Accueil > Sociétés Civiles à Parlement Européen > Heil, Feiglin !

Khaled Amayreh, à Jérusalem occupée, éprouve un frisson devant la montée du fascisme dans la politique sioniste

Heil, Feiglin !

Original en anglais en 2è partie de l’article.

dimanche 23 novembre 2008

============================================

Alors que la société israélienne juive glisse vers l’extrémisme de droite, particulièrement pour ce qui est de la question Palestinienne, les partis politiques israéliens qui se disputent les voix des électeurs dans les prochaines élections, prévues pour le 10 février, adoptent une tonalité de plus en plus radicale dans leur discours public, dans l’espoir d’attirer le plus grand nombre d’électeurs possible vers leurs programmes respectifs.

Le parti Kadima et le parti Travailliste, jusqu’ici partenaires dans une coalition, sont entrés dans une escalade rhétorique à l’encontre des Palestiniens, et des ministres en exercice comme d’anciens ministres appellent à la reprise des assassinats de Palestiniens.

Ainsi Shaul Mofaz, considéré par beaucoup comme un criminel de guerre avéré, a exhorté le gouvernement israélien à lancer des attaques aériennes et terrestres dévastatrices contre Gaza, sans se préoccuper du prix politique et moral que cela pourrait impliquer pour Israël.
Mofaz, qui est responsable, en tant que chef d’état major et que ministre de la défense, du meurtre de milliers de palestiniens innocents, a suggéré cette semaine que l’armée israélienne devrait mener des opération d’une brutalité sauvage à Gaza afin d’assurer la défaite du Hamas qu’il a qualifié de « menace stratégique cruciale ».
Tzipi Livni, le chef de Kadima, aurait en tête de confier à Mofaz le portefeuille de la défense au cas où Kadima sortirait vainqueur des élections et où elle réussirait à former le prochain gouvernement israélien ;

Il est intéressant de noter que le ministre de la défense en exercice, Ehud Barak, est manifestement moins belliqueux. Cette semaine, Barak a demandé la préservation de la trêve, bien fragile, avec le Hamas, malgré « les provocations », comme ces gens qualifient les tirs de projectiles artisanaux pathétiques sur les établissement juifs qui bordent Gaza, en riposte aux attaques israéliennes meurtrières qui à ce jour ont tué plus d’une douzaine de Palestiniens.

Barak, pensent ses collaborateurs, n’a pas intérêt à ce qu’il y ait une importante conflagration à Gaza avant l’entrée en fonctions de l’administration Obama à la Maison Blanche le 20 janvier, car cela pourrait faire mauvaise impression sur le président. En outre, Barak et Livni semblent calculer qu’une explosion de violence meurtrière dans le sud d’Israël enlèverait beaucoup de crédibilité à la campagne israélienne qui presse les occidentaux de contraindre l’Iran à renoncer à son programme nucléaire, ou à tout le moins à le suspendre.
Israël, dont tout le monde pense qu’il est à la tête d’un énorme arsenal de bombes nucléaires et de système d’acheminement de têtes nucléaires, n’a cessé de répéter qu’un attaque des installations nucléaires de l’Iran n e devait pas être exclue.

A part des déclarations sporadiques des dirigeants de Kadima, y compris une remarque absolument sans précédent du premier ministre sortant Ehud Olmert, déclarant qu’ils faudrait bien qu’Israël revienne à ses frontières de 1967, l’essentiel de l’action s’est situées dans le camp de la droite, où le Likoud est en train de retrouver son ancien statut de premier parti politique d’Israël. Dans les derniers jours, un certain nombre de dirigeants du Likoud, qui avaient soit délaissé la politique, soit changé de parti, ont décidé de revenir dans leur ancienne maison.
On compte parmi les revenants des personnalités aussi importantes que Benyamin Begin, le fils de l’ancien premier ministre israélien Menahem Begin, et Dan Meridor, un ancien ministre de la justice. Begin est considéré comme l’image même de l’honnêteté et de l’intégrité en politique, alors que Meridor est perçu comme un modèle de modération politique, et ce sont ainsi deux personnages qui seraient un apport de poids à un gouvernement constitué par Benyamin Netanyahu, qui est, quand à lui, si notoirement agressif et malhonnête.

