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« Nous sommes devenus des réfugiés du 21ème siècle.................... »

Villes et villages palestiniens : Entre l’isolement et l’expulsion

Par Stop The Wall - source ISM

lundi 14 juillet 2008

« Nous sommes devenus des réfugiés du 21ème siècle dont la vie est en danger. L’objectif n’est pas la sécurité mais la création d’une atmosphère propice à un transfert silencieux pour créer une situation où nous finirons par conclure que la vie ici est insupportable. Nous ne vivrons pas une seconde Nakba… Nous resterons ici, nous ne partirons pas. »

Jamal Der’awi, village de Nu’man

La vision Sioniste de l’Expansion

Le 3 juin 2002, le gouvernement israélien dirigé par Ariel Sharon a approuvé la version définitive des propositions pour la construction du Mur d’Apartheid sur les terres palestiniennes. L’approbation du Mur a facilité la mise en œuvre du Plan de « Désengagement » unilatéral de l’Occupant qui a commencé en février 2005.

Selon ce plan, les bantoustans en Cisjordanie et à Gaza devront être achevés : certaines colonies illégales seront démantelées, y compris dans la bande de Gaza, tandis que l’Occupant renforcera sa mainmise sur les grandes colonies illégales de Cisjordanie reliées entre elles par des routes réservées aux Israéliens et des zones d’entraînement militaire.

Le Mur et le plan de « Désengagement » sont l’aboutissement de 70 ans de politique sioniste, exprimée clairement par Vladimir Jabotinsky en 1923 :

« Une colonisation sioniste, même la plus limitée, doit être achevée ou effectuée contre la volonté de la population autochtone (palestinienne). La colonisation doit donc être développée sous la protection d’une force qui ne soit pas dépendante de la population locale, derrière un Mur de Fer qu’ils ne pourront pas abattre. C’est notre politique à l’égard les Arabes. »
Près d’un siècle plus tard, la vision idéologique du « Mur de Fer » de Jabotinsky a été transformée par l’establishment sioniste en un projet élaboré destiné à enfermer les Palestiniens dans des ghettos isolés et les placer sous contrôle des forces de l’occupation ; cela permettra l’expansion des colonies israéliennes sur les terres palestiniennes, l’endiguement de la "menace démographique" posée par l’augmentation de la population palestinienne et la suppression de toute volonté politique palestinienne.

A ce jour, cette approche a été constamment réaffirmée sous diverses formes par les ministres israéliens.

La guerre pour la création d’Israël en 1948 a imposé au peuple palestinien la Nakba (Catastrophe) lors de laquelle l’armée israélienne et les milices sionistes ont appliqué une politique de nettoyage ethnique brutale, en détruisant 530 villages et expulsant 750000 Palestiniens de leurs foyers et de leurs terres pour établir une majorité à domination juive sur les terres palestiniennes. Avec la Ligne d’Armistice, la « Ligne Verte », 78% de la Palestine se sont retrouvés sous contrôle israélien.

La guerre de 1967 et l’occupation du reste de la Palestine ont soumis un plus grand nombre de Palestiniens au contrôle direct des Israéliens, amenant les Israéliens à être obsédés par la « démographie » palestinienne, ce qui a entrainé le désir urgent des Sionistes d’épurer ethniquement l’ensemble de la Palestine.

Des disciples de Jabotinsky tels que Menahem Begin, Moshe Dayan et d’autres ont ouvertement déclaré qu’ils voulaient :
« Créer des circonstances qui aboutiraient à une vague organisée d’émigration pour inverser la croissance relative de la population arabe et se débarrasser des éléments menaçants non désirés »

La confiscation des terres, la colonisation à grande échelle et les démolitions de maisons, déjà familières aux Palestiniens restés à intérieur de la Ligne Verte, sont devenues à l’ordre du jour en Cisjordanie et à Gaza. Les Palestiniens qui sont restés devaient être contrôlés militairement par les forces d’occupation de façon permanente.

Comme Moshe Dayan, le déclarait aux journalistes en 1976 :
« Je ne parle pas d’un partage mais de trouver un modus vivendi pour un contrôle des FDI. Ce n’est pas un plan idéal mais nous pourrions vivre avec … Cette décision est également importante puisque nous pourrions déclencher une politique de colonisation en Cisjordanie. »(1)

Après des décennies de résistance palestinienne, une attention internationale accrue sur la Palestine a posé des problèmes diplomatiques aux Ministres de l’Occupation et les as empêchés d’utiliser publiquement le terme d’épuration ethnique de masse. La rhétorique a donc dû changer.
En 1988, Ariel Sharon expliquait sa solution au problème :
« On ne peut pas mettre les gens dans des camions et les emmener loin. Je préfère avoir une politique positive en créant des circonstances qui convaincront les gens de partir ».(2)

Les ghettos palestiniens qui existent aujourd’hui ont été construits progressivement depuis 1948. Comme l’ont expliqué les ministres israéliens successifs depuis cette époque, ils ont une double fonction : exercer une forte pression économique et sociale sur la population palestinienne afin de les forcer à partir et permettre un contrôle total de la population palestinienne restante afin de faciliter l’expansion des colonies juives sur les terres confisquées.

Suite aux accords d’Oslo de 1994, le gouvernement d’Yitzhaq Rabin a évoqué la perspective d’un changement politique de l’Occupant et d’une reconnaissance d’un Etat palestinien comprenant une partie de la Cisjordanie et l’ensemble de la bande de Gaza.

Au cours de la période d’Oslo, l’occupant s’est employé à créer des faits sur le terrain afin d’esquisser les parties de la Cisjordanie qui seront laissées aux Palestiniens sous forme de ghettos isolés.

A partir de 2001, sous la direction de Sharon, les ghettos et les bantoustans palestiniens sont devenus une réalité sur le terrain : le Mur de l’Apartheid était en construction.

En 2008, la politique de ghettoïsation est presque achevée. Six ghettos ont été dessinés :

• Le Ghetto Nord : Jenine, Tulkarem, Qalqilya, Naplouse.
• Le Ghetto Centre : Salfit et Ramallah.
• Le Ghetto Sud - Hebron et Bethléem
• La Vallée du Jourdain
• La Bande de Gaza
• Jerusalem

Les ghettos comprennent 98 enclaves entourées de barbelés, de murs et de tours de contrôle, où vivent 312810 Palestiniens. Les restrictions physiques couplées au contrôle de l’urbanisation par l’Occupant signifient qu’il n’y a aucune possibilité pour ces centres de se développer afin de répondre aux besoins de la population palestinienne.

Entre les murs, il y a des ghettos, des avant-postes militaires et des barrages routiers. Les déplacements entre les ghettos sont extrêmement difficiles pour les Palestiniens et dans de nombreux cas ils sont en fait impossibles, avec des effets délétères sur les relations sociales, l’éducation et le commerce. Les restrictions sont imposées au mépris des conventions internationales et des droits de l’homme.

En dépit des restrictions toujours plus dures, les Palestiniens sont restés constants dans leur résistance et leur détermination, comme l’a dit un homme interviewé dans le cadre de cette étude, "Nous ne vivrons pas deux fois la Nakba ». Cet esprit de défi demeure intact puisque les Palestiniens se battent pour leurs terres et leurs droits.

Dresser la Carte des Bantustans

Le présent rapport s’appuie sur des témoignages de Palestiniens vivant dans les ghettos créés par l’occupation israélienne dans l’ensemble de la Cisjordanie.
Au cours de notre enquête, nous avons identifié 79 villages qui se trouvent dans une situation particulièrement critique, après avoir été complètement isolés par l’infrastructure de l’Apartheid. Le niveau de restrictions imposées à ces villages par l’Occupant leur rend la vie insupportable au niveau social et économique. Nous avons distingué trois formes distinctes d’isolement.

Type 1 : Encerclés et contrôlés. Ceci fait référence aux villages et aux quartiers emmurés de trois côtés et soumis à un contrôle rigoureux sur le quatrième côté par l’imposition de graves limitntions à la circulation.

