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Nouvelles du jour

Chronique de l’occupation

Samedi 17 mai 2008

samedi 17 mai 2008

Numéro : 539

nombre d’entrées : 8

Envoyé le 16/05/08

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53901

Déclaration publique du Comité National pour la Commémoration de l’Anniversaire des 60 ans de la Nakba-Palestine

Il n’y a pas d’alternative au retour dans nos maisons et nos propriétés.

Au Peuple de Palestine,

Que vous viviez à l’intérieur de la « Ligne Verte », à Jérusalem, en Cisjordanie, à Gaza ou en exil : vous reviendrez, il n’y a aucun doute au fait que vous reveniez. Aujourd’hui, les cieux se feront l’écho de ce que vous dites d’une seule voix unie : « Il ne peut y avoir aucune alternative à notre retour. » Tous les sons se mêleront tandis que vos voix s’élèvent pour dire : « Il ne peut y avoir de paix sans notre retour sur nos terres et dans nos maisons originelles. »

Vous reviendrez, vos voix s’élèveront pour dire : « C’est notre terre, ce ciel est notre ciel, cette pierre, cet arbre, cette lune et cette mer sont notre pays, ce sera toujours notre Palestine. »

Vous reviendrez, il y a 60 ans ce même jour c’était notre Nakba, et aujourd’hui, soixante après, nous confirmons que nous ne laisserons jamais l’étendard du retour tomber par terre, et que l’heure de notre retour dans nos maisons et sur nos terres originelles est venue. Aujourd’hui, nous ne commémorons pas pour pleurer sur ce que nous avons perdu, nous nous rassemblons pour marcher, pour rentrer chez nous.

Vous qui, sans aucun doute, reviendrez,

On a dit que c’était une terre sans peuple pour un peuple sans terre ; mais quelle est la réalité ? La présence de notre peuple est inscrite dans l’histoire de cette terre, gravant profondément notre identité nationale comme celle d’un peuple luttant pour la liberté, la dignité et la liberté sur chaque pierre. Aujourd’hui, ces pierres volent à la face des mensonges de l’oppresseur qui nie notre existence et nos droits.

On a dit qu’en nous dispersant aux quatre coins de la terre, nous disparaîtrions ou nous nous évanouirions ; mais quelle est la réalité ? Un peuple aux racines plongées dans les profondeurs d’Haifa, d’Akka, de Al-Majdal et Um Rasrash ; un peuple dont l’histoire, la civilisation et la culture se sont épanouies sur chaque centimètre de cette terre, des racines qui remontent loin sur la terre de Palestine.

On a dit qu’avec le temps, nos vieux mourraient et que nous jeunes oublieraient ; mais quelle est la réalité ? De la mémoire de notre peuple ont émergé des générations qui ont peint l’histoire de la Palestine, ces villages, ses maisons, sa sauge et ses oranges ; une peinture vers laquelle toutes nos boussoles sont dirigées, en dépit des distances et des directions qui nous séparent ; la Palestine sera toujours la boussole.

On a dit que nous étions trompés par les offres de paix fallacieuses, et que nous nous traînions à genoux pour une récompense ; mais quelle est la réalité ? Un soulèvement populaire, un intifada qui s’est levé au nom de la vérité face à ceux qui croyaient en leur propre trahison.

On a dit qu’en nous mettant en cage derrière leur mur et en cooptant le monde pour nous assiéger, la force de notre espoir s’étendrait, et nos voix avec ; mais quelle est la réalité ? Ils ont été étouffés sous nos chants, à tel point que leurs dirigeants ont dit : « Chaque fois que j’entends parler du droit au retour, je tremble d’effroi devant ce que l’avenir porte, je commence à douter de la réalité de l’établissement sioniste… »

Oui, vous qui, sans aucun doute, reviendrez, ce sont nos chants qui sèment le doute dans les esprits de ceux qui célèbrent leur soi-disant indépendance. Parce que leurs crimes de la Nakba continuent de les poursuivre, de les hanter, même soixante ans après. Quelle différence y a-t-il entre Ben Gourion, qui n’avait la seule crainte pour son Etat naissant était que les réfugiés pourraient revenir, et Olmert qui tremble lorsqu’il entend une référence à notre droit au retour ? C’est le fantôme de la victime, la fierté de la première génération de réfugiés, les vivants comme les morts, et l’obstination de la génération actuelle qu’ils reviendront forcément.

A notre peuple d’un bout à l’autre de la terre,

Pouvons-nous seulement compter le nombre de projets politiques qui ont visé ou tenté de nous dépouiller de nos droits ? Leurs noms, leurs sources et leurs dates changent, mais ils ont tous eu le même sort, dans les poubelles de l’histoire ; un sort qui fait honte aux conspirateurs et qui vous décorent fièrement, vous qui avez refusé de vous rendre. Le but principal de tous ces projets était votre droit au retour, soit en le niant complètement, soit en essayant de vous réinstaller ailleurs, ou en trouvant ceux qui féliciteraient la judaïté de leur Etat, ou en tentant de remanier votre lutte en une recherche de charité humanitaire, ou en tentant de fausser le sens de votre droit en un retour en Cisjordanie ou Gaza ou, plus récemment, en mettant nos droits en équation avec ceux de la foi juive qui sont venus de terres arabes pour s’installer sur la vôtre.

Est-ce qu’un droit peut être perdu tant que ses détenteurs continuent à l’exiger ? Mille fois, nous disons : NON ! Nos ancêtres disaient qu’un droit ne peut être perdu tant que ses détenteurs luttent pour lui. Votre droit existe aussi longtemps que vous et votre terre existeraient.

Oui, notre droit au retour dans notre patrie est enchâssé dans la loi internationale, dans la Résolution 194 de l’Assemblée Générale des Nations Unies. Cependant, cette résolution n’a apporté rien de nouveau à la loi, elle rappelle simplement les principes les plus fondamentaux de la loi et la morale : que tout être humain a le droit de rentrer chez lui, et que toute personne obligée de partir a le droit de revendiquer tout ce qui lui a été pris ; et que la seule manière d’effacer ces droits, c’est que le réfugié lui-même choisisse de ne pas revenir.

Ceux qui nous ont expulsé peuvent refuser et conspirer et nier, mais nous continuerons à rester déterminés et à résister et résister et résister, et nous continuerons à résister jusqu’à ce que nous revenions. Car il n’y a pas de droit qui ne soit accordé sans les sacrifices de la lutte, et il n’y a pas d’oppresseur qui puisse continuer à commettre à jamais de graves injustices.

Notre droit est d’abord enchâssé dans notre existence, et ensuite dans le code moral universel, et enfin dans la loi. Ainsi, il n’y a rien à craindre d’un mendiant qui frappe à la porte des gouvernements du monde, et il n’y a rien à craindre d’un dirigeant sioniste consumé par le doute sur sa légitimité ou celle de son Etat, et il n’y a rien à craindre du bâton violent de l’empire des Etats-Unis, ni de sa carotte, car ce droit ne peut pas être vaincu par la guerre, ni voler par une conspiration.

Aujourd’hui, en ce 60ème anniversaire de notre Nakba, nous ne venons pas, ensemble, pour répondre aux stupidités et aux inepties de tel ou tel bouffon, ni aux projets qui visent à nous réinstaller ou à nous offrir leur charité. Aujourd’hui, en ce 60ème anniversaire, nous venons ensemble annoncer le renouveau de notre lutte, annoncer que la marche pour le véritable retour, pour la restitution de notre propriété et la compensation pour tout ce que nous avons enduré commence.

