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Nouvelles du jour

Chronique de l’occupation

Samedi, 25 octobre 2008

samedi 25 octobre 2008

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001

Luisa Morgantini à Al-Khoudari : la délégation du Parlement européen se rendra bientôt à Gaza

La vice-présidente du Parlement européen, Luisa Morgantini, a dit au député Jamal Al-Khoudari, président du Comité Contre le Siège, que la délégation du Parlement européen envisage de se rendre bientôt dans la bande de Gaza pour observer les effets du siège.
 
Morgantini a souligné la nécessité de lever le siège sur le million et demi de personnes qui vivent dans une situation tragique, dans des conditions contraires au droit international.

Al-Khoudari a discuté avec Morgantini de l’endurcissement du siège et des difficultés rencontrées dans le secteur économique et de la santé.

D’après le président du Comité, 255 personnes sont mortes dans la bande de Gaza depuis le début du siège, en raison des mauvais services de santé et de postes de frontières souvent fermés. La seule industrie pharmaceutique a été fermée.

80% de la population de Gaza vit au-dessous du seuil de la pauvreté.

PNN – Gaza - 23.10.08

http://french.pnn.ps/index.php?option=com_content&task=view&id=2638&Itemid=1

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002

Radwan (Hamas) : les négociations sont « futiles »

Ismaël Radwan, le porte-parole du Hamas, a affirmé que son mouvement ne considère pas que le licenciement de deux chefs de la sécurité palestinienne soit un pas suffisant pour la réforme des services de sécurité.

[ Cette mesure avait été annoncée il y a quelques jours par Abbas, présentée comme un « geste » en direction du Hamas, avant d’être « suspendue » devant le courroux des deux chefs en question, ce qui en dit long sur l’autorité réelle d’Abbas ! - NdT ]

Ce sujet sera abordé lors de la réunion du 6 novembre au Caire.

Radwan a déclaré à PNN : « Les services de sécurité de la Cisjordanie nécessitent une réforme globale. Il faut une restructuration à partir de la base, telle que stipulée par des principes convenues à l’échelle nationale, de façon professionnelle ».

Le porte-parole du Hamas a ajouté que son mouvement retient que la réforme des services de sécurité soit une des priorités pour la réussite du dialogue, et il a souligné la nécessité de mettre fin à la coordination de la sécurité avec le régime d’occupation et à cesser les négociations « futiles ».

Radwan a désapprouvé la rencontre, probablement la dernière, entre le Président Abbas et Olmert qui aura lieu le 27 octobre. « Malheureusement, il s’agit d’un mirage qui ne permettra pas de parvenir à quoi que ce soit. Le président, tous les négociateurs et aussi les forces d’occupation ont reconnu l’échec de ces négociations futiles ».

PNN - Gaza – 22.10.08

http://french.pnn.ps/index.php?option=com_content&task=view&id=2617&Itemid=1

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003

La Résistance armée ouvre le feu près de Tulkarem en réponse aux attaques des colons

Après deux semaines d’intensification des attaques de colons sur la Mosquée Al Aqsa et contre les cueilleurs d’olives, la Résistance Palestinienne a décidé de se manifester près de Tulkarem . Les Saraya Al Quds, la branche armée du Jihad Islamique, et les Brigades Al Aqsa du Fatah ont revendiqué la responsabilité de tirs intervenus la nuit passée.

Des tirs ont eu lieu la nuit dernière juste au dessus de la Ligne Verte, près de la ville de Tulkarem.

Un communiqué des deux organisations est arrivé auprès des services de PNN, comportant en particulier ceci : « Nous confirmons que cette opération est une réponse aux massacres sionistes contre notre peuple et aux agressions contre la Mosquée Al Aqsa et contre Jérusalem et Saint Jean d’Acre et à la mémoire du martyr Fathi Shakai. »

La nuit dernière, les tirs sont intervenus le jour même où, dans le village de Taqa’, un jeune de 20 ans étaut accusé d’avoir poignardé un colon et un policier dans l’implantation de Gilo.

La résistance non violente lutte depuis des semaines contre les agressions des colons avec des campagnes de solidarité au cours de la récolte des olives en Cisjordanie et des sit-ins sont organisés pour protéger la Mosquée Al Aqsa à Jérusalem Est

PNN - Tulkarem - 24.10.08 - 11:24

http://english.pnn.ps/index.php?option=com_content&task=view&id=3823&Itemid=1

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004

Le Fatah dans la tourmente

Le licenciement par le président de l’Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, du chef des services de renseignements, Tawfiq Tirawi, mardi semble être plus qu’une simple « formalité » liée à l’arrivée de l’âge à la retraite de ce dernier, comme l’avait déclaré le porte-parole de l’Autorité Palestinienne.

Tirawi, ainsi qu’un certain nombre d’autres responsables de la sécurité de l’Autorité Palestinienne, était à la tête de la campagne impitoyable menée contre les partisans et les institutions du Hamas en Cisjordanie, allant même jusqu’à travailler activement en coordination et collaboration avec le régime sionistes.

Ce fait, que de nombreux Palestiniens connaissent bien, y compris les partisans du Fatah, a, en fin de compte, donné à la majorité des chefs de la sécurité une responsabilité dans l’effritement de l’image du Fatah en tant que mouvement de libération nationale.

En outre, les critiques, y compris le Hamas, ont été naturellement amenés à dépeindre l’Autorité Palestinienne comme une entité collaboratrice travaillant de concert avec le régime sioniste contre la cause nationale.

