avide de profit quelque soit le moyen y compris le plus abject, la guerre.

Des milliards d’euros sont à portée de main comme l’Iran est à portée de Rafale. Dassault espère vendre justement 60 Rafales aux Émirats pour un montant de 6 à 8 milliards d’euros(1). Cette base dirigée essentiellement contre l’Iran, peut également servir de vitrine commerciale à d’autres engins de mort. Les affaires commerciales et les affaires militaires entremêlées conduites par le chef de l’État lui-même viennent assouvir cette insatiable soif de profit de la classe dominante.

La bourgeoisie, poussée par ses propres intérêts de classe, engage ainsi toutes les autres classes dans un éventuel conflit criminel : « Si l’Iran attaquait, effectivement, nous serions attaqués aussi » (2). Tout est dans le « nous ».Or ce ne sont pas les enfants de cette classe qui reviendront dans des cercueils recouverts du drapeau tricolore, mais bel et bien ceux des classes populaires. La bourgeoisie encaisse les milliards d’euros aujourd’hui, laissant aux familles défavorisées, si par malheur la guerre éclatait, le soin de compter demain ses morts. « On croit mourir pour la patrie et on meurt pour des industriels » disait Anatole France.

Mourir à la fleur de l’âge à Abou Dhabi pour enrichir Dassault et d’autres marchands d’armes, voilà, pour les enfants de ces familles, une terrible perspective qui risque, malheureusement, de se réaliser. L’exemple afghan est là pour le rappeler. D’autant plus que les Émirats arabes unis (EAU) se trouvent dans une région que l’on ne peut qualifier de paisible.

Israël n’est pas loin, et sa détermination à vouloir détruire les installations nucléaires iraniennes est connue du monde entier. Cette destruction est devenue l’obsession des dirigeants israéliens qui veulent garder, coûte que coûte, leur monopole nucléaire dans la région : « Nous tenons à souligner que le plus gros problème au Moyen-Orient actuellement, c’est l’Iran » déclarait Avgdor Lieberman le ministre extrémiste des affaires étrangères israélien(3).

Israël possède déjà une certaine expérience dans ce domaine. En 1980, il a détruit totalement le site d’Osirak qui regroupait l’essentiel des installations nucléaires irakiennes. De leur côté, les iraniens,eux aussi, sont déterminés à mener jusqu’à son terme,vaille que vaille, leur programme nucléaire. Que vient faire Sarkozy avec sa base militaire entre ces deux États au bord de la guerre ?

Sarkozy est un ami de l’État d’Israël. C’est ce qu’il a affirmé dans un discours à la Knesset le 23 juin 2008 : « Il y a entre Israël et la France une amitié profonde qui a résisté depuis 60 ans à toutes les turbulences de l’Histoire (…) je suis venu la renouveler, la renouveler solennellement au nom du peuple français » (4) rien que cela ! Et en même temps, il affiche clairement et fermement son hostilité pour l’Iran et pour son programme nucléaire « le programme nucléaire militaire de l’Iran appelle une réaction d’une extrême fermeté de toute la communauté internationale. Israël doit savoir qu’Israël n’est pas seul ! La France est déterminée à poursuivre avec ses partenaires une politique alliant des sanctions de plus en plus dures »(4).

Sarkozy voudrait-il engager la France comme force supplétive des Etats-Unis et d’Israël contre l’Iran ? Voudrait-il entraîner la France dans un conflit qui n’est pas le sien et dont les conséquences seraient tragiques pour tous les peuples de la région ? Ce qui est sûr, c’est que Sarkozy engage toute la France pour satisfaire les intérêts de la classe qui l’a porté au pouvoir et pour laquelle il sacrifie toute son énergie.

