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Démocratie & Socialisme 156, juin - juillet - août 2008 - Post-it Palestine n°6

LA QUESTION DU LOGEMENT

par Philippe Lewandowski

samedi 2 août 2008

Friedrich Engels réunit jadis dans une brochure intitulée "La question du logement" une série d’articles parus dans le Vorwärts consacrés à ce sujet ; il y polémiquait, avec une verve toujours d’actualité, contre un partisan de Proudhon. Tributaire de son époque, l’ami de Marx ne pouvait pas prévoir le caractère cynique et criminel que devait prendre la manière d’aborder le problème dans le cadre d’une entreprise résolument colonialiste. C’est cette dernière qu’illustre à merveille la politique israélienne, avec ses volets complémentaires de constructions et de déconstructions, ou plus exactement de démolitions

Démolitions

La tragique histoire de Rachel Corrie, jeune américaine militant contre la destruction des maisons palestiniennes et délibérément écrasée par un bulldozer de l’armée « la plus morale du monde », rappelle la cruauté des colonisateurs . L’association animée par Jeff Halper, The Israeli Committee Against House Demolitions, a recensé plus de 18.000 démolitions de maisons palestiniennes depuis 1967 . Les prétextes éventuellement évoqués vont de la lutte contre le terrorisme à l’allégation de constructions illégales ; il importe de rappeler d’une part que certaines de ces habitations étaient antérieures à la colonisation sioniste, et d’autre part que les permis de construire ne sont pratiquement jamais accordés aux Palestiniens, surtout sur les terrains faisant partie des projets avoués ou non d’annexion pure et simple.
Car c’est dans ces derniers que le gouvernement israélien œuvre le plus diligemment à la résolution de la question du logement… pour de nouveaux occupants !

Constructions

Il ne se passe en effet pratiquement pas de semaine sans annonce de vote par la Knesset (le parlement israélien) de nouvelles subventions pour la construction de logements à destination de colons dans les territoires occupés, le tout dans l’allègre mépris des résolutions de l’ONU et de la législation internationale, et avec la complicité éhontée des gouvernements et des grands médias occidentaux .

Peut-être est-ce là l’occasion d’emprunter à un discours de Richard Nixon, ancien président américain, une expression qui s’applique parfaitement aux agissements israéliens en cours : ne s’agit-il pas cette fois de l’œuvre d’authentiques « hors la loi internationaux » ?

Philippe Lewandowski