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Source : La Feuille de Choux N° 1443

« Médias français, montrez la vérité ! »

Samedi, 17 janvier 2008

samedi 17 janvier 2009

Ce slogan, repris de plus en plus souvent, par les manifestants, dans les rassemblements de solidarité avec le peuple palestinien martyrisé à Gaza, se justifie toujours plus, alors qu’on entre dans la troisième semaine de l’agression israélienne contre la Palestine.

Qu’on en juge par l’exemple des Dernières Nouvelles d’Alsace, un quotidien de la PQR (presse quotidienne régionale) en situation de quasi monopole sur une bonne moitié du territoire alsacien, qu’il se partage avec l’Alsace du même groupe EBRA, au sud.

En une, ce samedi 17 janvier, rien sur Gaza. Les DNA titrent sur la SNCF qui se fait discrète, malgré le succès du TGV Paris-Strasbourg. Et pour cause ! Alors qu’il manque la ligne à grande vitesse de Baudrecourt, en Lorraine, à Strasbourg, l’entreprise ne veut pas révéler ses profits, pour ne pas qu’on lui demande de financer les kilomètres manquants.

Dans le cahier national et international, (les DNA sont organisées en 4 cahiers séparés, national et international, régional, sports, local) il faut attendre la page 4, pour y lire des informations sur le conflit meurtrier auquel trois articles sont consacrés.

Le premier, non signé, donc probablement émanant de l’Agence France Presse, sous le titre :

"Proche-Orient/ Espoir d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.", suivi, en gras, de "La diplomatie gagne du terrain.", est commenté ainsi :

"Les affrontements à Gaza ont hier un peu cédé le pas à la diplomatie. Un cessez-le-feu unilatéral israélien semblait même se profiler après des assurances égyptiennes et américaines faites à l’Etat hébreu sur un arrêt de la contrebande d’armes vers le territoire palestinien."

Le corps de l’article est, aux trois quarts, consacré à l’aspect diplomatique. Chose remarquable, il ne traite que d’Israël, des USA et de l’Egypte. Nulle part, il n’est fait mention des autorités de Gaza, c’est à dire du Hamas, ni même de l’Autorité palestinienne, dont le président vient de voir son mandat s’achever.

On y apprend, selon "un responsable gouvernemental israélien sous couvert de l’anonymat", que "Le cabinet de sécurité doit voter demain soir en faveur d’un cessez-le-feu unilatéral à la suite d’un accord à Washington et des progrès significatifs réalisés au Caire."

Et les premiers intéressés, les Gazaouis, et le Hamas, ils en pensent quoi ? On ne le saura pas.

On apprend aussi que " le gouvernement américain (étasunien en réalité) a promis de redoubler ses efforts pour aider (sic) à faire cesser la contrebande d’armes vers Gaza.".

Que du lait, de la farine, et d’autres marchandises passent aussi par les tunnels de Rafah, pour briser le blocus israélien, et nourrir la population il n’en sera pas question.

Cela souligne parfaitement le négationnisme israélo-étasunien pour lequel il n’y a ni dirigeants palestiniens, ni même de Palestine ou de Palestiniens. En conformité avec la vieille idée, éradicatrice, selon laquelle la Palestine serait depuis le début du 20e siècle, une " terre sans peuple pour un peuple sans terre ", cette négation, même nominale, du peuple palestinien souligne d’autant plus que, dès 1948, et depuis 60 ans, le sionisme et ses alliés n’ont pas cessé d’ignorer les habitants indigènes de la Palestine.

Les amis de l’Etat voyou d’Israël seront heureux d’apprendre que " les forces israéliennes resteront toutefois positionnées dans le territoire palestinien pour une durée qui n’a pas été précisée, après l’entrée en vigueur de la cessation des hostilités."

Donc, l’occupation de Gaza continue. Qu’on ne vienne pas ensuite déplorer les actes de résistance, légitimes, en droit international, de ses habitants.

Olmert est "satisfait des résultats des pourparlers au Caire qui ont répondu aux exigences de base d’Israël qui voulait une réponse ferme sur la fin des tirs de roquettes..." Plus loin, on apprend que " treize roquettes ...sont tombés dans le sud d’Israël, faisant quatre blessés légers...".Sans que le Journal signale l’échec de l’opération israélienne qui se donnait comme but la fin des tirs.

