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Monstrueux : le nouvel uniforme israélien ! (ndlr)

Des bébés palestiniens morts et des mosquées bombardées – la mode IDF 2009

Jeudi, 26 mars 2009 - 6h58 AM

jeudi 26 mars 2009

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Source : Ism et Uri Blau

Le bureau de l’imprimerie textile Adiv, au sud de Tel Aviv, gère un flux constant de clients, dont beaucoup de soldats en uniforme, qui viennent commander des vêtements arborant l’insigne de leur unité, généralement accompagné d’un slogan et d’un dessin de leur choix.

Ailleurs dans le local, les croquis sont transformés en plaques utilisées pour l’impression des articles commandés, principalement des T-shirts et des casquettes de baseball, mais aussi des sweet-shirts à capuche, des vestes et des pantalons molletonnés. C’est un jeune homme arabe de Jaffa qui supervise les ouvriers qui impriment les mots et les images, et livre ensuite le produit fini.

Des bébés morts, des mères en pleurs sur les tombes de leurs enfants, une arme visant un enfant, et des mosquées bombardées - voici quelques exemples des images dont les soldats des Forces Israéliennes de Défense (IDF) demandent l’impression ces jours-ci sur leurs T-shirts pour marquer la fin de la formation, ou d’une campagne militaire de terrain. Les slogans qui accompagnent les dessins ne sont cependant pas exactement anodins : un T-shirt pour tireurs d’élite d’infanterie porte l’inscription "Mieux vaut utiliser Durex(*) ", à côté de la photo d’un bébé palestinien mort, sa mère en pleurs et un ours en peluche à côté de lui.

Le T-shirt d’un tireur d’élite du bataillon Shaked de la Brigade Givati montre une femme palestinienne enceinte avec une cible en surimpression sur le ventre, accompagnée du slogan, en anglais : « 1 balle, 2 morts » [ photo sur le site référencé en tête d’article - NdR ]. Une chemise de « remise de diplôme » pour ceux qui ont terminé un autre cours pour tireurs d’élite représente un bébé palestinien, qui se transforme en garçon combattif puis en adulte armé, avec l’inscription : « Peu importe comment ça commence, nous allons y mettre fin ».

Il y a aussi beaucoup de T-shirts avec des messages sexuels explicites. Par exemple, le bataillon Lavi s’est fait faire une chemise portant le dessin d’un soldat à côté d’une jeune femme pleine d’ecchymoses, et le slogan : « J’parie qu’tu t’es fait violer ! ». Quelques-unes des images montrent des actions dont l’armée nie officiellement l’existence – telle « confirmer la mort » (tirer une balle dans la tête de l’ennemi à bout portant pour s’assurer qu’il est mort), ou porter préjudice à des sites religieux, ou à des non combattants, femmes ou enfants.

Dans beaucoup de cas, le contenu est soumis à l’approbation d’un des commandants de l’unité. Ce dernier, cependant, n’a pas le contrôle de ce qui est imprimé, parce que c’est une initiative privée des soldats dont ils n’ont jamais entendu parler. Des dessins ou des slogans interdits dans certaines unités ont été approuvés dans d’autres. Par exemple, des T-shirts déclarant : « Nous ne nous détendrons qu’à la confirmation de la mort » ont été interdits par le passé (l’IDF déclare que la pratique n’existe pas), pourtant le bataillon Haruv en a imprimé quelques-uns l’année dernière.

Le slogan : « Toute mère arabe doit savoir que le sort de son fils est entre mes mains ! » avait été interdit auparavant pour les chemises d’une autre unité d’infanterie. Un soldat Givati a dit cependant cette semaine qu’à la fin de l’année dernière, son peloton a fait imprimer des dizaines de chemises, de vestes et de pantalons molletonnés portant ce slogan.

« Il a un dessin montrant un soldat en Ange de la Mort, à côté d’un fusil et d’une ville arabe, » explique-t-il. « Le texte était très puissant. Le plus drôle, c’est que quand notre soldat est allé chercher les chemises, c’était un Arabe qui les avait imprimées, et le soldat s’est senti tellement mal qu’il a demandé à la fille au comptoir de les lui amener. »

Le dessin a-t-il été présenté aux commandants pour accord ?