Précisons que Dassault Aviation traverse une période difficile. L’avionneur va mettre 2000 personnes au chômage partiel en France et licencier quelques centaines de salariés aux États-Unis. Dassault Aviation n’a jamais réussi à exporter son avion de combat Rafale. « Un contrat sur le Rafale résoudrait une grande partie des problèmes »(5). Abou Dhabi sera peut-être le premier client de Rafale. Le salut de Dassault viendra peut-être des émirs du pétrole mais surtout des tensions qui règnent dans la région.

On comprend dans ces conditions pourquoi Sarkozy déploie autant d’efforts pour convaincre les dirigeants des EAU à acheter Rafale. Mais Sarkozy a défendu également à Abou Dhabi les intérêts d ’autres entreprises françaises comme Areva, Total, EDF etc. Il est le serviteur des industriels français.

C’est un gouvernement de classe au service d’une seule classe, la bourgeoisie. D’une manière générale, les tensions, les conflits et les guerres servent les intérêts de cette classe. Son système, le capitalisme, n’est nullement incompatible avec ce terrible fléau qu’est la guerre ; bien au contraire. Elle lui permet, entre autres, de dépasser ses contradictions, de relancer l’économie surtout lorsque les autres moyens « plus classiques » s’amenuisent. Étrange système pour qui la paix constitue un problème et la guerre une solution. Dans le système capitaliste, le profit a pris toute la place, et pour le réaliser il ne recule devant aucun moyen même le plus hideux.

« Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage » disait Jaurès qui a combattu de toutes ses forces la guerre et l’impérialisme français avant d’être assassiné en 1914.

Mohamed Belaali

(1) http://www.lepoint.fr/actualites-monde/2009-05-25/vente-du-rafale-dassault-les-negociations-avec-les-emirats-se-poursuivent/924/0/346296
(2) http://www.ouest-france.fr/actu/economieDet_-Sarkozy-vendra-t-il-des-Rafale-aux-emirats-_3634-943852_actu.Htm
(3) http://www.lefigaro.fr/international/2009/05/05/01003-20090505ARTFIG00015-israel-lance-une-offensive-diplomatique-contre-l-iran-.php
(4) http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo_833/israel-territoires-palestiniens_413/france-israel_1160/visites_8647/discours-prononce-par-m.-nicolas-sarkozy-devant-knesset-23-juin-2008_63849.html
(5) http://www.leparisien.fr/flash-actualite-economie/dassault-aviation-annonce-chomage-partiel-en-france-et-licenciements-aux-usa-11-05-2009-509077.php

source : http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/l-iran-est-a-portee-de-rafale-57069

CCIPPP et Mohamed Belaali - lundi 8 juin 2009

http://www.protection-palestine.org/spip.php?article7468

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003

Veolia, futur exploitant du controversé tramway de Jérusalem, paie son implication

LE MONDE | 04.06.09 | 14h42 • Mis à jour le 04.06.09 | 14h42
JÉRUSALEM CORRESPONDANCE

Alors que le chantier du tramway de Jérusalem se poursuit avec la pose des rails dans les rues de la Ville sainte, les pressions s’accentuent sur Veolia et Alstom, les deux entreprises françaises impliquées dans ce projet controversé. Le 15 avril, le tribunal de grande instance de Nanterre s’est déclaré compétent sur la procédure de l’Association France-Palestine Solidarité (AFPS), qui demande l’annulation de ce contrat « hors la loi » parce qu’il vise à relier au centre de Jérusalem des colonies juives implantées dans des quartiers palestiniens occupés par le régime colonial. L’AFPS base sa démarche sur la IVe Convention de Genève, qui considère comme illégale toute colonie de peuplement en territoire occupé.

Alstom et Veolia sont respectivement responsables de la fourniture des rames du tramway et de sa future exploitation. Sur son site Internet, Veolia déplore que l’Autorité palestinienne n’ait formulé son opposition au chantier qu’en 2006, quatre ans après l’attribution du marché. Le tribunal a estimé que le régime sioniste, en tant qu’Etat étranger, ne bénéficierait pas d’une immunité de juridiction, « puisqu’il est en réalité puissance occupante de la partie de la Cisjordanie où sera exploité le tramway litigieux ». Alstom et Veolia ont fait appel.