Type 2 : Entre le Mur et la Ligne Verte. Il s’agit de la forme d’isolement imposée à tous les villages et centres de population palestiniens situés à l’ouest du mur et à l’est de la Ligne Verte. Cela représente neuf enclaves et a une incidence sur 7403 personnes. L’accès n’est possible que par des portes ayant des heures d’ouverture limitées et des procédures de fouilles systématiques.

Type 3 : Sous menace immédiate d’expulsion. Presque tous ces villages sont concernés soit par les types 1 ou 2 d’isolement, mais nous les avons mis dans une catégorie spéciale en raison de l’imminence de la menace. Les habitants de ces localités sont immédiatement menacés de destruction de leurs maisons, d’expulsion et de transfert, puisque l’Occupant ne reconnaît pas la légalité des habitants ou les titres de propriété de leurs biens.

L’Occupant estime que leurs terres appartiennent à l’Etat d’Israël. Ils n’ont pas de plans de développement et toutes les demandes de permis de construire sont refusées.

Encerclés et contrôlés

Isolement du type 1 : Villages et quartiers emmurés de trois côtés et soumis à un contrôle rigoureux sur le quatrième côté.

Les méthodes d’isolement qui affectent la majorité des centres de population ghettoïsés sont un enfermement total sur trois côtés et l’imposition de graves restrictions à la circulation sur le quatrième côté. Ce modèle d’isolement affecte 56 localités et touche 299.093 personnes vivant à l’est du Mur.

Ces localités n’ont généralement qu’une seule porte d’accès contrôlée par les forces d’occupation. Les portes sont souvent complètement fermées conformément aux exigences des Forces de l’Occupation, souvent sans donner de motif.

Les portes peuvent être ouvertes ou fermées en fonction de l’humeur des soldats des Forces de l’Occupation de service, sous n’importe quel prétexte. L’arbitraire des horaires d’ouverture augmente les perturbations dans la vie quotidienne des Palestiniens.

Dans certains cas, l’accès au centre de population n’est possible que par un tunnel fortifié passant sous une route d’apartheid, qui est une route construite pour les colons juifs et interdite aux Palestiniens. Ces tunnels conduisent généralement à une porte, comme à Habla, au sud de Qalqilya, ou à un barrage routier avec des blocs de ciment et des miradors. Le public utilisant les tunnels sont systématiquement soumis à des humiliations et à des procédures de contrôle.

Dans de nombreuses régions, le mur traverse les voies d’accès traditionnelles. Celles-ci ont donc été déviées le long du mur, ce qui signifie qu’il faut beaucoup plus de temps pour arriver à destination. Les centres de population sont réellement séparés les uns des autres.

Pour prendre un exemple à Jérusalem : avant la construction du Mur, le quartier de Bir Nabala se trouvait à 2 km d’Al Ram, le centre de services le plus proche. La construction du mur a entraîné la fermeture de la route Al-Ram-Jérusalem utilisée auparavant par les habitants de Bir Nabala pour aller à Al Ram. La route a été déviée vers le Nord-Ouest et le trajet fait maintenant 14 km.

L’isolement politique a eu un impact désastreux sur l’économie et les infrastructures. Le taux de chômage est monté en flèche et beaucoup ont été obligés de déménager ailleurs en Palestine ou ont quitté le pays. La confiscation des terres a dévasté les communautés et les entreprises. Le commerce, comme à Qalqiliya, Bir Nabala, Al Ram et Anata, a été en effet complètement stoppé.

Les petites localités sont souvent privées d’accès aux centres de services, aux marchés et aux emplois. En 2005, l’Occupant a sollicité l’aide de la communauté internationale pour financer le réseau routier d’apartheid, en affirmant que cela facilitera la circulation et l’accès des Palestiniens.

L’isolement politique a également eu de graves conséquences sur l’éducation. Avec des trajets plus longs et les barrages routiers, le temps et les coûts des trajets ont augmenté de façon significative. Les élèves et les étudiants se voient parfois purement et simplement refuser le passage sous divers prétextes.

L’isolement a également eu de graves répercussions sur le système de santé, ce qui provoque des difficultés pour ceux qui ont besoin d’un traitement médical.

A l’intérieur des 6 ghettos, il y a deux types d’enclaves :

a) Des groupes de petits villages entourés par le Mur de tous côtés, comme par exemple l’enclave contenant Bir Nabala, Al Jeeb, Al Jadeira et Old Beit Hanina. Cela affecte les villages autour de Jérusalem

b) Des villages isolés individuellement entourés par le Mur, sans libre accès au reste de la Cisjordanie, tels que Anata, Qalqilya, Deir Kiddis, ’Habla et Ras Attieh.

Villages soumis à l’isolement du Type 1 : fermés de trois côtés par le mur et l’infrastructure de l’apartheid, avec de dures restrictions sur le quatrième côté

RESUME
Enclaves isolées - Population totale
Ghetto sud : 4 - 62277
Ghetto centre : 6 - 47589
Ghetto nord : 7 - 147399
Total : 17 enclaves - 257.265 personnes

Les secteurs marqués d’un * sont également soumis à un isolement du type 3, et sont menacés de démolition imminente.

Résumé : Total des populations isolées dans les 3 Ghettos et dans les villages isolés individuellement

Population totale ; 299.093
Total des enclaves isolées : 56

• Ghetto Sud
Enclaves classées par centres de population - Population

Sud-Est de Jerusalem
Al – Ezarayyeh : 17,913
Abu Dis : 12,470
Al –Sawahreh : 5,364
Ash-Sheikh Sa’d : 2,477
Total : 38224 personnes

Enclave à l’Ouest de Bethléem
Al- Walajeh : 1,746
Battier : 4,348
Wadi Fuqin : 1,238
Husan : 5,881
Nahaleen : 6,603
Al Jaba’a : 937
Total : 20753 personnes

Khirbet Zakaria, Gouvernorat de Bethléem* : 300
Région de Yatta (20 centres de population) – Gouvernorat d’Hebron* : 3000
Population totale menacée : 62277 personnes

• Ghetto Centre
Enclaves, classées par centres de population : Population

Nord de Jerusalem
Al-Jeeb : 4,779
Al-Jdeera : 2,184
Bir Nabala : 6,270
Old Beit Hanina : 1,427
Arab Al-Jahaleen* : 500
Total : 15160 personnes

Nord-Ouest de Jerusalem
At-Tireh 1,700
Beit Duqo 1,648
Beit Ejza 691
Biddu 6,556
Beit Iksa 1,616
Beit Surik 3,931
Al- Qbeibeh 2,130
Qatanna 7,718
Beit E’nan 4,390
Beit Liqya 8,346
Beit Sira 2,938
Kharbatha al-Misbah 5,425
Um al-Lahem 500
Total : 47589 personnes

Est de Jerusalem
Anata : 9,906
Dahiat as-Sala/ Camp de réfugiés de Shu’fat : 30,000
Azza’iem : 2,531
Total : 42,437 personnes

Ar-Ram et Dahiat al Barid : 26,352 personnes

Enclave à l’ouest de Ramallah
Al Madyeh 1,349
Ni’lin 4,913
Budrus 1,564
Qibya 5,097
Shentien 903
Total : 13,826 personnes

Deir Qeddies : 2,035

Population totale menacée : 147.399 personnes

• Ghetto Nord

Enclaves classées par centres de population - Population

Enclave de Qalqilia & Salfit
Ad-Dab’a 279
Izbat Jal’oud 147
Al Mdawar 228
Izbat al Ashkar : 432
Beit Amin 1,185
Siniria 3,088
Kufur Thulth 4,511
Masha 2,043
Sartta 2,691
Bidya 8,586
Qarawa Bani Hassan 3,829
Izbat Salman 665
Total : 27684 personnes

Enclave centre
Az-Zawyeh 5,234
Rafat 2,078
Deir Ballout 3,796
Total : 11.108 personnes

Hableh 6,358
Ras Ateyyeh 1,652
Qalqilia City 46,214
Arab al-Ramadeen 201
‘Izbet Al Tabeeb, Gouvernorat de Qalqilya* : 300
Population totale menacée : 93.517 personnes

Bir Nabala, Al Jeeb, Al Jadeira et Old Beit Hanina

Cette enclave, où vivent actuellement 14660 personnes, faisait partie de l’administration de Jérusalem avant 1967. Bien que l’occupant n’ait pas officiellement inclus ces villes dans les frontières nouvellement définies du pays, Jérusalem est resté le centre de vie pour les services et le commerce.