Aujourd’hui, nous réaffirmons nos droits, rien moins que ceux exprimés dans la Résolution 194 de l’Assemblée Générale des Nations Unies. Nous réaffirmons notre reconquête de notre unité nationale et la fin de nos divisions internes par des discussions ouvertes, et nous réaffirmons notre engagement au projet de revitaliser l’Organisation de Libération de la Palestine, seule représentation légitime du peuple palestinien et cadre rassembleur de notre peuple et de notre lutte. Il est donc impératif de prioriser les étapes suivantes pour relancer notre marche, le long de la route du retour :

• Dire la réalité, à savoir que la Nakba ne s’est pas terminée en 1948 mais qu’elle a continué chaque jour depuis, alors qu’Israël travaille à étendre son contrôle sur notre terre et à nous en expulser. C’est pourquoi nous demandons l’adoption du slogan : « La Nakba continue » (« Ongoing Nakba »).

• Nous demandons, lorsqu’il est fait référence aux Palestiniens qui sont restés dans la partie de la Palestine occupée en 1948, l’adoption des termes de « Palestiniens à l’intérieur de la Ligne Verte » ou « Palestiniens en Palestine Occupée en 1948 », au lieu des phrases qui nient leur identité palestinienne. Et également d’utiliser le terme de « Palestine Historique » lorsqu’il est fait référence aux frontières de la Palestine pendant le mandat britannique, ainsi que souligner que le droit au retour est « dans les maisons et propriétés originelles » des réfugiés.

• Consolider et soutenir la culture du retour par des institutions officielles populaires et civiles de la société, et s’assurer de leur propagation de la manière la plus cohérente et la plus large possible, par tous les moyens.

• Considérer la position d’une personne ou d’une organisation sur le droit au retour comme un test décisif qui détermine nos relations avec les institutions ou entités israéliennes, et le moyen de distinguer entre les projets qui visent à la normalisation ou non.

• Renforcer les campagnes populaires en Palestine, dans le monde arabe et internationalement, en particulier la campagne pour le Boycott, le Désinvestissement et les Sanctions (BDS) contre le régime sioniste, ainsi que la campagne pour le Boycott Académique et Culturel, et la campagne contre le Mur d’Apartheid.

• Organiser une campagne internationale pour pousser les Nations Unies à réadopter la résolution reconnaissant le sionisme comme une forme de racisme.

• Souligner dans notre travail, notre langage et notre vie quotidienne la distinction importante entre le sionisme et le judaïsme, et que le prétendu « Etat d’Israël » est le produit du sionisme international qui n’est rien d’autre qu’un Etat d’apartheid colonial.

• Etre très clair que tout arrangement politique, y compris la « solution à deux états », qui ne comprendrait pas l’application totale des droits des réfugiés n’est en aucun cas une solution, et rien d’autre qu’une manière insultante et trompeuse de gérer le conflit.

• S’assurer que le discours palestinien est correctement documenté et inclus dans tous les programmes d’enseignement palestinien.

• Travailler étroitement avec tous les mouvements internationaux solidaires de notre lutte pour renforcer sa place sur l’ordre du jour international ; et mobiliser la solidarité palestinienne avec les causes et les luttes des peuples opprimés dans le monde, en particulier les luttes des peuples indigènes pour la souveraineté et la liberté.

Il ne fait aucun doute que nous reviendrons,

Après 60 ans d’expulsion, d’exil et de condition de réfugiés ; après 60 ans d’impuissance internationale et l’échec des organisations internationales pour appliquer leurs propres décisions ; et après 60 ans d’arrogance sioniste, nous déclarons que la commémoration de la Nakba, aujourd’hui, marque la date du renouvellement de notre engagement dans la lutte pour obtenir notre retour dans nos maisons et sur nos terres originelles. Nous déclarons que le retour est le programme de notre lutte, et pas seulement une demande, et continuera jusqu’à la fin de la Nakba, « que ça leur plaise ou non », comme l’a dit autrefois Yasser Arafat.

Nous reviendrons.
Palestine, le 15 mai 2008.

ISM et National Committee to Commemorate the Nakba at 60 - Palestine - 15-05-2008

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=8969&type=analyse≤sujet=R%E9fugi%E9s

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53902

Liban : l’ancien directeur de la DST accuse les Etats-Unis et Israël

Extraits d’un entretien avec Yves Bonnet, ancien directeur de la DST (Direction de la Surveillance du Territoire).

Tout le monde vise à imposer sa volonté aux Libanais, en premier, notre ministre Bernard Kouchner qui, à une époque, avait déclaré que l’armée libanaise devait détruire le camp de Nahr Al Bared. Je suis persuadé que, sans aucune ingérence étrangère, les Libanais auraient pu former un gouvernement d’unité nationale.

Pourquoi toute cette préoccupation internationale au Liban ?

Trois pays veulent s’ingérer au Liban, les États-Unis, l’Arabie Saoudite et Israël. Leurs intérêts convergent et la coopération américano saoudienne, via le club Welch, est forte au Liban. Les États-Unis souhaitent transformer le Liban en une base à partir de laquelle ils auront à faire pression sur la Syrie et le Hezbollah.

Que voulez-vous dire par club Welch ?

Il s’agit du groupe Geagea-Joumblatt-Hariri-Sanioura ; ce groupe est totalement sous les ordres de David Welch.

Pourquoi nommez-vous ce groupe « club Welch » ?

Regardez l’actuelle situation au Liban. La division est grande et une de ses conséquences, la faiblesse des chrétiens dans leur incapacité de choisir un président de la République, sans l’accord des États-Unis, d’Israël et de l’Arabie Saoudite. Lors de ma visite du Liban, j’ai été surpris de l’importance de cette division provoquée par l’ingérence étrangère.

Tout le monde vise à imposer sa volonté aux libanais, en premier, notre ministre Bernard Kouchner qui, à une époque, avait déclaré que l’armée libanaise devait détruire le camp de Nahr Al Bared. Je suis persuadé que, sans aucune ingérence étrangère, les libanais auraient pu former un gouvernement d’unité nationale.

Qui, d’après vous, a interdit la formation de ce gouvernement ?

Les États-Unis et Israël ; autrement, qui a intérêt à ce que ce gouvernement ne soit pas formé ? La division au Liban sert en priorité l’intérêt d’Israël. Lors de ma visite en août 2006, j’avais constaté que le Liban traversait une période que l’on pouvait qualifier d’unité nationale, ceci grâce aux positions de Michel Aoun et de Hassan Nasrallah.

A cette époque, Nasrallah avait été très intelligent en considérant la victoire du Hezbollah comme étant celle de tous les libanais ; simultanément, Aoun était resté fermement solidaire de la Résistance durant toute la période d’agression israélienne. Les États-Unis et Israël s’attèlent aujourd’hui à diviser les libanais selon la formule connue « diviser pour régner ».

Pourquoi l’armée libanaise mena le combat de Nahr Al Bared ?

Les États-unis exprimaient leur volonté de revenir militairement au Liban. Cependant, la partie Sud du pays étant sous l’influence du Hezbollah, la solution idéale était alors de s’infiltrer par la porte nord en réanimant l’ancien projet de construction d’une base militaire à cet endroit. D’où l’idée de quelques-uns aux États-Unis de provoquer des troubles au nord du pays pouvant ainsi fournir le prétexte à une présence militaire au Liban.

Sur ce sujet, il faut savoir que les groupuscules connus sous le nom de Fath Al Islam étaient soutenus financièrement par les Hariri, avec un salaire mensuel de sept cent dollars par individu. Il n’est pas nécessaire d’en débattre compte tenu de la véracité de cette information. Ainsi, l’armée libanaise tomba dans ce grand piège qui lui était tendue ; elle fut contrainte à s’engager dans un dur affrontement dont elle n’avait pas besoin.

Quand je vois Monsieur Kouchner se comporter comme un général d’armée et je l’entends appeler à la destruction de Nahr Al Bared, je devine l’importance de l’irresponsabilité avec laquelle ce sujet avait été traité.

Qui est derrière les attentats au Liban ?

