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Source : Ma’an - Texte original en anglais en 2è partie de l’article.

Al Khadr : la brutalité de l’occupation dans un village étranglé par le Mur

Samedi, 15 novembre 2008

samedi 15 novembre 2008

Le symbole d’Al Khadr, ce sont ses raisins. Les treilles couvrent des champs et des champs d’une douce couleur vert clair. Les raisins pendent en lourdes grappes. Un tiers environ des 10 000 habitants de cette ville vivent de la culture des raisins, et d’autres cultures également. [ Le nom même d’Al Khadr signifie « La Verdure » - NdT ]

Cependant, Al Khadr est une réserve de plus en plus étroite. Ce territoire agricole qui s’étendait autrefois sur 2 200 ha au sud ouest de Bethlehem a été d’abord amputé de 500 ha pour la construction de quatre implantation sionistes de grande dimensions. La confiscation d’autre terres est en cours. Selon le maire, Ramzi Salah, ce qui est prévu, c’est la confiscation de 90% des terres du village, entre l’extension des implantations, les avant postes, et le Mur d’Annexion qui est presque achevé.

Soyez les bienvenus au « ground zero » ducamp de réfugiés de la Palestine. Les gens d’Al Khadr sont en train d’être amputés de leurs terres, de leur ciulture agricole, de leur histoire personnelle et collective. Ils sont entrain d’être transformés en personnes déplacées, et cela sans avoir changé de place ! Au lieu de cela, le régime sioniste remodèle l’environnement physique qui les entoure et les enveloppe dans du béton, les entourant d’un ourlet de murs de béton et de modernes faubourgs avec implantation au sommet des collines environnantes.

Al Khadr est en train d’être transformé par la force, et de devenir, au lieu d’un village agricole, un espace urbain à haute densité, ghettoïsé, la cible incessante des forces d’occupation, assez semblable aux taudis de béton entourant des ruelles mal entretenues infectes qu’on trouve dans les camps de réfugiés Palestiniens, qui abritent les gens déplacés en 1948 et leurs descendants, lors de la création du prétendu « état d’Israël », que les Palestiniens appellent la Nakba (la Catastrophe).

Une cité encerclée

Cette réalité physique et politique n’est nulle part plus visible que dans la Vieille Ville d’Al Khadr, qui abrite quelque 200 familles. Le Mur de béton, haut de douze mètres, passe entre deux côtés de ce quartier. Le Mur lui même pousse vers et haut, puis s’écarte de 60 degrés, formant un arc au dessus de la route de contournement réservée aux colons. Deux écoles et un grand terrain de football se retrouvent à l’ombre du Mur.

Aux dires des habitants de ce quartier, les soldats sionistes qui patrouillent le long du trajet du Mur ont pris l’habitude d’envahir le centre du village, de harceler les écoliers, les commerçants et les piétons ; de temps à autre de tabasser et d’arrêter les gens, et cela chaque jour depuis trois semaines. Un lycéen de 16 ans a été enlevé de chez lui par les soldats dans la nuit de lundi 10/11/08.

Mercredi 06/11/08 après midi, un commerçant appelé Nasr Dar Isa a été enlevé de son magasin juste en bas de la rue de l’école des filles dans la Vieille Ville.

« La brutalité a été, cette fois, d’une autre nature, » a expliqué le frère de Dar Isa, Khader, un imam qui s’est mis en congé de son travail au ministère Palestinien des Affaires religieuses pour prendre soin du magasin.

C’était juste après l’école. « Lorsque les soldats sont venus, il y avait quelque 70 filles qui voulaient toutes acheter quelque chose dans le magasin ou à l’étalage, » a déclaré Dar Isa. « Les filles avaient peur et se sont abritées dans le magasin. ».

« Un des soldats a déclaré ’vous avez dix secondes pour fermer cette boutique’, et ensuite a jeté une grenade assourdissante au milieu des filles, » a-t-il raconté, montrant la fenêtre du casier de produits frais, qui a été brisée par l’explosion de la grenade. »

« Mon frère était très en colère. Il parle hébreu, et a dit aux soldats ce qu’il pensait. »

Nasr a alors été menotté et enlevé sur le champ. « Ils ne lui même pas laissé le temps de vider ses poches. Il est commerçant, il avait sans doute des dizaines de milliers de sicles et des chèques sur lui, » ajoute Dar Isa.

Dar Isa semblait résigné au sort de son frère. La famille a pris contact avec les autorités d’occupation locales, la Croix Rouge, et la Société des Prisonniers Palestiniens, mais ils sont à ce jour, trois jours plus tard, sans nouvelles de Nasr. Dar Isa craint que son frère ne soit en prison pour longtemps. Même s’il est libéré, il sera limité dans sa liberté de mouvements, et il est à peu près certain qu’il ne pourra obtenir d’autorisation pour se rendre en Jordanie, ou même à Jérusalem, de l’autre côté du Mur.

