Accueil > Sociétés Civiles à Parlement Européen > L’ami Palestinien d’Obama

Wait and see : Obama aura-t’il entendu son ami ? (ndlr)

L’ami Palestinien d’Obama

par Akiva Eldar (version en anglais en 2è partie de l’article)

dimanche 7 décembre 2008

=========================================

Personne, à l’aéroport Ben Gourion, n’a interpelé Rachid Khalidi, professeur d’Etudes Arabes Modernes à l’Université Columbia. Il venait d’atterrir après une longue traversée en provenance de New York, et s’attendait à l’accueil traditionnellement réservé par le personnel de la sécurité de l’aéroport aux visiteurs portant des noms « suspects ». A sa grande surprise, il traversa l’aéroport comme n’importe qui, sans problèmes ni retards particuliers.

Peut-être l’information avait-elle été transmise à Ben Gourion : c’était l’ami Palestinien du nouveau président des Etats Unis, Barack Obama.

Khalidi, âgé de 60 ans, a passé trois semaines en Israël et dans les territoires [ la désignation courante est « territoires occupés », mais les sionistes préfèrent souvent omettre l’adjectif... - NdT ], n’aime guère le bruit qui entoure ses relations avec le nouveau président. Jusqu’à aujourd’hui, il a évité, à tort ou à raison, d’en parler en public.

La raison est peut-être, comme cela se voit dans l’interview qu’il m’a accordé à son hôtel à Jérusalem, au dessus de la porte de Damas, sa déception dans la façon dont son ami de Chicago traite la communauté Arabe et Islamique aux Etats-Unis.

Il se peut aussi qu’il ne se soit pas très heureux de la réponse du candidat, au cours de la compagne, à des rapports relatifs aux relations entre les deux hommes. « C’est un universitaire respecté, bien qu’il soit en profond désaccord avec beaucoup d’aspects de la politique israélienne, » avait déclaré Obama dans un commentaire largement diffusé à propos d’un épisode de la campagne datant du mois de mai, en réponse à une question concernant leurs rapports. Son porte parole avait alors pris soin d’ajouter que le futur président « avait été clair et cohérent dans son soutien à Israël. »

« Obama a été mon collègue à l’Université de Chicago, un ami de ma famille, un voisin et mon représentant de district au sénat de l’Etat d’Illinois, » déclare Khalidi. « Depuis que j’ai déménagé à New York en 2003, et qu’il a lui-même déménagé pour Washington un an plus tard, nous avons eu beaucoup moins d’occasions de rester en contacts. »

En avril, le Los Angeles Times a rapporté que, lors d’une fête d’adieux au centre communautaire Arabo-Américain une année plus tard, Obama avait observé qu’ils avaient partagé de fréquents diners et eu des conversations intéressantes, en ajoutant « J’espère que, pendant bien des années encore , nous poursuivrons cette conversation – une conversation qui est nécessaire pas seulement autour de la table à dîner de Mona et de Rachid, » mais autour « du monde entier. » L’article racontait encore qu’Obama avait déclaré qu’il espérait donner aux Palestiniens l’espoir d’une nouvelle politique américaine au proche Orient. Un autre convive avait, rapporte-t-on, établi un lien entre les colons dans les territoires [ toujours pas « occupés ? » - NdT ] et Oussama ben Laden, et déclaré que les uns et les autres étaient « aveuglés par l’idéologie. »

Le candidat républicain John Mc Cain et sa partenaire Sarah Palin s’étaient emparés de l’affaire et en avaient fait grand usage, cherchant à marquer quelques points auprès des électeurs Juifs. « Obama est l’ami d’un Palestinien qui déteste Israël, »avait proclamé Mc Cain, et Palin avait attaqué le Los Angeles Times qui avait refusé de rendre publique une bande vidéo de la fête d’adieux. Leurs collaborateurs avaient découvert qu’au cours des années 1980, alors que l’OLP était considérée comme une « organisation terroriste », Khalidi était le porte parole de l’organisation à Beyrouth.

Khalidi, généralement considéré comme le successeur du professeur Edward Saïd au sein de l’intelligentsia Palestinienne, a étudié et enseigné pendant 12 ans, jusqu’en 1983, à l’Université Américaine à Beyrouth, au sein de l’Institut d’Etudes Palestiniennes de cette université. S’il entretenait en effet des relations avec des journalistes étrangers, il n’a jamais été porte parole de l’OLP. Plus tard, entre le sommet de Madrid à fin 19991 et les accords d’Oslo en 1993, Fayçal Husseini fit en sorte que Khalidi soit ajouté, en qualité de consultant, à la délégation Palestinienne au sommet de Madrid et aux entretiens bilatéraux avec l’équipe israélienne dirigée par Elyakim Rubinstein. C’est là que Khalidi s’est fait une opinion sur le médiateur Américain Dennis Ross, qui est aujourd’hui un des conseillers d’Obama. C’est à lui que fait allusions Khalidi lorsqu’il déclare dans l’interview qu’il espère que le nouveau président ne ramènera pas les mêmes personnes, qui ont contribué à l’échec du processus de paix à ce moment. Khalidi n’a pas davantage été enthousiasmé par la nouvelle qu’Obama a désigné Hillary Clinton comme Secrétaire d’Etat. Le soutien indéfectible apporté par Clinton à Israël, aux jours les plus sombres de l’Intifada en a fait une personnalité adorée par le communauté Juive et l’a éloignée de la communauté Palestinienne.

