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* Jeune activiste pour la Palestine et les droits humains, membre du Forum Itinérant de Participation Populaire (Vénézuéla)

Je suis et serai toujours Palestinienne

De : * Shuruk Duqqa

mercredi 14 mai 2008

J’existe, cela fait très longtemps que j’existe… et pour exister, je suis née… et c’était bien avant le 14 mai 1948, mais moi, ils ne m’ont pas reconnue.
Ils disaient unir les pays existant pour créer la paix entre les nations…
Ils parlaient de la vie, du droit, mais ils ne m’ont pas reconnue.

Pourquoi ?

Pourquoi, puisque j’existais déjà ?

Pourquoi ont-ils permis qu’on me fasse ça ?

Cela s’est fait peu à peu, sans que je m’en rende compte, et quand j’ai découvert qu’ils m’avaient menti, il était peut-être déjà trop tard.

Ils ont occupé, confisqué, détruit, ils ont tué mes enfants et puis, tout a été différent.

Ils nous ont arraché sauvagement notre terre…

Désormais, ce n’était plus nous, mais eux… là, dans notre espace, sur notre terre.

Mes oliviers, oh mes oliviers, comme ils les ont saccagés…et une de mes filles, devant mes yeux en pleurs, mon cœur épouvanté et ma peau tendue à craquer.. tuée.. ils l’ont tuée.. sans pudeur.. sans raison aucune.

Je sentais que je mourrais lentement… que tout était un terrible cauchemar. C’est ce que je voulais croire.

Je n’ai pas pu dormir pendant plusieurs jours… ce cauchemar durait et devenait éternel… et je naissais et mourais de nouveau… non, mon Dieu, cela ne peut pas être !

Pourquoi moi ?

Pourquoi nous ?

Puisque nous les aimions tant ; il y avait des Palestiniens parmi eux, et nous nous aimions tous, comme les frères d’une même patrie, d’un même sang, d’un même univers.

Pourquoi ?

Pourquoi ?

Pourquoi maintenant ?.. quand nous allions enfin pouvoir gouverner ceux que nous aurions toujours dû gouverner, les maîtres, les enfants de cette terre commune…de cette terre sainte… la Palestine !

Pourquoi soudain ce cauchemar s’est-il répandu ?... et les autres qui se taisaient, comme s’il ne se passait rien.

J’ai senti ma vie retourner 1000 ans en arrière, il semblait qu’il n’y avait personne d’autre au monde.

Et des corps disloqués, en putréfaction, s’accumulaient dans mes rues… nooon, criait Dieu.

Et l’horreur sur le visage de mes enfants m’horrifiait… que se passe-t-il ? Pourquoi ?

Les sionistes, murmurait-t-on…

Les sionistes ? Ils veulent prendre possession de moi, et créer un Israel… Israel ?

Mais comment ?.. puisque je suis la Palestine !

Les jours, les semaines et les mois continuaient à s’écouler et moi, encore repliée sur moi-même… à l’agonie en voyant mes enfants courir horrifiés, en écoutant le vacarme qui perturbait ma vie, mes souvenirs, mon existence, tout ce qui était moi…

Je continuais à me demander pourquoi… avec des larmes sur les joues, qui m’étaient toujours plus douloureuses.

Mes larmes reflétaient ma douleur, ma souffrance, mon saignement…

Ils les ont expulsés sans droit à rien… ils les ont tués… torturés… sans s’inquiéter s’il s’agissait d’enfants, de femmes ou de vieillards… ils expropriaient et confisquaient toujours plus de terre pour se l’approprier.

Oh grand-père, qui es parti sans me dire adieu… qui pouvait savoir que cela arriverait ?

Mon âme vit encore… elle n’est pas morte… elle est invincible !

Ils ont tout changé si vite ; déjà les livres ne disent plus mon nom…

Tout a changé… Comment ont-ils pu ?

Ils ont voulu changer l’identité de mes enfants, et m’effacer… ils ont voulu faire ce qu’ils voulaient… Pourtant ils ne peuvent et ne pourront pas le faire !

J’ai souffert intensément, j’ai tant souffert que j’ai senti que la douleur était plus forte que ma vie… l’horreur rendait mes yeux aveugles, mon cœur battait mois fort, mes oreilles se refusaient à entendre, mon nez ne percevait plus que l’odeur du silence et du vide…

Mes jambes perdaient leurs forces et peu à peu mes mains glissaient en touchant le parfum putréfié de la mort survenue.

Toute une vie…

Regardez ce qu’ils m’ont fait…

Toute une histoire qu’ils ont réussi à effacer…

Je suis morte ces jours-là… mais j’ai ressuscité !

Brusquement, des bruits lointains m’ont poussée à me lever lentement…

Résiste, me disait une voix, d’un ton si doux et à la fois si fort, que je me suis levée comme les flammes ardentes d’une flambée.

Certains ont fui pour ne pas mourir, ils ont fui… et fuyant de la sorte, ils pensaient revenir.

Et ils sont partis… ils sont devenus des réfugiés… les uns sont proches géographiquement… les autres de l’autre côté de la Terre.

Et on ne leur permet pas de revenir… aujourd’hui encore, ils ne peuvent pas rentrer chez eux… depuis 60 ans… le monde reste silencieux.

Plus de cinq millions de mes enfants sont aujourd’hui à l’étranger… 60 ans après cette usurpation illégale… la Nakba… la catastrophe.

Cependant, aujourd’hui encore, le cœur nous unit, et nous unira éternellement.

Et je sais, je le sens… je sens en moi la certitude que bientôt, tous reviendront…

Je le sens, je le sens si profondément, comme j’ai senti cette douleur immense ce mois de mai 1948.

Je vous aime, mes enfants, et je suis vivante pour vous, aujourd’hui et pour l’éternité, attendant que justice soit faite pour vivre en paix, avec vous à mes côtés.

Je vous aime…

Salutations. PALESTINA !!!

* Jeune activiste pour la Palestine et les droits humains, membre du Forum Itinérant de Participation Populaire (Vénézuéla