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Nouvelles du jour

Chronique de l’occupation

Mardi, 22 avril 2008

mardi 22 avril 2008

Numéro : 521

nombre d’entrées : 7
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52101

Rencontre stérile

Un nouveau sommet palestino-sioniste n’a produit aucune percée politique. Entre-temps, le régime de Tel Aviv poursuit ses incursions dans la bande de Gaza.

Les entretiens palestino-sionistes se suivent et se ressemblent, sans parvenir à apporter la moindre percée dans un processus de paix au point mort. Une énième rencontre au sommet a eu lieu dimanche sur fond de violence et d’incursion sioniste. Le président palestinien Mahmoud Abbas et le Premier ministre Ehud Olmert se sont vus à Jérusalem dans une rencontre annoncée à la dernière minute. Les entretiens en tête-à-tête ont duré une heure et demie. Peu de choses ont filtré de la réunion qui s’est tenue à la résidence du chef du gouvernement sioniste. Il s’agissait d’une réunion de coordination avant la visite de M. Abbas en Russie et aux Etats-Unis et celle du président américain George W. Bush en début mai. M. Abbas doit rencontrer le président Vladimir Poutine le 18 avril à Moscou et M. Bush le 24 avril à Washington.

Le président américain doit pour sa part assister aux festivités marquant le 60e anniversaire de la création de l’Etat hébreu les 8 et 9 mai et pourrait selon une source palestinienne non confirmée avoir un sommet en Egypte avec MM. Olmert et Abbas.

Les discussions Olmert-Abbas ont eu lieu dans le but souhaité de parvenir à un règlement de leur conflit vieux de 60 ans avant la fin du mandat de M. Bush en janvier 2009. Avant sa rencontre avec M. Olmert, M. Abbas avait reçu le général James Jones, l’envoyé des Etats-Unis chargé du suivi du dossier sécuritaire des pourparlers. « Le président Abbas a demandé au premier ministre de coopérer avec l’Egypte dans ses efforts en vue d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza », a déclaré l’un des principaux négociateurs palestiniens, Saëb Eraqat, dans une conférence de presse à Ramallah en Cisjordanie. Il a aussi appelé les divers groupes armés palestiniens « à coopérer avec l’Egypte afin qu’un cessez-le-feu total protège la bande de Gaza des agressions sionistes et empêche un désastre dans la région ».

Il faisait allusion au mouvement islamiste palestinien Hamas, hostile aux négociations avec l’entité sioniste, qui contrôle la bande de Gaza depuis qu’il en a chassé les forces fidèles au Fatah de M. Abbas en juin 2007. Ce territoire palestinien, d’où sont tirées des roquettes sur le sud de la zone sioniste, est souvent la cible d’opérations sionistes meurtrières. Le Hamas avait menacé d’envahir la frontière avec l’Egypte si l’Etat hébreu ne cesse pas le blocus qu’il impose à la bande de Gaza.

Côté sioniste, l’entourage d’Olmert s’est refusé à tout commentaire, l’un des proches du premier ministre parlant seulement de « discussions sérieuses ». Mais à voir le sort des précédentes rencontres, on pourrait certes être sceptiques quant aux résultats à attendre. En effet, les pourparlers de paix n’ont pas progressé depuis qu’ils ont été officiellement relancés en novembre 2007 à la conférence de paix d’Annapolis aux Etats-Unis. Sionistes et Palestiniens s’accusent mutuellement de bloquer toute avancée.

Les pourparlers ont jusqu’ici été minés par la poursuite de la colonisation juive en Cisjordanie et par les ripostes d’Israël souvent meurtrières aux tirs de roquettes palestiniennes depuis Gaza.
Bien plus, les discussions palestino-sionistes ont été suspendues le 19 février dernier, à la demande de M. Abbas après une opération de l’armée coloniale dans la bande de Gaza lors de laquelle 130 Palestiniens ont été tués.

