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Source : Palestine Think Tank

Hommage à la ténacité et au sacrifice des mères palestiniennes

par Reham Alhelsi - Jeudi, 26 mars 2009 - 19h34

jeudi 26 mars 2009

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Quand les femmes sont venues lui dire d’arrêter ce qu’elle faisait et de s’asseoir devant la maison avec elles, ma grand-mère a compris. Elles se sont assises à l’extérieur, parlant peu. C’était mon oncle qui avait reçu une balle dans la poitrine tirée par les Forces d’occupation israéliennes (FOI) cet après-midi et on l’opérait en ce moment même. Son état était critique, avaient dit les médecins aux hommes qui l’avaient emmené à l’hôpital. Certains étaient revenus pour prévenir la famille et préparer le camp de réfugiés pour l’accueillir en héros, au cas où le pire surviendrait. Même en gardant l’espoir jusqu’au bout, il fallait tout préparer pour des funérailles et un enterrement, et sans perdre de temps.

L’armée israélienne est prévenue pour qu’elle vienne prendre les corps des martyrs palestiniens et voler leurs organes sans le consentement des familles palestiniennes. Les organes sont alors donnés à des Israéliens qui en ont besoin. Autrement dit, un Palestinien qui est tué par les FOI, le plus souvent sans aucune raison ou pour défendre son pays, est étiqueté comme terroriste par Israël et par les médias tendancieux, mais ses organe sont utilisés pour sauver des vies israéliennes. En d’autres pays, le vol d’organes sur des personnes décédées est considéré comme un crime, mais comme d’habitude, ce n’est pas le cas pour Israël.

Ma grand-mère est restée assise tout le temps, sans bouger, sans pleurer, sans un mot. C’est son plus jeune fils, disaient les autres. Ses frères aînés ont été l’un après l’autre emprisonnés pour ce qu’Israël considère comme du « terrorisme », et elle avait voulu éviter au plus jeune au moins l’intérieur d’une prison israélienne. Chaque jour, elle lui disait d’aller en classe et de revenir directement. « Ne va pas ici, ne va pas là ». J’ai entendu ma mère dire une fois que ma grand-mère pensait « qu’en faisant ainsi, elle le protégerait des Israéliens ; et tous les jours au retour de l’école, une fois la classe terminée, elle le gardait près d’elle la plupart du temps. » Jusqu’au jour où des garçons sont venus et ont dit à ma grand-mère que son fils avait été arrêté. « Arrêté, pour quoi ? » « Il a lancé des pierres. » Il n’avait même pas pris la peine d’aller à l’école ce jour-là. Un de mes oncles a dit en riant quand l’histoire lui a été rapportée : mais nous l’avons préparé à cela. Et tout le monde a ri. J’ai ri aussi, parce que moi aussi, je l’ai été.

En fait, pour nous les gamins, cette préparation était juste un jeu de plus. Un de ces jeux bizarres des camps de réfugiés, comme le jeu du « restaurant de l’UNRWA » où on jouait aux petits réfugiés en train de faire la queue, attendant notre ration quotidienne, une tranche de pain et des petites rondelles de tomates avec du sel, et on se faisait crier dessus par les « employés de l’UNRWA ». L’autre jeu, pour nous préparer à un emprisonnement futur par les FOI, c’était le « jeu de l’aveu ». Chacun de nous était « torturé » pour renforcer notre résistance et nous empêcher d’avouer quoi que ce soit dans le cas où nous serions interrogés par les FOI. Il n’y avait pas vraiment de « torture » dans ce jeu car il n’y avait pas vraiment de passage à tabac.

Nous criions d’une drôle de façon et l’un d’entre nous mimait le « soldat des FOI », imitant les soldats israéliens qui font les braves mais qui en réalité ont peur de nous, les petits enfants. Nous nous marrions pendant qu’il nous « torturait » car c’était surtout un amusement pour nous. Même si le jeu ne préparait pas vraiment quiconque aux interrogatoires et aux tortures israéliennes barbares, d’une certaine manière il était éducatif. Il nous donnait le sentiment que nous étions plus forts que les FOI et qu’en dépit de tout leur armement, elles nous craignaient. Nous jouions simplement, comme si on se faisait tabasser par les FOI, et l’un de nous jouait au soldat israélien en nous demandant sans arrêt d’avouer et nous, on disait non. Alors il nous filait un coup, pas trop fort, sur la semelle de chaussure et exigeait nos aveux. Nous refusions en riant parce que pour nous cela restait un jeu, un jeu qui s’avèrerait utile un jour.

