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Par « Convergence des causes » que nous relayons volontiers (ndlr)

Lettre ouverte à Madame MICHÈLE ALLIOT-MARIE, Ministre de l’Intérieur, de l’Outre-Mer et des Collectivités territoriales

Plus qu’une gaffe : un parti pris insupportable sous couvert de « devoir de réserve » (ndlr )

mercredi 26 mars 2008

Madame La Ministre,

Nous venons d’apprendre que Mr Bruno Guigue a été limogé de son poste de sous-préfet à Saintes après qu’il ait fait publier un texte sur le site Oumma.com.
Une telle mesure disciplinaire prise à l’égard d’un fonctionnaire est en principe motivée par des raisons très graves et sérieuses.
Les propos de Mr Guigue tenus dans cet article sont ou bien vrais ou bien mensongers.
S’ils étaient contraire à la vérité, alors, ils sont diffamatoires et calomnieux et dans ce cas, un État démocratique se devrait d’instruire ses allégations et conduire un procès équitable dans le respect d’un débat contradictoire.
Dans le cas restant de l’alternative, l’appareil d’État français se doit de respecter la liberté d’expression non d’une opinion, mais d’une réalité historique largement vérifiable par le plus inattentif des rapporteurs de l’actualité.

Madame la Ministre, peut-être ne le savez-vous pas si l’information ne vous parvient que d’une seule des parties en Israël Palestine, celle qui domine militairement, mais l’armée de l’occupation fait plus que de fournir des snipers qui assassinent des fillettes à la sortie de l’école.
Elle bombarde des civils qui pique-niquent sur la plage de Gaza, tuant une vingtaine de membres d’une même famille.
Elle abat des jeunes gens en les visant en plein cœur quand ils jouent au football.
Elle vise depuis les hélicoptères fournis par les USA des enfants qui étendent du linge sur la terrasse de leur maison.
Elle interdit le passage des ambulances aux barrages qui transportent des malades, des blessés et des femmes sur le point d’accoucher, entraînant nombre de morts qui ne menaçaient en aucun cas la sécurité de l’État d’Israël.
Elle forme si bien ses soldats au tir qu’ils s’exercent à atteindre des points très précis des membres des Palestiniens et organisent entre eux des concours du meilleur carton pour passer le temps.

L’armée d’occupation protège les colons quand ils harcèlent les Palestiniens qui n’ont pas été encore éliminés au voisinage des colonies, toutes illégales selon le droit international. Le harcèlement va de ratonnades, à l’interposition sur le chemin de l’école, à l’interdiction de l’accès au verger, au champ ou au pâturage pour les paysans ou encore au meurtre pur et simple.

Les soldats de l’armée d’occupation formés en principe pour mener des guerres contre une armée adverse se transforment en geôliers brutaux d’une population civile emprisonnée, humiliée, affamée, niée dans ses droits les plus élémentaires et dans son existence même et exposée à des incursions meurtrières qui viennent de terre, du ciel et de mer.

Bruno Guigue n’a dit qu’une infime fraction de la réalité de cette occupation. Les délégués de l’ONU et en particulier les membres de l’UNRWA, organe spécifique onusien qui porte secours aux plus anciens et plus nombreux réfugiés de la planète attestent de l’inhumanité de cette situation politique.
Leur présence dérange l’occupation qui ne veut pas de témoins et pas de secours aux démunis privés de leur terre et de leurs foyers. Cette situation désespère ses victimes en premier lieu, mais aussi tous les citoyens du monde qui ne veulent pas que se poursuive une injustice aussi flagrante et parce qu’ils se sentent impuissants face à la complicité active des puissances mondiales dont fait partie la France.

L’humanité, la vraie celle qui s ‘élabore tous les jours en portant au plus haut les valeurs de justice et de vérité, est faite de ces humbles personnes comme Bruno Guigue qui ne seront peut-être pas retenus par l’Histoire ni comme héros ni comme symboles d’une résistance.
Elle rejette dans le camp des bannis ceux qui ne font rien pour qu’advienne un peu de justice.

Au sein de l’équipe au pouvoir, vous représentez le rare cas de cette famille politique héritière de la tradition gaullienne.
Quand un membre de gouvernement n’approuve pas la politique de censure indigne conduite par l’exécutif au service d’une cause étrangère et colonialiste, il se doit de l’exprimer en le quittant.

Veuillez agréer Madame La Ministre, l’expression de notre haute considération de même que nos salutations les plus républicaines et humanitaires.

Convergence des Causes
25 mars 2008