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Derrière le paravent médiatique : la réalité et la nouvelle résistance, citoyennes cette fois(ndlr)

La véritable histoire du conflit entre Palestiniens et sionistes se passe en Cisjordanie (en anglais en 2è partie de l’article)

Sources : « Palestine Monitor » et « The Guardian » Mardi, 24/02/2009 - 17h44

mardi 24 février 2009

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The Guardian

Il est très possible que vous n’ayez jamais entendu parler des développements les plus importants de cette semaine, dans le conflit Palestino-sioniste.

En Cisjordanie, alors que c’était « l’occupation comme d’habitude », il y a eu quelques évènements dont l’importance dépasse celle de Gaza, de Gilad Shalit, et d’ Avigdor Lieberman.

Pour commencer, il y a eu un grand nombre de raids des sionistes sur des villages Palestiniens, avec des dizaines de Palestiniens enlevés. De tels raids sont bien entendu le lot quotidien de la Cisjordanie occupée, mais, dans les derniers jours, il semble que les forces coloniales aient particulièrement visé les endroits où s’est manifestée avec une force particulière la résistance civile Palestinienne au Mur de Séparation.

Pendant trois jours consécutifs cette semaine, les forces coloniales ont envahi Jayyous, un village qui se bat pour sa survie parce que sa terre agricole est prise par le Mur et par la colonie sioniste voisine. Les soldats ont occupé les maisons, bloqué les routes d’accès, vandalisé les biens des gens, tabassé ceux qui protestaient, et hissé le drapeau avec leur fichue étoile en haut de plusieurs bâtiments.

Jayyous est l’un de ces villages Palestiniens de Cisjordanie qui, depuis plusieurs années maintenant, proteste de façon non violente contre le Mur d’Annexion. Les villageois ont parfaitement saisi que ce dernier assaut était une tentative d’intimidation visant le mouvement de protestations.

De même, plus tôt cette semaine, le régime colonial a renforcé les restrictions aux déplacements des Palestiniens et leurs droits de résidence à Jérusalem Est, fermant le dernier point de passage dans le Mur dans le quartier Ar Ram de cette ville. Cela signifie que des dizaines de milliers de Palestiniens sont maintenant séparés de la ville et que ceux qui ont le permis approprié devront maintenant y pénétrer en commençant par aller au nord et traverser le checkpoint de Qalandiya.

Enfin - pour une fois, il y a eu une modeste couverture médiatique [ En Grande Bretagne sans doute, parce que dans la France actuelle... - NdT ] - il a été révélé que l’implantation d’Efrat, près de Bethlehem, serait agrandie par l’appropriation de quelque 170 ha devenues « Terres d’Etat ». Selon le « maire » d’Efrat, l’objectif est de tripler le nombre de résidents de la colonie.

Si on les envisage tous en même temps, ces évènements en Cisjordanie sont considérablement plus significatifs que les points sur lesquels se concentre actuellement une grande attention, comme les discussions pour un trêve, ou les discussions sur la possibilité d’un échange de prisonniers. Le Hamas lui-même est devenu un sujet de cet ordre, que ce soit pour ceux qui pressent pour des discussions et de la coopération, ou pour ceux qui recommandent la destruction totale de ce groupe. Et le contexte général est complètement perdu de vue.

Le Hamas n’est ni le commencement ni la fin de ce conflit, mais un mouvement qui est présent depuis le dernier tiers de l’existence de l’établissement sioniste il y a soixante ans. La charte du Hamas n’est pas un manifeste national Palestinien, et n’est pas même particulièrement au centre de l’organisation telle qu’elle existe aujourd’hui. Avant que le Hamas ait commencé à exister, l’entité sioniste colonisait les territoires occupés, et consolidait un régime d’exclusivité ethnique ; si le Hamas disparaissait demain, il n’en irait certainement pas de même de la colonisation sioniste.