Le soldat Givati : « Habituellement, les T-shirts subissent un processus de sélection par un officier, mais dans ce cas, ils ont été approuvés au niveau du sergent du peloton. Nous avons commandé des T-shirts pour 30 soldats et ça a vraiment bien marché, chacun voulait plusieurs articles et a payé en moyenne 200 shekels. »

Que pensez-vous du slogan imprimé ?

« Je ne l’aime pas beaucoup, mais la plupart des soldats le voulaient. »

Beaucoup des T-shirts controversés ont été commandés par des diplômés des cours de tireurs d’élite, qui réunissent des soldats de diverses unités. En 2006, des soldats du cours « Equipe Carmon » pour une unité de tireurs d’élite a fait imprimer un T-shirt avec le dessin d’un Palestinien brandissant un couteau dans la ligne de mire d’un fusil, avec le slogan : « Faut que tu coures vite, vite, vite, avant que tout soit fini. » Et un dessin d’une femme arabe pleurant sur une tombe et les mots : « Et après elles pleurent, et après elles pleurent » (refrain d’une chanson populaire). Un autre T-shirt d’un sniper montre aussi un Arabe dans la ligne de mire, et annonce : « Avec les meilleurs intentions du monde. »

G., soldat dans une unité d’élite qui a suivi le cours de tireur d’élite, a expliqué que « c’est une sorte de processus de création de liens, et aussi il est bien connu que tout tireur d’élite est cinglé. Nos T-shirts ont beaucoup de slogans à double sens, par exemple : ‘Des sales types avec des buts louables’. Chaque groupe qui finit un cours met des trucs comme ça. »

Quand portez-vous ces chemises ?

G. : « Quand on est à la maison, pour faire du jogging, à l’armée. Pas pour sortir. Quelquefois, des gens vous demandent de quoi il s’agit. »

Sur le T-shirt qui montre une cible sur une femme enceinte, il dit : « Il y a des gens qui pensent que ce n’est pas bien, et je le pense aussi, mais ça n’a pas vraiment de sens. Je veux dire que ça ne signifie pas que qu’on va tirer sur une femme enceinte. »

Que veut dire le T-shirt de juillet 2007, qui montre l’image d’un enfant avec le slogan : « Plus c’est petit, plus c’est difficile ! » ?

« C’est un gosse, vous avez un petit peu plus de problème, moralement, et aussi la cible est plus petite. »

Vos supérieurs donnent-ils leurs accords avant l’impression des T-shirts ?

« Oui, bien qu’une fois, ils ont refusé un T-Shirt qui allait trop loin. Je ne me souviens pas ce qu’il y avait dessus. »

Ces T-shirts aussi semblent plutôt extrêmes. Pourquoi dessiner une cible sur un enfant – vous tirez sur les enfants ?

« En tant que sniper, vous vous retrouvez dans beaucoup de situations extrêmes. Vous voyez soudain un petit garçon qui ramasse une arme et c’est à vous de décider si vous tirez ou non. Ces t-shirts sont des demi-plaisanteries, à la limite de la vérité, et ils reflètent les situations extrêmes que vous pouvez rencontrer. Celui qui voit, parole d’honneur, la cible de ses propres yeux, c’est le sniper. »

Vous êtes-vous retrouvé dans une telle situation ?

« Heureusement non, pas avec un gamin, mais avec une femme, oui. Elle ne portait pas d’arme, mais elle était près d’une zone interdite et elle aurait pu constituer une menace. »

Qu’avez-vous fait ?

« J’ai tiré. »

Vous ne le regrettez pas, j’imagine.

« Non, quand il faut tirer, je tire, peu importe sur qui. »

Sur un T-shirt imprimé cette semaine pour les soldats du bataillon Lavi, qui ont passé trois ans en Cisjordanie, on lit : « Nous sommes venus, nous avons vu, nous avons détruit » – avec des images d’armes, un soldat en colère et un village palestinien avec une mosquée en ruines au milieu.

Une chemise imprimé après l’Opération Plomb Fondu à Gaza pour le bataillon 890 de parachutistes montre un soldat style King Kong dans la ville attaquée. Le soldat est sans ambigüité : « Si tu penses que le problème peut être réglé, alors dis-toi qu’il faut la détruire ! ».

Y., un soldat étudiant d’une école talmudique, a dessiné le T-shirt : « Tu prends n’importe qui [dans l’unité] qui sait dessiner, ensuite tu le donnes aux commandants avant l’impression, » explique-t-il.