Etant proche de la ligne de 1948 et à mi-chemin entre le nord et le sud de la Cisjordanie, elle a attiré de nombreux investissements dans les entreprises, tels que des garages, des ateliers et des agences immobilières. Bien que le centre névralgique de l’activité soit concentré à Bir Nabala, les villages environnants ont prospéré et de nombreux habitants de Jérusalem sont venus s’installer dans le secteur.

Toutefois, la partie du mur qui sépare la principale route entre Jérusalem et Ramallah a commencé en 2004 dans la région d’Al Ram. Cela a détruit l’accès nord-est aux villages et les a isolés des centres de services et de l’activité économique de Jérusalem, ainsi que d’Al Ram.

Pour mettre encore plus la pression, un ordre militaire a été publié en 2005 confisquant aux villages des centaines de dunams de terres pour construire le Mur d’Apartheid.
La ceinture a été achevée par un seul point de passage reliant Ramallah au nord-ouest : un tunnel sous la route d’apartheid n° 443, complété par des tours de guet et des blocs de ciment. Des patrouilles militaires fouillent régulièrement les véhicules et les passants et empêchent l’accès à ceux qui arrivent du nord.

Avec la fermeture de l’entrée principale d’Al-Ram par le Mur d’Apartheid, le trajet pour se rendre à Jérusalem est de 14 km au lieu des 2 Km auparavant.

En conséquence, la situation économique s’est dégradée et beaucoup de magasins et d’entreprises privées ont fermé. Le nombre d’habitants de Jérusalem vivant à Bir Nabala a chuté de 2000 à moins de 200. Un appartement ou un magasin qui était loué 250 dinars jordaniens par mois, coûte désormais environ 80 dinars jordaniens. Les entreprises qui n’ont pas fermé sont dans un état épouvantable.

Ayed Shu’ani de Jérusalem possédait un commerce d’appareils électroménagers depuis 1995. Ses clients sont des habitants de Jérusalem et de Cisjordanie. Quand il a créé son entreprise, il a loué des magasins dans la région de Qalandia, près de l’aéroport, car c’est un point central entre Jérusalem et le nord de la Cisjordanie, et parce que les Palestiniens pouvaient accéder au secteur sans laissez-passer et sans avoir à subir les complications des procédures de l’occupant.

Ayed était content de son travail. Son entreprise prospérait et il a élargi sa gamme de produits. Il a pu continuer jusqu’au début du deuxième Intifada, quand les Forces d’Occupation ont installé tous les checkpoints et les obstacles pour entraver les déplacements des Palestiniens.

En 2002, en raison du durcissement de l’occupation et de l’augmentation des checkpoints et de restrictions, Ayed a décidé de déménager à Bir Nabala.

Ayed dit : "L’avantage, c’est que c’était accessible à tout le monde, de Jérusalem au nord de la Cisjordanie. La situation économique était très bonne et de nombreux importants hommes d’affaires y investissaient. C’était une zone centrale entre Jérusalem et le nord de la Cisjordanie, où tout homme d’affaires, distributeur ou consommateur pouvait accéder facilement à Bir Nabala et, à l’époque, c’était un important centre commercial

Travailler à Bir Nabala était agréable. Malgré tous les obstacles mis en place par l’occupant, l’économie locale était en plein essor. Beaucoup de grandes entreprises ont investi leurs capitaux dans la région et le village était rempli de centres commerciaux, d’entreprises, de garages et d’ateliers ainsi que des placements dans l’immobilier.
Pour toutes ces raisons, Ayed a acheté un appartement dans ce village car il pensait que son avenir serait là.

Il poursuit : "Le travail se passait bien, même si nous avions beaucoup de frais à payer et malgré les nombreux checkpoints, mais je gagnais bien ma vie. J’ai acheté ma maison ici parce que je pensais que mon avenir pourrait être ici. Mon travail et mon entreprise étaient à Bir Nabala. J’ai également déménagé en raison des checkpoints et des difficultés de transport entre Qalandia et Bir Nabala.

Sa maison a coûté environ 30000JD, ce qui était le prix moyen des maisons dans le secteur à ce moment-là.

Ayed dit : « Il y avait une forte demande pour les maisons de Bir Nabala. Maintenant, ma maison est sans valeur car Bir Nabala est fermé et entouré de tous côtés par le mur. J’ai même essayé de la vendre plus d’une fois mais ça n’a pas marché. Je suis arrivé à un stade où j’ai essayé de l’échanger contre un lopin de terre ou un appartement n’importe où sauf à Bir Nabala, mais même cela, ça n’a pas marché.

Déserter Bir Nabala

En 2004, des rumeurs se sont répandues parmi les commerçants que Bir Nabala serait isolé par des murs et des portes ouvrant à des heures précises et avec des procédures militaires très strictes. Cela a créé une atmosphère de panique parmi les hommes d’affaires et les investisseurs. Beaucoup ont commencé à envisager de retirer leurs investissements et de placer leur argent ailleurs.
Ayed dit : « En 2004, Qalandia était fermé. Les hommes d’affaires ont réagi chacun de façon différente face à ces rumeurs. Certains ont dit que ce n’étaient que des rumeurs, d’autres ont estimé que la question était grave et d’autres qui possédaient des magasins dans d’autres villages, se sont préparés à relocaliser leurs activités ailleurs. Dans certains cas, les commerçants ont commencé à fermer leurs magasins, parce qu’ils avaient déjà été forcés de déménager leur entreprise à plusieurs reprises.

Comme beaucoup d’autres commerçants, Ayed a quitté le secteur avant qu’il ne soit totalement enfermé par le Mur. Il dit : « Nous, les hommes d’affaires, nous avons des engagements et nous ne pouvons pas attendre que la situation se dégrade totalement. En d’autres termes, nous avons dû suivre les entreprises.”

Qalqilya

"Qalqilya est une ville de 40000 personnes vivant dans une grande prison avec une seule entrée. Si un soldat est de mauvaise humeur, il peut fermer la porte, ce qui signifie que les 40.000 habitants doivent rester chez eux jusqu’à ce que son humeur s’améliore. Où sont la démocratie et les droits de l’homme dont le monde nous parle ? Ici, les souris ont plus de droits que nous. J’ai travaillé pour un Israélien qui avait un élevage de souris blanches - il avait plus de respect pour elles que pour nous."
Yousef Abdullah, 61 ans, résident de Beit Amin, au sud de Qalqilya

Il y a 32 villages et centres de population dans le gouvernorat de Qalqiliya où vivent 96000 Palestiniens, principalement concentrés dans la ville de Qalqiliya. Pour les Bédouins et les villageois, Qalqilya est le centre de services, avec comme moteur économique l’agriculture.
Avant la construction du mur et la mise en place du bouclage militaire, l’économie était florissante avec plus de 85000 acheteurs qui affluaient chaque semaine vers la ville, pour la plupart des Palestiniens de 48. Maintenant, le centre a été complètement isolé. Le taux de chômage touche environ 19000 personnes soit 67% de la population en âge de travailler, aussi beaucoup d’entre eux ont déménagé à l’étranger ou dans d’autres villes de Cisjordanie.

