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Quand les victimes des uns deviennent les bourreaux des autres (ndlr)

Le soulèvement du Ghetto de Gaza

par Joseph Massad - The Electronic Intifada -version anglaise en 2ème partie de l’article

mardi 6 janvier 2009

mardi 6 janvier 2009 - 06h:57

La seule constante dans la vie des Palestiniens de ce dernier siècle d’atrocités sionistes a été de résister contre le projet sioniste de les rayer de la surface de la terre.

Les alliances entre les régimes arabes et Israël

On est souvent déconcertés par l’ironie des relations internationales et les alliances qu’elles favorisent. Prenez par exemple l’implantation coloniale israélienne qui, dès le début, a déclaré la guerre au peuple palestinien et à plusieurs pays arabes alors qu’en même temps, Israël formait des alliances avec de nombreux régimes arabes et des dirigeants palestiniens.

Si nous avons toujours connu et été informés sur les relations hashémites/sionistes et Eglise maronite/sionistes, ce fut moins le cas sur les services qu’Israël a apporté, et continue d’apporter, aux régimes arabes durant toutes ces décennies. Il est maintenant reconnu que l’invasion de l’Egypte par Israël en 1967 visait, et a réussi, à abattre Gamal Abdul-Nasser, l’ennemi de tous les dictateurs alliés des Etats-Unis parmi les régimes arabes ; Nasser que les Etats-Unis et avant eux, la Grande-Bretagne et la France, essayaient en vain de renverser depuis les années 50.

Israël rendait ainsi un grand service aux monarchies arabes (et à quelques républiques), de « l’océan au Golfe », dont la survie était menacée par Nasser et le nassérisme.

L’intervention d’Israël suivante, en Jordanie en 1970, pour aider l’armée jordanienne à éliminer les guérilleros de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et ses invasions massives au Liban en 1978 et 1982 pour écraser définitivement cette organisation, ont été elles aussi d’importants services rendus à ces mêmes régimes menacés par le potentiel « révolutionnaire » de l’OLP et ses prises de positions parfois récalcitrantes.

Les Renseignements israéliens ont aussi fourni durant ces décennies des informations cruciales à plusieurs régimes arabes pour leur permettre d’éliminer leurs opposants politiques et de renforcer leur pouvoir dictatorial. Comme exemples éloquents de ces bénéficiaires des largesses des Renseignements israéliens, on trouve les dictatures du Maroc et d’Oman.

Les services qu’Israël rend aux régimes arabes se poursuivent à un rythme accéléré.

Son invasion du Liban en 2006, conçue pour anéantir le Hezbollah, fut acclamée par les régimes arabes et les intellectuels arabes néolibéraux hostiles au Hezbollah, et utilisée exclusivement par les médias saoudiens. Bien que la destruction massive du sud du Liban et du sud de Beyrouth par Israël et le massacre de plus d’un millier de Libanais aient renforcé le Hezbollah et entaché la réputation de l’armée d’Israël, l’invasion a été très appréciée par les alliés arabes d’Israël.

Effectivement, depuis 2006, ces alliés d’Israël, autant que les intellectuels arabes néolibéraux, ont été ouvertement sollicités par Israël pour neutraliser la prétendue « menace » iranienne, dans son propre intérêt et sur son ordre. Les Etats-Unis ont vu que c’était là le bon moment pour intégrer Israël dans la région, ils ont donc fait signe à leurs alliés du Golfe de faire des propositions pour une nouvelle alliance régionale comprenant Israël. Le ministre des Affaires étrangères de Bahreïn a suggéré il y a quelques semaines qu’Israël rejoigne la Ligue arabe. Nombre de telles propositions ont déjà été formulées depuis quelques mois pour accueillir l’implantation coloniale au sein d’une alliance régionale contre l’Iran.

