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Gaza assiégée

Le monde ne peut plus attendre. Les habitants de Gaza non plus.

Par Stephen Lendman

dimanche 10 août 2008

Stephen Lendman est chercheur au Centre de Recherches sur la Mondialisation. (Il peut être joint à l’adresse suivante : lendmanstephen@sbcglobal.net)

La fourniture d’électricité n’est pas suffisante, ce qui affecte les hôpitaux, la disponibilité de l’eau douce, l’assainissement et oblige les habitants à vivre quotidiennement dans des conditions extrêmes. Des familles (dont des conjoints) sont également séparées. Certains vivent à Gaza, d’autres en Cisjordanie et en Israël, et tous souffrent d’une séparation prolongée car les autorités interdisent de se déplacer d’une région à une autre et imposent d’énormes restrictions aux passages frontaliers égyptiens et jordaniens.

Après la victoire électorale du Hamas le 25 Janvier 2006, Israël a pris Gaza pour cible d’une manière oppressante. L’ensemble de l’aide extérieure a été coupée.

Des sanctions et un embargo économique ont été imposés et le gouvernement démocratiquement élu a été qualifié à tort d’organisation terroriste et isolé. Ces mesures ont été suivies d’une répression accrue avec des invasions répétées des FOI, des attaques, des meurtres, des assassinats ciblés, des arrestations, des destructions de propriétés et bien d’autres choses dans un schéma trop familier aux Palestiniens depuis plus de six décennies.

Les Gazaouis sont emprisonnés dans leur propre pays et sont traumatisés depuis des mois. En Juin 2007, les choses ont empiré quand Israël a placé le territoire en état de siège - décrit par certains comme un siège médiéval en raison de son extrême dureté.

Le 14 Juin 2007, en collaboration avec Israël et les États-Unis, le président de l’Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, a déclaré l’"état d’urgence" , a limogé de façon illégale le Premier Ministre du Hamas, Ismail Haniyeh, et son gouvernement d’unité nationale, et a nommé son propre Premier ministre et un nouveau gouvernement d’"urgence".

Le pouvoir est maintenant divisé. Abbas dirige la Cisjordanie. Le Hamas administre Gaza alors qu’Israël contrôle tout : la terre, la mer, l’espace aérien, les déplacements à l’intérieur et entre les territoires, l’enregistrement de la population, le regroupement familial, et tous les produits et les services qui entrent et sortent de Palestine Occupée.

En particulier, la bande de Gaza assiégée depuis près de 14 mois qui dépend uniquement d’Israël pour son approvisionnement en carburant, en électricité et en gaz, ainsi que tous les autres produits.

Le Hamas reste isolé. Il a été qualifié d’"entité hostile", et après le 19 septembre dernier, il a été soumis à de nouvelles sanctions. La fourniture d’électricité, de carburant et de gaz a été réduite et coupée par intermittence. Ainsi que les livraisons de nourriture et de médicaments, de l’eau et d’autres produits de base. Sa production industrielle a chuté de 95%, et sa production agricole correspond à environ la moitié de son niveau d’avant 2007.

Presque tous les travaux de construction ont également été arrêtés, et selon un nouveau rapport de l’Office de Secours et de Travaux des Nations Unies pour les Réfugiés Palestiniens (UNWRA), la pauvreté dépasse les 50% et le chômage est presque aussi élevé. D’autres estimations non officielles disent que le chiffre de 80% serait plus approprié. Les choses vont mal et empirent.

Les magasins sont à court de tout parce qu’Israël autorise l’entrée de 9 produits de base seulement. Leur disponibilité est irrégulière et certains produits indispensables sont interdits comme :

— Certains médicaments ;

— Des produits alimentaires limités comme les fruits, le lait et autres produits laitiers, la farine de blé, le riz, le sucre, le sel, l’huile de cuisine et les aliments congelés ;

— Les produits de nettoyage ;

— Les plants agricoles ;

— Les herbicides et les pesticides ;

— Les chaussures ;

— Les vêtements ;

— Les tissus, les fils et les boutons ;

— Les matériaux de construction : le ciment, l’étain, le fer, les tuyaux en plastique, l’amiante, le bois, les clous, les vis, le fil barbelé, la peinture, etc ;

— Les pièces de rechange et les matières premières pour la fabrication de produits ;

— Les appareils électriques ;

— Le matériel de bureau et les fournitures ;

— Le bétail et le fourrage ;

— Les livres ;

— Les ordinateurs ;

— Les téléphones portables ;

— Les pièces de rechange pour les appareils de communication ;

— Le tabac et les cigarettes ;

— Les boissons ;

— Tous les types de véhicules à moteur, y compris les pièces détachées (batteries, pneus, huile de moteur, etc) ;

— Les ascenseurs et les pièces de rechange ;

— Les pompes à eau et leurs pièces de rechange et

— L’importation ou l’exportation de matières premières pour l’industrie, la construction et l’agriculture - pratiquement tout ce dont une société moderne a besoin pour fonctionner et survivre.