C’est à la suite d’une médiation de la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice que M. Abbas avait annoncé une reprise des rencontres avec le premier ministre Olmert.
Le Hamas est hostile à ces négociations qui, selon lui, « masquent la poursuite de la colonisation, la judaïsation (de Jérusalem) et donnent une justification à la poursuite des crimes contre le peuple palestinien ».
Promesses non tenues

En effet, le point de vue du Hamas se justifie par le fait que le régime sioniste n’a jamais tenu ses promesses. Les autorités sionistes ont levé 44 barrages routiers, la plupart sans grande importance, en Cisjordanie occupée, soit moins que le nombre promis à la secrétaire américaine d’Etat, Condoleezza Rice, a déclaré l’agence de liaison humanitaire de l’Onu (OCHA). Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’Onu, qui recense les barrages routiers en Cisjordanie, a mené sa propre enquête de terrain sur les 61 points dont on avait annoncé la levée après la venue de Rice.

Dans un rapport préliminaire destiné aux pays donateurs occidentaux, l’OCHA écrit que seuls 44 d’entre ont été retirés, 6 restent en place et 11 sont introuvables. Et sur les 44 obstacles déblayés confirmés par l’OCHA, 5 seulement sont classés par l’agence de l’Onu parmi les barrages « significatifs » pour les Palestiniens.

Les Palestiniens dénoncent dans ce réseau de centaines de postes de contrôle et de barrages routiers une punition collective qui entrave leur développement économique et freine les pourparlers de paix.
Outre les barrages routiers, l’armée sionistes a effectué cette semaine une incursion dans la bande de Gaza, qui a coûté la vie à sept Palestiniens dont un enfant de 10 ans, selon un nouveau bilan, a-t-on appris de sources concordantes. Cette incursion était intervenue après les menaces des dirigeants israéliens de frapper le Hamas. « Nous allons régler nos comptes avec le Hamas qui est seul responsable de tout ce qui se passe dans la bande de Gaza. Nous choisirons le moment et l’endroit voulus », a prévenu le vice-ministre de la Défense, compromettant par la même les fragiles espoirs de reprise des négociations de paix.

Al-Ahram/hebdo - Semaine du 16 au 22 avril 2008, numéro 710 (Monde arabe)

Info-Palestine - Rania Adel - Al Ahram hebdo - lundi 21 avril 2008

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=4194

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52102

Carter à Jérusalem : la politique d’exclusion du Hamas du processus de paix ne conduit à rien

Lundi 21 avril 2008, l’ancien président des Etats Unis, James (« Jimmy ») Carter a parlé devant le Conseil des Relations Internationales de l’état hébreu, puis il a tenu une conférence de presse à l’hôtel du Roi David à Jérusalem Ouest.

Le sujet essentiel du discours de carter lors de la conférence de presse concernait sa rencontre avec des responsables du mouvement du Hamas la semaine dernière en Syrie et en Egypte.

Carter a déclaré que les dirigeants du Hamas lui avaient dit que le mouvement était d’accord pour conclure un accord de paix avec l’entité sioniste si un tel accord était négocié par Mahmoud Abbas, pour autant que la Nation Palestinienne accepte cet accord par un vote à ce sujet.

« Cela signifie que le Hamas ne s’opposera pas aux efforts d’Abbas pour négocier un accord, et que le Hamas acceptera un accord celui-ci reçoit le soutien des Palestiniens dans un vote libre, » a déclaré Carter ;

L’ancien président des Etats Unis a condamné le tir de projectiles artisanaux par la résistance Palestinienne sur les zones sionistes voisines, et il a ajouté qu’il avait dit au Hamas qu’ils employaient des méthodes terroristes, faisant référence aux tirs de Qassam artisanales.

Carter a rencontré des dirigeants du Hamas la semaine dernière à Ramallah, en plus de ses rencontres avec le chef du Bureau Politique du Hamas, Khaled Masha’l, en Syrie, et de sa rencontre, en Egypte, avec un certain nombre de dirigeants du Hamas venant de Gaza.

Le régime sioniste et les Etats Unis ont condamné les rencontres de Carter avec des responsables du Hamas. Dans sa conférence de presse, Carter a repoussé ces attaques en déclarant « nous ne sommes pas ici en qualité de négociateurs ou de médiateurs. Nous n’avons aucune autorité. Nous sommes ici pour apprendre. Nous pensons que le problème n’est pas que j’aie rencontré le Hamas en Syrie. Le problème est qu’Israël et les Etats Unis refusent de rencontrer quelqu’un qui doit (absolument) être impliqué (dans les discussions). »

