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Nouvelles du jour

Chronique de l’occupation

Dimanche, 1 juin 2008

dimanche 1er juin 2008

Numéro : 554

nombre d’entrées : 7

Envoyé le 31/05/08

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55401

L’armée coloniale s’empare de 4 civils à Naplouse

L’armée d’occupation a envahi le camp de réfugiés de la ville de Naplouse, samedi 31/05/08, et y a appréhendé 4 civils.

Les sources locales ont déclaré qu’un grand nombre de jeeps militaires ont donné l’assaut au camp de réfugiés et que les soldats ont fouillé et mis à sac un certain nombre de maisons. Pendant les opérations de fouille, les soldats ont ouvert le feu sur les maisons des habitants en causant eaucoup de dégâts, ont déclaré des témoins.

Les soldats ont quitté le camp de réfugiés après plusieurs heures et ont kidnappé Waled Dawodi, 40 ans, Qassem Mabruk, 40 ans, Amjad Mabrouk, 33 ans, et Abed Al Rahman Mabruk, 18 ans.

[commentaires : des entrefilets comparable à celui-ci, j’en ai mis en forme, depuis près de deux ans, des centaines. Avec un petit nombre de variantes, c’est le récit interminable de la brutalité d’une occupation qui ne traduit que la détestation, la haine et le mépris. Et je ne puis que songer à ce que j’ai repris hier, sous la plume d’Avigail Abarbanel, qui explique par quel mécanisme la souci de la protection de populations qui se sont senties, autrefois, et ailleurs, menacées, s’est transformé en cette attitude de racisme dément qui fait que le régime sioniste finit par avoir, tout à fait consciemment et délibérément, une telle politique qui « rend la vie des Palestiniens à l’intérieur et à l’extérieur d’Israël aussi incroyablement infernale ». Kefaya !]

Ghassan Bannoura - IMEMC & correspondants – Samedi 31 mai 2008 – 13 : 06

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55402


Les soldats tuent une femme âgée à Khan Younès

Les sources médicales Palestiniennes ont rapporté qu’une Palestinienne de 70 ans a été abattue, vendredi 30/05/08 à l’aube, par des tirs sionistes, lorsque les soldats ont envahi la ville de Khuza’a, à l’est de Kahn Younis, dans la partie sud de la Bande de Gaza, en tirant des rafales à balles réelles sur des dizaines de maisons.

Les sources ont déclaré que Yosra Au Rock, 70 ans, a été abattue par plusieurs rafales de munition de combat dans la poitrine et d’autres parties de son corps.

Grièvement blessée, elle a été transportée à l’hôpital Nasser à Khan Younès où elle a été officiellement déclarée morte.

Les soldats, appuyés par plusieurs véhicules blindés, avaient envahi la zone dans la soirée de jeudi 29/05/08 alors que des bulldozers militaires déracinaient les cultures et démolissaient plusieurs serres.

L’armée a progressé de plusieurs centaines de mètres à l’intérieur de la zone et s’en est plus tard retirée en laissant des dégâts considérables causés aux maisons et aux cultures.

[commentaires : faire la guerre au plantes et à la terre elle-même, les sionistes remettent au goût du jour un châtiment employé dans l’antiquité, où on semait du sel sur les terres qu’on voulait rendre pour longtemps inutilisables ; Quelle bestialité !]

Saëd Bannoura - IMEMC & correspondants – Samedi 31 mai 2008 – 06 : 45

http://www.imemc.org/article/55180

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55403

Les forces d’occupation à Gaza ouvrent le feu sur une foule de manifestants Palestiniens désarmés

Lorsque quelque 3 000 Palestiniens se sont rassemblés dans une manifestation pacifique contre le siège qui leur est imposé depuis un an par le régime sioniste, les troupes sionistes ont ouvert le feu sur le feu sur la foule avec des munitions de guerre, faisant 6 blessés, dont 2 dans un état grave.

Selon un porte parole militaire sioniste, l’armée a tiré sur la foule « pour faire reculer les émeutiers », et pour les empêcher de s’approcher de la ligne de démarcation avec la zone sioniste, ajoutant que l’armé sioniste « utilisera toute sa force pour empêcher des manifestants de s’approcher de la barrière de sécurité ou du point de passage... et de pénétrer dans le (prétendu) état sioniste ».