La campagne d’Obama a continué en contre attaquant McCain-Palin : c’était là encore une tentative de recycler d’anciennes controverses et de détourner l’attention du public du fait que McCain soutenait la politique économique de Bush. Le porte parole d’Obama suggéra qu’au lieu de s’en prendre aux prétendus doubles standards des média, McCain devrait expliquer pourquoi, pendant la période où il présidait l’Institut Républicain International, il avait pendant des années aidé à financer le Centre d’Etudes et de Recherches Palestiniennes, une organisation qui a parrainé certains des cours de Khalidi et publié certains de ses travaux.

Khalidi, qui désirait la victoire du candidat démocrate noir, a adopté un profil bas et évité les média. Rejeton d’une famille de responsables politiques, il est particulièrement familier avec l’art de traverser des eaux pareillement incertaines. Son arbre de famille, du côté de son père, remonte au-delà du 15ième siècle. Il dit qu’il est fort possible que certains de ses ancêtres, qui étaient de hauts magistrats, au Caire, au cours de la période Mamelouke, soient enterrés dans le cimetière musulman de la zone de Mamila (le site choisi pour installer le nouveau Musée de la Tolérance) . Son oncle était maire de Jérusalem de 1935 à1937, jusqu’à ce qu’il ait été déposé par les autorités du mandat britannique et exilé aux Seychelles. Dans les années 50, son oncle a été nommé ministre des Affaires Etrangères de Jordanie et, pendant une brève période, fut également premier ministre du roi Husseïn.

Khalidi, qui est marié et a un petit-fils, parle avec élégance et fermeté. Il est né à New York en novembre 1948. Son père, qui était alors étudiant, a épousé une libanaise et a mené une carrière diplomatique en qualité de fonctionnaire international au secrétariat des Nations Unies. Après son retour de Beyrouth, Rachid Khalidi s’est acquis une place respectable au sein de l’élite intellectuelle Palestinienne, aux côtés du professeur Edwrd Saïd, de Walid Khalidi (son cousin), et d’Ibrahim Abou Lughod. Son livre « Assiégés : Les Prises de Décisions à l’OLP au cours de la Guerre de 1982 », a été traduit en hébreu et publié par Ma’arachot Press. Il occupe aujourd’hui la chaire Edward Saïd d’Etudes Arabes Modernes à l’Université Columbia, où il a été pendant 5 ans directeur de l’Institut du Proche Orient, avant de s’en retirer l’an dernier. En 2006, il a publié son dernier ouvrage « La Cage de Fer : Histoire de la Lutte Palestinienne pour un Etat » (Beacon Press).

Question : Après vous être promené pendant deux semaines, et alors que vous n’étiez pas venu depuis si longtemps, quelles sortes de changements avez-vous ressenti dans la société Palestinienne ?

Réponse : « Il serait présomptueux de ma part, après deux ans d’absence, et sans avoir été en mesure de me rendre à Gaza, de me prononcer à ce sujet. Je vais néanmoins vous donner quelques impressions. Je ressens une colère encore plus forte qu’auparavant à Jérusalem, provoquée par l’étranglement systématique de la ville qui se voit coupée de son arrière pays Cisjordanien, par la pressions incessante de nouvelles citadelles de colons, et par le refus de fournir un niveau minimum de services municipaux de base aux quartiers Arabes. Il suffit de comparer l’état misérable des routes, ou des écoles, ou des parcs, à Jérusalem Est, avec ceux de l’Ouest. D’un point de vue plus général, je ressens une énorme frustration populaire et un énorme dégoût à l’égard des deux ailes de la direction nationale, le Fatah et le Hamas. Malgré cette crise au niveau politique, il y a un dynamisme, une ingéniosité, et une vitalité irrépressibles dans l’économie et la société Palestiniennes, que ce soit en Cisjordanie, à Gaza, à Jérusalem Est ou dans la communauté Palestinienne à l’intérieur d’Israël ; C’est là la force fondamentale du peuple Palestinien : c’est comme l’eau qu’on ne peut pas retenir par un barrage, car elle trouvera un chemin pour passer. Cette résilience est là quels que soient les raffinements que l’occupant imagine pour torturer son captif. »

Question :Croyez-vous que l’actuelle direction de OLP sera capable de parvenir à un accord avec Israël sur une solution à deux-états qui sera acceptée pae le peuple Palestinien ?

Réponse :« L’actuelle direction de l’OLP ne représente pas réellement l’entièreté du peuple Palestinien, et ne la représentera jamais, jusqu’à ce qu’elle réalise un compromis historique avec l’autre aile du mouvement national Palestinien, et jusqu’à ce qu’une direction renouvelée, unifiée, puisse se mettre d’accord sur des objectifs nationaux minima et une stratégie, quels qu’ils soient. Ceci exige de résister aux pressions, internes et externes, qui s’efforcent de maintenir la division entre les Palestiniens. Ce n’est que s’ils sont unis que les Palestiniens ont une chance de parvenir à leurs objectifs nationaux. Ensuite, afin d’être contraignant et légitime, tout accord qui pourrait être atteint doit être soumis à un référendum auprès de la totalité du peuple Palestinien, à l’intérieur et à l’extérieur du pays.

Question :Comment voyez-vous l’avenir des territoires Palestiniens ?

