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Détournement irresponsable et scandaleux (ndlr)

L’aide américaine destinée aux agriculteurs palestiniens attribuée au réseau de téléphonie mobile lié à Abbas

Par Adam Entous - Lundi, 27 avril 2009 - 19h26

lundi 27 avril 2009

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L’aide américaine attribuée sous forme de garanties de prêts et destinée aux agriculteurs palestiniens et à d’autres petites et moyennes entreprises a été accordée à une entreprise de téléphonie mobile liée au Président Mahmoud Abbas et à des investisseurs du Golfe. Le revirement dans le soutien des contribuables américains à Wataniya Palestine, une société d’exploitation en commun créée par un groupe de Télécommunications koweïtien et qatari et une holding de biens publics, le Fonds d’Investissement Palestinien (FIP), a consterné les commanditaires des petites entreprises privées.

Ses partisans rétorquent que l’aide à Wataniya Palestine est bonne pour l’emploi et le libre échange, à un moment où Washington jette tout son poids, et son argent, derrière Abbas en tant que rempart contre les Islamistes du Hamas dans la bande de Gaza et partenaire dans les efforts visant à relancer les négociations de paix avec Israël.

Parmi les défenseurs de l’entreprise, il y a Tony Blair, l’envoyé spécial au Moyen-Orient, qui a fait pression sur Israël pour qu’il accorde les fréquences radio à Wataniya Palestine afin que la société puisse remettre en cause le monopole longtemps détenu par PalTel.

Mohammad Mustafa, le conseille économique d’Abbas et président de FIP et de Wataniya Palestine, a déclaré que les 16 millions de dollars en garanties de prêt pour Wataniya étaient justifiés par l’effondrement mondial du crédit et le potentiel de l’entreprise pour soutenir l’économie palestinienne. Il a dit qu’il restait de nombreuses garanties de prêts pour stimuler les petites entreprises, comme prévu par les parrains du programme.

Mais les anciens membres du conseil d’administration et conseillers de FIP, s’exprimant sous anonymat, ont contesté la justification de l’octroi des garanties de prêt des États-Unis puisque les bailleurs de fonds de Wataniya Palestine étaient très riches.

« Ils n’ont pas besoin de leur fournir une garantie. Ce ne sont pas les bénéficiaires visés », a déclaré Samir Barghouthi, le directeur général du Centre Arabe pour le Développement Agricole, qui aide les petites entreprises. « Ce n’est pas acceptable. »

Les propriétaires et les partisans des petites entreprises ont déclaré que cela envoyait un mauvais message sur le rôle croissant de Washington dans le secteur privé palestinien, qui est dominé par un petit groupe de riches entreprises et investisseurs liés par un réseau de participations croisées.

Le soutien du programme de garanties de prêt vient de l’Institut Aspen basé aux Etats-Unis, dont le Groupe de Stratégie pour le Moyen-Orient réunit des personnalités américaines, comme l’ancien secrétaire d’État Madeleine Albright et le sénateur Dianne Feinstein, et des chefs d’entreprise palestiniens, dont les directeurs du PIF.

Parmi eux, il y a Samer Khoury, un haut dirigeant de Consolidated Contractors Co., et Tarek Aggad, dont le plus jeune fils d’Abbas, Tarek, est vice-président de sa société Arab Palestinian Investment Company. Le fils ainé d’Abbas, Yasser, fait également partie du groupe de l’Institut Aspen.

Feinstein a réussi à faire passer la législation pour autoriser le programme, financé par l’Overseas Private Investment Corporation (OPIC) du gouvernement américain et le FIP, et supervisé par l’Initiative d’Investissement au Moyen-Orient lié à Aspen.

Lancé en grandes pompes en 2007, le programme a offert 230 millions de dollars en garanties de prêts, et levé des engagements de 110 millions de dollars de l’OPIC à Washington, et 50 millions de dollars du FIP.

Ils ont fixé une gamme de prêts allant de 10.000 à 500.000 dollars.

