Accueil > Sociétés Civiles à Parlement Européen > Qu’est-ce qui ne va pas avec le FPLP ?

Opinion

Qu’est-ce qui ne va pas avec le FPLP ?

Par Khaled Amayreh

dimanche 19 octobre 2008

Le Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP) n’est plus ce qu’il était. Aujourd’hui, l’association qui a produit Laila Khaled, George Habash et de nombreux autres sommités dans le ciel de la lutte palestinienne pour la liberté et la justice fonctionne beaucoup plus comme un parasite de l’Autorité Palestinienne soutenue par les Etats-Unis (AP).

Les affinités permanentes entre le chef de facto du FPLP, Abdel Rahim Mallouh, et le le président de l’AP et chef du Fatah, Mahmoud Abbas, semblent suggérer que le groupe de Gauche a effectivement abandonné ses anciens principes. Ce qui est encore plus choquant, c’est que les exactions scandaleuses du régime de Ramallah ont peu d’incidence sur le mariage de convenance entre le FPLP et la direction de l’Autorité Palestinienne.

Il n’y a pas si longtemps, le FPLP n’hésitait pas à éliminer physiquement toute personnalité palestinienne qui « franchissait les lignes rouges » dans ses rapports avec les occupants coloniaux israéliens. Il t a plus de deux décennies, l’assassinat par un cadre FPLP de l’ancien maire de Naplouse, Thafer al Masri, nommé par les sionistes avec l’accord de l’OLP, peut être considéré comme un exemple classique du genre.

Toutefois, aujourd’hui, avec le franchissement de pratiquement toutes les lignes routes palestiniennes par la direction de l’Autorité palestinienne, le FPLP reste non seulement silencieux et soumis, mais il fournit aussi une certain couverture de « consensus national » pour légitimer les politiques et les pratiques que George Habash, Abu Ali Mustafa, Wadee ’Haddad et Ghassan Kanafani auraient considérées comme représentant une ultime trahison nationale.

Depuis la signature des sinistres Accords d’Oslo il y a de 15 ans, le FPLP s’est présenté lui-même comme représentant la conscience du nationalisme laïc palestinien.

Toutefois, ces dernières années nous avons constaté une grave détérioration de l’engagement du FPLP dans le soutien et la protection des objectifs et des intérêts nationaux palestiniens.

Sur le plan théorique, la direction du FPLP continue de réciter les mêmes vieilles rhétoriques rituelles sur les méfaits du sionisme du camp impérialiste mené par les Etasuniens.

Cependant, dans un fort contraste avec la rhétorique ronflante, la direction du FPLP a marché tranquillement et docilement aux côtés du régime de Ramallah sur le chemin du sacrifice des intérêts nationaux pour obtenir une approbation des Etasuniens et des sionistes.

En fait, le FPLP a commis plus que des erreurs pardonnables. Il a commis de graves péchés qui déshonorent vraiment et défigurent l’histoire d’une organisation qui a toujours jugé les individus, les entités et les régimes en fonction du niveau de leur asservissement à l’impérialisme américain.

Examinons quelques-unes des bourdes nationales et morales récemment commises par le FPLP qui doivent, j’en suis sûr, provoquer la colère de nombreux membres et partisans du groupe.

L’actuelle direction du FPLP (je parle de Mallouh, et non d’Ahmed Sadaat qui croupit dans les cachots sionistes) a effectivement autorité Abbas à utiliser le FPLP comme jouet de propagande pas cher et facilement disponible dans la longue confrontation entre le Fatah et le Hamas. C’est un fait que de nombreux dirigeants du FPLP honnêtes, comme Khalida Jarrar, reconnaissent volontiers.

En outre, à chaque fois qu’Abbas veut faire avancer sa propre approche vers l’abandon des droits nationaux palestiniens, comme le droit au retour d’une importance primordiale, ou d’obtenir des points de propagande dans la crise avec le Hamas, il invoque simplement la vieille litanie ennuyeuse que l’OLP est le seul représentant légitime du peuple palestinien.

Fait intéressant, cela se fait en dépit du fait que les politiques suivies et les objectifs recherchés par Abbas et son régime qui survit grâce aux dons provenant des États-Unis, de l’Europe et de certains pays arabes riches en pétrole, constituent l’antithèse exacte des objectifs et des aspirations pour lesquels l’OLP a été créée.

En outre, la direction du FPLP n’a rien dit et n’a rien fait durant toutes ces années où le groupe du Fatah n’a cessé d’éroder, de corrompre et d’éviscérer l’OLP de sa substance nationale et même de sa pertinence jusqu’à ce que l’organisation ne devienne qu’un pâle ombre de ce qu’elle était autrefois.

