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Le désengagement de Gaza

 : Encore des violations des droits de l’homme en perspective

par Ilan Pappe

jeudi 8 septembre 2005

*
in Adalah’s Newsletter, volume 16, août 2005 (31.08.2005)
http://www.adalah.org/newsletter/eng/aug05/ar1.pdf
Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier

Le gouffre entre le discours général du gouvernement Sharon sur son Plan de
Désengagement de Gaza [PDG, dans la suite de ce texte] et les réalités
locales sur le terrain est absolument stupéfiant. Tandis que le retrait
israélien est présenté par les fora publics internationaux comme une
décision historique offrant une exceptionnelle opportunité de paix dans la
région, les observateurs locaux - en particulier en Palestine - préviennent
que ce plan ne fera sans doute avancer en rien le processus de paix ; de
fait, il est conçu par les Israélien comme une tentative délibérée de faire
obstruction à toute nouvelle avancée en direction d’une solution acceptable.

Ce déséquilibre entre la représentation et la réalité représentée rend
difficile toute évaluation et toute discussion de la signification du PDG du
point de vue des droits de l’homme. Nous allons tenter, dans ce papier, de
peser les suites positives potentielles du retrait israélien, en les
comparant aux répercussions négatives possibles pour les droits de l’homme,
tant en Israël qu’en Palestine (qui sont à craindre).

Il existe un consensus, chez les lettrés et les pontes israéliens et
palestiniens bien pensants, sur le fait que le PDG n’est rien d’autre qu’un
redéploiement des forces israéliennes, et qu’il n’est pas conçu pour
modifier le statu quo, ni mettre fin à l’occupation. Ce papier est fondé sur
la même prémisse. Théoriquement, en elle-même, cette prise de conscience n’
obère pas une amélioration possible des conditions d’existence et des droits
des personnes vivant dans les territoires palestiniens occupés [TPO] en
1967. Ainsi, par exemple, le déménagement des colonies provocatrices de la
Bande de Gaza, ainsi que d’une petite zone au nord de la Cisjordanie
pourrait améliorer la qualité de vie de nombre de Palestiniens. Directement
(par leur violence quotidienne et leur brutalité) et indirectement (en
suscitant des incursions armées lourdes et oppressives dans les TPO, soit
pour les protéger, soit pour effectuer des représailles en leur nom), les
colons violaient en effet les droits des Palestiniens de manière directe. Le
retrait, par conséquent, pourrait faire disparaître cet aspect déplorable de
la vie de certains Palestiniens, vivant dans les zones dont l’évacuation est
prévue.

De plus, sans égard pour ses motivations réelles, l’initiative pourrait
faire progresser le droit des Palestiniens à l’autodétermination. C’est là
une position défendue par les forces islamiques dans les TPO, qui voient
dans le retrait israélien une défaite de l’armée occupante, et cette
position, de fait, n’est pas dépourvue d’une certaine pertinence.

Toutefois, pour que ces deux aspects positifs se matérialisent en une
réalité nouvelle, le retrait doit signifier un détachement israélien
authentique des existences des Palestiniens dans la bande de Gaza et dans le
nord de la Cisjordanie. Malheureusement, il existe peu d’indices suggérant
que tel sera bien, dans les faits, le résultat du retrait. La première
menace réside en l’insistance israélienne sur le fait qu’il n’y aura pas à l
’avenir de nouvelles concessions territoriales. Si cette position n’est pas
toujours ouvertement proclamée, elle a été clairement signifiée par Dov
Weissglas, principal conseiller d’Ariel Sharon, dans une interview accordée
à Ha’aretz le 8 octobre 2004, où il déclarait : « Le désengagement est en
fait du formol. Il fournit la quantité de formol nécessaire pour qu’il n’y
ait plus de processus politique avec les Palestiniens ». D’autres hauts
responsables israéliens, dont le Premier ministre en personne, ont déclaré
que le désengagement était un véritable traumatisme national, laissant
entendre par là qu’aucun gouvernement israélien ne serait jamais prêt à
effectuer le même pas. De plus, les Israéliens ont minimisé, autant que
possible, toute coopération avec l’Autorité palestinienne dans ce retrait,
de manière à éviter de créer l’impression, sur le plan intérieur israélien,
que le retrait s’inscrirait dans le cadre d’un dialogue de paix, et non pas
d’un redéploiement de forces, comme il l’entend.

Ces déclarations collent bien avec la stratégie globale du gouvernement
Sharon - qui bénéficie d’un large soutien dans l’électorat israélien juif.
Le but, c’est de créer un Grand Israël, qui inclut près de la moitié de la
Cisjordanie, mais exclut la bande de Gaza et certaines zones purement
palestiniennes de la Cisjordanie (ces zones interstitielles entre des
colonies israéliennes sont dépourvues de continuité territoriale). Ces
enclaves palestiniennes en Cisjordanie, ainsi que la bande de Gaza, peuvent
devenir des régions autonomes, qui pourrait même, ultérieurement, être
appelée « Etat palestinien ».