Le mouvement du Hamas a gagné les élections législatives en janvier 2006. Le mouvement a formé le gouvernement d’Unité Nationale avec le parti du Fatah du président Abbas, mais une vague de conflit inter-palestinien a culminé en juin 2007 avec la prise de contrôle du Hamas sur la Bande de Gaza, la Cisjordanie restant sous le contrôle d’Abbas.
Bien que les Etats Unis, l’Union Européenne, et la Russie aient déclaré que le Hamas l’avait emporté de manière tout à fait démocratique, ils ont imposé des sanctions au peuples Palestinien pour avoir voté en faveur de ce mouvement, « en raison du refus du Hamas de reconnaître Israël et tous les accords antérieurs signés entre les Palestiniens et Israël ». Cependant, le Hamas a déclaré, tout récemment encore, qu’il accepte de reconnaître Israël si l’entité sioniste met un terme à l’occupation de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza, et qu’un état Palestinien soit formé sur les frontières de 1967.

Carter a déclaré aujourd’hui que « ils (le Hamas) ont dit qu’ils accepteraient un état Palestinien sur les frontières de 1967 si cela était approuvé par les Palestiniens, même si le Hamas peut être en désaccord avec certains points de l’accord. »

Concernant les discussions de paix palestino-sionistes, remises en route à la suite de la « conférence d’Annapolis » organisée par les Etats-Unis en novembre dernier, Carter a déclaré que le processus de paix avait « régressé ».

Il n’a pas caché son sentiment qui est que la cause de cette régression est la poursuite de l’activité de colonisation par les sionistes et l’absence de progrès sur le terrain, comme par exemple l’élimination de barrages militaires en Cisjordanie.

« Il y a un sentiment général unanime qu’aucun progrès significatif n’a été réalisé dans le processus de paix, » a déclaré Carter au cours de sa conférence de presse. « En fait, depuis Annapolis, le processus de paix a régressé, davantage d’implantations ont été annoncées, davantage de barrages ont été installés, et le régime de prison qui entoure Gaza a été rendu plus hermétique. »

Concernant Gaza, Carter a déclaré « il est nécessaire de prendre une résolution, car le peuple [de Gaza] continue de souffrir. Je crois cependant que les Etats Unis devraient jouer un rôle plus élargi et plus efficace dans cette affaire, allant au-delà des engagements pris par l’administration Bush d’atteindre un accord de paix. »
James Carter conduit un voyage d’étude en Palestine, en Egypte, en Strie, en Arabie Saoudite et en Jordanie dans un effort permanent pour soutenir la paix, la démocratie, et les droits de l’homme dans la région.

L’ancien président des Etats Unis Carter avait reçu le pris Nobel de la Paix en 2002 pour son rôle dans la médiation des conflits, et pour ses voyages humanitaires pour le Centre Carter. L a également écrit un livre à propos du Mur sioniste, intitulé « Palestine : la paix, pas l’apartheid », publié en 2007.

Ghassan Bannoura - IMEMC & correspondants – Lundi 21 avril 2008 – 16 : 10

http://www.imemc.org/article/54354

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52103

L’armée coloniale se retire du nord de la Bande de Gaza après avoir tué un Palestinien et en avoir kidnappé 27 autres

L’armée d’occupation a tué un combattant de la résistance Palestinien, en a blessé 4 autres, et kidnappé au moins 27 civils au cours d’une incursion visant la partie nord de la Bande de Gaza, lundi 21/04/08.

Lundi à l’aube, les chars et les bulldozers sionistes ont envahi la ville de Beit Hanoun, située dans la partie nord de la Bande de Gaza. Les soldats ont fouillé et ravagé des maisons, puis kidnappé 27 civils d’une même famille, ont rapporté des sources locales.

Les brigades Qassam, la branche armée du mouvement du Hamas, ont déclaré que Ikremah Abou Odah, 22 ans, était l’un des combattants des Brigades qui avait été tué, et que 4 autres civils avaient été blessés lorsqu’un drone sioniste avait tiré des missiles sur un groupe de combattants de la résistance qui tentaient de s’opposer à l’invasion ennemie.

Des témoins ont déclaré que les forces coloniales ont quitté Beït Hanoun lundi 21/04/08 en fin de martinée.

Pendant ce temps, un autre civil a été tué au cours de la soirée précédente au cours d’un raid aérien visant la ville de Rafah dans la partie sud de la région côtière.