Comparé aux 9000 produits importés avant Juin 2007, il n’y en a maintenant que 20. Les gens n’ont pas assez à manger et les conditions empirent. Même la pêche est limitée, mettant au chômage des milliers de pêcheurs locaux car toute personne s’aventurant loin du rivage risque la détention et le harcèlement.

La fourniture d’électricité n’est pas suffisante, ce qui affecte les hôpitaux, la disponibilité de l’eau douce, l’assainissement et oblige les habitants à vivre quotidiennement dans des conditions extrêmes.

Des familles (dont des conjoints) sont également séparées. Certains vivent à Gaza, d’autres en Cisjordanie et en Israël, et tous souffrent d’une séparation prolongée car les autorités interdisent de se déplacer d’une région à une autre et imposent d’énormes restrictions aux passages frontaliers égyptiens et jordaniens.

Auparavant, le regroupement familial avait été interdit lorsque la Knesset a adopté la Loi sur la Nationalité et l’Entrée en Israël (Juillet 2003). Elle empêche les Palestiniens des territoires mariés à un conjoint israélien d’obtenir la citoyenneté ou le statut de résident en Israël pour que les familles puissent vivre ensemble.

Des milliers de couples mariés et leurs enfants sont touchés. Ils sont forcés de rester séparés ou de quitter Israël. La nouvelle loi vise uniquement les Palestiniens. Elle est discriminatoire, illégale, raciste, non liée à la sécurité, et est l’un des nombreux actes de punition collective. Outre la loi, les Arabes israéliens mariés à des habitants de Gaza ont l’interdiction de pénétrer sur le territoire pour rendre visite à leurs familles.

Voici un bref aperçu de Gaza. Elle a une superficie de 360 kilomètres carrés soit à peu près la moitié de Chicago pour 1,5 millions d’habitants – la plus grande et la plus peuplée prison à ciel ouvert au monde.

Plus de 40% d’entre eux vivent dans huit camps de réfugiés surpeuplés, et dans le meilleur des cas, leurs conditions sont inadaptées, défavorables et parfois dures. Avec le blocus, ces conditions sont insupportables.

Le droit international (dont la Quatrième Convention de Genève de 1949) oblige les puissances occupantes à protéger les populations civiles. Son article 3 (1) précise :

« Les personnes qui ne participent pas directement aux hostilités, y compris les membres de forces armées qui ont déposé les armes et les personnes qui ont été mises hors de combat par maladie, blessure, détention, ou pour toute autre cause, seront, en toutes circonstances, traitées avec humanité, sans aucune distinction de caractère défavorable basée sur la race, la couleur, la religion ou la croyance, le sexe, la naissance ou la fortune, ou tout autre critère analogue.. »

Israël méprise la loi et n’est pas d’accord.

Après son « désengagement » en 2005, il a refusé toute responsabilité à l’égard des Palestiniens dans la Bande de Gaza, même si l’argument est sans fondement en vertu du droit international humanitaire et des lois sur les droits de l’homme. Leur langage et interprétation sont clairs et exigent des occupants qu’ils assurent la sécurité et le bien-être des gens qu’ils « contrôlent » - même si leurs forces n’ont pas de présence fixe sur leur territoire.

Les forces de sécurité israéliennes ont un contrôle total sur Gaza et la Cisjordanie et agissent librement dans les deux territoires. Ils envahissent et maraudent, sécurisent leurs frontières, les principaux points d’entrée, l’espace aérien, et pour Gaza, son littoral et ses eaux territoriales.

Selon la Quatrième Convention de Genève, Israël est tenu de protéger tous les Palestiniens - en particulier les malades, les blessés, les enfants de moins de 15 ans, les femmes enceintes, les personnes âgées, les infirmes et les handicapés.

