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Que les voleurs de terre sachent que l’esprit est indestructible (ndlr)
Merci Samir pour ce si émouvant et si spontané hommage au poète
Mercredi, 13 août 2008
mercredi 13 août 2008
Lettre au Joueur de Dés
Je passais juste parmi les paroles passagères
les yeux ivres d’images mensongères
et j’entendis cette nouvelle comme une claque :
le cœur du Poète a claqué.
J’ai tout de suite dis : la télé ment
ce n’est pas vrai
le cœur du Poète ne claque pas !
Et les menteurs ont déjà commencé
le cortège des bons sentiments :
ils disent qu’ils vont faire pour le Poète sans terre le plus bel enterrement
Et le voleur qui a pris Birweh
son village et toute sa Galilée
crie déjà qu’il n’y reste aucune place
ici ou là pour sa sépulture
Les gars d’Oslo n’ont qu’à faire une place
à Ramallah avec une sculpture
D’ailleurs ce village Birweh n’existe pas
Il s’est dissout comme bulle de savon
après le passage des colons
Et les despotes universels poseront une larme de sang
sur le tombeau de l’impénitent
Eux qui firent le Procès du Poème et dressèrent contre lui l’Etat de Siège
promettent maintenant d’offrir un siège
à l’ami et adversaire
l’ennemi si intime
Eux qui se disent les enfants de la Shoah
jurent que lui le poète de la Nakba
sera célébré même dans leurs livres d’école
où il n’y a ni gentils ni méchants ni victimes ni idoles
Alors quoi ?
Vous voulez bien de ses poèmes mais pas de sa dépouille ?
Et peut-être inventerez-vous des patrouilles
pour contrôler et dépouiller le poème de ses vers
comme vous avez dépouillé le poète de ses terres ?
Et pour vous protéger de votre Sainte Trouille
de voir revenir ses enfants bredouilles et sans frousse
malgré toutes les douilles que vous avez lancé à leurs trousses
un jour peut être inventerez vous une douille pour tuer le Poème
et vous inventerez le deuil du Poème
et vous lui ferez un bel enterrement
Mais si tels sont vos rêves
Vos rêves mentent :
la terre elle ne ment pas ni le Poème
Je dis moi que le Joueur de dés ne s’enterre pas
Et si tel était le cas
alors je fais la grève au bon Dieu
pour qu’Il arrête de nous prendre nos bonnes gens
et nos rêves
et tous ceux qui nous rendent heureux
Eh toi le Poète, ne disais-tu pas que si tu devais mourir
tu aurais honte de faire pleurer ta mère ?
Je le jure même si blasphème :
je pétrirais vingt de tes plus beaux poèmes
ceux que tu as tant soigné de tes caresses
et je boirais jusqu’à l’ivresse
le vain poème !
Non Mahmoud
ce n’était pas ton dernier soir sur cette terre
ni ton dernier matin
Dis-moi que c’est juste un tour de Derwish farceur
Tu reviendras avec le Poème de l’absence
tout plein de couleurs
Ce poème que tu as fait chair
dans le Lit de l’Etrangère
A moins que tu ne sois parti faire le siège du bon Dieu
pour nous rendre la Palestine plus belle encore à nos yeux
T’es juste allé taxer les clés du rêve à Texas
faute de pouvoir retourner à Birweh
Mais tu reviendras bientôt dans la vallée de Galilée
avec ton pote Indien des Amériques
le dernier des poètes au pays des amnésiques
Après avoir jeté au sort vos vies de bohèmes
vous reviendrez fouler la terre du poème
Et nous porterons ensemble
le fardeau de l’espoir…
SamirAbdallah, cinéaste*
à Paris, le 11 08 2008
in memoriam (ndlr)