La prise de conscience de ce qui est en train de se passer en Cisjordanie permet de préciser le contexte approprié pour la discussions des politiques « internes » de l’entité sioniste, comme les questions que soulève la formation d’une coalition. Pour les Palestiniens, cela ne fait guère de différence de savoir qui s’assied autour d la table du cabinet sioniste, puisqu’il y a un consensus entre les différents partis sur un point : une ferme position de rejet de l’autodétermination et de la souveraineté Palestinienne.

Dans la couverture médiatique des élections sionistes, alors qu’il était clair que pour l’essentiel les Palestiniens ne se préoccupaient guère de savoir lequel des candidats au poste de premier ministre allait l’emporter, personne n’a expliqué la raison de cette apathie. Le parti Travailliste, Le Likoud, Kadima, tous les gouvernements sionistes ont, sans défaillance, poursuivi ou intensifié la colonisation des territoires occupés, faisant une forteresse de la règle de gouvernement « séparés mais inégaux », une réalité qui met en défaut la dichotomie « faucons/colombes ».

Ce qui nous amène à la troisième raison qui fait que les nouvelles de Cisjordanie sont plus significatives que les discussions pour une trêve à Gaza ou la rivalité Natanyahu-Livni. Nous devons nous souvenir que la solution à deux états a terminé sa mutation, partant d’un objectif respectable (et souvent avancé avec hypocrisie), et aboutissant à un slogan dénué de signification, camouflant l’absorption de toute la Palestine par l’établissement sioniste, et le confinement des Palestiniens dans des enclaves.

Le fait que la réalité de la Cisjordanie signifie la fin du paradigme à deux états commence à être perçu par des commentateurs libéraux et centristes aux Etats Unis, au lendemain des élections sionistes. Juan Cole, professeur d’histoire et bloggeur, a récemment souligné qu’il n’y a plus maintenant que trois options ouvertes pour la Palestine : l’apartheid, l’expulsion, ou un état unique.

Le tracé du Mur, et le nombre de Palestiniens qu’il affecte directement et indirectement, continue à réduire à une caricature tout projet d’un état Palestinien. Jayyous est un exemple de la façon dont des « mini-états » planifiés par les sionistes, entourés de barrières, sont incompatibles avec l’intention affichée par le Quatuor et tant d’autres, de la création de « deux états vivant en paix côte à côte ». Comme la Banque Mondiale l’a souligné, la colonisation de la terre ne peut conduire ni à la prospérité économique ni aux éléments essentiels de l’indépendance.

Pendant ce temps, à Jérusalem Est occupée, le régime sioniste continue le processus de judaïsation, mis en place par la bureaucratie et les bulldozers. La plus récente étape dans le serrage de la corde qui se déroule à Ar Ram est un exemple qui montre que les Jérusalémites sont menacés de perdre leur statut de résidents, victimes de ce qu’on appelle poliment la « bataille démographique ».

Il est impossible d’imaginer que les Palestiniens acceptent un état dessiné par les contours du Mur d’Annexion, déconnecté non seulement de Jérusalem Est mais encore de parties de lui-même.! Et pourtant, c’est là l’essence de la « solution » avancée par les dirigeants sionistes quel que soit leur parti.

Si on veut comprendre dans quelle direction le conflit se dirige, ce n’est pas seulement vers Gaza qu’il faut regarder, mais aussi la vers la Cisjordanie.

http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2009/feb/20/israelandthepalestinians-israeli-elections-2009

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et voici le texte anglais :

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The real Israel-Palestine story is in the West Bank

