Accueil > Sociétés Civiles à Parlement Européen > Chronique de l’occupation

Nouvelles du jour

Chronique de l’occupation

Dimanche, 5 octobre 2008

dimanche 5 octobre 2008

nombre d’entrées : 6

001

L’armée évacue une implantation après que les colons aient incendié une oliveraie

Des colons sionistes, jeudi 02/10/08, ont mis le feu à une oliveraie Palestinienne, ce qui a provoqué l’intervention de l’armée qui a évacué un avant poste voisin, a déclaré la police.

Les forces sionistes ont fermé l’avant poste illégal de « Shavut Ami », en réponse à l’attaque de propriétés Palestiniennes dasn le village de Kafr Qaddum, en Cisjordanie.

Bethlehem - Ma’an - 02 / 10 / 2008 - 15:28

http://www.maannews.net/en/index.php?opr=ShowDetails&ID=32283

********************

002

Le Jihad Islamique et le PSF déclarent que les arrestations politiques sont incompatibles avec les valeurs Palestiniennes et constituent une violation des droits des citoyens

Le Jihad Islamique s »est réjoui de la libération de dizaines de prisonniers politiques retenus dans des centres de détention de Cisjordanie, mais a appelé le Président (de l’AP) Mahmoud Abbas à aider les partis à aller plus loin et il a également exigé la libération immédiate de tous les prisonniers politiques de Palestine.

Un des dirigeants du Jihad a déclaré à Ma’an, jeudi 02/10/08, que son groupe espère que cette déclaration sera suivie par la libération des membres du Hamas et des Brigades Al Aqsa.

« C’est le devoir de la présidence Palestinienne d’ordonner la libération de tous les prisonniers au cours des jours de l’Aïd et de travailler sérieusement à,la libération de tous les prisonniers à bref délai, afin d’ouvrir une nouvelle page dans la résolution des divisions internes Palestiniennes, » a déclaré le représentant du Jihad Islamique.

Le bien-être des Palestiniens, a déclaré cette source, doit l’emporter sur toutes les autres préoccupations. Il a suggéré que le président (de l’AP) Mahmoud Abbas concentre ses efforts d’abord sur la libération de tous les prisonniers politiques qui se trouent dans des prisons Palestiniennes, et ensuite assure la cessation des enlèvements sionistes qui visent des Palestiniens dans des zones Palestiniennes. Ces questions, a-t-il déclaré, doivent être réglées avant tout accord de paix.

Le Front du Combat Palestinien (Palestinian Struggle Front , PSF) s’est associé à la condamnation des arrestations politiques.

Il a exigé la cessation des arrestations politiques par tous les partis à travers les zones Palestiniennes. Ces demandes sont intervenues au cous d’une visite que des membres du PSF ont effectué auprès de l’ancien gouverneur de Khan Younis, Osama Al- Fara, qui a été libéré de prison la semaine dernière par la police du Hamas.

La délégation, qui comportait plusieurs dirigeants, a déclaré que la poursuite de telles arrestations allait à l’opposé de ce qui devait être un engagement fort des dirigeants Palestiniens à l’égard des lois Palestiniennes.

Par dessus tout, les Palestiniens doivent se préoccuper de la protection des droits de l’homme de leurs propres citoyens, a déclaré le groupe, qui a ajouté que ce qui se passait actuellement violait les principes de « l’action nationale Palestinienne et les valeurs des Palestiniens. »

Gaza – Ma’an – 03 / 10 / 2008 - 12:07

http://www.maannews.net/en/index.php?opr=ShowDetails&ID=32286

********************

003

La manifestation d’Al Ma’sara une fois de plus agressée par les soldats de l’occupation
La Campagne Populaire contre le Mur a organisé une manifestation sur le site de construction du Mur d’Annexion près du village d’Al-Ma’sara, à l’ouest de Bethlehem, vendredi 03/10/08.

Les manifestants se sont rassemblés à l’école Al-Zawahreh et ont défilé en direction du site de construction du Mur d’Annexion. Les Palestiniens du village étaient accompagnés par des militants internationaux et israéliens.

La manifestation a été dispersée par des tirs de grenades assourdissantes et lacrymogènes lorsqu’elle parvenue au niveau des troupes d’occupation.

Le coordinateur de la manifestation d e vendredi, Mazen Al-Azzeh, a déclaré dans un discours que les manifestations et la lutte contre le Mur allaient se poursuivre malgré l’intervention systématique des forces coloniales contre de telles manifestations pacifiques.

