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Nouvelles du jour (2è édition du jour)

Chronique de l’occupation

Jeudi, 11 septembre 2008

jeudi 11 septembre 2008

Numéro : 653

nombre d’entrées : 6

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Faire-part de décès : Mort de l’Agence Juive

L’acte de décès de l’Agence Juive a été établi. Créée en 1929 sous la dépendance de l’Organisation Sioniste Mondiale (OSM), elle a constitué de fait le pouvoir exécutif de l’OSM qui prenait part aux côtés du gouverneur britannique au gouvernement à la gestion des affaires intérieures de la Palestine mandataire.

Car que l’on ne s’y trompe pas, l’occupation et le gouvernement sionistes ne datent pas de 1948 mais bien de 1922, date à laquelle la Société des Nations a confié la Palestine au Royaume-Uni afin qu’il y établisse un foyer national juif selon la promesse faite au banquier Rothschild signée par Lord Balfour en 1917.

L’Agence Juive avait pour tâche essentielle affichée de recruter des Juifs de par le monde afin qu’ils viennent élire domicile en Palestine arabe et d’y faciliter leur installation. Elle se transforme en véritable gouvernement avec une police, un département diplomatique et une armée, la Haganah, qui de « clandestine » devient officielle depuis sa participation à l’écrasement de la Grande Révolte palestinienne qui a duré de 1935 à 1939 par l’armée britannique.

Faire venir des Juifs européens a été la priorité de l’Agence Juive sous la direction de Arlozorof assassiné par une branche fasciste sioniste menée par Jabotinsky en 1933 alors qu’il discutait avec le gouvernement de Hitler des modalités de transfert d’argent des Juifs allemands puis sous celle de Ben Gourion.

C’est ce même Ben Gourion qui prononcera le 14 mai 1948 la création de l’entité sioniste dont il devient le premier Premier ministre.

C’est l’Agence Juive elle-même qui a déclaré sa propre mort en cédant à une organisation privée Nefesh B’Nefesh la prérogative de devenir l’unique interlocuteur des aspirants émigrants juifs depuis l’Amérique du Nord, US(a) et Canada, vers Israël à la fin de ce mois d’août 2008.

En effet malgré toutes les conspirations et l’ardeur de l’Agence au travers de ses multiples organes de propagande dont le métier mise à imaginer et répandre par les mass medias des événements qui accréditent la thèse majeure du sionisme, à savoir l’existence d’un antisémitisme irréductible qui met en danger imminent les juifs de la « Diaspora », le nombre des immigrants restent très en deçà du 1/5 prévu par Sharon et son enthousiaste équipe d’un million tous les 10 ans.

En effet, le ministère de l’immigration et de l’intégration enregistre moins de 18 000 immigrants par an.

Le régime de Tel Aviv a interdit l’Alyah des Éthiopiens.

Très peu de Russes ou d’Ukrainiens ou de juifs originaires des autres républiques de l’ex-URSS demandent leur installation en Israël.

Les Juifs d’Iran ne désirent pas quitter leur pays d’origine, quant aux Sud Africains, s’ils émigrent c’est désormais vers l’Australie.

Prenant prétexte d’un déficit budgétaire d’à peine 30 millions de dollars, en raison de l’amoindrissement des dons (déductibles des impôts) des sionistes essentiellement étasuniens, l’Agence s’est sabordée. Cette politique est cohérente avec la privatisation de tous les aspects de la vie publique préconisée par l’idéologie du capitalisme financier, religion dominante à l’échelle mondiale.

L’entité sioniste née grâce à des théories raciales aberrantes et rendue possible grâce à une économie capitaliste et des banques comme celle des Rothschild peut-elle survivre aux contradictions auxquelles est parvenu ce capitalisme prédateur de la planète ?

Source : Convergence des Causes

ISM et Convergence des Causes - Monde - 11-09-2008

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=9884&type=communique≤sujet=Sionisme

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Pas un centime pour Gaza

Yvonne Ridley et le réalisateur indien Aki Nawaz sont en train de faire un documentaire pour Press TV, sur le voyage en bateau du Mouvement Free Gaza, et sur ce qu’ils ont trouvé à leur arrivée dans la Bande de Gaza.

