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Nouvelles du jour

Chronique de l’occupation

Lundi, 13 octobre 2008

lundi 13 octobre 2008

nombre d’entrées : 6

001

Un vieillard et deux enfants blessés au cours d’une attaque des colons en Cisjordanie

Les colons sionistes ont blessé 6 Palestiniens qui cueillaient leurs olives non loin de l’implantation illégale de « Brachach ».

Des sources médicales à l’hôpital de Radefia ont déclaré à Ma’an que 6 habitants d’un village situé au sud de Naplouse souffraient de coups, de fractures, et de blessures après avoir été assaillis par un groupe de colons. Parmi les victimes, on compte deux enfants et un vieillard Palestinien.

Les officiels de l’hôpital ont identifié les deux enfants blessés comme Hisham Fayez Fathi Mansour, 8 ans, et Madiha Nassar Rashid Manosur, 12 ans.

Fathi Rashid Mansour, âgé de 70 ans, de même que Ibtisam Naasar Rashid et Manal Wasfi Rashid Mansour, tous deux âgés de 30 ans, ont également été blessés au cours de cette attaque. Un officiel de l’Autorité Palestinienne, responsable des affaires du village, a déclaré à Ma’an que « des dizaines de colons sionistes » avaient agressé les Palestiniens.

Cet officiel, Ghassan Daghlas, a déclaré que les colons, vendredi 10/10/08, « avaient battu les habitants » du village et leur avaient lancé des pierres.

Naplouse – Ma’an – 10 / 10 / 2008 - 17:22

http://www.maannews.net/en/index.php?opr=ShowDetails&ID=32455

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002

Le Jihad Islamique déclare que les échauffourées d’Acre ouvrent la voir à « une troisième intifada »

Le Jihad Islamique a appelé à manifester pour soutenir les Palestiniens habitant Acre qui ont été attaqués par des citoyens sionistes jeudi 09 et vendredi 10/10/08, a déclaré un porte parole.

Walid Hilis a déclaré dans un communiqué de presse que « ce qui se passe est l’indication d’une troisième intifada, conduite par les Palestiniens qui vivent en zone sioniste. »

Il a déclaré que « les attaques effectuées par les extrémistes sionistes au cours des deux derniers jours confirment la nécessité d’une réponse solidaire avec les Palestiniens qui vivent en zone sioniste. » Il a également appelés ces attaques « barbares et discriminatoires. »

Hilis a appelé les Palestiniens à s’opposer à ces actes et à s’accrocher à leurs maisons et à leur terre. » Il a déclaré que les évènements des dernières 48 heures « mettent en lumière le plan sioniste pour expulser les Palestiniens de leurs domiciles, exactement comme en 1948. »

Les extrémistes sionistes ont attaqué les Palestiniens à Acre jeudi 09 et vendredi 10/10/08, ce qui a provoqué des heurts entre Juifs et Arabes dans toute la ville. Au moins 15 Palestiniens ont été blessés au cours de ces affrontements, alors que des maisons et des voitures étaient incendiées par des groupes de fanatiques juifs.

Les heurts avaient commencé à Acre jeudi 09/10/08 immédiatement après minuit, lorsque des jeunes juifs ont agressé un habitant Palestinien. De nouveaux heurts ont éclatés dans la ville vendredi 10/10/08 après-midi, alors que les dirigeants lançaient des appels au calme.

Les jeunes juifs, d’après les rapports reçus, ont attaqué un homme Palestinien parce qu’il conduisait une voiture dans un quartier à majorité juive de la ville. A la suite de cette agression, de jeunes Palestiniens sont venus sur les lieux, ce qui a déclenché une extension des affrontements impliquant à la fois des Arabes et des Juifs.

L’homme attaqué était en train de rentrer chez lui au moment de l’attaque qui a conduit deux membres de la Knesset à condamner la police.

Ahmad Tibi, membre de la Knesset, a accusé la police de « discrimination regrettable » pour avoir négligé de protéger les habitants Arabes d’Acre, jeudi 09. Selon le journal sioniste Yediot Ahronot, Tibi a également déclaré a également qualifié ces émeutes de « pogrom mené par des criminels Juifs contre les Arabes. »

Des dizaines de voitures et de boutiques ont été endommagées au cours de ces scènes, au cours desquelles des centaines d’émeutiers criaient « mort aux Arabes ! » et d’autres slogans interdits dans les rassemblements de masse.

Muhammad Barakeh, un autre membre de la Knesset, a comparé ces évènements au traitement réservés aux Juifs dans l’Allemagne hitlérienne, a rapporté Ha’aretz. Barakeh a déclaré à des journalistes que les émeutes de jeudi étaient comparables à ce à quoi « les juifs étaient exposés de la part des gangs nazis en Allemagne. »

La police a arrêté un certain nombre de personnes suspectées d’avoir participé aux émeutes et elle a déclaré qu’elle prévoit d’en arrêter d’autres. Le chef de la police d’Acre a évoqué « l’implication de gangs Juifs et Arabes » dans ces émeutes, qui ont pris naissance dans la partie est de la ville.

[ commentaires : un article du Nouvel Observateur mentionne que « La population d’Acre, ancienne capitale des Croisés, est composée à 28% d’Arabes. Les deux communautés religieuses vivent dans des quartiers distincts. » ]

Gaza - Ma’an - 10 / 10 / 2008 - 22:16

http://www.maannews.net/en/index.php?opr=ShowDetails&ID=32461

Exploitée le : 12/10/08
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003

A Bethlehem, un bâtiment d’habitation est assiégé, puis bombardé et partiellement détruit

Dimanche 12/10/08 en début de matinée, au matin, les forces coloniales ont mis le siège devant un bâtiment de la rue As-Saf, à l’extrémité sud de Bethlehem.

Des témoins oculaires ont déclaré à Ma’an que plus de 30 véhicules militaires sionistes ont mené un raid dans le voisinage, et ont tiré, au fusil et au canon, sur un bâtiment appartenant à Mahmou Dweik, contraignant les habitants à évacuer le bâtiment et se réfugier chez des voisins.

Les témoins ont déclaré que les forces sionistes avaient commencé à démolir des parties du bâtiment et avaient interdit la zone, empêchant des écoliers et des lycéens de se rendre à leurs écoles dans le quartier.

[ commentaires : la bête est enragée, elle mord tout ce qu’elle trouve...]