Ghassan Bannoura - IMEMC & correspondants – Lundi 21 avril 2008 – 12 : 28

http://www.imemc.org/article/54348

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52104

Abbas arrive en Tunisie pour une visite de trois jours

Le président Palestinien, Mahmoud Abbas, est arrivé dimanche soir 20/04/08 en Tunisie pour une visite de 3 jours au cours de laquelle il aura des entretiens avec le président Tunisien Zine Al Abidine Bin Ali, afin d’évoquer les préparatifs pour la prochaine conférence de paix au proche Orient.

Cette visite fait partie d’une tournée que conduit Abbas, qui l’a déjà mené à Moscou et en Jordanie, et qui doit se poursuivre à Washington.

Abbas est accompagné par Ahmad Qorea’ (Abou Ala’), membre du Comité Central du mouvement du Fatah, Yasser Abed Rabbo, secrétaire du Comité Exécutif de l’OLP, le négociateur en chef Palestinien Saeb Erekat, et le porte parole d’Abbas, Nabil Abou Rodeina.

A leur arrivée à l’aéroport international Qortag de Tunis, Abbas et la délégation Palestinienne ont été accueillis par le ministre tunisien des Affaires Etrangères Abdul-Wahab Abdullah, le conseiller et porte parole officiel du président tunisien Abdul-Aziz Bin Dia’, et ils ont également été reçus par Abdul-Latif Abu Hijla, vice président du bureau exécutif de l’OLP, et par Mohammad Affana, un officiel du Fatah et le chef de l’Armée de Libération Palestinienne.

Cependant, certains membres du Comité Central du Fatah, qui résident en Tunisie, n’étaient pas présents à l’aéroport lorsque l’avion d’Abbas s’y est posé. Il s’agit de Farouq Al Qaddoumi, chef du Bureau Politique de l’OLP, et de dirigeants de haut niveau du Fatah, Mohammad Ghneim et Mohammad Jihad.

Abbas devrait arriver à Washington mardi prochain pour des discussions avec le président des Etats-Unis, George Bush. Les deux dirigeants doivent avoir des entretiens relatifs au sommet de la paix prévu, qui doit se tenir plus tard en Russie.

[commentaires : voyons, voyons, est-ce qu’ils n’ont pas déjà fait pique-niquer en novembre à Annapolis ? C’est quoi, au juste, ce nouveau « sommet de la paix » à tenir dans le futur en Russie. Avant un autre 6 mois plus tard, en Angola, puis un autre au Chili. Et pourquoi pas au Luxembourg ? Je vais vous le dire, pourquoi : les étasuniens ne savent même pas où c’est... Riez, riez, mais ces réunions sont loin d’être inutiles : elles nous apprennent en tous cas qu’il y a une Armée de Libération Palestinienne, et que cette organisation a un chef. ]

Saëd Bannoura - IMEMC & correspondants – Dimanche 20 avril 2008 – 23 : 55

http://www.imemc.org/article/54343

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52105

3 frappes aériennes tuent 6 Palestiniens à Gaza et en blessent 6 autres, dont une fillette de 12 ans

Dans ce qui semble être une riposte à une attaque de la résistance Palestinienne sur le point de passage de Karm Abou Salem plus tôt samedi 19/04/08, les forces sionistes ont tiré un missile sur le camp de réfugiés de Jabaliya, dans le nord de la Bande de Gaza, samedi soir à 22 h 55, tuant 4 personnes ; Une frappa aérienne précédente sur Rafah, dans le sud, avait tué un policier Palestinien et blessé 4 civils, alos q’une autre encore dans le camp de réfugiés d’Al-Shuja’eyya, à l’est de la ville de Gaza, avait fait un mort.

Les sources médicales ont identifié l’homme tué à Rafah comme Mu’in Hamdona, 22 ans. Il a été déclaré mort à son arrivée à l’hôpital Abou Yousef Najjar à Rafah. Le missile a frappé Hamdona dans ce qui bien être un assassinat délibéré par les forces sionistes. De tels assassinats sont presque quotidiens à Gaza, alors qu’ils sont évidemment illégaux dans le cadre du droit international, en raison notamment de la population nombreuse qui est inévitablement touchée par les frappes aériennes. Dans ce cas, 4 passants ont été atteints. L’un d’eux était une fillette de 12 ans, Shadia Attiya bin Hassan.