Depuis 2006, les régimes arabes, les intellectuels arabes néolibéraux et l’Autorité collaborationniste palestinienne (ACP) de Ramallah, sont parvenus à s’entendre du fait que seul Israël pourra les sauver du Hezbollah et du Hamas, deux organisations qui constituent une menace pour l’alliance ouverte des régimes arabes avec les Etats-Unis et Israël contre l’Iran et toutes les forces progressistes de la région. Il ne s’agit pas d’un secret qu’ils espéraient garder jalousement mais de stratégies ouvertement débattues en réunions privées et qui souvent transparaissent dans la sphère publique. Les interventions des médias arabes et les déclarations des officiels israéliens dans le contexte des massacres israéliens continus contre le million et demi de Palestiniens de Gaza ces dix derniers jours, n’ont guère fait preuve d’imagination. Une véritable alliance ouverte existe aujourd’hui entre l’Autorité collaborationniste palestinienne, les régimes arabes et Israël avec le soutien des intellectuels arabes néolibéraux, alliance dans laquelle Israël sous-traite pour les autres l’anéantissement du gouvernement Hamas - le seul gouvernement démocratiquement élu de tout le monde arabe.

Rappelons ici que le Hamas a été démocratiquement élu par des élections libres et que des responsables et membres du parlement élu ont été enlevés par l’occupant israélien et croupissent toujours dans les prisons israéliennes et que l’Autorité collaborationniste palestinienne a incendié leurs bureaux, monté des grèves contre eux et demandé à la bureaucratie de l’ACP de ne pas obéir à leurs ordres. C’est après toutes ces tentatives pour déloger le Hamas du pouvoir que les Etats-Unis, Israël et l’APC ont organisé un coup d’Etat [en juin 2007] pour éliminer les dirigeants du Hamas de Gaza mais qui s’est retourné contre eux. Le carnage déclanché par Israël ces dix derniers jours représente la dernière tentative israélienne pour s’assurer que tous les Arabes et tous les Palestiniens seront dirigés par des dictateurs et jamais par des responsables démocratiquement élus.

Beaucoup se demandent comment les régimes arabes et l’ACP peuvent être dénués à ce point de toute honte dans leur « trahison » des Palestiniens. « Ne craignez-vous pas que le peuple vous renverse ? » est la question maintes fois répétée. La réponse, évidemment, est « non ». Il est vrai que la collaboration d’Israël avec les régimes arabes n’est pas nouvelle, ce qui est nouveau c’est simplement que ce soit devenu public, mais il y a de bonnes raisons à cela. Dans les années 40 et 50, ces mêmes régimes ne pouvaient afficher ouvertement leur alliance avec Israël alors qu’il existait des forces populaires et internationales qui les auraient destitués s’ils s’y étaient hasardés. En effet, certains à l’époque flirtaient avec les alliances auxquelles participaient Israël mais pas officiellement, tel le Pacte de Bagdad, quoique ils ont payé cher une telle collaboration. La Guerre froide, le révolutionnarisme du tiers-monde, le nationalisme arabe, l’Union soviétique, la Chine, Nasser, sont tous des facteurs à prendre en compte. Bien que certains existaient encore quand Sadate d’Egypte a déclaré publiquement son alliance avec les USA et Israël à la fin des années 70, plus aucun n’existe aujourd’hui. Les Etats-Unis, Israël et leurs alliés arabes ont neutralisé ces forces, une par une, depuis 1967, ouvrant la voie à une alliance éhontée entre Israël et les dictatures arabes et tous servent les intérêts américains dans la région. Ces régimes arabes règnent par la terreur et la peur et ont à leur disposition la meilleure police secrète et le meilleur appareil sécuritaire répressif que les USA peuvent former et équiper, et que l’argent du pétrole et l’aide américaine peuvent financer.

Quand le présentateur d’Al-Jazeera a demandé à brûle-pourpoint à la ministre des Affaires étrangères israélienne, Tzipi Livni, si Israël avait un accord avec les régimes arabes pour se livrer aux massacres à Gaza, elle a refusé de répondre pour, finalement, nier qu’un tel arrangement existait, sans pouvoir préciser, mais elle a affirmé qu’il y en avait dans le monde arabe qui « pensaient » comme Israël et que le Hamas était leur ennemi comme il est l’ennemi d’Israël.