Bethlehem – Ma’an – 12 / 10 / 2008 - 10:45

http://www.maannews.net/en/index.php?opr=ShowDetails&ID=32488

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004

Le « Plan en sept points » d’Al Barghouthi pour la réconciliation

Selon le Dr Mustapha Barghouthi, secrétaire général de l’Initiative Nationale Palestinienne (PNI) et membre du Conseil Législatif Palestinien (CLP), à son retour d’Egypte, il y a eu des progrès significatifs au cours des entretiens du Caire.

Barghouthi était au Caire pour des réunions avec les responsables égyptiens, le secrétaire général de la Ligue Arabe Amr Mousa et la délégation du Hamas participant aux entretiens de réconciliation du Caire.

« Il y a sept éléments qui peuvent garantir le succès du dialogue et ouvrir la voie à une sortie de la crise interne Palestinienne, » a déclaré Barghouthi dans un communiqué. Les problèmes sont mettre fin des campagnes de dénigrement dans les médias, s’abstenir de discuter des problèmes controversés par des articles dans les média, en finir une fois pour toutes avec les arrestations politiques, la libération de tous ceux qui ont été arrêtés dans le cadre de campagnes d’arrestations politiques, et la réouverture de toutes les sociétés et organisations fermées illégalement cet été.

Il est également nécessaire que toutes les parties se déclarent prêtes pour le dialogue, a déclaré Barghouthi. Il ne doit pas y avoir de nouvelles initiatives qui violent la Loi Fondamentale, et tous les efforts doivent aller à la formation d’un gouvernement de consensus national, soutenu par toutes les parties, y compris le Conseil Législatif Palestinien.

En outre, a-t-il déclaré, les portes de l’OLP devraient être ouvertes à tous les partis, y compris le Hamas, l’INP et le Jihad Islamique.

Un point d’une importance fondamentale est l’approbation d’une date pour les élections législatives présidentielles et législatives, qui, pour Barghouthi, doivent être aidées par des équipes de contrôle Arabes et internationales afin de garantir l’honnêteté du scrutin.

Il a réaffirmé que le document d’honneur sur les méthodes et la mise en pratique concernant l’élection avait été signé par tous les mouvements, afin que ce qui s’est passé après les élections de 2006 ne se reproduise pas.

« Le problème de la construction d’un direction nationale unifiée devait être la première priorité dans un conflit qui concerne un pays occupé, » a-t-il conclu, en appelant au soutien des négociateurs du Caire.

Il a déclaré que « les Palestiniens ne peuvent pas tolérer de nouveaux échecs. »

Ramallah – Ma’an – 12 / 10 / 2008 -14:33

http://www.maannews.net/en/index.php?opr=ShowDetails&ID=32492

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005

La télévision sioniste célèbre le crime organisé

En zone sioniste, le meurtre de Palestiniens et leur mutilation sont ouvertement applaudis aux plus hauts niveaux. Et y a-t-il quelqu’un en occident pour le constater ?

La tension dans l’assistance était évidente samedi dernier alors qu’elle attendait d’Emanuel Rozin, présentateur de la chaîne de télévision sioniste Canal 2, qu’il annonce qui était l’homme de l’année « [hébraïque] ». Pour augmenter le suspens dans l’assistance, Rozin a énuméré les réalisations de la personnalité en question avant de livrer son nom.

« C’est l’homme qui n’a fait qu’exécuter de bonnes actions... C’est la personne qui est devenue célèbre pour avoir découpé les têtes de Palestiniens avec un couteau japonais... Il est né avec un couteau entre les dents... C’est le chef du Mossad, Meir Dagan ! » Et la salle a croulé sous les applaudissements lorsque Rozin a annoncé que Dagan était homme de l’année.

Rozin a veillé à mentionner certains des hauts faits « secrets » de Dagan, particulièrement l’assassinat du commandant du Hizbullah, Imad Mughniyah, et la fourniture des informations qui ont permis à l’Armée de l’Air sioniste de bombarder un centre de recherches au nord-est de la Syrie. Après avoir annoncé que Dagan était l’homme de l’année, l’émission de télévision a présenté son profil reprenant ses états de service pendant son carrière militaire et comme responsable du Mossad.

Tous les collègues et connaissances de Dagan qui ont été interviewés n’ont pas tari d’éloges sur son imagination pour assassiner des Palestiniens et des Arabes. Le général à la retraite Yossi Ben Hanan, un ancien collègue de Dagan, témoignait sur son insistance à assassiner des Palestiniens lui-même une fois qu’ils lui avaient été amenés. Ben Hanan a chaudement félicité son grand ami pour cela.

Juste avant puis après que Dagan ait été nommé homme de l’année, un certain nombre de rapports de presse ont été publiés au sujet des atrocités qu’il a commises contre les civils palestiniens et libanais. Ces rapports, élaborés par des journalistes sionistes reconnus, confirment que Dagan a été « nominé » en raison de ces atrocités.
Aluf Ben Ahed, un commentateur du journal Haaretz, a publié un rapport sur Dagan le 26 septembre dans lequel il écrivait que l’ancien premier ministre Ariel Sharon lui-même avait insisté pour que Dagan soit nommé à la tête de Mossad, « en raison de son immense expérience et de son passe-temps consistant à découper les têtes des Arabes », tel qu’il l’a rapporté.

Ben Ahed a écrit aussi que la relation entre Sharon et Dagan remontait au début des années 70 lorsque Sharon était commandant de la région sud et Dagan commandant de l’escadron de la mort Rimonim. Sharon avait alors confié à Dagan la mission d’enlever et d’assassiner les combattants de la résistance palestinienne dans la bande de Gaza.
Sharon appréciait beaucoup voir Dagan couper lui-même les têtes des résistant palestiniens après leur assassinat. Ben Kasbit a écrit qu’un certain nombre de soldats qui ont servi sous Dagan dans la bande de Gaza au cours de cette période ont plus tard souffert de troubles psychologiques pour avoir appliqué des ordres de Dagan en tuant d’atroce façon des Palestiniens. Après avoir fait leur période militaire, certains d’entre eux ont perpétré des crimes [dans la société sioniste], et lorsqu’ils ont été jugés, ils ont dit avoir été affectés par les atrocités commises sous les ordres de Dagan, contre des Palestiniens.

Le journaliste Gidéon Lévy a publié un article le 2 octobre où il indiquait que la censure militaire avait empêché la publication d’un rapport que les journalistes avaient préparé il y a des années sur les atrocités dont Dagan s’était rendu responsable contre les civils libanais alors qu’il était commandant de l’armée sioniste au Sud du Liban dans les années 80. Si la censure militaire sioniste autorise aujourd’hui la publication de rapports confirmant le passe-temps de Dagan de couper les têtes des Palestiniens, on peut supposer que ce qui reste censuré est encore plus atroce.