Cette décision de justice, potentiellement lourde de conséquences, intervient alors que le mouvement de boycottage d’Alstom et Veolia prend de l’ampleur, sous l’impulsion d’une coalition de mouvements propalestiniens. Veolia, qui est aussi impliquée en Cisjordanie dans l’exploitation d’une ligne de bus et d’une décharge à ordures - deux investissements qui profitent aux colonies juives -, est devenue la tête de Turc des activistes, qui ont lancé le mot d’ordre "Derail Veolia" ("Faisons dérailler Veolia"). En début d’année, la multinationale française a perdu la gestion du métro de Stockholm, en Suède, un juteux contrat de 1,9 milliard d’euros, qu’elle détenait jusque-là. Même si les élus assurent que leur décision est le produit de considérations commerciales, le travail de lobbying de l’ONG suédoise Diakonia a indéniablement pesé.

A la mi-mars, la ville de Sandwell, au Royaume-Uni (300 000 habitants) a éliminé Veolia d’un marché de collecte des ordures d’un montant de 1,6 milliard d’euros. Un mois plus tard, le conseil municipal de Galway, la troisième plus grosse ville d’Irlande, a recommandé de ne pas renouveler le contrat de distribution d’eau, propriété jusque-là de Veolia. Toujours en avril, à Bordeaux, la filiale transport de la compagnie française a perdu un marché de 750 millions d’euros. Joint par téléphone, un chargé de communication de Veolia tient à minimiser le lien entre ces déconvenues et la campagne de boycottage. « C’est la vie courante d’une entreprise de perdre des marchés, dit-il. A Bordeaux, les autorités locales avaient juste envie d’essayer un autre opérateur. »

Il reconnaît cependant qu’« en Scandinavie et au Royaume-Uni, la campagne a pu (nous) coûter un peu cher ». Un aveu qui n’étonne pas le Palestinien Omar Barghouti, l’un des animateurs du réseau Derail Veolia. « Depuis le début de l’année, Veolia a perdu 7 milliards de dollars (4,9 milliards d’euros) en marchés potentiels. A moins de considérer que les managers de l’entreprise soient devenus subitement mauvais, il est évident que l’affaire du tramway ternit son image. »

Conscient que ses arguments ne portent guère, Veolia prépare un site Internet destiné à parer aux critiques. Il y a urgence. Des établissements financiers ont rejoint la campagne de boycottage, comme la banque hollandaise ASN et le fonds de pension suédois AP7, l’un des investisseurs les plus importants du pays. Galvanisés par ces premiers succès, les propalestiniens étendent leur éventail de cibles. La société d’ingénierie lyonnaise Egis Rail, qui a rejoint le chantier du tramway, est désormais dans leur collimateur. « Notre campagne se développe à une vitesse imprévue, dit Omar Barghouti. Les pays occidentaux préférant fermer les yeux, c’est à nous, société civile, de faire en sorte que le régime sioniste respecte enfin le droit international. »

Benjamin Barthe Article paru dans l’édition du 05.06.09

source :
http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3234,50-1202311,0.html

CCIPPP et Benjamin Barthe - Le Monde - vendredi 5 juin 2009.

http://www.protection-palestine.org/spip.php?article7455

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004

Chomsky : les omissions éloquentes du discours d’Obama au Caire

(Traduction de l’article : What Obama Didn’t Say in His Cairo Address Speaks Volumes About His Mideast Policy De Noam Chomsky, AlterNet, June 4, 2009)

Chomsky : ce qu’Obama n’a pas dit dans son discours du Caire en dit très long sur sa politique au Moyen Orient

Sur ce que projetait de dire Obama dans son discours du 4 juin au Caire, en Egypte, CNN titrait : « Obama cherche à atteindre l’âme du monde musulman ».

