Accueil > Sociétés Civiles à Parlement Européen > Tel Aviv vire à droite

Source : ISM

Tel Aviv vire à droite

par Khaled Amayreh

lundi 8 décembre 2008

==============================================

Avec Benyamin Netanyahu largement donné comme prochain premier ministre d’Israël, l’inquiétude grandit dans les cercles palestiniens sur le sort du « processus de paix », ou ce qui en reste, sous un gouvernement israélien extrémiste. Une foule de fanatiques résolument de droite a déjà joint ou rejoint le Likud, confirmant davantage l’impression générale que le prochain gouvernement israélien soit fuira le processus de paix ou soit le rendra caduque par son intransigeance politique et l’expansion forcenée de la colonisation en Cisjordanie.

Des sondages récents ont montré que le Likud avait une avance confortable sur son principal rival, le parti Kadima, dirigé par la Ministre des Affaires Etrangères Tzipi Livni. Les mêmes sondages prédisent que le Parti Travailliste, dirigé par le Ministre de la Défense Ehud Barak, subira un « déclin historique » en ne remportant pas plus de sept sièges à la Knesset. En bref, on s’attend à ce que la prochaine Knesset israélienne ait une majorité décisive de droite.

Alors que Netanyahu surfe sur les sondages d’opinion, lui et son parti sont confrontés à un problème d’image parmi certains Israéliens moyens qui pensent, plutôt à juste titre, que le parti a dérivé du centre-droit et est en fait devenu un parti d’extrême-droite. Cette impression s’enracine dans le fait qu’une grande partie de ses membres est opposée au processus de paix ainsi qu’à la création d’un Etat palestinien en Cisjordanie. Certains d’entre eux soutiennent totalement le nettoyage ethnique des non Juifs de Palestine-Israël.

Dans ce contexte, des craintes émergent que Netanyahu soit plus influencé par le parti qu’il ne l’influence. Selon certains analystes israéliens, il pourrait recourir à la formation d’un gouvernement de coalition avec Kadima, et peut-être avec un Parti Travailliste nain, pour surmonter le problème d’image que son gouvernement s’attend à avoir, en particulier à l’étranger. Selon les analystes israéliens, le principal défi de Netanyahu sera de comment « s’en sortir » avec la nouvelle administration Obama à Washington.

On pense assez largement qu’Obama est partisan de l’Initiative de Paix arabe qui appelle au retrait israélien des territoires palestiniens occupés en 1967 et à un compromis mutuellement accepté sur le Droit au Retour des réfugiés palestiniens, en échange de la paix et de la normalisation des relations entre Israël et le monde arabe.

Netanyahu rejette avec véhémence le principe d’un retrait aux frontières du 4 juin 1967, auquel il s’est référé en maintes occasions comme aux « frontières d’Auschwitz ».

Toutefois, il est peu vraisemblable que le prochain Premier Ministre supposé d’Israël entre en conflit frontal avec l’administration Obama, à la lumière de la nature stratégique et existentielle des relations US-israéliennes, les USA étant le gardien et l’ultime allié d’Israël. Selon Shmuel Rosner, éditorialiste qui écrit souvent sur les affaires israélo-américaines, on peut raisonnablement s’attendre à ce que les relations entre l’administration Obama et le gouvernement Netanyahu soient tendues, mais non rompues.

Obama, pendant la campagne électorale présidentielle, a semble-t-il remarqué que « il n’est pas besoin d’avoir une approche pro-Likud pour être pro-Israël. » Contrairement au gouvernement Kadima, qui s’est engagé dans des pourparlers de paix avec l’Autorité Palestinienne, Netanyahu a essayé de promouvoir « une paix économique » qui n’implique pas « de concessions territoriales ».

Selon sa logique, créer de meilleures conditions économiques pour les Palestiniens les rendraient moins enclins à s’engager dans « la violence et le terrorisme » contre Israël, et plus désireux de faire un compromis sur des questions cardinales comme le sort de Jérusalem et celui des réfugiés.

Toutefois, l’idée d’une « paix économique » a suscité le dédain des Palestiniens et des Arabes en général, et la suspicion du reste du monde, dont l’Europe et l’administration US à venir. Lors des semaines récentes, Netanyahu a dit aux dignitaires étrangers en visite en Israël que « la paix économique » ne voulait pas nécessairement dire qu’Israël, sous son gouvernement, se désengagerait complètement des pourparlers de paix. Par exemple, Netanyahu a déclaré au Ministre tchèque des Affaires Etrangères Karel Schwarzenberg que des négociations diplomatiques avec l’Autorité Palestinienne « auraient lieu en même temps que des efforts pour atteindre une paix économique ».

Selon Zalman Shoval, chef du Département des Relations Etrangères au Likud, qui participait à la rencontre avec Schwarzenberg, Netanyahu a souligné que son idée de paix économique ne remplaçait pas les discussions politiques, mais était plutôt destinée à créer une base et une atmosphère positive qui améliorerait ces discussions. « Cela pourrait être le canal d’un règlement politique », a-t-il dit.

Peu d’observateurs et d’analyses en Palestine donnent à Netanyahu le bénéfice du doute. « Foutaises ! C’est un grand menteur. Il ment comme il
respire », dit le professeur Abdul-Sattar Qassem, du département de Sciences Politiques de l’Université An-Najah. « Je pense que cet homme représente le vrai sionisme, qui croit au nettoyage ethnique des non Juifs du pays. Bien sûr il a un discours doucereux pour le public occidental, mais en ce qui concerne ce qu’il pense vraiment, il n’est guère différent de Meir Kahana ».

Meir Kahana était un rabbin extrémiste juif et ancien membre de la Knesset qui plaidait pour l’expulsion totale des non Juifs de Palestine-Israël et pour la création d’une théocratie juive fondée sur les Lois Talmudiques.

Qassem dit que Netanyahu, en tant que Premier Ministre, essaiera peut-être de paraître moins extrémiste, en particulier aux Européens et aux Américains. Cependant, en réalité, il pourrait être même pire que l’ancien Premier Ministre israélien Ariel Sharon. Netanyahu s’est opposé au retrait israélien de Gaza en 2005 en démissionnant du gouvernement.

Entre temps, il y a ceux, au Likud, qui pensent que l’interminable occupation israélienne de la Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem Est n’a rien à voir avec le succès du Likud ou d’un gouvernement dirigé par le Likud. C’est la position de Beny Begin, fils du chef historique du Likud Menachem Begin, qui a rejoint le parti.

Interrogé sur ce qu’il pensait de la solution à Deux Etats, Begin a éludé la question mais a fait quelques remarques intéressantes.

« Nous n’y sommes pas encore. J’ai mes idées, d’autres ont les leurs. Mais ce sujet est sans rapport avec la situation actuelle. Un large consensus existe dans le pays sur la nécessité capitale d’avoir des forces des FID et du personnel de la sécurité générale en Judée et Samarie ».

Traduction : MR pour ISM