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Nouvelles du jour

Chronique de l’occupation

Lundi, 21 juillet 2008

lundi 21 juillet 2008

Numéro : 604

nombre d’entrées : 5

Envoyé le 21/07/08

60404

La stratégie de Bil’in doit devenir la stratégie nationale

paru dans Le Courrier 20/06/08

Collectif Urgence Palestine - Genève

http://www.urgencepalestine.ch/Agenda/article200608.html COMBAT NON VIOLENT A BIL’IN 3ème conférence internationale de Bil’In

Début juin s’est tenue la « 3ème conférence internationale de Bil’In pour la lutte populaire non violente ». A l’ouest de Ramallah, le village de Bil’in lutte depuis 2005 contre la construction du mur et la construction de nouvelles colonies prévues pour 150’000 habitants qui l’amputent de 60% de ses terres. Organisés en comité populaire, chaque vendredi les villageois manifestent vers le mur de manière non-violente. Et chaque vendredi l’armée tente par la force d’empêcher le déroulement des actions populaires. Les 200 internationaux, essentiellement cette année d’Italie, de France, mais aussi de pays éloignés comme du Japon et des USA, côtoient des militants israéliens.

Les partis palestiniens sont représentés :

Chaque parti palestinien – du Fatah au PFLP – a tenu à envoyer au moins un de ses dirigeants. Excepté le Hamas. Il n’est pas étonnant que chacun ait insisté sur l’unité indispensable des Palestiniens, la solidarité avec Gaza et reconnu l’importance de la lutte de Bil’In. Ni’lin un village proche vient en ce début juin de s’opposer aussi par l’action non-violente aux traks sionistes qui y arrachaient des oliviers.

Le combat non-violent, une stratégie d’avenir ?

Est-ce à dire que les élus palestiniens souhaitent que se généralise ce type de combat non-violent et définissent une stratégie claire ? Pour Sa’adi El-Krunz, chef de cabinet du 1er ministre « Aujourd’hui on ne peut être optimiste quant à une avancée sur le point politique (les négociations). Aussi voulons-nous offrir de meilleures conditions de vie à la population par un développement économique ». Volonté louable. Le Premier ministre qui ouvre le colloque arrive de Jénine où il a rencontré des investisseurs allemands pour la création d’une zone industrielle. Mais qui profitera en priorité de ces investissements ? A Ramallah, viennent de s’achever de nombreuses belles grandes maisons, et même des tours pour sociétés commerciales. Ainsi les grands commerçants et les sociétés font du business, les non-violents, de l’action non-violente et les politiciens, de la politique.

Les partis ergotent. Dénoncer la violence serait dénoncer la lutte armée du passé, et aujourd’hui condamner le Hamas. Ainsi Qais Abu Leila du PFDP, déclare : « je voudrais clarifier la notion de violence et de non-violence. De tout temps le peuple palestinien a choisi la résistance. Il a voulu défendre ses droits. Nous n’avons jamais été l’agresseur ». Ce à quoi l’italienne, Luisa Morgantini rétorque « Bil’in est dans la ligne de la première intifada. La 2e intifada par la lutte armée est un échec : je parle quant aux résultats. Je pense que la stratégie de Bil’in doit devenir la stratégie nationale ». Et d’ajouter « si stratégiquement vous étendez le combat non-violent, le peuple de tous les pays rejoindra votre cause ». Une militante de Berlin renchérit « Aider la lutte de Bil’in, l’étendre cela aidera nos gouvernements européens à s’engager plus en faveur de la cause palestinienne ». Les responsables du comité populaire de Bil’in sont clairs dans leur choix, fiers d’agir. « Nous sommes satisfaits d’avoir attiré l’attention internationale, nous dit l’un deux, ainsi l’ancien président Carter nous a adressé un message : « Vous êtes l’expression du fait que le rêve palestinien ne pourra être détruit… la poursuite de la politique de saisie des terres palestiniennes est l’un des plus dangereux obstacles face à la paix » Autre message de soutien de l’ancien directeur général de l’Unesco, Frederico Mayer.

