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Pitres malfaisants, gradés indignes : asile d’aliénés en uniforme ! (ndlr)

Le général de l’ail et de l’oignon

Par Gideon Levy, Ha’aretz (version anglaise en suite de cet article)

lundi 14 juillet 2008

Et voici la dernière trouvaille, dans la guerre contre la terreur : la guerre contre les coiffeurs.

Après que le Hamas ait reçu le soutien de plus de la moitié de la population Palestinienne, largement en raison de la politiques suivie par le gouvernement sioniste, après avoir essayé de combattre le Hamas avec des armes et un siège, des destructions et des meurtres, des arrestations de masse et des déportations, maintenant, les Forces de Défense et le service de sécurité du Shin Bet ont trouvé quelques chose de complètement nouveau, la guerre contre les centres commerciaux, les boulangeries, les écoles et les orphelinats. D’abord à Hébron, et maintenant à Naplouse. L’armée d’occupation ferme des salons de coiffure, des boutiques de vêtements, des cliniques, et même une laiterie, en invoquant à chaque fois une connexion avec le Hamas, ou encore que le loyer payé est donné à une organisation terroriste.

Ces images stupéfiantes d’un ordre de fermeture décidé par le général commandant la sécurité, collé sur la vitrine d’un marchand de cosmétiques ou un centre de physiothérapie, ou encore l’ordre de confiscation apposé à un four à pizza, montrent que l’occupation sioniste a perdu la raison. Il y a quelques mois, j’ai visité les institutions charitables et les centres commerciaux que les forces d’occupation ont commencé à fermer à Hébron ; j’y ai vu des scènes dont l’absurdité rend furieux. Une école moderne, construite pour 1 200 élèves, fermée sur ordre du général commandant de l’occupation, et une bibliothèque pour les jeunes sur le point d’être fermée.

L’occupation prouve de la sorte qu’il n’y a pas d’endroit où les Palestiniens puissent vivre hors de sa portée, et qu’elle ignore les frontières. Une armée qui ferme une école, une boulangerie, un pensionnat ; des soldats qui effectuent un raid dans une station de télévision dûment autorisée, qui confisquent son équipement et menacent de la fermer, comme cela est arrivé il y a peu à la station Afqa TV à Naplouse !

En zone sioniste, aucune voix ne s’est élevée pour protester, bien entendu, que ce soit contre la fermeture de l’école ou contre celle de la station de TV. Selon la ligne de pensée sioniste, si nous fermons une boulangerie qui fait des beignets pour les orphelins, la puissance du Hamas va diminuer ; si jetons à la rue des centaines d’enfants dans le besoin que nous chassons de leur orphelinat, la puissance du Hamas va diminuer ; ces enfants et leurs parents vont commencer à éprouver de la sympathie pour le régime sioniste ; si nous fermons un centre commercial plein de monde, les commerçants fous de rage et leurs clients vont devenir des supporters du Fatah.

Il y a longtemps que l’occupation sioniste ne s’est pas montrée sous un jour aussi ridicule et inhumain que dans ces opérations de fermeture et de confiscation ordonnées par le Commandant du Commandement Central de l’Occupation, le Général Gadi Shamni, le général de l’ail et de l’oignon, à en juger par les produits que ses soldats ont confisqué des entrepôts de nourritures de Hébron. Ces opérations illégales, assurément immorales, mais néanmoins à courte vue, envoie un message clair et fort. L’occupation a perdu toute retenue d’ordre moral et tout bribe de sagesse. A quel niveau de barbarie est descendu une armée qui vide les entrepôts de nourriture et les vêtements des gens dans le besoin ? A quel niveau de ridicule sont parvenus les ordres signés par le Commandement Général de l’Occupation pour fermer les salons de coiffure ? Quel degré de pathétique est celui d’un raid militaire contre des boulangeries et quelle cruauté que celle d’une occupation qui ferme des cliniques, quel qu’en soit le prétexte !

Le Hamas a rempli le vide créé en Cisjordanie et à Gaza. Comme tout mouvement religieux, il a poussé ses bourgeons sur un terreau de détresse et de pauvreté. Et voilà qu’arrivent les sionistes, disant « rendons la pauvreté ét la détresse encore pires ! »Dans quel but ? Pour combattre le Hamas ! Il n’y a rien de plus absurde. Des dizaines de milliers d’enfants pauvres en Cisjordanie n’ont nulle part où aller à part les institutions charitables que le régime sioniste soupçonne d’être liées au Hamas, alors que nombre d’entre elles étaient installées bien avant que cette organisation ait seulement vu le jour. Le régime sioniste a cessé de prendre soin des besoins de la population sous occupation, bien que ce soit là une de ses obligations aux termes du droit international, et l’Autorité Palestinienne ne se montre pas spécialement intéressée par les problèmes économiques et sociaux. Le Fatah a toujours consacré plus de ressources aux camps militaires, aux fusils et aux voitures de fonction qu’aux orphelinats, aux lits d’hôpitaux, et aux machine de dialyse.