Au moment même où vous pensez que les dirigeants sionistes ont atteint leur maximum d’arrogance, et le Président égyptien Hosni Mubarak son maximum d’ignorance, un nouveau projet arrive, au delà de tout ce qu’on peut imaginer, qui me pousse à me demander s’ils ne sont pas tous sous cocaïne.

Apparemment, le Ministre de la Défense Ehud Barak et le pharaonique Mubarak ont ouvert des discussions sérieuses sur le déploiement d’une force arabe dans la Bande de Gaza, composée principalement de troupes égyptiennes et de quelques saoudiens.

Apparemment, les deux disent qu’ils aimeraient finalement étendre ce déploiement de forces arabe et internationale à la Cisjordanie également, avec des troupes composées principalement de forces jordaniennes, selon le plan sioniste.

La raison de cette absurdité ? Eh bien, je pense que c’est parce que le Hamas, le gouvernement démocratiquement élu (à coup sûr à Gaza) fait un très bon travail de maintien de la loi et de l’ordre, et que sa popularité grandit tellement parmi les Palestiniens ordinaires, que son ascension continue est vue comme une grande menace… pas seulement pour les intrus sionistes mais pour le reste des dirigeants du monde arabe.

Gaza est la plus grande prison à ciel ouvert au monde et ses infrastructures, services d’urgence et opérations au jour le jour sont paralysées par le siège brutal mené par le régime sioniste.

Pourtant, malgré cela, le Hamas – depuis qu’il a foutu dehors les richards corrompus du Fatah l’année dernière – s’est arrangé pour essayer que tout tienne pour ses 1,5 million de citoyens dans la Bande de Gaza.

Ils vivent dans la misère et des hommes, des femmes et des enfants innocents sont en train de mourir dans cette punition collective par manque de médicaments vitaux et d’accès au monde extérieur, mais leur soutien au Hamas grandit tous les jours. Je l’ai vu de mes propres yeux, et ainsi, contrairement à la plupart des politiciens, y compris l’envoyé du Quartet Tony Blair, je parle de ce que je connais.

Avec plus de 40 autres activistes internationaux, je suis récemment allée à Gaza, par bateau, pour briser la partie maritime du siège, et nous avons vu par nous-mêmes la situation épouvantable imposée aux Gazaouis.

Mais j’ai aussi pu me balader et me déplacer librement et j’ai découvert que Gaza était une des villes les plus sûres du monde… certainement bien plus sûre que les rues de Londres ou de New-York. Le crime a diminué de plus de 80% depuis que la police du Hamas a pris le contrôle – les statistiques sont disponibles.

Un jour, avec le réalisateur Aki Nawas, nous nous sommes baladés jusqu’à la plage de Gaza et nous avons pris part à une discussion politique vive avec des Palestiniens ordinaires… et certains d’entre eux ont très clairement dit qu’ils n’aimaient pas ou ne soutenaient pas le Hamas. Mais cela faisait partie d’une discussion à bâtons rompus, et une telle liberté de parole n’est ni permise ni encouragée dans le reste du monde arabe.

En fait, il y a tant de haine irrationnelle contre le Hamas de la part du régime sioniste, de l’Amérique et de l’Europe, que les politiciens refusent d’accepter la vérité, et la vérité, c’est que la majorité des Gazaouis aiment et soutiennent le Hamas.

Et voici pourquoi. La direction et les membres du Hamas souffrent tout autant que les citoyens ordinaires de Gaza. Ils endurent la souffrance du siège, ils manquent d’électricité, ils doivent supporter quand Israël coupe le robinet d’eau quand il veut. Eux aussi souffrent et les gens peuvent le voir de leurs propres yeux.

Il semble vraiment que la direction du Hamas ne puisse ni être achetée, ni corrompue.

Des millions de dollars et d’euros sont déversés dans les coffres de l’Autorité Palestinienne contrôlée par Abou Mazen et PAS UN CENTIME ne va au peuple de Gaza. Tristement, il semble que le leader palestinien supervise le siège brutal de son propre peuple à Gaza sans une attention ou une pensée pour lui.

J’ai dans le temps rencontré tant Abou Mazen que Yassir Arafat, et je peux vous dire que le premier est une pâle imitation du second. Arafat souffrait quotidiennement aux côtés de son peuple et j’en ai été le témoin direct lorsque je suis allée à son QG à Ramallah en 2003.