Le mois dernier, un certain nombre de chefs de sécurité ont rencontré les commandants de l’armée d’occupation dans la colonie de Beit El, près de Ramallah, et ils leur auraient déclaré : « Le régime colonial et l’Autorité palestinienne sont alliés contre un ennemi commun, qui est le Hamas. »

Selon le journaliste sioniste Nahom Barnea, qui a assisté à la réunion avec le consentement des officiers palestiniens, les Palestiniens ont demandé à leurs « collègues » sionistes des armes et une formation dans le but de « reconquérir la bande de Gaza ».

En outre, selon Barnea, les Palestiniens ont également cherché à impressionner les commandants de l’occupation en citant leur répression du Hamas en Cisjordanie, avec l’un d’eux en disant : « Nous faisons plus que ce que vous nous demandez de faire », et « Nous n’hésitons même pas à entrer dans les mosquées quand il le faut. »

Les informations sur la réunion, qualifiée de désastre de relations publiques par le Fatah, qui se sont rapidement propagées sur internet et dans la presse en hébreu, ont embarrassé le Fatah et incité certains de ses anciens dirigeants à demander à Abbas de virer immédiatement les chefs de la sécurité.

Munzer Irsheid, un ancien maire de Jéricho et ancienne figure de la sécurité, résidant maintenant en Jordanie, a suggéré dans un article publié en Septembre que les chefs de la sécurité étaient « des traîtres au Fatah » et de « traîtres envers la Palestine ».

De même, Qaddura Fares, un député du Fatah et proche confident de leader emprisonné du Fatah, Marwan Al-Barghouti, a demandé le « renvoi immédiat » des chefs des services de sécurité qui, selon lui, ne représentent pas le Fatah.

La réunion de Beit El, ainsi que la perception d’une étroite collaboration entre les agences de sécurité et l’armée d’occupation, ont continué à secouer la scène palestinienne, avec le Hamas demandant à Abbas de « chasser les traîtres de son camp ».

Un responsable du Hamas dans la région d’Hébron a déclaré : « Comment pouvons-nous avoir un dialogue sérieux sur l’unité nationale avec les gens qui prétendent être des patriotes Palestiniens le jour, alors qu’ils coordonnent la nuit avec l’armée ennemie la prochaine vague d’arrestations contre notre peuple ? »

Au début du mois, le député du Fatah, Isa Qaraqi, a fustigé les membres de la sécurité, en les qualifiant de « lapins en panique ». Il a souligné que des milliers de membres de la sécurité de l’Autorité Palestinienne, qui sont censés assurer la protection du peuple palestinien, fuyaient leurs « poulaillers » à chaque fois que les troupes de l’occupation attaquaient les agglomérations palestiniennes.

L’attaque cinglante de Qaraqi a attiré de vives réactions de la part de Tirawi et d’autres officiers de la sécurité qui ont répondu en affirmant que les agences de sécurité avaient donné de nombreux martyrs à la Palestine et que les gens qui conduisent des belles voitures et perçoivent des gros salaires ne sont pas en mesure de remettre en question les références nationalistes des soldats de Palestine.

Tirawi a insinué que Qaraqi aidait en réalité le Hamas en remettant en cause l’intégrité des agences de sécurité. Les partisans de Qaraqi ont rétorqué vivement que les « vrais soldats de la Palestine » ne passent pas des nuits conviviales avec les chefs de l’armée d’occupation. « Si vous n’êtes pas capables de nous protéger, et si vous n’êtes pas capables de vous protéger vous-mêmes, alors quelle est la justification de votre existence ? » a écrit la semaine dernière un militant du Fatah.

Les vifs échanges reflètent une polarisation grandissante entre deux camps à l’intérieur du Fatah : le camp nationaliste, ou les « Arafatistes », qui est fidèle à l’héritage de Yasser Arafat et est déterminée à maintenir la « pureté » de la lutte nationale pour l’indépendance et la liberté, et le soi-disant « camp pragmatique », à savoir les bénéficiaires à l’esprit carriériste de l’ère Oslo qui ont profité énormément du statu quo.

Le premier camp est représenté par des gens comme Marwan Al-Barghouti et ses partisans, Hani Al-Hassan, Farouk Qaddumi et un grand nombre de députés et dirigeants du Fatah, et en particulier la base et les niveaux intermédiaires.

Le second camp regroupe les chefs de la sécurité, les membres et les fonctionnaires de l’Autorité Palestinienne qui ne sont pas nombreux en terme de membres, mais puissants en raison du soutien étranger - surtout américain – qui contrôle les coffres de l’Autorité Palestinienne, du Fatah, et de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) .

Le président Abbas et ses collaborateurs de premier plan, tels qu’Ahmed Qoreï, Saeb Ereikat, Nabil Amr et Nabil Shaath tentent souvent d’essayer de combler le fossé entre les deux camps afin de présenter le Fatah comme un front uni, en particulier face au Hamas. Toutefois, ces efforts n’ont pas été couronnés de succès.

La semaine dernière, quand les hauts dirigeants du Fatah se sont réunis à Amman en vue de fixer une date pour la tenue du sixième Congrès du Fatah retardé à plusieurs reprises, des échanges virulents entre Abbas et Qaddumi ont mis en évidence le gouffre énorme entre les camps pro et anti-Oslo. Qaddumi aurait déclaré à Abbas : « Vous n’êtes pas Yasser Arafat » et « Vous ne pouvez pas avoir tous ces portefeuilles en même temps. »

Abbas est le chef de l’OLP, le chef du Fatah et le président de l’Autorité Palestinienne, ce qui signifie que des gens comme Qaddumi sont effectivement marginalisés.