Il doit aussi permettre la libre circulation des vivres, des médicaments et d’autres produits indispensables, sans parler de fournir de l’aide aux équipes médicales et s’abstenir d’imposer des châtiments collectifs et une loi martiale de fait.

La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (de 1948) dont est signataire Israël va plus loin. Elle reconnaît le droit de toute personne à la libre circulation, au travail, à un certain niveau de vie, à l’éducation, aux soins de santé appropriés et à une vie familiale normale. Son article 1 stipule que « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits » - y compris ceux vivant sous occupation ou « contrôlés » par un autre État

Les Violations des Droits de l’Homme d’Israël

En Janvier 2008, John Dugard, le rapporteur spécial sur la Palestine du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU a préparé un rapport cinglant sur les violations des droits de l’homme par Israël .

Les principales organisations humanitaires et des droits civiques ont publiés leurs propres rapports comme l’Association pour les Droits Civiques en Israël (ACRI), B’Tselem, le Centre Palestinien pour les Droits de l’Homme (PCHR), et l’Alternative Information Center (AIC). L’AIC est une « organisation militante israélo-palestinienne, progressiste, à vocation internationale » qui diffuse des informations, un soutien politique, l’activisme populaire et une analyse critique sur les sociétés palestiniennes et israéliennes et sur le conflit.

Le rapport publié le 9 mars 2008 est intitulé : « La Bande de Gaza : Une implosion humanitaire ». En voici les principaux points :

- La situation dans la Bande de Gaza est pire aujourd’hui qu’elle ne l’a jamais été depuis le début de l’occupation militaire israélienne en 1967. La situation actuelle à Gaza a été entièrement créée par l’homme, était évitable et, une volonté politique permettrait d’y mettre fin

- Les habitants de Gaza sont réellement emprisonnés ; la circulation dans et hors du territoire est « impossible », la nourriture, l’eau, les soins de santé, le traitement des eaux usées, l’assainissement et autres éléments indispensables « ne peuvent plus être considérés comme acquis ;

- En raison du blocus et de l’effondrement économique, il y a "peu d’argent pour acheter de la nourriture et la nourriture à acheter est limitée", la hausse des prix exacerbe le problème ;

- Les camions transportant des marchandises commerciales et humanitaires dans la bande de Gaza ont « chuté » d’environ 250 par jour avant la crise à un maximum de 45 par jour ou moins ;

- Le niveau d’extrême pauvreté extrême a « fortement augmenté » obligeant 80% des habitants de Gaza à dépendre de l’aide humanitaire quand elle est disponible - soit 10 fois plus que lors de dernière décennie. En 2007, les ménages consacraient (en moyenne) environ 62% de leur revenu dans la nourriture ;

- 95% des activités industrielles de Gaza sont arrêtées parce que les entrées/sorties de production ne sont pas possibles et que la fermeture des frontières empêcher les exportations. Le secteur de la construction est « paralysé », l’agriculture est « durement touchée », le chômage et la pauvreté ont augmenté en flèche. En Septembre 2000, 24000 habitants de Gaza travaillaient en Israël alors qu’aujourd’hui il n’y en a plus un seul ;

- Le blocus a détruit l’infrastructure des services publics. Le gouvernement israélien empêche toute réparation et maintenance ; l’importation des pièces de rechange est interdite. Les hôpitaux et les institutions publiques ne peuvent pas fonctionner normalement. L’électricité est coupée de 8 à 12 heures par jour ; 40 à 50 millions ou plus de litres d’eaux usées non traitées ou partiellement traitées sont déversées quotidiennement dans la mer.

- Le Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) affirme que le chiffre est supérieur : jusqu’à 60 millions de litres par jour ; En outre, les eaux usées brutes sont déversées dans des zones fortement peuplées, dont trois millions de litres ont été récemment déversés dans le bassin de récupération d’eaux pluviales du camp de Jabaliya ;

- Depuis qu’Israël a bombardé la centrale électrique de la Bande de Gaza (en Juin 2006), elle fonctionne à un tiers de sa capacité mais elle a besoin de carburant pour être exploitée ;

- Les services d’eaux des municipalités côtières (CMWU) fournissent de l’eau potable et traitent les eaux usées ; avec le peu d’électricité, de carburant, de maintenance et de pièces de rechange disponibles, le réseau ne peut fonctionner de façon appropriée, de sorte que près d’un tiers des habitants de Gaza n’ont pas d’eau courante ; Avant le blocus, ils y avaient tous accès ;