Un Palestinien avait été tué et 2 autres blessés dans une autre frappe sur le camp de réfugiés d’Al-Shuja’eyya, ) l’est de la ville de Gaza. Les sources médicales ont déclaré qu’Eyah al-Mughani, 21, avait tué sur le champ, son corps démembré, alors que deux autres personnes avaient été plus modérément blessées, par des tirs de l’aviation de combat sioniste qui ont lancé au moins un missile sur un groupe de personnes dans la rue.

Enfin, à Jabaliya, dans le nord de Gaza, 4 Palestiniens avaient été tués. Leurs corps n’ont pu être identifiés.

Un porte parole militaire sioniste a déclaré que la frappe aérienne à Jabaliya visait des membres des Brigades Al Qassam, la branche armée du Hamas. Le missile a atteint un véhicule qui roulait à proximité du quartier général de l’Administration Civile de l’Autorité Palestinienne dans le camp de Jabaliya, selon les sources sionistes.

Ces frappes aériennes interviennent la veille de la fête juive de Pâques, qui commence dimanche 20 avril pour se terminer le 26. Les porte parole militaires sionistes ont déclaré que l’armée coloniale imposera un bouclage total de toutes les zone Palestiniennes au cours de la fête juive. Pendant le bouclage, il est interdit aux Palestiniens d’entrer dans la zone sioniste, sauf pour les médecins et les avocats, et pour les cas humanitaires. Cette pratique arbitraire, de boucler des zones Palestiniennes pendant les fêtes juives, a été une pratique constante depuis le début de l’occupation militaire sioniste de toute la terre de Palestine en 1967.

Saëd Bannoura - IMEMC & correspondants – Dimanche 20 avril 2008 – 00 : 04

http://www.imemc.org/article/54330

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Les indignations sélectives ! « Le partage de la morale est de plus en plus intolérable »

Denis Sieffert, Politis no 98, jeudi 17 avril 2008

La récente campagne médiatique en faveur du Tibet a sans doute eu le mérite d’attirer l’attention de l’opinion sur cette région opprimée. Mais elle soulève aussi des questions sur nos engouements et nos oublis. Un dossier à lire dans notre rubrique Monde.

Pourquoi maintenant ? Pourquoi le Tibet ? Ce sont deux questions que l’on est en droit de se poser quelques jours après les manifestations orchestrées par Reporters sans frontières (RSF) en faveur du Tibet. Pourquoi maintenant, alors que c’est évidemment au moment de l’attribution des Jeux olympiques à Pékin, en 2001, que les moyens de pression auraient été les plus efficaces ? Pourquoi le Tibet, alors que les minorités opprimées ne manquent pas dans le monde ? On connaît les Tchétchènes, massacrés par les troupes de Vladimir Poutine, mais il faudrait encore parler, dans cette région du monde, des Ossètes du Sud, dont l’autonomie a été abolie par le Parlement géorgien, en 1990, et qui n’ont pas depuis recouvré leurs droits. Il faudrait parler des Ingouches ou des Abkhazes de Georgie, et des Karens de Birmanie, et des Mongs du Laos, et des Tamouls du Sri Lanka, et, plus près de nous, des Sahraouis, dont les revendications d’émancipation par rapport au royaume du Maroc ne sont guère soutenues. Et de tant d’autres minorités opprimées à travers le monde, à commencer en Chine même, comme le rappelle Éric Drouot. Il faudrait surtout parler de nous autres, Occidentaux. Des dizaines de milliers de sans-papiers que notre pays donneur de leçons chasse sans trop se soucier de ce qui adviendra ensuite de leur vie ou de celle de leurs enfants.

Bien entendu, que l’indignation soit sélective ne délégitime pas la cause du peuple tibétain. Et, bien entendu aussi, le combat idéal qui prendrait soudain en charge toutes les causes justes à travers le monde n’existe pas, et sans doute il ne peut exister. Ce n’est donc pas tant la « sélection » qui choque si au moins elle était arbitraire ! que ses critères, trop évidents. Il y a un « côté du manche ».

Rony Brauman le rappelle avec force dans ce dossier (voir ci-contre) : au cours des mêmes journées où le régime chinois tuait plus de cent Tibétains, Israël tuait cent vingt personnes à Gaza. Pour Pékin, il s’agissait de « voyous appartenant à la clique du Dalaï-lama » ; pour Israël, de « terroristes », parfois en très bas âge.