Néanmoins, le véritable élément gênant – empêchant même – la convocation du congrès, c’est que les « pragmatiques » (c’est-à-dire ceux qui voudraient suivre le processus de paix, peu importe ce que fait le régime sioniste) ont peur d’être rejetés du bureau au cas où les rangs et membres du Fatah seraient autorisés à décider qui seront les prochains dirigeants du Fatah.

Auparavant, Intesar Al-Wazeer, Um Jihad, la veuve du commandant militaire du Fatah assassiné, Al-Khalil Wazeer (qui a été assassiné à Tunis par le Mossad en 1989) a déclaré au journal Al-Hayat basé à Londres qu’il existait « un complot visant à affaiblir et à marginaliser le Fatah » par « des personnes qui prétendent être le Fatah ».

Al-Wazeer a accusé « les gens autour de Mahmoud Abbas » d’être « indifférents au Fatah » et de « s’occuper seulement de leurs propres intérêts ». Elle a également accusé Abbas de « consulter seulement une petite clique de gens autour de lui », qui ont, selon elle, un autre agenda.

La réunion d’Amman s’est terminée de manière non concluante sans fixer de date pour le congrès, même si une déclaration publiée par Hakam Balaawi, le secrétaire du Fatah, déclarait qu’il y avait une volonté de tenir le congrès avant fin 2008. Cependant, la déclaration de Balaawi ne peut être tenue pour acquise, et ce pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, plus de deux ans d’intenses négociations avec le régime sioniste, ainsi que plusieurs conférences de paix internationales dont on a beaucoup entendu parler n’ont pas réussi à réaliser une percée, au bout de 41 ans d’occupation sioniste. Il est peu probable qu’Abbas et ses partisans viennent « les mains vides » à une très importante convention qui permettrait de déterminer leur avenir politique.

Deuxièmement, la nouvelle administration américaine et l’instabilité politique croissante en zone sioniste ne sont pas propices à la tenue d’un congrès réussi du Fatah et cela pourrait même agir en faveur des « radicaux » qui en ont marre d’un processus de paix qui n’a vu que plus de terres palestiniennes volées par les sionistes et le rêve d’un État palestinien brisé.

Mais l’incapacité à tenir le congrès avant la fin 2008 compliquerait sans aucun doute davantage les choses au sein du Fatah et accroîtrait la frustration parmi les partisans du mouvement, en particulier la base, ce qui est également une mauvaise nouvelle pour Abbas.

Source : http://weekly.ahram.org.eg/  Traduction : MG pour ISM

[ commentaires : si les européens avaient deux sous de perspicacité, et surtout de courage...]

ISM et Khaled Amayreh - Palestine – 24-10-2008

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=10200&type=analyse≤sujet=Collabos

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005

Le silence de l’Occident face à la discrimination pratiquée par le régime sioniste est inacceptable

Adri Nieuwhof est un consultant et un défenseur des droits de l’homme.

Si la « Loi du Retour » est généreuse envers l’immigration des Juifs du monde entier, elle est discriminatoire à l’encontre des Palestiniens qui sont vraiment nés sur cette terre et leurs descendants. Des centaines de milliers de réfugiés palestiniens qui ont fui la violence et l’agression des milices sionistes et des forces sionistes depuis 1948 jusqu’à aujourd’hui, ont été séparés de leurs terres et leurs biens en zone sioniste. La Loi du Retour ne reconnaît pas leur droit au retour, tout simplement parce qu’ils ne sont pas juifs. Encore aujourd’hui, les Palestiniens ne sont pas autorisés à retourner dans leurs villages.

En 1965, l’Assemblée Générale des Nations Unies a adopté la Convention sur l’Elimination de toutes les formes de Discrimination Raciale (CERD).

Cette convention définit la discrimination raciale comme « distinction, exclusion, restriction ou préférence fondée sur la race, la couleur, l’ascendance ou l’origine nationale ou ethnique, qui a pour but ou pour effet de détruire ou de compromettre la reconnaissance, la jouissance ou l’exercice, dans des conditions d’égalité, des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans les domaines politique, économique, social et culturel ou dans tout autre domaine de la vie publique."

Elle indique que la conviction que toute doctrine de supériorité fondée sur la différenciation entre les races est scientifiquement fausse, moralement condamnable et socialement injuste et dangereuse et que rien ne saurait justifier, où que ce soit, la discrimination raciale, ni en théorie ni en pratique, n’importe où. L’entité sioniste a volontairement accepté l’obligation de travailler à la réalisation de ces objectifs par la ratification de la CERD en 1979. Pourtant, les Palestiniens n’ont toujours pas vu les bénéfices de la convention.

Ils n’ont pas non plus bénéficié des nombreuses améliorations en faveur de l’égalité des droits depuis la première Conférence mondiale Contre le Racisme en 2001. La Déclaration de Durban et le Programme d’action adopté lors de cette Conférence ont réaffirmé le droit inaliénable du peuple palestinien à une autodétermination et au respect des droits de l’homme internationaux et du droit humanitaire, et appellent à la fin de la violence, et à la reconnaissance du droit à la sécurité pour tous dans la région.

Au début du mois d’Octobre 2008, la Haut-Commissaire aux droits de l’homme sud-africaine des Nations Unies, Navi Pillay, a confirmé que la Conférence d’examen de Durban pour évaluer et accélérer les progrès sur la mise en œuvre du Programme d’action aura lieu en avril 2009.