Une première victoire pour les habitants de Bil’in :

Les habitants de Bil’in, s’ils sont heureux de la présence des politiciens palestiniens, sont quelque peu dubitatifs sur leurs exposés qui ne tranchent ni en faveur du combat non-violent, ni de la violence. Eux, ne sont pas des politiques mais en luttant par le droit, ils ont obtenu un jugement de la Cour suprême sioniste en septembre 2007 demandant au ministère sioniste de la Défense de modifier le tracé du mur. Bien que l’armée n’ait pas jugé bon de modifier jusqu’à aujourd’hui le tracé, ils considèrent qu’ils ont remporté une première victoire, avec l’aide d’avocats militants israéliens. Ce combat commun avec des activistes israéliens a créé des liens. Leur présence à chaque manifestation hebdomadaire, spécialement du groupe les « anars contre le mur » a permis une riposte militaire moins violente. Certes 1 000 blessés en trois ans, mais pas de mort. Le comité populaire revendique leur combat non-violent comme une nouvelle phase de la résistance, une résistance de la base qui laisse la place aux jeunes. Ainsi le 26 mai dernier Ashraf Abu Rahme, témoin de travaux afin d’agrandir les colonies voisines a réussi à grimper sur l’une des grues, interrompant pendant six heures toute activité. Des colons furieux ont alors attaqué l’équipe TV d’Al Jazeera ainsi que les militants internationaux et israéliens présents. Arrêté Ashraf est devenu un héros. Libéré, il est désormais assigné à résidence.

La manifestation du vendredi 6 juin

Le dernier jour, après la prière du vendredi le cortège s’est dirigé vers la barrière. En tête les responsables du comité de Bil’in, des représentants politiques, mains dans la mains avec Luisa Morgantini et l’Irlandaise, Maired Corrigan Maguire, prix Nobel de la Paix, qui fut blessée l’an passé. Contrairement à avril 2007, il fut possible d’atteindre la barrière où à l’exemple de Luisa Morgantini, ceinte de son écharpe de vice-présidente du Parlement Européen, les bras se levèrent en signe de paix face aux soldats israéliens. Un villageois se hissa au sommet d’un poteau électrique et déploya un drapeau palestinien. Dans la foule de multiples drapeaux palestiniens et de petits drapeaux indiquant l’origine des internationalistes. Les grandes agences mondiales sont présentes avec journalistes et photographes. Ces derniers sont équipés de masque à gaz. Ils ont raison. L’armée tire des gaz lacrymogènes. Beaucoup sont intoxiqués. Le juge italien, Giulo Toscano est blessé à la tête, un des dirigeant du comité populaire brûlé à une main. Un porte-parole de l’armée interrogé par l’AFP, affirme que les manifestants avaient « jeté des pierres sur les soldats, qui ont riposté ». Ce point est exact. Quelques adolescents ont utilisés des frondes et l’armée a tiré ensuite. Pour ma part, j’ai vu et photographié un Palestinien – en costume de footballeur – aller dissuader ces jeunes. Pour disperser la manifestation, un nouvel équipement : un véhicule qui peut lancer 30 grenades à la fois, arrosant un diamètre important. Cette année l’officier en poste a eu plus de retenue qu’en avril 2007 où les manifestants furent attaqués dès leur sortie du village, tant par les gaz que par de multiples tirs de balle caoutchouc-acier. 25 blessés durent être conduits à l’hôpital de Ramallah.

Visite à Hébron : l’organisation « on brise le silence » ne peut plus organiser des circuits d’information

A Hébron, surprise : la vie est revenue dans la vieille ville, les commerces palestiniens sont presque tous ouverts contrairement à 2004 où seulement trois commerçants attendaient les clients. Le quotidien israélien Haaretz du 5 juin écrit : « La semaine dernière, un juge de la cour militaire le major Samuel Lavie a décrété que deux Palestiniens qui louaient à Hébron des magasins que des colons du quartier d’Avraham Avinou ont envahis, avaient perdu leurs droits de locataires pour avoir « abandonné » les propriétés… Il a décrété qu’un abandon forcé était aussi un abandon ».Le même journal indique aussi que le commandant militaire d’Hébron « a signé une ordonnance de zone militaire fermée interdisant aux membres de l’organisation « ON BRISE LE SILENCE » d’organiser dans la ville des circuits d’information ». Cette association a présenté il y a deux ans à Genève des photos accablantes sur le comportement de militaires. Crée en 2004, financée par l’Union Européenne, elle vient de publier une plaquette de cinq cents témoignages d’anciens soldats, "témoins, comme l’écrit Le Monde, des abus, petits ou grands, vicieux ou criminels, perpétrés par les troupes d’occupation israéliennes dans la région d’Hébron". Les colons se voient débarrasser de ces Israéliens qui venaient témoigner du « sale boulot » de l’armée d’occupation. Place libre est faite aux juifs de la diaspora qui se rendent à Hébron.