Entre le Mur et la Ligne Verte

Isolement type 2 : Villages et centres de population coincés entre le Mur et la Ligne Verte

"Il y a eu le cas d’un enfant souffrant de la fièvre. La porte était fermée et le médecin n’a pas été autorisé à entrer pour lui faire une piqûre. Le seul moyen de la faire a été à travers les fils barbelés à côté de la porte "- Amjad Omar du village d’Azzoun’ Atma

Il s’agit de la forme d’isolement imposée à tous les villages palestiniens et centres de population situés à l’ouest du mur et à l’est de la Ligne Verte. Cela concerne neuf enclaves et a une incidence sur 7403 personnes.
L’accès n’est possible que par les portes qui ont des heures d’ouverture limitées et des fouilles systématiques. Les forces d’occupation ont mis au point un nouveau mode de vie pour ces personnes : une existence dans des conditions répressives et humiliantes, qualifiées de « mesures de sécurité ».

On peut lire sur les pancartes :
- Bienvenue
- Vous êtes à un checkpoint. S’il vous plait, lisez les instructions suivantes pour garantir un passage sans anicroches et sans retards.
- Il est interdit de faire entrer du materiel comme annoncé par le Bureau de Coordination.
- Préparez vos papiers pour inspection.
- Vous devez enlever vos manteaux et vos pull-overs et garder seulement vos sous-vêtements.
- Les conducteurs des véhicules doivent faire sortir leurs passagers qui seront contrôlés sur la ligne pour piétons et attendront l’inspection de la voiture.
- Toute personne ne respectant pas les instructions ne sera pas autorisée à passer
- Nous vous souhaitons un séjour agréable et en toute sécurité.

La population du village d’Azzoun a modifié les lettres du mot arabe « séjour », de sorte qu’on peut lire maintenant : « Nous vous souhaitons une mort agréable et en toute sécurité". C’est peut-être l’une des plus expressions les plus exactes pour décrire le genre de vie des habitants dans ces zones, où tout est interdit par la loi.

Les restrictions suivantes sont en vigueur aux points d’accès :

1. Nul ne peut entrer dans ces zones, sauf s’il est enregistré sur ses papiers d’identité qu’il réside dans la zone et les enfants de moins de 16 ans doivent montrer leurs certificats de naissance. Un système a été mis en place pour que les non-résidents puissent obtenir une autorisation spéciale pour une période limitée. Ces laissez-passer sont compliqués à obtenir. Par exemple, il est nécessaire de produire des documents prouvant un lien avec le village ou la preuve de la nécessité d’entrer. L’obtention d’un tel laissez-passer est presque impossible dans la plupart des cas.

2. Les ambulances, les médecins, les enseignants, les techniciens, les ONG des droits de l’homme et les humanitaires comme le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) ne peuvent entrer dans ces zones, sans coordination antérieure avec les autorités de l’Occupation (DCO) ou sans laissez-passer spécial.

3. La construction, l’expansion agricole ou même la maintenance est interdite sans autorisation qui est quasiment impossible à obtenir.

4. Les mesures de contrôle humiliantes sont strictement appliquées pour causer de graves retards dans les déplacements. Les attaques physiques, les obligations d’ôter les vêtements, la confiscation des biens personnels et le harcèlement sexuel sont monnaie courante.

5. Les personnes désirant passer sont limitées dans la quantité de nourriture autorisée à franchir le point d’accès. Pas plus de trois exemplaires d’un même produit et pas plus de 3 kilos de fruits ou de légumes ou de blé sont autorisés. Les pesticides, les médicaments et les produits agricoles sont interdits pour raisons de sécurité.

6. Les heures d’ouverture de la porte ne sont souvent pas respectées et les points d’accès sont souvent fermés pour des périodes allant d’une heure à une semaine complète, au cours desquelles les habitants sont bloqués. Les laissez-passer peuvent être refusés ou déchirés sous n’importe quel prétexte, à la discrétion des forces d’occupation en poste au point d’accès.

Privés d’équipements de base

La plupart des villages touchés n’ont pas de services de base et d’infrastructure et dépendent des centres de santé, des services éducatifs des villes voisines et des liens familiaux. Ils sont coupés des services et l’isolement a un effet désastreux sur les relations sociales. Il est impossible de construire une vie avec les restrictions arbitraires des heures d’ouverture de la porte et ces restrictions constituent une violation flagrante de la IVème Convention de Genève et d’autres règles du droit international.

Ces mesures ont eu de graves répercussions sur le système éducatif. Les retards et les fermetures pouvant durer jusqu’à une semaine perturbent les études.

Les étudiants sont dissuadés de fréquenter les écoles et les établissements d’enseignement supérieur par le recours systématique à l’humiliation aux postes de contrôle et par l’inquiétude suscitée par les effets à long terme de l’exposition quotidienne aux radiations des scanners utilisés dans les procédures de fouilles.

Sur le plan social, les familles sont coincées. Par exemple, si quelqu’un vit à Qalqilya et désire rendre visite à un parent à Azzoun’ Atma, il lui faut une autorisation spéciale, même pour les cas d’urgence.

L’isolement se traduit par une pression sociale énorme sur les activités qui nécessitent un déplacement entre régions, telles que les mariages. Le résultat de cette pression psychologique affecte gravement l’ensemble de la société palestinienne.

Villages isolés entre le Mur et la Ligne Verte

Résumé
Ghettos - Nbre d’enclaves - Population
Ghetto Sud : 2 - 244
Ghetto Centre : 1 - 225
Ghetto Nord : 7 - 8088
Total : 10 enclaves - 8557 personnes

Les secteurs marques d’un astérisque* sont également soumis à un isolement du type 3 et sont menacés de démolition imminente.

• Ghetto Sud
Enclaves classées par centres de population - Population
Al Qubba, Gouvernorat de Bethléem* : 40
Nu’man, Gouvernorat de Bethléem* : 204
Total Ghetto Sud : 244 personnes

• Ghetto Centre
Enclaves classées par centres de population - Population
Nebi Samuel, Nord de Jérusalem* : 225
Total Ghetto Centre : 225 personnes

• Ghetto Nord
Enclaves classées par centres de population - Population

Enclave de Jénine
Dhahr El Maleh, Gouvernorat de Jénine : 223
Um El Riham, Gouvernorat de Jénine : 385
Khirbet Sheikh Sa’id, Gouvernorat de Jénine : 225
East Barta’a, Gouvernorat de Jénine : 3707
Thahr El Abed, Gouvernorat de Jénine : 382
Total : 4922 personnes

‘Azzoun ‘Atma, Gouvernorat de Qalqilya : 1,727
Nazlet ‘Isa Ouest, Gouvernorat de Tulkarem : 65

Dab’a / Ras Tira / enclave de Wad Rasha
Dab’a – Gouvernorat de Qalqilya : 279
Ras Tira – Gouvernorat de Qalqilya : 410
Wad Rasha : 180
Total : 869 personnes

Nord d’Arab Al Ramadin* 50
Sud d’Arab Al Ramadin* 200
‘Arab Abu Farda, Gouvernorat de Jénine* : 150
Khirbet Hamdoun, Gouvernorat de Jénine* : 105

Total Ghetto Nord : 8088 personnes

Témoignage personnel : Haj Walid Abu Hijleh

Haj Walid Abou Hijleh est octogénaire. Il a été témoin de l’évolution en Palestine depuis l’époque du Mandat Britannique et a assisté au début de l’occupation sioniste et à son expansion coloniale toujours croissante sur le peuple palestinien et sa terre. De son point de vue, pendant toute cette période, l’Occupant a eu une vision cohérente pour la population palestinienne, bien que ses méthodes aient changé : le but est de détruire la vie des Palestiniens et expulser les habitants de leurs terres.

Abou Hijleh vit avec sa famille à Siniria, au Sud Est de la ville de Qalqilya. Il est né en 1927 dans une famille bourgeoise qui possédait des centaines de dounams de terres, allant au-delà de la Ligne Verte : des terres perdues après l’occupation de 1948. Les ruines des maisons de la famille Abou Hijleh sont encore là aujourd’hui.