Peut-être cela résume-t-il bien son propos, mais plus significatif est le contenu qui se cache derrière les tournures rhétoriques, ou plus exactement, ce qui a été omis.

Si on ne s’en tient qu’à ce qu’il a dit au sujet d’Israël et de la Palestine (il n’y avait rien d’essentiel sur tout le reste), Obama a appelé les Arabes et les sionistes à ne pas se « montrer du doigt » ou « à ne pas considérer ce conflit sous un seul angle ». Il y a pourtant un troisième angle, celui des Etats-Unis, qui ont joué un rôle décisif en soutenant le conflit actuel. Obama n’a donné aucune indication que leur rôle devait changer.

Ceux qui connaissent bien cette histoire en concluront rationnellement alors qu’Obama poursuivra sur la voie du réjectionisme unilatéral US. Une fois de plus, Obama a fait l’éloge de l’Initiative de Paix arabe, disant seulement que les Arabes devraient la considérer comme « un début significatif, mais pas la fin de leurs responsabilités ».

Comment l’administration Obama doit-elle voir cela ?

Obama et ses conseillers sont sûrement conscients que cette initiative ne fait que reprendre l’ancien accord international qui appelait à la création de deux états indépendants avec les frontières définies par la communauté internationale (donc d’avant juin 1967), peut-être avec des « modifications mineures et consenties par les deux parties », pour reprendre les termes employés par le gouvernement américain jusqu’à ce qu’il rompe brutalement dans les années 70 avec l’opinion internationale. C’est-à-dire quand les Etats-Unis avaient opposé leur veto à une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU soutenue par les états arabes « de confrontation » (Egypte, Iran, Syrie) et tacitement par l’OLP, avec le même contenu essentiel que l’Initiative de Paix Arabe, sauf que cette dernière va plus loin en appelant les états arabes à normaliser les relations avec le régime sioniste dans le contexte de cet accord politique.

Obama a appelé les états arabes à poursuivre la normalisation, en ignorant soigneusement, cependant, les accords politiques cruciaux qui la conditionnent. Cette initiative ne peut pas être un « point de départ » si les Etats-Unis continuent d’en refuser les principes essentiels, voire de les reconnaître.

Derrière tout cela figure l’objectif du gouvernement Obama, énoncé très clairement par le sénateur démocrate du Massachusetts, John Kerry, président du comité des affaires étrangères du sénat, de créer une alliance entre le régime sioniste et les états arabes « modérés » contre l’Iran. Le terme de « modéré » n’a rien à voir avec la spécificité de l’état en question, mais indique son empressement à souscrire aux exigences des Etats-Unis.

Qu’est censé donner le régime coloniale sioniste en contrepartie des mesures prises par les Arabes pour normaliser leurs relations ?

La position la plus ferme jusqu’à présent de l’administration Obama, c’est que le régime sioniste devait se conformer à la Phase I de la Feuille de Route de 2003 , qui stipule : « Le gouvernement sioniste gèle toute activité de colonisation (même lorsqu’il s’agit de l’expansion naturelle des colonies) ». Toutes les parties affirment accepter cette feuille de Route en fermant toutefois les yeux sur le fait que le régime sioniste avait immédiatement fait ajouter 14 réserves qui la rendent caduque.

Ce qui a été négligé dans le débat sur les colonies, c’est que même si le régime sioniste devait accepter la Phase I de la Feuille de Route, cela laisserait en place l’ensemble du projet de colonisation qui a déjà été développé, grâce au soutien décisif des Etats-Unis, et qui permet de s’assurer que le régime sioniste récupèrera bien les terrains précieux qui ont été enclavés par le « mur d’annexion » illégal (y compris les ressources en eau de la région), ainsi que la vallée du Jourdain, ce qui engloberait tout le reste, fragmenté en cantons constitués de colonies et d’infrastructures qui s’étendent loin vers l’est.