Le régime sioniste est l’un des rares pays qui n’a pas de constitution, et qui a adopté à la place une série de lois fondamentales. La discrimination raciale institutionnalisée contre les Palestiniens en Palestine 48 est facilitée par la « loi du retour » du pays, qui « accorde à chaque Juif, où qu’il soit, le droit de venir en Palestine 48 et de devenir un citoyen du régime sioniste. » Ce droit a été étendu « pour y inclure l’enfant et le petit-fils d’un Juif, le conjoint d’un enfant d’un Juif et le conjoint du petit-fils d’un Juif."

Bien que la Loi du Retour soit généreuse envers l’immigration des Juifs du monde entier, elle est discriminatoire à l’encontre des Palestiniens qui sont vraiment nés sur cette terre et de leurs descendants.

Un autre exemple de l’institutionnalisation de la discrimination raciale dans le régime sioniste est une loi votée par la Knesset, ou Parlement, en 2003 qui empêche les Palestiniens de Cisjordanie occupée ou de la bande de Gaza qui ont épousé des citoyens sionistes de vivre en Israël.

En conséquence, les citoyens palestiniens du régime sioniste qui épousent des Palestiniens des territoires occupés doivent soit s’y installer, soit se séparer de leurs maris ou de leurs épouses.

La loi autorise les conjoints palestiniens de sexe masculin de 35 ans et plus et les épouses de 25 ans et plus à demander des permis de visite temporaires en Palestine 48. Toutefois, les enfants nés de ces mariages ne pourront pas obtenir la citoyenneté à l’âge de 12 ans et ils seront également contraints de quitter la Palestine 48. Cette loi « temporaire » a été prolongée par la Knesset en 2007.

Le Centre Mossawa, qui travaille à la recherche d’une égalité pour les citoyens palestiniens du régime sioniste, citant les statistiques du Ministère sioniste de l’Intérieur, a affirmé que la loi touchait au moins 21 298 familles, y compris des couples mariés depuis longtemps dont les demandes de permis de résidence étaient en instance. Ainsi, alors que la Loi du Retour est destinée à faciliter la réunification des familles juives sionistes, la réunification des familles palestino-sionistes a été encore aggravée par cette loi « temporaire. »

La discrimination raciale institutionnelle du régime sioniste à l’égard des Palestiniens a également lieu dans les territoires occupés. Depuis 1967, le gouvernement sioniste a activement encouragé et facilité l’afflux de plus de 450 000 colons juifs en Cisjordanie et dans la bande de Gaza en violation flagrante du droit international.

En revanche, les Palestiniens sont soumis à un traitement différent. En 1967, 70 000 Palestiniens ont été dépouillés de leur droit de séjour en Cisjordanie et à Gaza, parce qu’ils ne se trouvaient pas dans les territoires occupés par le régime sioniste au moment du recensement qui a eu lieu peu de temps après la guerre de Juin.

Les demandes de regroupement familial avec les conjoints ou les enfants doivent être soumises aux autorités sionistes par un parent proche ayant le statut de résident dans les territoires occupés.

Le processus de réunification de la famille peut prendre plusieurs années et, en attendant, les individus tentent à rester avec leurs familles en faisant des demandes de visas de touristes tous les trois mois.

Toutefois, le régime sioniste a gelé toutes les procédures de regroupement familial dans les territoires palestiniens occupés après le déclenchement de la deuxième Intifada palestinienne en Septembre 2000.

Les demandes de regroupement familial ne sont plus traitées et les permis de visite ne sont plus délivrés aux personnes concernées, séparant les époux et les enfants de leurs familles. En tant que geste dans les négociations palestino-sionistes, le régime sioniste a approuvé près de 32 000 demandes de regroupement familial en Cisjordanie et dans la bande de Gaza depuis Octobre 2007.

La plupart des demandes ont été approuvées pour les Palestiniens qui sont restés avec leurs familles en Cisjordanie ou dans la bande de Gaza après l’expiration de leur permis de visite. Toutefois, selon B’Tselem, près de 90 000 personnes sont toujours en attente d’une décision sur leur demande de regroupement familial.

Les États-Unis, le Canada et le régime sioniste se sont retirés du processus mondial pour éliminer la discrimination raciale. Ils seront sans doute rejoints par les pays de l’Union Européenne si le cas des discriminations raciales à l’égard des Palestiniens est mis clairement à l’ordre du jour.

Pourtant, des appels lancés par les Prix Nobel de la Paix, Martin Luther King Jr., Nelson Mandela, et l’archevêque Desmond Tutu pour combattre la discrimination raciale n’ont pas perdu leur force et sont toujours valables.

Lors d’une conférence de presse après une réunion du Conseil des droits de l’homme en Septembre 2008, Tutu a déclaré : « Je pense que l’Occident se sent, à juste titre, penaud, pénitent, pour sa terrible connivence avec l’Holocauste. La pénitence est payée par les Palestiniens. J’ai seulement à nouveau l’espoir que les citoyens ordinaires en Occident se réveilleront et diront « Nous refusons de participer à cela. »

Le silence et l’indifférence de la communauté mondiale envers la discrimination raciale du régime sioniste à l’égard des Palestiniens est un coup porté à toutes les personnes qui ne peuvent pas accepter l’injustice et le comportement injuste, soit de particuliers ou des Etats.