- L’éducation est tellement touchée que les classes sont annulées ; le taux d’abandon est élevé parce que les familles ne peuvent pas se permettre d’envoyer leurs enfants à l’école, pour ceux qui continuent, les jours d’école sont réduits, les manuels scolaires et autres fournitures sont rares et le taux d’échec est de près de 80%, et de 90% en mathématiques ;

- Les soins de santé se sont nettement détériorés : à l’intérieur de Gaza et dans l’accès aux soins à l’extérieur ; Les habitants de Gaza ayant besoin d’un traitement spécial n’ont pas le droit de sortir, les maladess sont en train de mourir faute de soins, y compris les enfants ;

- Le blocus d’Israël a « réellement anéanti l’économie et appauvri sa population » : les gens ordinaires, des hommes, des femmes et des enfants sont punis collectivement, en violation du droit international et humanitaire ; Ces mesures entravent également le "processus de paix en lui-même ;

- Israël contrôle réellement la Bande de Gaza ; Il a l’obligation de protéger sa population, mais au lieu de ça, il la punit par sa présence militaire, ses attaques, ses assassinats extrajudiciaires, sa destruction des terres et des infrastructures, ses restrictions à la libre circulation, le manque d’eau potable, de nourriture, de soins médicaux et d’autres éléments indispensables, le chômage, l’appauvrissement et les obstacles à l’éducation ;

- Isoler le Hamas a été contreproductif, et ce « à tous les niveaux ; » une nouvelle stratégie d’engagement est nécessaire : Il faut condamner le siège ; rendre publique la crise humanitaire ; faire pression sur Israël pour qu’il y mettre fin ; fournir des secours d’urgence ; relancer l’économie de Gaza ; faire appliquer le droit international et travailler à « un processus politique global (productif). »

Le Centre Al Mezan pour les Droits de l’Homme assure également le suivi du blocus de Gaza. Il se qualifie lui-même « d’ONG palestinienne (non-partisane) » basée dans le camp de réfugiés de Jabalia à Gaza avec la mission de « promouvoir, protéger et prévenir les violations des droits de l’homme en général et en particulier les droits économiques, sociaux et culturels ; fournir une aide efficace aux victimes de ces violations et améliorer la qualité de vie de la communauté dans les collectivités marginalisées (à Gaza)."
Il fournit également une aide juridique et fait prendre conscience de l’état continuel de la violence, de la répression et des conditions désespérées en Palestine occupée, en particulier dans Gaza assiégée.

Le 8 avril, il a publié un rapport cinglant intitulé « La Pire Année sous Occupation : Rapport di 1er trimestre 2008 sur les Violations des droits de l’homme dans la Bande de Gaza par Israël » En voici ses points forts :

- Au cours du premier trimestre 2008, Gaza a connu une « escalade sans précédent » des violations des droits de l’homme - principalement causés par une « grave augmentation" des violations du droit international par les FOI ;

- Le chiffre de 247 morts a dépassé le nombre total de morts entre 2005 et le 1er trimestre 2007 et il correspond à peu près au nombre total de victimes en 2007 ;

- Les destructions des propriétés publiques et privées ont grandement augmenté ainsi que la destruction des terres agricoles ;

- L’économie de Gaza a été écrasée, le nombre de pauvres et de chômeurs a doublé et atteint « des niveaux sans précédent » - les pires jamais atteints depuis le début de l’occupation ;

- La communauté internationale reste silencieuse face aux violations systématiques, au châtiment collectif "étrangleur » d’une ampleur sans précédent ; la vie et le bien-être des habitants de Gaza sont touchés par tous les moyens imaginables ;

- Le nombre de victimes à Gaza et leurs pertes matérielles montrent l’ampleur des violations du droit international, l’absence d’intervention de la communauté internationale a rendu possible les conditions actuelles ;

- Al Mezan condamne « l’agression » et « les violations flagrantes des droits des l’homme d’Israël ; Ce sont des crimes de guerre délibérés et des crimes contre l’humanité et c’est l’un des exemples les plus extrêmes de punition collective contre une population civile, Al Mezan appelle la communauté internationale à intervenir - pour enquêter, poursuivre et traduire en justice ceux qui ont ordonné et/ou perpétré (ces) crimes. »

L’Envoyé Spécial au Moyen-Orient américain critique la politique de l’administration

En novembre dernier, un ancien commandant de l’OTAN, le général à la retraite James Jones, a été nommé l’Envoyé Spécial au Moyen-Orient de l’Administration avec cette mention spéciale : il est la « personne dont nous avons besoin pour cette mission capitale .... un homme expérimenté qui peut répondre globalement et au plus haut niveau aux défis sécuritaires de la région .... »
Sa mission : un projet stratégique en matière de stabilisation de la sécurité pour compléter les négociations de paix israélo-palestiniennes.