C’est ce vide là qui a été rempli par le mouvement islamique, qui propose une liste de services impressionnante. L’orphelinat que j’ai visité à Hébron est l’un des plus beaux et des lieux tenus que j’aie vus. Il faut une drôle de cruauté pour menacer de le fermer, une drôle d’audace pour dire que faire cela servira à la guerre contre la terreur, et une drôle de stupidité pour penser qu’une telle mesure servira à quelques chose. La fermeture des magasins et des centres commerciaux ne fera que porter un coup supplémentaire à l’économie Palestinienne, qui se bat encore maintenant pour tenir le coup dans des conditions de quarantaine. Le régime sioniste n’a donc rien appris de l’échec du siège de gaza ?

Quiconque visite les institutions charitables peut voir que tout l’argent qui va vers ces organisation n’est pas orienté vers des ceintures d’explosifs pour des attentats suicides. Les habitants de la Cisjordanie ne peuvent pas être en même temps emprisonnés, empêchés de gagner leur vie, et privés de tout système de prise en charge sociale alors que nous frappons ceux qui essaient de le faire, quels que soient leurs motivations.

Si le régime sioniste veut combattre les institutions charitables, il doit au moins offrir des services alternatifs ? Sur le dos de qui combattons nous la terreur ? Sur celui des veuves ? Sur celui des orphelins ? C’est une honte.
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et voici l’article original en anglais

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Sun., July 13, 2008 Tamuz 10, 5768

The general of onions and garlic

By Gideon Levy

Here is the "next thing" in the war against terror : the war against hairdressers. After Hamas took over half the Palestinian people, in no small measure because of Israel’s policies, after we tried to fight Hamas with weapons and siege, destruction and killing, mass arrests and deportations, the Israel Defense Forces and Shin Bet security service have invented something new : a war on shopping malls, bakeries, schools and orphanages. First in Hebron, now in Nablus. The IDF is closing beauty salons, clothing stores and clinics, and even one dairy farm, all on the pretext that they are connected to Hamas, or the rent they pay is given to a terror organization.

These bizarre pictures of a closure order issued by the general of command, stuck on the window of a cosmetics store or a physiotherapy center, of a confiscation order stuck to a pita oven, show that the Israeli occupation has gone crazy. A few months ago I visited the charity institutions and commercial centers the IDF has begun closing in Hebron ; I saw infuriatingly absurd scenes. A modern school, intended for 1,200 students, standing closed on orders of the GOC, and a library for young people about to shut.

Thus the occupation proves once again that there is no place in Palestinians’ lives that it cannot reach, and that it has no boundaries : An army that closes a school, library, bakery and boarding school ; soldiers who raid a licensed commercial television station, confiscating its equipment and threatening its closure, as happened recently at the Afaq TV station in Nablus.

In Israel no voices were raised in protest, of course, either against the closing of the school or the closing of the TV station. According to the Israeli train of thought, if we close a bakery making bagels for orphans, Hamas’ power will weaken ; if we throw hundreds of needy children into the streets from their boarding school, they and their relatives will become sympathetic to Israel ; if we close a crowded shopping mall, its irate owners and customers will become Fatah supporters.

The Israeli occupation has not been seen for a long time in such a ludicrous and inhumane light as in these closure and confiscation operations ordered by GOC Central Command Gadi Shamni, the general of onions and garlic, to judge by the produce his soldiers confiscated from the Hebron food warehouses. Illegal, certainly immoral, but no less shortsighted, these operations broadcast a message loud and clear : The occupation has lost all moral inhibitions and any shred of wisdom. How wretched is an army that empties storerooms of food and clothing for the needy, how ridiculous that the GOC signs orders to close hairdressing salons, how pathetic is a military raid on bakeries and how cruel is an occupation that shuts down clinics on any pretext.

Hamas has entered the vacuum created in the West Bank and Gaza. Like any religious movement, it sprouted in the soil of distress and poverty. Now Israel comes along and says let’s make the poverty and distress even worse. Why ? To fight Hamas. There is nothing more absurd. Tens of thousands of poor children in the West Bank have nowhere to turn to aside from the Islamic charities that Israel suspects of being linked to Hamas, although many were established long before the organization was born. Israel stopped seeing to the population’s welfare under the occupation, despite its obligation under international law, and the Palestinian Authority is also not showing any special interest in social and economic needs. Fatah has always devoted more resources to military camps, guns and official cars than to orphanages, hospital beds and dialysis machines.

This is the vacuum the Islamic Movement is filling, offering an impressive level of services. The orphanage I visited in Hebron is one of the most beautiful and well-cared for I have seen. It takes quite a bit of cruelty to threaten its closure, quite a bit of audacity to argue that doing so will serve the war on terror, and quite a bit of stupidity to think that such a measure will help. The closing of stores and malls will only land another blow on the Palestinian economy, which even now is struggling to hold up under conditions of quarantine. Has Israel learned nothing from the failure of the siege on Gaza ?

Anyone who visits the charity institutions would see that not all the money flowing to these organizations is earmarked for buying suicide belts and explosives. The West Bank’s residents cannot be simultaneously imprisoned, prohibited from earning a living and offered no social-welfare assistance while we strike at those who are trying to do so, whatever their motives. If Israel wants to fight the charitable associations, it must at least offer alternative services. On whose back are we fighting terror ? Widows ? Orphans ? It’s shameful.