Le porte parole du Hamas, Hammad Ar-Reqel, a déclaré que la manifestation était complètement pacifique, et que les soldats sionistes n’avaient aucune raison d’ouvrir le feu. Il a déclaré « Si le régime sioniste de répond pas à nos messages, alors il doit s’attendre à en recevoir davantage. Mais nous n’attendrons pas la mort de davantage de Palestiniens. »

Cette manifestation n’était que l’une de nombreuses démonstrations organisées au cours des derniers moi, car les Palestiniens, à gaza, restent prisonniers des forces sionistes, sans possibilité de sortir, sans importation ni exportations, sans secours alimentaire, sans médicaments, sans essence ou autres denrées de première nécessité. Le régime sioniste, avec le soutien des Etats Unis et de l’Union Européenne, impose une guerre de siège aux habitants civils de la Bande de Gaza depuis que le gouvernement du Hamas a été élu par le peuple Palestinien et a pris le pouvoir à Gaza.

Saëd Bannoura - IMEMC & correspondants – Samedi 31 mai 2008 – 06 : 06

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55404

Le ministre sioniste de l’habitat va autoriser la construction de 1 460 nouveaux logements dans des implantations de Jérusalem Est

En violation flagrante des promesses de suspendre la construction d’implantations, faites à Annapolis en novembre 2007 par le premier ministre Olmert, le ministre sioniste de l’habitat Ze’ev Boim a annoncé vendredi 29/05/08 qu’il allait donner des permis de construire pour 1 460 nouvelles unités d’habitation dans trois implantations construites sur des terres Palestiniennes à Jérusalem Est.

Cette annonce intervient quelques jours seulement après celle des projets du premier ministre de se rendre à Washington pour faire le point sur le progrès du processus de paix. Après le prétendu « Sommet d’Annapolis », qui n’a été qu’une réunion à sens unique entre des factions sionistes et palestiniennes à Annapolis, aux Etats Unis, Olmert avait annoncé que toute nouvelle construction dans les implantations sionistes devait être approuvée à la fois par lui-même et par le ministre de la défense (Barak). Mais, malgré cette promesse, la construction a continué sans aucun ralentissement dans un certain nombre d’implantations en Cisjordanie.

Le ministre de l’habitta, Ze’ev Boim, a déclaré, dans un interview donné vendredi 30/05/08 à la radio Kol Hai que les 1 460 nouveaux permis de construire « devaient être considérés comme un cadeau fiat à la ville [de Jérusalem] pour le 41ième anniversaire de son émancipation. » Ceci est une référence à ma création de l’établissement sioniste sur les terres Palestiniennes en 1947, et l’expulsion consécutive de centaines de milliers de Palestiniens indigènes qui vivaient sur ces terres.

Les implantations en question sont : Har Homa, construites sur des terres volées aux habitants Palestiniens de la municipalité de Beït Sahour, Pisgat Ze’ev, construite sur des terres volées au village Palestinien de Hizma, et Beïtar Ilit, construit sur des terres volées aux Palestiniens au sud de Jérusalem. Les nouvelles unités d’habitation à construire sont au nombre de 120 à Har Homa, 600 dans l’implantation de Beitar Ilit, et 700 à Pisgat Ze’ev.

En Avril, lorsque les permis pour ces nouvelles unités ont reçu un accord préliminaire, le journaliste Uzi Benjamin avait écrit, dans le journal Ha’aretz : « Il n’y a pas de doute : les mouvements ultra-orthodoxes sont devenues le fer de lance de l’entrepris d’implantation au delà de la Ligne Verte, et ils sont engagés dans une compétition entre eux pour déterminer lequel prendra la tête ; Olmert s’efforce de faire croire que sa réponse à leur demandes ne constitue qu’une modification insignifiante, mais en fait ce sont eux qui dictent l’agenda pour ce qui est des implantation de l’aitre côté de la Ligne Verte et, de cette façon, ils ont une influence considérable sur toute la scène palestino-sioniste. »

En 2006, lorsque ces trois implantations ont été largement développées avec l’approbation du gouvernement sioniste, les Palestiniens ont demandé au régime sioniste d’en finir une fois pour toutes avec ces larcins toujours plus graves portant sur des terres Palestiniennes en Cisjordanie. Le négociateur Palestinien Saëb Erekat avait déclaré alors « Cette action d’expansion permanente des implantations est un choix pour davantage d’obstacles, plus de problèmes, et plus de violence. J’espère vraiment que ce nouveau gouvernement va mettre un terme à cette politique. » Au lieu de prendre une telle décision, le gouvernement Olmert a annoncé un plan pour que les frontières définitives de l’état sioniste soient décidées d’ici à fin 2008.

