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Le scandale de l’implication de la Banque Mondiale

Ceci concerne tous les citoyens de notre planète

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vendredi 26 août 2005

Apartheid israélien : ghettoisation et bantoustanisation de la Palestine

par Jamal Juma

publié le lundi 20 juin 2005 sur www.protection-palestine.org
Jamal Juma est coordinateur de la campagne des Palestiniens contre le Mur d’apartheid (http://www.stopthewall.org) - Al-Ahram, 6 juin 2005-06-19
Cet article peut être consulté à : http://weekly.ahram.org.eg/print/20... Traduction : Claude Zurbach

Alors que le président Busch tenait son premier rendez-vous avec le Président palestinien Mahmud Abbas - un sommet devant servir à Busch pour faire la publicité de sa soi-disante aide de 200 millions de dollars - de nouvelles réalités dévastatrices se sont faites jour en Palestine.
Le Mur d’apartheid et toute l’infrastructure associée de routes réservées aux seuls juifs, de zones militaires et de colonies, avancent rapidement vers la « ghettoisation » du peuple palestinien. La soi-disante « aide » de Busch ne ralentira pas ces crimes ni n’aidera le peuple palestinien : au contraire, l’essentiel en est destiné à la construction de nouveaux check-points. Faisant partie des « aides » en provenance de la Banque mondiale, cet argent n’aidera pas à la libération mais à la « bantoustanisation » de la Palestine.

La dernière publication de la Banque mondiale, « Stagnation ou renouveau ? », ne laisse aucun doute quant à ses objectifs car elle décrit de façon méticuleuse une vision d’un développement économique « au profit » de la Palestine qui n’est rien d’autre qu’un soutien financier à long terme au système d’apartheid israélien. Cette publication commence par répéter le mensonge selon lequel le plan de « désengagement » israélien va permettre de restituer aux Palestiniens « une surface considérable de leur territoire » et un environnement idéal pour le développement. En réalité, Gaza sera totalement emprisonnée, entourée par un second mur de huit mètres de haut, avec toutes ses frontières terrestres, côtières et aériennes sous contrôle israélien.

En Cisjordanie, seules quatre minuscules colonies seront démantelées. Simultanément, 46% de la Cisjordanie seront annexés par la construction du Mur et l’infrastructure d’apartheid pour favoriser l’expansion de colonies telles Maale Adumim et le bloc de Gusch Etzion. Allant à l’encontre de la loi internationale, la banque imagine les frontières économiques de la « Palestine » en fonction du Mur d’apartheid et du fameux plan de « désengagement » qui matérialise une colonisation active des dernières terres de la Palestine.

En dépit de l’avis de la Cour Internationale de Justice de la Haye déclarant le Mur illégal et exigeant de chaque nation « de ne fournir aucune aide ou assistance permettant de maintenir la situation en l’état », la Banque franchit le pas en proposant une formule économique qui soutient et permet même le développement de ce système d’expropriation, de dépossession et d’occupation permanentes.

Ces plans peuvent être résumés en deux formules clé : l’exploitation du travail des Palestiniens et l’achèvement du contrôle total de leurs déplacements.

Des zones industrielles massives seront construites sur la terre des Palestiniens annexée par le Mur, où les Palestiniens reclus dans des ghettos travailleront dans les industries les plus polluantes et les plus toxiques. Le ainsi nommé « Tulkarem Peace Park », un archétype de ce genre de projet, sera construit sur des terres agricoles volées au village d’Irtah. Ces terres font vivre 50 familles depuis des générations et sont partie intégrante de la vie de la communauté et des familles.

De plus, la Banque prévoit de se servir du Mur comme moyen de contrôle des Palestiniens et comme raison pour Israël de maintenir le système actuel de permis de travail pouvant permettre à chaque Palestinien de venir au-delà de la Ligne verte accéder aux emplois les plus avilissants et les plus éprouvants.
En fait, le rouage fondamental, au cas où ce système « high-tech » d’apartheid soit réalisable, est la transformation du système des check-points en système permanent dans la vie des Palestiniens afin de faciliter la circulation des produits mais pas des personnes. Ceci permettra le transport des Palestiniens depuis leurs ghettos jusqu’aux lieux de travail. Il faudra des fonds - que les Etats-Unis ont déjà promis - pour réaliser des portes de prison dans le Mur et garder opérationnel l’humiliant et dégradant système de check-points imposé au peuple Palestinien.

L’agriculture, traditionnellement le cœur de l’économie, est tout juste mentionnée dans le rapport, probablement parce que la Banque mondiale réalise que les Palestiniens seront laissés sans terres à cultiver. La vision de « co-existence » de la Banque implique que les besoins en eau des Palestiniens - les ressources en eau étant systématiquement volées par l’occupant jusqu’à 80% de leur volume chaque année - seront satisfaits pour les Palestiniens sous occupation « aux tarifs commerciaux israéliens ».

Démontrer que la Banque, par sa coordination avec l’occupant, agit au détriment de la libération des Palestiniens et de loi internationale demande peu de développements.

La Banque mondiale et la communauté des donateurs suivent leur propre loi et leur propre logique : ils cherchent à imposer en s’appuyant sur l’occupation, leur économie « néo-libérale » au profit des marchés appartenant aux Israéliens et au capital étranger. Pour cela, ils exploiteront le peuple palestinien reclus dans des ghettos dispersés. La Banque mondiale, en harmonie avec les Etats-Unis et des portions significatives de la communauté internationale, utilise l’Autorité palestinienne comme une institution à travers laquelle sa politique puisse être mise en œuvre et puisse créé « un environnement attractif pour les investisseurs ».

L’Autorité palestinienne se voit confié le rôle de gardien de prison, devant empêcher le peuple palestinien de se battre pour ses terres et ses droits. Il est de la responsabilité de l’Autorité palestinienne vis-à-vis du peuple palestinien de s’opposer à ces projets - pas en voulant les « modifier » ou « en ne les soutenant que partiellement », mais en les refusant et en s’y opposant clairement.

Les zones industrielles et les bantoustans ne sont pas de nouvelles idées ; il s’agit des mêmes projets économiques que ceux développés par l’ancienne Afrique du Sud raciste. Comme les Sud-Africains noirs, les Palestiniens ne toléreront pas des modèles économiques de survie. Ils ne luttent pas non plus pour rendre le Mur et l’occupation moins pénibles, mais pour les briser.

Le partenariat entre la Banque mondiale et Israël met en lumière la façon dont l’aide internationale épaule l’occupation. Sans les 5 milliards de dollars d’aide annuelle, l’investissement de la Banque et les soutiens financiers de nombre de gouvernements, de corporations et organisations sionistes, le projet sioniste serait simplement irréalisable.

Les Palestiniens ne s’interrogent pas à propos de la fausse aide que les Etats-Unis imposent, mais plutôt sur le réel support politique nécessaire pour que l’aide américaine puisse être coupée. Les individus et la société civile à travers le monde ont une énorme responsabilité pour renforcer les pressions sur le système d’apartheid israélien et pour l’isoler, en soutenant la lutte des Palestiniens pour la justice et la libération.