Il dit : « Nos terres s’étendaient de Beit Amin à Azzoun Atma [en Cisjordanie], le "triangle" : Jaljulia, Ras Il’in, Atira jusqu’à Taybeh de l’autre côté de la Ligne Verte. C’était un domaine de 4000 dunams qui appartenait auparavant à Siniria et à la famille d’Abou Hijleh et nous y avions des maisons qui ont été détruites après l’occupation. Les ruines sont situées à environ 100 mètres à l’ouest de Ras Il’in."

Abou Hijleh explique que les familles, vivant actuellement dans le village d’Azzoun Atma, habitaient à Siniria, Azzoun Atma ne représentant qu’une partie de leurs terres. Les agriculteurs de Siniria ont commencé à s’installer dans des secteurs plus proches de leurs terres agricoles : d’abord à Beit Amin, puis à Azzoun Atma où ils ont construit des maisons. D’autres sont restés à Siniria. Les trois villages sont étroitement liés : la circulation entre les villages était facile et les liens sociaux étaient forts. Les habitants d’Azzoun Atma, de Beit Amin et de Siniria ne sont qu’une même famille.

Mais aujourd’hui, Azzoun Atma est complètement isolé à l’intérieur du mur. Les propriétaires de Siniria et de Beit Amin sont désormais coupés de leurs terres isolées à Azzoun Atma. Pire, les familles d’Azzoun Atma sont totalement séparées des autres membres de leur famille vivant à l’extérieur. Abou Hijleh explique :
"Maintenant, vous savez que nous, les Arabes et les Musulmans, nous avons des traditions qui ne peuvent être ignorées. Par exemple, j’ai une fille qui vit à Azzoun Atma. Si elle tombait malade et que je devais lui rendre visite, ce ne serait pas facile pour moi puisque sur mes papiers d’identité, il n’est pas inscrit que j’habite à Azzoun et je n’ai pas de laissez-passer qui me permette d’y entrer. Les trois-quarts des familles d’Azzoun Atma ont des filles qui vivent à l’extérieur du village et il y a de nombreuses personnes qui vivent à l’extérieur et ont leurs filles à Azzoun Atma. Maintenant, les visites sont très difficiles. Beaucoup d’habitants ont leurs pères ou des parents qui vivent à Azzoun, alors qu’ils habitent à l’extérieur. Si un père tombe malade ou même décède, son fils ne serait pas autorisé à lui rendre visite. Peut-être que s’il demande au monde entier, il sera autorisé à assister aux funérailles."

La porte dans le mur d’Azzoun ’Atma est ouverte pour les détenteurs de papiers d’identité d’Azzoun Atma entre 6h du matin et 10h du soir. Pour ceux qui ont des laissez-passer et qui n’habitent pas le village - par exemple les ouvriers, ceux qui ont des terres à Azzoun ou des employés de maintenance - la porte n’est ouverte que jusqu’à 19h. Les Forces d’Occupation qui surveillent la porte n’autorisent en aucun cas l’accès pendant la nuit, même en cas d’urgence.

Abou Hijleh explique :
"Il y a quelques années, une femme allait accoucher alors qu’il était plus de 22h. Bien entendu, la porte était fermée, et il n’y a pas de médecin à Azzoun. Ils l’ont emmenée jusqu’à la porte pour aller à l’hôpital. Pendant plus d’une heure, son mari a supplié les soldats d’ouvrir la porte, mais ils ont refusé. La femme a accouché et le bébé est décédé près de la porte, puisque les soldats se sont montrés inflexibles et ils ont refusé de la laisser passer."

Azzoun ‘Atma

’Azzoun’ Atma est un village situé au sud-ouest de Qalqilya où vivent 1727 personnes. La terre est partagée avec les habitants des communautés voisines de Siniria et Beit Amin. Azzoun Atma est l’un des villages situés sur la frontière de 1967 et était l’un des points de passage sur la Ligne Verte.
Le village est entouré par des colonies : Oranit, El Kana, Sha’arei Tikva ’Etz et Ephraim. Début 2003, des bulldozers ont commencé à préparer le tracé pour la construction du mur d’apartheid. Le village est maintenant complètement encerclé par le Mur.

La surface totale d’Azzoun Atma est d’environ 7000 dunams. 80% de la population travaille dans l’agriculture. Le village est réputé pour ses serres alimentées en eau par cinq puits artésiens. Il y a deux écoles, une école de filles, une école de garçons où viennent également étudier les élèves du village de Beit Amin. Les élèves de ce village ont besoin de laissez-passer pour accéder à Azzoun Atma et ils sont retardés régulièrement.

Une clinique médicale itinérante vient deux fois par semaine, bien que le médecin responsable possédant un laissez-passer pour franchir la porte soit fréquemment interdit d’entrée sous divers prétextes. Parfois, les villageois malades doivent se faire soigner à l’extérieur du village. Le checkpoint a des heures d’ouverture limitées, ce qui pose de graves problèmes, en particulier en cas d’urgence, tels que la naissance d’un enfant.

Pour faire face à ce problème, les femmes enceintes prêtes à accoucher partent vivre à l’extérieur du village jusqu’à la naissance des bébés.

• Barta’a Est

Barta’a est situé au sud-ouest de Jénine. Le 7 mai 2007, une femme du village, Asma Abdullah, 25 ans, venait tout juste d’accoucher par césarienne à l’hôpital de Jénine et revenait chez elle avec son mari et son bébé.
Son mari a expliqué aux soldats qu’elle venait de subir une opération. Ils lui ont dit que ce n’était pas leur problème et qu’elle devait se plier aux procédures habituelles. Elle a été obligée de faire 500 mètres à pied et suite aux nombreuses fouilles des soldats, elle a perdu connaissance et est tombée avec son enfant.

Menacés d’expulsion

Isolement du type 3 : Villages et centres de population menacés d’expulsion

“Nous allons devenir les réfugiés du 21ème siècle dont la vie est menacée. Le problème n’est pas la sécurité mais plutôt la création d’une atmosphère propice à un transfert silencieux, créer une situation où nous arrivons à la conclusion que notre vie n’est plus supportable” – Jamal Der’awi, village de Nu’man

Presque tous ces villages sont touchés, soit par les types d’isolement 1 ou 2, mais nous les avons sélectionnés en raison de l’imminence de la menace à laquelle ils sont confrontés. Les habitants de ces villages sont menacés de destruction imminente de leurs maisons, d’expulsion et de transfert, puisque l’occupant ne reconnaît pas la légalité des habitants ou leurs titres de propriété.

L’occupant estime que leurs terres appartiennent à l’État d’Israël. Ils n’ont pas de stratégie globale de développement et toutes les demandes de permis de construire sont refusées.

Les quatorze villages ont une population totale de 6314 personnes soumises au contrôle paralysant de l’Occupant. Ils sont accessibles via des portes contrôlées par les forces d’occupation et soumis à des restrictions sur l’agriculture et la construction. Des ordres militaires sont publiés périodiquement pour la démolition de maisons et l’expulsion de la population. Les forces d’occupation effectuent souvent des incursions et des démolitions de maisons.

Villages isolés menacés d’expulsion

Comme indiqué ci-dessus, la quasi-totalité des villages sont soumis à un isolement de type 1 ou 2 à l’exception d’Ein Jwaiza, qui n’est pas complètement isolé, mais néanmoins menacé de démolition.