Nous ne demandons pas que les organisations qui ont le sens de l’opportunité médiatique abandonnent le Tibet, mais que leur indignation s’exerce aussi quand les oppresseurs occupent l’Irak, ou colonisent la Palestine, ou massacrent les Tchétchènes, ou mènent une véritable guerre inhumaine aux immigrés [1].

Ce que nous dénonçons, c’est une utilisation des « droits de l’homme » à géométrie variable, et qui emprunte dangereusement les lignes de fracture dessinées par les adeptes du « choc des civilisations ».
Note
[1] La LDH, la FIDH ou le Mrap ont cette approche équitable.
Politis no 98, jeudi 17 avril 2008

CCIPPP et Denis Sieffert, Rony Brauman ( Politis 17 avril 2008) - samedi 19 avril 2008.

http://www.protection-palestine.org/spip.php?article6102

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52107

La Mort d’un étudiant …

Hani était aussi mon étudiant, j’ai partagé avec lui des moments très difficiles et aussi des moments de rire et de joie. J’étais le seul à le comprendre !!! C’était un étudiant impulsif, bagarreur et très gentil. Un enfant des camps qui ne savait pas les règles de la courtoisie imposée par les citadins de Naplouse. Il disait ce qu’il pensait tout cru sans réfléchir et souvent à haut voix. Mais il était épris de justice et de bonté : il venait souvent me voir pour régler les problèmes des autres mais il ne parlait jamais de ses problèmes. Lorsqu’il parle ses mains bougent dans tous les sens et son visage devient rouge puis il se calme… Et pour finir il vient t’embrasser et demander des excuses.

Souvent, il arrivait le matin en retard parce qu’il ne savait pas dans quel coin de la ville il se cachait et chez qui il dormait…Vivre tous les jours la peur au ventre, changeant de maison, de quartier, de rue et fuir rapidement en pensant à ce que l’ennemi a mis comme plan non pas pour vous arrêter mais pour vous tuer, c’était le pain quotidien de ce garçon. Puis, il faut tenir bon et lorsque l’occasion se présentait résister et tirer sans peur ni craint. C’est ce qu’il a fait ce matin. Oui, il a résisté autant qu’il peut… Des minutes, des heures ou toute la nuit devant les brigades de la mort protégées par l’aviation, les blindés et toute la technologie moderne…Lorsque nous résistons en Palestine deux solutions s’offre à nous : la mort ou la mort …

La mort de ce garçon m’a énormément touchée. L’année dernière, il a eu un problème avec un prof qui n’aime pas les gens de Fatah en général, j’étais obligé d’intervenir pour faire respecter le prof et demander au prof d’être un peu tolérant avec un pourchassé des brigades de la mort israéliennes. Hani était tellement modeste et respectueux envers ses profs au point d’aller présenter ses excuses à ce prof. Et il a décidé d’arrêter les cours parce qu’il ne pouvait pas concilier résistance à l’occupant jour et nuit, pourchassé et suivi d’une maison à l’autre, d’une rue à l’autre et surtout blessé de deux balles à la jambe et les études.

La résistance à Naplouse, ville assiégée depuis le début de la deuxième Intifada, qu’on le veuille ou non se fait à partir de l’invasion de 2002 par les gens du Fatah et un peu dans le camp de Ain Beitalmaa par le FPLP. Ces résistants, dont on ne veut pas parler dans les médias arabes et au sein de l’autorité Palestinienne, ne croient pas au processus de paix décidé et ordonné par l’occupant et ses alliés et opposent une résistance farouche à l’occupant souvent dénaturée par certains bandits qui profitent de l’insécurité pour se remplir les poches. Cette résistance est la seule qui existe dans la région nord de la Cisjordanie au cas où vous ne le savez pas. Elle doit continuer par des gens qui n’ont rien à perdre rien à gagner…

Souvent la mort vient en une belle journée d’avril et je dis comme les Indiens d’Amérique c’était une belle journée pour mourir cher Hani.
B. S
Lira aussi " Assassinat extrajudiciaire des Forces d’Occupation Israélienne dans le camp de réfugiés de Balata à Naplouse" : http://www.ism-france.org/news/article.php ?id=8781&type=temoignage& lesujet=Assassinats%20cibl%E9s

Naplouse

CCIPPP – Naplouse - publié le vendredi 18 avril 2008.

http://www.protection-palestine.org/spip.php?article6100