Ce jour-là, il n’y eut pas de funérailles, pour mon oncle. Il avait une farouche volonté de vivre. Mais à chaque fois que je repense à ce moment, je revois ma grand-mère. Une femme de 60 ans qui organisait toujours sa semaine en fonction des jours de visite des prisons israéliennes. Avant que l’un de ses fils ne soit libéré, un autre était arrêté, aussi ils se retrouvaient rarement ensemble à table pour le repas. Nous étions tous habitués à cela, de ne pas voir tous mes oncles en même temps. J’ai rarement entendu ma grand-mère se plaindre, mais il était clair pour tout le monde combien elle aimait sa famille et combien elle était triste de ne pas les avoir tous autour d’elle. Elle n’avait pas besoin de dire à ses enfants d’aller manifester. C’était une réaction naturelle à ce que ses enfants eux-mêmes voyaient et vivaient, et ma grand-mère avait planté l’amour de la terre dans leur cœur. Elle parlait souvent de Jrash, ce village où elle et sa famille, et tous les habitants, avaient été victimes du nettoyage ethnique par les organisations terroristes sionistes. Ils avaient été forcés de partir, allant d’un endroit à un autre jusqu’à ce qu’ils se retrouvent finalement au camp de réfugiés de Dheisheh. Là, ils ont essayé de reconstruire leur foyer d’autrefois et ils ont planté des arbres dans le petit morceau de terre près des pièces de l’UNRWA dans lesquelles ils vivaient.

La vie de ma grand-mère est typique de la vie de nombreuses mères palestiniennes. Elle est née dans un petit village pittoresque de Palestine, où elle a grandi, s’est mariée et a fondé une famille. Elle prenait soin de sa maison et aidait aux champs. Elle s’occupait de son petit jardin et de pommiers qui donnaient les pommes qu’elle préférait et dont elle faisait de la confiture pour l’hiver. Quand les organisations terroristes sionistes ont commencé d’appliquer leur plan de nettoyage ethnique de la population palestinienne, les villages palestiniens ont été attaqués les uns après les autres, et de terribles massacres ont été commis. Les habitants de Jrash ont finalement été obligés de partir, mais pas sans avoir combattu héroïquement. Mes grands-parents ont souvent parlé des ces jours-là. Durant mon dernier séjour en Palestine, il y a un couple de mois, j’ai entendu mon grand-père parler des combats contre les groupes sionistes. De sa mémoire vive, il citait de tels détails que pendant quelques secondes, j’ai eu l’impression d’y être moi-même, avec eux, il y a 60 ans.

Plusieurs fois, ma grand-mère a été battue par les soldats des FOI, dont certains étaient plus jeunes que ses propres fils et ne se préoccupaient pas de son âge. Quand les soldats voulaient arrêter quelqu’un du camp de réfugiés, elle se hâtait avec les autres femmes pour essayer de les arrêter. Quand les colons sionistes attaquaient le camp, elle prenait son petit arbre qu’elle cachait derrière le canapé et elle allait protéger le camp avec les hommes et les femmes. Et tôt le matin, quand tout le monde dormait encore profondément, après la prière du matin, je l’entendais demander à Dieu de protéger sa famille, ses relations, ses voisins, le camp de réfugiés, les Palestiniens et le monde entier. Je l’entendais jour après jour demander pardon pour le monde entier.

En Palestine, les mères sont sacrées.

Chacun de nous a plusieurs mères : la mère qui nous a mis au monde, l’olivier, la terre et la mère de tous : la Palestine. Et une mère palestinienne n’est pas seulement la mère des enfants auxquels elle a donné la vie, elle est la mère de tous les Palestiniens. Quand un Palestinien est arrêté par les FOI, les femmes de tout âge entourent les soldats dans les secondes, essayant de libérer le prisonnier. Et pour cela parfois, elles payent un lourd tribut, comme Mariam Ayyad, 60 ans, d’Abu Dis. Le soir du 20 septembre 2008, les soldats des FOI ont pénétré de force dans sa maison. Après un échange de mots, la vieille femme a été frappée plusieurs fois et jetée à terre par les soldats jusqu’à ce qu’elle meurt, devant ses enfants et ses petits-enfants. Pendant les couvre-feux, ce sont surtout les femmes qui vont, avec mille précautions, d’une maison à l’autre et d’une rue à l’autre pour distribuer du blé et du lait. Quand des jeunes gens masqués veulent aller d’un endroit à un autre, ils se font aider par ces mères qui surveillent si les routes sont vides de soldats des FOI. Et quand l’un de leurs millions d’enfants est assassiné par ces FOI, toutes se rassemblent et pleurent comme une seule mère, au point qu’il devient difficile de dire laquelle de ces mères est celle du martyr. Elles sont les protectrices, celles qui aident et témoignent des brutalités israéliennes, pendant que beaucoup d’entre elles non seulement portent la douleur de la perte de leurs enfants, mais portent aussi les cicatrices de plus de 60 ans de terrorisme et de destruction sionistes.