Des informations circulent sur un rapport que Jones est en train de préparer et que ses supérieurs n’aiment pas. Ni les Israéliens. Selon Haaretz (le 22 Juillet), il est « extrêmement critique .... à l’égard de la politique israélienne dans les territoires et de son attitude envers les services de sécurité de l’Autorité Palestinienne" : Les troupes de choc répressives du Président Mahmoud Abbas font le sale travail d’Israël et visent le Hamas à Gaza et ses partisans en Cisjordanie

Les responsables de l’administration possèdent un résumé de l’avant-projet, et cela "suscite une gêne considérable.
Ses conclusions sur Israël sont cinglantes (et ceux qui l’ont lu disent) qu’elles donnent une très mauvaise image d’Israël sur au moins deux points :

- « Sa définition assez générale » de la sécurité en Cisjordanie dans le cadre d’un accord de statut final, et

- « Son attitude à l’égard des services de sécurité de l’Autorité Palestinienne. »

Ce n’est pas tout. Jones critique aussi Washington. Il accuse des personnalités de l’administration de n’avoir pas « réformé les services de sécurité de l’Autorité Palestinienne », de ne les avoir pas coordonnés et préparés à « faire respecter la loi en Cisjordanie. »

Le Hamas contrôle Gaza. Des responsables de l’administration et les Israéliens veulent enterrer le rapport, mais Jones va apparemment le publier dans son intégralité. Jusqu’à présent, son contenu n’a pas été rendu public et seules des allusions à sont sujet ont été faites.

Le Siège de Gaza : « une atrocité, un crime, une abomination » - Jimmy Carter

C’est ce qu’a estimé Carter le 17 avril dans un discours prononcé à l’Université Américaine du Caire. On « fait mourir de faim » les Palestiniens et les efforts des américains pour ébranler le Hamas sont contre-productifs.

Fin Mai, lors d’une visite dans la ville galloise de Hay, il est allé encore plus loin en demandant aux pays de l’Union Européenne de rompre avec Washington au sujet du siège : « l’un des plus grands crimes contre les droits de l’homme sur terre et voir les Européens y participer est embarrassant. »

Il a demandé aux dirigeants de l’Union Européenne de revoir leur position si le Hamas acceptait un cessez-le-feu - et c’est ce qui était probablement derrière son voyage et ses commentaires, bien que Carter sache très bien que le Hamas a observé unilatéralement des mois de cessez-le-feu par le passé et en a à nouveau proclamé le 19 Juin.

Que fait donc Carter ?

En avril dernier, il a rencontré Khaled Meshaal (le leader du Hamas en exil) à Damas à la demande d’Israël et l’administration Bush – et non de sa propre initiative comme l’ont raconté les médias, malgré une opposition farouche à son voyage. Les émissaires de haut niveau ne s’écartent jamais de la politique de l’État ou n’agissent de manière indépendante. Où qu’ils aillent, qui ils rencontrent, et ce qu’ils disent ont un objectif, mais ce n’est pas toujours apparent.

Carter l’a en partie expliqué dans un commentaire au London Guardian en disant : « Les sondages d’opinion à Ramallah disent que l’opinion sur le Hamas en Cisjordanie est en train de changer, parce que les gens croient que le Fatah s’est vendu à Israël et aux États-Unis. »

Pour Washington et Israël, éviter cette possibilité est crucial, mais plus important encore, c’est le scénario cauchemardesque d’un front arabe uni (ou un front musulman unifié) contre l’Occident si l’administration Bush et/ou Israël attaque l’Iran, la Syrie et/ou le Hezbollah au Liban. Une guerre plus large est tout à fait possible, mais les planificateurs connaissent le risque : provoquer l’ensemble de la région ou pire pourrait se transformer en une 3ème Guerre Mondiale.

La stratégie de Washington et d’Israel pourrait bien changer, mais pas du tout pour des préoccupations humanitaires. Maintenir le siège de Gaza et laisser le soutien au Hamas grandir ne profite pas leur projet impérial. Mais cela n’a pas aidé non plus les Gazaouis et rien n’indique qu’il sera levé dans un proche avenir.