Le seul intérêt financier d’Abou Mazen à Gaza, c’est sa villa hollywoodienne luxueuse et obscène nichée dans sa désagréable splendeur à côté de maisons qui s’effondrent, de ghettos et de misère. Vous pourriez penser que les Gazaouis ordinaires voudraient détruire cette demeure luxueuse brique par brique, mais ils ne peuvent pas… elle est gardée et protégée par le Hamas ! (photo en tête de l’article référencé ci-dessous )

Abou Mazen devrait baisser la tête de honte. Il ne décroche même pas son téléphone quand le Premier Ministre Ismaël Haniyeh l’appelle ; ce dernier m’a dit, lors d’une rencontre privée au début du mois, qu’il a tenté plusieurs fois d’engager des discussions avec Abou Mazen, installé dans son luxueux refuge en Cisjordanie (en fait, on me dit qu’il a plusieurs maisons mais, comme le candidat présidentiel US John McCain, on n’en connaît pas le nombre exact !).

La réalité est que si des élections démocratiques avaient lieu au Moyen Orient demain, le Hamas l’emporterait où que soient les candidats.

Maintenant, vous savez donc pourquoi les sionistes et leurs larbins arabes veulent envoyer une armée à Gaza – terrifiés qu’ils sont que le charisme et la gouvernance du Hamas commencent à se répandre dans la région, et on ne peut pas laisser faire ça, n’est-ce pas ?

Oh, au fait, personne n’a encore officiellement consulté les Saoudiens – mais lorsque Israël leur dit : "Saute", la réponse de Riyad est : "A quelle hauteur ?". Alors, n’espérez aucune résistance de leur part.

Et l’autre raison pour laquelle le régime sioniste veut amener des forces arabes, c’est qu’elles pourraient juste servir de zone tampon, ou de protection, pour l’armée sioniste, qui préfère utiliser ses armes contre des femmes et des enfants mais qui est mort de peur à l’idée d’un vraie bagarre avec l’armée du Hamas.

Le régime sioniste n’a toujours pas digéré sa défaite par les soldats du Hizb’Allah au Liban et ses militaires ne peuvent risquer une autre fessée par les troupes du Hamas, si la trêve en cours chancelle.

Il y a une solution facile à tout ça – que le régime sioniste lève le blocus et s’assoie pour discuter avec le Hamas – Ismaël Haniyeh m’a dit qu’il était prêt.

Source : Information Clearing House  Traduction : MR pour ISM

ISM et Yvonne Ridley - Gaza - 11-09-2008

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=9883&type=temoignage≤sujet=Blocus

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65305

A Gaza, réussir malgré tout

Alaa, 13 ans, a grandi dans le camp de réfugiés de Maghazi, à Gaza, et la maison de sa famille est un exemple typique des « vieilles constructions neuves » d’un camp de réfugiés. Constituée de trois pièces, une cuisine misérable et une salle de bains démodée, la maison toute entière a grand besoin de réparations urgentes.

[Cliquez sur le lien indiqué en fin d’article, et regardez avec un peu d’attention la photo. Regardez l’intérieur misérable, les murs en partie détruits, le pauvre bric-à-brac, et la petite fille, un peu voûtée, soigneusement vêtue pour la photo, qui se tient bravement au milieu. Si les yeux ne vous piquent pas... - NdT]

Pourtant, à cause du manque de matières premières, l’agence des Nations Unis pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA a reporté la rénovation jusqu’à nouvel ordre. Alaa vit dans la même maison insalubre que sa mère, deux frères et trois sœurs. Bien que pauvre, Alaa est une étudiante brillante.

« L’hiver, je me déplace avec mes livres d’un coin à l’autre de la maison, parce que la pluie goutte de plusieurs endroits du plafond. Mais que puis-je faire ? Je veux réussir, je veux continuer. Je veux devenir opticien pour aider à changer nos vie », dit Alaa en souriant.

L’année dernière, Alaa a obtenu les meilleures notes de son école ; ses moyennes, dans toutes les matières, étaient supérieures à 98%. Pendant ces trois dernières années, Alaa a eu le titre d’étudiant d’honneur à l’école préparatoire de filles de Maghazi, administrée par l’UNRWA. C’est la seule école préparatoire dans le camp, avec une population de 30.000 personnes.