Al-Ahram weekly a rassemblé des témoignages de Palestiniens ayant été témoins des atrocités de Dagan dans la bande de Gaza pendant les années 70, lorsqu’il était commandant de l’unité Rimonim. Rabia Abu Samheh, âgée de 63 ans, qui vit dans le camp de réfugié d’Al-Maghazi, faisait partie de ces témoins.

En juillet 1971, Abu Samheh était en route pour rentrer chez elle dans le quartier à l’ouest du camp après une visite à une amie dans le quartier situé à l’est, lorsqu’elle a remarqué que la rue principale du camp était complètement vide : elle avait été envahie par des membres de l’unité Rimonim, lesquels portaient des bérets rouges. Quand elle s’est approché de la principale mosquée du camp, elle a été témoin d’une scène qu’elle n’oubliera jamais. Les soldats ont ouvert le feu sur trois jeunes hommes palestiniens, puis un soldat a jeté un des tués dans un puits d’ordures près de la mosquée. Abu Samheh a été choquée par la scène et oubliant sa peur elle s’est précipitée vers les soldats pour les empêcher de jeter les deux autres morts dans le puits. Ils l’ont alors battue avec les crosses de leurs fusils jusqu’à ce qu’elle ait le visage en sang.

Salem Sarirat, âgé de 58 ans, vit près de la frontière entre la Bande de Gaza et la zone sioniste. Il raconte qu’il menait son troupeau de moutons dans le pâturage près de sa maison lorsqu’il a entendu des véhicules militaires tout près de là. Il s’est précipité chez lui et a observé de sa fenêtre ce qui arrivait, voyant que des soldats de l’unité Rimonim sortaient deux jeunes hommes palestiniens d’un des véhicules et les attachaient à un arbre. Puis un militaire qui selon Sarirat était Dagan lui-même, s’est approché d’eux avec un couteau à la main. Il l’a planté dans le coup d’un des deux jeunes qui criait et puis l’a violemment tourné dans tous les sens jusqu’à ce que sa tête ait été découpée. Puis il a procédé de même avec l’autre garçon.

Ben Aluf et Ben Kasbit conviennent que Dagan a remporté le prix [de canal 2] pour sa cruauté dans ses actes comme commandant de l’unité Rimonim. Gideon indique que personne d’autre n’a dirigé le Mossad en ayant commis autant d’atrocités, de crimes, et en ayant répandu autant de sang que Dagan.

Ronin Briegman qui écrit dans le journal à grande diffusion Yediot Aharonot, a publié un article le 7 août dans lequel il expliquait que Sharon avait été contrarié par la politique d’Ephraim Helevi, prédécesseur de Dagan à la tête du Mossad, parce que l’agence n’avait pas commis d’assassinats pendant son mandat qui aurait prouvé la force et la portée des actions israéliennes. Sharon était également irrité du fait qu’Helevi n’avait pas entrepris de mission pour contrecarrer le programme nucléaire iranien, une mission que Dagan a pris en charge au nom du Mossad.

Ronin Briegman indique que les listes d’opérations exécutées par le Mossad sous le mandat de Dagan ont toujours été très chaudement accueillies par Sharon et son successeur Olmert. Ces opérations comprenaient l’assassinat de Mughniyah, le bombardement d’une usine supposée d’armes chimiques en Syrie et le meurtre de dizaines d’experts syriens et iraniens, et la fourniture de renseignements permettant le bombardement d’un centre de recherches au nord-est de la Syrie qui selon Israël abritait un réacteur nucléaire syrien en construction avec l’aide d’experts venus de Corée du Nord. Briegman indique que sous le mandat de Dagan, le Mossad a assassiné Ramzi Nehareh, un commerçant lié au Hizbullah, Ghalib Awaleh, un responsable de l’aile militaire du Hizbullah, Ali Hussein Saleh, un chauffeur de l’ambassade iranienne à Beyrouth, Abu Hamza, responsable du Jihad islamique au sud du Liban, ainsi que bien d’autres.
Tous les journalistes qui ont écrit sur le Mossad à l’époque de Dagan ont dit à quel point Olmert est impliqué dans l’élaboration des listes d’opérations exécutées par le Mossad. Ces journalistes rapportent que Dagan se rend au bureau d’Olmert chaque jeudi avec une liste d’opérations qu’il veut voir approuvée par Olmert, et qu’Olmert validait toutes les propositions de Dagan. Il y a un consensus en Israël sur le fait que Dagan est aujourd’hui la personnalité la plus influente parmi ceux qui décident à Tel Aviv, et qu’en raison de ses hauts faits, Olmert a insisté à deux reprises pour que le mandat de Dagan à la tête du Mossad soit reconduit.

Il est ironique et inexplicable que le monde ose qualifier de terroristes les mouvements de la résistance arabe et palestinienne, alors qu’Israël a produit des terroristes beaucoup plus sadiques et criminels. De plus, le massacre à grande échelle d’innocents est devenu la norme pour accorder des promotions à des chefs militaires et leur octroyer de plus grandes responsabilités.

Le régime sioniste bloque un accord sur un échange de prisonnier avec le Hamas visant à libérer Gilad Shalit, le soldat sioniste capturé, sous le prétexte qu’il ne peut pas accepter de libérer des prisonniers palestiniens qui ont tué des soldats et des colons. En attendant, Israël célèbre ceux qui excellent à découper les têtes arabes.

Du même auteur :
 Israël s’attaque à la mosquée Al Aqsa - 4 septembre 2008
 L’occident aide l’Autorité palestinienne à réprimer les Palestiniens - 19 août 2008
 Le pogrom perpétré par les colons juifs contre les Palestiniens doit cesser - 11 août 2008
 Si Israël libère les députés palestiniens, Abbas menace de dissoudre l’AP - 3 août 2008

11 octobre 2008 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2008/917...
Traduction de l’anglais : AIO

[ commentaire : des malades, il y en a dans tous les pays. Mais là, on lui confie des responsabilités militaires importantes. Des services de renseignements, il y en a dans tous les pays, mais j’imagine que dans la plupart des cas, ils n’éprouvent pas une jouissance singulière à passer à l’acte lorsqu’ils doivent le faire. Mais ce qui confirme le sentiment d’horreur que m’inspire de plus en plus nettement la majorité de la société sioniste, c’est qu’un malade comme ce monstre soit choisi comme gloire nationale. Partout ailleurs, ce ne serait pas la prison, mais l’asile. Que ne dirait-on pas, si, en France, en Espagne, en Grèce, en Russie, et bien sûr en Allemagne...]