« Nager dans les égoûts »

C’est l’un des nombreux témoignages du PCHR à Gaza pour montrer à quel point la vie s’est détériorée avec le blocus. Il commence ainsi : « Je pense que la mer est probablement polluée. Parfois, j’attrape d’étranges marques blanches sur la peau ; mais nous allons à la plage chaque jour parce que nous n’avons pas ailleurs où aller. »

C’est Salim qui parle de lui-même et de ses amis. Ils vont à la plage de la ville de Gaza et l’un des garçons tient une bouteille en plastique avec plusieurs petits poissons et un minuscule crabe pris au piège à l’intérieur. Les poissons sont tous morts et voici pourquoi. A moins d’une centaine de mètres, un tuyau d’égout déverse une eau sale dans des flots de déchets qui s’écoulent dans la mer où nagent Samer et ses amis.
Les gens affluent vers les plages en été car il fait chaud, mais certains d’entre eux « nagent dans les égouts. »

Selon le Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA), environ 60 millions de litres d’eaux usées non traitées et partiellement traitées sont déversées dans la mer autour de la ville de Gaza, tous les jours - parce que le carburant et l’électricité sont rares et que les conditions sont, depuis des mois, désespérées.

Selon un employé de l’OCHA, « la mer devient de plus en plus sale et de plus en plus contaminée en raison des pénuries chroniques (de carburant et de pièces de rechange). Nous avons besoin de 14 jours d’électricité sans coupure afin de lancer un cycle de traitement des eaux usées convenable, pour le bien de la santé publique à Gaza. »

Les services d’eaux des municipalités côtières (CMWU) sont chargés de fournir de l’eau potable à toute la Bande de Gaza ainsi que de gérer les trois installations de traitement des eaux usées de Gaza.

A cause de l’actuelle pénurie chronique d’électricité, de fuel et de pièces détachées indispensables, l’eau du robinet non filtrée est salée et n’est pas bonne à boire, dans toute le Bande de Gaza, et aucune des usines de traitement des eaux usées ne fonctionne normalement.

L’inquiétude est forte et grandissante. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a pris des échantillons sur 30 sites du littoral de la Bande de Gaza et les a testés à la recherche de contamination fécale humaine et animale. Elle a découvert 13 zones polluées et impropres à la baignade sur sept plages, dont trois plages au centre et au sud de la Bande de Gaza et quatre plages dans et autour de la ville de Gaza. La plage où Samer et ses amis nagent chaque jour est l’une d’elle

L’OMS a prévenu que « les épidémies d’origine hydrique doivent particulièrement être évitées à cause de leur capacité à provoquer des infections simultanées chez une grande partie de la population », en particulier les gastroentérites, les infections de l’oreille, les dermatites, la dysenterie, les infections respiratoires et urinaires, les infections de l’œil, les souches d’e. Coli. Ces pathogènes entrainent des diarrhées et la mort, aussi il est crucial de les éviter.

Gaza ne peut pas le faire sans suffisamment de carburant et d’électricité et un perfectionnement majeur de ses usines et de ses équipements.

Le chef du Service des Droits Economiques et Sociaux du PCHR, Khalil Chahine, dit : « Les restrictions israéliennes sont une violation flagrante du droit universel à la santé .... et à un environnement propre. Selon le droit international humanitaire, Israël, en tant que puissance occupante, a l’obligation de faciliter l’accès à tous les équipements indispensables à la vie. L’accès à l’eau potable et à une mer propre est un droit de l’homme fondamental. »

Israël ne réagit pas. Le siège se poursuit. Les produits indispensables à la vie ne sont toujours pas accessibles. Les conditions sanitaires continuent à se dégrader et l’eau du robinet non potable et la contamination de l’eau de mer à Gaza en sont les deux raisons. Rien n’est fait pour y remédier et les Gazaouis sont obligés de le supporter.

Des activistes ont l’intention de « briser le siège de Gaza »

Le 10 ou le 11 août, environ 40 activistes non armés membres de l’ISM, le Mouvement de Solidarité Internationale, du Comité Israélien Contre les Démolitions de Maisons et d’autres vont quitter Chypre sur deux voiliers en bois - pour "entrer dans le port de Gaza et briser le siège."
Monteront à bord une nonne catholique de 81 ans, une survivante de l’Holocauste de 83 ans, un survivant de la Nakba, un professeur israélien, des Palestiniens de Gaza, 16 nationalités, quatre religions, la presse internationale, et apparemment trois membres du Parlement Européen. Les bateaux privés ont été invités à se joindre à eux.