« En plus de notre maison modeste, comme tu le vois, où j’ai du mal à trouver une place pour étudier, j’ai passé de nombreuses nuits sans électricité, à cause des coupures fréquentes. Cependant, je suis décidée à continuer, je suis décidée à réussir, pour mettre fin à l’oppression que moi et ma famille subissons », explique Alaa.

Tous ses professeurs de l’école préparatoire prédisent un avenir prometteur à Alaa. « Alaa est une fille brillante, qui aura, c’est sûr, un avenir prometteur, et je lui souhaite le meilleur », dit Kifah, le professeur de sciences d’Alaa.

Alaa est une lectrice avide qui aime aussi regarder la télévision. Elle a déjà mémorisé plus des deux tiers du Coran. « Je ne fais pas que lire, je lis et je cherche, en particulier lorsqu’il s’agit des enseignements religieux de l’Islam. Quelquefois j’interroge mon professeur de religion à l’école. Je ne peux pas considérer que les choses vont de soi », explique-t-elle.

La mort de son père, il y a deux ans, a donné à Alaa du courage pour étudier et réussir. « Quand mon père a été enterré il y a deux ans, ma mère a pris la responsabilité de toute la famille, parce que mes deux frères sont trop jeunes pour travailler », se souvient Alaa.

« Cependant, ma mère ne travaille pas, mais Dieu nous a permis d’avoir le soutien de personnes et d’associations charitables, qui nous ont aidés, bien que leur aide ne soit pas suffisante », explique-t-elle.

Interrogée sur comment elle s’en sortait, Samira, la mère d’Alaa, explique que « avant que son père meure, nous vivions avec son salaire modeste, mais maintenant, nous dépendons de l’aide alimentaire de l’UNWRA, et d’autres associations caritatives. »

La plupart des enfants de l’école de réfugiés dans la Bande de Gaza bénéficient de la gratuité de l’enseignement grâce à l’UNWRA. Sa mère explique que « Alaa est parrainée par un bénévole, qui lui envoie 120 shekels par mois (24€) par l’intermédiaire d’une association caritative locale, mais ce n’est pas suffisant. »

Hala, la sœur d’Alaa, diplômée de l’université de 22 ans, voit venir le jour où sa brillante soeur pourra entrer à l’université, et, espérons-le, obtenir une bourse, si elle continue à si bien réussir à l’école. Hala doit maintenant la moitié de ses frais d’inscription à l’université, et elle espère travailler pour rembourser l’université.

L’année dernière, Alaa était deuxième de sa classe, et cette année, elle est déterminée à passer première. Alors que nous partions, elle nous dit : « Je fais appel à tous ceux qui sont concernés pour qu’ils combattent la source de nos problèmes, je veux dire l’occupation sioniste, dont le blocus sur Gaza me prive d’une meilleure maison et vole des moments agréables de ma vie. »

Source : IMEMC  Traduction : MR pour ISM

ISM et Rami Almeghari - Gaza - 10-09-2008

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=9876&type=temoignage≤sujet=Blocus

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L’occupation impose l’isolement de Khirbet Yazra

Les forces d’occupation ont empêché la création d’une route qui aurait relié le village de Khirbet Yazra à Tubas. Les soldats ont confisqué les cartes d’identité des Palestiniens impliqués dans ce projet.

Khirbet Yazra est un village à l’est de Tubas où vivent 13 familles. Les habitants du village vivent dans de simples maisons construites en briques de terre. Il n’y a pas d’équipements sanitaires ou d’écoles et le village n’est pas connecté au réseau national d’eau ou d’électricité. Les villageois doivent utiliser une route en terre accidentée de neuf kilomètres pour se rendre aux centres de services les plus proches dans la ville de Tubas, auxquels ils accèdent à pied, sur des animaux ou des tracteurs.

Le 2 septembre, les forces d’occupation ont stoppé le creusement d’une route agricole entre Khirbet Yazra et Tubas et ont confisqué les cartes d’identité de Mukhlis Masa’eed, le coordinateur du projet de Yazra et d’ Ahmad Kameel, le conducteur du bulldozer qui était en train d’ouvrir la route.

La création d’une nouvelle route vers Tubas est nécessaire pour les villageois, spécialement pour les 12 enfants qui vont à l’école élémentaire à Tubas. Avec la route actuelle, aller à l’école est incroyablement difficile.