En outre, comme disait Martin Luther King, Jr. au sujet de la discrimination raciale contre les Africano-américains aux États-Unis, « L’injustice n’importe où est une menace pour la justice partout. »

Source : http://electronicintifada.net/  Traduction : MG pour ISM

ISM et Adri Nieuwhof - Palestine 48 - 22-10-2008

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=10193&type=analyse≤sujet=Racisme

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006

Les groupes palestiniens et le boycott du régime sioniste

Répondre aux critiques

Depuis le lancement du mouvement palestinien pour le boycott, il y a quelques années, nous connaissons un phénomène délicat qui demande à être commenté sans tarder. Plusieurs organisations connues depuis des années - pour certaines, des décennies - pour leur activité inlassable de solidarité avec la Palestine se sont opposées fermement à l’appel de la société civile palestinienne pour le boycott, le désinvestissement et les sanctions (BDS), lancé le 9 juillet 2005 et ce pour des raisons diverses. Certaines disent que de telles tactiques « nuisent » au combat palestinien. D’autres pensent que BDS compromet le mouvement sioniste, soi-disant pour la « paix ». D’autres encore déclarent que boycotter le régime sioniste suscite les accusations d’antisémitisme et de trahison des victimes de l’Holocauste, faisant ainsi reculer l’activité de solidarité pour la Palestine d’une façon conséquente.

Bien d’autres arguments ont été publiés dans des milliers d’articles toutes ces années mais ils sont moins significatifs et conséquents ; aussi, je vais me fixer sur les trois évoqués ci-dessus.

Le boycott est-il contre-productif ?

L’est-il ? Qui en juge ? Un appel signé par plus de 170 partis politiques, syndicats, ONGs et réseaux, représentant l’ensemble de la société civile palestinienne - sous l’occupation, dans le régime sioniste et dans la diaspora - ne peut être « contre-productif », sauf si les Palestiniens ne sont pas assez rationnels et intelligents pour savoir ou exprimer ce qui est le mieux pour eux. Cet argument sent le paternalisme et trahit une attitude coloniale que nous pensions - espérions - disparue dans l’Europe libérale.

D’un point de vue pragmatique, le processus de BDS a prouvé au cours des années passées qu’il revêtait l’une des formes les plus efficaces de la résistance palestinienne civile, non violente, au régime colonial et d’apartheid sioniste. L’ampleur et la profondeur mêmes du soutien que cet appel a recueilli auprès d’importants syndicats, associations universitaires, groupes religieux et autres organisations populaires en Afrique du Sud, au Royaume-Uni, en Irlande, au Canada, en Norvège, en Suède et même aux Etats-Unis, entre autres, attestent de l’efficacité et de l’énorme potentiel de cette campagne pour résister à l’injustice sioniste. Pour la première fois depuis des décennies, de nombreux mouvements européens, par exemple, qui ont soutenu la paix par la justice en Palestine lors de manifestations, d’appels publics et - le plus souvent marginal - d’un travail médiatique, ont découvert un processus auquel ils pouvaient contribuer activement et efficacement et qui promettait des résultats « concrets » sur le terrain, comme il l’a prouvé dans le cas de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. A en juger par les résultats à ce jour, et par ce que nos camarades d’Afrique du Sud nous ont dit maintes fois, notre campagne BDS avance à une vitesse que leur campagne n’a jamais connue.

La campagne BDS compromet-elle le mouvement de la « paix » sioniste ?

Quel « mouvement » de la paix sioniste ? Une telle créature n’existe pas. Les soi-disant groupes pacifistes dans le régime sioniste Israël travaillent pour une grande part à améliorer l’oppression sioniste contre les Palestiniens plutôt qu’à la supprimer, avec comme principal objectif de garantir l’avenir du régime sioniste en tant qu’Etat « juif » - c’est-à-dire exclusivement juif. Les groupes de la « gauche sioniste » sioniste la plus radicale restent sionistes, ils adhérent aux principes racistes du sionisme qui considèrent les Palestiniens natifs comme des êtres inférieurs et comme un obstacle ou comme une « menace démographique » qu’il faut écarter. Plus précisément, ils sont opposés au droit, stipulés par les Nations unies, des réfugiés palestiniens, victimes du nettoyage ethnique lors de la Nakba, et depuis, de revenir dans leurs foyers et sur leurs terres, ils y sont opposés simplement parce que ces réfugiés sont de « mauvaises gens ». Ces groupes s’opposent aussi à mettre fin à cette forme particulière d’apartheid qui domine tout le régime sioniste où un « système » vieux de plusieurs décennies, racial, discriminatoire, consacré par la législation, traite les citoyens « non-juifs » de l’Etat comme des citoyens de seconde zone, à qui on n’accorde pas l’ensemble des droits dont profitent les citoyens juifs. Si c’est cela le mouvement sioniste pour la « paix », alors nulle personne de conscience ne devrait être désolée de le compromettre !

Ceux qui prétendent que « la plupart » des sionistes ne savent rien sur les crimes de l’occupation et qu’il faut parler avec eux au lieu de les boycotter ne font pas que formuler des postulats erronés et débouchent aussi sur de fausses conclusions. La plupart des sionistes servent docilement dans l’armée d’occupation, sans scrupules ni problèmes de conscience, un service qu’ils considèrent entrer dans le cadre du devoir de réserve obligatoire. Ils sont donc parfaitement au courant, et au premier chef, des crimes de l’occupation puisque soit ils y participent en les commettant eux-mêmes, directement, soit ils les regardent se perpétrer en se taisant et ils y participent alors indirectement. De plus, la campagne palestinienne BDS n’a jamais été un boycott global contre les individus sionistes. Elle est invariablement de nature « institutionnelle », ciblant l’ensemble de institutions sionistes, universitaires, culturelles, économiques et politiques, surtout parce qu’elles sont complices de la poursuite de l’occupation et des autres formes d’oppression raciste et coloniale contre les natifs palestiniens. Enfin, « discuter » avec les sionistes, comme avec les groupes de dialogues de l’industrie florissante de la « paix », n’a pas seulement été trompeur et terriblement nocif pour le combat pour une juste paix en donnant la fausse impression qu’une coexistence était possible « malgré » l’oppression sioniste, mais n’a pas réussi à provoquer la moindre évolution positive dans l’opinion publique sioniste pour soutenir la justice comme condition de la paix. L’opinion sioniste/juive est progressivement et dangereusement en train d’évoluer vers la droite fanatique, avec une forte majorité appuyant les solutions fascistes, telles que le nettoyage ethnique - appelé « transfert » dans le jargon dominant aseptisé sioniste - des Palestiniens natifs restant.