Ainsi, on le voit, le contexte large à la lumière duquel l’impact du PDG sur
les droits de l’homme doit être examiné, c’est la pensée stratégique
israélienne globale. Cette vision israélienne du futur affectera les droits
de l’homme dans les TPO, et à l’intérieur d’Israël, de bien des manières.
Toutefois, avant qu’il soit possible de présenter cette influence ici, il
faut prendre en considération la réaction probable des Palestiniens à une
telle stratégie. A quoi doit-on s’attendre de la part de la direction
palestinienne, des différents groupes palestiniens et de l’opinion publique
palestinienne en général, une fois qu’il transpirera que le retrait de Gaza
marque la fin, et non pas une étape, du processus de paix ? A tout le moins,
on peut s’attendre à un niveau de résistance similaire à celui que tentent
de maintenir les différentes forces palestiniennes dans leur combat
désespéré contre le statu quo (bien qu’on puisse envisager également des
scénarios bien pires). Faisons la supposition, pour faire avancer le
schmilblick, que la frustration, dans les régions palestiniennes, ne se
traduira pas par des actes outrepassant les patterns connus d’attaques
contre l’armée et les colons, tant dans la bande de Gaza qu’en Cisjordanie.
Ceci signifierait que la seconde Intifada se poursuivrait vraisemblablement,
à bas bruit, en dépit du discours de paix accompagnant le retrait. Si nous
ajoutons ce comportement probable des Palestiniens à la stratégie
israélienne globale, nous obtenons un tableau plus complet, qui pourrait
nous permettre d’analyser plus précisément l’impact possible du
désengagement sur les droits de l’homme dans les TPO.

Trois Israéliens très hauts placés - le Premier ministre, le ministre de la
Défense et Eival Giladi, directeur de la Coordination stratégique des
états-majors auprès du cabinet du Premier ministre - ont d’ores et déjà
expliqué quelle seraient les représailles israéliennes contre une réaction
palestinienne de ce type. Giladi a déclaré aux médias tant électroniques qu’
imprimés qu’Israël répliquerait d’une manière implacable, afin d’empêcher
toute attaque terroriste et tous tirs d’activistes pendant la réalisation du
retrait, et que si des opérations ponctuelles s’avéraient insuffisantes,
Israël pourrait recourir à des armes qui causeraient des dommages
collatéraux, y compris des hélicoptères et des avions de combat, avec un
danger accru pour les populations voisines des combats. » [Ha’aretz,
22.06.2005] Un mois plus tard, Tawfiq Abu Husan, porte-parole du ministère
palestinien de l’Intérieur, notifiait aux Israéliens que son ministère ne
serait pas en mesure de garantir un retrait pacifique (www.walla.co.il,
30.07.2005). Même en l’absence de cette déclaration, il était évident que
des tirs se produiraient pendant et après le retrait.

Giladi, qui est fort souvent tapi dans l’ombre, a fait plusieurs apparitions
supplémentaires afin de répéter le même message, étendant la menace à la
période faisant suite à l’évacuation. On aurait dit qu’il préparait l’
opinion locale à des destructions massives infligées par Israël à Gaza,
durant et après l’opération de désengagement. L’armée israélienne a besoin d
’une telle démonstration de force, susceptible d’entraîner des violations
massives des droits de l’homme, précisément parce que les formations
islamistes présentent le retrait comme une défaite pour Israël. Le même
sentiment de défaite, en été 2000, au Liban, conduisit le chef d’état major
général de l’armée de l’époque, Shaul Mofaz à exiger une démonstration de
force brutale contre les Palestiniens dès l’éclatement de la seconde
Intifada. Dans ses fonctions actuelles de ministre de la Défense, Mofaz
nourrit le même type d’idées.

Cette continuité est bien décrite dans un ouvrage récemment publié,
Boomerang, écrit par les journalistes Ofer Shelah et Raviv Druker. Le
premier a servi comme officier dans le bataillon de Mofaz, pendant son
service militaire, et il a un bon rapport personnel avec le ministre. D’
après le livre, afin de « réhabiliter » le « manque de respect des Arabes »
vis-à-vis de l’armée, Mofaz s’était opposé, déjà en 2000 et en 2001, à toute
tentative sérieuse des Palestiniens et des Israéliens modérés pour mettre un
terme à l’escalade militaire de la seconde Intifada.

