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Lecture vivement recommandée, émotion intense, superbe écriture (ndlr)

« Les Matins de Jénine ne chantent plus »

éditions Buchet-Chastel, 2008

vendredi 18 juillet 2008

Rémi Yacine

Comment un peuple peut-il vivre autant de drames, d’humiliations, sans que la communauté internationale, cette appellation d’origine incontrôlée, aussi fantomatique qu’irréelle, ne réagisse ? Comment peut-on comprendre le traitement médiatique du conflit israélo-palestinien où le colon est toujours gentil et démocrate, et le colonisé terroriste et intégriste ? Il fallait absolument un livre-saga sur la Palestine, même accouché dans la douleur. Susan Abulhawa l’a fait avec beaucoup de talent et d’humanité. Elle était en Cisjordanie au printemps 2002, lors du massacre perpétré par l’armée israélienne dans le camp de réfugiés palestiniens de Jénine. Elle décide de témoigner, pas comme journaliste ou humanitaire. Auteure américaine d’origine palestinienne, née en 1967 dans un camp de réfugiés, alors que ses parents venaient d’être expulsés et dépossédés de leurs terres par Israël à la suite de la Guerre des Six jours, elle décide de se consacrer à la littérature et à la défense du peuple palestinien.

Elle a grandi dans divers pays (le Koweït, la Jordanie, Jérusalem-Est occupée...), avant d’aller vivre aux Etats-Unis où elle a suivi des études de sciences biomédicales à l’Université de Caroline du Sud et a effectué depuis, une brillante carrière de biologiste médicale. Révoltée par les traitements diplomatique et médiatique biaisés du conflit israélo-palestinien, elle a décidé de se consacrer à l’écriture et à la défense du peuple palestinien. Les Matins de Jénine est plus qu’un témoignage, un document sur la souffrance des Palestiniens depuis la Naqba. En 1948, l’année de la naissance d’Israël, la famille de Hassan et de Dalia, Palestiniens soudés à la terre de leurs ancêtres dans le village de Ein Hod, vit au rythme des récoltes d’olives. Son destin bascule le jour où Ismaïl, le petit second, est enlevé par Moshe et Jolanta, un couple d’Israéliens en mal d’enfants. Rebaptisé David, Ismaïl est élevé dans l’ignorance de ses véritables origines et dans la haine des Arabes. Le reste de la famille se retrouve sous les tentes et les tôles ondulées. Jénine, mon amour. Spoliation, humiliation, injustice, révolte, exode, éclatement. A travers cette famille, on entre dans l’intimité d’un peuple déraciné. Trois générations pour dire une histoire, l’histoire. Susan Abulhawa signe un livre puissant.

« Les Matins de Jénine », éditions Buchet-Chastel, 2008

29 juin 2008 –

El Watan

Source : CCIPPP