Le couvre-feu

Les soldats de l’occupation ont de nouveau imposé un couvre feu à la ville dimanche 09/11/08 ( le précédent, c’était le vendredi 07/11/08). Lorsque les media sionistes en ont fait état, la justification invoquée pour ces couvre-feux est le jet de pierres. Les soldats déclarent qu’ils sont à la recherche des lanceurs de pierres et de cocktails molotov occasionnels.

Aucun des habitants de la zone proche du Mur et de la route de contournement n’a jamais vu jeter de pierres ni de bouteilles. La mécanique exigée par de tels actes est d’ailleurs stupéfiante. La route elle-même est cachée de la vue par le Mur. Le Mur fait un angle tel qu’une pierre devrait d’abord s’élever en l’air avant de rebrousser chemin, comme un boomerang, pour atteindre quoi que ce soit au voisinage de la route.

« Il est impossible de lancer des pierres à cet endroit, » a déclaré Ismaïl Issa, un membre du conseil municipal qui travaille avec les écoles.

Issa a expliqué qu’en « réponse » à ces prétendus lancers de pierres, les soldats ont intensifié leurs exactions contre la population civile d’Al Khadr, tout particulièrement à proximité des écoles.

« C’est tous les jours maintenant, » a-t-il déclaré. « Jeudi dernier, environ 50 soldats sont venus. Ils ont imposé un couvre-feu, ont lancé des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes. »

« Ils ont aussi occupé une maison [appartenant à Abdullah Dadua] pendant plus de 5 heures. Il y a un enfant de 11 mois dans cette maison qui est resté sans nourriture, sans lait. Nous avons fait appel à la Croix Rouge pour aider la famille, mais l’armée leur a interdit d’y aller, » a-t-il ajouté.

Les soldats sont revenus lundi après-midi, et ont passé à tabac quatre collègues d’Issa à la municipalité d’Al-Khadr. L’un d’eux, un conducteur de 23 ans, Rajah Subeh, a été arrêté et emmené au quartier général de l’armée du secteur, et plus tard relâché.

Comme d’autres habitants du village, Issa a déclaré que la brutalité des soldats a empiré depuis 5 ou 6 mois, depuis que la section du Mur est presque terminée.

« Ma fille de 5 ans m’a dit hier qu’elle ne voulait plus aller à l’école parce qu’elle a peur des soldats, » a-t-il ajouté. « Les gens ont peur. Je m’attends au pire...peut-être quelqu’un va-t-il se faire tirer dessus. »

Détermination

Bassam Jabir, le directeur du Lycée de garçons, a vigoureusement démenti qu’un seul de ses élèves ait pu jeter des pierres aux heures données par les soldats sionistes. Pendant les heures de cours, a-t-il dit, aucun élève n’a le droit de sortir. « Si quelqu’un a jeté des pierres à cet endroit avant une heure de l’après midi, il ne venait pas du lycée. Les soldats le savent parfaitement. »

« A supposer même qu’ils lancent des pierres, celles ci iraient par -dessus la route et ne toucheraient rien, » a-t-il déclaré.

Il a dit que l’armée d’occupation a installé des caméras le long du Mur qui auraient dû enregistrer les prétendus jets de pierres. Si on peut la voir, la bande vidéo montrera qu’aucun lycéen n’a jeté les fameuses pierres.

« Chaque jour, » a déclaré Jabir, « les soldats viennent sans aucune raison » pour battre et enlever les gens, « et pointent leurs armes sur les fenêtres du lycée. »

Malgré tout, il se déclare déterminé à résister au harcèlement des soldats, tout simplement en gardant le lycée ouvert et en le faisant fonctionner. « Nous continuerons a étudier sans interruption, » a-t-il déclaré.

Pour faire échec au comportement tyrannique des soldats sionistes, il n’y a pas grand chose que les habitants d’Al Khadr puissent faire par eux-même, à part continuer à mener leur vie quotidienne. Les magasins restent ouverts tout le temps où ils ne sont pas forcés de fermer. Les écoliers vont à l’école. Les enseignants enseignent.

Les organisations internationales se sont également mobilisées pour soutenir Al-Khadr. Le Programme d’Accompagnement Oecuménique en Palestine et « Israël » (EAPPI) a envoyé des observateurs internationaux pour être témoins, et si possible réduire un peu la brutalité. La Croix Rouge ets égalemenyt intervenue pendant les périodes de couvre-feu.