Masa’eed a déclaré qu’il a soumis une requête au Ministre des Finances pour financer la route de terre à cause des difficultés qu’ont les villageois pour entrer et sortir du village. Bien qu’il sache que l’occupation ne permettrait pas que la route soit pavée, il a été surpris quand les soldats ont empêché la construction d’une simple route agricole.

L’agriculture et le bétail sont les principales sources de revenus des villageois de Yazra. Ils sont gravement affectés par les pénuries d’eau et sont forcés d’acheter l’eau à l’extérieur. C’est incroyablement cher étant donné le manque d’accès au village.

Yazra est aussi entouré par des camps d’entraînement militaire qui mettent régulièrement en danger la vie des habitants. Masa’eed affirme que son père et sa mère ont tous deux été blessés par des balles acier-caoutchouc à l’intérieur de leur maison et que son frère a été tué par une balle acier-caoutchouc tirée par les forces d’occupation pendant leur entraînement. De nombreux villageois de Yazra ont été blessés au cours d’incidents en relation avec les exercices militaires. Les soldats font souvent des raids dans le village, et les villageois rapportent que les récoltes sont brûlées, spécialement en été.

Yazra, comme al-Hadidiya ou al-Jiftlik est une des nombreuses petites communautés palestiniennes menacées par l’occupation qui essaie de pousser plus loin son contrôle sur la Vallée du Jourdain.

Source : Stop The Wall  Traduction : MM pour ISM   

[ commentaires : comment voulez-vous prendre au sérieux les déclarations de Pérès qui prétend que les seules divergences entre les Palestiniens et le régime sioniste sont de « moins de la moitié de 10% », c’est-à-dire parfaitement dérisoires ? Si tel était le cas, cela n’aurait aucun sens d’empêcher des villageois de construire un chemin de quelques kms pour aller à la ville !]

ISM et Stop The Wall - Vallée du Jourdain - 09-09-2008

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=9870&type=temoignage≤sujet=Nettoyage%20ethnique

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La liberté universitaire du Shin Bet

A première vue, nous évoquons un échange très vif entre le Recteur de l’Université Hébraïque de Jérusalem et le chef du service de sécurité Shin Bet, mais en fait, il est question de l’ordre des priorités dans la société israélienne. Le chef du Shin Bet, Yuval Diskin, se plaignait la semaine dernière de l’attitude « arrogante et désobligeante » affichée envers son organisation par le recteur de l’Université Hébraïque, Haim Rabinowitz, après que l’université ait décidé de ne pas organiser un programme d’étude spécial – attribuant un diplôme de lettres aux membres du Shin Bet en 16 mois – en vertu de leur « travail de mise en échec des attaques terroristes à l’université », comme l’a dit Diskin.

Le chef du Shin Bet estimait que ces « déjoueurs d’attaque » avaient droit à une réduction universitaire ; Rabinowitz a décidé que les agents du Shin Bet étaient soumis aux mêmes lois que n’importe quel autre étudiant. On doit le louer pour cette décision, qui confirme en effet la position unique de l’Université Hébraïque – elle ne propose plus de programmes spéciaux aux agents des forces de sécurité. C’est peut-être la raison pour laquelle elle est la seule université israélienne sur la liste des 100 meilleures universités au monde.

Le processus de pensée tordu selon lequel les membres des forces de sécurité ont droit à des conditions universitaires particulières est maintenant profondément ancré dans le monde universitaire israélien. Aujourd’hui, il n’y a pratiquement aucune université qui n’offre pas des cours spéciaux pour les officiers, les pilotes et les agents secrets.

Et c’est ainsi qu’il suffit aux étudiants du Collège de la Sécurité Nationale de deux cours par semaine pendant six mois pour obtenir une maîtrise en sciences politiques de l’Université d’Haifa. Les pilotes ont leur baccalauréat après un an d’études à l’Université Ben-Gurion, dans le Néguev, et les agents du Shin Bet ont une licence de lettres après 16 mois à l’Université Bar-Ilan.