Qu’est-ce que le soldat tient dans sa main ?

Y. : « Une mosquée. Avant de faire le dessin, j’ai eu quelques hésitations, parce que je voulais qu’il ressemble à King Kong, mais pas trop monstrueux. Celui qui tient la mosquée – je voulais qu’il ait une apparence plus normale, pour pas que ça ressemble à une caricature antisémite. Certains de ceux qui ont vu le dessin m’ont dit : ‘C’est comme ça que tu veux montrer l’IDF ? Qu’elle détruit les maisons ?’. Je peux comprendre que des gens de l’extérieur le voient comme ça, mais c’était à Gaza et ils n’ont pas cessé de nous répéter que l’objectif de l’opération était de détruire l’infrastructure, pour que le prix payé par les Palestiniens et leurs dirigeants leur fasse réaliser que ça ne valait pas le coup de continuer à tirer. Alors c’est ça l’idée du dessin, ‘nous venons pour détruire’. »

Selon Y., la plupart de ces t-shirts ne sont portés que dans le cadre de l’armée, pas dans la vie civile. « Et au sein de l’armée, les gens voient ça de façon différente, » ajoute-t-il. « Je ne me vois pas dans la rue avec ce T-shirt, parce qu’il mettrait le feu. Même dans mon école talmudique, je ne crois pas que les gens l’aimeraient. »

Y. a également fait un dessin pour un T-shirt imprimé à la fin de l’entraînement de base. Il montre un poing fermé brisant le symbole des corps de parachutistes.

D’où vient le poing ?

« C’est un rappel du symbole du [Rabbin Meir] Kahane. Je l’ai emprunté à un emblème de quelque chose en Russie, mais au fond, il est censé ressembler au symbole de Kahane, celui de ‘Kahane avait raison’ – c’est une sorte de plaisanterie. Le commandant de notre compagnie est le genre de gars va-t-en guerre. »

Le t-shirt a-t-il été imprimé ?

« Oui. Ca a été la chemise de la compagnie. Nous en avons imprimé environ 100. »

Ce mois de janvier, le peloton de démolitions “Les Prédateurs de la Nuit”, du bataillon 13 Golani, a commandé un t-shirt montrant un démon Golani faisant exploser une charge qui détruit une mosquée. Une inscription déclare : « Seul Dieu pardonne. »

Un des soldats du peloton le minimise : « Ca ne signifie pas grand chose, c’est juste un T-shirt de notre peloton. C’est pas un gros problème. Un de mes amis a pris une photo et on en a fait un T-shirt. »

Que veut dire « Seul Dieu pardonne » ?

Le soldat : « C’est juste une expression. »

Ca n’a posé de problème à personne que le dessin montre une mosquée qui explose ?

« Je ne vois pas où vous voulez en venir. Je n’aime pas la manière dont vous prenez la chose. Ne faites pas de ça ce que vous n’êtes pas supposé faire, comme si nous détestions les Arabes. »

Après l’Opération Plomb Durci, les soldats de ce bataillon ont imprimé un T-shirt montrant un vautour pénétrant sexuellement le premier ministre Hamas, Ismail Haniyeh, accompagné d’un slogan particulièrement cru. S., le soldat du bataillon qui a commandé le T-shirt, a dit que l’idée venait d’un T-shirt similaire, imprimé après la Deuxième Guerre du Liban, qui représentait Hassan Nasrallah au lieu d’Haniyeh.

« Au niveau de la compagnie, ils ne sont pas d’accord avec des choses comme ça. C’est un T-shirt que nous ne portons que pour le peloton, » explique S.

Quel est le problème avec ce T-shirt ?

S. : « Il y a des gens que ça gêne de voir ces choses là, d’un point de vue religieux… »

Comment ont réagi les gens qui l’ont vu ?