Réponse :« Aussi bien le régime d’occupation que l’entreprise d’implantations se sont renforcées en permanence depuis le début du processus de négociations en 1991 – après avoir été affaiblis par la première intifada. Ces processus jumeaux sont passés à une croissance gonflée aux stéroïdes après le début de la seconde intifada en 2000. Si ces deux entreprises qui fonctionnent selon le modèle du bulldozer ne font pas très rapidement marche arrière – pas arrêtées, mais mis en marche arrière – alors il n’y a aucune possibilité pour une solution à deux états, quelle qu’elle soit. Ces processus – la consécration du régime d’occupation et l’expansion des implantations – se sont poursuivis pendant 42 ans. Il me semble déjà aujourd’hui qu’à cause d’eux, combinés à l’aveuglement des dirigeants israéliens et à la faiblesse de la direction Palestinienne, il y a bien peu de chances qu’une solution à deux états puisse être mise en oeuvre. Et quiconque veut véritablement mettre en oeuvre une solution à deux états réelle et équitable doit expliquer en détail comment il va démanteler la totalité ou la grande majorité des implantations. Il sera tout aussi difficile de vaincre le puissant complexe de forces interdépendantes de la société israélienne qui ont des intérêts étendus, sur le plan matériel, sur le plan bureaucratique, sur le plan politique, sur le plan idéologique, dans la poursuite du contrôle de l’état israélien sur la vie de 3,5 millions de Palestiniens, un contrôle qui s’exerce sous le prétexte de la sécurité. »

Question :Vous, qui avez longtemps participé à l’élaboration de la politique de l’OLP et plus généralement de la Palestine, que pouvez-vous dire de l’actuelle direction Palestinienne ?

Réponse : « Le peuple Palestinien n’a certainement pas toujours eu la direction qu’il méritait. Israêl a fait empirer cet état de chose en liquidant systématiquement les leaders Palestiniens – en général les plus efficaces et les plus intelligents d’entre eux – depuis le début des années 70 ; Plusieurs régimes Arabes ont également joué un rôle en assassinant des dirigeants essentiels de l’OLP. Les historiens ont relevé des efforts allant dans le même sens de la part du mouvement sioniste à la fin des années 30 et au cours des années 40.

« Cela dit, la direction actuelle me semble défaillante à plusieurs égards, et ne paraît certainement pas à la hauteur de sa tâche. L’heure a sonné d’un renouvellement global de la direction Palestinienne, et du remplacement des quelques membres qui restent de la génération des fondateurs du mouvement national Palestinien moderne et de leur entourage par des individus plus jeunes avec des idées neuves. Ceci exige un effort majeur pour regarder en face l’échec politique des dirigeants actuels des deux factions principales factions, et de trouver de nouvelles approches aux problèmes graves auxquels le peuple Palestinien est confronté. »

Question : Comment jugez-vous les huit années qui viennent de s’écouler de conduite des Etats Unis au Proche Orient et spécifiquement du conflit israélo-palestinien ?

Réponse : « Cela a été catastrophique. Cela a rendu pire une situation déjà mauvaise, cela a déconsidéré la démocratie dans toute la région en participant au sabotage des résultats des élections Palestiniennes de 2006, en jouant un rôle majeur dans la scission au sein du mouvement national Palestinien, et en aidant Israël à s’enfoncer plus profondément encore dans le trou d’une occupation permanente. Quant aux autres politiques insensées de cette administration au Proche Orient, comme l’occupation de l’Iraq, la « guerre froide » avec l’Iran et la Syrie, les encouragements donnés au conflit Sunnites-Chiites dans la région, non seulement toutes ont été négatives en et par elles-mêmes, mais elles ont eu un effet profondément nocif sur le conflit entre Israël et les Palestiniens. Beaucoup d’historiens américains disent que George W. Bush a peut-être été le plus mauvais président de l’histoire des Etats Unis, mais son impact sur la région du Proche Orient est très proche d’un désastre. »

Question : Qu’attendez-vous de l’administration de Barack Obama pour le Proche Orient, Pensez-vous qu’il respectera sa promesse de mettre ce problème en tête de son agenda ?

Réponse : « Je n’ai pas d’informations particulières. Je crois effectivement que le président élu prend ce problème très au sérieux, et lui accordera toute son attention. Nous sommes cependant obsédés par nos propres problèmes, et nous ne pouvons ignorer le fait qu’il est confronté à la crise économique la plus grande et la plus globale qu’aient connu les Etats Unis depuis 1929, et qu’il doit nécessairement lui donner la première priorité.

« Dans tous les cas, beaucoup dépendra du choix des personnes choisies pour les postes clés liés au Proche Orient. Si certains des partisans des façons de penser conventionnelles, sans imagination, avec leur esprit fermé et leur parti pris, qui portent une part essentielle de la responsabilité pour la situation désastreuse où nous sommes depuis 20 ans – depuis les administrations Reagan et George H. Bush jusqu’à celle de Clinton, avant même que George W. Bush n’ait fait encore empirer les choses - si certains de ceux-là, donc, sont nommés à des postes importants, mes espérances seront très faibles.

« J’ai été impliqué dans des négociations comme conseiller de la délégation Palestinienne depuis Madrid en 1991 jusqu’en juin 1993, avant Oslo. Les officiels américains qui ont aidé à mettre les Palestiniens et les israéliens dans le désastre où ils pataugent, en raison d’un processus de négociations gravement fautif, et en raison du lâche refus de s’opposer de face à l’occupation et aux implantations, lorsque cela aurait été considérablement plus facile qu’au cours des années 1980 et 1990, ceux-là ne méritent certainement pas qu’on leur donne encore une nouvelle chance de démolir l’avenir des peuples de la région. »

Question : Est-il possible qu’Obama sauve la solution à deux états, ou bien est-il trop tard ? Que pourriez-vous proposer pour parvenir à ce résultat ?

