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Lettre de l’A.F.P.S. au Président de la République française

mardi 7 juin 2005

Association France Palestine Solidarité (AFPS)
Objet : communiqué - Lettre à Jacques Chirac

Paris, le 6 juin 2005

M. Président de la République
Palais de l’Elysée
55, rue du faubourg Saint-Honoré
75008 Paris

Monsieur le Président,

Ce n’est hélas pas une politique nouvelle, mais en revanche une politique qui s’intensifie dangereusement : les autorités israéliennes mettent en cause, en ce moment même, à Jérusalem, une stratégie qui vise à rendre impossible l’établissement d’un Etat palestinien jouissant d’une continuité territoriale, garantie de sa viabilité, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Ce 31 mai, des associations de défense des droits humains, et l’association Miftah que dirige Madame Hanan Ashrawi, alertent sur une nouvelle escalade : la municipalité israélienne de Jérusalem a entamé des mesures pour la destruction de 88 bâtiments, où habitent quelque 1 000 Palestiniens, dans le quartier de Silwan, dans Jérusalem Est. L’ingénieur de la ville, Uri Shetrit, prétendrait transformer le quartier en « Parc national » débarrassé de ses habitants palestiniens. Ce que confirme le quotidien israélien /Ha’aretz/ qui évoque un « parc archéologique ».

Condamnée par la Cour Internationale de Justice dans ses recommandations du 9 juillet 2004, recommandations adoptées par l’Assemblée générale des Nations-unies le 20 juillet grâce, notamment, au vote de la France et de ses 24 partenaires de l’Union européenne, la construction du mur se poursuit dans et autour de la ville, y créant autant de micro-ghettos et la coupant du reste de la Cisjordanie.

L’accès à Jérusalem des habitants du reste de la Cisjordanie est rendu quasiment impossible, de même que les Palestiniens jérusalémites ne peuvent se déplacer hors de la ville, en particulier vers le nord, sans permis spéciaux.

Des dizaines de maisons palestiniennes ont été détruites.

Le gouvernement israélien entend également étendre le bâti de la colonie de Ma’ale Adumim, qui s’étend sur des terres confisquées depuis Jérusalem jusqu’à la vallée du Jourdain, coupant totalement le Nord du Sud de la Cisjordanie. Au moment où la communauté internationale se polarise sur l’éventualité de l’évacuation de la bande de Gaza, où quasiment toutes les infrastructures institutionnelles et civiles ont été détruites et dont les autorités israéliennes prétendent continuer à contrôler et à boucler toutes les frontières, l’édification du mur et la colonisation s’accélèrent en Cisjordanie, et singulièrement à Jérusalem, dans le silence de la communauté internationale, en violation du droit international comme de la « Feuille de route ».

Pire : dans sa lettre du 14 avril 2004 à Ariel Sharon, George W. Bush annonce le soutien des Etats Unis au non-démantèlement des principaux blocs de colonies en cas d’éventuel accord final. Cela confère à l’Union européenne une responsabilité particulière pour faire prévaloir le droit international.

Nous apprenons également avec stupeur qu’au prétexte de fonds privés français, les autorités israéliennes s’apprêteraient à donner au quartier d’une colonie le nom de notre pays.

Aussi, Monsieur le Président, l’Association France Palestine Solidarité vous demande-t-elle solennellement :

1- D’exiger qu’aucun quartier d’aucune colonie, illégale au regard du droit international, ne porte le nom de la France.

2- De condamner sans ambiguïté la poursuite de la colonisation et de la construction du mur en Palestine occupée et notamment à Jérusalem.

3- Que la France se conforme aux recommandations de la Cour Internationale de Justice, au vote de l’Assemblée générale du 20 juillet et à son propre vote, en prenant toute mesure nécessaire et utile pour le démantèlement du mur

4- D’engager des sanctions politiques et économiques contre Israël, notamment par la suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, et de suspendre toute coopération militaire avec Israël, tant que cet Etat violera le droit international et ses obligations internationales.

Le bureau national de l’AFPS

Paris, le 6 juin 2005