Dialogue et lutte de Palestiniens/sionistes en commun ne peuvent se justifier, être constructifs et propices à une juste paix que s’ils sont dirigés contre l’occupation et les autres formes d’oppression, et fondés sur le droit international, sur les droits humains et politiques de base, particulièrement le droit inaliénable à l’autodétermination.
Sur la base de ce qui précède, les seuls qui soient de vrais combattants en Palestine 48 sont ceux qui soutiennent nos trois droits fondamentaux : le droit au retour pour les réfugiés palestiniens ; la totale égalité pour les citoyens palestiniens du régime sioniste ; et la fin de l’occupation et du régime colonial. Ceux-là sont nos véritables partenaires. TOUS soutiennent les différentes formes de boycott, désinvestissement et sanctions, pas seulement dans le principe, mais aussi parce qu’ils sont conscients qu’une paix véritable, durable, et la sécurité pour tous ne pourront jamais se réaliser sans la justice, en dehors du droit international, des droits humains et, plus fondamentalement, de l’égalité. BDS appuiera seulement ce véritable mouvement pour la paix - avec la justice - en Palestine 48 comme partout ailleurs.

Les groupes de solidarité européens qui, consciemment, permettent aux personnalités et mouvements de la gauche sioniste de fixer leurs agendas, les écartant d’une coordination avec la société civile palestinienne et de l’appréciation de ses réels besoins au lieu de s’engager d’abord et avant tout pour les droits humains et le droit international, ces groupes méritent à peine de se qualifier groupes de « solidarité ».

D’un autre côté, les groupes qui, pour des raisons tactiques, ne soutiennent qu’une partie de BDS ou un boycott ciblé de produits ou organisations spécifiques, sionistes ou soutenant le régime sioniste, sont aussi nos partenaires, naturellement. Le boycott n’est pas un type de processus d’une seule mesure pour tous. Il doit être personnalisé pour pouvoir s’adapter à des contextes particuliers pour être plus efficace. Ce sur quoi il est important d’être d’accord, cependant, ce sont sur les motifs et les finalités du boycott. La démarche de BDS se fonde sur le droit avec des objectifs clairs qui devraient composer un dénominateur commun pour tous les groupes de solidarité avec la Palestine. Faire cesser les trois formes d’injustice sioniste et défendre les droits palestiniens concernés constituent les exigences de base pour qu’une campagne internationale puisse être efficace et en harmonie avec les aspirations et besoins exprimés de la société civile palestinienne.

BDS encourage-t-elle l’antisémitisme ?

Plutôt que de réinventer la roue, je vais simplement reprendre ici une partie de ce que j’ai déjà publié dans un plus long article où je réfutais ce principal argument de l’anti-boycott :
« Comme le disait le philosophe français Etienne Balibar : "On ne devrait pas permettre au régime sioniste d’instrumentaliser le génocide des juifs européens pour se mettre au-dessus des lois des nations." Au-delà de cela, fermant les yeux sur l’oppression sioniste, comme les Etats-Unis et la plupart de l’Europe le font souvent, l’Occident a effectivement perpétué la misère, la souffrance humaine et l’injustice qui ont résulté de l’Holocauste.

Quant à l’accusation d’antisémitisme, elle est manifestement déplacée et utilisée nettement comme une intimidation intellectuelle. Est-il vraiment nécessaire de rappeler que les appels palestiniens pour le boycott, le désinvestissement et les sanctions ne ciblent pas les Juifs, ni même les sionistes « en tant » que juifs. Ces appels sont dirigés strictement contre le régime sioniste en tant que puissance coloniale violant les droits des Palestiniens et le droit international. Le soutien grandissant chez les juifs progressistes européens et américains pour des pressions efficaces sur le régime sioniste est un contre argument qu’on ne sait faire connaître. »

En outre, considérer les actions et les positions qui ciblent le régime sioniste d’apartheid et colonial comme antisémites est en soi antisémite, comme beaucoup avant moi l’ont affirmé, en ce que l’on suppose alors que tous les juifs, en eux-mêmes, seraient d’une manière ou d’une autre responsables des crimes sionistes, supposition manifestement raciste qui relève de l’école de la « responsabilité collective » de la pensée - jugée criminelle à Nuremberg - et qui alimente directement l’antisémitisme.