Les gens d’Al Khadr ont également eu recours à l’action politique. Depuis 2006, les villageois ont organisé des manifestations, le vendredi, contre la construction du Mur sur leurs terres, et le Mur a continué à enserrer la ville. Les manifestations de cette année ont comporté la tenue des prières musulmanes du vendredi sur la route Bethlehem-Hébron, qu’il est prévu de détruire avant de lui donner un autre trajet lorsque le Mur sera terminé.

« Comme un camp de réfugiés »

Le principal organisateur des manifestations, Samer Jaber, qui habite Al Khadr, est inquiet des conséquences politiques et sociales du Mur. « La totalité d’Al-Khadr va devenir comme un camp de réfugiés, » a-t-il déclaré. « Les gens ont perdu leur terre comme source de revenus. Ils ont perdu le droit de posséder cette terre, tout cela au profit des colons Juifs. »

La situation à Al Khadr, si elle est à bien des égards extrême, est caractéristique de la vie dans beaucoup de villages et de villes le long de la « zone de clotûre » crée par le trajet serpentin du Mur. Le retrait partiel des sionistes des accords d’Oslo a commencé ce processus de découpage de la Cisjordanie un archipel de communautés Palestiniennes entouré d’un océan de zones sou contrôle total sioniste.

Le Mur cimente ce processus. Au lieu d créer une frontière politique stable, le Mur crées des milliers de « frontières » individuelles qui, en fait, encerclent des ilots sous juridiction Palestinienne. Al Khader est un exemple d’une communauté qui découvre cette nouvelle frontière qu’on lui impose. Située à la limite de l’« ile » de Bethlehem, elle subit les pires effets de re-découpage unilatéral mené par les sionistes du paysage physique et politique de la Cisjordanie.

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et voici l’original en anglais :

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Al-Khadr : Daily brutality in a West Bank village strangled by the Wall

Date : 12 / 11 / 2008 Time : 20:59

Bethlehem - Ma’an - The symbol of the village of Al-Khadr is its grapes. There are fields upon light green fields of them. They hang in heavy bunches. About a third of the 10,000 residents of the town earn their living from cultivating grapes and other crops.

Yet Al-Khadr is a shrinking preserve. Once a 22,000 dunum (1 dunum is 1,000 square meters) swath of territory spreading southwest from Bethlehem, some 5,000 dunums have already been confiscated for the construction of four major Israeli settlements. More land is pending confiscation. According to Mayor Ramzi Salah, 90% of the village’s landed is slated for confiscation, between the expanding settlements and outposts, the nearly complete Israeli separation wall.

Welcome to ground zero of the refugee-campization of Palestine. The people of all Khadr are being severed from their land, from their agricultural culture, from their personal and collective history. They are becoming displaced people without physically moving. Rather, Israel is rapidly remolding the physical environment around them, enveloping them in concrete, hemming them in with concrete walls and modern hilltop suburb-cum-settlements.

Al-Khadr is being forcibly transformed from an agricultural village to a ghettoized, densely-packed urban space, heavily targeted by the Israeli military, not unlike the concrete slums and alleyways of Palestinian refugee camps, home to people and their descendents displaced in the 1948 creation of Israel, which Palestinians remember as the Nakba (Catastrophe).

A city surrounded

Nowhere is this physical-political reality more visible than in Al-Khadr’s Old City, which is home to some 200 families. The twelve-meter concrete wall wraps around two sides of the neighborhood. The wall itself thrusts upward and then bends at a 60-degree angle, forming an arc over the settler bypass road. Two schools and a large football stadium stand in the shadow of the wall.

According to residents of this neighborhood, the Israeli soldiers who patrol the route of the wall have made a routine of invading the village center, harassing school children, shopkeepers and pedestrians, occasionally beating and arresting people, each day for the last 22 days. A 16-year-old student was abducted by soldiers from his home overnight on Monday.

Last Wednesday afternoon a shopkeeper named Nasr Dar Isa was arrested from his convenience store just down the street from the girl’s school in the Old City.

“The brutality was different this time,” explained Dar Isa’s brother, Khader, an imam who took leave of his job at the Palestinian Ministry of Religious Affairs to watch the shop.

It was just after school. “When the soldiers came, there were 70 girls who all wanted to buy things in and around the shop,” said Dar Isa. “The girls were scared and took shelter inside the shop.

“One of the soldiers said ‘you have ten seconds to close this shop,’ and then without throwing he threw a sound bomb among the girls,” he said, gesturing to the broken window of the freezer case, which he said was shattered by the flash-bang grenade.

“My brother was irritated. He speaks Hebrew, and started a heated argument with the soldiers.”

Nasr was then roughly handcuffed and marched away. “They didn’t even give him time to empty his pockets. He’s a shopkeeper ; he probably had tens of thousands of shekels and checks with him,” Dar Isa added.