Là se présente à nouveau la question de savoir : à qui profite ces crimes ? Peut-on alors accuser la Syrie ? Les syriens savent parfaitement que leur pays est la principale cible. Je crois que la Syrie est totalement étrangère à ces attentats.

D’après vous, qui a assassiné Wassam Eid ?

Cet assassinat est l’œuvre de ceux qui étaient proches de lui et qui travaillaient dans son entourage. Ici, l’essentiel n’est pas de connaître les exécutants de ce crime mais plutôt les commanditaires.

Pourquoi tous ces assassinats ?

A travers ces assassinats, le but recherché est le maintien de la crise et son aggravation. Ces attentats ne ciblent un individu que dans l’unique but d’aggraver cette crise. De là nous nous posons une question au sujet de l’assassinat de Pierre Gemayel et sur l’importance du dérangement que représentait cette personne. En vérité, le but de cet assassinat était la propagation du feu amorcé sur le fil conducteur de la crise.

D’après vous, pourquoi monsieur Geagea ressent-il tant de force et d’assurance ?

Une seule explication à cela : il est du côté de ceux qui exécutent ces crimes. Toujours à propos des ces assassinats, monsieur Joumblatt accuse le Hezbollah…..Il est certain pour tous que le Hezbollah n’a aucun lien avec tous ces crimes qui servent les intérêts de ses ennemis.

Vos déclarations se basent-ils sur des faits ou des analyses ?

Les deux à la fois. A propos de l’assassinat du premier ministre Rafic Hariri les enquêteurs affirment qu’ils possèdent des preuves. Mais alors qu’ils les avancent. Pourquoi ne les annoncent-t-ils pas ?

A propos de l’entente Hezbollah/Courant Patriotique Libre, comment appréciez-vous cette entente ?

D’abord il faudra que l’on signale la modération et le calme qui caractérisent la personnalité de Hassan Nasrallah. A travers cette entente, Michel Aoun a agit en écartant tous les dangers d’une nouvelle guerre civile. Le Hezbollah est un fort garant aux chrétiens et à leur rôle important au Liban et au Moyen Orient. Si j’étais chrétien libanais, je me serais allié à Michel Aoun et aurais soutenu sa politique. Croyez-vous que les chrétiens au Liban, de surcroît minoritaires dans le monde arabe, pourraient vivre sous l’emprise salafiste ?

A propos de la politique de la France envers le Liban, comment appréciez-vous cette politique ?

Cette politique interpelle la désolation, ceci depuis le règne de Jacques Chirac qui confondait ses intérêts avec ceux de la France. Avec Nicolas Sarkozy, les considérations personnelles ne sont plus comme elles étaient du temps de Chirac ; cependant Sarkozy n’est pas Charles De Gaulle et est très proche des américains.

Quant au ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner, il est l’homme des idéologies et agit en s’y référant. Dans la situation libanaise et dans la question iranienne, souvent il agit à partir de ses émotivités juives ; n’était-t-il pas un des rares qui avaient soutenu l’invasion de l’Iraq ?

Vous avez évoqué le caractère modéré du Hezbollah ; cependant les médias en France disent le contraire ?

Les médias en France tentent de faire croire et admettre que le Liban est divisé en deux parties : le groupe de la démocratie, c’est-à-dire celui au pouvoir et le groupe pro syrien, c’est-à-dire l’opposition.

Sur quoi vous vous basez pour croire que le groupe au pouvoir est plus démocratique que les autres ?

L’ironie est le fait qu’une bonne majorité des gens actuellement au pouvoir, s’était rassasiée depuis longtemps, tout en étant à table, hôte de syriens, et qu’aujourd’hui elle accuse Michel Aoun d’être proche de la Syrie. Enfin, le Hezbollah en 2008 n’est pas celui de 1985. Il est un mouvement de résistance à l’occupation, et son chef, Hassan Nasrallah, agit au Liban comme avait agit De Gaulle en France.

Avez-vous l’intention de visiter prochainement le Liban ?

Je visite souvent le Liban et mon plus grand souhait est de rencontrer un jour Hassan Nasrallah : cette divine personnalité mérite grand respect.

Source : Mecanopolis

ISM et Yves Bonnet - Liban - 16-05-2008

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=8974&type=analyse

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53903

Un camp de réfugiés palestiniens en Syrie organise un forum afin de s’adresser aux travailleurs palestiniens

Le Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP) a organisé un congrès dans le camp de réfugiés palestiniens de Nairab, à Alep (Syrie), le 11 mars 2008, au cours duquel s’est exprimé le camarade Ghazi Sourani, membre du comité central du FPLP, traitant des conditions actuelles de la Palestine et de la classe laborieuse palestinienne.

Ce forum a connu un très large participation des mouvements palestiniens de résistance, de la gauche palestinienne, de la gauche syrienne et de divers partis communistes. Il a été organisé et facilité par le camarade Nizar al-Qadi.

Le camarade Sourani a inauguré son discours en saluant les sacrifices consentis par la classe travailleuse du monde entier, et son histoire de confrontation avec ceux qui l’exploitent. Il a cité plusieurs exemples, choisis dans la lutte historique de la classe laborieuse en Europe, en Amérique du Nord, en Asie du Sud-Est, au Moyen-Orient et dans d’autres régions du monde, mettant en évidence le rôle moteur des travailleurs.

Il a aussi évoqué les échecs des régimes arabes. Il a relevé le rôle de la classe laborieuse palestinienne et arabe, et il l’a mis en contraste avec celui des gouvernements arabes défaits, qui se soumettent aux conditions américaines. Il a noté que les classes populaires, et la classe laborieuse en particulier, continueront à s’opposer aux plans des impérialistes américains et à leurs politiques ineptes dans la patrie arabe.

Le camarade Sourani a déclaré que les régimes arabes voient, dans la cause palestinienne, un fardeau pesant sur leurs épaules, et qu’ils considèrent que le temps seraient venu pour eux de se débarrasser de ce poids, mais les masses arabes le refusent et rejettent cette politique, à travers le combat de la classe laborieuse contre la normalisation avec l’établissement sioniste.

Le camarade Sourani s’est arrêté plus longuement sur la situation prévalant à Gaza ; il a souligné que le chômage y atteint désormais 33 % de la population active, et que 400 entreprises, petites, moyennes et grandes, étaient désormais totalement fermées, que 30 000, sur les 170 000 dounoms de terres cultivables ne le sont plus.

Il a souligné que la division politique et géographique en Palestine, entre le Fatah et le Hamas, est un conflit d’intérêts, pour l’un comme pour l’autre, qui devait cesser : il doit y avoir un retour au dialogue national exhaustif, sur la base du document national de consensus, de la déclaration du Caire et de la formation d’un gouvernement d’union nationale.

Il a fustigé les négociations futiles entre l’Autorité (dite) Palestinienne de Ramallah et l’Etat occupant, relevant que ce genre de négociation ne fait que conduire à davantage de concessions, et ne permettra jamais de réaliser un Etat palestinien souverain, mais uniquement la forme la plus pathétique de l’autodétermination, et que de telles négociations laissent de côté les questions essentielles que sont l’eau, les frontières, les colonies, le droit au retour et bien d’autres sujets fondamentaux.

Le camarade Sourani a dit que la crise du mouvement de libération arabe est due au fait que ce mouvement est divisé, avec une direction pléthorique et embourgeoisée, et qu’il est en train de se désintégrer en raison de l’absence de tout projet précisément défini, notant également que le FPLP cherche à bâtir une troisième force, aux niveaux tant palestinien qu’arabe.

Il a affirmé que la cause palestinienne est au centre du conflit arabo-israélien et qu’il est nécessaire de réhabiliter le rôle de la gauche arabe, rappelant que l’ennemi continue à avoir pour ambition d’être une base de l’impérialisme des Etats-Unis lui permettant de contrôler l’ensemble de la patrie arabe.