Ainsi j’ai assisté le 7 juin à une visite d’une trentaine d’Américains éblouis par un marché oriental et la présence sioniste. Trente soldats en armes leur assuraient une protection rapprochée pendant qu’un rabbin faisait office de guide. Pendant ce temps à Jérusalem un militant français prenait des photos de militaires visitant la mosquée du Dôme du Rocher sans avoir ôté leurs chaussures. André Gazut

PS. Pour toute information, le site de Bil’In est très complet www.bilin-village.org Et pour les contacts contact@bilin-village.org

par André Gazut

[commentaires : profond respect pour l’opinion exprimée dans cet article, qui semble écrit par un homme de coeur, dans tous les sens du terme. Profond respect aussi pour Luisa Morgantini, qui se bat avec courage, détermination, et ténacité. Mais pas de leur avis. Notamment parce qu’on constate qu’en dépit de toutes les concessions, de toutes les prudences, de toutes les ouvertures, l’entité sioniste poursuit, avec méthode, détermination et ténacité, son projet dont elle n’a pas varié depuis plus de 60 ans : s’emparer, avec ou sans le droit, de l’entièreté de la Palestine et y établir une forteresse puissamment armée fonctionnant dans une synergie parasitaire avec le capitalisme et l’impérialisme occidentaux. Selon qu’ils s’adressent aux pays industrialisés ou aux autres, le langage est différent, mais le fond du message est toujours le même : marchez avec nous, sinon.... . La résistance non violente a certainement un rôle à jouer, ne serait-ce que pour mettre à découvert la nature de ce régime, mais renoncer à la résistance y compris armée est une façon d’accepter la légitimité du projet sioniste, à mes yeux inacceptable. ]

CCIPPP et André Gazut - dimanche 20 juillet 2008.

http://www.protection-palestine.org/spip.php?article6441

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60405

Vous n’auriez pas envie d’établir un État juif en Allemagne ?

www.haaretz.co.il/hasite/spages/1000103.html

On a trop peu évoqué ici, en zone sioniste, le projet lancé par un Israélien nommé Ronen Eidelman, qui vit en Allemagne et qui a fondé une association afin de promouvoir l’idée de créer un nouvel État juif en Allemagne, en Thuringe, dans l’ancienne Allemagne de l’Est, et qui s’appellerait « État de Weimar ». Cette association dispose d’un site Internet ( ) et le très sérieux quotidien « Die Welt » a, dernièrement, traité de ce projet avec tout le sérieux qui convient ( ).
Pour ce qui est de la localisation de cet État de Weimar, elle est idéale. La Thuringe est le Land allemand le plus à la traîne, avec une population clairsemée, elle dispose d’espace et n’est pas pauvre en ressources naturelles. Ce qui lui a manqué c’est de l’initiative et on peut supposer que si des Juifs s’y établissaient pour en faire un État, elle prospérerait rapidement.

Le grand avantage de ce futur État de Weimar est qu’il n’y a pas là-bas de problème palestinien et qu’au contraire, ses voisins allemands seront charmants avec lui, même lorsqu’il les énervera, car ils n’oseront pas ouvrir la bouche contre lui, à cause du génocide.