Plus de 30 000 juifs orthodoxes vivent à Beïtar Ilit seulement. Toutes les implantations en Cisjordanie et à Jérusalem Est sont en violation direcet avec le droit international et la quatrième Convention de Genève, dont l’entité sioniste est signataire.

Saëd Bannoura - IMEMC & correspondants – Samedi 31 mai 2008 – 05 : 52

http://www.imemc.org/article/55178

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55405

Les soldats et les colons sionistes intensifient leurs attaques à Al-Khalil (Hébron)

Les forces d’occupation et les colons sionistes ont exécuté, hier vendredi et aujourd’hui samedi 31/05/08, une série d’attaques contre les citoyens palestiniens dans différentes zones des environs d’Al-Khalil.

Les forces d’occupation ont imposé, ce matin, samedi 31/05, un couvre-feu au village d’Al-Aroub et son camp de réfugiés, situés à l’Est de la ville d’Al-Khalil, lançant une campagne de fouilles dans les maisons et les boutiques commerciales.

Des témoins oculaires ont déclaré au correspondant du Centre Palestinien d’Information que les soldats de l’occupation qui ont envahi la région, dès les premières heures de l’aube, se sont déployés dans toute la région, et ont interdit aux citoyens palestiniens de quitter leurs maisons.

Les forces d’occupation ont également attaqué le village de Beit Amr, où elles ont également lancé une campagne de fouilles dans les maisons palestiniennes sous prétexte de poursuivre des recherchés.
Dans le même contexte, des colons sionistes ont attaqué les maisons des citoyens palestiniens dans plusieurs quartiers situés près de la colonie sioniste de « Kériat Arba », installée illégalement sur les terres agricoles des citoyens palestiniens, à Est de la ville d’Al-Khalil.

Des témoins oculaires ont rapporté que des groupes de colons sionistes ont occupé le bâtiment d’Al-Rajabi et l’ont transformé en un foyer colonial, et ont exécuté, ce matin, samedi 31/5, de violentes opérations contre les citoyens palestiniens qui habitent dans les quartiers proches de ce bâtiment.

Des dizaines de colons sionistes se sont livrés à des pratiques racistes et extrémistes. Ils se sont regroupés sur la colline d’Al-Joumjouma près du village de Halhoul, au nord de la ville d’Al-Khalil, dasn le but de la confisquer pour construire une colonie sous la protection des soldats sionistes.

Al-Khalil – CPI - 31/05/2008 - 19:13

http://www.palestine-info.cc/fr/default.aspx?xyz=U6Qq7k%2bcOd87MDI46m9rUxJEpMO%2bi1s74gjS%2f%2fd3T%2fL5sw5GFTejww4Jjq3l1YRuTHxXNAoS0Fw6dSi1EzaTHq9N5RucnByBY1BPCWBVuHZSnM%2bRNODLXI92LHUAP%2b9jMMHDDyFSCKE%3d

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55406

Le Hamas déclare que le peuple Palestinien utilisera tous les moyens possibles pour briser le blocus

Le mouvement du Hamas a déclaré que la marche vers le passage de Sofa ainsi que les autres activités représentent un message adressé à tous les gouvernements et à toutes les institutions, dont le contenue est que le peuple palestinien utilisera tous les moyens possibles pour briser le blocus scandaleux imposé par les sionistes à la Bande de Gaza.

Le porte-parole du mouvement du Hamas, le Dr Sami Abou Zouhri, a déclaré, hier vendredi 30/05, dans une conférence de presse qui a eu lieu à Gaza, que ces marches sont le titre de la prochaine étape pour rompre le blocus et que nous allions poursuivre nos activités et efforts et tous les moyens possibles pour briser le blocus sioniste.
Il a ajouté que son mouvement a soutenu assez longtemps les efforts égyptiens qui visant à parvenir à une accalmie avec l’état de l’occupation, qui n’a pas compris la réalité de la patience du mouvement Hamas, en conséquence nous annonçons que nous allions utiliser tous les moyens possibles pour briser le blocus sioniste.