Le plus incroyable est de lire ceci :

"...la secrétaire d’Etat américaine Condoleeza Rice a signé à Washington avec son homologue israélienne Tzipi Livni, un accord bilatéral sur la contrebande d’armes...".

C’est comme si on avait appris, en 1944, que Hitler et le maréchal Pétain avaient signé un accord sur la contrebande d’armes de la résistance française !

Démentant le titre selon lequel "la diplomatie gagne du terrain », à la fin de l’article, on apprend que

"Dix personnes ont notamment été tuées en soirée dans le bombardement d’une maison de Gaza où s’était rassemblée une famille en deuil."

Et que " 23 corps ont été extraits des décombres."

Ce qui porte le bilan de cette journée très "diplomatique", selon les DNA mêmes, à "55 morts".

Le Journal se garde de faire une opération simple. 20 jours de bombardements israéliens ont fait 1100 morts, Ce qui fait exactement 55 morts journaliers en moyenne. Donc le vendredi 15 janvier 2009 est un jour tout à fait ordinaire pour les crimes de guerre israéliens.

Et la radio nous apprend ce samedi matin (shabbat pour Israël) qu’une école de l’ONU a encore été bombardée, tuant une femme et un enfant...

Sur la même page, un article est consacré au "défi quotidien d’Adel Zaamoun", journaliste de l’AFP à Gaza. C’est la première fois en 20 jours que les DNA se font l’écho des difficultés de la presse à informer ou tout simplement à entrer à Gaza.

Et le directeur des DNA, Dominique Jung souligne dans un troisième article, "L’humble collecte de l’information".

Il écrit "on n’a quasiment aucune image. L’armée israélienne bloque les tentatives d’entrée de la presse internationale : un contrôle qui est une censure de fait."

Il souligne "l’interdiction de filmer". Et plus loin "rien qui illustre l’offensive côté israélien".

Puis, de manière contradictoire, reproche au Hamas de montrer "les cadavres des enfants encapuchonnés dans leurs linceuls", comme s’il était plus insoutenable de voir la vérité de la réalité, que d’avoir affaire à une "censure" et à l’absence d’images. Il suffit d’ouvrir les yeux sur d’autres chaînes de télévision, dont Al Jazzera.

En pages région, rien sur la manifestation appelée par des dizaines d’organisations démocratiques de sensibilités très variées : l’information était donnée la veille dans un agenda peu visible. Le jour même où les DNA donnaient la parole en un Point de vue à l’ex ambassadeur d’Israël en France, Elie Barnavi. Le même était invité par la librairie Kléber à 19 h en sa Salle Blanche en compagnie de Daniel Riot, à parler de leurs ouvrages respectifs sur...l’Europe.

Des dizaines de policiers gardaient la librairie probablement, à cause du rassemblement quotidien du Parti des Musulmans de France (quelques dizaines de personnes chaque jour) sur la place Kléber proche.mis sous les yeux de l’ambassadeur l’appel "Pas de crimes en notre nom", signé par cette organisation au nom de Juifs pour la Palestine qui refusent l’alignement du CRIF sur les criminels de guerre israéliens.

Enfin, en pages Strasbourg et sa région, plusieurs papiers sur Gaza et ses répercussions en Alsace, tous de la même tendance, pro-israélienne.

D’abord un soutien de Fabienne Keller, ex maire à l’appel de Strasbourg, signé par les représentants des religions monothéistes, convoqués par le peu laïque sénateur-maire de Strasbourg, Roland Ries.

Il y est question de « tolérance ». Ces gens qui ont toléré les bombardements israéliens sur une population sans défense, dénoncent « ceux qui seraient tentés d’importer ces violences dans nos quartiers ».

Veut-elle parler du CRIF qui laisse diffuser un tract de Tsahal, la prétendue « Armée de Défense (sic) d’Israël » pour recruter, en France, des auxiliaires de cette armée étrangère ?

Comme on le voit, les Dernières Nouvelles d’Alsace sont loin de satisfaire au devoir d’informer le citoyen de manière à ce qu’il puisse se faire une opinion par lui-même.Sous couvert d’objectivité et de neutralité, elles donnent de préférence la parole à un seul des camps en présence, que ce soit au Proche-Orient ou en Alsace