« Il est peut-être déjà trop tard, comme je l’ai dit auparavant ; La nouvelle administration devrait imposer au gouvernement israélien de faire machine arrière sur le double bulldozer de l’occupation et des implantations. Ceci implique de mettre à bas des murs et des barrières à l’intérieur des territoires occupés, qui séparent des Palestiniens d’autres Palestiniens, et de permettre la liberté de mouvement au lieu de restreindre la population à des routes inférieures séparées. Ceci implique d’en finir avec les confiscations de terres et la construction de nouvelles unités d’habitation pour les colons partout dans les territoires occupés, et la restitution, à la population de ces territoires, de la terre qui leur a été volée sou toutes sortes de prétextes ’légaux’ ou sans même avancer de prétexte. Au total, cela signifie d’en finir avec le contrôle de sécurité israélien sur les territoires occupés, et la mise au rancart de toute la structure de domination de régime d’occupation qui n’a cessé de s’enraciner toujours plus profondément depuis 41 ans ;

Réponse : « Mener à bien une telle tâche demanderait beaucoup au capital politique du nouveau président. Malgré la signification immense de la victoire de Barack Obama par rapport à l’histoire et à la politique américaine, je ne pense pas que les choses aient nécessairement changé au niveau de l’équilibre des forces en ce qui concerne les problèmes israélo-Palestiniens. C’est cet équilibre de forces qui est et qui a été pendant longtemps le principal obstacle au progrès vers la fin de l’occupation et des implantations, et la venue de la paix. »

Question : Etes-vous déçu des intellectuels israéliens et du camp de la paix ?

Réponse : « Je respecte ce que font beaucoup de groupes et d’individus israéliens. Cependant, leurs efforts ne sont pas suffisants dans la perspective qui menace, celle d’une occupation permanente, et de la continuation pour une durée indéterminée de ce qui se passe aujourd’hui. C’est, de facto, une solution à un état, dans laquelle l’état d’Israël règne sur l’entièreté de la Palestine mandataire et sur plus de 5 millions de Palestiniens, dont la plupart n’ont pas le moindre droit dans le système politique qui prend toutes les décisions importantes, la politique israélienne. Bien que la responsabilité d’Israël dans cette situation soit écrasante, les efforts des Palestiniens et des autres pays ont été très insuffisants, et nous allons être tous affectés par le résultat, de sorte que nous avons tous une responsabilité urgente pour agir. Plus immédiatement, prendre pour cible une population civile de 1,5 millions d’habitants dans la bande de gaza en organisant leur faim , leurs privations, leur emprisonnement de fait, quelle que soit la nature de leurs dirigeants, est criminel et constitue une violation du droit international, comme le sont toutes les attaques contre les populations civiles, qu’elles soient Juives ou Arabes – et c’est là quelque chose que je n’ai cessé de répéter dans des discussions ici. Que les gens, à Tel Aviv, à Ramallah, dans les payx Arabes, ou dans les capitales du monde, puissent rester silencieux alors que les Gazaouis sont punis à cette échelle passe l’imagination. »

Question : Qu’avez-vous appris de l’affaire politico-médiatique qui a concerné vos relations avec Obama ?

Réponse : « Cela a prouvé une fois de plus qu’être d’origine Palestinienne et d’être publiquement opposé à l’occupation et critique à l’égard de la politique des Etats Unis conduit à être publiquement diffamé en qualité de ’terroriste’. Cela montre la persistance de tendances McCarthystes dans les media et la politique américaines. Cela a également réaffirmé que les Arabes, les musulmans, et plus particulièrement les Palestiniens sont toujours « l’autre » dans la société américaine. A l’exception des Afro-américains, le pourcentage d’électeurs qui se sont prononcés pour Obama est plus élevé chez les Arabo-américains que dans tout autre groupe ethnique, et ils ont je crois voté massivement, et pourtant ils sont toujours rejetés sur les côtés, parfois même au sens littéral. Par exemple, deux femmes arabo-américaine portant le hijab ont été précipitamment ôtées du champ de la caméra à un rallye pro-Obama au cours de l’élection. Obama n’a pas rendu visite à une seule mosquée ou à un seul centre communautaire pendant les deux années de sa campagne, et il n’a jamais mentionné d’arabo-américains, ou d’américains de religion musulmane dans ses discours. Quelles qu’aient pu être les « raisons politiques stratégiques » de ces choix, ils montrent dans quelle atmosphère nous vivons aux USA.

« Cette situation est liée à la question de savoir s’il est possible de créer, aux Etats Unis, une politique du Proche Orient qui s’occupe d’Israël -et particulièrement de la droite israélienne- ainsi que des préoccupations de forces puissantes, comme le lobby pro-israélien, qui sont alliées à la droite israélienne, mais ne s’occupe en aucune façon des arabo-américains ou des américains musulmans. Une telle politique est basée sur les opinions, sur « l’expertise » et les alliances de familiers du monde de Washington qui ne connaissent à peu près rien des réalités complexes de la région, et qui sont surtout ouverts aux préoccupations israéliennes. Tout comme l’administration Obama aspire à refléter le pays tout entier dans sa diversité, il conviendrait que l’élaboration de sa politique pour le Proche Orient reflète un ensemble complet des intérêts et des préoccupations, et pas seulement de ceux d’une marge étroite de la population. »

Question : Pensez-vous que des groupes comme J-street et les peacenik arabo-américains peuvent contenir l’AIPAC et les organisations Juives de droite ?