Il y a sur le site de Weimar un clip avec le futur hymne national, chanté en yiddish, en allemand, en hébreu, en russe. Je n’ai pas exactement compris laquelle de ces langues deviendrait la langue officielle. J’ai vu aussi que le mouvement « l’Arc-en-ciel mizrahi » [Hakeshet Hademocratit Hamizrahit] appuyait le projet et en faisait la promotion sur son site.
Personnellement, je trouve que ce n’est pas une mauvaise idée de vouloir donner vie, au cœur de l’Europe, à un pays dont la capitale est le berceau de la culture allemande, Weimar étant la ville de Goethe et Schiller, la ville des Lumières et du Romantisme. Les excursions de la jeunesse israélienne vers les camps d’extermination seraient meilleur marché, le camp de Buchenwald étant vraiment tout près de Weimar.
Le seul problème que j’ai avec tout ça est qu’il n’y a aucune garantie que si le sionisme a échoué une fois à rassembler en un seul lieu tous les Juifs et à constituer pour eux un environnement de vie normal, l’Etat de Weimar n’échoue pas dans cette tâche une deuxième fois. Et peut-être l’écrivain français à moitié juif et homosexuel, Marcel Proust, avait-il tout de même raison quand il écrivait que fonder un État juif était une chose pas moins irréaliste que de créer un État pour les homosexuels. Ou un État pour les bossus ou pour les migraineux.

Un des exemples montrant que les Juifs tirent le meilleur d’eux-mêmes hors du cadre israélien, c’est la libération de l’otage colombienne Bétancourt après de longues années de captivité aux mains de l’organisation clandestine des « Farc ». D’après ce qu’on dit, des conseillers et des instructeurs israéliens ont participé à cette libération. Voyez comment, ici, on ne parvient pas à libérer Gilad Shalit, alors que là-bas, dans un endroit totalement étranger, dans la jungle colombienne, on réussit à aider à la libération d’otages. C’est tout de même bizarre, non ?

Mais pourquoi aller si loin ? Hier matin, je suis entré dans un supermarché « Kadouri », rue Schocken, face au journal, pour y acheter quelques yaourts. La demoiselle à la caisse était d’origine russe. Elle tenait, ouvert sur ses genoux, le livre « Anna Karénine », en hébreu, qu’elle lisait entre deux clients. Nous nous sommes mis à parler traduction. Elle m’a dit que c’était tellement agréable de lire Tolstoï en russe, et une véritable torture en hébreu, mais elle continuait néanmoins afin de perfectionner son hébreu.

Je me suis dit que nous devons vivre dans un cycle incessant d’exil et de rédemption, parce que la première génération de rédemption est toujours la seule à valoir quelque chose et que sitôt que son séjour s’institutionnalise en un lieu, elle s’atrophie, comme ce qui se passe ici pour nous, à une grande échelle. Montrez-moi une caissière israélienne parmi les vétérans qui lise Anna Karénine pendant le travail !

Nous ne pouvons pas, vraiment nous ne pouvons pas, perdre notre touche cosmopolite en devenant uniculturels et unilingues. Et à ma grande désolation, c’est en train de se passer à pas de géant. Nous nous transformons en un peuple pseudo-proche-oriental qui se montre assurément hostile à l’égard des Arabes, les habitants naturels du Proche-Orient, et qui a pris à l’Orient tout ce qui s’y trouvait de mauvais. La corruption du pouvoir, la violence, les intrigues.

Lorsque j’apprends que l’ancien Président de l’État, Moshe Katsav, réclame effrontément une somptueuse Audi et un bureau dans un luxueux immeuble, je me prends immédiatement à rêver du futur Etat de Weimar où les Katsav seront tenus de près, par le fait même que les normes européennes de gouvernance auraient pour effet que quelqu’un comme Katsav ne serait d’emblée pas élu à la présidence d’un État. Tout au plus y serait-il choisi comme concierge pour le bureau du Président. Et encore, peut-être pas.

Tout est là. Nous vivons avec un pied dans les normes déréglées des États du Proche-Orient, et l’autre pied en Occident. D’ici quelques années, l’ancrage occidental sera laissé de côté et le katsavisme ne sera alors plus quelque chose d’exceptionnel mais la norme. Personne ne lira Anna Karénine dans les supermarchés mais tout le monde marmonnera les Psaumes dans les autobus, tout comme dans les pays de l’Islam, on marmonne en tous lieux des versets du Coran.

Face à tous ceux-là, il ne vous est pas venu l’envie de commencer une nouvelle page, dans un pays propret dont la capitale est Weimar ?