Pendant la Nakba de 1948, les terroristes sionistes ont massacré les Palestiniens, sans discernement. Même les femmes et les enfants, qui sont pourtant protégés durant les conflits par la législation sur les droits humains, ont été assassinés avec brutalité. Au massacre de Deir Yassin, parmi les 254 victimes palestiniennes, il y avait 25 femmes enceintes qui ont été éventrées vives à la baïonnette. 52 autres enfants ont été mutilés devant leur mère avant d’avoir la tête tranchée par les terroristes sionistes. Quand les groupes terroristes sionistes ont encerclé le village de Beit Darras et qu’elles étaient sur le point d’occuper le village, elles ont demandé aux habitants palestiniens de quitter le village par le côté sud, leur disant qu’ils seraient saufs. Les villageois ont décidé que ce serait plus sûr pour les femmes et les enfants de partir, puisque c’est le village que les sionistes voulaient. A la sortie du village, toutes les femmes et tous les enfants ont été massacrés par les terroristes sionistes. Kafr Qasim, Qibya et de nombreux autres massacres ont connu les mêmes méthodes d’assassinats des mères et de leurs enfants sans défense. D’autres mères ont perdu leurs enfants, et beaucoup leur vie, après avoir dû quitter leur maison et errer dans les collines de Palestine à la recherche d’un lieu sûr.

La souffrance et la douleur des mères palestiniennes se poursuivent encore aujourd’hui. Les mères palestiniennes, même les femmes âgées et les femmes malades, sont souvent humiliées aux check-points devant leurs enfants, et les femmes enceintes sont empêchées de passer ce qui provoque de nombreux accouchements sur ces check-points. Les femmes ne sont pas seulement retardées aux check-points, elles sont souvent retenues pour les empêcher d’aller à l’hôpital, provoquant ainsi des fausses couches et bien des femmes et des bébés meurent ainsi. Beaucoup d’enfants inconnus sont mort-nés sur les check-points israéliens à cause de retards inutiles, ou après que les mamans aient été obligées d’accoucher sur une route sale ou dans une voiture au check-point. Un rapport du ministère de la Santé palestinien, publié en octobre 2006, révèle que 68 femmes enceintes ont accouché sur des check-points israéliens, provoquant 34 fausses couches et la mort de 4 femmes. En 2002, deux jours de suite, deux femmes enceintes qui se rendaient à l’hôpital ont été la cible de tirs israéliens et furent blessées, sur un check-point dans le secteur de Naplouse. L’une des femmes y a perdu son époux atteint au cou et à la poitrine. D’autres sont forcées d’accoucher chez elle malgré la crainte de complications, craignant d’être bloquées à un check-point et de ne pas arriver à temps à l’hôpital. A Azzun Atma, près de Qalqilya, des femmes enceintes ont été obligées de se loger à l’extérieur du village jusqu’à leur accouchement de peur de ne pouvoir recevoir le traitement médical dont elles avaient besoin. Le village, encerclé par le mur d’apartheid, est séparé du reste de la Cisjordanie par une porte. Cette porte n’est pas gardée la nuit, et le village devient alors une prison pour tous ses habitants. Selon un rapport de B’Tselem, rien qu’en 2006, quelque 20 des 30 femmes enceintes du village d’Azzun Atma ont été obligées d’aller loger à l’extérieur du village du fait de leur grossesse.