Dar Isa seemed resigned to his brother’s fate. The family contacted the local Israeli authorities, the Red Cross, and the Palestinian Prisoners Society, but they still had no information on his whereabouts after three days. Dar Isa is concerned that his brother may be in prison for the long term. Even if he is released, he will face curtailed freedom, and is unlikely to be issued a permit by Israel to travel to Jordan, or even to Jerusalem on the other side of the wall.

Curfew

Israeli troops imposed a curfew on the town again on Sunday (the last curfew was the previous Friday). When reported in the Israeli media, the stated justification for these curfews and incursions is stone throwing. The soldiers claim they are searching for the throwers of stones and occasional Molotov cocktail.

None of the residents of the area near the wall and the bypass road witnessed the alleged stone and bottle throwing. The physics of such an act are indeed puzzling. The highway itself is hidden from view by the wall. The barrier curves at such an angle a stone would have to travel up into the air, then double back like a boomerang in order to hit anything in the vicinity of the road.

“It’s impossible to throw stones there,” said Ismail Issa, a municipal council member who works with the schools.

Issa explained that in response to the alleged stone throwing, the soldiers have intensified their harassment of the civilian population in Al-Khadr, particularly near the schools.

“This happens every day now,” he said. “Last Thursday about 50 soldiers came. They made a curfew, threw teargas, and sound bombs.”

“They also occupied a house [belonging to Abdullah Dadua] for more than five hours. There is an 11 month old child in that house that went without food, without milk. We called the Red Cross to help the family but the army prevented them from going there,” he added.

The soldiers came again on Monday afternoon, beating four of Issa’s coworkers at the Al-Khadr municipality. One, 23-year-old driver Rajai Subeh, was arrested and taken to the nearby DCO (the local army headquarters) and later released.

Like other residents of the village, Issa says the soldiers’ brutality has worsened over the last five to six months, since the section of the wall.

“My five-year-old daughter told me yesterday that she would not go to school because she is afraid of the soldiers,” he added. “People are frightened. I expect the worst … maybe someone will get shot.”

Determination

Bassam Jabir, the headmaster of the Boy’s Secondary School vigorously denied that any student from the school could have thrown stones at the times when Israeli soldiers claimed. During school hours, he said, no student is allowed outside. “If any person threw stones there before one o’clock, they did not come from the school. The soldiers know very well.”

“Even if they threw stones, they would go over the road and not hit anything,” he said.

He said the Israeli army installed cameras along the wall that should have captured the alleged stone throwing. If released, he said, the videotape would show that no student threw the reported stones.

Every day, Jabir said, the soldiers come, “for no reason,” to beat and arrest people, and to “point their guns in the windows of the school.”

Nonetheless he said he’s determined to resist the soldier’s harassment simply by keeping the school open and functioning. “We will go ahead and study all the time, he said.”

In countering the tyrannical behavior of the Israeli troops, there is little the residents of Al-Khadr can do themselves, aside from defiantly carrying on with their daily lives. The shops remain open whenever they are not forced to shut. The students go to school. The teachers teach.

International organizations have also mobilized in support of Al-Khadr. The Ecumenical Accompaniment Program in Palestine and Israel (EAPPI) has sent international observers to witness and hopefully reduce some of the brutality. The Red Cross has also intervened during periods of curfew.

People in Al-Khadr have also taken political action. Since 2006 the villagers have held demonstrations on Fridays against the construction of the wall on their land, even as the barrier has further constricted the town. This year’s protests involved holding the Friday Muslim prayer on the Bethlehem-Hebron road, which is slated to be severed, then re-routed when the wall is completed.

’Like a refugee camp’

The principle organizer of these protests, Al-Khadr resident Samer Jaber, is wary of the political and social effect of the wall. “All of Al-Khadr will become like a refugee camp,” he said, “People have lost their land as a source of income. They have lost the right of owning this land, all for the benefit of Jewish colonial settlers.”

The situation in Al-Khadr, while extreme in many ways, is also indicative of life in numerous villages and towns along the “seam zone” created by the snaking, multilayered path of the wall. The partial Israeli withdrawal of the Olso accords began the process of carving the West Bank into an archipelago of Palestinian communities surrounded by areas of full Israeli control.

The wall cements this process. Instead of creating a stable political boundary, the wall creates thousands of individual “frontiers” that in effect surround the Islands of Palestinian jurisdiction. Al-Khader is an example of a community that finds this new frontier imposed on it. Lying at the edge of the Bethlehem ‘island,’ it is bearing the worst effects of Israel’s unilateral re-shaping of the physical and political landscape of the West Bank.