Ça vaudrait la peine et pas seulement pour balayer toute la saleté accumulée ici et qui colle si bien qu’aucun produit n’y pourrait porter remède. C’est vrai qu’il faut s’attendre à ce que là aussi, après une ou deux générations, les choses tourneront de nouveau mal. Mais c’est apparemment ce que nous faisons le mieux, nous détruire et recommencer à construire à zéro. Alors ne méprisez pas l’idée d’un État de Weimar. Il se pourrait encore que vous imploriez d’en obtenir la citoyenneté et que cela survienne plus vite que vous ne vous l’imaginez.

(Traduction de l’hébreu : Michel Ghys)

Benny Ziffer

[commentaire : tiens, tiens, Voltaire aurait des cousins en Israël ? ]

CCIPPP et Benny Ziffer - jeudi 17 juillet 2008.

http://www.protection-palestine.org/spip.php?article6436

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60406

Culture de la peur

The Guardian,
www.guardian.co.uk/commentisfree/2008/jun/22/israelandthepalestinians.fear/print

L’histoire a tendu au peuple juif la peur de l’annihilation sur un plateau – mais, alors que la peur existe, ce qui est redouté pourrait ne pas exister.
Ce matin, j’étais invité à parler devant un groupe de coopérants souhaitant vivement approcher les communautés juives israéliennes et de la diaspora, avec leur dernière campagne. Ils sont, et on le comprend, plein d’appréhension quant à la meilleure marche à suivre, étant donné le champ de mines qui se trouve sous les pieds de celui qui tente de critiquer des éléments de la politique du régime sioniste.
Nous avons discuté du moyen le plus efficace de dessiller les yeux des gens sur la réalité de l’occupation, afin de leur faire sentir la vérité de ce qui est perpétré au nom de la sécurité du régime sioniste. Etant donné la volte-face que j’ai opérée depuis mon installation en zone sioniste, il y a quatre ans, on m’a demandé de décrire l’expérience qui aura eu pour moi, jusqu’ici, l’influence la plus marquante comme catalyseur dans ce parcours politique dans lequel je me suis embarqué.

Sans hésiter, j’ai répondu que cela avait été ma balade illicite à Bethléhem, pendant un week-end de permission de l’armée. Notre unité était de service dans la ville à ce moment-là et, jusqu’alors, j’avais été conditionné à voir les habitants comme des terroristes en puissance, qu’il fallait traiter en conséquence afin de conjurer une menace mortelle pour nous.

Sans M16 au flanc, ni grenade dans mon sac, j’ai traversé le checkpoint et fait mes premiers pas hésitants en ce qu’on appelle terrain ennemi. Habillé d’un jeans et d’un T-shirt, j’ai parcouru ces mêmes rues du camp de réfugiés d’Aida où j’avais patrouillé, la veille, armé jusqu’aux dents et avec l’appui de cinq autres soldats.

Je regardais en passant ces mêmes fenêtres et ces mêmes portes que j’avais précédemment dû scruter à la manière d’un rapace, pour le cas où un homme armé d’un fusil ou d’une bombe en aurait surgi à l’assaut de notre unité. Je regardais calmement ces mêmes bandes de jeunes dont il me fallait, lorsque j’étais en uniforme, juger en un instant s’ils étaient bien intentionnés ou s’ils en voulaient à ma vie.

La peur instillée en moi par l’armée s’était évanouie dès lors que j’étais simplement un touriste déambulant dans la ville. Inversement, plus je portais d’armes et d’attirail de protection et plus l’endroit se faisait menaçant, ce qui – je l’ai alors compris – était une distillation du cœur et de l’éternel paradoxe d’Israël, et qui le poursuit depuis le moment où l’Etat a été créé.

Pour qu’il y ait une justification à l’existence d’Israël, il faut d’abord qu’une menace existentielle pèse sur le peuple juif. Je vous l’accorde, l’histoire nous a tendu sur un plateau la peur de l’annihilation, mais ce n’est pas parce que la peur existe qu’il s’ensuit nécessairement que ce qui est redouté existe aussi.