« Il n’y a pas beaucoup d’Orthodoxes dans le peloton, donc ça n’a pas posé de problème. C’est juste un truc que les gars voulaient dire. C’est plus pour porter à la maison, et pas dans les compagnies, parce qu’il y a des gens que ça gêne. Surtout les Orthodoxes. Les officiers nous ont dit qu’il valait mieux ne pas les porter sur la base. »

Les croquis imprimés ces dernières années à l’usine Adiv, une des plus grandes de son genre dans le pays, sont classés dans des tiroirs selon le nom des unités qui les ont commandés : parachutistes, Golani, force aérienne, tireurs d’élite, etc. Chaque tiroir contient des centaines de dessins, par année. Beaucoup de ces dessins sont des caricatures et des slogans qui ont trait à la vie dans l’unité, ou des blagues internes que les autres ne comprendraient pas (et s’en ficheraient), mais beaucoup reflète une agressivité, une violence et une vulgarité particulières.

Le directeur de l’imprimerie, Haim Yisrael, qui y travaille depuis le début des années 1980, dit qu’Adiv imprime environ 1.000 modèles différents chaque mois, et les soldats représentent environ la moitié des clients. Yisrael se rappelle que lorsqu’il a commencé, il n’y avait pratiquement aucune commande de l’armée.

« Les premiers à le faire appartenaient à la brigade Nahal, » dit-il. « Un peu plus tard, d’autres unités d’infanterie ont commencé à faire imprimer des T-shirts, et aujourd’hui, chaque cours qui a quinze participants imprime ses T-shirts. »

De temps en temps, des officiers se plaignent. « Quelquefois, les soldats font des choses qui sont des blagues internes qu’ils sont les seuls à comprendre, et quelquefois ils font des choses dingues qui vont trop loin, » explique Yisrael. « Il est arrivé quelquefois que des officiers appellent et disent : ‘Comment pouvez-vous imprimer des choses pareilles pour des soldats ?’. Par exemple, des T-shirts qui saccagent trop les Arabes. Je leur ai répondu qu’on est une société privée, et que je ne m’occupe pas du contenu. J’imprime ce qu’ils veulent. Nous sommes neutres. Il y a toujours eu des choses plus extrêmes, et d’autres moins. C’est vrai que maintenant, plus de gens font imprimer des T-shirts. »

La course à l’originalité

Evyatar Ben-Tzedef, chercheur associé à l’Institut de politique intérieure pour le contre-terrorisme et ancien rédacteur en chef de la publication de l’IDF Maarachot, a dit que le phénomène de la fabrication de T-shirts est un produit de « la folle course de l’infanterie à l’originalité. Moi, par exemple, je n’ai qu’un T-shirt, que j’ai reçu après la guerre de Yom Kippur. Il y a écrit dessus : ‘L’Ecole des Officiers’, et c’est tout. Ce qui s’est passé depuis, c’est le résultat de la décision d’assigner à chaque unité un emblème et un béret. Après tout, il y avait très peu de bérets : noir, rouge ou vert. Ca a changé dans les années 90. Les T-shirts se sont développés à cause du fait que pour nouer des liens, chaque unité a créé quelque chose qui lui était réservé. Aujourd’hui, les inscriptions des T-shirts sont quelquefois déplorables, » explique Ben-Tzedef. « Ca vient du fait que la profanation est très acceptable et normative en Israël, et qu’il y a un manque de respect pour les êtres humains et leur environnement, ce qui donne un racisme tout azimuts. »

Yossi Kaufman, qui modère un forum de l’armée et de la défense sur le site web Fresh, a servi dans les Blindés de 1996 à 1999. « Moi aussi j’ai dessiné pour des T-shirts, et je me souviens du premier, » dit-il. « Il y avait un petit emblème devant et une plaisanterie interne, comme : ‘Quand nous mourrons, nous irons au paradis, parce que nous avons déjà connu l’enfer.’ »

Kaufman a aussi été confronté à des T-shirts du genre décrit ici. « Je sais qu’il y a des T-shirts comme ça, » dit-il. « J’en ai entendu parler, et j’en ai vu quelques-uns. Ce ne sont pas des T-shirts que les soldats peuvent porter dans la vie civile, parce qu’ils se feraient lapider, ni à un rassemblement de bataillons, parce que le commandant du bataillon serait embêté. Ils ne les portent qu’en de très rares occasions. Il y a toute sorte de truc à l’humour noir, surtout de la part des tireurs d’élite, comme ‘Pas la peine de courir parce que tu vas mourir fatigué’ – avec le dessin d’un gamin palestinien, pas un terroriste. Il y a un T-shirt Golani ou Givati d’un soldat violant une fille, et en dessous on lit : ‘Pas de vierge, pas d’attaque terroriste’. Ca m’a fait rire, mais c’était plutôt horrible. Quand on m’a demandé une fois de dessiner des choses pareilles, j’ai dit que ce n’était pas correct. »