L’allocution du camarade Sourani a été suivie d’un riche dialogue avec l’assistance.

Source : FPLP  Traduction : Marcel Charbonnier

ISM et FPLP - Syrie - 16-05-2008

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=8975&type=communique≤sujet=R%E9fugi%E9s

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53904

L’établissement sioniste a 60 ans : un état bâti sur le mensonge et la dépossession des Palestiniens

Les soixante ans de la création de l’établissement sioniste ont été l’occasion de nombreuses célébrations dans le pays. Mais dans les Territoires occupés voisins et au sein de la population arabe de la zone sioniste, c’est aujourd’hui l’amertume, l’humiliation si ce n’est la haine qui dominent.

Si le régime sioniste s’est construit pour le peuple juif, comme le proclament ses fondateurs, ils oublient cependant de préciser qu’il s’est aussi construit contre un autre peuple.

Car l’établissement sioniste ne s’est pas bâti dans un désert, mais sur un territoire où vivait une population nombreuse, les Palestiniens, bien plus nombreux en tout cas que ne l’était la communauté juive quand le gouvernement britannique appuya la revendication de la création en Palestine d’un foyer national juif en 1917.

Et ensuite toute l’histoire de cette petite région du Moyen-Orient a été celle de la dépossession des Palestiniens, une dépossession qui s’est fortement accélérée en 1948 dès lors qu’elle se fit avec les moyens de l’« État » sioniste qui venait de se créer.

Le 14 mai 1948, quand les troupes britanniques se retirèrent de Palestine, le dirigeant sioniste Ben Gourion proclama la naissance du régime sioniste, court-circuitant le projet de l’ONU qui prévoyait de partager la Palestine en deux États, l’un juif, l’autre palestinien. Il s’en suivit une guerre avec les États arabes voisins qui se termina par la victoire sioniste. Les limites du nouvel État furent tracées bien au-delà de ce qui était prévu par le plan de partage. Et surtout, il ne fut plus question d’un État palestinien.

L’établissement sioniste « fait colonial »

Il est maintenant de notoriété publique que dans les mois qui précédèrent la création de l’établissement sioniste, et dans ceux qui suivirent, plus de 400 villages arabes furent rayés de la carte, tandis que 700 000 à 800 000 Palestiniens n’eurent d’autre choix que de fuir ou de mourir, chassés ou massacrés par la nouvelle armée sioniste et des groupes paramilitaires.

Contrairement à ce qui se dit encore aujourd’hui, cette politique impitoyable ne fut pas la conséquence d’un appel à l’exode lancé par des dirigeants arabes, mais plutôt l’application des objectifs sionistes visant à créer en Palestine un État spécifique des Juifs, de préférence débarrassé de ses habitants arabes. Dans la logique de cette politique nationaliste, les exactions contre les Palestiniens avaient d’ailleurs commencé bien avant 1948, quand la Palestine était encore sous domination britannique.

Pour créer leurs colonies de peuplement, les sionistes avaient acheté des terres à de grands féodaux arabes et en avaient expulsé les paysans qui y travaillaient. Leurs entreprises avaient interdiction d’employer des Arabes. Ils avaient implanté ainsi une communauté juive complètement coupée des populations qui l’entouraient. Cette politique sépara physiquement les deux peuples, à tel point que même dans les périodes où les masses arabes se soulevèrent contre la puissance coloniale britannique, dans les années 1930, les sionistes se tinrent à l’écart, quand ils ne fournirent pas des troupes pour participer à la répression des révoltes arabes.

Dans ces conditions, tout le discours soi-disant socialiste dont se para un temps la communauté juive et ensuite la société sioniste, avec ses « kibboutz » et autres « mochavs » égalitaires, n’était qu’un vernis. Il n’eut en fait comme fonction que de tromper les émigrants venus d’Europe et dont beaucoup se réclamaient à l’époque du socialisme. Leur prétendu socialisme qui se construisit à l’écart de la population palestinienne - quand ce ne fut pas contre elle - n’était en fait rien d’autre qu’un élément de ce nationalisme.

Cette politique visant à chasser les Palestiniens de leurs terres s’est poursuivie tout au long des soixante ans d’Israël. En 1967, lors de la guerre des Six Jours, qui vit l’annexion de Jérusalem à la zone sioniste et l’occupation militaire de Gaza, de la Cisjordanie, du Golan et du Sinaï, 300 000 Palestiniens furent encore chassés des territoires passés sous domination sioniste. Cette politique se poursuit encore aujourd’hui, avec la construction du mur non encore terminé mais qui a déjà annexé 9 % du territoire de la Cisjordanie, et avec l’extension constante des colonies de peuplement juives qui rongent les lambeaux de territoires palestiniens restants.

Et lorsque les gouvernants sionistes décident, peut-être momentanément, de quitter certains territoires comme la bande de Gaza ou quelques enclaves cisjordaniennes, ils en font des prisons à ciel ouvert, sous le contrôle constant de leur armée, qui n’hésite pas à intervenir quand bon lui semble. La situation dans les Territoires est à ce point difficile qu’à Gaza, sur une population de un million et demi d’habitants, plus d’un million ne survivent que grâce à des dons alimentaires qui leur parviennent uniquement quand l’entité sioniste, les États-Unis ou l’Europe le décident.

Dans le giron de l’impérialisme

L’établissement sioniste est-il la seule démocratie de tout le Proche et le Moyen-Orient, comme aiment à le rappeler ses laudateurs, alors qu’il n’est tel que pour une partie de ses habitants ? Dictatorial envers les Palestiniens, le régime sioniste maintient inégalité et mépris envers les Arabes de la zone sioniste mais aussi envers la frange la plus pauvre de la société sioniste, souvent issue d’une émigration juive venue de pays arabes, et dont beaucoup vivent aujourd’hui très pauvrement, quand ce n’est pas sous le seuil de pauvreté.

Ce qualificatif « démocratique » aurait déjà mille fois volé en éclats, s’il n’avait été mille fois véhiculé et répété par tous les dirigeants du monde impérialiste, qui n’ont jamais mesuré leur soutien à l’établissement sioniste. La raison de ce soutien n’est pas à rechercher dans un quelconque sentiment de responsabilité à l’égard des millions de Juifs massacrés par la barbarie nazie. De cela, les dirigeants du monde impérialiste ne sont pas capables. Ce qui les motive est le choix fait par les dirigeants sionistes de se comporter comme leur bras armé dans cette région du monde. De toute façon, en choisissant de construire leur État contre les populations arabes de la région, les dirigeants sionistes ne pouvaient que rechercher l’appui des puissances occidentales. Dès la naissance de leur mouvement, ils l’exprimèrent en prétendant représenter « la civilisation contre le désert ».

Toute l’évolution ultérieure de l’établissement sioniste était contenue dans ces choix initiaux. En le bâtissant sur un mensonge : « Une terre sans peuple pour un peuple sans terre », ses dirigeants choisissaient d’en faire l’État raciste et théocratique qu’il est aujourd’hui, même s’il fut, dans les premières décennies de son existence, façonné et dirigé par des partis de gauche. Car ce furent tout de même eux, ces prétendus socialistes et laïques, qui les premiers initièrent la colonisation et s’appuyèrent sur la religion pour alimenter le mythe du retour à la terre de la Bible.

Soixante ans après, le visage qu’offre le régime sioniste est odieux. Et il le restera tant que la population palestinienne n’aura pas reconquis ses droits bafoués. En ce sens, l’avenir des sionistes reste et restera intimement lié à celui des Palestiniens.

Info-Palestine et Georges Lattier - Lutte Ouvrière – vendredi 16 mai 2008

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=4361

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53905

Une fois de plus, les USA ont affaibli leurs alliés et renforcé leurs ennemis

L’administration Bush continue de lancer ces affrontements, avec la conviction que la force finira par éliminer ses opposants et donner pleins pouvoirs à ses amis, et elle obtient, invariablement, le résultat contraire.