Info-Palestine et Khalid Amayreh - Al Ahram Weekly – dimanche 12 octobre 2008

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=5200

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006

La télévision sioniste célèbre le crime organisé

En zone sioniste, le meurtre de Palestiniens et leur mutilation sont ouvertement applaudis aux plus hauts niveaux. Et y a-t-il quelqu’un en occident pour le constater ?

La tension dans l’assistance était évidente samedi dernier alors qu’elle attendait d’Emanuel Rozin, présentateur de la chaîne de télévision sioniste Canal 2, qu’il annonce qui était l’homme de l’année « [hébraïque] ». Pour augmenter le suspens dans l’assistance, Rozin a énuméré les réalisations de la personnalité en question avant de livrer son nom.

« C’est l’homme qui n’a fait qu’exécuter de bonnes actions... C’est la personne qui est devenue célèbre pour avoir découpé les têtes de Palestiniens avec un couteau japonais... Il est né avec un couteau entre les dents... C’est le chef du Mossad, Meir Dagan ! » Et la salle a croulé sous les applaudissements lorsque Rozin a annoncé que Dagan était homme de l’année.

Rozin a veillé à mentionner certains des hauts faits « secrets » de Dagan, particulièrement l’assassinat du commandant du Hizbullah, Imad Mughniyah, et la fourniture des informations qui ont permis à l’Armée de l’Air sioniste de bombarder un centre de recherches au nord-est de la Syrie. Après avoir annoncé que Dagan était l’homme de l’année, l’émission de télévision a présenté son profil reprenant ses états de service pendant son carrière militaire et comme responsable du Mossad.

Tous les collègues et connaissances de Dagan qui ont été interviewés n’ont pas tari d’éloges sur son imagination pour assassiner des Palestiniens et des Arabes. Le général à la retraite Yossi Ben Hanan, un ancien collègue de Dagan, témoignait sur son insistance à assassiner des Palestiniens lui-même une fois qu’ils lui avaient été amenés. Ben Hanan a chaudement félicité son grand ami pour cela.

Juste avant puis après que Dagan ait été nommé homme de l’année, un certain nombre de rapports de presse ont été publiés au sujet des atrocités qu’il a commises contre les civils palestiniens et libanais. Ces rapports, élaborés par des journalistes sionistes reconnus, confirment que Dagan a été « nominé » en raison de ces atrocités.
Aluf Ben Ahed, un commentateur du journal Haaretz, a publié un rapport sur Dagan le 26 septembre dans lequel il écrivait que l’ancien premier ministre Ariel Sharon lui-même avait insisté pour que Dagan soit nommé à la tête de Mossad, « en raison de son immense expérience et de son passe-temps consistant à découper les têtes des Arabes », tel qu’il l’a rapporté.

Ben Ahed a écrit aussi que la relation entre Sharon et Dagan remontait au début des années 70 lorsque Sharon était commandant de la région sud et Dagan commandant de l’escadron de la mort Rimonim. Sharon avait alors confié à Dagan la mission d’enlever et d’assassiner les combattants de la résistance palestinienne dans la bande de Gaza.
Sharon appréciait beaucoup voir Dagan couper lui-même les têtes des résistant palestiniens après leur assassinat. Ben Kasbit a écrit qu’un certain nombre de soldats qui ont servi sous Dagan dans la bande de Gaza au cours de cette période ont plus tard souffert de troubles psychologiques pour avoir appliqué des ordres de Dagan en tuant d’atroce façon des Palestiniens. Après avoir fait leur période militaire, certains d’entre eux ont perpétré des crimes [dans la société sioniste], et lorsqu’ils ont été jugés, ils ont dit avoir été affectés par les atrocités commises sous les ordres de Dagan, contre des Palestiniens.

Le journaliste Gidéon Lévy a publié un article le 2 octobre où il indiquait que la censure militaire avait empêché la publication d’un rapport que les journalistes avaient préparé il y a des années sur les atrocités dont Dagan s’était rendu responsable contre les civils libanais alors qu’il était commandant de l’armée sioniste au Sud du Liban dans les années 80. Si la censure militaire sioniste autorise aujourd’hui la publication de rapports confirmant le passe-temps de Dagan de couper les têtes des Palestiniens, on peut supposer que ce qui reste censuré est encore plus atroce.

Al-Ahram weekly a rassemblé des témoignages de Palestiniens ayant été témoins des atrocités de Dagan dans la bande de Gaza pendant les années 70, lorsqu’il était commandant de l’unité Rimonim. Rabia Abu Samheh, âgée de 63 ans, qui vit dans le camp de réfugié d’Al-Maghazi, faisait partie de ces témoins.

En juillet 1971, Abu Samheh était en route pour rentrer chez elle dans le quartier à l’ouest du camp après une visite à une amie dans le quartier situé à l’est, lorsqu’elle a remarqué que la rue principale du camp était complètement vide : elle avait été envahie par des membres de l’unité Rimonim, lesquels portaient des bérets rouges. Quand elle s’est approché de la principale mosquée du camp, elle a été témoin d’une scène qu’elle n’oubliera jamais. Les soldats ont ouvert le feu sur trois jeunes hommes palestiniens, puis un soldat a jeté un des tués dans un puits d’ordures près de la mosquée. Abu Samheh a été choquée par la scène et oubliant sa peur elle s’est précipitée vers les soldats pour les empêcher de jeter les deux autres morts dans le puits. Ils l’ont alors battue avec les crosses de leurs fusils jusqu’à ce qu’elle ait le visage en sang.

Salem Sarirat, âgé de 58 ans, vit près de la frontière entre la Bande de Gaza et la zone sioniste. Il raconte qu’il menait son troupeau de moutons dans le pâturage près de sa maison lorsqu’il a entendu des véhicules militaires tout près de là. Il s’est précipité chez lui et a observé de sa fenêtre ce qui arrivait, voyant que des soldats de l’unité Rimonim sortaient deux jeunes hommes palestiniens d’un des véhicules et les attachaient à un arbre. Puis un militaire qui selon Sarirat était Dagan lui-même, s’est approché d’eux avec un couteau à la main. Il l’a planté dans le coup d’un des deux jeunes qui criait et puis l’a violemment tourné dans tous les sens jusqu’à ce que sa tête ait été découpée. Puis il a procédé de même avec l’autre garçon.