Le bureau du porte-parole de l’IDF commente le phénomène : « Les règlements militaires ne s’appliquent pas aux vêtements civils, y compris les T-shirts produits à la fin de l’entraînement de base et autres cours. Les dessins sont imprimés à l’initiative privée des soldats, et sur des T-shirts civils. Les exemples mis en exergue par Ha’aretz ne correspondent pas aux valeurs de l’esprit IDF, ne représentent pas la vie de l’IDF, et ils sont d’un goût douteux. Un humour pareil mérite d’être condamné. L’IDF a l’intention d’agir pour éradiquer immédiatement ce phénomène. Dans ce but, on a souligné à tous les officiers du commandement qu’il est nécessaire, entre autres, de prendre des mesures discrétionnaires et disciplinaires contre ceux qui sont impliqués dans cette sorte d’agissement. »

Shlomo Tzipori, lieutenant colonel de réserve et avocat spécialiste de la loi martiale, a dit que l’armée fait comparaître des soldats accusés de délits commis à l’extérieur de la base et pendant leur temps libre. Selon Tzipori, les slogans qui constituent une « insulte à l’armée et à ceux qui portent l’uniforme » sont passables de la cour martiale, pour « conduite honteuse » ou « infraction disciplinaire », qui font partie des clauses générales de la loi martiale.

Le Docteur Orna Sasson-Levy, sociologue à l’Université Bar-Ilan et auteur de "Identités en uniforme : masculinités et féminités dans l’armée israélienne," dit que le phénomène fait partie du « processus de radicalisation en cours dans tout le pays, et que les soldats en sont la vitrine. Je pense que depuis la deuxième intifada, il y a eu un glissement continu vers la droite. Le retrait de Gaza et son résultat – le calme qui n’est jamais arrivé – a conduit à un mouvement plus grand en direction de la droite.

« Cette tendance est plus frappante parmi les soldats qui se retrouvent dans des situations diverses dans les territoires de façon quotidienne. Il y a moins de rigueur que par le passé, et une plus grande dureté. Il y a la perception que le Palestinien n’est pas une personne, un être humain qui a des droits fondamentaux, et en conséquence, on peut tout lui faire. »

L’impression sur les vêtements peut-elle également être vue comme une soupape à l’agressivité ?

Sasson-Levy : « Non. Je pense qu’elle renforce et stimule l’agressivité et la légitime. Ce qui m’inquiète, c’est qu’un T-shirt est quelque chose qui a une permanence. Plus tard, les soldats les portent dans la vie civile ; leurs copines les portent ensuite. Ce n’est pas une déclaration, mais plutôt quelque chose de matériel qui reste, qui est là quelque part dans le monde.

« Au-delà de ça, je pense que le lien fait entre des opinions sexistes et nationalistes, comme dans le T-shirt ‘Baisons Haniyeh’, est intéressant. Le machisme et le chauvinisme nationaliste se combinent et se renforcent l’un l’autre. Cela donne une masculinité basée sur une agressivité violente envers les femmes et les Arabes ; une masculinité qui considère qu’il est légitime de parler d’une manière grossière et violente envers les femmes et les Arabes. »

Le Colonel de réserve Ron Levy a commencé son service militaire dans le commando d’élite Sayeret Matkal avant la Guerre des Six-Jours. Il était psychologue en chef dans l’IDF et a dirigé le département de santé mentale de l’armée dans les années 1980.

Levy : « Je sais que des choses de cette sorte remontent à 40, 50 ans, et chaque fois, elles sont d’une forme différente. D’un point de vue psychologique, c’est une des manières qu’ont les soldats de projeter leur colère, leur frustration et leur violence. C’est une certaine expression des choses, que j’appelle ‘au-dessous de la ceinture’. »

Pensez-vous que c’est une bonne façon d’exprimer sa colère ?

Levy : “C’est sain. Mais il y aussi des choses ici qui s’écartent de la norme, et on peut dire que quiconque crée ces choses a atteint un certain degré de normalité. C’est l’expression du fait que ce qui est considéré comme anormal aujourd’hui pourrait ne plus l’être demain. »

* marque de préservatif

Source : Haaretz Traduction : MR pour ISM