Le mouvement du Hamas a appelé les gouvernements arabes et la direction égyptienne à prendre une décision immédiate pour ouvrir le passage de Rafah, vu l’entêtement sioniste permanent, tout en affirmant que le peuple palestinien ne renoncerait pas à son droit à l’ouverture des passages dont celui de Rafah.

Abou Zouhri a appelé les peuples arabes et islamiques à confirmer leur solidarité avec le peuple palestinien et envoyer à tous les côtés un message de leur soutien aux palestiniens, en appelant également les habitants de la bande de Gaza à être prêts pour casser le blocus.
Abou Zouhri a souligné lors de sa conférence de presse, que le silence et la faiblesse de la communauté internationale sont permanentes envers le blocus sioniste qui a détruit la Bande de Gaza, en obligeant le peuple palestinien à défier ce blocus.

Gaza – CPI - 31/05/2008 - 16:58

http://www.palestine-info.cc/fr/default.aspx?xyz=U6Qq7k%2bcOd87MDI46m9rUxJEpMO%2bi1s7pZaAVn9AKdrJW0FEnH6DlV%2fW7acg9DREJf8pOFvp51gZRi9cppaRIUj18OBEkpIvwwIX5LUHm7OdcwLh%2f9oOasIMj8Q3RxpV0aeZeq4Sl68%3d

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55407

La défense du fascisme juif par Yehezkel Dror dans The Forward

http://themagneszionist.blogspot.com/2008/05/yehezkel-drors
 defence-of-jewish.html
21 mai 2008

« Fascisme » signifie des choses très diverses pour beaucoup de gens. C’est, je le concède, un terme dont il est fait un usage abusif. Les gauchistes crient tellement souvent au « fasciste » qu’il est difficile de reconnaître un vrai fasciste quand vous en voyez un. Alors, pour les besoins de cet article, permettez-moi de définir le « fascisme juif » comme la croyance que l’existence d’un Etat juif prime toutes les valeurs, en particulier les valeurs morales, que la morale individuelle et collective doit être subordonnée aux intérêts de cet Etat. Dans l’historiographie sioniste, le « fascisme juif » est identifié avec les révisionnistes, mais c’est discutable. Jabotinsky, comme beaucoup d’autres, a souvent adopté le discours fasciste, mais il était ambivalent. Les sionistes travaillistes n’aimaient pas s’exprimer ouvertement comme Jabotinsky, parce qu’ils étaient socialistes, mais leur tactique confirmait sa stratégie. Ces dernières années, le fascisme juif a été associé avec les néocons comme Poldheretz ou Ruth Wisse qui ouvre son livre sur le pouvoir juif avec une histoire impliquant l’idée qu’un Juif immoral mais vivant vaut mieux qu’un mensch juif mort, ce que même Judah Halevy n’aurait pas cru.

Yehezkel Dror, professeur émérite en sciences politiques de l’Université Hébraïque de Jérusalem et lauréat du Prix Israël, a écrit, dans The Forward, une défense, pas si brillante que ça, du fascisme juif. L’argument est bien connu, avec ses élisions bien connues : l’Etat d’Israël = le peuple juif, donc la survie du premier est la même chose que la survie du second, ou en est au moins une condition nécessaire. Dror ne soulève même pas la question de savoir si l’Etat d’Israël est bon pour la survie des Juifs ; il tient cette vérité pour évidente. Le fait que, depuis 1945, davantage de Juifs sont morts en tant que juifs à cause de l’Etat juif bien plus que pour toute autre raison, ne l’embarrasse pas. Le fait que pas un seul Juif n’a été sauvé par l’Etat juif, qui n’ait été au préalable mis en danger par ce dernier, ne l’effleure pas. Il pourrait bien sûr avancer que l’existence juive est plus assurée qu’il y a un siècle. Mais il ne le fait pas et n’en fait simplement aucun cas.

Mais supposons avec lui que la survie d’Israël = la survie des Juifs. La question est de savoir ce qu’il est possible de faire afin d’assurer cette survie. Et il apparaît qu’arrivé là, Dror, comme beaucoup d’autres fascistes intellectuels, se défile. Il accorde qu’il est légitime de critiquer la politique de l’Etat dès lors qu’elle est déraisonnable ou qu’elle ne fait pas avancer les intérêts de l’Etat. Qui est censé juger quels sont ces intérêts ? Eh bien, je suppose que c’est Dror et d’autres ayant la même tournure d’esprit ; il n’y a certainement aucun bon argument montrant en quoi une démocratie à l’israélienne est essentielle à la survie de l’Etat. Une théocratie fondamentaliste à l’iranienne ferait aussi bien l’affaire.

