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La force des mots (ndlr)

« Dis-moi Hussam, qu’est-ce qui t’a pris ? »

par Al Faraby - Aloufok

jeudi 3 juillet 2008

jeudi 3 juillet 2008.

« Alors Hussam, t’as voulu saboter les pourparlers de paix, c’est ça ? »
« non »

« t’as voulu empêcher les échanges des détenus libanais contre les corps des deux soldats capturés par le Hezbollah ? »
« non »

« t’as voulu venger l’un des membres de ta famille tué ou emprisonné par les forces d’occupation ? »
« non »

« t’as voulu exprimer ta solidarité avec tes frères de Gaza ? »
« non »

« t’as voulu protester contre la construction du mur ? »
« non »

« t’as voulu accomplir une opération héroïque ? »
« non »

« t’as voulu protester contre la guerre en Irak ? »
« non »

« t’as voulu protester contre les menaces formulées contre l’Iran ? »
« non »

« t’as voulu protester contre le partage de la ville de Jérusalem ? »
« non »

« t’as voulu te venger de ta femme qui t’a quittée ? »
« non »

« t’as voulu une augmentation de salaire qui t’a été refusée ? »
« non »

« t’as voulu te suicider et tu t’es dit -autant en emporter quelques uns avec moi- ? »
« non »

« t’as voulu te rendre célèbre en mourant, auquel cas c’est raté, il n’y en a que pour Ingrid Betancourt ? »
« non »

« dis-moi alors, Hussam, qu’est-ce qui t’a pris ? »

« je n’en sais rien... tout est allé très vite dans ma tête... j’ai appuyé de plus en plus sur la pédale... je voyais le puissant engin foncé sur le grand boulevard et tout emporter sur son passage... plus rien ne semblait pouvoir lui résister et j’étais seul maître à bord... vraiment le maître... toute cette mécanique m’obéissait totalement... dans ma petite cabine je me sentais à l’abri de tout... je sentais que je pouvais aller où je voulais... sans l’autorisation de personne... je voyais que tout le monde m’évitait, les voitures, les bus, les camions, les passants... tout le monde me craignait... plus ça durait, plus c’était excitant... et plus le sang me montait à la tête... c’était une sensation bizarre, comme si je n’existais plus, que tout ça n’était pas réel... comme dans un jeu vidéo... tu sais, ces jeux où pour gagner il faut en tuer le maximum... y en a plein sur Internet... »

« comme un jeu vidéo dis-tu !? »

« oui, c’est ça... j’étais le plus fort, invincible... je tuais tout le monde »
« le plus fort, dis-tu !? »

« oui »

« contre qui ? »

« contre les forces de l’axe du mal... »

« et à quoi ressemble cet axe du mal ? »

« à rien... c’est du jeu ! »

« enfin Hussam... te rends-tu compte qu’à ce stupide jeu t’as failli remettre en cause les pourparlers de paix et empêcher qu’ils aboutissent avant le départ de George ? »

« quel George ? »

« celui de l’axe du bien »

« mais non... tout ça c’était du jeu »

« sauf que voilà, un de leur tireur d’élite a fait justice lui-même et tu ne pourras pas le leur dire... même si tu le pensais vraiment, ils ne t’auront pas cru ! »

« je te jure que c’était pour jouer »

« ... !? »

Al Faraby
Jeudi, 03 juillet 2008