The Guardian
23 February 2009

It is quite likely that you have not heard of the most important developments this week in the Israeli-Palestinian conflict. In the West Bank, while it has been "occupation as normal", there have been some events that together should be overshadowing Gaza, Gilad Shalit and Avigdor Lieberman.
First, there have been a large number of Israeli raids on Palestinian villages, with dozens of Palestinians abducted. These kinds of raids are, of course, commonplace for the occupied West Bank, but in recent days it appears the Israeli military has targeted sites of particularly strong Palestinian civil resistance to the separation wall.
For three consecutive days this week, Israeli forces invaded Jayyous, a village battling for survival as their agricultural land is lost to the wall and neighbouring Jewish colony. The soldiers occupied homes, detained residents, blocked off access roads, vandalised property, beat protestors, and raised the Israeli flag at the top of several buildings.
Jayyous is one of the Palestinian villages in the West Bank that has been non-violently resisting the separation wall for several years now. It was clear to the villagers that this latest assault was an attempt to intimidate the protest movement.
Also earlier this week, Israel tightened still further the restrictions on Palestinian movement and residency rights in East Jerusalem, closing the remaining passage in the wall in the Ar-Ram neighbourhood of the city. This means that tens of thousands of Palestinians are now cut off from the city and those with the right permit will now have to enter the city by first heading north and using the Qalandiya checkpoint.
Finally – and this time, there was some modest media coverage – it was revealed that the Efrat settlement near Bethlehem would be expanded by the appropriation of around 420 acres land as "state land". According to Efrat’s mayor, the plan is to triple the number of residents in the colony.
Looked at together, these events in the West Bank are of far more significance than issues being afforded a lot of attention currently, such as the truce talks with Hamas, or the discussions about a possible prisoner-exchange deal. Hamas itself has become such a focus, whether by those who urge talks and cooption or those who advocate the group’s total destruction, that the wider context is forgotten.
Hamas is not the beginning or the end of this conflict, a movement that has been around for just the last third of Israel’s 60 years. The Hamas Charter is not a Palestinian national manifesto, and nor is it even particularly central to today’s organisation. Before Hamas existed, Israel was colonising the occupied territories, and maintaining an ethnic exclusivist regime ; if Hamas disappeared tomorrow, Israeli colonisation certainly would not.
Recognising what is happening in the West Bank also contextualises the discussion about Israel’s domestic politics, and the ongoing question about the makeup of a ruling coalition. For the Palestinians, it does not make much difference who is eventually sitting around the Israeli cabinet table, since there is a consensus among the parties on one thing : a firm rejectionist stance with regards to Palestinian self-determination and sovereignty.
During the coverage of the Israeli elections, while it was clear that Palestinians mostly did not care which of the candidates for PM won, the reason for this apathy was not explained. Labor, Likud and Kadima alike, Israeli governments without fail have continued or intensified the colonisation of the occupied territories, entrenching Israel’s separate-and-unequal rule, a reality belied by the false "dove"/"hawk" dichotomy.
Which brings us to the third reason why news from the West Bank is more significant than the Gaza truce talks or the Netanyahu-Livni rivalry – it is a further reminder that the two-state solution has completed its progression from worthy (and often disingenuous) aim to meaningless slogan, concealing Israel’s absorption of all Palestine/Israel and confinement of the Palestinians into enclaves.
The fact that the West Bank reality means the end of the two-state paradigm has started to be picked up by mainstream, liberal commentators in the US, in the wake of the Israeli elections. Juan Cole, the history professor and blogger, recently pointed out that there are now only three options left for Palestine/Israel : "apartheid", "expulsion", or "one state".
The path of the wall, and the number of Palestinians it directly and indirectly affects, continues to make a mockery of any plan for Palestinian statehood. Jayyous is just one example of the way in which the Israeli-planned, fenced-in Palestinian "state-lets" are at odds with the stated intention of the quartet and so many others, of two viable states, "side by side". As the World Bank pointed out (pdf), land colonisation is not conducive to economic prosperity or basic independence.
In occupied East Jerusalem meanwhile, Israel has continued its process of Judaisation, enforced through bureaucracy and bulldozers. The latest tightening of the noose in Ar-Ram is one example of where Palestinian Jerusalemites are at risk of losing their residency status, victims of what is politely known as the "demographic battle".
It is impossible to imagine Palestinians accepting a "state" shaped by the contours of Israel’s wall, disconnected not only from East Jerusalem but even from parts of itself. Yet this is the essence of the "solution" being advanced by Israeli leaders across party lines. For a real sense of where the conflict is heading, look to the West Bank, not just Gaza.

http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2009/feb/20/israelandthepalestinians-israeli-elections-2009