Un élément de narration frappant dans la tradition juive est que, à chaque génération, une manifestation d’Amalek tentera d’exterminer le peuple juif, tout comme l’avaient fait les Amalécites maraudeurs, durant l’exode des Juifs d’Egypte. Romains, Babyloniens, Grecs, Soviétiques et Nazis ont tous été, on le comprend bien, baptisés les Amalécites du jour, et c’est maintenant l’Iran qui est promu au titre de plus récent membre de cette dynastie multimillénaire.

La hantise de l’extermination est l’as dans le jeu juif des émotions et elle a été capitalisée par le ton virulent du nationalisme encapsulé dans le sionisme d’aujourd’hui. Occuper tout un peuple et écraser, depuis 40 ans, ses espoirs et ses rêves ? Un mal nécessaire – si nous ne le faisons pas, nous sommes foutus. Transgresser le droit international, la moralité de base et même les doctrines centrales de notre propre religion apparemment pleine de compassion ? Désolé, mais vous devez comprendre qu’ « ils » veulent tous notre mort ; c’est eux ou nous, pour l’éternité.

La question de savoir qui « ils » sont est presque dépourvue de signification. Un jour, ce sont les Palestiniens parce qu’ils ont l’audace d’essayer de secouer le joug de l’oppression ; un autre jour, c’est la gauche européenne parce qu’elle a le toupet d’intercéder en faveur de la justice et de la décence. « Ils » peuvent être un bandit isolé, comme Norman Finkelstein ou « ils » peuvent être un milliard de personnes, comme la population musulmane toute entière dans le monde, commodément rempaqueté en un groupe homogène fondé sur un profilage racial faux.

Des murs de béton sont construits entre « eux » et « nous » ; des ordres sont donnés qui interdisent aux Israéliens de franchir la ligne de partage avec le territoire de l’Autorité Palestinienne – toujours sous la bannière de la protection de la sécurité des Israéliens. En réalité, pourtant, ce ne sont qu’une insidieuse tentative de couper hermétiquement Israël du monde extérieur et de convaincre les Israéliens qu’il s’agit d’une mesure inévitable.

Ceux d’entre nous qui sont venus, ont vu et ont conquis nos préjugés sur la rue palestinienne savent parfaitement bien que les canards qui sont propagés sont simplement absurdes. Bien sûr, il y a, au sein du peuple palestinien, des militants très remontés et très violents, mais il y a tout pareillement, dans la société israélienne, des éléments dangereux, tout comme dans tout groupe ethnique de part le monde.
La réaction parmi mes amis israéliens quand ils m’entendent parler de mes ballades à Jénine, Ramallah ou Betléhem, est habituellement une réaction d’horreur que j’aie même seulement posé le pied dans ces villes, sans parler des contacts avec les habitants et des visites chez eux. « Ils te tueraient s’ils savaient que tu es juif », hurlaient-ils, parfaitement convaincu qu’un loup palestinien se tapit derrière chaque porte de camp de réfugiés. La réalité est évidemment toute différente ; à peu près tous ceux que je rencontre savent que je suis à la fois juif et israélien, et – jusqu’ici – je n’ai jamais été battu, décapité ni matraqué à mort.

Il n’y a aucune difficulté à comprendre pourquoi la mythologie et les idées fausses fleurissent, sans examen, chez l’homme de la rue israélien ou dans la communauté juive de la diaspora. Dans le vide laissé par la séparation forcée entre Juifs et Palestiniens, on a droit à une débauche d’inventions exubérantes, la fiction devenant vérité dans l’esprit des masses. On comprend aussi que le gouvernement encourage et fasse la promotion de telles fables, afin d’engranger un soutien en faveur de leur incessante politique d’irrédentisme et d’assujettissement.

Mais le seul fait que ce soit compréhensible ne le rend en aucune manière acceptable. Morale et éthique sont écrasées sous les pieds du mastodonte du nationalisme, et ce qui serait parfaitement déplaisant en n’importe quelle autre circonstance devient quelque chose de non seulement toléré par la société mais d’activement encouragé par l’électorat israélien et ses adulateurs de par le monde.

En continuant de provoquer et de brutaliser les Palestiniens, ils créent ce qu’ils redoutent. Encore une génération d’Amalécites marqués au fer, encore une raison pour les Israéliens de disposer les chariots en cercle, de se préparer à faire face et de se convaincre que c’est simplement leur lot d’être éternellement haïs et invectivés. Et jamais aucun niveau de pression bien intentionnée ne peut suffire pour pénétrer la couche pétrifiée de défiance entre le peuple juif et le monde extérieur.