Réponse : « Il semble qu’ils aient commencé à gagner un peu de terrain. Il est nécessaire qu’ils convainquent les politiciens américains, et tout particulièrement les Démocrates, que pour ce qui est d’Israël et de la Palestine, les dirigeants des principales institutions de l’establishment judéo-américain, et particulièrement l’AIPAC, ne reflètent pas les vues de la majorité des judéo-américains. En fait, les position agressives (hawkish) de la plupart de ces leaders sont beaucoup plus proches de celles des 24% de cette communauté qui ont voté pour McCain que des 76% qui on voté pour Obama

« Les arabo-américains ont bien entendu un long chemin à faire avant d’avoir une influence significative, bien que cela ait déjà commencé au niveau local dans certains états. C’est encore très largement une communauté d’immigrants de la première génération, bien que de plus en plus de jeunes soient nés, et élevés, aux Etats Unis, et qu’ils soient appelés à jouer un rôle politique bien plus considérable que leurs aînés. Une partie du problème est que le spectre des opinions qui est acceptable aux Etats Unis est beaucoup plus étroit que celui qui s’exprime dans la politique et les média en Israël, ou n’importe où ailleurs. Et le niveau général d’ignorance, aux Etats Unis, pour ce qui est des réalités du Proche Orient, en raison en partie du bombardement permanent de la propagande, est plus élevé que partout ailleurs au monde. »

Question : En tant qu’historien, dites nous pourquoi Oslo a échoué et pourquoi il semble que notre conflit aboutisse à une impasse finale

Réponse : « Oslo était condamné à l’échec pour plusieurs raisons. Cela n’a jamais été un accord entre des égaux, donnant un état et l’autodétermination aux Palestiniens, et l’objectif n’était pas qu’il permette une telle issue, quelles qu’aient pu être les illusions palestiniennes à cet égard. Oslo n’a jamsi abordé les problèmes fondamentaux entre les deux parties – Jérusalem, les réfugiés, la terre, les frontières, la souveraineté, et l’eau – et n’a pas réussi à faire cesser les implantations ni à mettre un terme à l’occupation. C’était un accord qui, en vérité, permettait à un des deux côtés de manger le gâteau que les deux étaient supposés partager à l’issue de la négociation. En fait, la décennie de négociations qui ont commencé avec Madrid ont vu un doublement de la population des colons, la mise en oeuvre de plans visant à partager la Cisjordanie en plusieurs cantons, et la consécration et le renforcement du régime d’occupation. L’intifada de 2000 a alors donné un prétexte à Sharon pour accélérer des processus déjà en cours.

« Mais en histoire, rien n’est définitif. La situation actuelle est fondamentalement instable, et les Palestiniens sont soumis à des pressions intolérables. Ces pressions, un jour ou l’autre, produiront des réactions, à moins d’être relâchées. Le mouvement national Palestinien vit actuellement une éclipse, mais cela est déjà arrivé dans le passé. Il est difficile de dire ce qui va advenir par la suite, mais les 60 ans écoulés ont montré une société Palestinienne, que ce soit la partie de cette société qui est restée en 1948, ou celle qui vit actuellement sous occupation, ou celle de la diaspora, douée d’une énorme vitalité et d’une capacité remarquable à se re-tricoter et à résister à des pressions énormes. Voyez les Palestiniens au Liban, qui ont souffert et souffrent encore plus qu’aucun segment de la société Palestinienne, à l’exception des gens de Gaza ; Malgré les atrocités régulières dont ils sont victimes , malgré leurs nombreux ennemis extérieurs, et les terribles erreurs et les échecs de la direction politique, ils réussissent, comme les Gazaouis, à maintenir leur cohésion sociale dans des conditions d’une incroyable difficulté. »

****************************

et voici l’article en anglais :

****************************

Fri., December 05, 2008 Kislev 8, 5769

Obama’s Palestinian friend

By Akiva Eldar

Tags : Barack Obama, Palestinians

No one stopped Rashid Khalidi, the Columbia University professor of Modern Arab Studies, at Ben-Gurion airport. Having just landed after the long flight from New York, the professor was anticipating the traditional reception from airport security personnel reserved for visitors with "suspicious" names. To his surprise, he entered the airport like anyone else, with no problems or delays. Perhaps word had gotten around at Ben-Gurion that he was the Palestinian friend of United States President-elect Barack Obama.

Khalidi, 60, who spent three weeks in Israel and the territories before continuing on to Beirut this week, doesn’t like all the fuss surrounding his relationship with the president-elect. Up to now, he had avoided speaking about it publicly, for better or worse. The reason may be, as reflected in my interview with him at his hotel in Jerusalem, overlooking Damascus Gate, his disappointment in his Chicago friend’s treatment of the Arab and Islamic community in the United States. Or maybe it’s also discomfort with the Democratic candidate’s response during the campaign to reports about the ties between them. "He is a respected scholar, although he vehemently disagrees with a lot of Israel’s policy," said Obama in a widely publicized comment from a May campaign event, in response to a question about their relationship. His spokesman made certain to add that the president-elect has been "clear and consistent on his support for Israel."