Bethlehem - Ma’an – 03 / 10 / 2008 - 16:18

http://www.maannews.net/en/index.php?opr=ShowDetails&ID=32294

********************

004

Les affrontements liés à la récolte des olives se poursuivent alors que les colons battent des enfants Palestiniens et que les soldats interdisant l’accès aux terres

Des cultivateurs Palestiniens ont été empêchés, à la pointe de fusil, de se rendre sur leurs terres ancestrales près du village d’Ar Ras, dans le sud du district de Tulkarem, pour récolter leurs olives.

Le groupe avait préparé les fournitures pour la journée et les avait chargées sur le tracteur de la ferme, pour se rendre sur les oliveraies, situées sur un terrain rocheux et souvent en pente. Un groupe de soldats sionistes est survenu et a donné à la famille l’ordre de descendre du tracteur et d’emmener leurs fournitures à pied vers les oliveraies.

Les fermiers ont déclaré au reporter de Ma’an que les soldats leur avaient donner l’ordre d’abandonner le tracteur et de continuer à pied vers leurs terres, à des kilomètres de là, en portant leurs fournitures.

Eid Yacine, chef du conseil local d’Ar Ras, a condamné les procédures des sionistes, déclarant qu’elle avaient pour but d’exercer une pression sur les fermeirs pour confisquer toujours plus de terres pour le Mur d’Annexion. Il a également souligné que les autorités sionistes avaient incendié de grandes étendues de terres de culture au cours des semaines passées.

Jeudi, les forces sionistes ont enlevé Muhammad Abu Haykal, 42 ans, habitant Hébron, qui tentait d’empêcher des colons sionistes de l’implantation de « Tal Rumeida » de voler sa récolte d’olives.

Selon Umm Hussein, épouse d’Abou Haykal, son mari a été enlevé alors qu’il essayait de défendre ses oliciers contre des colons qui tentaient de récolter les fruits dans le centre de de Hébron où leur implantation a été construite.

« Des dizaines de colons éaient en train de récolter les olives dans nos champs, » a déclaré Umm Hussein, et, quand mon fils Mu’taz a tenté de les arrêter, ils l’ont battu. Lorsque mon mari est intervenu pour protéger Mu’tas, une patrouille sioniste qui passait l’a aussitôt enlevé en même temps que mes fils Mu’taz, 14 ans , et Hussein, 19 ans.

Vendredi 13/10/08, deux autres incidents ont eu lieu, entre des militants pacifistes internationaux et israéliens qui accompagnaient des fermiers Palestiniens vers leurs oliveraies pour la récolte d’automne à Ni’lin et à Hébron.

Dans le premier cas, les colons ont prétendu que les arbres qui étaient récoltés n’étaient pas sur les terres appartenant à la famille Palestinienne qui les réclamait, et dans le second, un militant des Rabbis pour les Droits de l’Homme a été accusé d’attaquer une femme colon extrémiste qui avait amené son enfant à un rassemblement dont l’objectif était d’empêcher les Palestiniens de récolter leurs fruits.

La saison de cueillette de solives s’ouvre à la suite d’une série d’attaques visant à la fois les forces sionistes et les Palestiniens en Cisjordanie, ce qui a donné lieu à plusieurs plaintes contre des violences en constante augmentation de la part des colons, et la crainte de « débordements anarchiques » des colons dans cette région.

Vendredi 03/10/08, les « magistrats » sionistes de la cour de Kfar Saba ont condamné deux colons sionistes, suspects d’avoir mis le feu à des oliviers appartenant à des Palestiniens. Ils ont été tous deux condamnés à 4 jours de prison, selon les média sionistes, alors qu’un troisième était placé en « arrêts à domicile ».

[ commentaire : Alors voilà que maintenant ils redoutent les « débordements anarchiques » des colons. Il y a un moyen très simple de trouver une solution au problème des colons : les mettre à la porte des territoires palestiniens. Vraiment, on est plus que fatigué de ces gens, de ce système où une famille se faisant voler et les enfants rouer de coups par des gens dont la présence est illégale, la seule mesure que trouve les « forces de l’ordre », c’est de mettre en prison le père de la famille victime du vol. J’espère que l’un d’entre eux lit ces lignes et qu’il s’en pénètre bien. On a passé le stade où on condamne leurs excès. Une fois pour toutes, on les hait. ]

Tulkarem/Hébron – Ma’an – 04 / 10 / 2008 - 12:40

http://www.maannews.net/en/index.php?opr=ShowDetails&ID=32307

********************

005

Economie palestinienne : de pire en pire...