La campagne BDS est une façon civile de lutter contre le régime sioniste, quelle que soit la religion de la plupart des habitants de la Palestine 48. Vraiment, peu importe presque la foi de votre oppresseur - qu’il soit juif, chrétien, musulman ou hindou est quasiment hors propos ! La SEULE chose qui compte, c’est qu’il vous opprime illégalement et immoralement.
Les projets qui soutiennent les Palestiniens dans leur résistance à l’occupation, que ce soit dans le domaine de la santé, de l’éducation, du social et même de la politique, sont d’une importance cruciale et sont toujours indispensables. Beaucoup de Palestiniens, particulièrement parmi les plus vulnérables, ne pourraient, sans ces projets, survivre à la cruauté de l’occupation. Nous apprécions énormément l’appui de ces projets - au moins de ceux qui ne sont ni corrompus ni corrupteurs, comme c’est le cas de beaucoup. Mais cela ne signifie pas que nous sommes pour un temps convaincus que ces projets - davantage des témoignages de soutien à quelque notion abstraite de la « paix » - peuvent, à eux seuls, faire avancer notre combat pour la liberté et la justice. C’est seulement en mettant fin à l’occupation et à l’apartheid qu’on pourra y arriver. Et, nous le savons par expérience, la façon la plus sûre, qui se justifie le plus, moralement, est de traiter le régime sioniste comme on a traité l’Afrique du Sud, en appliquant les diverses mesures de BDS, adaptées au contexte et mises au point, contre cet Etat. Il n’y a pas de meilleure façon d’arriver à une juste paix en Palestine et dans la région toute entière.

Omar Barghouti est un analyste politique palestinien indépendant. Il est l’un des membres fondateurs de la Palestinian Campaign for the Academic and Cultural Boycott of Israel (PACBI).

Du même auteur :
 Tu crois savoir danser ?
 Il est temps de boycotter Israël au niveau mondial
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 "Aucun État n’a le droit d’exister comme État raciste"
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21 octobre 2008 - CounterPunch - traduction : JPP

Info-Palestine et Omar Barghouti - CounterPunch – vendredi 24 octobre 2008

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=5248

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007

N’oublions pas Beit Hanoun

En novembre 2006 un crime de guerre horrible a été commis par l’armée sioniste dans la bande de Gaza. L’opération n’était dirigée contre des militants ayant l’intention d’attaquer la zone sioniste, mais contre de malheureuses familles. Cette action a été commise par la même armée qui avait déjà rasé au bulldozer des fermes palestiniennes, écrasé des voitures et des maisons.

Je me rappelle chaque détail précis de ce qui s’est passé ce jour-là dans Beit Hanoun. Je veux à nouveau le raconter parce que je me sens encouragé, bien que non complètement satisfait, par ce que l’archevêque Desmond Tutu a déclaré après son enquête à Gaza. Bien que l’enquête sur ce massacre ait eu lieu trop tard, soit deux ans après les faits, c’était malgré tout mieux que rien. Tutu a indirectement mis en cause le régime sioniste et l’a estimé responsable de la mort de ces civils.

L’enquête m’a aidé à me rappeler ce dont j’ai été le témoin ce jour-là. Je m’étais précipité sur les lieux et j’ai vu une véritable boucherie. Le sang était répandu sur les murs, les maisons alentour, dans la rue, partout... L’odeur des obus d’artillerie lancés par les forces coloniales se mélangeait à celle du sang et de la chair brûlée des enfants et des vieillards. Les femmes, les hommes, les personnes âgées et les enfants se lamentaient et pleuraient. Dix-huit civils venaient d’être massacrés et beaucoup d’autres étaient blessés. Ceux qui ont survécu on perdu des membres ou ont subi d’autres blessures graves.

J’ai dû refaire cette terrifiante comptabilité parce que tant de personnes n’en ont pas entendu parler, ou n’ont pas été correctement informées de ce massacre. Ce qui suit est le témoignage que j’avais rédigé deux jours après avoir été témoin de cette tuerie.

Faits et témoignages

Nous sommes entrés dans la rue ; la maison avec le numéro 71 a une triste histoire comme toutes les autres maisons du secteur. C’est la maison de Bassem al-Kafarnah. Il a été tué sur son propre seuil alors qu’il réclamait une ambulance pour les blessés qui étaient dispersés dans toute la rue. Bassem est le père de cinq petites filles ; la plus âgée d’entre elles a 7 ans et sa femme est sur le point de donner naissance à son sixième bébé. Nous ne sommes pas sûrs que quand elle mettra au monde son bébé elle puisse également se libérer de sa tristesse et de la blessure que représente la perte de son mari qui l’a maintenant laissée seule ; faisons une prière pour ses peines et ses craintes quant à ses six enfants si faibles qui comptent sur elle et sur Dieu pour trouver un appui.

Un obus d’artillerie a détruit l’entrée de la maison. Il a brisé les murs intérieurs, tuant Bassem et enterrant les rêves de ses enfants. La scène s’est terminée ici, ou peut-être a-t-elle juste commencé. Ces cinq enfants n’avaient pas encore réalisé la vraie signification de la vie, mais ils ont découvert l’amertume de la mort et l’ont vécue dans ses moindres détails.

La maison suivante appartient à Madame Nema al-Athamnah. Elle a été tuée en même temps que sa fille Sana. Nema et Sana étaient deux veuves et elles représentaient le seul espoir pour leurs enfants qui sont maintenant devenus des orphelins. Aujourd’hui cet espoir est enterré avec les deux mamans. Sa belle-fille Nehad et ses quatre enfants ont tous été blessés, trois d’entre eux sont toujours hospitalisés après perdus certains de leurs membres.

Umaya, une autre fille de Madame al-Athamnah a été également blessée. Elle a perdu une jambe et a été blessés à l’autre tandis que sa main était cassée, et elle est à présent soignée en Egypte. Sameer, le mari d’Umaya, a été tué. Leur fille Malak, appelée « Ange », a été blessée par des débris des explosions et des éclats d’obus qui ont marqué son si beau visage.