(Traduction de l’anglais : Michel Ghys)

Seth Freedman

[ commentaires :

Merci, Seth Freedman, de l’écrire « à peu près tous ceux que je rencontre savent que je suis à la fois juif et israélien, et – jusqu’ici – je n’ai jamais été battu, décapité ni matraqué à mort. » ]

CCIPPP et Seth Freedman - jeudi 17 juillet 2008.

http://www.protection-palestine.org/spip.php?article6434

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60407

Répression violente de la manifestation hebdomadaire de Bil’in

Adib Ahmed Abou Rahma a été blessé et des dizaines de personnes ont eu des difficultés respiratoires suite aux affrontements qui ont eu lieu vendredi à Bil’in (ouest de Ramallah), lors de la manifestation hebdomadaire contre le mur de l’apartheid.

Par arrêt du 4 septembre 2007, la Cour Suprême sioniste avait ordonné le démantèlement d’une portion du mur construit sur le territoire de Bil’in, concernant un tronçon de presque 2 km de long et permettant ainsi la restitution de 50 % environ des terres spoliées. Mais les bulldozers ne s’arrêtent pas.

La manifestation pacifique se déroule toujours après la prière du vendredi, et un groupe de sympathisants internationaux et israéliens étaient présents à côté des villageois, portant des drapeaux palestiniens et chantant des slogans pour condamner la politique d’occupation, la construction du mur, la confiscation des terres, la construction des colonies, le blocus des routes, le meurtre de civils et les arrestations.

Des journalistes et un membre du parlement grec ont pris part à cette manifestation de résistance non-violente, le vendredi 18/07/08.

Des sympathisants montraient des photos de Dalal al-Maghribi – symbole de la lutte palestinienne, dont le corps a enfin pu être récupéré par ses proches mercredi après l’opération « Redouane » du Hezbollah –, appelant à la libération de 11 700 otages palestiniens qui se trouvent encore dans les prisons de l’occupation.

Lorsque les manifestants se sont dirigés vers le mur, en essayant d’atteindre leurs terres, les soldats ont commencé à tirer des grenades lacrymogènes et des balles acier-caoutchouc sur ceux qui cherchaient de franchir le passage ou qui s’approchaient du mur.

Un procès est actuellement en cours dans des tribunaux canadiens pour poursuivre des entreprises canadiennes impliquées dans la construction du mur.

PNN – Bil’in - 19.07.08

http://french.pnn.ps/index.php?option=com_content&task=view&id=1858&Itemid=1

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60408

Les sionistes ont arrêté 6 Palestiniens accusés de planifier la création d’une cellule d’Al-Qaida

La police sioniste a appréhendé six palestiniens de Jérusalem, soupçonnés de vouloir former une cellule liée à Al-Qaida. Ils auraient projeté d’attaquer le président George W. Bush lors de sa récente visite en zone sioniste, au mois de mai.

Les six Palestiniens, parmi lesquels il y a deux étudiants de l’Université hébraïque de Jérusalem, ont été arrêtés au cours des dernières semaines.
 
Vendredi « Radio Israël » a déclaré que Muhammad Najm de Nazareth, 24 ans, étudiant au Département de chimie, avait proposé d’attaquer l’hélicoptère qui transportait le président américain George Bush au cours de sa visite en zone sioniste.
 
Najm vivait au campus de Givat Ram, à proximité de la piste d’atterrissage utilisée par les dignitaires en visite au gouvernement, et il avait pris des photos de la piste avec son téléphone cellulaire. Il avait essayé également de recueillir sur internet des informations pour frapper les hélicoptères.
 
Nashef Ibrahim, 24 ans, de Taybah, est étudiant à la faculté de physique et d’informatique de l’Université hébraïque.
 
Les autres quatre arrêtés étaient des résidents de Jérusalem-Est. Les actes d’accusation contre les six détenus ont été présentés hier.

PNN - Tel-Aviv – 19.07.08

http://french.pnn.ps/index.php?option=com_content&task=view&id=1859&Itemid=1

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