Région - Nbre villages - Population
Ghetto Sud : 5 - 4144
Ghetto Centre : 4 - 1165
Ghetto Nord : 5 - 1005
Total : 14 villages - 6314 personnes

Village - Ghetto - Population - type d’isolement
Nu’man, Gouvernorat de Bethléem - Sud - 204 - Type 2
Khirbet Zakaria, Gouvernorat de Bethléem - Sud - 300 Type 1
Al Qubba, Gouvernorat de Bethléem - Sud - 40 - Type 2
‘Ein Jwaiza - Gouvernorat de Bethléem - Sud - 600 - *
Région de Yatta (20 centres de population)– Gouvernorat d’Hebron - Sud - 3000 - Type 1
Bédouins Fhidat, Nord de Jerusalem - Centre - 40 - Type 1
Quartier Khalayel, Nord de Jerusalem - Centre - 400 - Type 2
Nebi Samuel, Nord de Jerusalem - Centre - 225 - Type 2
‘Arab Al Jahaleen – Nord de Jerusalem - Centre - 500 - Type 1
‘Izbet Al Tabeeb, Gouvernorat de Qalqilya - Nord - 300 - Type 1
‘Arab Abu Farda, Gouvernorat de Jénine - Nord - 150 - Type 2
‘Arab Al Ramadeen, Gouvernorat de Qalqilya - Nord - 250 - Type 2
Wadi Al Rasha, Gouvernorat de Qalqilya - Nord - 200 - Tpe 2
Khirbet Hamdoun, Gouvernorat de Jénine - Nord - 105 - Type 2

Village de Nu’man

Jamal Der’awi, village de Nu’man : “Ce à quoi nous sommes confrontés chaque jour est insupportable et va au-delà de l’imagination”.

Jamal Der’awi a 40 ans et est l’un des 204 habitants de Nu’man. Commes les autres villageois, il est coincé dans Nu’man suite à l’isolement du village par des murs de toutes parts. Les habitants sont résolus à ne pas se laisser expulser. Jamal dit :
“Nous ne vivrons pas la Nakba deux fois. Nous resterons ici, nous ne partirons pas.”

Nu’man a été occupé en 1967. Il est situé au nord-est de Bethléem et au sud-est de Jérusalem. Ses 5000 dunams de terres sont répartis entre Bethléem (30%) et Beit Sahour (70%).

En 1997, la colonie de Har Homa a été établie sur la colline d’Abou Ghneim, qui fait partie des terres du village, à la périphérie de Jérusalem. Avant 1992, les habitants du village de Nu’man avaient une vie tranquille et la municipalité de Bethléem leur délivrait des permis de construire.

Selon Jamal Der’awi, le village fait partie de la région habitée par la grande famille Ta’amera vivant de Sour Baher et Um Touba au nord et Hébron au sud. Les Der’awis sont de Shawawira, Za’tara et Deir Salah. Une partie de la famille s’est installée à Nu’man il y a environ 150 ans, et au début elle vivait dans des grottes et sous des tentes de poils de chèvre.
Il y a environ 75 ans, ils ont commencé à construire des maisons en pierre qui sont maintenant officiellement enregistrées auprès de la municipalité de Bethléem. Chaque maison a la date de sa construction gravée sur une pierre au-dessus de la porte.

De propriétaires légitimes à Etrangers

En 1992, la municipalité de Jérusalem, dirigée à l’époque par Ehud Olmert, a distribué des tracts à la population de Nu’man leur disant que leur village et ses terres faisaient partie de la municipalité de Jérusalem-Occupée et que les habitant ne possédant pas de papiers d’identité de Jérusalem, étaient illégaux et devaient partir.
Jamal dit :
“Nous avons été surpris quand nous, les propriétaires des terrains et des propriétés, nous sommes retrouvés des étrangers sur notre propre sol, en devenant des violeurs de la loi israélienne maintenant que la terre est considérée comme faisant partie de l’état israélien. »

Un certain nombre de mesures ont été prises pour pousser la population à partir, dont la désignation de la zone par l’Occupant comme "Zone Verte" – terrains destinés seulement à l’agriculture - ou comme réserve naturelle et le refus d’une autorisation pour le développement d’un plan d’urbanisme du village. Puis les Forces d’Occupation ont commencé à émettre des ordres de démolition de maisons dans le village. Rien qu’en 2006, trois maisons ont été démolies.

Nettoyage ethnique

En 1994, les écoliers de Nu’man allaient étudier dans les écoles de Sour Baher et d’Um Touba, comme ils l’avaient toujours fait depuis la période jordanienne. Jamal explique comment le premier jour du début de l’année scolaire, on leur a présenté une annonce surprise :
"Le Ministère de l’Education et la municipalité ont publié une note disant que seuls les habitants de Jérusalem pouvaient étudier dans les écoles de ces secteurs. Comme nous avions l’identité palestinienne, les enfants n’étaient pas autorisés à aller dans ces écoles."

En outre, comme personne dans le village ne possédait des papiers d’identité de Jérusalem, la communauté de Nu’man a été officiellement « non reconnue » et donc le permis de construire pour une école dans le village a été refusé.

Relever le défi

Il est devenu clair pour les habitants de Nu’man que les autorités israéliennes voulaient les faire partir de leurs terres. Les villageois ont décidé de résister à ces tentatives et les élèves ont été envoyés dans les écoles palestiniennes de Beit Sahour, Deir Salah et Obaydia par un bus spécial.

En 1998, l’occupant a intensifié la pression, en imposant un ordre militaire interdisant aux véhicules cisjordaniens d’entrer dans le village, en déclarant qu’il faisait désormais "partie d’Israël ». Les Forces d’Occupation ont installé des barrages routiers, creusé une tranchée à 20-30 mètres du village et mis en place des patrouilles régulières pour bloquer le trafic.
Les élèves continuent de fréquenter leurs écoles, mais désormais ils doivent y aller à pied.
Les villageois de Nu’man ont tout tenté pour arrêter les attaques contre leur communauté et notamment en contactant des ONGs internationales des droits de l’homme. Toutefois, les violations et les procédures ont continué et maintenant l’occupant a adopté une nouvelle stratégie pour les forcer à partir : l’isolement complet du village.

Isoler Nu’man

En 2003, au cours de l’Intifada Al-Aqsa, Nu’man a été l’un des premiers villages à être visé par les saisies de terre pour la construction du Mur d’Apartheid, tandis que des bulldozers de l’occupant commençaient à déraciner les arbres au nord du village pour construire une route de contournement pour colons afin de relier les colonies israéliennes à Jérusalem.
Tout comme le village d’Al Khas avec qui ils ont un conseil municipal commun, d’importantes surfaces de terre leur ont été confisquées. Les deux villages ont été complètement séparés par le Mur et la route pour colons.

En outre, la construction du centre commercial de Mezmouria au sud a privé le village de 350 dunams de terres agricoles et de 150 dunams pour l’installation d’un poste de l’armée destiné à protéger Mezmouria et le Mur. Suite à ces confiscations, une version révisée du plan d’urbanisme (le « projet D3 ») de la colonie d’Har Homa a prévu la construction de 500 nouveaux bâtiments résidentiels.
Ainsi, le village sera entouré de trois côtés : en plus du Mur, d’Har Homa et de l’avant-poste militaire, il y a au sud la porte d’entrée des marchandises et à l’est la route des colons.

Jamal dit : "Le harcèlement a transformé notre vie en enfer, mais tant que nous serons vivants, nous nous battrons."

Les restrictions ont été progressivement renforcées depuis 2004. L’encerclement du village a été achevé en Juin 2007 et à l’heure actuelle le seul moyen d’en sortir ou d’y entrer, c’est en passant par une porte surveillée jour et nuit par des patrouilles militaires. Personne vivant à l’extérieur de la porte n’est autorisé à entrer, même si c’est un parent au premier degré.
Seuls ceux qui ont Nu’man-Mezmuria noté sur leurs papiers d’identité peuvent franchir la porte. L’accès est refusé à toute personne possédant des papiers d’identité de Jérusalem et même les groupes de défense des droits de l’homme n’y ont pas accès.

Jamal explique :

"Par exemple, j’ai neuf sœurs mariées vivant à Al-Khass, Dar Salah, dans le camp de réfugiés de Dheisheh et à Hébron. Bien sûr, il n’est pas mentionné sur leurs papiers d’identité qu’elles sont de Nu’aman ou de Mezmoria, donc elles ne sont pas autorisées à entrer, même pour rendre visite à notre mère malade de 90 ans. Au cours des deux derniers mois, elle n’a vu aucune d’entre elles puisque nul n’est autorisé à pénétrer dans le village. Parfois, ils interdisent même à ceux qui possèdent des cartes d’identité de Jérusalem d’entrer par la porte."