Ben Aluf et Ben Kasbit conviennent que Dagan a remporté le prix [de canal 2] pour sa cruauté dans ses actes comme commandant de l’unité Rimonim. Gideon indique que personne d’autre n’a dirigé le Mossad en ayant commis autant d’atrocités, de crimes, et en ayant répandu autant de sang que Dagan.

Ronin Briegman qui écrit dans le journal à grande diffusion Yediot Aharonot, a publié un article le 7 août dans lequel il expliquait que Sharon avait été contrarié par la politique d’Ephraim Helevi, prédécesseur de Dagan à la tête du Mossad, parce que l’agence n’avait pas commis d’assassinats pendant son mandat qui aurait prouvé la force et la portée des actions israéliennes. Sharon était également irrité du fait qu’Helevi n’avait pas entrepris de mission pour contrecarrer le programme nucléaire iranien, une mission que Dagan a pris en charge au nom du Mossad.

Ronin Briegman indique que les listes d’opérations exécutées par le Mossad sous le mandat de Dagan ont toujours été très chaudement accueillies par Sharon et son successeur Olmert. Ces opérations comprenaient l’assassinat de Mughniyah, le bombardement d’une usine supposée d’armes chimiques en Syrie et le meurtre de dizaines d’experts syriens et iraniens, et la fourniture de renseignements permettant le bombardement d’un centre de recherches au nord-est de la Syrie qui selon Israël abritait un réacteur nucléaire syrien en construction avec l’aide d’experts venus de Corée du Nord. Briegman indique que sous le mandat de Dagan, le Mossad a assassiné Ramzi Nehareh, un commerçant lié au Hizbullah, Ghalib Awaleh, un responsable de l’aile militaire du Hizbullah, Ali Hussein Saleh, un chauffeur de l’ambassade iranienne à Beyrouth, Abu Hamza, responsable du Jihad islamique au sud du Liban, ainsi que bien d’autres.
Tous les journalistes qui ont écrit sur le Mossad à l’époque de Dagan ont dit à quel point Olmert est impliqué dans l’élaboration des listes d’opérations exécutées par le Mossad. Ces journalistes rapportent que Dagan se rend au bureau d’Olmert chaque jeudi avec une liste d’opérations qu’il veut voir approuvée par Olmert, et qu’Olmert validait toutes les propositions de Dagan. Il y a un consensus en Israël sur le fait que Dagan est aujourd’hui la personnalité la plus influente parmi ceux qui décident à Tel Aviv, et qu’en raison de ses hauts faits, Olmert a insisté à deux reprises pour que le mandat de Dagan à la tête du Mossad soit reconduit.

Il est ironique et inexplicable que le monde ose qualifier de terroristes les mouvements de la résistance arabe et palestinienne, alors qu’Israël a produit des terroristes beaucoup plus sadiques et criminels. De plus, le massacre à grande échelle d’innocents est devenu la norme pour accorder des promotions à des chefs militaires et leur octroyer de plus grandes responsabilités.

Le régime sioniste bloque un accord sur un échange de prisonnier avec le Hamas visant à libérer Gilad Shalit, le soldat sioniste capturé, sous le prétexte qu’il ne peut pas accepter de libérer des prisonniers palestiniens qui ont tué des soldats et des colons. En attendant, Israël célèbre ceux qui excellent à découper les têtes arabes.

Du même auteur :
Israël s’attaque à la mosquée Al Aqsa - 4 septembre 2008
L’occident aide l’Autorité palestinienne à réprimer les Palestiniens - 19 août 2008
Le pogrom perpétré par les colons juifs contre les Palestiniens doit cesser - 11 août 2008
Si Israël libère les députés palestiniens, Abbas menace de dissoudre l’AP - 3 août 2008

11 octobre 2008 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2008/917...
Traduction de l’anglais : AIO

[ commentaire : des malades, il y en a dans tous les pays. Mais là, on lui confie des responsabilités militaires importantes. Des services de renseignements, il y en a dans tous les pays, mais j’imagine que dans la plupart des cas, ils n’éprouvent pas une jouissance singulière à passer à l’acte lorsqu’ils doivent le faire. Mais ce qui confirme le sentiment d’horreur que m’inspire de plus en plus nettement la majorité de la société sioniste, c’est qu’un malade comme ce monstre soit choisi comme gloire nationale. Partout ailleurs, ce ne serait pas la prison, mais l’asile. Que ne dirait-on pas, si, en France, en Espagne, en Grèce, en Russie, et bien sûr en Allemagne...]

Info-Palestine et Khalid Amayreh - Al Ahram Weekly – dimanche 12 octobre 2008

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=5200

Première raison invoquée par les habitants pour expliquer la crise économique, le maintien permanent des barrages et des checkpoints autour de Naplouse.

Une lente strangulation. C’est ce que subissent depuis huit ans les habitants de Naplouse, plus importante ville de Cisjordanie, cernée de checkpoints, même lorsque l’armée sionistes semble avoir atteint ses objectifs « sécuritaires ». Les plus démunis, vivant dans les camps de réfugiés et la vieille ville, éprouvent des difficultés grandissantes à assurer le quotidien. Au plan psychologique, l’occupation, avec son cortège d’humiliations et de brutalités, fait des ravages.

Du regard, Salah désigne la voiture de police qui stationne devant la boutique de son ami Sam, pâtissier proposant un knafeh un peu trop âcre. La chaleur de juillet baigne la rue, bruissante, colorée. « La sécurité s’est améliorée, assure-t-il. L’an dernier à la même époque, durant la journée, il y avait des miliciens armés dans les rues, il fallait dire de quel bord on était... Et chaque nuit, les sionistes intervenaient en ville. Aujourd’hui, c’est plus tranquille. »

Revenu en 2003 à Naplouse après avoir suivi des études aux Etats-Unis, Salah a beau s’efforcer de présenter sa ville natale sous un jour attrayant, il peine à s’en convaincre lui-même : « Mais la situation économique est désastreuse ici... », reconnaît en soupirant le chômeur bientôt quadragénaire.

