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Source : Protection Palestine

Israël refuse toujours de stopper la colonisation en Cisjordanie

Franck Weil - RFI - Jeudi, 4 juin 2009 - 7h22 AM

jeudi 4 juin 2009

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Depuis son arrivée à la Maison Blanche, Barack Obama a répété à plusieurs reprises son attachement à la solution de deux Etats pour deux peuples, pour régler le conflit israélo-palestinien. Les Etats-Unis estiment que pour y parvenir l’Etat hébreu doit cesser toute colonisation de la Cisjordanie occupée. Un geste que refuse pour l’heure d’envisager Benyamin Netanyahou, au risque de provoquer une grave crise avec son allié de toujours.

« Le président a été très clair lorsqu’il a rencontré le Premier ministre Benyamin Netanyahou. Il veut la fin de la colonisation : pas de colonies, pas de postes avancés, pas d’exception liée à la croissance naturelle ». Mercredi dernier, recevant à Washington son homologue égyptien, le chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, a confirmé que les Etats-Unis entendaient faire preuve d’une fermeté sans précédent sur l’un des dossiers les plus sensibles du conflit israélo-palestinien. Jusqu’à présent, les responsables américains, tout en rappelant que les deux parties devaient éviter de prendre des initiatives unilatérales susceptibles de gêner les négociations sur un statut final, ne se sont jamais opposés à la poursuite de la colonisation menée sans discontinuer par l’Etat hébreu depuis 1967.

La feuille de route adoptée en 2003 par un quartette composé des Etats-Unis, de l’Union européenne, [...] de colonies existantes. Mais en avril 2004, le président américain George Bush appuie officiellement la position israélienne sur ce dossier. En échange de son plan de retrait unilatéral de la bande de Gaza, Ariel Sharon, alors Premier ministre israélien obtient du président américain une lettre sans ambiguïté dans laquelle George Bush souligne que, « au vu des nouvelles réalités sur le terrain et en particulier de l’existence d’important centres de population israéliens, il est irréaliste de penser que le résultat des négociations sur le statut final débouchera sur un retour total aux lignes de l’armistice de 1949. Il est clair que tout accord final passera par des changements sur le terrain approuvés par les deux parties qui tiennent compte de ces réalités ».

En clair, les principales colonies de Cisjordanie occupée pourront continuer à se développer. Et les gouvernements israéliens successifs ne s’en privent pas. Selon les chiffres recueillis par l’organisation israélienne « La paix maintenant », plus de 1 500 nouveaux logements ont été construits chaque année depuis 1993 en Cisjordanie occupée. Cela sans compter les avant-postes, ces colonies construites sans l’autorisation officielle de l’administration israélienne. Depuis 1967, ce sont près de 300 000 Israéliens qui se sont installés en Cisjordanie occupée.

En mars dernier, « La Paix maintenant » révèle que le gouvernement israélien, loin de freiner l’expansion des colonies, envisage la construction de près de 75 000 nouveaux logements. Le nombre de colons pourrait alors quasiment doubler pour atteindre 580 0000 personnes, soit un peu moins de 10% de la population totale israélienne. Pour les partisans d’une solution de deux Etats pour deux peuples, la poursuite de la colonisation rend tout simplement impossible l’éventualité pour les Palestiniens de disposer d’un Etat viable avec une continuité territoriale de la bande de Gaza jusqu’au nord de la Cisjordanie. C’est sans doute cette réalité qui a poussé le nouveau président américain à afficher sur ce dossier une fermeté à laquelle le gouvernement israélien n’était pas habitué de la part de son plus fidèle allié.

Inquiétudes israéliennes

Ce nouveau ton adopté par le locataire de la Maison Blanche commence à susciter quelques inquiétudes en Israël. Officiellement, les responsables israéliens minimisent les divergences avec le président américain. Sur le dossier de la colonisation, le gouvernement israélien n’entend pas pour l’instant modifier sa politique. Proche de Benyamin Netanyahou, le ministre des transports Israël Katz a ainsi affirmé que « le gouvernement israélien n’acceptera en aucune façon que la colonisation légale soit gelée en Judée-Samarie (Cisjordanie occupée) ». Le ministre reconnait que le refus de Barack Obama de cautionner les engagements de Georges Bush dans sa lettre de 2004 à Ariel Sharon « suscite des inquiétudes sur des arrangements futurs ».