Bar-Ilan mérite le titre de l’université la plus militariste de toutes – elle offre une pléthore de programmes réservés aux forces de sécurité : il y a le programme de Jéricho pour le Shin Bet et toute une série de cours pour les officiers des Forces Israéliennes de Défense (d’occupation, ndt), les officiers devant entrer dans l’armée et les officiers qui ont déjà atteint le rang de commandant de bataillon. La nation toute entière est une armée, et Bar-Ilan n’est que sécurité. La différence entre cette réalité et le milieu universitaire normal est immense, tandis que la différence entre une telle pratique et l’obtention d’un diplôme fictif de l’Université de Lettonie est infime.

Personne n’ose suggérer que le personnel de nettoyage qui balaie les salles de cours bénéficie de conditions universitaires spéciales – même si leur travail, lui aussi, est essentiel. Le chef du Shin Bet s’empresse de mentionner le fait de contrecarrer des attaques terroristes comme preuve justifiant l’obtention de diplômes universitaires. Quelle est la connexion ? Circule actuellement à la Knesset une proposition de loi qui offrirait des points universitaires en échange du devoir de réserve. Pourquoi l’université, a demandé Rabinowitz, proposant à la place qu’ils obtiennent des points chez El Al ou pour les supermarchés Co-op.

C’est un vieux fléau qui a largement affecté la société : l’idée que les membres des forces de sécurité ont droit à plus – pas seulement des salaires boursouflés et scandaleux, comme l’a récemment révélé le Marker, pas seulement des réductions pour les gens en uniformes dans les restaurants, mais aussi les tours d’ivoire. Ils ne méritent aucun traitement particulier, l’université d’Israël n’a pas besoin de telles distorsions.

C’est une bonne chose que ceux qui s’occupent de la sécurité nationale fassent des études. Il est vrai qu’ils les font parfois simplement pour améliorer leurs salaires ou leurs pensions, et parfois l’université sert simplement de refuge en attendant que les tempéraments se calment – comme c’est le cas pour le superintendant de police Uri Bar-Lev – ou comme changement d’atmosphère et un lieu où se reposer. Quelque soit le motif, nous devons nous réjouir de cette soif de connaissance.

Peut-être à l’université ces spécialistes de la sécurité vont-ils apprendre quelques leçons importantes sur les sciences politiques, l’éducation civique, l’histoire et les droits de l’homme, sur la répartition des pouvoirs et la primauté de la loi. Ils vont côtoyer un environnement qui leur est généralement très étranger : le milieu intellectuel. Ils liront et écriront et – qui sait – peut-être se mettront-ils à penser et poseront-ils des questions. L’expérience élargira certainement leur horizon, qui ressemble quelquefois aux casernes étroites dans lesquels ils servent.

Mais les universités ne doivent en aucun cas capituler. Leurs études doivent être exactement les mêmes que celles de chaque autre étudiant – pas de groupes séparés aux conditions spéciales et, par-dessus tout, aucun programme écourté. Les universités ne doivent pas accepter d’être circonscrites à la sauvegarde de la sécurité d’Israël. Elles ne doivent pas se prosterner devant cette idole. C’est en contradiction avec leur existence universitaire et intellectuelle. Les partisans du boycott universitaire d’Israël font souvent valoir que les universités, en Israël, servent l’occupation et son armée. Il y a de ça.

« La formation universitaire est une formation universitaire », dit Rabinowitz. Il admet qu’il est possible de réduire une formation de trois ans à une année, mais il croit que les études universitaires ne sont pas simplement une course au diplôme ou la réalisation d’un quota d’heures. « Dans le calendrier tortueux dicté par le Shin Bet, il est impossible d’apprendre de façon correcte », dit Rabinowitz. Diskin, qui est titulaire d’une licence de lettres de Bar-Ilan et d’une maîtrise de lettres de l’Université d’Haifa, qualifie cette attitude d’ « arrogante et désobligeante ». Ce dont nous parlons, c’est d’un malentendu fondamental sur le rôle de l’université.

Mais il est évident que le sujet est beaucoup plus large. Une société civile qui lutte pour sa croissance économique et intellectuelle doit être sevrée de son culte pour l’uniforme, dont le rôle bénéfique ou préjudiciable envers l’Etat reste controversé. Le temps est révolu où les photos des généraux de l’armée étaient accrochées aux murs des garages et des restaurants ; le temps est venu maintenant de dire à ceux qui portent l’uniforme : votre contribution n’est pas plus importante que celles des autres membres de la population. Bienvenue à l’université, comme n’importe qui d’autre.