Lors de l’annonce de son lancement en Juillet 2007, le Département d’Etat américain a déclaré : « L’initiative permettra de fournir des prêts à long terme à un prix abordable aux petites entreprises et aux entreprises familiales palestiniennes qui, autrement, n’y auraient pas accès. »

« Cela peut concerner un oléiculteur qui veulent développer ses activités, un jeune ayant une petite société de technologie de l’information, ou quelqu’un qui veut embaucher des voisins pour produire et exporter des broderies palestiniennes. »

Le programme a débuté comme prévu. Au cours des 11 premiers mois de 2008, le portefeuille avait 46 prêts pour un montant total de 7,6 millions de dollars, dont 80% allaient de 10.000 à 200.000 dollars.

Puis, en décembre, les administrateurs du programme ont accéléré l’approbation de ce qu’ils ont qualifié de deux "très" gros prêts pour un montant total de 16 millions de dollars pour soutenir Wataniya Palestine, selon un rapport mensuel.

Un responsable qui aide à administrer le programme de prêts, s’exprimant sous anonymat, a déclaré que la décision de soutenir Wataniya Palestine a été prise rapidement après que des banques palestiniennes aient prévenu qu’elles pourraient ne pas être en mesure de fournir des prêts.

Le porte-parole de l’OPIC, Timothy Harwood, a dit que l’agence « avait conclu qu’en raison de son important potentiel de création d’emplois - plus de 2000 emplois devraient être créés dans le cadre du projet – c’était un investissement utile, et compatible avec la mission de l’OPIC qui est de soutenir le développement économique dans les pays des marchés émergents ».

Le FIP, actionnaire à 43% dans Wataniya Palestine et partenaire de l’OPIC dans le programme de prêts, n’a pas pris part à la décision sur les 16 millions de dollars en prêts, ont déclaré le FIP et l’OPIC.

Certains responsables palestiniens et petits chefs d’entreprises ont demandé pourquoi une entreprise appartenant au PIF et à la Koweït National Mobile Telecommunications Co. (Wataniya), une branche de Qatar Telecommunications Co. (Qtel), avait besoin de l’aide des États-Unis.

Le PIF a fait état de 260 millions de dollars de profits en 2007. Wataniya-Koweit a annoncé plus de 280 millions de dollars de profits en 2008.

« Je ne pense pas qu’obtenir un prêt bancaire eût été un problème », a déclaré un haut fonctionnaire palestinien impliqué dans la réglementation bancaire.

Mustafa a déclaré que les garanties étaient nécessaires pour assurer le confort des banques locales, que le PIF voulait impliquer dans cette affaire. « Je suppose que ces gens avaient peur », a déclaré Mustafa, en citant la crise du crédit, la guerre dans la bande de Gaza et de l’incertitude sur la data à laquelle Israël libérerait les fréquences d’émission pour la nouvelle entreprise.

Mustafa a ajouté que l’objectif premier du programme était en faveur des petites entreprises, mais que les règles étaient assez souples pour laisser les grandes entreprises en bénéficier pendant qu’ils répondent à certains critères, « en particulier le nombre d’emplois qu’ils peuvent créer. »

Reem Abboushi, la responsable de l’Association des femmes d’affaires palestiniennes, qui octroie des petits prêts aux femmes, déclare : « Les petites entreprises vont créer beaucoup plus d’emplois et des emplois durables à long terme que les investissements à grande échelle ».

Mohammad Abu Bakr, un briquetier de 52 ans de Jénine, a déclaré qu’il avait peu d’espoir de bénéficier de l’aide américaine. Comme la plupart de ses amis petits chefs d’entreprises, dit-il, il est convaincu qu’elle ira aux « importants hommes d’affaires et aux riches » qui ont de meilleurs contacts.

A lire également :
Wataniya, le 2nd réseau de téléphonie mobile en Palestine attend toujours le feu vert d’Israël pour se déployer - 27 Mai 2008 – Benjamin Barthe

Source : http://www.dailystar.com.lb/ Traduction : MG pour ISM