C’est d’ailleurs la même Tzipi Livi qui, il y a seulement quelques semaines, informait les citoyens palestiniens d’Israël qu’elle envisageait leur dénationalisation et leur déportation vers les bantoustans palestiniens, une fois qu’Israël et la communauté internationale auront reconnu à ces prisons de Cisjordanie le statut d’Etat palestinien indépendant, enfermé derrière le mur d’apartheid. Après le déclanchement de sa guerre contre les Palestiniens, la semaine dernière, Livni a déclaré que sa guerre contre le peuple palestinien n’était pas seulement une question de sécurité mais qu’elle touchait aussi aux « valeurs » d’Israël que les Palestiniens non collaborateurs (contrairement à l’ACP) ne partageaient pas. Livni est d’accord bien entendu. Contrairement à elle et aux dirigeants israéliens dont les idéaux et les projets de nettoyage ethnique visent à faire d’Israël un Etat purement juif vidé des Palestiniens (Palästinenser-rein), la plupart des Palestiniens croient qu’ils resteront sur leurs terres, même et surtout si cela souille la pureté d’un Israël juif.

Livni a également affirmé que les valeurs d’Israël étaient partagées par le « monde libre » et par les régimes arabes libérés qui sont les alliés du « monde libre ». Ajoutons que ces valeurs sont également partagées par les intellectuels arabes néolibéraux subventionnés par les Saoudiens, et par la direction de l’Autorité collaborationniste palestinienne casée dans la zone verte de Ramallah. Les valeurs civilisées d’Israël ne sont pas différentes de celles défendues par les Etats-Unis dans leur guerre constante contre les Arabes et les musulmans, et elles sont très proches des valeurs coloniales européennes de la grande époque du colonialisme et au-delà. Livni et les dirigeants israéliens parlent de droits de l’homme, de démocratie, de paix et de justice comme valeurs universelles, mais ils ne les appliquent qu’aux juifs et les refusent surtout aux Palestiniens. Cela n’est guère qu’une ruse israélienne. Souvenons-nous des propos impérissables de Frantz Fanon à cet égard : « Quittons cette Europe qui n’en finit pas de parler de l’homme tout en le massacrant partout où elle le rencontre, à tous les coins de ses propres rues, à tous les coins du monde. » (1)

Sur le front palestinien, le mandat et le coup d’Etat de Mahmoud Abbas, chef collaborateur palestinien, prennent fin le 9 janvier. Israël espère prolonger son règne collaborationniste en tant que chef de l’ACP mise en place par les accords d’Oslo en 1993. Alors que des Palestiniens se font tuer et blesser par milliers, les puissances mondiales néanmoins l’y encouragent. Ce n’est guère nouveau. Cela s’est souvent produit dans d’autres cas de massacres de populations par des alliés des Etats-Unis et de l’Europe, cela s’est même produit durant la Deuxième Guerre mondiale pendant le génocide nazi. Le 19 avril 1943, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis se rencontraient aux Bermudes, vraisemblablement pour discuter de la situation des juifs dans l’Europe occupée par les nazis. Ce fut aussi le jour où les nazis lançaient leur attaque contre les juifs qui restaient dans le Ghetto de Varsovie, y rencontrant une résistance inattendue, pleine de courage. Bien peu est ressorti de la conférence des Bermudes et la guerre a continué contre le Ghetto de Varsovie, sans interruption. La résistance juive dans le Ghetto de Varsovie a exécuté des juifs qui collaboraient avec les nazis et s’est bravement affrontée à l’armée nazie avec le peu d’armement qu’elle possédait, avant d’être exterminée. Son soulèvement a toujours été une source d’inspiration pour les Palestiniens. A l’âge d’or de l’OLP, symbole de la libération palestinienne, l’organisation déposait une couronne mortuaire sur le monument au Ghetto de Varsovie, en l’honneur de ces héros juifs qui étaient tombés.