Le frère d’Umaya, Iyad, a été blessé aux deux jambes et peut-être ne pourra-t-il plus jamais marcher. Son épouse Inas est toujours hospitalisée et essaye de se remettre de ses blessures et de ses brûlures. Leur fils Ahmad a une grave blessure à la tête. Que Dieu lui vienne en aide.

Un groupe de femmes s’est réuni autour de moi. Chacune d’elles essaye de me dire ce qui lui est arrivé. Nisreen, une fille de Nema, a raconté : « Ma mère, Manal, et Fatima Masoud, toutes les trois ont été réduites en morceaux de chair brûlée. Nous avons rassemblé ce qu’il restait d’elles sur les murs, les portes et les arbres, et les avons mises dans des seaux portant leurs noms. Nous avons pu les identifier par des morceaux& de leurs vêtements. »

Nous nous sommes déplacés à la maison suivante, nous attendant à des récits différents, mais ils étaient identiques. La seule différence était le nombre de morts. Un chemin de sable sépare les maisons des frères Saad et Masoud al-Athamnah de celle de leur cousin. Neuf obus ont frappé la maison. Oui, neuf.

Le premier obus a heurté la maison entre les deuxième et troisième étages, transformant trois générations d’une même famille en un mélange de chair brûlée et d’os écrasés. Les victimes étaient : la grand-mère, Fatima al-Athamnah, âgée de 78 ans, son fils Masoud, 52 ans, le fils de Masoud, Samir Masoud, de 23 ans, sa fille Fatima, de 18 ans, et sa deuxième épouse Sabah, âgée de 40 ans. Ils vivaient une vie simple, mais leurs derniers instants ont été terribles. Ils ne sont pas morts paisiblement ; ils ont crié et ont réclamé de l’aide ; ils ont essayé d’échapper à l’arme criminelle qui les a poursuivis jusqu’à ce qu’elle leur ait volé impitoyablement leurs âmes. Cette arme a réduit leurs corps en morceaux et les a privés de toute paix dans leurs derniers instants.
Quand les autres voisins ont entendu l’explosion du premier obus, ils se sont précipités dans la rue, dans le même chemin de sable, et là un nouveau chapitre de la tragédie s’est ouvert. Un obus a alors frappé le mur du second étage et a éclaté en éclats brûlants de fer enflammé mélangé à des substances radiatives qui dissolvent les chairs. Ce second obus a tué les fils de Saad et Hayat al-Athamnah : Muhammad, âgé de 16 ans, Mahdi, 17 ans, et Arafat, 18 ans.

Hayat al-Athamnah a stoïquement raconté l’histoire de ses enfants disparus :

« J’ai vu Mahdi, sa tête était grande ouverte et je pouvais voir son cerveau sur un côté. Je l’ai appelé, mais je n’ai pas eu de réponse, alors j’ai crié ‘que Dieu donne la paix à ton âme’. Puis j’ai vu mon fils, Muhammad. Son corps était brûlé et déformé et je l’ai appelé aussi, mais seul le silence m’a répondu, et j’ai alors aussi demandé ‘que Dieu donne le repos à ton âme.’ »

« J’ai fui le bombardement jusqu’à une ruelle voisine ; là j’y ai trouvé mon fils Arafat. La moitié inférieure de son corps était complètement fendue et ses entrailles se répandaient au sol. J’ai dit ‘Arafat, mon bébé, mon amour, vas avec tes frères, ils sont tous partis’. Il a soulevé sa tête et s’est regardé, puis qu’il a commencé à rassembler ses chairs en voulant les remettre dans ce qui restait de son abdomen. »

« Oui, il était vivant et il me regardait. Puis il est mort à l’hôpital. »

Les tirs d’obus ont continué. Un autre obus a frappé le balcon du quatrième étage où était couché Mahmoud Majdi al-Athamnah, un autre fils d’Hayat, âgé de 12 ans, le tuant sur le coup. Puis un autre obus s’est écrasé sur le toit, tuant Ahmad, le cousin de Mahmoud, âgé de 10 ans.
Encore un obus, et puis encore un autre. Chaque fois avec de nouvelles victimes : Manal, l’épouse de Ramiz Masoud, âgée de 26 ans a été tuée en même temps que ses deux filles, Maysa, de neuf mois, et Maram, de trois ans. Leur frère Abdullah a perdu sa main gauche et est toujours hospitalisé. Hayat al-Athamnah a raconté : « nous avons trouvé la tête de Maram à l’entrée du chemin et le reste de son corps à l’autre extrémité. »

Mohammed al-Athamnah, le cousin de Saad et Masoud Al-Athamnah, s’était précipité sur les lieux pour appeler une ambulance. Au lieu de cela, c’est son cadavre et ceux des cinq enfants qui ont été emportés.
Hayat al-Athamnah a énuméré les blessures tandis que son mari et leur fils, Abdul Mohaymen, étaient dans un hôpital égyptien dans un état critique. Blessés dans le dos et le cou, ils ont beaucoup de blessures venant des éclats d’obus. La main de son fils Muhammad a été coupée et est restée longtemps dans l’horrible chemin avant que quelqu’un ne l’enlève. Elle me dit : « j’ai vu la main de Muhammad sur le sol. Je l’ai reconnue à cause de sa montre, qui y était incrustée ; elle était aussi crispée sur un téléphone portable et un petit sac. »

Sameh A. Habeeb est un journaliste indépendant, travailleur humanitaire et militant pacifiste basé à Gaza. Il écrit pour plusieurs sites Web.

21 octobre 2008 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
Traduction de l’anglais : Claude Zurbach

Info-Palestine et Sameh A. Habeeb - The Electronic Intifada - CounterPunch – vendredi 24 octobre 2008

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=5257