Cependant, il y a encore deux faucons qui rejoignent les rangs du Likoud. Le premier est Moshé Yaalon, un ancien chef d’état major, possédant lui aussi un statut de criminel de guerre bien établi, et pas seulement par les Palestiniens, mais encore par les organisations de droits de l’homme. Yaalon a été à de nombreuses reprises mis en garde contre la possibilité, si jamais il venait à se trouver dans un certain nombre de pays européens, parmi lesquels la Grande-Bretagne et l’Espagne, d’être mis en état d’arrestation en raison de son rôle dans la meurtre de centaines de civils Palestiniens.

Les fonctions de Yaalon comme chef d’état-major de l’armée israélienne entre 2000 et 2005 ont été marquées par de nombreux actes de meurtres, autant dire pornographiques, de civils à la fois à Gaza et en Cisjordanie, parmi lesquels le bombardement et l’extermination de beaucoup de familles Palestiniennes, ainsi que par la prise pour cible délibérée d’enfants et d’autres civils. Yaalon est un des principaux partisans du bombardement des installations nucléaires de l’Iran, avec ou sans l’appui des Etats-Unis.

Prenant la parole à Jérusalem occupée cette semaine, Yaalon a, selon ses auditeurs, déclaré qu’il avait décidé de rejoindre le Likoud « parce que je ne peux pas rester plus longtemps sur la touche à un moment aussi critique pour Israël. » Yaalon était opposé au redéploiement de l’armée israélienne en dehors de la Bande de Gaza, et il est aussi un ardent partisan de la colonisation juive en Cisjordanie. Pour ce qui est du processus de paix, il pense que les Palestiniens devraient passer beaucoup d’années « à faire l’apprentissage de la paix », et qu’Israël devrait utiliser ce temps là pour créer davantage d’implantations en Cisjordanie.

Eh bien, malgré tout cela, le plus dangereux et le plus inquiétant des gens de droite, celui que certains intellectuels israéliens ont baptisé le Hitler de la politique israélienne, c’est Moshé Feiglin, qui est un partisan du nettoyage ethnique ou de de l’extermination des non-juifs d’un Israël-Palestine dans le style de l’Ancien Testament.
Feiglin est très populaires à l’intérieur du Likoud et il y a de sérieuses inquiétudes en Israël et même au sein du Likoud, au cas où il serait élu numéro 2 du parti.

Cette perspective fait naître, dit-on, un certain malaise même chez le leader du Likoud, Netanyahou, qui redoute que l’image de Feiglin ait un impact vraiment trop négatif sur l’image du Likoud, particulièrement si le parti est appelé à former le prochain gouvernement, comme beaucoup le prévoient.

Feiglin est un chaud partisan de la doctrine du manhigut Yedhudit, ou « direction Juive ». Selon ce concept, Israël devrait adopter quatre principes pour résoudre une fois pour toutes le conflit Arabo-Israélien.
Premièrement, Israël doit encourager l’émigration Arabe aussi bien d’Israël que de Cisjordanie et de la Bande de Gaza. Inutile de préciser que « encourager l’émigration » est en fait essentiellement un euphémisme pour « nettoyage ethnique génocidaire ».

Deuxièmement, Israël doit reconquérir et contrôler de très près chaque morceau des territoires occupés et placer les habitants non-juifs sous un régime de stricte occupation militaire jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus supporter ces persécutions, et soient ainsi forcés de partir.
Troisièmement, Israël doit reprendre la judéisation intensive des territoires, y compris la destruction des lieux saints chrétiens et musulmans.

Quatrièmement enfin, Israël doit se retirer du processus de paix, puisque ce processus est incompatible avec les règles te les enseignements de la Torah et du Talmud.

Feiglin recommande encore ouvertement une guerre de grande ampleur contre l’Islam, afin d’éradiquer cette religion et ses 1,5 milliards de fidèles. Feiglin est considéré comme un personnage fasciste même par des tenants traditionnels de la ligne dure du Likoud. Il y a quelques années, Limor Livnat, un ancien ministre de l’éducation, l’a appelé « une mauvaise herbe venue d’ailleurs, son sang n’est pas notre sang, sa chair n’est pas notre chair. » Un journaliste israélien a comparé l’ascension de Feiglin comme numéro 2 du Likoud, qui pourrait fort bien succéder à Netanyahou comme premier ministre, à l’ascension de Adolf Hitler au pouvoir en Allemagne il y a près de 80 ans.

