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Tzipi Livni : « nous avons voulu montrer que nous étions capables de péter les plombs » (ndlr)

Proche-Orient : attention danger de catastrophe mondiale !

par Jean-Claude Lefort , député honoraire

mercredi 25 février 2009

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Suite au nouveau rapport que vient de publier l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA) sur l’Iran et la Syrie, on apprend qu’Israël vient d’appeler la communauté internationale à « accentuer la pression sur l’Iran » et « à mener plus d’enquêtes en Syrie afin de s’assurer que ce pays ne parviendra pas à devenir une puissance nucléaire. » [1]

Israël possède la bombe atomique et n’est pas pour autant signataire du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Ce pays n’est soumis à aucun contrôle que cet Etat réclame pour les autres tandis que son premier ministre, qui vient d’être nommé, récuse violemment l’existence d’un Etat palestinien tout en faisant de l’Iran l’ennemi principal.

Israël s’autorise une fois de plus à donner la leçon au monde entier au nom, sans aucun doute, de ce qu’il estime être un « droit naturel et historique » qui lui a été octroyé par une main céleste.

Le vrai danger dans tout cela c’est que, arguant une nouvelle fois et comme toujours, de sa « légitime défense » ce pays se projette plus clairement encore dans l’effroyable perspective concrète, qui déjà été évoquée et envisagée, de frappes contre l’Iran.

Il s’ensuivrait une guerre de dimension mondiale dont il est peu de dire qu’elle serait dévastatrice et qu’elle plongerait le monde dans un chaos total, un déluge.

Cette situation doit faire sérieusement réfléchir les peuples, car des dirigeants déjà, tel Nicolas Sarkozy, envisagent froidement des frappes contre l’Iran.

Cette situation présente une double caractéristique.

En premier lieu, il faut bien se demander, pour en tirer enfin toutes les conclusions pratiques nécessaires, d’où vient cette façon qui est celle d’Israël de dicter aux autres, avec certitude de soi, ce qu’il convient de faire tandis que ce pays viole de manière systématique toutes les résolutions de l’ONU et utilise la force en toutes circonstances, refusant le dialogue et la négociation ?

La réponse à cette question ne fait pas de doute. A considérer que ce pays n’est pas un pays comme les autres, en ce sens où il disposerait de droits supérieurs mais pas de devoirs, il a toujours et en toute circonstance été considéré – et c’est unique dans le monde – comme devant avoir une sorte de statut d’impunité totale. C’est le pire des services qu’on peut rendre au peuple israélien.

Abonder dans ce sens, ne pas vouloir admettre et lui faire admettre que dans le monde chaque pays dispose de droits et de devoirs identiques vis-à-vis des autres, c’est l’encourager dans sa fuite en avant constante et suicidaire qui lui fait toujours « préférer » le droit de la force à la force du droit, c’est l’enfermer dans un univers impossible d’impunité, c’est le pousser vers des extrêmes encore et toujours plus. C’est l’enserrer dans une sorte de mur sans autre horizon que la guerre et l’insécurité.

Il faut que cela cesse, spécialement aujourd’hui où un premier ministre israélien vient d’être nommé qui est soutenu par des extrémistes absolus dont même le parti israélien de centre-droit Kadima considère qu’il n’est pas fréquentable du fait de son refus absolu de rechercher la paix avec ses voisins, en particulier avec le « voisin » palestinien.

Est-il possible qu’on banalise ce fait à la fois criant et redoutable, cette présence d’extrémistes à la tête et au sein du nouveau gouvernement israélien, qui se refusent à toute existence d’un Etat palestinien ?

Peut-on se taire, au nom du fait que ce serait une affaire intérieure israélienne ? Mais est-ce que l’Occident s’est gêné pour boycotter le Hamas à qui il est reproché expressément un refus symétrique ? Et dans le cas israélien actuel, il faudrait se taire et ne rien exiger ?

On rappellera que l’Etat d’Israël, en tant que membre de Nations unies, est strictement soumis au respect des obligations découlant de la Charte au risque d’être exclu de l’organisation.

