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Mutisme = complicité = terrorisme meurtrier bien que passif (ndlr)

Seule réponse : le silence

par Khaled Amayreh

vendredi 1er août 2008

Les récentes agressions de l’armée coloniale contre les œuvres caritatives palestiniennes, les salons de coiffure et les commerces montrent sans équivoque la décomposition morale du régime sioniste, écrit Khaled Amayreh de Naplouse

Si vous vous imaginez encore qu’il reste des lignes rouges que le régime sioniste n’a pas franchies dans sa façon de traiter les Palestiniens, détrompez-vous. Ces dernières semaines et ces derniers jours, l’armée d’occupation a vandalisé, saccagé et saisi des institutions civiles palestiniennes dans les principales villes et municipalités cisjordaniennes, notamment à Ramallah, siège du prétendu gouvernement palestinien.

Des témoins découragés et des victimes en pleurs ont parlé d’une « brutalité sans précédent » et d’un « comportement à la Gestapo » alors que les forces d’occupation traversaient le centre et le nord de la Cisjordanie pour détruire ce qui restait du secteur caritatif palestinien dont dépendent des milliers de familles appauvries pour leur survie.

L’entité sioniste a visé des orphelinats et des internats ainsi que des soupes populaires et des ateliers de couture au service des orphelins de la région de Hébron. La campagne de terreur, avec ses scènes révoltantes de cruauté et d’inhumanité, a sérieusement creusé l’hostilité et la haine à l’égard de l’établissement sioniste.

Celui-ci ne se soucie apparemment pas de la survie, ni de la vie des Palestiniens. Il est après tout le tourmenteur, le meurtrier et l’oppresseur perpétuel du peuple palestinien.

Le dernier cas de sauvagerie s’est produit la semaine dernière quand des douzaines de véhicules militaires, notamment des blindés, ont envahi le centre d’affaires de Naplouse, à 90 kilomètres au nord de Jérusalem. Naplouse est l’une des villes que l’Autorité palestinienne (AP) a déclarée « souveraine », surtout après le déploiement de centaines de « forces de sécurité » formées par les Étasuniens et bien armées.
Quand les sionistes ont violé la ville la semaine dernière, les forces de sécurité palestiniennes étaient introuvables. Les soldats ont envahi des écoles, des centres commerciaux, des clubs de sport, des centres culturels, un important centre médical, une station de télévision, des salons de coiffure ainsi que de nombreux bureaux d’ONG, saccageant et détruisant leur équipement. Dans un cas, elles ont détruit et jeté dans la rue du matériel scolaire (squelettes didactiques, microscopes et meubles scolaires).

De plus, des soldats ont volé des ordinateurs et beaucoup d’appareils électriques et électroniques dans les bâtiments visés, tous déclarés « propriété de l’armée ». A la station de télévision Afaq dans le centre de Naplouse, l’armée a confisqué tout l’équipement et le mobilier. « En partant, les militaires ont posté sur la porte d’entrée un avis annonçant que le bâtiment était fermé pour un an » a dit un des propriétaires, directeur de la station Issa Abul-Ezz dans une déclaration envoyée à Al-Ahram Weekly.

C’est toutefois dans le centre commercial comprenant des douzaines de commerces que la barbarie a atteint son paroxysme. L’armée coloniale a fermé les lieux et annoncé que tout Palestinien pénétrant dans le bâtiment qui comporte plusieurs étages, serait arrêté et emprisonné pour cinq ans.

A Ramallah, des soldats sionistes ont envahi le bâtiment du conseil municipal d’Al-Bireh, ville proche de Ramallah, situé à quelques centaines de mètres des bureaux du Président de l’AP, Mahmoud Abbas, et de celui de son Premier Ministre, Salam Fayyad. Les soldats, armés de gros marteaux et d’équipement de soudure ont forcé les portes des bureaux, confisqué des ordinateurs et détruit le mobilier.

Là encore, les forces de l’AP sont restées dans leur caserne pour « honorer les accords et les arrangements » passés avec le régime sioniste. Les officiels de l’AP, y compris le Premier Ministre Fayyad, se sont bornés à déclarer que toutes les institutions sociales, culturelles, éducatives, sportives et commerciales visées par la répression sioniste travaillaient en conformité avec la loi et que leurs activités n’avaient rien à voir avec l’établissement sioniste.

« Il s’agit d’institutions palestiniennes légitimes et les attaquer a pour but d’affaiblir et d’humilier l’Autorité palestinienne » a dit Fayyad en visitant les bâtiments visés. Il a ajouté qu’il se plaindrait auprès des États-Unis et de Tony Blair, envoyé du Quartette pour le prétendu « processus de paix ». Pourtant pas un mot n’est venu, ni de l’un, ni de l’autre, pour critiquer la dernière vague de sauvagerie sioniste.
Les autorités d’occupation ont prétendu que des individus religieux qui pouvaient avoir des sympathies pour le Hamas, mouvement palestinien islamique de résistance, étaient les propriétaires ou les administrateurs des institutions visées. Toutefois, l’armée et son organisme de renseignements, le Shin Bet, n’ont pas présenté la moindre preuve impliquant ces institutions dans des actes de violence.