Ce qui est plus encore plus préoccupant est que l’homme qui est aujourd’hui à la tête du Likoud, Netanyahou, semble complètement désemparé sur ce qu’il pourrait faire pour neutraliser Feiglin et les nombreux partisans qu’il compte au sein du Likoud. Lorsque Netanyahou a été interrogé à propos de Feiglin la semaine dernière, il a répondu « Je ne peux rien faire à son sujet. »

Et pourtant, les observateurs en Israël pensent que Netanyahou pourrait chercher à apaiser Feiglin en entreprenant de stopper le processus de paix avec les Palestiniens. Netanyahou a évoqué cette possibilité depuis plusieurs semaines, déclarant qu’il croit à une paix basée sur la prospérité économique et non sur des concessions territoriales, ce qui est un euphémisme pour indiquer le maintien de la colonisation.

Alors la grande question est de savoir quel genre de relations l’administration de Barack Obama établirait avec un gouvernement israélien dirigé par les pareils de Feiglin et par en Netanyahou encore plus radicalisé, avec le coeur et l’esprit de Feiglin, mais avec le savoir faire et les accents éloquent d’un officier de relations publiques connaissant son métier.

© Copyright Al-Ahram Weekly. All rights reserved
Al-Ahram Weekly Online : Located at : http://weekly.ahram.org.eg/2008/923/re2.htm

******************************

et voici l’original en anglais

******************************

Heil, Feiglin !
Khaled Amayreh in occupied East Jerusalem shudders at the drift to fascism in Israeli politics