La résistance des juifs du Ghetto de Varsovie contre l’occupant

Szmul Zygielbojm était le dirigeant du parti socialiste juif, le Bund (2), en Pologne et avait participé à la résistance contre l’invasion nazie en 1939. Il sera plus tard otage des nazis puis libéré et deviendra membre du Conseil juif, ou Judenrat (3) - l’équivalent pour les nazis de l’ACP créée par les Israéliens -, qui fut chargé de la construction du ghetto juif à Varsovie. Zygielbojm s’est opposé à l’ordre nazi et a fui en Belgique, en France, aux Etats-Unis, et en 1942 il a fini à Londres où il a rejoint le gouvernement polonais en exil. Le 12 mai 1943, après avoir été informé que la résistance dans le Ghetto de Varsovie avait finalement été écrasée et que beaucoup de ses combattants avaient été tués, Zygielbojm a ouvert le gaz dans son appartement à Londres et il s’est suicidé pour protester contre l’indifférence et l’inaction des Alliés devant la situation désespérée des juifs dans l’Europe occupée par les nazis. Ce qu’il a ressenti, c’est qu’il n’avait pas le droit de vivre après que ses camarades aient été tués en résistant aux nazis. Dans sa lettre de suicide, Zygielbojm insiste sur le fait que pendant que les nazis se rendaient responsables de l’assassinat des juifs polonais, les Alliés, par leur inaction, s’en rendaient aussi coupables :

« D’après les dernières nouvelles qui nous viennent de Pologne, il est clair, au-delà de tout doute, que les Allemands assassinent actuellement les derniers survivants juifs de Pologne avec une cruauté sans borne. Derrière les murs du Ghetto, le dernier acte de cette tragédie se joue.

La responsabilité de cet assassinat de toute la nationalité juive de Pologne repose d’abord sur tous ceux qui y ont participé, mais indirectement elle retombe aussi sur l’ensemble de l’humanité, sur les peuples des nations alliées et leurs gouvernements qui, jusqu’à ce jour, n’ont pris aucune véritable mesure pour mettre fin à ce crime. En regardant passivement cet assassinat de millions d’enfants, de femmes et d’hommes sans défense, ils ont pris une part de la responsabilité...

Je ne peux continuer à vivre et à rester silencieux pendant que les survivants de la communauté juive de Pologne, dont je suis un représentant, se font assassinés. Mes camarades dans le Ghetto de Varsovie tombent les armes à la main dans une ultime bataille héroïque. On ne m’a pas permis de tomber comme eux, avec eux, mais je les rejoins après leur mort à tous.

Par ma mort, je tiens à exprimer ma plus profonde protestation contre l’inaction dans laquelle le monde s’est contenté de regarder et qui a permis la destruction du peuple juif... »

L’Autorité collaborationniste palestinienne qui dirige le Judenrat mis en place par Oslo n’a jamais tenté de résister aux ordres israéliens. Pas un seul des membres de sa haute direction n’a décidé de démissionner et de ne pas servir. Mahmoud Abbas, qui a rendu tant de services déshonorants à Israël, n’a pas l’intégrité d’un Zygielbojm, ni ses nobles principes et n’en suivra jamais la trace.

Pendant ce temps, le peuple palestinien va résister à l’envahisseur israélien de toutes ses forces avec un handicap astronomique. Le peuple palestinien, comme Zygielbojm avant lui, a très bien compris qu’Abbas, sa clique, les régimes arabes, les Etats-Unis et l’Europe étaient tous responsables de leur massacre tout autant qu’Israël. Zygielbojm a, dans son cas, condamné les puissances du monde pour leur indifférence et leur inaction, dans le cas des Palestiniens, les puissances mondiales et régionales sont des co-conspiratrices et des partenaires actifs dans le crime.