Etirée dans son étroite vallée du nord de la Cisjordanie, entre le Mont Ebal, hérissé d’un camp militaire sioniste, et le Mont Gerezim, où vivent les Samaritains [1], Naplouse, ville la plus peuplée de Cisjordanie avec plus de 140 000 habitants, est-elle vraiment devenue « la capitale de la pauvreté, plutôt que la capitale de l’industrie » qu’elle a longtemps été, comme le regrettait son maire par intérim, Hafez Shaheen, en novembre dernier ?

Le district de Naplouse [2] est en effet celui qui a payé le plus lourd tribut au conflit après le déclenchement de la seconde Intifada le 29 septembre 2000.

Il y a quelques années, l’économie de la ville, bien que déjà très affectée, disposait encore de ressorts rappelant son glorieux passé. Ainsi, la Bourse de Naplouse avait connu début 2005 « une frénésie d’achat d’actions en Cisjordanie [3] ».

Presque quatre ans plus tard, cette euphorie est retombée. Fateen, 26 ans, a travaillé pendant trois ans dans une entreprise intermédiaire entre la Bourse et ses clients avant de quitter son emploi en avril dernier : « J’étais payé en dinars jordaniens, explique-t-il, l’équivalent de 1 500 shekels par mois [4]. A l’automne 2007, le dinar est passé de 6,20 à 4,95 shekels. Je me suis retrouvé avec moins d’argent alors que le coût de la vie ne cessait d’augmenter... »

Dans son bureau du Programme alimentaire mondial (PAM), sur les hauteurs de la ville à proximité du campus de l’Université An-Najah, Nidal Dweikat résume la situation : « En un an, les prix ont flambé. Le kilo de pain est passé de 2,5 à 4,5 shekels et le litre d’essence de 3,25 à presque 7 shekels. Dans le même temps, les salaires ont stagné et le taux de chômage a augmenté. » Première raison invoquée par les habitants pour expliquer cette crise, le maintien permanent des barrages et des checkpoints autour de Naplouse.

« Le commerce à Naplouse est très dépendant des exportations vers l’extérieur de la Cisjordanie, en particulier vers la zone sioniste », rappelle l’Office des Nations unies pour les affaires humanitaires (OCHA). Or, après s’être stabilisé autour de 90 millions de dollars en 2004 et 2005, le volume des échanges de Naplouse vers Israël a chuté brutalement de 112 millions en 2006 à 68,75 millions en 2007. Le coût d’un transport de marchandise du port d’Ashdod à Naplouse est passé de 1 800 à 2 800 shekels en quelques mois.

Plutôt que de se soumettre en permanence aux contrôles de l’armée sioniste, de nombreux paysans et artisans des villages alentours ont peu à peu renoncé à commercer avec la ville. Le marché central s’est délocalisé et répandu dans les bourgades de la région. Une baisse de l’activité économique qui a fragilisé le marché du travail. Le taux de chômage à Naplouse est passé de 18,2% en 1999 à 26,3% en 2006, soit environ 8 points de plus que le taux de la Cisjordanie [5].
Conséquence : un appauvrissement de la population. Le PAM fournit, à travers ses différents programmes, une aide alimentaire à 3 700 familles naboulsies, soit près de 25 000 personnes ; un chiffre qui n’a cessé d’augmenter ces dernières années, selon Nidal Dweikat. Et une tendance que confirme, à plus petite échelle, Help doctors, une ONG ayant ouvert un dispensaire en novembre 2006 dans la vieille ville. Après une enquête auprès de 114 familles, l’organisation estime que « le revenu mensuel moyen par foyer [6 personnes] est de 620 shekels » dans la Qasbah.

De ce fait, si « tous les produits alimentaires sont normalement disponibles en qualité et en quantité (...), les prix les rendent juste inabordables pour la plus grande partie de la population ». Seules 30 % des familles interrogées peuvent ajouter, seulement une fois par semaine, de la viande à une alimentation composée de humus, falafel, yaourt sec, lentilles et thym. Les cas d’anémie chez les enfants et les femmes enceintes ne sont pas rares.

Une situation qui désole Ayman Shakaa, directeur du Multipurpose community ressource center (MCRC), un centre d’action sociale implanté au cœur de la vieille ville. « Naplouse a toujours été connue pour la fierté de ses habitants, rappelle-t-il. Avant, il était difficile d’y rencontrer des clochards. Aujourd’hui, on en voit de plus en plus. Durant la première Intifada [en 1987], il y avait aussi de la pauvreté, mais la solidarité fonctionnait. Avec la deuxième Intifada, l’aide humanitaire a introduit l’idée que l’on peut manger sans rien faire et que cela vient de dehors. Il y a sûrement une véritable volonté d’aider la population derrière mais, clairement, cela sert aussi une stratégie visant à détruire, sur le long terme, le moral des Palestiniens... »

Un moral miné avant tout par l’omniprésence des forces d’occupation. « Notre vie est un cauchemar, assène Samar Hawash, coordinatrice nationale de l’organisation féministe « Palestinian working woman society for development » (PWSSD), ancienne élue municipale et membre du Conseil national palestinien. Si l’on s’en tient aux besoins humains basiques, être en sécurité chez soi, se déplacer, etc., on est très loin du compte. Le sentiment d’insécurité est permanent et chaque fois que je passe un checkpoint, ma dignité est violée. »
Huit ans après le début de la deuxième Intifada, tous les points d’accès à la ville restent sévèrement contrôlés par l’armée sioniste. En avril dernier, l’OCHA recensait 104 points de fermeture dans tout le district [6].

Rappeler à la population qui est le vrai patron
Ce matin d’août, il est à peine 10 heures et quatre files d’attente s’étirent déjà sous le hangar de tôle où s’effectuent les contrôles du checkpoint d’Huwara, ouvrant la route du sud vers Ramallah et Jérusalem. Les trois premières sont réservées aux hommes palestiniens de moins de 45 ans. La quatrième aux femmes, enfants, hommes de plus de 45 ans et aux détenteurs de passeport étranger. Les soldats qui se tiennent à distance - armés de fusils automatiques, casqués et équipés d’un gilet pare-balle - invitent d’un geste de la main le premier de la file à franchir les 5 ou 6 mètres qui le sépare de la grille tournante. S’avancer, passer l’imposant tourniquet, présenter les bagages, les papiers, répondre aux questions. Et éviter de manifester son impatience : un jeune dont l’attitude est jugée arrogante par les soldats est systématiquement renvoyé dans la queue. Il garde le sourire.
Un autre, maigre et pauvrement vêtu, s’écroule brutalement. Ses voisins s’affairent : une main sous la nuque, un peu d’eau sur le visage, quelques tapes sur les joues... Peinant à revenir à lui, il finit par se relever, aidé d’un autre. Livide, maculé de poussière, les yeux hagards, il est mené au-devant de la file. Tandis qu’il s’avance vers la grille, épuisé et soutenu par son ami, un soldat lui jette une bouteille d’eau en hurlant. Quelques drapeaux sionistes flottent dans l’air chaud. Scène quotidienne de l’occupation à Huwara [7].