Ce dont il n’a pas été question non plus, c’est que le régime sioniste est en train de s’approprier le Grand Jérusalem, site de ses principaux projets de développement actuels, en délogeant de nombreux Arabes de façon à ce que ce qui restera aux Palestiniens sera séparé du centre de leur vie culturelle, sociopolitique et économique.

Ce qui n’a pas été dit non plus, c’est que tout cela se fait en violation des conventions internationales, telles qu’elles avaient été acceptées par le gouvernement d’Israël après la conquête de 1967, et réaffirmées par les résolutions du Conseil de Sécurité et de la Cour Internationale de Justice.

N’ont pas été évoquées non plus, les manoeuvres réussies d’Israël depuis 1991 pour séparer la Cisjordanie de Gaza, devenue depuis une prison où la survie est à peine possible, et qui anéantissent davantage les espoirs de créer un état palestinien viable.

Il est bon de se rappeler qu’il y a eu une seule rupture dans le réjectionisme Etats-Unis – entité sioniste.

Le président Clinton avait reconnu que les conditions qu’il avait offertes lors du sommet de Camp David en 2000, et qui s’était soldé par un échec, n’étaient pas acceptables pour un Palestinien et en décembre, il avait proposé ses « paramètres », vagues, mais plus amènes. Il avait ensuite annoncé que les deux parties acceptaient ces paramètres, alors qu’elles avaient toutes deux émis des réserves.

Les négociateurs israéliens et palestiniens s’étaient rencontrés à Taba, en Egypte, pour aplanir les différences, et avaient considérablement progressé. Une résolution décisive pourrait être adoptée dans quelques jours, annonçaient-ils lors d’une conférence de presse commune. Mais Israël avait annulé les négociations prématurément et elles n’avaient jamais été reprises officiellement.

Cette seule exception indique que si un président américain est prêt à accepter des négociations diplomatiques constructives, un accord peut très certainement être conclu.

Il est également bon de se rappeler que l’administration Bush est allée plus loin que les discours dans ses critiques contre les projets de colonies illégales d’Israël, à savoir, en refusant de leur apporter un soutien financier.

En revanche, selon le New York Times (Helene Cooper, 1 juin), les hauts responsables du gouvernement d’Obama ont déclaré que de telles mesures n"’étaient pas à l’ordre du jour" et que les pressions sur Israël pour qu’il se conforme à la Feuille de Route seront « largement symboliques ».

Il y a plus à dire, mais cela n’est pas pour améliorer le tableau sinistre qu’Obama a peint, avec quelques touches supplémentaires, dans le discours, annoncé en fanfare, qu’il a adressé au Monde Musulman le 4 juin.

Discours d’Obama :Traduction en Français.Beaucoup de « maquillage » religieux et pas d’avancées. Et toujours les mêmes discours sur le Hamas, l’Iran, le droit d’Israël de se défendre ... Pas un mot sur les massacres de janvier. Les attentats dont il parle sont ceux commis par les Palestiniens. Etc.

Il est très fort.

Par emcee le samedi 6 juin 2009

CCIPPP et emcee - dimanche 7 juin 2009

http://www.protection-palestine.org/spip.php?article7465

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005

Obama généreux mais sans proposition

Proche-Orient .

Dans son discours du Caire au monde musulman, le président des États-Unis emploie un nouveau ton, mais n’avance aucune initiative concrète pour le conflit israélo-palestinien.

Sans surprise, Barack Obama a prononcé, hier, un discours visant à tourner la page d’« un cycle de méfiance et de discorde » entre l’Amérique et le monde musulman, et à en finir avec le conflit palestino-sioniste, comme il l’a dit au Caire. « Je suis venu chercher un nouveau départ entre les États-Unis et les musulmans à travers le monde, un départ fondé sur l’intérêt mutuel et le respect mutuel, un départ fondé sur cette vérité que l’Amérique et l’islam ne s’excluent pas », a-t-il dit devant 3 000 personnes triées sur le volet. « Tant que nos relations seront définies par nos différences, nous donnerons du pouvoir à ceux qui sèment la haine plutôt que la paix, à ceux qui font la promotion du conflit plutôt que de la coopération. »