Le livre montre que le PDG a été concocté par Ariel Sharon après que
celui-ci eut appris que l’avocat général de l’Etat, à l’époque, Edna Arbel,
était sur le point de le mettre en examen pour corruption. L’armée a adopté
le plan, bien que la plupart des collègues de Mofaz n’en voulussent point.
La position de l’armée est tout à fait étonnante. Tous les officiers
supérieurs ont dit ouvertement, ainsi qu’au cours de débats internes à l’
armée, qu’un retrait unilatéral serait un désastre. Toutefois, en
définitive, tous, comme un seul homme, ont fini par l’adopter. Pourquoi l’
armée israélienne a-t-elle avalisé un plan dont elle pensait qu’il était
désastreux ? De fait, les chefs militaires continuent à arguer qu’après le
retrait, il est vraisemblable que subsisteront plus d’une origine de tirs
depuis la bande de Gaza, dirigés contre des villes israéliennes situées à l’
intérieur des frontières israéliennes de 1967. Ainsi, après le retrait, l’
armée devra montrer que la capacité de dissuasion qu’à leur point de vue
Israël aura perdue en se retirant unilatéralement peut être restaurée. Dans
le cas des TPO, ceci ne signifie qu’une seule chose : la violation
systématique des droits de l’homme par un emploi excessif de mitrailleuses
héliportées, d’avions F-16 et d’autres armes qui infligeront moult « 
dommages collatéraux ».

La forte probabilité que le désengagement ne mettra pas fin à l’occupation,
mais au contraire la pérennisera, est en elle-même une mauvaise nouvelle
pour l’avenir des droits humains et civiques des Palestiniens. La
possibilité d’actions brutales d’Israël conduisant à des tueries massives
dans la bande de Gaza est elle aussi profondément dérangeante, à dire le
moins. De plus, l’insistance israélienne à déconnecter la bande de Gaza de
tout contact territorial vers l’est, le nord et le sud, et à poursuivre son
blocus maritime, depuis l’ouest, soulève de véritables inquiétudes en ce qui
concerne le niveau de vie et la situation sociale de ses quelque un million
et demi d’habitants.

Il est fort vraisemblable, dès lors, que les Palestiniens seraient amenés à
payer le « trauma national » (israélien) afin que tant la « nation » que l’
armée puissent se sentir réconfortés une fois la crise passée. Toutefois,
beaucoup plus important encore est le possible sentiment de succès qui ne
manquera pas de s’emparer du cercle des décideurs politiques israéliens, au
cas où le retrait serait mené à bien relativement sans anicroche. Cela
serait considéré comme une victoire pour l’ « unilatéralisme », désormais le
mantra du centre politique bien pensant, en Israël.

Cet « unilatéralisme » signifie que les Palestiniens, où qu’ils se
trouvent - en Israël, dans les camps de réfugiés, dans la diaspora ou dans
les PTO - n’ont aucun mot à dire concernant l’avenir d’Israël et de la.
Palestine !.

De là découlent que des lois puissent être adoptées afin d’empêcher des
conjoints palestiniens des deux côtés de la ligne verte de vivre ensemble en
Israël, sans aucun égard pour les souhaits des Palestiniens eux-mêmes [en
juillet 2005, 59 députés à la Knesset ont adopté cette loi, en y apportant
des amendements mineurs, seuls 13 députés votant contre, alors qu’en
réalité, ce sont plus de cent (sur 120) députés qui favorables à cette
législation raciste). S’ajoute à cela le fait que les dispositions
sécuritaires israéliennes (mur, et autres mesures défensives) peuvent être
décidées sans aucun égard pour ce que la Cour suprême israélienne appelle
euphémisme « le confort des Palestiniens ». Dès maintenant, le fait que ces
moyens ont causé des déplacements de populations, la perte de leurs moyens
de subsistance et leur emprisonnement entre de hautes murailles et des
miradors de surveillance est bien documenté.

Après le retrait, qui est présenté au plan domestique, en Israël, comme un
trauma national qui ne devrait jamais plus se renouveler, et au monde en
général comme le plan de paix le plus courageux jamais encore proposé aux
Palestiniens, l’ « unilatéralisme » est en passe (dangereuse) de devenir
sacro-saint. En termes de droits de l’homme, ceci signifie que, dans la
période consécutive au retrait, les instances israéliennes chargées des
Palestiniens placés sous leur contrôle poursuivront les mêmes politiques
brutales décrites ci-dessus, avec encore moins de considération pour l’
opinion publique ou les droits des Palestiniens. A l’encontre de l’humeur et
du discours ambiants sur des « concessions significatives » - ainsi qu’à l’
encontre de « l’offre de paix la plus généreuse » de l’été 2000 - les
autorités israéliennes n’auront aucun scrupule à déterminer, avec une force
brutale, qui les Palestiniens peuvent épouser, où ils peuvent vivre et
travailler, quand ils pourront sortir (des territoires) ou encore pour
combien de temps encore ils devront rester emprisonnés chez eux avant que
les couvre-feu et les bouclages soient levés. Pire : l’armée pourra
poursuivre sa politique consistant à tirer et à massacré sans aucune
inhibition.