L’un des adages répandus dans le traitement des gens guéris de l’alcoolisme en Amérique repose sur l’idée que, si on réitère le même comportement, il est insensé de s’attendre à un résultat différent. On dirait pourtant que le président George W. Bush s’est sorti de son problème personnel d’alcoolisme, dans sa jeunesse, sans avoir retenu cette leçon particulière. Les évènements de la semaine dernière au Liban donnent à penser que son administration a l’intention, jusqu’à la fin, de réitérer les stratégies qui ont échoué à Gaza, Basra et Sadr City, avec l’espoir que les résultats à Beyrouth seront, je me demande comment, différents.

Effectivement, le bras de fer engagé contre le Hezbollah et provoqué par les alliés des Américains au Liban a obtenu un résultat entièrement prévisible, avec la milice chiite soutenue par l’Iran devenue maîtresse de tout Beyrouth-ouest, fermant les stations de télévision

progouvernementales et tenant prisonniers, en fait, les alliés décisifs de Washington dans leurs maisons et bureaux.

Le Hezbollah n’avait nullement envisagé de prendre le pouvoir, bien sûr, ni de prendre l’initiative d’une guerre civile. Mais, provoqué d’une façon qu’il a perçue comme une menace pour la capacité de son mouvement à résister aux agressions d’Israël, il a montré sa détermination et sa capacité à résoudre l’affrontement à ses propres conditions. C’est exactement cela qui s’est passé quand l’armée libanaise - appelée pour arbitrer la situation - a fait annuler les décrets du gouvernement à l’origine de la prise de pouvoir du Hezbollah. La toile de fond de cette dernière crise est le blocage qui dure entre le gouvernement soutenu par les Etats-Unis et, d’une part, certains pays arabes décisifs et, d’autre part, l’opposition soutenue par la Syrie et l’Iran, blocage qui porte sur la question de la distribution du pouvoir au Liban.
La stratégie de Washington au Liban, comme en Iraq et comme dans les territoires palestiniens, est de rechercher l’affrontement aux fins d’éliminer les forces politiques radicales les plus enclines à remettre en cause ses directives expresses - le Hezbollah, le mouvement de Sadr, ou le Hamas -, quelle que soit la force de l’appui populaire de ces mouvements. Si l’administration Bush les considère comme des agents sous influence iranienne ou syrienne, alors elle cherche l’affrontement.

Les combats de la semaine dernière dans les rues de Beyrouth ont commencé quand l’un des alliés de Bush, le dirigeant druze Walid Jumblatt, a lancé ses attaques verbales blessantes contre le Hezbollah et qu’il s’en est pris à son réseau de télécommunication fibre optique qui fonctionne sur tout le Liban et compte près de 100 000 lignes numérotées. Le gouvernement l’a suivi, annonçant son intention de déclarer illégal ledit réseau parce qu’il aidait le Hezbollah à maintenir un Etat dans un Etat et à transformer le Liban en « satellite de l’Iran ».
Le Hezbollah, il est vrai, est un Etat dans un Etat, mais il fait valoir qu’il a démontré, et de loin, une capacité supérieure à celle de l’Etat officiel à résister aux agressions israéliennes. Son réseau de communication s’est avéré décisif pour sa capacité à résister aux tentatives israéliennes de l’éliminer durant l’été 2006, tentatives qui ont échoué pour une grande part parce qu’elles n’avaient pas réussi à perturber le commandement et l’influence du Hezbollah.

S’agissant d’Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, il s’est inquiété car liquider le réseau de téléphone revenait à désarmer le mouvement face à la moindre agression future des Israéliens, et c’était le seul réseau qu’il avait. Cette réaction était tout à fait prévisible, naturellement, ce qui fait que l’action du gouvernement contre le Hezbollah est un acte provocateur prémédité.

De nombreux analystes ont estimé que cela pouvait même faire partie de préparatifs américains pour une attaque sur l’Iran, en obligeant malgré lui Téhéran à des représailles. Argumentation plausible. Toutefois, il est loin d’être évident que les USA prendront le risque d’ouvrir un nouveau et très dangereux front pour ses forces déjà soumises à rude épreuve en Iraq. (Ils pourraient néanmoins essayer d’amener l’Iran à croire à une attaque imminente, dans l’espoir de peser sur le comportement iranien en Iraq). Toutefois, que les USA projettent ou non de bombarder l’Iran, il est sûr qu’ils espèrent faire reculer l’influence iranienne dans tout le Moyen-Orient, ce qui nécessite, évidemment, d’affaiblir le Hezbollah.

A cette fin, Washington a encouragé un front offensif contre le mouvement, lequel, avec ses alliés chiites et chrétiens, peut représenter jusqu’à la moitié de la population du Liban. Par une surestimation de la force et de la popularité de leurs propres alliés et une sous-estimation de celles de leurs adversaires, les USA ont effectivement, une fois de plus, consolidé la position des forces mêmes qu’ils essayaient d’éliminer, tout en affaiblissant encore plus celle de leurs amis.

Fouad Siniora et Saad Hariri, après Mahmoud Abbas et Nouri al-Maliki
Quand le Hamas a remporté les élections législatives palestiniennes par une victoire écrasante en 2006, au lieu de tenir compte du message des électeurs Washington a cherché à modifier l’esprit de cet électorat. Les USA ont élaboré une stratégie de punition collective par le retrait du financement de l’Autorité palestinienne, et ils ont été furieux quand l’Arabie saoudite s’est faite le médiateur dans les négociations pour un gouvernement d’union, entre le Hamas et le Fatah. Puis, quand les sanctions économiques se sont révélées incapables de faire descendre les Palestiniens dans la rue pour mettre le Hamas dehors, les USA ont continué en armant et en entraînant les milices du Fatah pour qu’elles fassent le travail - un processus qui a abouti à une prise de contrôle préventive de toute la bande de Gaza par le Hamas. Aujourd’hui, Mahmoud Abbas est plus affaibli que jamais, pendant que le Hamas se renforce continuellement grâce aux efforts d’Israël et des USA pour l’évincer.

En Iraq, durant ces derniers mois, les USA ont incité le gouvernement Maliki à lancer une campagne militaire à Basra et à Bagdad pour éliminer la milice de ses rivaux du mouvement Sadr. Sauf que les sadristes représentent un mouvement très populaire chez les chiites pauvres du milieu urbain, et qu’il est peu vraisemblable qu’une campagne militaire puisse réduire leur attrait, particulièrement s’ils sont perçus comme faisant l’objet d’une agression. Le fait que tant de soldats du gouvernement iraquien aient refusé de combattre l’armée Mahdi montre clairement cette folie de chercher à détruire le pouvoir sadriste par des moyens militaires.

Et pourtant, l’administration Bush continue de lancer ces affrontements, avec la conviction que la force finira par éliminer ses opposants et donner pleins pouvoirs à ses amis, et elle obtient, invariablement, le résultat contraire. Le président Bush va quitter ses fonctions en laissant les Etats-Unis affaiblis sur tous les fronts au Moyen-Orient, en grande partie à cause de sa passion immodérée, pour la politique de l’affrontement.

Tony Karon est analyste et rédacteur en chef basé à New York ; son blog : Rootless Cosmopolitain. Sa fiche d’identité

Du même auteur :
 "Hypocrisie européenne" (avec Saifedean Ammous )
 "Dahlan, un Pinochet palestinien qui fait son chemin"
 "Les illusions de la diplomatie US au Moyen-Orient"

11 mai 2008 - The National - photo : AP/P. Karadjias - traduction : JPP

Info-Palestine et Tony Karon - The National – jeudi 15 mai 2008

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=4346

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53906

Nos Forces de Défense, nos crimes de guerre, notre terrorisme

Je veux présenter mes excuses pour l’impardonnable. Il est temps pour nous d’arrêter de « comprendre » pourquoi nous tuons tant de civils palestiniens.