Pour tenter de désamorcer ce qui s’apparente de plus en plus à une grave crise diplomatique, le ministre de la défense Ehud Barak entame ce lundi une visite aux Etats-Unis. Il va tenter de convaincre ses interlocuteurs que le gouvernement de coalition auquel il appartient a déjà fait preuve de souplesse sur la question de la colonisation. Quelques caravanes installées près d’une colonie du nord de la Cisjordanie ont ainsi été démantelées il y a une dizaine de jours. Mais cette mesure minimale risque d’être insuffisante pour satisfaire les demandes du gouvernement américain. D’autant que le Premier ministre israélien, auditionné ce lundi par la commission des Affaires étrangères de la Knesset a indiqué qu’ « il y a des demandes raisonnables et d’autres inacceptables. Le sort définitif des implantations sera décidé lors d’un accord définitif sur le statut de la Cisjordanie ».

Le désaccord est d’autant plus profond que la question de Jérusalem est également source d’un conflit latent entre Israël et les Etats-Unis. Le chef du gouvernement israélien a répété récemment que la Ville sainte resterait à jamais indivisible, alors que les Palestiniens réclament toujours la souveraineté sur la partie orientale de la ville, conquise en 1967 et annexée officiellement par Israël en 1981. Le gouvernement américain affirme que le statut de Jérusalem devra être réglé lors d’un accord définitif.

Espoirs palestiniens

Les récentes déclarations de Barack Obama ont suscité un nouvel espoir chez les Palestiniens. Celui de voir les Etats-Unis reprendre leur place de médiateur. Les responsables de l’Autorité palestinienne n’ont jamais caché leur déception ces dernières années de voir l’administration américaine adopter le plus souvent le point de vue israélien. Le soutien répété du nouveau président américain à la solution de deux Etats pour deux peuples est donc apparu comme un changement d’attitude prometteur. Quelques jours avant la rencontre à Washington entre le président palestinien et son homologue américain, le principal négociateur palestinien, Saëb Erekat, notait d’ailleurs que « pour la première fois les Américains parlent aussi clairement de l’Etat palestinien comme un intérêt américain et comme étant la seule solution à l’ordre du jour ».

Le président américain, attendu ce jeudi au Caire pour un discours à l’attention du monde musulman devrait d’ailleurs répéter sa volonté de voir créer un Etat palestinien indépendant et viable. Pour Barack Obama, Israël reste un allié indéfectible mais à qui il faut rappeler que la paix passe par des concessions territoriales que Benyamin Netanyahou peine pour l’heure à envisager. L’Etat hébreu sait néanmoins qu’il ne peut s’offrir le luxe d’une crise grave avec les Américains. Ce dimanche, l’ancien chef d’état-major israélien, Dan Haloutz, a estimé qu’« Israël ne doit pas se retrouver en position de conflit avec les Etats-Unis. Il peut y avoir des divergences mais il ne faut pas en arriver à la confrontation. Nous ne dépendons pas des Etats-Unis, mais nous avons besoin très largement du matériel militaire américain ». Manière de souligner que l’actuel gouvernement israélien, aussi nostalgique soit-il des prédécesseurs de Barack Obama à la Maison Blanche, devra composer avec la nouvelle politique que les Etats-Unis entendent impulser au Proche-Orient.

http://www.rfi.fr/actufr/articles/114/article_81533.asp

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[ Lettre de Bush : « .... au vu des nouvelles réalités sur le terrain et en particulier de l’existence d’important centres de population israéliens, il est irréaliste de penser que le résultat des négociations sur le statut final débouchera sur un retour total aux lignes de l’armistice de 1949. Il est clair que tout accord final passera par des changements sur le terrain approuvés par les deux parties qui tiennent compte de ces réalités. »

Commentaires :

Ah bon, alors, maintenant, c’est l’opinion d’un président des Etats Unis qui est la source du droit international....

Alors de deux choses l’une :

Ou bien les Etats Unis comprennent qu’une opinion est une opinion et rien de plus.

Ou bien ils persistent à insister pour que la terre entière s’allonge au passage de leurs dirigeants. Et ce sera la guerre. ]