En Israël même, le retrait soulève des questions sérieuses au sujet de l’
état des droits civiques et humains. L’opposition au retrait a clamé que le
gouvernement de Sharon était coupable de violations des droits humains et
civils fondamentaux, tant dans la manière dont il a légiféré la décision de
procéder au retrait que par celle dont il a étouffé la désobéissance civile
à ce retrait. Jusqu’à un certain point, les principales allégations des
colons et de leurs partisans ne sont pas dénuées de fondement.

Plusieurs de leurs droits fondamentaux de citoyens - telle la liberté d’
expression et de manifestation - ont été violés. Leur éviction, en revanche,
ne saurait être considérée comme constitutives d’une violation des droits de
l’homme, dès lors qu’ils ont été expulsés d’une zone où ils s’étaient
installés illégalement.

Toutefois, globalement, le traitement réservé par le gouvernement et ses
instances au mouvement de protestation ne peut que mettre en relief un autre
aspect des droits humains et civils en Israël : le gouffre qui sépare les
citoyens juifs des citoyens arabes (d’Israël) engagés dans des protestations
contre le gouvernement, dans la manière dont ils sont traités. Certaines des
actions entreprises par les manifestants étaient identiques à celles
déployées au cours de manifestations de protestation de citoyens
palestiniens d’Israël, dans tout le pays, en octobre 2000 : manifestations
non-autorisées, blocage de routes et d’autoroutes, jets de pierres sur les
forces de sécurité, etc. Bien que les colons et leurs groopies aient
poursuivi ce genre d’activités plusieurs mois durant, la police a répondu
quasi uniquement par des mesures non-violentes, qui n’ont provoqué pour
ainsi dire aucune victime.

Les personnes interpellées ont été maintenues en détention pour des périodes
relativement courtes. En octobre 2000, ce sont pas moins de treize citoyens
palestiniens d’Israël, non armés, qui avaient été tués au cours d’
affrontements avec les forces israéliennes de sécurité.

Des centaines d’autres avaient été blessés et arrêtés, et des dizaines
avaient été poursuivis pénalement et condamnés à de longues peines de
prison. La déclaration officielle la plus abracadabrante, dans ce contexte,
fut celle de l’ex-Premier ministre Ehud Barak, parlant des manifestations
actuelles, qui soutint les blocages d’autoroutes par les manifestants
(anti-redéploiement). En octobre 2000, il avait donné l’ordre aux
francs-tireurs de tirer à balles réelles sur les Palestiniens qui faisaient
exactement la même chose, dans le Wadi ’Ara.

La discrimination, sautant aux yeux, dans la manière dont sont traités ces
deux cas est lourde de menaces pour l’avenir. Elle suggère que non seulement
Israël va tout faire afin de ne pas se retirer d’un quelconque nouveau
territoire occupé, et afin d’éviter de mener des négociations de paix
sincères avec les Palestiniens, mais qu’il va, de surcroît, maintenir le
régime actuel de ségrégation et de discrimination à l’intérieur d’Israël,
permettant à des éléments d’extrême droite de perpétuer l’intransigeance
israélienne et d’empêcher les groupes politiques non-sionistes et
palestiniens en Israël de jouir de leurs droits fondamentaux à la libre
expression et à la participation politique.

En résumé, le PDG représente un pas franchi dans la direction de la
consolidation d’un régime israélien de discrimination à l’intérieur de l’
Etat, ainsi que de politiques d’occupation, de colonisation et
potentiellement de massacres massifs dans les TPO. La mauvaise
interprétation, éminemment regrettable, que les médias internationaux se
forment de cette initiative, permettra au gouvernement israélien de
continuer à poursuivre ses plans. Comme par le passé, il demeure du devoir
des sociétés civiles occidentales de dénoncer cette représentation distordue
et d’exercer des pressions sur leurs gouvernements respectifs afin d’exiger
un retrait total d’Israël de tous les territoires qu’il a occupé en 1967 et
la substitution de forces internationales de maintien de la paix à l’armée
israélienne d’occupation. Ces développement soulagerait ceux qui vivent sous
occupation, et qui subissent depuis près de quarante ans les violations
systématiques de leurs droits humains et civils.

Il faut garantir aux Palestiniens une protection internationale, jusqu’à ce
que tous leurs problèmes pendants - question des réfugiés, question de
Jérusalem et structure politique des deux peuples - aient été résolus au
moyen d’un dialogue pacifique.

[* Le Dr Ilan Pappe est maître de conférence à l’université de science
politique de l’université de Haïfa, et président de l’Institut Emile Touma d
’Etudes palestiniennes, à Haifa.]