Après l’avoir élue « capitale du terrorisme » au début des années 2000, le gouvernement sioniste n’a jamais vraiment relâché la pression sur Naplouse. Entre janvier 2005 et juillet 2008, un tiers des heures de couvre-feu imposées dans toute la Cisjordanie l’ont été sur ce seul district [8]. Et si, depuis novembre 2007, un accord permet aux forces de sécurité palestiniennes d’opérer en ville durant la journée, chaque nuit, les jeeps sionistes se chargent de rappeler à la population qui est le vrai patron. « Ils entrent toutes les nuits, indique Nasser, habitant du camp de réfugiés d’Ein Beit Ilma. Avec des jeeps, des tanks, des ambulances, pour attraper des jeunes ou simplement faire peur aux gens. » Affairé au billard du Centre social, un jeune de 19 ans qui vient de passer deux ans dans les prisons sionistes confirme : « Vers 23 heures, ils se déploient autour du camp avant de pénétrer dedans quelques heures plus tard. Personne ne sort de chez soi jusqu’à ce qu’ils soient repartis. »

Une sorte de couvre-feu implicite, non-officiel, mais dont nul n’ignore l’existence, est ainsi instauré chaque nuit sur les camps de réfugiés de Naplouse - Balata, El Askar (le neuf et l’ancien) et Ein Beit Ilma - et, bien souvent, sur la vieille ville. « Ils veulent surtout bien faire comprendre à tout le monde qu’ils sont toujours là et qu’ils font ce qu’ils veulent quand ils veulent », s’indigne Ayman Shakaa.
C’est l’une des premières discussions que l’on entame chaque matin à Naplouse : où les sionistes sont-ils entrés cette nuit ? Y a-t-il eu des affrontements, des morts [9] ?

Durant l’été 2008, ces questions se sont souvent doublées d’une autre : qui la police de l’Autorité nationale (ANP) a-t-elle arrêté hier ? Même la libération par les autorités israéliennes, le 6 août, d’Adli Ya’ish, maire (Hamas) de Naplouse emprisonné depuis le 24 mai 2007, n’a pu faire oublier aux habitants la valse des arrestations/libérations qui a agité la ville durant le début de l’été.

Le lundi 28 juillet, 54 personnes, essentiellement des militants du Hamas, dont Hafez Shaheen et trois autres conseillers municipaux, étaient interpellées par les forces de sécurité de l’ANP. Pendant deux jours - ils seront relâchés le lendemain soir -, Naplouse n’a plus eu de maire et son conseil municipal a été réduit à cinq élus, dont les deux seuls Fatah, heureux épargnés des forces d’occupations israéliennes et de la police palestinienne [10]. Ce mano a mano mettant aux prises, à distance et de façon récurrente depuis plus d’un an, le Fatah en Cisjordanie et le Hamas à Gaza, provoque l’amertume et la lassitude des habitants [11]. « La frustration des gens vient aussi de ces affrontements internes, déplore Samar Hawash. Dans notre lutte contre l’occupation, l’unité est notre seule arme. Si on la perd, on perd tout. »
« Entre mon fils et ma terre, je choisis mon fils »

D’autant que pour de nombreuses familles, il s’agit désormais de faire face à l’urgence : nourrir la famille et préserver ce qui peut l’être de l’avenir des plus jeunes. Mohamed Tewfiq, 45 ans, une femme, leurs cinq enfants et un étudiant à charge dans un trois pièces du camp d’Ein Beit Ilma, regrette le temps, avant la deuxième Intifada, où il travaillait comme maçon en zone sioniste : « C’était bien payé : 150, parfois 200 shekels par jour. » Désormais contraint de rester à Naplouse, il dit toucher la moitié de ce qu’il gagnait à l’époque et s’est résigné : « le régime sioniste est le pays le plus fort du Proche-Orient, il faut s’adapter à la situation. Qu’est ce que je peux faire ? Dire à mes enfants de se battre ? Au bout, il y a la mort et nous n’aurons pas notre pays. Entre mon fils et ma terre, je choisis mon fils... »

Le regard est las, les cigarettes se succèdent. Depuis des années, il voit les jeunes déserter très tôt les activités du club sportif dont il s’occupe pour se consacrer entièrement aux exigences d’un quotidien de plus en plus dur à assumer.

Nathalie Lion est psychologue, intervenant dans le programme de Médecins sans frontières (MSF) à Naplouse. « [Les Palestiniens ne se permettent pas d’être en colère face à l’occupant, parce que cela est très durement sanctionné, analyse-t-elle. Et même dans leur propre espace public, c’est difficile, car une fois que la colère est sortie et verbalisée, que devient-elle ? L’étape d’après, c’est la révolte, et ça, c’est très dangereux.

Donc, on enkyste, il y a un déni. On met un couvercle sur tout ça et on se concentre sur le seul objectif de donner à manger aux enfants. » Coordinatrice de ce programme de soutien psychologique à la population, Elisabeth Jaussaud évoque « l’exposition constante au stress » à laquelle sont soumis les Nabulsis, qu’elle juge « très usés ». « Les incursions militaires nocturnes, les humiliations subies aux checkpoints, les gens y sont habitués, c’est le minimum banal du quotidien, résume Nathalie. Et leur niveau d’adaptation leur permet de supporter une existence où tout cela a été intégré depuis longtemps. Sauf que cela laisse des traces et casse des ressorts de désirs et d’espoir. »

Cette violence de l’occupation est aussi visible sur les murs de la ville. Posters collés en rafale, affiches sous verre, portraits encadrés, graffitis, les chahids - martyrs - de la fière Naplouse tapissent ses façades. Images démultipliées d’hommes bardés d’armes et de munitions, en treillis camouflage, pseudo-Rambos plus fragiles que fanatiques, immortalisés avant de mourir. « Il s’agit d’aménager ce qui est trop dur à vivre, explique la psychologue. Mettre en avant l’aspect guerrier d’un proche tué, le présenter comme un combattant, cela permet de le déshumaniser et de mettre de côté le fait qu’il était surtout un homme que l’on aimait. On est toujours dans la nécessité de se blinder. Mais cela ampute... »

Postés aux extrémités de la ville, les trois camps de réfugiés portent les stigmates les plus vives de ces « amputations ». Ruelles étroites aux façades mitées d’impacts de balle, bâtiments entièrement détruits, voies ouvertes au bulldozer, monuments sommaires édifiés à la gloire des plus valeureux chahid : la jeunesse de Balata, El Askar et Ein Beit Ilma grandit dans un environnement où, nuit et jour, rôde la mort. Selon un décompte du bureau palestinien des statistiques, entre le 29 septembre 2000 et le 30 juin dernier, 592 Palestiniens originaires du governorat de Naplouse ont été tués au cours d’affrontements avec l’armée israélienne. Parmi eux, 314 avait moins de 30 ans. Là encore, Naplouse est le district le plus meurtri de Cisjordanie.