Les chiffres sont sinistres, que ce soit en Cisjordanie ou dans la bande de Gaza. L’économie palestinienne est dans un état des plus misérables, et ce désastre est surtout, sinon entièrement, le produit de l’homme. Il est donc réversible.

La banque mondiale ne dissimule en rien que ce sont les restrictions sionistes qui sont principalement à mettre en cause, car les indices de pauvreté dans la bande de Gaza et la Cisjordanie ont grimpé jusqu’à 79,4% et 45,7% respectivement. La banque en conclut : « Avec une population qui augmente et une économie sur le repli, le produit intérieur brut (PIB) par habitant est aujourd’hui de 30% plus faible qu’en 1999. » « Avec tout le respect dû aux problèmes de sécurité du régime sioniste, tout le monde est d’accord sur l’effet paralysant des obstacles physiques placés aujourd’hui sur la voie de l’économie palestinienne, » ajoute la banque.

Avec une économie en déclin, le manque de projets de développement et les restrictions sionistes, les Palestiniens sont de plus en plus dépendants de l’aide étrangère, laquelle est en grande partie conditionnée par des considérations politiques. Par exemple, les Etats-Unis sont plus généreux que jamais dans leur soutien au gouvernement de Mahmoud Abbas basé à Ramallah, en même temps qu’ils imposent un régime international de sanctions et d’embargo contre le gouvernement du Hamas basé à Gaza. De telles comportements sont souvent accompagnés d’affirmations sinistres telles que « c’est pour mettre à bas l’infrastructure terroriste », qui doivent être interprétés comme une façon de combattre ceux qui contestent les rôles joués par le régime sioniste et l’Autorité (AP) palestinienne en Cisjordanie.
En imaginant même que l’AP n’ait aucun passé de corruption et soit véritablement motivée pour investir dans une économie qui puisse se suffire à elle-même, aucune économie véritablement libre et indépendante ne peut se développer sous une occupation dont le vrai but est l’appauvrissement des travailleurs palestiniens, des paysans et de la classe moyenne. Ce sont ces couches de la société palestinienne qui ont mené la lutte contre l’occupation d’une part et pour résister à la corruption d’autre part.

En effet, les restrictions sionistes ne sont pas faites au hasard et peuvent difficilement être limitées aux raisons sécuritaires habituelles. « En réalité, ces restrictions vont plus loin que le béton et les monticules de terre, et s’étendent en un système de restrictions physiques, institutionnelles et administratives qui forment une barrière infranchissable pour la concrétisation d’un potentiel économique palestinien, » a dit la banque mondiale. Elle en a conclu qu’encore plus d’aide ne rétablirait pas l’économie palestinienne, à moins que les restrictions en question ne soient levées.

Mais ces restrictions représentent l’épine dorsale de la politique sioniste ; leur élimination priverait le gouvernement sioniste des moyens d’exercer une pression politique sur le gouvernement d’Abbas. De plus, les Etats-Unis ne sont pas d’humeur à aider au développement en Palestine d’une base et d’une infrastructure économiques suffisamment fortes pour épargner aux Palestiniens l’indignité de vivre d’aumônes de donateurs internationaux.

En Cisjordanie, les soucis des Palestiniens sur le plan économique viennent aussi d’une crise terrible de l’eau, un cauchemar pour les fermiers qui déjà se battent pour supporter le vol de l’eau et l’alimentation en eau disproportionnée au profit des sionistes. Selon un rapport récent édité par le groupe de défense des droits de l’homme B’tselem, un ménage sioniste consomme en moyenne 3,5 fois plus d’eau qu’un ménage palestinien. Le groupe en rend responsable le régime sioniste par sa politique discriminatoire et les sévères restrictions qui empêchent les Palestiniens de creuser de nouveaux puits. On ne voit pas comment les soucis de « sécurité » du régime sioniste pourraient justifier son pillage de l’eau palestinienne en exploitant les nappes phréatiques de la Cisjordanie tandis que beaucoup de familles palestiniennes dans les villes comme Jénine n’ont plus droit à l’eau depuis avril.