"Obama was my colleague at the University of Chicago, a family friend, neighbor and my district representative in the Illinois State Senate," says Khalidi. "Since I moved to New York in 2003 and he moved to Washington a year later, we’ve had much less opportunity to remain in contact." In April, The Los Angeles Times reported that, at the farewell party at an Arab-American community center, Obama noted that they had shared frequent dinners and interesting conversations, adding, "I’m hoping that, for many years to come, we continue that conversation - a conversation that is necessary not just around Mona and Rashid’s dinner table," but around "this entire world." The article further related that Obama said he hoped to give the Palestinians hope with a new American policy in the Middle East. Another one of the guests reportedly likened the settlers in the territories to Osama bin Laden, asserting that both are "blinded by ideology."

Republican presidential candidate John McCain and his running mate, Sarah Palin, took the story and ran with it, seeking to score some points with Jewish voters. "Obama is a friend of a Palestinian hater of Israel," proclaimed McCain. Palin attacked The Los Angeles Times for refusing to make public a videotape of the farewell party. Their people "discovered" that, during the 1980s, when the Palestine Liberation Organization (PLO) was considered a "terror organization," Khalidi was the organization’s spokesman in Beirut.

Khalidi, considered the successor to Prof. Edward Said among the Palestinian intelligentsia, studied and taught for 12 years, until 1983, at the American University of Beirut and the Institute for Palestinian Studies there. While he did maintain connections with foreign reporters, he was never a PLO spokesman. Later on, between the Madrid summit in late 1991 and the Oslo Accords in September 1993, Faisal Husseini got Khalidi added as a consultant to the Palestinian delegation to the Madrid summit and to the bilateral talks with the Israeli team, headed by Elyakim Rubinstein. That was when Khalidi formed his opinion of the coordinator - the U.S. mediator Dennis Ross, who is one of Obama’s advisors on foreign affairs. Khalidi alludes to him when he says in the interview that he hopes the new president will not bring back the same people who contributed to the failure of the peace process here. Nor was Khalidi thrilled to hear that Obama has appointed Hillary Clinton as Secretary of State. Clinton’s courting of Israel during the darkest days of the intifada made her a darling of the Jewish community and distanced her from the Palestinian community.

Obama’s campaign went on the counterattack against McCain-Palin : This is yet another attempt, they said, to recycle controversy and divert public attention from the fact that McCain supports Bush’s economic policies. Obama’s spokesman suggested that instead of berating the media’s supposed double standards, McCain ought to explain why, during the time he was chairman of the International Republican Institute, for years it helped fund the Center for Palestine Research and Studies, an organization that sponsored some of Khalidi’s lectures and published some of his work.

Khalidi, who wanted the black Democratic candidate to win, kept his head down and avoided the media. As the son of a political family, he is adept at swimming in such murky waters. His family tree in Jerusalem on his father’s side dates back at least to the 15th century. He says it’s quite likely that some of his ancestors, who were Chief Judges in Cairo during the Mameluke period, are buried in the Muslim cemetery in the Mamila area (the designated site of the new Museum of Tolerance). His uncle was the mayor of Jerusalem from 1935 to 1937, until he was deposed by the British Mandate authorities and exiled to the Seychelles. In the 1950s, the uncle was appointed foreign minister of Jordan and, for a brief time, also served as prime minister under King Hussein.

Khalidi, who is married and has one grandchild, speaks with eloquence and firmness. He was born in New York in November 1948. His father, a university student at the time, married a woman from Lebanon and developed a diplomatic career as an international civil servant working in the UN Secretariat. After his return from Beirut, Rashid Khalidi earned a place of honor among the Palestinian intellectual elite, alongside professors Edward Said, Walid Khalidi (his cousin) and Ibrahim Abu Lughod. His book Under Siege : PLO Decisionmaking during the 1982 War, was translated into Hebrew and published by Ma’arachot Press. He is the Edward Said Professor of Modern Arab Studies at Columbia University and served as the Director of the Middle East Institute there for five years, before stepping down last year. In 2006, he published his most recent book, "The Iron Cage : The Story of the Palestinian Struggle for Statehood" (Beacon Press).

After being around for about two weeks, after quite a long time away, what kinds of changes have you sensed in Palestinian society ?

"It would be presumptuous of me, after an absence of over two years, and not having been able to go to Gaza, to pronounce myself on this subject. I will give some impressions nevertheless. I sense even greater anger than before in Jerusalem at the systematic choking off of the city from its West Bank hinterland, the unceasing pressure of new settler strongholds and property expropriations, and the denial of a minimal level of basic municipal services to Arab neighborhoods. Just compare the miserable state of the roads or the schools or the parks in East Jerusalem to those in the West. On a broader level, I detect enormous popular frustration and disgust with both wings of the national leadership, Fatah and Hamas. In spite of this crisis at the political level, there is an irrepressible dynamism, ingenuity and vitality in the Palestinian economy and society, whether in the West Bank, Gaza, East Jerusalem or the Palestinian community inside Israel. This is the underlying strength of the Palestinian people : it is like water that cannot be dammed up, but finds a way to get through. This resilience is there no matter what new refinements the occupier devises to torture his captive."

Do you believe that the current PLO leadership will be able to cut a deal with Israel on a two-state solution that will be accepted by the Palestinian people ?

"The current PLO leadership does not and will not properly represent the entire Palestinian people until it can achieve a historic compromise with the other wing of the Palestinian national movement, and until a renewed, unified leadership can agree on minimal national goals and a strategy, whatever they are. This requires resisting the internal and external pressures that are intent on keeping the Palestinians divided. Only if they are unified do the Palestinians have a chance of achieving their national goals. Thereafter, to be binding and legitimate, any agreement that might be reached would have to be submitted to a referendum of the entire Palestinian people, inside and outside the country."