L’écrasement du soulèvement du Ghetto de Gaza et le massacre de sa population sans défense seront une tâche relativement aisée pour la machine de guerre militaire superpuissante israélienne et la direction politique sadique d’Israël. C’est en rapport avec une détermination palestinienne renforcée à continuer de résister à Israël, une détermination qui va se révèler beaucoup plus difficile à affronter pour Israël et ses alliés arabes. Si des milliers de Palestiniens tués et blessés sont les principales victimes de cette dernière guerre terroriste israélienne, le principal perdant de tout cela sur le plan politique sera Abbas et sa clique de collaborateurs. Le défi pour la résistance palestinienne maintenant est de continuer à refuser à Israël le droit de dominer sa population, de voler sa terre, de détruire ses moyens de subsistance, de l’emprisonner dans des ghettos et de l’affamer sans résister.

La seule constante dans la vie des Palestiniens de ce dernier siècle d’atrocités sionistes a été de résister contre le projet sioniste de les rayer de la surface de la terre. Tandis que le sionisme, depuis son implantation, recherche et recrute des collaborateurs arabes et palestiniens dans l’espoir d’écraser la résistance palestinienne, ni Israël ni aucun de ses collaborateurs n’ont été capables de l’arrêter. La leçon que le sionisme a refusé d’apprendre, et refuse toujours d’apprendre, c’est que le désir ardent des Palestiniens de se libérer du joug sioniste ne pourra pas s’éteindre, quelle que soit la barbarie à laquelle peut arriver Israël dans ses crimes. Le soulèvement du Ghetto de Gaza marquera à la fois un nouveau chapitre de la résistance palestinienne au colonialisme, et la dernière brutalité coloniale israélienne dans une région où les peuples n’accepteront jamais la légitimité d’une implantation coloniale européenne raciste parmi eux.

Ndt

1) Les Damnés de la Terre (1961), Frantz Fanon, éd. La Découverte poche, 2002, p. 301

2) Fondé en 1897, c’était le plus puissant parti ouvrier juif et le parti le plus important dans la communauté juive en Pologne - Mémoires du ghetto de Varsovie - Marek Edelman - Témoignage - p. 29)

3) Conseil juif qui avait, sur ordre des Allemands, remplacé le Conseil de la communauté juive. (idem - p. 37)

Extrait :

Il faut rappeler que la défense du ghetto de Varsovie n’avait rien d’inattendu. Elle était la suite logique de quatre années de résistance d’une population enfermée dans des conditions inhumaines, humiliée, méprisée, traitée, selon l’idéologie des vainquers, comme une population de sous-hommes. Malgré ces condiions dramatiques, les habitants du ghetto ont, dans la mesure du possible, organisé leur vie selon les plus hautes valeurs européennes. Alors que le pouvoir criminel de l’ocupant leur refusait tout droit à l’éducation, à la culture, à la pensée, à la vie, voire à une mort digne, ils ont créé des universités clandestines, des écoles, des associations et une presse. Ces actions qui engendraient la résistance contre tout ce qui menaçait le droit à une vie digne, ont eu pour conséquence l’insurrection. L’insurrecion était l’ultime moyen de refus des conditions de vie et de mort inhumaines, l’ultime acte de lutte contre la barbarie et pour la sauvegarde de la adignité.

Le ghetto lutte - Mémoires du ghetto de Varsovie - Marek Edelman, 1945 - Témoignages (p. 114, 115)

Marek Edelman, militant du Bund, était membre de l’état-major de l’insurrection du ghetto ; voir Marek Edelman, dernier survivant du ghetto de Varsovie

Joseph Massad est professeur associé de politique arabe et d’histoire intellectuelle à l’Université de Columbia. Son dernier livre s’intitule : The Persistence of the Palestinian Question ; Essays on Zionism and the Palestinians.

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In english :

The Gaza Ghetto Uprising
Joseph Massad, The Electronic Intifada, 4 January 2009

Nazi troops round up Polish Jews during the Warsaw Ghetto Uprising in May 1943. (Photographer Unknown)

One is often baffled by the ironies of international relations and the alliances they foster. Take for example the Israeli colonial settlement that had declared war on the Palestinian people and several Arab countries since its inception while at the same time it built alliances with many Arab regimes and with Palestinian leaders.