Alors que de nombreux fermiers se trouvent dans l’incapacité de sauvegarder leur ressources pour vivre, les gens ordinaire doivent dépenser une proportion significative de leurs maigres revenus pour acheter de l’eau. Un rapport récent des Nations Unies, cité par des agences de presse, a estimé que les Palestiniens des communautés les plus touchées dépensent de 30 à 40% de leurs revenus pour acheter de l’eau livrée par camions.

Comment une économie avec un minimum de croissance pourrait-elle se développer dans ces circonstances ?

Si la situation est difficile en Cisjordanie, elle est franchement impossible dans Gaza. Un rapport publié en mars par Amnesty International, Care International UK, Christian Aid, Oxfam et encore d’autres organisations, décrit la situation dans la bande comme la pire crise humanitaire depuis l’occupation israélienne de 1967. Le rapport met le régime sioniste en demeure de changer de politique envers Gaza. Quelques mois après la publication du rapport, le régime sioniste semble au contraire durcir son contrôle sur le territoire appauvri, rendant chaque jour ses 1,5 million d’habitants encore plus malheureux.

Selon le rapport, 80% de la population de Gaza comptent sur l’aide alimentaire. Environ 1,1 million de personnes reçoivent cette aide alimentaire par l’intermédiaire des agences des Nations Unies, qui elles-mêmes se démènent pour pouvoir fonctionner malgré les coupures en carburant et l’isolement quasi total de Gaza.

À la différence de la Cisjordanie, l’objectif de Gaza n’est pas vraiment le développement économique mais simplement la survie. La dépendance de Gaza par rapport à l’aide alimentaire a été multipliée par dix depuis 1999, toujours selon le même rapport. Et 98% des usines de Gaza ne fonctionnent plus, fabriquant des chômeurs par milliers et faisant disparaître les revenus de très nombreuses familles.

Couplées à la violence inter-palestinienne, les sanctions internationales sous la conduite des Etats-Unis, le blocus et les violences sionistes continues détruisent le tissu même de la société palestinienne dans Gaza, tout en transformant la Cisjordanie en société survivant par la charité, bénéficiant d’envois d’argent servant en grande partie d’incitation politique et sans aucune vision à long terme.

Ce qui est aussi décourageant est que l’Autorité palestinienne (AP) en Cisjordanie a fermé de nombreuses organisations caritatives, des jardins d’enfants, des orphelinats et des écoles religieuses suite à la concurrence existant entre le Fatah et le Hamas. Il est intolérable que l’animosité entre les deux parties ait atteint un point où l’on s’en prenne au plus malheureux dans la société palestinienne, à savoir les orphelins, les veuves et les handicapés physiques et mentaux.

Quatre-vingt deux enfants n’ont pas fait leur rentrée scolaire cette année : ils ont été tués au cours de l’année qui précède.
Et plus d’un million d’étudiants devront négocier leur passage par 600 points de contrôle militaires sionistes. Avec les fermeture d’établissements d’enseignement [par l’AP de Ramallah] des centaines d’étudiants perdront leur droite à l’éducation. Mais le régime sioniste n’est pas à en être tenu seul responsable.

Les Palestiniens ne peuvent vivre sous un système économique basé sur la charité. Ils ont besoin, et ils méritent un développement économique réel, inscrit dans une vision à long terme, pouvant redresser les situations prévalant dans Gaza et en Cisjordanie en s’appuyant sur les précieuses ressources humaines disponibles. Le régime sioniste fera de son mieux pour saboter une telle possibilité, comme il le fait depuis des décennies. Ceci représente le coeur de la lutte que mènent les Palestiniens avec d’un côté leur besoin d’être libres et de l’ordre l’insistance sionistes à maintenir son système de contrôle.
Tant que l’individu et à sa communauté ne disposeront pas d’un vrai pouvoir de décision, les Palestiniens resteront économiquement désavantagés et politiquement handicapés. C’est le niveau minimum que doit réaliser une solution pour une paix équitable et durable dans la justice.