« Les FOI vont probablement nous arrêter mais une partie de l’action est de montrer que Gaza est hermétiquement bouclé », selon la porte-parole Angela Godfrey-Goldstein.

Le bureau du porte-parole des FOI n’a pas fait de commentaires sur la méthode qui sera adoptée pour prévenir cette action. Toutefois, les navires israéliens patrouillent régulièrement les eaux côtières et interdisent l’accès à Gaza à tous les navires en violation du droit international.

Les ONG du monde entier réclament la levée du siège de Gaza

L’Appel Mondial à l’Action contre la Pauvreté (GCAP) est l’une d’elles. C’est une « alliance grandissante de syndicats, de groupes communautaires, de groupes religieux, d’organisations de femmes et de jeunes, d’ONG et d’autres militants qui travaillent ensemble dans plus de 100 plates-formes nationales .... pour mettre fin à la pauvreté, à l’inégalité, » à l’injustice et à la souffrance humaine.

Il exprime une profonde inquiétude à propos des 1,5 millions de Gazaouis qui souffrent du siège israélien Israël et demande sa levée. Il veut que les dirigeants du monde entier et le Conseil de sécurité demandent à Israël de « respecter le droit international et humanitaire et les résolutions de l’ONU .... qu’il mette immédiatement fin à sa politique de punition collective et cesse son siège de Gaza. »

D’autres ONG expriment des exigences similaires :

- En Janvier 2007, 8 roganisations israélienne des droits de l’homme ont collectivement rejoint une campagne internationale pour la fin immédiate du siège de Gaza. Il s’agit de :

(1) L’Association pour les Droits Civiques en Israël (ACRI) ;

(2) Amnesty-Israël ;

(3) Bimkom - Architectes pour les Droits de l’Urbanisme ;

(4) Gisha - Centre juridique pour la liberté de circulation ;

(5) Hamoked : Centre pour la défense de l’individu ;

(6) Le Comité public Contre la Torture en Israël (PCATI) ;

(7) Médecins pour les Droits de l’Homme - Israël et

(8) Yesh Din - Volontaires pour les Droits de l’Homme.

D’autres ont aussi déclaré :

- L’Association pour la Culture et la Liberté de Pensée à Gaza déclare : « Nous vivons dans la crainte de la dévastation de notre société. Le blocus de Gaza est un crime terrible .... dites au monde : Ne dites pas que vous ne saviez pas ; »

- Le Comité d’Aide à l’Agriculture Palestinienne (PARC) déclare : « Le blocus rend impossible les exportations et les agriculteurs abandonnent leurs cultures ; les incursions israéliennes causent d’énormes destructions aux terres et aux entreprises ; presque tous les secteurs de Gaza sont ruinés, cette punition collective doit prendre fin ; »

- Le Palestinian Medical Relief Society déclare : « La Bande de Gaza seule sans la Cisjordanie ne peut pas survivre, elle a besoin de frontières et d’accès libres, 1,5 millions de personnes sont isolées sans commerce ou eau, c’est impossible ; »

- Le Centre des affaires des Femmes dit : « Gaza est une prison, les gens sont pris au piège », et « le résultat est la violence, » non seulement « la violence entre factions mais il y a de plus en plus de violence domestique », et

Le Centre Palestinien pour les Droits de l’Homme (PCHR) dit : « Comment Gaza peut-il être un endroit normal, comment pouvons-nous vivre une vie normale ici ....( nous avons besoin d’une liberté de circulation entre Gaza et la Cisjordanie et un libre accès au monde extérieur ; »

De nombreuses autres organisations de par le monde appellent également à :

— La fin du siège de Gaza ;

— La fin de l’isolement politique illégal imposé par Israël ;

— Le droit au travail et à un niveau de vie suffisant ;

— Le droit à la santé ;

— Le droit à l’éducation ;

— Le droit à la vie et

— La fin des 41 années d’occupation illégale.

Le monde ne peut plus attendre. Les Gazaouis non plus, ni le nombre grandissant de partisans dans le monde entier.

Source : http://palestinechronicle.com

Traduction : MG pour ISM