While Hashemite-Zionist relations and Maronite Church-Zionist relations have always been known and documented, there has been less documentation of the services that Israel has provided and continues to provide to Arab regimes over the decades. It is now recognized that Israel’s 1967 invasion of Egypt aimed successfully to destroy Gamal Abdul-Nasser, the enemy of all US dictatorial allies among the Arab regimes, whom the US and before it Britain and France had tried to topple since the 1950s but failed. Israel thus rendered a great service to Arab monarchies (and a few republics) from "the ocean to the Gulf," whose survival was threatened by Nasser and Nasserism. Israel’s subsequent intervention in Jordan in 1970 to help the Jordanian army destroy Palestinian Liberation Organization (PLO) guerrillas and its final crushing of that organization in its massive invasions of Lebanon in 1978 and 1982 were also important services it rendered to these same regimes threatened by the PLO’s "revolutionary" potential and its sometimes recalcitrant positions. Israeli intelligence has also provided over the decades crucial information to several Arab regimes enabling them to crush their political opposition and strengthen their dictatorial rule. Prominent examples among recipients of Israeli intelligence largesse include the Moroccan and the Omani dictatorships.

Israel’s services to Arab regimes continue apace. Its 2006 invasion of Lebanon, engineered to destroy Hizballah, was cheered by Arab regimes and neoliberal Arab intellectuals hostile to Hizballah and employed exclusively by Saudi media outlets. Though the massive Israeli destruction of southern Lebanon and south Beirut and the massacres of more than a thousand Lebanese strengthened Hizballah and weakened Israel’s military standing, the invasion was much appreciated by Israel’s Arab allies. Indeed since 2006, Israel’s Arab regime allies as well as neoliberal Arab intellectuals have been openly calling on it to neutralize the so-called Iranian "threat" for its own sake and at their behest as well. The US has seen this as an opportune moment to fully integrate Israel in the region, so much so that it signaled to its Gulf allies to make proposals for a new regional alliance that includes Israel in its midst. The Bahraini foreign minister suggested a few weeks ago that Israel join the Arab League. Many such proposals have already been made in the past few months welcoming the colonial settlement to the regional alliance against Iran.

Since 2006, Arab regimes, neoliberal Arab intellectuals, as well as the Palestinian Collaborationist Authority (PCA) in Ramallah have reached an understanding that only Israel will be able to save them from Hizballah and Hamas, both organizations constituting a threat to the open alliance Arab regimes have with the US and Israel against Iran and all progressive forces in the region. These were not closely guarded secret hopes, but strategies that were openly discussed in private meetings, which often spilled into the public realm. The discussions in the Arab media and the declarations made by Israeli officials in the context of the ongoing Israeli massacres of the one and a half million Palestinians in Gaza in the last 10 days have left little to the imagination. A veritable open alliance now exists between the Palestinian Collaborationist Authority, Arab regimes, and Israel with the support of neoliberal Arab intellectuals, wherein Israel is subcontracted to decimate the Hamas government — the only democratically elected government in the entire Arab world.

Here let us remember that Hamas was democratically elected in free elections and that its elected officials and members of parliament were kidnapped by the Israeli occupation and have been languishing in Israeli jails for years, and that the Palestinian Collaborationist Authority set their offices on fire, staged strikes against them, and signaled the PCA bureaucracy not to follow their orders. It was after all this failed to dislodge Hamas from power that the US, Israel, and the PCA staged a coup to massacre Hamas leaders in Gaza that backfired on them. The carnage unleashed by Israel in the last 10 days is the latest attempt by Israel to ensure that all Arabs and all Palestinians are ruled by dictators and never by democratically elected officials.