Source : Haaretz  Traduction : MR pour ISM

[ commentaires : Gidéon Levy écrit des articles sensibles, clairvoyants et courageux, et j’ai pour lui beaucoup de respect. J’ai donc, par exception, maintenu la terminologie qu’il emploie : « Israël », « Forces de défense Israélienne ». ]

ISM et Gideon Levy > levy@haaretz.co.il - Israël – 10-09-2008

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=9875&type=analyse≤sujet=Boycott

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Une perte de temps

Une nouvelle rencontre inutile entre le Premier Ministre sioniste Ehud Olmert et le Président de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas a eu lieu cette semaine, générant plus de frustration et d’incertitudes, surtout du côté palestinien.

Certains commentateurs ont décrit la dernière rencontre comme « une autre réunion soulignant la futilité et la faillite du processus politique ». Un responsable palestinien de Ramallah, visiblement en colère, a qualifié les négociations en cours avec le régime sioniste de « perte de temps », disant que des mois de négociations intensives avec le gouvernement Olmert n’ont pas produit « un seul iota de progrès réellement substantiel ».

La dernière réunion était supposée explorer la possibilité d’atteindre une certaine concordance générale, ou « shelf agreement », sur les principales questions contentieuses, dont l’avenir de Jérusalem, les colonies juives en Cisjordanie et le droit au retour des millions de réfugiés palestiniens déracinés de leurs maisons lors de la création de l’établissement sioniste il y a 60 ans. Il a été cependant vite clair qu’une division conceptuelle profonde entre les deux bords continuerait à empêcher tout espoir véritable d’accord, que ce soit maintenant ou dans un avenir proche.

D’un côté, Abbas a concentré son argumentation sur l’invocation de la « légitimité internationale » et « la primauté de la loi internationale ». De l’autre, Olmert a argué que les Palestiniens devraient cesser de faire « des demandes maximalistes ». Il a ignoré le fait que l’Autorité Palestinienne a déjà cédé sur 78% de la Palestine Historique – se contentant d’un petit 22% - mais pas encore garanti – constitué de la Cisjordanie occupée, de Jérusalem Est et de la Bande de Gaza.

Contrairement aux rencontres précédentes, au cours desquelles un certain niveau d’harmonie prévalait, la dernière réunion a été visiblement tendue, le Premier Ministre sioniste reprochant à Abbas « de rencontrer des assassins et des tueurs d’enfants », référence à l’ancien prisonnier libanais Samir Al-Kuntar, qu’Israël a libéré il y a quelques semaines en échange des dépouilles de deux soldats israéliens retenues par le Hizbullah. « Je ne pensais pas que vous rencontreriez de tels ignobles assassins », a crié Olmert, pendant qu’Abbas écoutait.

Réticent à rétorquer à l’attaque cinglante et peu diplomatique d’Olmert, Abbas s’est expliqué en disant que sa rencontre avec Kuntar n’avait pas été planifiée. Pas très convaincu, Olmert a crié : « Et alors ? Si vous êtes un homme de paix, vous n’avez pas à rencontrer des assassins. »

Il aurait été facile à Abbas, mais il ne l’a pas fait, de sauvegarder sa propre dignité et celle de son peuple en disant à Olmert que le régime sioniste avait le taux le plus élevé au monde d’assassins et de criminels de guerre par habitant ; qu’il est difficile de trouver un soldat ou un officier sioniste dont les mains ne soient pas entachées de sang innocent. Cela aurait été peine perdue pour le Premier ministre sioniste aussi bien que pour le Président palestinien. Il est vrai que la survie même de l’Autorité Palestinienne dépend de la « bonne volonté » sioniste, en particulier l’année des élections présidentielles US.

A la suite de la sortie humiliante d’Olmert, qui résume la posture condescendante que le régime sioniste adopte vis-à-vis des Palestiniens en général, dont l’AP, Abbas a trouvé approprié de remercier le premier ministre pour la libération récente de 198 prisonniers, dont deux détenus de longue date que le régime sioniste considère comme « d’ignobles assassins ». Il ne lui a pas rappelé que la loi internationale protège le droit à résister par tous les moyens, dont la lutte armée, contre une occupation belliqueuse, coloniale et raciste.