Il est temps pour nous d’arrêter de justifier les morts qu’on excuse comme étant le produit regrettable et accidentel dérivé d’une terrible guerre.

Si cela avait été un incident isolé, une aberration tragique, j’aurais gardé mon calme, me serais tu et aurais juste continué d’avancer.
Mais le même crime, le même - appelons-le par son vrai nom - atrocité, a été commise maintes et maintes fois, dans les mêmes circonstances, pour les mêmes raisons, avec le même résultat indéfendable.

Quelqu’un portant un uniforme de l’IDF, dans un poste à responsabilités, a donné un ordre. Nous ne saurons probablement jamais qui. Nous ne saurons jamais, non plus, qui a chargé l’obus dans le tank, si c’est vraiment cela qui s’est passé, ou qui a armé le missile air-surface, si c’est cela qui s’est passé, qui a pointé la cible, qui a donné l’ordre de tiré, qui l’a exécuté.

Ce que nous savons c’est que cette mère de Beit Hanoun, une zone dévastée du Nord de Gaza, d’où des Qassams et des mortiers sont tirés sur la zone sioniste, était avec ses quatre jeunes enfants lundi matin au petit déjeuner quand leur monde a éclaté.

Nous savons qu’ils sont tous morts.

L’armée a dit avoir tiré deux missiles sur des activistes palestiniens près de la cabane en tôle de la famille de Abu Meatik, faisant sauter des explosifs transportés par les activistes et déclenchant une « explosion secondaire » qui frappa la maison.

Des témoins ont dit qu’un obus traversa le toit et tua tout le monde à l’intérieur, parmi eux Rudina Abu Meatik, 6 ans, ses frères, Saleh, 4ans et Mousab, 15 mois, et sa sœur de trois ans, Hana.

Nous nous consolons, ici, du côté sioniste de la ligen de démarcation, en nous disant qu’à l’inverse du kamikaze, du terroriste au cutter, du mitrailleur embarqué, du tireur de Merkaz Harav, la morts de ces enfants et de leur mère à Beit Hanoun était un cas épouvantable de mauvaise fortune.

Nous apaisons nos doutes en soulignant le fait que - et c’est vrai - l’armée sioniste ne vise jamais intentionnellement des non-combattants. Nous protégeons nos fragiles consciences en refoulant, cas après cas, les victimes civiles palestiniennes.

Nous évitons notre culpabilité en retournant la faute sur le Hamas, même sur le Jihad, - et pour cela je m’excuse mille fois - l’échec des civils palestiniens à s’insurger et à arrêter les terroristes.

Nous sommes préparés à l’excuser encore et encore. Nous l’avons excusé quand nous avons entendu les informations aujourd’hui, tout comme nous l’avons excusé en Novembre 2006, quand une pièce d’artillerie des IDF tua 19 personne de Beit Hanoun, dont des enfants, endormis dans leurs lits lorsque l’obus frappa.

Plus jamais.

Nous gagnerions, à cet égard, à réexaminer les raisons pour lesquelles les roquettes Qassam et mortiers palestiniens tirés sur des centres de civils sont considérés comme un crime de guerre. « Car les Qassam ne sont pas capables de viser précisément, c’est illégal de les utiliser dans ou près de zones habitées par des civils, » a déclaré Human Rights Watch après qu’une une mère de Sderot et ses deux enfants furent tués par une Qassam, quelques jours après que 19 personnes, principalement des femmes et des enfants, furent tués à Beit Hanoun.
Nous gagnerions, à cet égard, à reconnaître que, malgré une technologie d’avant-garde, nous ne pouvons viser ni obus ni missile avec assurance.

« Le Droit International Humanitaire interdit les attaques directes contre des civils ou des objets civils tout comme les attaques hasardeuses et les attaques qui causes des dégâts disproportionnés sur les civils, » a déclaré l’organisation. « Une attaque hasardeuse interdite comprend l’utilisation d’armes incapables de distinction entre des civils et des combattants ou entre des objets civils et militaires. »
Nous savons tous pourquoi nous envoyons les hélicoptères d’assaut, et les tanks, et les chasseurs-bombardiers, et les utilisons contre les Palestiniens. Nous les utilisons pour la même raison que nous nous sommes retirés de Gaza. Pour épargner nos propres soldats. Nous savons que l’occupation prend un très grand nombre de troupes. Nous utilisons une armure contre des humains, afin de limiter l’exposition au risque de nos propres soldats.

La manière dont nous les utilisons, cependant, tue des enfants.
Il y a ceux qui, de notre côté, qui par principe, doutent des récits de témoins palestiniens, et qui préfèrent croire la version de l’armée. Je suis prêt à croire que la version de l’armée, dans un sens étroit, était correcte. Mais même la version de l’armée n’explique pas le peu de cas fait à la proximité des civils.

Je ne suis, cependant, pas disposé à accepter l’approche du Ministre de la Défense Ehud Barak, dont on peut clairement voir l’influence en politique militaire actuelle à Gaza. « Nous considérons le Hamas comme responsable de ce qui arrive ici, de toutes les victimes, » a déclaré Barak, en réaction aux morts de lundi à Beit Hanoun.

« L’armée agit, et continuera d’agir, contre le Hamas, y compris à l’intérieur de la Bande de Gaza. Le Hamas est aussi en partie responsable, par le biais de son activité auprès de la population civile, des pertes humaine parmi les civils non impliqués, » a dit Barak.
En même temps, l’armée a ordonné une enquête spéciale pour l’incident. C’est exactement ce qui doit advenir. Les soldats et, particulièrement, leurs commandants, doivent savoir qu’il y aura des investigations intensives et impartiales et des conséquences graves pour les meurtres de civils palestiniens.

Et tandis que nous sommes à cela, laissons l’Israélien qui est abasourdi et frappé par la terreur palestinienne, commencer à reconnaître que des mises à morts fortuites de civils sont notre honte, nos crimes de guerre, nos attentats-suicides, les massacres pour lesquels nous, vertueux comme nous croyons l’être, sommes directement coupables.
Note de l’auteur :

Ceci est la seconde version de cet article. La première a été écrite, je l’admet librement, dans la colère et la suspicion, notamment en raison de nombreux cas de meurtres gratuits de civils palestiniens qui ne sont pas communiqués, minimisés, dissimulés, ou falsifiés par les médias israéliens. Aussi parce qu’à l’origine l’armée ne voulait pas apporter sa version de l’histoire, et a été peu disposée à en parler depuis.
Permettez-moi, s’il vous plait, de préfacer cet article en signalant à ceux d’entre vous qui ont commencé leurs commentaires « Si vous aviez déjà servi dans les IDF ... » que c’est parce que j’ai servi dans les IDF, en tant qu’infirmier de guerre, en tant qu’homme enrôlé et réserviste pendant 16 ans, que j’ai écrit ce que j’ai écrit et que j’ai ressenti ce que j’ai ressenti. Et si ce que j’ai écrit était exagéré, c’est aussi pour cette raison.

Permettez-moi d’ajouter, aussi, que je crois qu’un effort extraordinaire a été fait par les IDF pour limiter les victimes de civils palestiniens, particulièrement depuis la fin 2006, et les statistiques le confirment. Mais je crois toujours que davantage peut, et doit, être fait à cet égard.

29 avril 2008 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://chroniquespalestine.blogspot.com
Traduction de l’anglais : Lauriane

[commentaire : il est certainement de bonne foi, Mr Burston. Mais le problème n’est pas de mener la guerre de répression de manière plus ou moins inhumaine. Il est de ne pas la mener du tout. ]

Info-Palestine et Bradley Burston - Chroniquespalestine – vendredi 16 mai 2008

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=4355

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53907

Trois palestiniennes d’Haïfa parlent de souffrance, de déplacement et de résistance

Voici ce qu’expriment trois femmes palestiniennes vivant aujourd’hui à Haïfa. Chacune mène une vie différente, et est investie dans des projets différents. Cependant, elles sont unies par des liens historiques liés au déplacement, à la souffrance, et à la résistance.

