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Source : International Solidarity Movement

La farce continue

Par Khaled Amayreh

mardi 1er avril 2008

Au moment où les perspectives de paix en Palestine semblent plus mornes que jamais, principalement à cause de l’intransigeance sioniste et de la complicité étasunienne avec l’Etat sioniste, les populations pacifiques du Moyen Orient et du monde ressentent comme une offense la nouvelle visite peu sincère de la Secrétaire d’Etat US dans la région.

Rice a fait de nombreuses visites à Ramallah et à Jérusalem occupée depuis qu’elle est devenue Secrétaire d’Etat il y a plus de trois ans.

Pourtant, la situation globale se rapportant au calvaire palestinien est restée plus ou moins inchangée et on peut même soutenir sans risque d’erreur que l’occupation et l’apartheid sioniste sont aujourd’hui bien pires qu’il y a trois ans.

Il est donc bien peu probable que l’actuelle visite de Rice fasse une quelconque différence.

Repérer les causes et les raisons de l’échec des « efforts de paix » américains dans cette partie du monde n’est pas très compliqué.

Les USA savent très bien que le régime sioniste n’avancera pas d’un centimètre vers la paix sans une sérieuse pression étasunienne. Mais le gouvernement manque autant du désir que de la volonté de la faire.

Le contrôle juif du Congrès et le total asservissement virtuel de l’administration au puissant lobby juif, l’AIPAC, ainsi que les néocons pro-sionistes, rendent extrêmement peu vraisemblables tout percée, ou même tout progrès véritable du processus de paix.

Rice sait très bien cela, malgré l’optimisme de façade qu’elle essaie souvent d’afficher, principalement pour donner l’impression que le processus de paix moribond est toujours vivant.

Les sionistes aussi savent très bien que lorsqu’il agit du régime sioniste, les responsables étasuniens ne pensent pas toujours ce qu’ils disent, ni ne disent ce qu’ils pensent.

Prenez par exemple la question des barrages routiers et des checkpoints sionistes qui constellent la carte de la Cisjordanie, et qui rendent toute activité économique normale parfaitement impossible. Les officiels US, de Bush lui-même à Rice, jusqu’aux autres envoyés US et du Quartet, ont dans de nombreuses occasions exhorté le régime d’occupation à enlever les environ 600 barrages, souvent tenus par des soldats simili-nazis à la gâchette facile.

Cependant, au lieu d’accéder aux demandes étasuniennnes et internationales, le gouvernement sioniste a décidé d’ériger davantage de barrages et de checkpoints pour rendre la vie quotidienne des Palestiniens encore plus misérable et insupportable.

Pourquoi l’état sioniste défie-t-il l’administration Bush, qui a demandé à ce régime, pour la énième fois, de relâcher ses mesures dures et handicapantes contre les Palestiniens ordinaires tant en Cisjordanie que la Bande de Gaza ?

La réponse est très claire. Le régime sioniste pense, à tort ou à raison, qu’il contrôle les Etats-Unis d’Amérique, qu’il contrôle les hommes politiques et la politique étasuniennes, qu’il contrôle le congrès, les médias et les plus importantes institutions financières des USA.

Il y a quelques années, la rumeur a couru que l’ancien Premier Ministre sioniste Ariel Sharon aurait dit à Shimon Peres, qui était alors Ministre des Affaires Etrangères : « Nous contrôlons l’Amérique et les Américains le savent. »

Un leader juif colon d’Hébron, que j’ai rencontré dans le temps, était encore plus catégorique. Il disait que « les Juifs peuvent mettre l’Amérique à genoux en moins de 24 heures ».

J’ai demandé au chef colon, qui semblait si arrogant, qui avait lui-même émigré de Floride pour la Palestine Occupée, comment quelques millions de juifs américains pouvaient soumettre le pays le plus puissant de la terre. « Nous ne contrôlons pas directement les 300 millions d’américains », me dit-il, « nous contrôlons ceux qui les contrôlent. »

Beaucoup d’apologues du sioniseme ne manqueraient pas de qualifier ces remarques d’« absurdes ». Toutefois, un nombre de plus en plus grand d’Américains en sont arrivés à la conclusion que la politique étrangère américaine, en particulier envers la Palestine, Israël, l’Irak, l’Afghanistan, et même vis-à-vis de l’Europe, est concoctée en à Tel Aviv, pas à Washington.

Il y a deux mois, j’ai rencontré un groupe de dirigeants étasuniens chrétiens dans un restaurant d’Hébron. Une femme, qui venait je pense d’Illinois, me dit : « Je suis désolée de vous dire que vous vous languirez sous occupation sioniste pendant longtemps encore ». Déconcertée par cette remarque, je demandais à cette retraitée d’environ 65 ans comment elle pouvait être aussi sûre d’une affirmation si lugubre. Sa réponse m’a rendu encore plus perplexe. « Aujourd’hui, le seul pays capable de faire pression sur le régime sioniste pour arrêter son occupation de la Palestine, ce sont les Etats-Unis. Et l’entité sioniste contrôle notre gouvernement et notre pays, je dirais, de façon très serrée. »

En bref, il est futile d’attendre que les USA apportent la paix au Moyen Orient puisque la paix ne dépend presque entièrement que des pressions que le gouvernement US exercera sur Israël, chose hautement improbable, du moins dans un futur proche.

Oui, les USA essaient souvent d’avoir l’apparence de faiseurs de paix et de courtier honnête. Mais c’est une apparence trompeuse puisque chacun sait que les discussions éternellement stériles entre Olmert et Abbas n’ont mené et ne mèneront nulle part.

Aujourd’hui, avec la politique sioniste du fait accompli en Cisjordanie occupée, en particulier à Jérusalem Est, les perspectives d’une solution à Deux Etats sont mortes, en dépit de tout les bavardages vides que nous continuons à entendre de la part des responsables sionistes, étasuniens et même palestiniens.

C’est pourquoi il est impératif que le peuple palestinien, ses dirigeants et ses représentants véritables arrêtent de laisser les Etats-Unis d’Israël… oui, les Etats-Unis d’Israël, les duper sans cesse pour qu’ils liquident la cause pour laquelle ils luttent deouis si longtemps.

C’est pourquoi il est vital que le peuple palestinien, ses dirigeants et ses représentants non corrompus trouvent une stratégie alternative de salut basée sur la solution à Un Etat.

Source : Palestine Info  Traduction : MR pour ISM