(*) Ramzy Baroud est l’auteur de « The Second palestinian Intifada : A Chronicle of a People’s Struggle » et rédacteur en chef de « PalestineChronicle.com »
Site Internet :
www.ramzybaroud.net
Du même auteur :
 L’unité palestinienne : possibilité réelle ou simple incantation ? - 20 septembre juillet 2008
 Ce qu’il reste de Bush et de son "ordre nouveau" - 6 septembre 2008
 Enfants de Gaza et de Nilin : unis dans la même misère - 15 août 2008
 Obama en Israël : bienvenue au club ! - 5 août 2008

22 septembre 2008 - Diffusé par l’auteur - Traduction de l’anglais : Claude Zurbach

Info-Palestine et Ramzy Baroud – samedi 4 octobre 2008

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=5151

********************

006

Michèle Alliot-Marie et la menace terroriste

Dans une tribune publiée par le quotidien Le Monde du 1er octobre, et intitulée « Les démocraties face au terrorisme », Michèle Alliot-Marie, ministre de l’intérieur, développe sa pensée. Et, pourrait-on dire, tous les poncifs de la doxa sécuritaire face à l’islamisme et au terrorisme.

« Le terrorisme est l’ennemi commun des démocraties. L’islamisme radical n’est certes pas le seul en cause, il demeure toutefois une priorité. Depuis plus de six ans, comme ministre de la défense puis de l’intérieur, j’en ai suivi les modalités, les évolutions et hélas les manifestations. Certaines réalités ne sont pas inutiles à rappeler. »
Le terrorisme, « un ennemi commun » ? Qu’y a-t-il de commun entre Al-Qaida, l’ETA basque, les Tigres tamouls ? En réalité, le seul ennemi, dans l’esprit de la ministre, c’est bien l’islamisme radical.
« La première est que la France est une cible potentielle, car ses valeurs : liberté, tolérance, respect des femmes, laïcité, droits de l’homme, sont en opposition avec celles de l’intégrisme. Elle n’est pas plus menacée que d’autres : ces dernières années ont vu plus d’attentats dans les pays musulmans qu’en Europe. Elle ne l’est pas moins : le démantèlement de réseaux et les arrestations d’islamistes sur notre sol le montrent. »

C’est une reprise sans aucune nuance du discours du président Bush : « ils » nous haïssent non pas à cause de notre politique, mais à cause des valeurs que nous représentons. A quoi Oussama Ben Laden répondait en substance que, si sa haine était dirigée en priorité contre la démocratie et les libertés, son principal objectif serait la Suède, et non les Etats-Unis. Ce type de raisonnement américain, repris par la ministre, a pour avantage (si l’on peut dire) qu’il dispense de toute réflexion sur les effets de la politique américaine ou occidentale dans le monde musulman.

« La deuxième réalité est l’extension géographique du terrorisme islamiste. L’arc du terrorisme intégriste couvre l’Afghanistan, le Pakistan, la Malaisie, l’Indonésie, la Somalie, la péninsule Arabique, le Moyen-Orient, la zone subsaharienne et le Maghreb. De ces bases, il projette ses actions vers l’Europe. »

On pourrait inverser le raisonnement, et dire que ce qui est nouveau, c’est la présence massive de troupes occidentales en Irak, en Afghanistan, au Liban, sans parler des bases et des conseillers militaires ou de sécurité. C’est cet interventionnisme, sans précédent depuis la fin de l’époque coloniale, qui a contribué à créer cet arc de crise et cette internationale de la résistance (lire « Des frontières chamboulées par la guerre américaine » et voir la carte « Autoroute de “l’internationale insurgée” », Le Monde diplomatique, octobre-novembre 2007).
« Les conflits irakien, palestino-sioniste, afghan lui servent de terrain d’entraînement. Les zones grises où les Etats ne parviennent pas à imposer leur autorité abritent ses bases arrière et les trafics de drogue ou d’armes qui le financent. »

Qui a créé ces conflits qui servent de terrain d’entraînement ? En Irak comme en Afghanistan, nous avons une guerre occidentale et, en Palestine, le refus permanent du régime sioniste d’appliquer les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, refus qui bénéficie d’un soutien américain et de la complaisance européenne.
« La troisième réalité est l’évolution idéologique du terrorisme. Al-Qaida s’est d’abord identifiée à une radicalisation religieuse appelant à une guerre totale entre monde musulman et monde occidental. Cette motivation est encore mise en avant. Pourtant depuis trois ou quatre ans, l’idéologie l’emporte de plus en plus sur le religieux. »
C’est tout simplement faux. On sait depuis longtemps que nombre des adeptes d’Al-Qaida ou des groupes qui lui sont liés sont mus avant tout par des motifs politiques ou nationalistes (comme en Afghanistan). Al-Qaida dispose d’un prestige auprès de certains musulmans non parce que ceux-ci auraient envie de vivre sous un régime de type taliban, mais parce qu’ils veulent s’opposer aux Etats-Unis et à leur politique, et qu’Al-Qaida leur apparaît comme l’organisation qui lutte vraiment contre Washington.