Many are wondering how the Arab regimes and the PCA can be so brazen in their "treachery" of the Palestinians. "Don’t they fear being overthrown by the people ?" is an oft-repeated question. The answer of course is a resounding "no." It is true that collaboration with Israel by Arab regimes is not new, and that what is new is merely their openness about it, but there is a perfectly good reason for this. In the 1940s and the 1950s, these regimes could not declare openly their alliance with Israel, as there were popular and international forces that would have removed them from power had they done so. Indeed, some at the time flirted with alliances that unofficially included Israel, like the Baghdad Pact, but they paid a heavy price for such collaboration. The Cold War, Third World revolutionism, Arab nationalism, the Soviet Union, China, Nasser, were all factors to be considered. While a few of these factors had remained when Egypt’s Sadat declared his open alliance with the US and Israel in the late 1970s, none of these factors remains today. The US, Israel, and their major Arab allies have neutralized these forces one by one since 1967, opening the way for this brazen alliance between Israel and the Arab dictatorships, all of which are in the service of US interests in the region. These Arab regimes rule by terror and fear and have at their disposal the best secret police and repressive security apparatus that the US can train and equip and which oil money and US aid can buy.

When Israeli Foreign Minister Tzipi Livni was asked point blank by al-Jazeera’s anchorman if Israel had an arrangement with Arab regimes to commit the Gaza massacres, she refused to answer and finally denied such an arrangement existed but could not help but affirm that there are those in the Arab world who "think" as Israel does and that Hamas is their enemy as it is the enemy of Israel. This is, incidentally, the same Tzipi Livni, who only a few weeks ago informed Palestinian citizens of Israel that she has slated them for denationalization and deportation to the Palestinian Bantustans once Israel and the international community grants these West Bank prisons the status of an independent Palestinian state enclosed within the apartheid wall. After her war on Palestinians in Gaza started last week, Livni declared that her war against the Palestinian people is not only about security but also about Israel’s "values" which non-collaborator Palestinians (unlike the PCA) do not share. Livni is of course right. Unlike Livni and the Israeli leadership, whose ethnic-cleansing ideals and plans are to make Israel a purely Jewish state that is Palästinenser-rein, most Palestinians believe that they should remain present on their lands even and especially if this sullies the purity of a Jewish Israel.

Livni has also asserted that Israel’s values are shared by the "free world" and by unfree Arab regimes that are allies of the "free world." We can add, that her values are also shared by Saudi-funded neoliberal Arab intellectuals and by the leadership of the Palestinian Collaborationist Authority ensconced in the Green Zone of Ramallah. The civilized values of Israel are not unlike those espoused by the US in its ongoing wars against Arabs and Muslims, and are very much like European colonial values during the high age of colonialism and beyond. Livni and the Israeli leadership speak of human rights, democracy, peace, and justice as universal while applying them only to Jews and denying them especially to Palestinians. This is hardly an Israeli ruse. Let us remember the undying words of Frantz Fanon in this regard : "leave this Europe where they never tire of talking of man, yet murder men everywhere they find them, at the corner of every one of their own streets, in all the corners of the globe."

On the Palestinian front, the term of chief Palestinian collaborator and coup leader Mahmoud Abbas ends on 9 January. Israel hopes to extend his collaborationist rule as head of the PCA it set up through the Oslo agreement in 1993. As Palestinians are murdered and injured in the thousands, world powers are cheering on. This is hardly a new development. It happens often in the context of other populations being murdered by allies of the US and Europe, and it even happened during World War II as the Nazi genocide was proceeding. On 19 April 1943, Britain and the US met in Bermuda, presumably to discuss the situation of Jews in Nazi-occupied Europe. That was also the day when the Nazis had launched their war against the remaining Jews in the Warsaw Ghetto but were met with unexpected courageous resistance. Little came out of the Bermuda Conference and the ongoing war against the Warsaw Ghetto proceeded uninterrupted. The Jewish resistance in the Warsaw Ghetto executed Jewish collaborators with the Nazis and bravely faced up to the Nazi army with what little weapons it had before being massacred. Their uprising was always inspirational to the Palestinians. In the heyday of the PLO as a symbol of Palestinian liberation, the organization would lay flower wreathes at the Warsaw Ghetto monument to honor these fallen Jewish heroes.