Non, pour Dror, la question se situe entre realpolitik et morale libérale ; laisser tomber la seconde, dit-il, au profit de la première. Très bien. Dans ce cas, nous avons laissé tomber le néoconservatisme et l’interventionnisme libéral, et nous nous retrouvons avec la thèse de Walt et Mearsheimer selon laquelle le soutien illimité des Etats-Unis à Israël va à l’encontre des intérêts américains. Notez, je n’ai aucun problème avec la realpolitik (désolé, les copains), mais pourquoi dire que cela a quelque chose à voir avec le judaïsme ou avec les Juifs ? Une fois de plus, Dror n’a aucun argument en faveur d’un Etat démocratique libéral ; il y croit, précisément du fait des valeurs dans lesquelles il a été élevé.

Les Etats sont-ils des acteurs moraux ? C’est là une longue discussion philosophique dans laquelle je ne peux m’embarquer. Mais qu’ils le soient ou non, des Etats qui permettent à l’immoralité de s’étendre, ne sont généralement pas stables dans la durée. Si Dror veut soutenir que la morale libérale est dans l’intérêt de l’Etat juif (d’un côté, elle est un facteur de stabilisation, de l’autre elle facilite l’acceptation d’Israël dans la famille des nations), c’est une chose. Et j’imagine qu’il en tomberait d’accord. Mais on peut voir un signe de sa pauvreté intellectuelle dans le fait qu’il ne parvient pas à voir que cette conclusion est sapée par sa principale déclaration.

La vérité, c’est que des gens comme Dror, Podhoretz et Wisse essaient de fournir des justifications morales aux actes d’Israël. Lorsqu’ils pensent ne pas pouvoir y parvenir, ils recourent à la stratégie juive fasciste pour laquelle la « survie » d’Israël prime toutes considérations. La forme que prend leur argument est la suivante : soit les actions d’Israël sont morales, soit la morale ne compte pas.

Bien sûr, comme je l’ai dit, rien de tout ceci n’a à voir avec le judaïsme. Je suppose que cela a quelque chose à voir avec tous ces rois juifs de la Bible qui identifiaient leurs propres intérêts avec les intérêts de leur peuple et à qui les prophètes s’empressaient d’ôter cette idée de la tête. Le judaïsme prophétique ne compte pas pour beaucoup avec les fascistes juifs. Le fascisme juif est la dernière version d’un fanatisme juif remontant à Reuven et Shimon, qui voulaient massacrer tout un peuple pour venger l’honneur perdu de leur sœur Dina. Pour eux, la survie du clan primait sur toute morale. Pour David Hazony, éditeur de « Azure », les deux frères étaient simplement engagés dans la realpolitik.
Ma réponse – la réponse juive – tient dans les derniers mots d’Israël : Be-sodam al tavo nafshi. « Je ne prendrai pas part à leurs conseils » [« Que mon âme n’entre pas dans leurs conseils » - Trad. Bible de Jérusalem, Gn 49:6]. Le fanatisme juif est aussi juif que le falafel, mon plat palestinien favori.

(Traduction de l’anglais : Michel Ghys)

Ci-dessous, le texte auquel fait référence Jeremiah Haber

Quand la survie du peuple juif est en cause, il n’y a pas place pour la morale

Opinion

Yehezkel Dror
The Forward, 15 mai 2008
www.forward.com/articles/13388/

Il y a peu de discussion autour de l’idée que tout leader juif, toute organisation, communauté juive et tout individu juif, a le devoir d’aider à assurer la continuité du peuple juif. Mais dans un monde où l’existence à long terme de l’Etat juif est loin d’être certaine, l’impératif d’exister soulève inévitablement de difficiles questions, dont celle-ci qui est la plus importante : lorsque la survie du peuple juif entre en conflit avec la moralité du peuple juif, l’existence vaut-elle la peine, est-elle même possible ?