Il y a quelques mois, j’ai demandé à M. Mallouh au cours d’une conférence à Ramallah si son mouvement continuerait de s’accrocher à l’OLP, si le régime d’Abbas compromettait les inviolables constantes nationales palestiniennes telles que Jérusalem, le droit au retour des réfugiés et les colonies juives en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

Mallouh s’est abstenu de me donner une réponse directe. Au lieu de cela, il a déclaré que « nous traverserons ce pont lorsque nous y parviendrons. »

Mais Mallouh et tous les Palestiniens ont déjà atteint le pont puisque M. Abbas a dit en termes sans équivoque qu’il ne demanderait pas le retour de tous les réfugiés palestiniens dans leurs maisons et patrie ancestrales dans ce qui est aujourd’hui la zone sioniste.

Il est exact que les membres de la base du FPLP condamnent les remarques d’Abbas, et cela doit être salué et apprécié.

Mais le silence assourdissant de Mallouh et de ses proches collaborateurs ne peut pas être pardonné. Ce n’est pas le même FPLP avec lequel nous avons grandi et que nous avons respecté.

Il est vraiment triste que le FPLP, ainsi que d’autres organisations et groupes palestiniens qui prétendent adhérer aux traditions de Gauche en se tenant aux côtés de la classe ouvrière et en faisant respecter les principes de la justice, s’abandonnent à l’hégémonie étasunienne, que ce soit pour des raisons d’argent ou par désespoir de voir naître une possibilité de vaincre les régimes impérialistes.

Ces organisations semblent avoir préféré calmer l’Autorité Palestinienne, les sionistes et les étasuniens plutôt que de s’exprimer haut et fort et de protester contre certains des actes manifestement criminels que le régime sioniste et l’Autorité Palestinienne commettent en Cisjordanie, y compris la destruction ou la fermeture d’écoles, d’orphelinats, d’associations caritatives et d’autres institutions civiles au service des Palestiniens pauvres et de renforcer leur capacité à résister à l’occupation israélienne du type Nazie.

Plus précisément, le FPLP est resté silencieux quand le régime de Ramallah soutenu par les Américains a refusé de payer régulièrement les salaires de
6 000 enseignants dont les dossiers et les fichiers continuent d’être retenus dans les bureaux du Mukhabarat (renseignements généraux) à Ramallah.

Alors, pourquoi le FPLP ne s’exprime-t il pas au nom de ces personnes lésées ? Pourquoi Malloud n’exhorte-t il pas son proche ami Abbas de traiter ces malheureux travailleurs et travailleuses avec le respect et la dignité qu’ils méritent ?

Un autre grave défaut de comportement qui ébranle l’image et la réputation du FPLP, c’est la camaraderie entre Mallouh et Abbas, ce qui suggère que le groupe de Gauche n’a pas d’objections sérieuses à la pleine et entière conversion du régime de l’Autorité Palestinienne au camp étasuno-sioniste. Est-ce que la direction du FPLP est trop crédule pour se rendre compte que l’Autorité Palestinienne fait maintenant partie intégrale de l’ensemble du système étasunien contre les forces de la résistance et la fermeté au Moyen-Orient ?

Enfin, le silence du FPLP face au régime d’Etat policier qui est en train de se renforcer Cisjordanie, grâce à une intervention active de la CIA et du régime sioniste, est plus que révélateur. Il reflète un niveau élevé de complaisance et de faillite morale de la part de la direction du FPLP qui observe ces actes blasphématoires sans rien dire.

En fait, le FPLP semble suivre le vieil adage : « La parole est d’argent, le silence est d’or », mais de toute évidence de façon pathétique. Peut-être que le véritable adage adopté ces temps-ci par la direction du FPLP est celui qui a été inventé par Saadi Shirazi : « Quand il s’agit d’argent, les têtes se baissent. »

Malheureusement, cela semble être la plus plausible explication du comportement du FPLP vis-à-vis de l’Autorité palestinienne au cours des dernières années.

Ce qui est sûr, c’est personne ne s’attend à ce que le FPLP assume le rôle d’un puissant correcteur ou niveleur sur la scène palestinienne.

Toutefois, le FPLP est censé être au moins fidèle à ses propres principes, en particulier, à ceux ayant trait avec l’inviolabilité des droits des Palestiniens et de l’honneur et de la dignité de la lutte palestinienne, qui sont clairement compromis par l’entité que la direction du FPLP encourage maintenant.

Source : http://www.xpis.ps/  Traduction : MG pour ISM