Szmul Zygielbojm was the leader of the Jewish socialist party, the Bund, in Poland and was part of the resistance against the Nazi invasion in 1939. He would later become a hostage held by the Nazis but would later be released and made a member of the Jewish council or judenrat, the Nazi equivalent of the Israeli-created Palestinian Collaborationist Authority, and which was charged with building a Jewish ghetto in Warsaw. Zygielbojm opposed the Nazi order and fled to Belgium, France, the US, and in 1942 ended up in London where he joined the Polish government in exile. On 12 May 1943, after he received word that the resistance in the Warsaw Ghetto was finally crushed and many of its fighters killed, Zygielbojm turned on the gas in his London flat and committed suicide in protest against the indifference and inaction of the Allies to the plight of the Jews in Nazi-occupied Europe. He also felt that he had no right to live after his comrades were killed resisting the Nazis. In his suicide letter, Zygielbojm insisted that while the Nazis were responsible for the murder of the Polish Jews, the Allies, through their inaction, were also guilty :
The latest news that has reached us from Poland makes it clear beyond any doubt that the Germans are now murdering the last remnants of the Jews in Poland with unbridled cruelty. Behind the walls of the ghetto the last act of this tragedy is now being played out.

The responsibility for the crime of the murder of the whole Jewish nationality in Poland rests first of all on those who are carrying it out, but indirectly it falls also upon the whole of humanity, on the peoples of the Allied nations and on their governments, who up to this day have not taken any real steps to halt this crime. By looking on passively upon this murder of defenseless millions, tortured children, women and men they have become partners to the responsibility ...

I cannot continue to live and to be silent while the remnants of Polish Jewry, whose representative I am, are being murdered. My comrades in the Warsaw ghetto fell with arms in their hands in the last heroic battle. I was not permitted to fall like them, together with them, but I belong with them, to their mass grave.

By my death, I wish to give expression to my most profound protest against the inaction in which the world watches and permits the destruction of the Jewish people ...
The Palestinian Collaborationist Authority that runs the judenrat set up by Oslo has never even attempted to resist Israeli orders. Not one member of the top leadership decided to resign and not serve. Mahmoud Abbas, having provided so many dishonorable services to Israel, lacks Zygielbojm’s integrity and noble principles and would never follow in Zygielbojm’s footsteps.

Meanwhile, the Palestinian people will resist the invading Israelis with all their might and against astronomical odds. The Palestinian people, like Zygielbojm before them, understand very well that Abbas, his clique, the Arab regimes, the US and Europe are all culpable in their slaughter as much as Israel is. In the case of Zygielbojm, he blamed world powers for their indifference and inaction, in the Palestinian case, world and regional powers are co-conspirators and active partners in crime.

The crushing of the Gaza Ghetto Uprising and the slaughter of its defenseless population will be relatively an easy task for the giant Israeli military machine and Israel’s sadistic political leadership. It is dealing with the aftermath of a strengthened Palestinian determination to continue to resist Israel that will prove much more difficult for Israel and its Arab allies to deal with. While the thousands of dead and injured Palestinians are the main victims of this latest Israeli terrorist war, the major political loser in all this will be Abbas and his clique of collaborators. The test for Palestinian resistance now is to continue to refuse to grant Israel the right to conquer populations, to steal their land, to destroy their livelihoods, to imprison them in ghettos, and to starve them without being resisted.

The only constant in Palestinian lives for the last century of Zionist atrocities has been resistance to the Zionist project of erasing them from the face of the earth. While Zionism sought and recruited Arab and Palestinian collaborators since its inception in the hope of crushing Palestinian resistance, neither Israel nor any of its collaborators has been able to stop it. The lesson that Zionism has refused to learn, and still refuses to learn, is that the Palestinian yearning for freedom from the Zionist yoke cannot be extinguished no matter how barbaric Israel’s crimes become. The Gaza Ghetto Uprising will mark both the latest chapter in Palestinian resistance to colonialism and the latest Israeli colonial brutality in a region whose peoples will never accept the legitimacy of a racist European colonial settlement in their midst.

Joseph Massad is associate professor of modern Arab politics and intellectual history at Columbia University in New York.