Les soldats des FOI n’hésitent pas à arrêter des mères palestiniennes et de les utiliser comme otages et faire ainsi pression sur les Palestiniens recherchés pour qu’ils se rendent. Dans leur article, Derrière les barreaux : des mères palestiniennes dans les prisons israéliennes, publié en juin 2008, Addameer, l’institut Mandela et le Centre d’aide palestinien indiquent que, « en mai 2008, plus de 9 080 prisonniers politiques palestiniens étaient enfermés dans les prisons israéliennes, des centres de détention et des camps ; ce chiffre comprend 73 femmes palestiniennes, dont deux jeunes filles de 16 à 17 ans sur un total de 327 mineurs, 24 mères avec un total de 68 enfants. » Beaucoup des prisonniers sont détenus sans chefs d’accusation, beaucoup sont soumis à la torture, aux humiliations et aux intimidations. Il y a 4 cas de femmes qui ont accouché à l’intérieur des prisons israéliennes dans des conditions difficiles. Ces femmes avaient les mains et les pieds liés à leur lit. Elles sont restées ainsi jusqu’à leur entrée dans la salle d’accouchement et ont été à nouveau enchaînées après leur délivrance.

Les mères palestiniennes ne souffrent pas seulement de la perte de leurs enfants, de leurs maris ou d’autres membres de leur famille, elles sont elles-mêmes la cible des FOI.

Selon le Miftah, 7 141 Palestiniens ont été tués par les FOI entre le 28 septembre 2000 et le 28 février 2009, dont 1 138 étaient des mineurs et 581 des femmes. Un rapport récent du Centre palestinien pour les droits humains (PCHR) sur la guerre d’Israël contre Gaza confirme qu’ « au cours des 22 jours d’agressions israéliennes contre la bande de Gaza, 1 434 Palestiniens ont été tués, dont 235 étaient des combattants. La plus grande partie de ces morts, par conséquent, étaient des civils et des non-combattants : des personnes protégées en vertu des principes du droit humanitaire international. Les enquêtes du PCHR confirment que, au total, 960 civils ont perdu la vie, dont 288 mineurs et 121 femmes. 239 officiers de police ont également été tués ; la majorité (235) lors de raids aériens dès le premier jour de l’agression. Le ministère de la Santé a de son côté confirmé que 5 303 Palestiniens ont été blessés dans l’agression, dont 1 606 mineurs et 828 femmes. » Chacun de ces enfants tués avait une mère.

L’organisation pour les droits de l’homme évoque dans ce rapport des mères tuées avec leurs enfants, d’autres mères qui témoignent de l’assassinat de leurs enfants qu’elles n’ont pu empêcher, et d’autres qui sont mortes devant leurs enfants. Certaines de ces mères n’ont pas perdu un seul enfant, mais plusieurs. Parmi les nombreux crimes de guerre perpétrés par Israël dans Gaza, une histoire horrible relate ce qui est arrivé à une mère palestinienne de 10 enfants. Elle était chez elle avec ses enfants, les soldats des FOI sont entrés dans sa maison et lui ont demandé de désigner 5 de ses enfants pour « les offrir en cadeau à Israël ». Quand la mère s’est écriée horrifiée, les soldats lui ont dit qu’ils feraient eux-mêmes le choix et ils ont tué 5 de ses enfants devant elle.

Les mères palestiniennes prennent une part active dans la résistance à l’occupation. Elles sont les premières à organiser des sit-in devant le siège des organisations internationales et à faire des marches pour exiger la libération de leurs enfants des prisons israéliennes ou à manifester contre la brutalité de l’occupation militaire israélienne. Elles visitent leurs fils dans les hôpitaux et dans les prisons, malgré le long chemin et l’humiliation qu’elles endurent de la part des geôliers israéliens. Egalement, beaucoup de ces mères sont les soutiens de leur famille. Quant le père ou le fils est arrêté ou tué par les FOI, c’est la mère qui assume la charge de nourrir la famille. Celles d’entre elles qui ont un morceau de terre cultivent des légumes et des fines herbes, pour les vendre ensuite à leurs voisins ou sur le marché local. D’autres utilisent leur habileté à broder pour faire des robes traditionnelles palestiniennes, des thob, des foulards, des châles et des taies d’oreiller. Elles tiennent leurs familles ensemble, particulièrement dans les moments difficiles.