Je dirais que l’existence physique doit primer. Peu importe à quel niveau de moralité une société aspire, l’existence physique doit avoir la priorité.
Des dangers évidents, tant extérieurs qu’intérieurs, menacent l’existence même d’Israël comme Etat juif. Il est fort probable que l’effondrement d’Israël ou la perte de sa nature juive saperait l’existence du peuple juif dans son ensemble. Et même avec l’existence d’un Etat juif, des dangers moins clairs mais non moins fatals, menacent l’existence à long terme de la diaspora.

Lorsque les exigences de l’existence entrent en conflit avec d’autres valeurs, la realpolitik devrait se voir attribuer la priorité. Depuis la menace d’un conflit désastreux avec des acteurs islamistes comme l’Iran jusqu’à la nécessité de maintenir des distinctions entre « nous » et « les autres » afin de limiter l’assimilation, cet impératif devrait guider les décideurs politiques.

Malheureusement, l’histoire humaine réfute l’affirmation idéaliste selon laquelle, pour exister dans la durée, un état, une société ou un peuple doit être moral. Etant donné les réalités prévisibles du 21e siècle et au-delà, de rudes choix sont inévitables, les exigences de l’existence venant souvent contredire d’autres valeurs importantes.
Certains pourraient arguer que donner la priorité à l’existence peut se révéler contreproductif pour l’existence elle-même, parce que ce qui peut être considéré comme un acte immoral peut saper le soutien, extérieur et intérieur, essentiel à l’existence. Cependant, le calcul de la realpolitik donne la primauté à l’existence, laissant une place limitée aux considérations éthiques. La triste réalité, c’est que le peuple juif peut être confronté à des choix tragiques dans lesquels des valeurs importantes doivent être sacrifiées pour de plus importantes encore.
Des décisions responsables dans des situations aussi difficiles exigent une claire reconnaissance des questions morales qui y sont mêlées, une soigneuse évaluation de toutes les valeurs en jeu et une acceptation de la responsabilité de son propre jugement autonome. Elles requièrent également un effort en vue de réduire au minimum la violation des valeurs morales.

Néanmoins, une fois confronté à de tels choix, le peuple juif ne devrait pas se laisser emprisonner par une rectitude politique ou autres modes de répression de la pensée. S’agissant de la Chine, par exemple, les efforts en vue de renforcer les liens de la nouvelle superpuissance avec le peuple juif devrait constituer un atout surclassant les campagnes à tournure morale visant à modifier la politique intérieure de Pékin et sa manière de traiter le Tibet. Il en va de même pour la Turquie : étant donné son rôle crucial de pacification au Proche-Orient, la discussion pour savoir si les Ottomans ont commis un génocide à l’encontre des Arméniens devrait être laissée aux historiens, de préférence non juifs.
Cela ne revient pas nécessairement à fermer les yeux sur la politique de la Chine, ni à nier l’histoire arménienne. Il s’agit bien plutôt de reconnaître que si justes ou non que puissent être de telles positions morales, le peuple juif doit donner la priorité à l’existence.
Ce qu’il faut, c’est une réflexion a priori sur les valeurs, de manière à disposer de lignes directrices pour le jugement dans des contextes spécifiques et des conditions de crise. Le problème global est de savoir si, pour le peuple juif, l’impératif d’exister est un impératif catégorique l’emportant sur quasiment toute autre valeur, ou s’il constitue un impératif parmi beaucoup d’autres de statut équivalent. Etant donné à la fois l’histoire et la situation présente du peuple juif, je soutiendrais que l’impératif d’assurer l’existence est d’un poids moral prépondérant.
Laissons de côté la confiance dans les arguments transcendantaux, les commandements bibliques et les dits des sages, tous ouverts à des interprétations diverses. La justification du fait de donner la priorité aux nécessités de l’existence est quadruple.

Premièrement, le peuple juif a un droit naturel à exister, tout comme n’importe quel peuple ou civilisation.

Deuxièmement, un peuple qui a été régulièrement persécuté depuis 2000 ans a, moralement, le droit, en termes de justice distributive, d’être inflexible lorsqu’il prend soin de son existence, y compris le droit et même le devoir moral de tuer et d’être tué si c’est essentiel pour assurer l’existence – même au prix d’autres valeurs et d’autres peuples. Cet argument s’impose encore plus à la lumière du massacre sans précédent d’un tiers du peuple juif, il y a à peine quelques décennies – un meurtre de masse qui fut soutenu, directement ou indirectement, ou du moins pas empêché quand c’était possible, par une grande partie du monde civilisé.