How do you see the future of the Palestinian territories ?

"Both the occupation regime and the settlement enterprise have gotten constantly stronger since the negotiating process began in 1991 - after being weakened by the first intifada. These twin processes went on steroids after the second intifada started in 2000. If these two bulldozer-like endeavors are not rapidly reversed - not halted, reversed - then there is no possibility whatsoever of a two-state solution. These processes - the consecration of the occupation regime and the expansion of settlements - have been ongoing for 41 years. I suspect that because of them, combined with the blindness of Israeli leaders and the weakness of Palestinian leadership, there is little chance for a two-state solution to be implemented. And anyone who wants to implement a real, equitable two-state solution would have to explain in detail how they would uproot all or most of the settlements. Equally difficult will be overcoming the powerful interlocking complex of forces in Israeli society that have extensive material, bureaucratic, political and ideological interests in the Israeli state’s continued control over the lives of 3.5 million Palestinians, a control that is exercised under the pretext of security."

As someone who has long been involved with the PLO and Palestinian politics, what can you say about the current Palestinian leadership ?

"The Palestinian people have certainly not always had the leadership they deserved. Israel worsened this situation by systematically liquidating Palestinian leaders - generally the most effective and intelligent among them - going back to the early 1970s. Several Arab regimes also played a part by assassinating key PLO leaders. Historians have pointed to similar efforts by the Zionist movement in the late 1930s and 1940s.

"That said, the current leadership seems to me to be lacking in several respects, and certainly does not seem up to the difficult tasks at hand. It is time for a wholesale renewal of the Palestinian leadership, and the replacement of the few remaining members of the founding generation of the modern Palestinian national movement and their entourage with younger individuals with new ideas. This requires a major effort to confront the failed policies of the current leaders of both major factions, and to find new approaches to the grave problems the Palestinian people face."

How do you assess the last eight years of U.S. conduct in the Middle East and specifically in the Israeli-Palestinian conflict ?

"It has been catastrophic. It made a bad situation worse, undermined democracy all over the region by helping to sabotage the results of the 2006 Palestinian elections, played a major role in splitting the Palestinian national movement, and helped Israel dig itself even deeper into the hole of a permanent occupation. The administration’s other foolish Middle East policies, like the occupation of Iraq, the ’cold war’ with Iran and Syria, and encouraging Sunni-Shi’ite conflict in the region, have all been negative in and of themselves, but they also had a profoundly harmful effect on the conflict between Israel and the Palestinians. Many American historians say George W. Bush may have been the worst president in American history, but his impact on this region has certainly been little short of a disaster."

What are your expectations of Barack Obama’s administration in the Middle East ? Do you believe he will stick to his promise to put it at the top of his agenda ?

"I have no special insight. I do believe that the president-elect takes this problem very seriously, and will give it his attention. Obsessed as we are with our own issues, however, we should not ignore the fact that he faces the greatest American and global economic crisis since 1929, and must necessarily give that priority.

"In any case, much will depend on who is chosen for the key positions relating to the Middle East. If some of the unimaginative, close-minded and biased advocates of conventional thinking who bear a major share of the responsibility for the mess we have been in for over 20 years - from the Reagan and George H.W. Bush administrations to that of Clinton, even before George W. Bush made things even worse - are appointed to important posts, my expectations will be low. I was involved in the negotiations as an advisor to the Palestinian delegation from Madrid in 1991 until June 1993, before Oslo. Those American officials who helped get the Palestinians and Israelis into the mess they are in via a deeply flawed negotiating process, and a cowardly refusal to confront occupation and settlement head-on when it would have been far easier to do in the 1980s and 1990s, do not deserve another chance to ruin the future of the peoples of this region."

Can Obama save the two-state solution, or is it too late ? What would you suggest he could do in order to accomplish this ?

"It may well be too late, as I have said. The new administration would have to prevail on the Israeli government to put into reverse the twin bulldozers of occupation and settlement. This would mean removing walls and barriers inside the occupied territories that separate Palestinians from Palestinians and allowing free movement instead of restricting the population to segregated inferior roads. It would mean ending land confiscation and the building of new residential units for settlers all over the occupied territories, and the return to the population of these territories of the land stolen from them on various ’legal’ pretexts or without a pretext at all. In sum, it means ending Israeli security control over the occupied territories, and scrapping the whole overarching structure of the occupation regime that has constantly grown more deeply rooted for 41 years.

"Doing this would require a lot of the new president’s political capital. Despite the immense significance of Barack Obama’s victory in terms of American history and politics, I do not think things have necessarily changed in terms of the balance of forces in Washington where Israel/Palestine issues are concerned. This balance of forces is and has long been an obstacle to progress toward ending occupation and settlement and achieving peace."

Are you disappointed with Israeli intellectuals and the peace camp ?

"I respect what many Israeli groups and individuals do. However, their efforts are insufficient in light of the looming prospect of a permanent occupation and the continuation into the indefinite future of what exists today. This is a de facto one-state solution, wherein the State of Israel rules over the entirety of Mandatory Palestine and over more than 5 million Palestinians, most of whom have no rights at all in the polity that takes all the important decisions, the Israeli polity. Although the responsibility of Israel in this matter is paramount, the efforts of Palestinians and of outsiders have been insufficient as well, and we will all be affected by such an outcome, so we all have an urgent responsibility to act. More immediately, targeting a civilian population of 1.5 million people of the Gaza Strip with hunger, deprivation and effective imprisonment, whatever the nature of their leaders, is criminal and is a violation of international law, as are all attacks on civilian populations, Jewish or Arab - something I have said repeatedly in talks here. That people, whether in Tel Aviv, Ramallah, the Arab countries, or the capitals of the world, can remain silent while Gazans are punished on this scale is beyond belief."