Jamal ajoute que : « Au cours des deux derniers mois, ils ont interdit l’entrée aux bennes à ordures". La population a dû brûler les ordures comme ils le faisaient il y a 30 ou 40 ans, ce que l’armée a tenté d’empêcher, sous prétexte que la loi israélienne l’interdit.

Les villageois n’ont pas le droit d’apporter des fûts de carburant, soi-disant pour des « raisons de sécurité », même s’ils viennent des zones ’israéliennes’. La vie quotidienne est épouvantable, mais les villageois se sont révélés exceptionnellement résistant.

Jamal dit : "Dans de nombreux cas, les villageois ont eu recours à la contrebande de fûts de carburant : ils ont parfois réussi, parfois non. Mais nous continuons à essayer. Désormais, même les camions de légumes ne sont pas autorisés à passer. On a envie de rire et de pleurer en même temps."

Même le vétérinaire n’est pas autorisé à entrer dans le village : au lieu de cela, on doit emmener les 200 bovins à Beit Sahour pour les faire vacciner. Si un réfrigérateur tombe en panne, on doit l’emmener à Beit Sahour parce que le réparateur n’est pas autorisé à entrer. Les sacs de blé doivent être vidés dans des sacs en plastique transparent. Si quelqu’un porte un kilo de tomates ou de bananes, il peut être accusé de "contrebande de produits alimentaires en Israël".

Tout élève de plus de six ans doit être muni d’un certificat de naissance et attendre la procédure humiliante qu’est le franchissement de la porte. Les ambulances ne sont pas autorisées à entrer.
Quand il y a eu un incendie dans le bois du village, aussi bien les pompiers cisjordaniens qu’israéliens ont été interdits d’entrée. Alors que la région est considérée comme israélienne, il n’y a aucun service municipal. Jamal observe : « Notre village est tout simplement un centre de détention".

L’un des problèmes particulièrement sérieux, c’est que certaines femmes du village sont venues de Jordanie après les accords d’Oslo en 1994, elles se sont mariées dans le village et ont demandé une autorisation de rester. Après l’Intifada Al-Aqsa, ces autorisations ont été interdites. Les femmes ont été prises au piège. Dans le cas où elles seraient autorisées à sortir, elles ne seraient pas autorisées à revenir et il en va de même pour leurs enfants. Si l’un d’eux a besoin d’un traitement médical, il doit souffrir en silence : se rendre à l’hôpital équivaut à une expulsion de son domicile.

Les procédures humiliantes sont devenues la règle. Jamal explique que le but est que les villageois partent d’eux-mêmes, qu’ils soient soumis à un transfert silencieux : "Si nous passons la porte 10 fois par jour, nous sommes soumis encore et encore aux fouilles humiliantes et pénibles", dit-il.
Il ajoute : "Nous sommes devenus des réfugiés du 21ème siècle dont la vie est en danger. L’objectif n’est pas la sécurité mais la création d’une atmosphère propice à un transfert silencieux pour créer une situation où nous finirons par conclure que la vie ici est insupportable. Nous ne vivrons pas une seconde Nakba… Nous resterons ici, nous ne partirons pas."

Haj Ibrahim Jadallah

"Nous allons rester vigilants. Quand ils démoliront nos maisons, nous les reconstruirons avec détermination".

Haj Ibrahim a 97 ans et il est une autorité dans son village de Khirbet Zakaria au sud de Bethléem. Il a passé la majeure partie de sa vie à résister à l’expulsion pour la construction du bloc de colonie du Gush Etsion. Actuellement, Zakaria possède 58 maisons faites de briques et de terre avec des toits en tôle. L’occupant cherche à démolir toutes les structures construites dans le village après 1967 : 18 maisons, une école et une clinique.

Haj Ibrahim explique que ses ancêtres originaires du village d’Irtas, au sud de Bethléem se sont installés à Zakaria qui, il y a deux siècles, faisait partie du village de Sourif, au nord. Son grand-père, Jadallah, a acheté la terre, a créé le village de Khirbet Zakaria et l’a laissé à ses enfants. Au cours de l’ère ottomane, certains villageois vivaient dans des grottes ou des maisons en terre, ou venaient d’Irtas pour labourer la terre pendant la journée. Le grand-père d’Haj Ibrahim n’a jamais quitté cette terre rocailleuse où il vivait dans une maison en terre.

Travailler la terre, génération après génération

Jadallah et sa famille élevaient des bovins pour la production laitière et cultivaient des pêches, des raisins, du blé et de l’orge. Les produits étaient vendus à Jérusalem, Bethléem et Hébron. Des générations plus tard, sa famille travaille encore la terre.

Haj Ibrahim dit : "Les montagnes sont rocheuses et rudes. C’est nous qui exploitions cette terre. Certains membres de la famille cultivaient des fruits, d’autres étaient agriculteurs et d’autres élevaient des animaux. Mon côté de la famille était des agriculteurs. Nous avons travaillé dur et la vie était simple. Nous vivions bien ».

Les choses ont commencé à changer radicalement après 1967, lorsque les colons sionistes ont commencé à confisquer les terres et agrandir les colonies par la force. Depuis 1967, 750 dunams de terres ont été confisqués au village par des ordres militaires.

Les confiscations de terres étaient accompagnées d’agressions de colons qui terrifiaient les villageois. "Ils ont continué à nous attaquer et ils m’ont frappé jusqu’à me casser les dents et me couvrir d’ecchymoses. Chaque fois qu’ils voyaient un garçon ou une fille, ils les frappaient. Mais nous ne quitteront pas notre terre. Lorsque l’armée nous donne des coups de pied, nous revenons le lendemain pour labourer notre terre ".

Malgré les agressions de colons, les villageois de Zakaria ont appris de la Nakba en 1948 que s’ils partent, ils ne seront jamais autorisés à revenir. En 1967, lorsqu’il est devenu évident que les villageois résistaient à la pression, les Forces d’Occupation ont lancé un ultimatum : Partez dans les 24 heures ou risquez de vous faire tirer dessus.
"Personne n’en a tenu compte et nous sommes restés sur notre terre et dans nos maisons", dit Haj Ibrahim.

Alors que, jour après jour, la colonie s’agrandissait, les terres des villageois diminuaient. Haj Ibrahim ajoute : "Nous avons continué à planter dans la petite parcelle qu’il nous restait, même si elle n’était pas rentable. Vous ne pouvez pas comparer l’époque où nous avions de 20 à 30 dunams à aujourd’hui où il nous reste que 3 ou 4 dunams. De plus, l’accès aux marchés s’est réduit. Les Israéliens ne nous ont rien laissé pour subsister".

Il en va de même pour la nourriture des animaux avec l’augmentation des prix du fourrage et la diminution des zones de pâturage. Il y avait 400 bovins dans le village, maintenant il n’y a qu’un couple de chèvres, et les villageois doivent acheter du fourrage à Hébron ou à Bethléem. "En résumé, ce n’est plus rentable".

40 jours sous couvre-feu

Lorsque l’Intifada actuelle a éclaté, les habitants de Zakari, comme d’autres Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza, ont été placés sous couvre-feu pendant une période de quarante jours et privés des services de base.
Complètement cernés par les colonies et menacés par les tireurs d’élite des Forces d’Occupation et des colons, les villageois étaient obligés de se glisser à travers les collines pour ramener des produits de base de Beit Ummar et de Beit Fajjar. Les écoliers étaient empêchés d’aller à l’école. Les enfants étaient souvent battus par les colons. L’armée les empêchaient d’y aller, ce qui voulait dire soit rester à la maison soit faire 7 km à pied pour se rendre à l’école de Beit Fajjar et 7 autres pour revenir.