Troisièmement, étant donné l’histoire du judaïsme et du peuple juif, il y a de fortes chances que nous continuerons d’apporter de très nécessaires contributions éthiques à l’humanité. Mais, pour pouvoir le faire, nous exigeons une existence stable.

Quatrièmement, l’Etat d’Israël est le seul pays démocratique dont l’existence même est menacée par des acteurs profondément hostiles, une fois encore, sans que le monde prenne des contre-mesures décisives. Ceci justifie – et en réalité, impose – des mesures qui seraient non seulement superflues mais encore potentiellement immorales en d’autres circonstances.

Le peuple juif devrait accorder beaucoup plus de poids à l’impératif d’assurer son existence, qu’à d’autres valeurs. Il y a bien sûr des limites ; rien ne peut justifier de lancer un génocide. Mais en dehors de quelques exceptions où être tué et détruit vaut mieux que transgresser des normes absolues, le fait d’assurer l’existence du peuple juif, y compris un Etat juif d’Israël, devrait être tenu pour une priorité majeure.
Donc, si la sécurité d’Israël se trouve significativement renforcée par de bonnes relations avec la Turquie et la Chine, mais que selon certains, la Turquie s’est rendue coupable de génocide dans le passé à l’encontre des Arméniens et que la Chine réprime aujourd’hui les Tibétains et l’opposition intérieure, les dirigeants juifs et les organisations juives devraient soutenir la Turquie et la Chine, ou au moins rester neutres lorsqu’on en vient à leurs affaires. Au minimum, les dirigeants juifs ne devraient pas se joindre au chœur des acteurs progressistes et humanitaires dans leur condamnation de la Turquie et de la Chine.
De la même manière, les dirigeants juifs devraient soutenir, même aux dépens des droits de l’homme et du droit humanitaire, la prise de mesures dures contre les terroristes qui mettent potentiellement les Juifs en danger. Et si la menace est suffisamment grave, l’emploi par Israël d’armes de destruction massive serait justifié s’il y a des chances que cela soit nécessaire pour assurer la survie de l’Etat, et cela en dépit du prix amer représenté par le grand nombre de civils innocents tués.
Il y a assurément beaucoup de place pour discuter de ce que l’existence requiert réellement. Le fait de donner la priorité à l’impératif d’exister n’implique pas un soutien à n’importe quelle politique d’Israël. En fait, c’est l’inverse qui est vrai : les dirigeants, les organisations et les individus de la diaspora ont le devoir de critiquer des politiques israéliennes qui, à leur sens, mettent en danger l’Etat juif et l’existence du peuple juif, en même temps que l’obligation de proposer des politiques alternatives assurant l’existence.

Mais au bout du compte, il n’y a pas moyen de contourner les implications pratiques, rudes et douloureuses, d’une priorité accordée à l’existence comme norme morale qui prime sur le fait d’être moral selon d’autres critères. Quand cela importe pour l’existence, le fait de violer les droits d’autres devrait être accepté, avec regret mais détermination. La question de soutenir ou condamner divers pays et leur politique devrait essentiellement se décider à la lumière des probables conséquences pour l’existence du peuple juif.

Bref, les impératifs de l’existence devraient se voir attribuer la priorité sur d’autres considérations – si importantes qu’elles puissent être – y compris les valeurs libérales et humanitaires, le soutien aux droits de l’homme et la démocratisation.

Cette conclusion tragique mais qui s’impose n’est pas facile à avaler, mais elle est essentielle pour l’avenir du peuple juif. Une fois notre existence assurée, y compris la sécurité fondamentale d’Israël, beaucoup de choses pourraient et devraient être sacrifiée au tikkoun olam. Mais étant donné les réalités présentes et les réalités prévisibles, assurer l’existence doit passer en premier lieu.

* Yehezkel Dror, président fondateur de l’Institut de Planification d’une Politique pour le Peuple Juif, est professeur émérite en sciences politiques à l’Université Hébraïque de Jérusalem. Il a reçu le Prix Israël. Il a été membre de la commission Winograd d’investigation sur la guerre d’Israël contre le Hezbollah en 2006

(Traduction de l’anglais : Michel Ghys)

CCIPPP et Jeremiah (Jerry) Haber (The Magnes Zionist) - mardi 27 mai 2008.

http://www.protection-palestine.org/spip.php?article6246