With Israeli Jewish society drifting towards right-wing extremism, especially with regard to the Palestinian issue, Israeli political parties contesting the upcoming elections, slated to take place on 10 February, are radicalising the tone of their public discourse in the hope of wooing as many potential voters as possible to their respective agendas.
The Kadima and Labour parties, erstwhile coalition partners, are escalating their rhetoric against the Palestinians, with ministers and former ministers calling for the resumption of assassinations of Palestinians.
For example, Shaul Mofaz, widely considered a certified war criminal, has been urging the Israeli government to launch devastating land and air attacks on Gaza, regardless of the political and moral price Israel may have to pay.
Mofaz, who is responsible for the murder of thousands of innocent Palestinians in his capacity as both chief of staff and defence minister, suggested this week that the Israeli army ought to carry out ruthless operations in Gaza in order to defeat Hamas which he termed a "key strategic threat".
Tzipi Livni, Kadima leader, reportedly has Mofaz in mind for the defence portfolio in case Kadima emerges as winner in the elections and she succeeds in forming the next Israeli government.
Interestingly, acting Defence Minister Ehud Barak has been conspicuously less bellicose. This week, Barak called for preserving the fragile truce with Hamas despite "the provocations", an allusion to the firing of pathetic homemade projectiles on Jewish border settlements near Gaza in retaliation for deadly Israeli attacks that have so far killed more than a dozen Palestinians.
Barak, his aides argue, is not interested in making a big conflagration in Gaza prior to the inauguration of the Obama administration in the White House on 20 January because this might leave a bad impression on the new president. Moreover, Barak and Livni seem to calculate that an outbreak of deadly violence in southern Israel would seriously undermine the Israeli campaign to press the West to force Iran to end or suspend its nuclear programme.
Israel, which is widely believed to possess a huge arsenal of nuclear bombs and warheads and delivery systems, has been saying that an attack on Iran’s nuclear facilities will not be ruled out.
Apart from sporadic statements by Kadima leaders, including an unprecedented remark by outgoing Prime Minister Ehud Olmert in which he said Israel would have to return to the 1967 borders, much of the action has been taking place in the right camp, where the Likud is regaining its former status as Israel’s number one political party. In recent days, a number of former Likud leaders, who had either left politics or switched to other parties, have decided to return to their former home.
The returnees include such renowned figures as Benyamin Begin, the son of former Israeli prime minister Menahem Begin and Dan Merridor, a former minister of justice. Begin is viewed as embodying honesty and integrity in politics, while the latter is seen as representing political moderation, characters that would be a valuable asset to a government formed by a notoriously dishonest and pugnacious Benyamin Netanyahu.
However, two more hawks are also joining Likud. The first is Moshe Yaalon, a former chief of staff, who is also widely viewed as a certified war criminal, not only by Palestinians, but also by human rights organisations around the world. Yaalon has been warned against entering several European countries, including Britain and Spain, lest he be arrested for his role in the killing of hundreds of Palestinian civilians.
Yaalon’s tenure as chief of staff of the Israeli army 2002- 2005 was marked by numerous acts of almost pornographic murder of civilians in both Gaza and the West Bank, including the bombing and extermination of many Palestinian families as well as the deliberate targeting of children and other civilians. Yaalon is also a leading proponent of bombing Iran’s nuclear facilities, with or without American backing.
Speaking in occupied Jerusalem this week, Yaalon was quoted as saying that he decided to join the Likud "because I can no longer remain on the sidelines during such a critical time in Israel." Yaalon was against the Israeli army redeployment from the Gaza Strip and is an ardent supporter of Jewish colonisation in the West Bank. With regard to the peace process, he believes Palestinians would have to spend many years "educating themselves about peace" during which time Israel would create more settlements in the West Bank.
Nonetheless, the most dangerous and problematic right- winger, dubbed by some Israeli intellectuals in Israel as the Hitler of Israeli politics, is Moshe Feiglin, who advocates the ethnic cleansing or extermination of non-Jews in Israel-Palestine Old Testament-style.
Feiglin is very popular within Likud and there are serious concerns in Israel and within Likud itself that he would be elected as the number two man in the party.
This prospect is reportedly causing a lot of unease to Likud leader Netanyahu who is worried that the character of Feiglin would have a decidedly negative impact on the Likud image, especially if the party formed the next government, as widely expected.
Feiglin advocates the idea of manhigut Yedhudit or "the Jewish leadership". According to this concept, Israel would have to adopt four steps towards resolving the Arab Israeli conflict once and for all :
First, induced Arab emigration from both Israel and the West Bank and Gaza Strip. Needless to say, "induced emigration" is effectively a mere euphemism for genocidal ethnic cleansing.
Second, Israel would have to reconquer and tightly control every part of the occupied territories and place non-Jewish inhabitants under a harsh military occupation until they can no longer endure the persecution, which then would force them to leave.
Third, Israel should resume intensive Judaisation of the territories, including the destruction of Christian and Muslim holy places.
And, fourth, Israel should dislodge itself from the peace process since this process is incompatible with the rules and teachings of the Torah and Talmud.
Feiglin also openly advocates an all-out war on Islam for the purpose of eradicating the religion and its estimated 1.5 billion followers. Feiglin is viewed as a fascist figure even by traditional Likud hardliners. A few years ago, Limor Livnat, a former minister of education, called him "a foreign weed, his blood is not our blood, his flesh is not our flesh". One Israeli journalist has compared the ascendancy of Feiglin as the number two man within Likud, conceivably succeeding Netanyahu as prime minister, to the ascendancy of Adolph Hitler to power in Germany, nearly 80 years ago.
What is more worrying still is that the current Likud head Netanyahu seems quite helpless as to what he could do to neutralise Feiglin and his many supporters within the Likud. When Netanyahu was asked about Feiglin last week, he reportedly said ,"I can’t do anything about him."
However, observers in Israel speculate that Netanyahu would seek to appease Feiglin by undertaking to stop the peace process with the Palestinians. Netanyahu has been alluding to this for weeks, saying that he believes in a peace that is based on economic prosperity, not territorial concessions, a euphemism for keeping the occupation intact.
Now the big question is how the Barack Obama administration will relate to an Israeli government run by the likes of Feiglin and a further radicalised Netanyahu who has the heart and mind of Feiglin, but the tongue of an eloquent public relations officer.
© Copyright Al-Ahram Weekly. All rights reserved
Al-Ahram Weekly Online : Located at : http://weekly.ahram.org.eg/2008/923/re2.htm