Selon des sources de l’Autorité Palestinienne, Abbas a demandé à Olmert de libérer davantage de prisonniers palestiniens, dont le chef du Fatah Marwan Al-Barghouti, le chef du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP) Ahmed Saadat et, ô surprise, Aziz Duweik, le Président affilié au Hamas du Conseil Législatif Palestinien. L’armée sioniste a kidnappé Duweik il y a deux ans, en représailles à la capture, par des combattants palestiniens, d’un soldat de l’occupation sionistes près de Gaza. [ c’est permis par le droit international, ça, une capture « en représailles » ? NdT]

Abbas aurait expliqué à Olmert que la libération de ces dirigeants éminents renforcerait sa position aux yeux des Palestiniens et priverait le Hamas d’une victoire psychologique dans le cas où le régime sioniste accepterait de les relâcher dans le cadre d’un éventuel échange de prisonniers avec le Hamas. Olmert fut évasif, arguant que la rue sioniste ne comprendrait pas la libération d’un si grand nombre de prisonniers palestiniens dans un délai aussi court, en particulier en l’absence de concessions du côté palestinien.

Par « concessions », Olmert entend que l’Autorité Palestinienne fasse des concessions politiques sur les questions relatives aux discussions de statut final. La remarque d’Olmert est la preuve de la vision sioniste à long terme, à savoir que le régime sioniste se sert des quelque 10 000 prisonniers palestiniens comme monnaie d’échange dans les négociations avec les Palestiniens.

A la fin de la rencontre, un Abbas renfrogné a quitté la résidence d’Olmert sans parler à la presse. Olmert, d’un autre côté – impatient de présenter la rencontre comme positive – a déclaré que lui et Abbas étaient d’accord sur l’objectif fondamental de la création d’un Etat palestinien vivant côte à côte, en paix, avec Israël. Alors qu’Olmert répétait jusqu’à la nausée la même chose, les bulldozers et l’expansion coloniale rendent ce projet de plus en plus illusoire chaque jour.

Les Palestiniens sont maintenant résignés au fait que leur vieil espoir de création d’un Etat palestinien dans un futur proche revient à rêver les yeux ouverts. Cette semaine, un ancien conseiller de feu le dirigeant palestinien Yasser Arafat a appelé à un Intifada généralisé, ou soulèvement, englobant tous les territoires occupés, pour obliger le régime sioniste et la communauté internationale àe mettre fin, une fois pour toutes, à l’occupation. Bassam Abu Sharif a affirmé que le régime sioniste ne voulait pas la paix et ne cherchait que la capitulation palestinienne devant le sionisme.

Entre temps, l’un des officiels de l’AP, Ahmed Qurei, qui a le titre de négociateur en chef, a continué à réitérer les vieilles « constantes » : à savoir la nécessité d’un retrait total sur les frontières de 1967 et le règlement du problème des réfugiés selon la Résolution 194 de l’Assemblée Générale des Nations Unies. Qurei a déclaré aux journalistes, à la suite d’une rencontre avec l’envoyé du Quartet au Moyen Orient, l’ancien Premier Ministre britannique Tony Blair à Ramallah, que l’Autorité Palestinienne ne signerait jamais un accord de paix avec le régime sioniste sans un retrait total des territoires occupés.

A la lumière des perspectives sombres d’un Etat palestinien, le soutien à la solution à Un Etat, selon laquelle les Palestiniens et les sionistes vivraient dans un Etat démocratique unique pour tous ses citoyens, couvrant toute la Palestine mandataire du Jourdain à la Méditerranée, prend de l’ampleur parmi les intellectuels palestiniens et les gens ordinaires.

Le soutien grandissant pour ce concept est principalement motivé par le sentiment profond que tout Etat palestinien en Cisjordanie ne serait pas viable. Avec plus d’un demi million de colons juifs vivant aujourd’hui en Cisjordanie, le régime sioniste demande en fait aux Palestiniens d’accepter un Etat déformé sur ce qui reste des territoires occupés et de rester sous occupation et apartheid israéliens perpétuels.

Dans ce contexte, beaucoup considèrent que la solution à Un Etat n’est pas seulement le meilleur moyen de garantir la justice, mais c’est la meilleure ligne de défense contre un sionisme intransigeant.

Traduction : MR pour ISM

ISM et Khaled Amayreh > amayreh@p-ol.com - Palestine - 11-09-2008

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=9886&type=analyse≤sujet=Un%20Etat%20Unique