L’ironie veut que ce soient des provocations comme celles-ci qui affaiblissement sérieusement l’image de l’AP tout en renforçant celle du Hamas. Fayyad a déclaré que l’attaque sioniste contre les œuvres caritatives et les autres institutions palestiniennes radicaliserait la société palestinienne et intensifierait la haine contre l’occupant sioniste. Il est toutefois évident que le régime sioniste ne se préoccupe pas des effets à long terme de ses actions vindicatives contre les Palestiniens et que son but est de prendre plaisir à les voir souffrir.

L’assaut brutal contre la ville de Naplouse et l’embarras dans lequel il a mis l’AP, partenaire de « paix » des sionistes, n’a guère ému la communauté internationale qui semble avoir renoncé à contenir la sauvagerie sans frein des sionistes contre ses victimes palestiniennes pratiquement sans défense.

La réaction la plus véhémente est venue de Louisa Morgantini, vice-présidente de l’Union européenne, qui a qualifié ces raids de « violation évidente du droit international ».

« Les actuels raids, fermetures et saisies perpétrés par l’armée sioniste contre des institutions, des associations, voire des écoles à Naplouse sont illégaux ; ils constituent non seulement une violation évidente du droit international, ils infligent encore plus de souffrances et d’injustices à la population palestinienne, mais ils attaquent aussi directement le gouvernement palestinien du Premier Ministre Salam Fayyad.

« Les incursions, les arrestations, les fermetures et les bombes sonores qui explosent pendant les invasions nocturnes, l’ordre de fermer le centre commercial de Naplouse avec ses 50 magasins et ses bureaux ; la menace d’envoyer en prison pour cinq ans quiconque pénètre dans le centre constituent des ordres illégaux et non valables émanant des militaires de l’occupation ».

Le 10 juillet, Fayyad a fait une tournée à Naplouse et a incité les commerçants et les habitants à rouvrir leurs magasins et faire de la résistance non violente. L’armée a réagi à la « l’attitude provocante » de Fayyad en revenant à Naplouse et en fermant d’autres lieux tout en réitérant ses avertissements à l’endroit de ceux qui enfreindraient les ordres : ils seraient emprisonnés et leurs maisons seraient dynamitées.
Furieux et clairement embarrassé par l’arrogance des raids sionistes, Fayyad a demandé au Hamas de travailler à la formation d’un gouvernement d’unité nationale parce que « c’est la seule manière de présenter un front palestinien uni face à l’agression sioniste ».

La société sioniste qui a dérivé ardemment vers le fondamentalisme talmudique et le fascisme chauvin a généralement fermé les yeux sur le comportement honteux de son armée en Cisjordanie. A deux exceptions près. Le petit groupe pacifiste, bien connu , Gush Shalom, a publié une déclaration dans le journal Haaretz intitulé « Orphelins et veuves ».
L’article disait ce qui suit : « Dans le cadre des actions menées contre le Hamas, le gouvernement Olmert détruit des orphelinats, des écoles et des associations caritatives en Cisjordanie. Il n’y a pas d’autres institutions qui puissent s’y substituer. Les orphelins, les veuves et les pauvres seront jetés à la rue. Est-ce que c’est ainsi qu’on isolera le Hamas ? Bien au contraire ».

La seconde exception est un article écrit par le journaliste non conformiste Gideon Levy, publié lui aussi dans Haaretz. Levy a parlé de l’oppression épouvantable qu’inflige l’armée d’occupation aux Palestiniens.

« L’occupation prouve une fois de plus que dans la vie des Palestiniens, rien n’est à l’abri, que l’occupation ne connaît pas de frontières ».
« Une armée qui ferme une école, une bibliothèque, une boulangerie, un internat ; des soldats qui opèrent une descente dans une station de télévision commerciale légale, qui confisque son équipement et la menace de fermeture comme cela est arrivé récemment à la station de télévision AFaq à Naplouse... De telles opérations émettent un message clair : l’occupation a perdu toute inhibition morale et toute trace de sagesse ».

« Comme elle est misérable » poursuit Levy, « l’armée qui vide les hangars de nourriture et de vêtements pour les nécessiteux ; combien est ridicule la signature d’ordres militaires fermant des salons de coiffure, combien est pathétique un raid militaire contre des boulangeries et combien est cruelle une occupation qui ferme des dispensaires pour n’importe quel prétexte ».

N’oublions pas que ces opinions ne reflètent pas celles de l’ensemble des sionistes qui sont ouvertement racistes. Et c’est la raison pour laquelle le silence accueille les atrocités de l’occupation.