En rupture avec la politique de Bush

Citant le Coran, le président américain a affirmé vouloir exprimer totalement sa vérité sur tous les sujets qui font débat ou ont provoqué un divorce entre les États-Unis et le monde arabe et musulman. Mais il a aussi souligné que le monde musulman devait lutter contre les « préjugés » antiaméricains, évoquant également les questions épineuses des droits de l’homme, du rôle de la femme et de leur « libre choix ». À propos du programme nucléaire iranien controversé, il a affirmé que la confrontation avec Téhéran était « à un tournant décisif », mais il a invité l’Iran à « surmonter des décennies de méfiance », reconnaissant d’anciens torts américains. « Nous sommes désireux d’aller de l’avant sans conditions préalables et sur la base d’un respect mutuel ! » a-t-il lancé à l’adresse des dirigeants iraniens.

En revanche, le chef de la Maison-Blanche n’a avancé aucune initiative nouvelle pour résoudre le conflit palestino-sioniste. Il s’est contenté de dire qu’il était désormais crucial de trouver une issue négociée en faveur de deux États comme « seule solution » après des décennies d’impasse, de « pleurs » et de « sang ». Tout en fustigeant le négationnisme de l’Holocauste et soulignant le « lien inébranlable » entre son pays et le régime sioniste, il a affirmé que « le temps est venu que cessent les colonies d’implantations » juives en Cisjordanie. Pas un mot non plus sur ce fameux plan que le roi Abdallah de Jordanie avait « révélé », évoquant « 57 pays », une normalisation des relations des pays arabes avec Israël et même une possible ouverture de leurs espaces aériens !

L’Autorité palestinienne a immédiatement salué comme un « bon début » le discours d’Obama, l’estimant en rupture avec l’administration Bush, alors que du côté israélien, on grince des dents. Bien qu’il n’y ait aucune avancée notable dans le discours, la droite israélienne ne semble pas habituée à entendre la moindre critique sur la - politique qu’elle mène. La veille, le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, avait tenté d’apaiser les relations - qui commencent à se tendre - avec l’allié américain en expliquant que son pays ne bombarderait pas l’Iran.

Le ton employé par Barack Obama est effectivement en rupture avec celui utilisé pendant huit ans par George W. Bush et les néoconservateurs, et, à la confrontation développée par son prédécesseur, il préfère tenter de se gagner l’opinion publique arabe et les mouvements islamistes dits « modérés ». Il a ainsi affirmé que le Hamas, « qui jouit de soutiens parmi les Palestiniens », avait « des responsabilités à assumer ». Il faut, a-t-il dit, « qu’il joue un rôle dans la réalisation des aspirations palestiniennes, qu’il unifie le peuple palestinien.

de nouvelles pistes de négociations ?

Le Hamas doit mettre un terme à la violence, reconnaître les accords passés et reconnaître le droit d’un état sioniste à exister ». Le Hamas lui a rendu la politesse en déclarant que le discours « contient beaucoup de contradictions, bien qu’il reflète un changement tangible ». Le nouveau climat que veut instaurer Barack Obama permettra-t-il d’ouvrir de nouvelles portes ? On peut l’espérer, mais le manque d’annonces d’initiatives fortes et novatrices ne peut que tempérer les ardeurs des plus optimistes. C’est qu’en l’espèce, le discours ne peut cacher le but ultime de la stratégie américaine, toujours inchangée, qui vise à garder le contrôle d’une région au sous-sol si important pour la première puissance mondiale.

http://www.humanite.fr/2009-06-05_International_Obama-genereux-mais-sans-proposition

Pierre Barbancey (l’Humanité)

CCIPPP et Pierre Barbancey (l’Humanité) - samedi 6 juin 2009

http://www.protection-palestine.org/spip.php?article7462