C’est trop sérieux et trop grave pour la paix pour qu’on accepte en banalisant ce qui se passe en Israël sans rien dire ni exiger à l’occasion de la formation du gouvernement Netanyahu.

Il faut rompre avec cette politique de soutien inconditionnel apporté à Israël qui alimente tous les extrémistes et toutes les aventures guerrières.

Et s’agissant de la question de la possession d’armes nucléaires, le risque principal dans cette région c’est qu’il y ait prolifération. Israël, pour ne retenir que les arguments avancés de son côté, ne sera jamais autant protégé dans son existence que par l’instauration dans toute la région d’une zone dénucléarisée et exemptes d’armes de destruction massive qui ont été clairement été utilisées à Gaza de manière terrible.

Ce n’est pas pays par pays qu’il faut s’attaquer au problème du nucléaire au Proche-Orient, lourd pour la sécurité et la stabilité du monde, tout en « oubliant » un pays dans ce processus. Ce sont tous les pays qui ont intérêt à cette politique de dénucléarisation et d’abandon des armes de destruction massives.

Les craintes actuelles des uns et des autres quant à leur insécurité s’alimentent de l’absence d’une telle perspective clairement affirmée : elle n’est même pas envisagée contrairement aux résolutions de l’ONU et à une vision politique digne de ce nom.

Tout cela veut dire deux choses et conduit à une proposition.

1. Il faut ouvrir impérativement une perspective concrète de paix au Proche-Orient qui soit réelle et qui débouche rapidement sur un accord global et non pas une reprise « relookée » des initiatives mort-nées telles la « Feuille de route » et autre « Annapolis ». Cela suppose d’être intransigeant et de renoncer par voie de conséquence à toute idée d’impunité, spécialement concernant le nouveau gouvernement israélien.

2. Il faut ouvrir une perspective de sécurité et de paix pour tous les pays et tous les peuples de la région afin de la débarrasser à jamais du spectre du nucléaire et de l’utilisation d’armes de destruction massive par et contre quelque pays que ce soit.

A cette fin, il est urgent qu’une « Conférence internationale » se réunisse sans plus attendre avec ces deux points à son ordre du jour aboutissant enfin à des décisions rapides et contraignantes conformes au droit international pertinent.

Alors que tout s’assombrit encore plus, si c’est possible, au Proche-Orient, voilà qui est de nature à apporter un espoir non pas immatériel mais concret.

Comme ce sont les peuples qui font toujours les « frais » de l’injustice et des guerres, comptons sur eux pour imposer le bon sens et les droits de chacun. Ce sont les grands absents de ce qui se passe depuis 60 ans au Proche-Orient. Il est temps et urgent, et les mobilisations mondiales réalisées autour de Gaza le prouvent, d’aller dans ce sens aujourd’hui en prenant toutes les initiatives utiles en ce sens.

Ce n’est pas à un homme qu’il faut confier le destin du monde, par exemple au nouveau président américain Barak Obama. Ce n’est pas non plus en exonérant l’Union européenne de ses devoirs qu’on y parviendra. Tous ceux-là ne bougeront pas positivement de leur seule « bonne volonté ». L’heure est décidément à la « diplomatie populaire ».

Jean-Claude Lefort // BN Afps


[1] selon un site français de soutien à la politique israélienne : Nucléaire iranien : se référant au rapport de l’AIEA publié jeudi dernier, le ministre de la Défense Ehoud Barak a souligné dimanche (22 février 2009) la nécessité d’ « accentuer la pression internationale sur Téhéran, sans exclure la moindre option possible .

et le Quai d’Orsay appelle a faire la lumière sur le programme nucléaire syrien. « Il faut absolument que la lumière soit faite sur les activités nucléaires passées et présentes en Syrie » a déclaré Eric Chevallier, porte-parole du Quai d’Orsay, précisant que le rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) « souligne plusieurs zones d’ombre dans les activités nucléaires syriennes, notamment à partir des analyses d’échantillons prélevés » sur le site d’Al-Kibar. (Guysen.International.News)