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Source : ISM

BEN GOURION, « ADMIRABLE » PERE D’ISRAËL ?

Par un palestinophile sexagénaire

mardi 1er avril 2008

« Mais le droit des Arabes à l’autodétermination ne signifie pas le droit des Arabes à la possession de la Palestine. Nous dénions de toute notre force le droit des Arabes d’être maîtres uniques de tout le pays* »

Berlin – Congrès Eretz Israël Haovedeth - 1930

Si, à la différence évidente - sur les forums en particulier - de certains pro- ou anti-palestiniens, on a lu relativement beaucoup d’ouvrages et/ou de pages de la Toile sur le drame palestinien, comment juger objectivement qu’un livre sur la genèse de l’état d’Israël, fut-il signé d’un historien réputé, est crédible et s’appuie sur des documents incontestables ?

Comment juger que les biographies et même les autobiographies et encore même les « carnets intimes » ne reflètent pas avant tout un plaidoyer pro homo ou au moins pro domo ?

Comment juger de l’objectivité d’un témoin qui contesterait un propos autobiographique ?

Si on veut être strictement honnête, c’est extrêmement délicat, mais cela peut amener à réviser, avec beaucoup de circonspection ses certitudes, en évoquant plusieurs points de vue si on en dispose.

Mais quoiqu’il en soit, une chose est absolument incontestable, pour toute personne honnête, si David Gryn dit Ben Gourion (né en 1886) a rêvé de la Palestine à l’âge de huit ans, et est devenu professeur d’hébreu bénévole à l’âge de 14 ans dans sa ville polonaise de Plonsk sous contrôle russe natale, il y a eu un jour où il a aveuglément voulu ignorer, par racisme ou fanatisme ou les deux réunis, sinon par ambition de laisser son nom dans l’Histoire, qu’il était impossible de créer « son » état juif sans terroriser, tuer et expulser, démontrant ainsi une inhumanité foncière qui, toutes choses inégales par ailleurs, n’a rien à envier à celle d’Hitler, sinon de Staline.

Et ça c’est également éthiquement absolument inadmissible, donc indéfendable encore en 2008, pour toute personne informée et honnête, qu’elle ignore ou pas le nombre de crimes quotidiens commis jours et nuits par les Forces d’Occupation Sionistes (Tsahal et Magav), les services secrets qui s’occupent de l’Est de la Palestine occupée depuis 1948 (Shin Beth) et les occupants civils armés grignoteurs et voleurs de terres (très improprement appelés colons). Avec l’accord bien évidemment des hypocrites gouvernements sionistes successifs de droite ou de « gauche », mais aussi, malheureusement, avec une certaine complicité de certains dirigeants palestiniens qui, au titre de l’OLP, comme au titre de la pseudo « Autorité », ne sont plus représentatifs de l’ensemble du peuple d’ascendance palestinienne.

C’est pourquoi toute terre palestinienne qui ne sera pas rendue au peuple palestinien lors d’un traité de non agression mettant plus ou moins fin, en une première étape, à ce qui n’a jamais été une guerre entre sionistes et Palestiniens (vu l’énorme disproportions des armes), cette terre ne constituera pas un maintien normal et éthiquement défendable de la possession d’un bien « juif », mais une « généreuse » concession palestinienne, espérons-le provisoire, le temps d’une cicatrisation des ressentiments très légitimes palestiniens. A l’exception relative, concédons-le, des 6 ou 7 % de terres acquises, en une soixantaine d’années, avant le 29 novembre 1947, dans des conditions plus ou moins douteuses et moralement défendables, par le Fond National Juif ; en particulier soit auprès de riches propriétaires palestiniens plus souvent non résidents que résidents, soit avec la complicité du mandataire britannique sur ordre de gouvernements successifs indécis et tergiversants.

L’ironie tragi-comique de cette histoire, c’est qu’il n’est pas improbable que l’ultra-sioniste polonais David Ben Gourion, pas plus que de nombreux « Juifs » européens (et autres) n’était pas le descendant d’Israélites, c’est à dire de sujets du mythique Roi David (qui fut probablement moins « magnifique et glorieux » que le « roman » biblique nous le dit ), mais un descendant des Khazars, une tribu d’origine asiatique dont on l’Histoire parle entre le VI° et le XIII° siècle, et dont des rois finirent par régner sur un certain nombre de territoires à l’Est de la Mer noire et de la Mer caspienne, avec l’un d’entre eux qui s’enticha d’une des version du judaïsme, religion devenue monothéiste, mais pas plus monolithique que les deux autres ; en obligeant évidemment la majorité de ses sujets à le suivre dans sa nouvelle foi. D’où, expliquent certains, l’appellation d’Ashkénazes pour les « Juifs » d’Europe centrale et orientale en particulier. Mais allez savoir ? Quel Israélite peut prétendre connaître sa généalogie ne serait-ce que le début de notre ère quand il invoque, derrière Ben Gourion, la terre de ses ancêtres ?

Mais quoiqu’il en soit, qu’il soit un authentique descendant d’Israélites ou pas, quand on lit les discours de Ben Gourion depuis les débuts de sa vie politique, truffés qu’ils sont de références bibliques, cautionnantes, alors qu’il était athée, en particulier « Du rêve à la réalité », Editions Stock – 1986, mais pas seulement, lui qui déclara « Toute force qui n’a pas de base morale n’a pas de raison d’être », on est frappé par l’abîme qu’il y a entre ses « belles paroles », et ses arrogants agissements inadmissibles de sioniste fanatique, dès sa « période terroriste » (face aux Britanniques du mandat).

Alors, David Gryn, pour le plus grand malheur de la majorité du peuple palestinien, voire israélien, dans un contexte unique dans l’Histoire de la Terre, ce démocrate totalitaire et despotique dans un état encore sans constitution en 2008 où il y a, depuis le début, autant d’affrontements et d’ambitions et de chausse-trappes politiques qu’ailleurs, fut-il le roi cruel et inhumain des hypocrites ?

* Parmi d’autres tout aussi édifiants, il faut relire ce long discours, à la fois tellement si noble et généreux … et si plein de contradictions ... qu’on en pleurerait ... de rage, quand on connaît ses crimes inqualifiables.