Les morts, pourtant, sont moins nombreux ces derniers mois. « L’ANP a fait le boulot », grince sous couvert d’anonymat le responsable palestinien d’une ONG locale, évoquant le « travail de police » mené par les forces de sécurité, en accord avec l’armée sioniste, pour interpeller les militants, en particulier ceux du Hamas. De fait, la levée du couvre-feu depuis le mois de janvier résonne comme un aveu de victoire de la part des forces sionistes. Et conforte les habitants dans leur certitude que le maintien des checkpoints par les sionistes, qui continuent d’arguer de motifs sécuritaires, a bien pour objectif d’étrangler la ville.
« C’est fatiguant de travailler à Naplouse, confesse Abdulhakim Sabbah, qui dirige Project Hope, une ONG intervenant auprès des jeunes les plus démunis. Il faut en permanence faire la balance entre tous les paramètres de la situation : évolution de la politique intérieure, contraintes liées à l’occupation, réalités économiques, etc., et ménager la sensibilité de chaque interlocuteur. » Des sensibilités exacerbées par ces années de pression maintenue. Khaled Abou Mariam, coordinateur d’une association de jeunesse à Balata, s’inquiète ainsi de voir surgir une nouvelle génération « plus émotive » dans les camps. Pour lui, « la difficulté de se déplacer et les nouvelles technologies qui leur permettent de voir tout ce à quoi ils n’ont pas accès rendent les jeunes particulièrement sensibles ». Avec en plus l’absence de travail et de perspectives, « beaucoup pensent à l’émigration ».

Samar Hawash, elle, n’y pense pas. Elle appartient à cette catégorie de la population qui dispose soit de suffisamment de recours moral et intellectuel pour se reconstruire, soit de la possibilité de se rendre parfois en Jordanie pour y respirer un air moins saturé. « J’essaie de transformer ma colère et ma tristesse en énergie positive. Mais tout le monde ne peut pas en faire autant. Les gens sont de plus en plus frustrés et fatigués de tout, ils ne participent plus aux manifestations pacifiques. La situation s’est dégradée ces dernières années. »
Créé en 1981 et affilié au Parti communiste, le PWWSD s’en est séparé dix ans plus tard, pour s’enregistrer comme ONG indépendante. « Après cette date, explique-t-elle, nous avons ajouté la défense des droits sociaux des femmes à notre agenda essentiellement centré sur la lutte nationale de libération. Deux années de rêve ont suivi Oslo, au cours desquelles on a avancé et même gagné des batailles. Aujourd’hui, on régresse. De nombreuses Palestiniennes doivent vivre sans leurs hommes, disparus - morts ou emprisonnés. Quant aux hommes, beaucoup se retrouvent dans une situation terrible : l’impossibilité d’assumer le rôle qui leur est traditionnellement dévolu dans notre société, d’assurer les revenus du foyer... Pour nous, le seul responsable des violences domestiques que cette frustration engendre bien souvent, c’est l’occupation. »

Emmanuel Riondé est journaliste.

[1] Lire « Les Samaritains de Palestine », par Tareq al-Qudsi, Info-Palestine.net, septembre 2007.
[2] La Cisjordanie est divisée en 11 districts (5 dans la bande de Gaza) où vivent, selon le bureau palestinien des statistiques, 2,3 millions de Palestiniens. Avec une population de 321 493 personnes, le governorat de Naplouse est le plus peuplé après Hébron (551 129) et Jérusalem (362 521).
[3] Lire Benjamin Barthe, « Dans Naplouse, laboratoire de la troisième Intifada », Le Monde diplomatique, juillet 2005.
[4] En août 2008, dans les bureaux de change de Naplouse, 1 euro se vendait 5,25 shekels.
[5] Sources : Increasing need, decreasing access : tightening control on economic movement, rapport de l’OCHA - 22 janvier 2008 ; Nablus - From economic Metropolis to Shrinking City, document du centre palestinien de développement Ma’an - Ramallah, janvier 2008 ; The Governorate of Nablus Figures & Statistics (9/2000 - 11/2007), document de synthèse.
[6] Sur 607 au total en Cisjordanie, sans compter ceux établis sur la « ligne verte » délimitant le tracé de l’armistice de 1949. Avec 227 points de fermeture, le district d’Hébron, au sud du territoire, est celui où la circulation est la plus entravée.
[7] Ecouter « No one should live like this », « micro ouvert » à un checkpoint au sud de Naplouse, Arte Radio, 6 mars 2008.
[8] Calcul établi d’après les chiffres de l’OCHA.
[9] Lire Véronique Bontemps, « Vivre à Naplouse », Revue d’Etudes palestiniennes, n° 107, printemps 2008.
[10] Lire, dans Le Monde diplomatique d’octobre 2008, « Cette “double autorité” qui écartèle les Palestiniens », par Amira Hass.
[11] Lire Marwan Bishara, « Double défaite du Fatah et du Hamas en Palestine », Le Monde diplomatique, novembre 2007.

6 octobre 2008 - Les blogs du Diplo - Vous pouvez consulter cet article à :
http://blog.mondediplo.net/2008-10-...

[ commentaire : j’imagine que vous vous posez tous la même question que moi : qu’est-ce qu’ils attendent pour... Je n’ai pas la réponse. Et, à ma grande honte, je dois bien dire qu’un citoyen de mon pays, qui s’assied lui aussi sur la tête des enfants Palestiniens, n’est pas très bien placé pour oser s’exprimer... ]

Info-Palestine et Emmanuel Riondé - Le Monde Diplomatique – mercredi 8 octobre 2008

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=5176