Situé au nord de ce qui s’appelle maintenant la zone sioniste, sur le bord de la Méditerranée, Haïfa est une ville tragiquement belle. Des collines en cascade et une côte de carte postale se juxtaposent à une histoire de violence et de dépossession.

Haïfa fut d’abord une ville palestinienne en plein essor. En 1945, la population palestinienne d’Haïfa dépassait 85 000 habitants. Le 21 avril, de l’année 1948, la Brigade Carmeli, de la Haganah (forces armées sionistes), commença son attaque sur Haïfa, mettant en œuvre le plan Misbarayim, ou « plan ciseaux ». La stratégie consistait à attaquer les résidents palestiniens d’Haïfa de trois côtés à la fois, ne laissant qu’une seule voie ouverte permettant à la population de fuir. Aujourd’hui, il n’y a plus que 25 500 palestiniens résidents à Haïfa, ce qui représente seulement 10 % de la population de la ville.

Le régime sioniste essaie souvent de promouvoir une image d’Haïfa comme cité de coexistence - un lieu où sionistes et Palestiniens vivraient en tolérance côte à côte. Cependant, de nombreux résidents palestiniens, ceux qui ont survécu à la guerre de 1948 et ont réussi à rester, raconte une histoire bien différente des déclarations sionistes.
Voici ce qu’expriment trois femmes palestiniennes vivant aujourd’hui à Haïfa.

Chacune mène une vie différente, et est investie dans des projets différents, cependant elles sont unies par des liens historiques liés au déplacement, à la souffrance, et à la résistance.

Makbula Nassar est travailleur social et photographe pour le site web http://www.palestineremembered.com. Elle a commencé en photographiant la Palestine historique dans la région d’Haïfa après avoir rencontré d’autres femmes palestiniennes réfugiées à Chypre, dont certaines ont quitté Haïfa d’elles-mêmes. Elles apiraient à voir les photos de leur ville natale, dont elles ne pouvaient plus que rêver, et ainsi Makbula a commencé à prendre des photos presque pour rendre service à ces femmes. Elle est maintenant en contact avec des réfugiés palestiniens dans le monde entier. Les paroles de Makbula sont, « Nous avons besoin d’exister avant même de pouvoir co-exister ... et les gens d’Haïfa se sont battus en permanence pour rester et continuer de vivre ici ».

Rauda Morcos est la coordinatrice générale d’Aswat, une organisation lesbienne palestinienne basée à Haïfa. Rauda nous parle ici du travail d’Aswat, ce qui signifie « voix » en arabe, et de la résistance des lesbiennes palestiniennes qui essaie de forger un nouveau langage autour des identités particulières. Elle évoque aussi l’oppression qui s’exerce à de multiples niveaux et la discrimination que subissent les lesbiennes palestiniennes au sein de la société sioniste. « La perte des territoires a le même sens pour moi que la perte de ce que je suis en tant que lesbienne, » dit Rauda. Je suis dépossédée de mon propre pays, et je suis dépossédée de ma propre identité. »

Hilani Shahadi est institutrice et achève une maîtrise à l’Université de Tel Aviv. En tant que palestinienne travaillant au sein du système éducatif israélien, elle évoque la complexité et les difficultés à essayer d’introduire le versant palestinien de l’histoire dans le programme. Dans les écoles israéliennes, chaque étudiant palestinien doit rédiger un essai sur l’héritage de l’holocauste nazi, Hilani s’est cependant confronté à une résistance à l’intérieur de son école pour parler également du massacre de Chabra et Chatila au Liban, ou de la Nakba (« catastrophe » en arabe).

A propos des milliers de drapeaux sionistes qui flottent maintenant autour d’Haïfa pour le soixantième anniversaire du régime sioniste, elle dit, « Je ne fais pas partie de ce que représente ce drapeau. »

Toutes les trois sont représentatives des niveaux de privations auxquels sont confrontés les Palestiniens à Haïfa, et ceci dans les circonstances du 60 ème anniversaire de la Nakba.

Pour télécharger ou écouter ces interviews :
http://www.radio4all.net/proginfo.p...
* Textes, photos, et son par Aaron Lakoff. Aaron Lakoff est journaliste indépendant à Montréal, Canada. Il est actuellement volontaire auprès de l’International Middle East Center (http://www.imemc.org/)à Beit Sahour, Palestine.

IMEMC est une agence d’information développé grâce à une collaboration entre palestiniens et journalistes internationaux afin de fournir une couverture médiatique indépendante en anglais du conflit israélo-palestinien.

Vendredi 09 mai 2008 - International Middle East Media Center [IMEMC] - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.imemc.org/article/54650
Traduction de l’anglais par Brigitte Cope.

Info-Palestine et Aaron Lakoff - IMEMC – vendredi 16 mai 2008

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=4348

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53908

Gaza condamnée à la mort lente

Le refus du régime sioniste d’autoriser l’entrée d’anesthésiant à base de protoxyde d’azote signifie concrètement la peine de mort pour des centaines de patients qui ont besoin d’opérations chirurgicales, écrit Saleh Al-Naami.

Armé d’une hache affûtée, Jihad Abu Hamam va en rampant, environ une fois par semaine, dans les bois à la frontière-est du village d’Al-Qarara au sud de la bande de Gaza. Il y coupe des branches d’arbre et les ramène à la maison deux kilomètres plus loin. Son épouse Jamila utilise chaque jour ces branches comme combustible pour faire cuire leur nourriture depuis que les réserves de la famille en gaz domestique se sont épuisées il y a un mois après la décision israélienne d’interdire son importation dans la bande de Gaza.

« Mon épouse et moi nous sommes mis d’accord pour allumer un feu une fois par jour pour la cuisson de sorte que le bois de chauffage dure aussi longtemps que possible, » explique Abu Hamam à [Al-Ahram Weekly. Aller dans les bois une fois par semaine représente un risque important, admet-il, car ils sont tout proches des positions de l’armée sioniste et les soldats n’hésitent pas à ouvrir le feu et à tuer les Palestiniens qu’ils voient à proximité. Beaucoup de Palestiniens ont été tués pour être entrés dans ce secteur boisé.

Abu Hamam n’est pas la seule personne qui s’aventure dans les bois, les champs d’oliviers et les jardins d’orangers pour ramasser du bois de chauffage. Beaucoup de Palestiniens ont commencé à rechercher du bois suite à la pénurie de gaz domestique. Kanaan Abid, directeur adjoint de l’agence palestinienne de l’énergie a expliqué au Weekly que les quantités de gaz récemment autorisées par le régime sioniste dans la bande de Gaza ont été minuscules, ne satisfaisant pas plus de 10% des besoins de la population. Abid précise que le bois de chauffage ne peut pas servir d’alternative à l’utilisation du gaz dans un secteur se limitant à 360 kilomètres carrés et avec une population de 1 million et demi de personnes.

Pourtant la collecte du bois de chauffage n’est pas la seule illustration d’un retour à une vie primitive dans la bande de Gaza. En raison de la décision du régime sioniste de bloquer l’importation de carburant, plus de 90% des voitures dans Gaza ne roulent pas, ce qui oblige les personnes à parcourir de longues distances à pied. Adel Selasil, âgé de 42 ans et éleveur de moutons dans le village d’Al-Qarara, ne peut pas se résoudre à manquer l’occasion d’être présent au marché des moutons qui se tient chaque mardi matin à l’est de la ville de Deir Al-Balah. Par conséquent il est forcé de parcourir à pied une distance de sept kilomètres entre sa maison et le marché. Beaucoup de négociants et d’acheteurs arrivent au marché de la même manière.