Les médias tendancieux, au service de la seule propagande sioniste, ne parlent pas de la souffrance des mères palestiniennes sous l’occupation israélienne et les montrent souvent au contraire comme des femmes sans cœur qui envoient leurs enfants dans les rues et les encouragent à lancer des pierres, et donc à se faire tuer, pour célébrer ensuite leur mort. Les parents palestiniens encouragent leurs enfants aux études et à obtenir une bonne éducation afin de construire un avenir meilleur pour eux-mêmes. Certains parents enferment même leurs enfants à l’intérieur de la maison pour les empêcher de participer à des manifestations ou à toute sorte d’activité contre les FOI parce qu’elles connaissent la brutalité des FOI et craignent que leurs enfants ne soient tués par les soldats ou les colons israéliens. Les parents travaillent dur pour épargner à leurs enfants la souffrance qu’ils ont eux-mêmes endurée sous l’occupation israélienne. Mais aussi longtemps que les sionistes occuperont la Palestine, la souffrance palestinienne se poursuivra et, génération après génération, les enfants chercheront à se débarrasser de cette occupation violente, peu importe la fermeté des parents pour les en tenir éloignés. Vivant en Palestine et étant confrontés au terrorisme sioniste chaque jour, ils n’ont nul besoin de parents ou d’enseignants pour se faire une idée sur l’Etat sioniste et décider de manifester pour un avenir meilleur. C’est pourquoi beaucoup rejoignent les manifestants ou s’engagent dans une activité politique sans le dire à leurs parents. Dans beaucoup de cas, c’est quand les enfants sont arrêtés ou tués que les parents apprennent l’implication de leurs enfants dans la résistance à l’occupation.

Les mères palestiniennes qui ont perdu leurs enfants apparaissent souvent à la télévision ou dans les infos et si on les interroge, la plupart parlent de leurs enfants martyrs avec fierté et calme, sans effusion de larmes. C’est derrière la caméra qu’elles montrent leur douleur et leur colère face à la perte de leurs enfants aimés. Les Palestiniens savent que ces mères veulent adresser un message à Israël : malgré la souffrance et la douleur, vous ne nous briserez pas, vous ne nous briserez jamais. Peu de journalistes prennent la peine de rendre visite à ces mères au lendemain de l’assassinat de leurs enfants. Beaucoup de mères se rendent sur la tombe de leurs enfants quotidiennement, d’autres gardent leur chambre comme du temps de leur vivant. Certains journalistes, mais peu, demandent à ces mères quels souvenirs elles gardent de leurs enfants. Alors, elles montrent des vêtements, des brosses à cheveux, des carnets et des photos, le tout trempé de larmes. Ces mères auraient librement sacrifié leur propre vie pour sauver leurs enfants de la mort par les FOI et libérer leur avenir de l’occupation sioniste.

Les mères sont sacrées en Palestine parce qu’elles incarnent la Palestine : la patrie et la mère de tous les Palestiniens. C’est l’amour de cette terre qui est transmis d’une génération à l’autre. Quand nous nous retrouvions à Dheisheh avec la grand-mère, nous les enfants, nous l’écoutions parler de la Palestine, de la Nakba, la Naksa et de la vie dans un camp de réfugiés. Elle parlait de sa mère et sa grand-mère, de ses frères et sœurs, de mon grand-père, et de ses enfants. Elle était forte et toujours là pour sa famille, même quand elle-même était affaiblie. Elle était l’îlot de sécurité que chacun recherchait et la grotte qui nous abritait de la tempête. Même longtemps après sa mort, je me souviens toujours d’elle et lui demande conseil. Elle a transmis sa force, sa ténacité et sa gentillesse à ses enfants. Ma mère poursuit la tradition de nous maintenir attachés au paysage palestinien. Quand nous étions enfants, elle et mon père s’asseyaient avec nous et ils nous racontaient des récits sur la Palestine, l’histoire qu’on ne trouve pas dans les livres, l’histoire du véritable peuple qui vivait sur cette terre et qui l’aimait. Pour moi, les vécus personnels de ma grand-mère et de ma mère n’ont pas de prix. Je suis reconnaissante à ma grand-mère et à ma mère de m’avoir fait connaître une Palestine qui m’était inconnue, des parties de notre histoire que d’autres font tout ce qu’ils peuvent pour les effacer, un héritage qui est le mien à jamais.

Grâce à nos mères, la Palestine est tous les jours célébrée.

Dans son poème Ma Mère, Mahmoud Darwish, le défunt poète palestinien disait :
Je dois chérir ma vie car
Si je mourais,
J’aurais honte des larmes de ma mère.
Sources :
PCHR
MIFTAH
IMEMC
MECAFORPEACE.