« A l’heure où le communisme s’efface, et avec lui une voie politique de contestation, l’intégrisme accueille des personnes frustrées, en quête d’identité, fragilisées, mais aussi, et c’est une nouveauté, des acteurs apparemment bien intégrés - voire occidentaux, mais sensibilisés par la propagande, comme les médecins des attentats de Londres. »
Sont-ils sensibilisés seulement par la « propagande » ? Ou bien par ce qu’ils peuvent voir sur les écrans de télévision de massacres, d’oppression, d’invasion perpétrés par des troupes étrangères qui prétendent apporter aux pays « arriérés » la civilisation et la démocratie ?

« A ce titre, les Etats arabes ou musulmans et leurs dirigeants deviennent des cibles au même titre que les Occidentaux. »
Oui, cela est vrai... mais, depuis la naissance des groupes violents dans la région, cela l’a toujours été.

« La quatrième réalité, c’est la guerre de la communication. Les terroristes utilisent les images des populations victimes des affrontements au Liban, en Palestine, en Afghanistan, comme propagande contre l’Occident ; celles des otages ou des militaires occidentaux tués comme preuve de leur puissance. »

Les populations victimes « d’affrontements » ? Ou d’une politique d’agression soutenue par les Occidentaux ?

« Ils recherchent la symbolique pour créer la panique. Métros, gares, casernes, rencontres politiques, sportives, culturelles très médiatisées, constituent à ce titre autant de cibles potentielles. Devant cette recherche du toujours plus spectaculaire, l’utilisation d’armes chimiques ou bactériologiques sur des cibles comme les centrales nucléaires, les réservoirs d’eau ou les systèmes informatiques, est une crainte légitime. »
(...)
« Agir, c’est intervenir là où sont les organisations, les réseaux de financement, les camps d’entraînement, les écoles d’endoctrinement. C’est le sens profond de l’engagement de nos militaires en Afghanistan ou au Liban aux côtés de leurs camarades des autres pays, dans des missions aussi risquées qu’indispensables. L’ONU donne sa légitimité à cette action militaire, car ses décisions sont celles de la communauté internationale entière et non des seuls pays occidentaux. »
Quel rapport entre la présence française en Afghanistan et au Liban ? Dans ce deuxième pays, elle n’est présente que parce qu’il y a l’accord de toutes les forces politiques, y compris le Hezbollah. En Afghanistan, la France sert de supplétif aux Etats-Unis, et c’est pourquoi l’armée française doit se retirer de ce pays.

« Agir, c’est aussi contribuer à l’amélioration des conditions de vie et au retour à l’Etat de droit, dans des pays dont la situation politique et l’absence de valeurs démocratiques est de nature à favoriser l’émergence de groupes radicaux. »
Parler de l’Etat de droit pour l’Afghanistan (ou pour l’Irak) relève sans doute d’un sens de l’ironie très particulier...
(...)
« L’Europe ne saurait ignorer qu’elle partage les mêmes risques que l’Amérique. Il est temps de donner un contenu nouveau au dialogue transatlantique avec un cadre qui favorise les échanges d’informations pertinents et garantisse un niveau élevé de protection des droits individuels et des libertés. L’action policière nécessite une législation adaptée, mais qui ne renonce pas à nos valeurs de respect de la démocratie et des droits de l’homme. »

Mais si la politique américaine est l’une des causes essentielles du développement du terrorisme, de quoi allons-nous parler avec Washington ? De la création d’un Etat palestinien promis depuis des années ? Des bombardements de civils en Afghanistan ou en Irak ? Des droits de l’homme tels qu’ils sont interprétés à Guantanamo ou dans les prisons afghanes contrôlées par les Etats-Unis ?

Du même auteur :

 Pourquoi l’armée française doit se retirer d’Afghanistan
 Pakistan, extension du domaine de la guerre
 Les incertitudes d’un accord irako-américain

1er octobre 2008 - Les blogs du Diplo
Vous pouvez consulter cet article à :
http://blog.mondediplo.net/2008-10-...

Info-Palestine et Alain Gresh - Le Monde Diplomatique – jeudi 2 octobre 2008

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=5150