Ghassan Ibrahim vit dans le camp de réfugiés d’Al-Maghazi au centre de la bande de Gaza et travaille comme professeur à Beit Lahiya, loin au nord. Il a déclaré au Weekly qu’il est parfois obligé de contacter le directeur d’école et de faire excuser son absence parce qu’il ne peut pas trouver un véhicule pour le transporter jusqu’à son travail. « Parfois je suis forcé de prendre trois moyens de transport différents pour atteindre l’école, » dit-il encore. Mais Ibrahim raconte qu’il a découvert un autre moyen de transport qui lui permet de se déplacer : l’utilisation de chariots tirés par des ânes et des mules. Il dit que lui et sept de ses collègues de l’école doivent emprunter quotidiennement une charette tiré par l’âne de l’école allant de l’établissement scolaire à la route principale qui relie la bande de Gaza du nord au sud, dans l’espoir de trouver un véhicule qui les ramènerait chez eux.

L’apparition de ce type de chariots est un signe supplémentaire d’un retour à la vie primitive dans Gaza.

Quiconque se tenant à l’entrée au camp d’Al-Maghazi tôt le matin verra d’immenses caravanes de chariots tirés par des ânes arrivant de toutes les directions et transportant les marchandises des vendeurs de légumes. Les chariots tirés par des ânes sont aussi devenus dans beaucoup de cas le premier moyen de transporter les blessés et les morts à la suite des incursions sionistes puisque 70% des ambulances ont cessé de rouler à cause du manque de carburant. Même lorsqu’une ambulance est disponible dans un secteur dans lequel il y a un certain nombre de blessés et de tués, ceux qui sont identifiés comme morts sont alors transportés sur des chariots tandis que blessés sont emmenés en ambulance dans l’espoir qu’ils soient soignés aussi rapidement que possible. Hassan Khalaf, le secrétaire d’État de la Santé dans le gouvernement d’Haniyeh, témoigne que le manque de carburant rend impossible la disponibilité des ambulances vers tous les endroits de Gaza.

La crise due au siège a forcé les Palestiniens à inventer d’autres solutions également ingénieuses. Les chauffeurs de taxi qui ont encore un peu de carburant se sont rendus compte que s’ils le mélangeaient à de l’huile de sésame, cela permettait de rouler sur de plus longues distances. Salem Hamad, un chauffeur de taxi qui procède ainsi, dit au Weekly que si du carburant sans plomb est mélangé à de l’huile de cuisine, cinq litres de carburant sont suffisants pour aller de la ville de Gaza au centre de la bande de Gaza, tandis qu’un véhicule a besoin de 10 litres de carburant s’il n’est pas mélangé à cette l’huile de cuisine.
Mais les voitures qui emploient de l’huile de cuisine produisent des odeurs nocives. Majid Ibrahim, maître de conférences à l’université islamique, ne peut pas supporter la terrible odeur émise par le taxi qui le transporte depuis le centre du territoire jusqu’au sud, à Khan Yunis où il travaille. Il doit couvrir son nez avec sa main et ses vêtements gardent ensuite l’odeur infecte.

Suleiman Al-Awawdeh, qui possède un atelier de réparation de voitures, a indiqué au Weeekly que quelques conducteurs ont également cessé d’employer le gaz sans plomb pour rouler à cause de la pénurie et des coûts prohibitifs. Il explique que quelques conducteurs mélangent du kérosène et de l’huile de sésame, précisant que les voitures ne peuvent pas rouler uniquement au kérosène. Il ajoute que dans tous les cas l’utilisation d’huile de sésame endommage progressivement le système de démarrage et que le nombre de voitures que son atelier a reçu en réparation a augmenté en raison de l’utilisation de cette huile.

Un autre signe du retour à une vie plus démunie à cause du blocus est l’apparition en grand nombre d’ateliers de réparation de chaussures. En raison du siège, les chaussures n’arrivent plus dans la bande de Gaza. Saleh Haboub, propriétaire d’une cordonnerie dans la rue d’Al-Zawiya dans la ville de Gaza nous dit que le nombre de ses clients s’est multiplié plusieurs fois depuis qu’il y a le blocus. Lui et ses frères, qui possèdent d’autres ateliers de cordonnerie près du sien, travaillent du début de la matinée jusqu’au soir pour satisfaire la demande qui augmente. Maher Mehanna se tenait dans une longue file de clients attendant en dehors du magasin de Haboub et il a dit au Weekly qu’il avait fait le tour de la plupart des magasins de chaussure dans la ville mais sans trouver aucune paire de chaussures à acheter, ce qui l’obligeait à faire réparer ses vieilles chaussures. Il a ajouté en riant : « j’ai peur que si cette situation dure, je ne sois forcé à la fin d’aller pieds-nus. »

En raison de la crise, la police à Gaza a adopté une mesure qui n’avait jamais été prise par aucun service de police dans le monde. Pour soulager le poids qui repose sur le dos de la population, les véhicules de police prennent les passagers qui n’arrivent pas à trouver un autre moyen de transport. Le porte-parole du ministère de l’intérieur du gouvernement [d’Haniyeh dans Gaza], Ihab Al-Ghasin, a expliqué au Weekly que des ordres ont été donnés il y a deux semaines pour que les patrouilles de police transportent les passagers qui veulent atteindre des secteurs vers lesquels les patrouilles se dirigent, à condition que cela n’affecte pas la capacité de la patrouille de mener à bien sa mission. Ces ordres ont été appliqués d’abord au nord de la bande de Gaza et dans le governorat de Rafah, puis ils ont été généralisés pour toutes les patrouilles dans toutes les régions [du territoire assiégé]. Al-Ghasin nous apprend que la décision a été bien accueillie par la population.

Il y a pourtant beaucoup de conséquences du blocus dont les effets ne peuvent pas être atténués. Le ministère palestinien de la Santé a annoncé la cessation de toute chirurgie dans tous les hôpitaux de la bande de Gaza suite à l’épuisement du protoxyde d’azote qui est employé comme anesthésiant avant une opération. Lors des discussions avec le Weekly, Khaled Radi nous a appris que le ministère avait conservé une très faible quantité de protoxyde d’azote pour les cas d’extrême urgence.

Radi soutient que le refus du régime sioniste d’autoriser l’entrée du protoxyde d’azote signifie réellement la peine de mort pour des centaines de patients qui ont besoin d’opérations chirurgicales. Il explique aussi que dans le cas d’une attaque sioniste à grande échelle sur la bande de Gaza, les hôpitaux et le secteur de la santé ne pourront pas réaliser d’opérations de chirurgie pour la plupart de ceux qui seront blessés par l’armée sioniste.

Radi prévient aussi que le blocus sera dramatique pour les femmes enceintes ayant besoin d’une césarienne, notant que des centaines de femmes ont besoin d’une telle opérations tous les mois. Il ajoute que le secteur de la santé est méthodiquement détruit par le blocus, la plupart des médicaments étant épuisés et Israël refusant d’autoriser l’importation des équipements médicaux essentiel ou même de permettre à des spécialistes de venir réparer les installations en place.

En conclusion, Radi indique que les vies de centaines de cancéreux, de malades cardiaques et de malades des reins sont menacées jusqu’à ce que ces malades soient autorisés à aller à l’étranger suivre le traitement dont ils ont besoin.

Du même auteur :
 Gaza : au-delà du désespoir
 Une aube nouvelle ?
 Ténèbres, famine et mort imminente
 Abattre les murs de la prison

9 mai 2008 - Al-Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2008/896...
Traduction de l’anglais : Claude Zurbach

Info-Palestine et Saleh Al-Naami - Al Ahram Weekly – jeudi 15 mai 2008

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=4352