Haj Ibrahim conclut que "la vie sous occupation est épouvantable, tyrannique et raciste. Déjà quatre maisons ont été démolies ainsi que deux citernes. Ils ont continué à démolir et nous avons continué à reconstruire. Ils nous refusent même l’autorisation de creuser des tombes ».

Izbet Al Tabeeb

"Izbet Al Tabeeb est situé à l’est de Qalqilya. Au nord, il y a le village de Jayyous, à l’ouest, c’est Nabi Elias, et au sud, il y a ’Azzoun et Assaleh. 217 Palestiniens vivent dans 40 maisons de terre, de briques et de tôle construites sur 85 dunams de terres, sur les 728 dunams appartenant au village.

L’Occupant refuse de reconnaître le village et le droit à quiconque d’y vivre. Tous les bâtiments construits après 1967 sont considérés comme illégaux et 23 bâtiments sont en instance de démolition, dont la clinique et le jardin d’enfants. Les habitants doivent être déplacés dans le village voisin d’Azzoun. Il n’y a pas d’établissements publics, sanitaires et éducatifs. Il faut parcourir de longues distances pour accéder aux services de base. Les écoliers doivent aller à pied à l’école d’Azzoun.

Les familles d’Izbet Al Tabeeb sont originaires de Tobsor, l’un des villages détruits en 1948. En 1920, le fondateur du village, Hamad Al Tabeeb a acheté une parcelle de 135 dunams à son propriétaire, originaire du village de Kufr Qaddoum. Hamad avait deux épouses, l’une à Tobsor et l’autre dans la première maison construite à Dhahr El Hama.
Le village a commencé en tant que ferme privée portant le nom de Tabeeb. Après 1930, les enfants de la première épouse d’Hamad et ses neveux ont commencé à s’installer dans le vaste espace fertile que leur père avait acheté. Ils ont construit des maisons de briques et de terre.

Lorsque les villageois de Tobsor ont été chassés de leurs foyers en 1948, la famille Tabeeb a invité ses parents à la ferme où ils ont construit des maisons. Au milieu des années 50, il y avait 10 maisons et quelques enclos couverts pour le bétail. Ils vendaient du bétail et des produits agricoles à Qalqilya et à Naplouse.

Sous domination jordanienne jusqu’en 1967, le village a été largement ignoré par les autorités : aucune infrastructure n’a été construite, mais il n’y avait pas de limitations à la construction de bâtiments.

Menace de Déplacement

Après l’occupation de 1967, l’Occupant a classé Izbet Al Tabeeb zone agricole. Par conséquent, aucune infrastructure n’a été construite et de nombreux jeunes ont dû quitter le village pour construire leur vie ailleurs. Au milieu des années 90, des ordres militaires ont été publiés pour la démolition de maisons construites sans permis.

Au départ, les villageois n’ont pas pris au sérieux les ordres de démolition. Toutefois, avec la pression grandissante, ils ont commencé à déposer des demandes de permis de construire. Elles ont toutes été rejetées sans exception.

Au début des années 90, le village avait demandé un plan d’urbanisme pour le logement et l’infrastructure. Les autorités de l’occupation ont rejeté la demande en disant que les documents étaient incomplets ou qu’ils n’étaient pas très professionnels.

Confiscations de terre et Harcèlements

Avec le déclenchement du deuxième Intifada, les mesures de harcèlement dans le village ont augmenté de manière significative :

1) L’entrée du village a été fermée par des blocs de béton.

2) L’accès à la route 55 a été interdit, accès qui a été ensuite limité aux colons

3) Des invasions régulières ont eu lieu dans le village pour arrêter des enfants, sous prétexte qu’ils avaient jeté des pierres sur les colons qui pénétraient dans le secteur.

4) Les zones de pâturage ont été fermées et des terres agricoles ont été confisquées pour la construction du Mur et pour les colonies.

La construction du mur sur les terres du village a commencé en 2004 et s’est achevée en Octobre 2005. Le village est entouré de trois côtés. Le mur s’étend du nord à l’ouest du village. La route de colons n° 55 sépare le village de sa partie Ouest. Au sud, c’est une zone inhabitable et stérile. Le Mur a entraîné l’isolement et la destruction de 273 dunams de terres et 12 dunams ont été réservés pour la zone de sécurité de la route des colons, large de 70 mètres.

L’Ordre d’Expulsion

Le 3 Janvier 2007, l’Occupant a rejeté définitivement la demande de Plan d’Urbanisme du village. Les autorités de l’Occupation ont décidé que :

• Les maisons et les hangars du village étaient « construits illégalement » et ne sont pas autorisés.

• Certaines maisons se trouvaient dans la zone réservée à la future route n° 531, ‘selon la carte n o T/927’

• Les maisons construites "illégalement" dans la zone de la future route sont à moins de 2 km d’Azzoun. L’Occupant a décidé qu’Azzoun avait un plan d’urbanisme « capable d’absorber plus de 76% de l’augmentation de population prévue d’ici 2015"
Sur la base de ces éléments, la demande du plan d’urbanisme du village a été rejetée. L’Occupant a expressément souligné que « les mesures prises pour obtenir un plan d’urbanisme n’annulaient pas les ordres de démolition émis".

Ein Jwaiza dans le village de Walaja

Ein Jwaiza fait partie du village de Walaja, à l’ouest de Bethléem. 300 personnes y vivent dans 45 maisons sur une superficie de 2500 dunams. Après l’occupation de la Cisjordanie en 1967, le quartier de Jwaiza a été annexé dans les frontières de la municipalité de Jérusalem par l’occupant, sans reconnaître l’existence des populations qui y vivaient.

En effet, les habitants n’ont pas été informés de cela jusqu’au début des années 90 quand des bulldozers ont commencé à raser le secteur. Les Forces d’Occupation ont démoli des maisons et distribué des ordres de démolition à toutes les maisons construites après 1967.
À ce jour, 18 maisons ont été démolies : certaines d’entre elles ont été démolies plusieurs fois, après avoir été reconstruites.

La maison de trois chambres de Munzer Hamad, 33 ans, a été démoli en Novembre 2006. Les voisins lui ont offert le gite et ont récolté des fonds pour reconstruire sa maison. Cela a été fait rapidement, mais en Décembre 2006, les Forces d’Occupation sont revenues et ont démoli à nouveau la maison. Munzer et sa famille se sont retrouvés sans-abri pour la seconde fois.

Comme les populations menacées dans les villages de Cisjordanie, les habitants d’Ein Jwaiza sont soumis à un harcèlement continuel de l’occupant pour les forcer à partir.

Face au nettoyage ethnique actuel qui a commencé en 1948 et se poursuit en 2008, les Palestiniens restent inébranlables et se battent pour chaque dernier pouce de terre. Alors que les routes d’Apartheid et le Mur morcellent la Palestine en ghettos sous contrôle des forces de l’Occupation, les Palestiniens continuent à lutter pour leur existence.

Le défi pour les institutions palestiniennes et la société civile

Au cours des travaux menés sur le terrain, il apparaît que la majorité du public pense que l’Autorité Palestinienne et ses institutions ainsi que les organisations civiles n’abordent pas assez la politique actuelle de déplacements. Il n’existe pas de plans ou de stratégies de travail pour fournir les conditions minimales requises afin de briser l’isolement et soutenir la ténacité de la population dans les enclaves isolées.

Au contraire, de nombreux programmes axés sur les régions isolées ont été interrompus en raison de la difficulté d’accès à ces centres de population. Au lieu de cela, l’accent a été mis sur les zones autour des enclaves isolées.

Ce type d’orientation ne parvient pas à lutter contre l’approche de l’occupant qui est de pousser la population des régions isolées à partir vers des centres de population où sont présents les emplois et les services. Ces programmes vont de pair avec la politique de l’occupant qui a pour but d’isoler et de détruire ces populations, et de les déplacer vers des agglomérations voisines. Les populations concernées espèrent que les politiques institutionnelles seront revues afin de mettre en valeur la ténacité des villages isolés

Source : http://stopthewall.org/  Traduction : MG pour ISM