What have you learned from the political-media affair in regard to your relations with Obama ?

"It proved once again that to be of Palestinian origin and to be publicly opposed to the occupation and critical of U.S. policy is grounds for public defamation as a ’terrorist.’ It attests to the survival of McCarthyite tendencies in the U.S. media and politics. It also reaffirmed that Arabs, Muslims and Palestinians specifically are still the ’other’ in American society. A higher percentage of Arab-Americans voted for Obama than any other ethnic group besides African-Americans, and they voted in record numbers too, I believe, and yet they are still pushed aside, almost literally. For instance, two Arab-American women in hijab were removed from the camera’s gaze at one of Obama’s rallies during the election. Obama did not visit one mosque or Arab community center throughout the entire two-year campaign, and he never mentioned Arab- or Muslim-Americans in his speeches. Whatever may have been the ’strategic’ political reasons for these actions, they show the kind of atmosphere we in the U.S. live in.

"This situation is linked to the problematic notion that it is acceptable to create a U.S. Middle East policy which caters to Israel - and specifically to the Israeli right - and to the concerns of powerful forces like the Israel lobby that are allied to the Israeli right, but hardly at all to Arab- and Muslim-Americans. Such a policy is based on the opinions, ’expertise’ and allegiances of Washington insiders who are not knowledgeable about all the complex realities of the region, and are mainly sensitive to Israeli concerns. Just as an Obama administration aspires to reflect the entire country in all its diversity, so should its Middle East policy-making reflect a comprehensive set of interests and concerns, and not just one narrow range of them."

Do you believe that J-street and Arab-American peaceniks can contain AIPAC and Jewish right-wing organizations ?

"They appear to have begun to make some headway. They need to convince American politicians, Democrats in particular, that where Israel and Palestine are concerned, leaders of the main institutions of the American Jewish establishment, notably AIPAC, do not represent the views of the majority of the American Jewish community. In fact, the hawkish views of most of these leaders are far closer to those of the 24 percent of that community who voted for McCain than they are to the 76 percent who voted for Obama.

"Arab-Americans of course have a long way to go before they have significant influence, although this is already beginning on the local level in some states. This is still largely a first-generation immigrant community, although more and more of the young have been born, brought up, and educated in the U.S., and will play a much larger political role than their elders. Part of the problem is that the range of opinions that is permissible in the United States is far narrower than those voiced in politics and the media in Israel, or anywhere else. And the general level of ignorance in the U.S. about Middle Eastern realities, in part due to the unceasing propaganda bombardment, is higher than any place in the world."

As an historian - why did Oslo fail and why does it look like our conflict is reaching a final deadlock ?

"Oslo was doomed to fail for several reasons. It was never an agreement between equals, granting statehood and self-determination to the Palestinians, nor was it intended to allow that outcome, Palestinian illusions about it notwithstanding. It did not deal with the key issues between the two sides - Jerusalem, refugees, land, borders, sovereignty and water - and failed to halt settlement or end the occupation. It was an agreement that in effect allowed one side to continue eating the pie that the two were supposed to negotiate over dividing. Indeed, the decade of negotiations that began with Madrid saw a doubling of the settler population, the implementation of plans to parcel up the West Bank into cantons, and the consecration and strengthening of the occupation regime. The 2000 intifada then gave [former Prime Minister Ariel] Sharon a chance to accelerate those already ongoing processes.

"There is no such thing as ’final’ in history. The current situation is inherently unstable, with intolerable pressure being put on the Palestinians. This pressure will sooner or later produce a reaction, unless it is relieved. The Palestinian national movement is currently in eclipse, as has happened before. Who can say what will come next, but the past 60 years have shown that Palestinian society, whether the part that remained behind in the Jewish state in 1948, or that currently under occupation, or that in the diaspora, has shown enormous vitality and a remarkable capacity to re-knit itself and resist enormous pressure. Look at the Palestinians in Lebanon, who have suffered and suffer more than any segment of Palestinian society, except the people of Gaza. In spite of the serial atrocities committed against them, the multiple external foes they have faced, and the many terrible mistakes and failures of the political leadership, like the Gazans they manage to maintain their social cohesion in conditions of indescribable difficulty."W

Pour une fois, un lecteur fait un commentaire critique mais mesuré

Robert Haymond

Ashdod + Edmonton
Israel + Canada

Khalidi`s recent book, "The Iron Cage", is far more balanced

regarding the Israeli-Palestinian struggles than what was reported in Eldar`s interview with him. While Khalidi is reported to have mainly blamed Israel for the deprivations of the people in the Gaza Strip, nothing is said bby him about the launching of qassam rockets day after day against non-military Israelis, the stripping of sewage pipes to construct those selfsame rockets causing filth and degradation in the Gaza streets, the pleas for medical compassion from Gazan women who, while presenting themselves as pregnant, were actually disguised suicide bombers nor anything about Red Cross access to Gilad Shalit (a putative POW). Khalidi seems to have taken up where Edward Said left off, all from his safety throne at university in the USA. Too bad, I thought the man actually could have presented a balanced, and therefore valuable perspective on the situation. It`s posible, of course, that the interviewer was onesidedly selective and therefore did not present the true Rashid Khalidi.