Accueil > Sociétés Civiles à Parlement Européen > « Tue une centaine de Turcs et repose toi... »

En français suivi du texte originel en anglais

« Tue une centaine de Turcs et repose toi... »

par Uri Avnery

mercredi 12 mars 2008

Les évènements de cette semaine me faisaient penser à cette histoire d’une mère juive qui prend congé de son fils, appelé à servir dans l’armée du Tsar contre les Turcs.

« Ne te fatigue pas trop, » lui conseille-elle, « Tue un Turc et repose-toi. Tue un autre Turc et repose-toi encore... »

« Mais maman, » s’écrie-t-il, « Et si le Turc me tue ? »

« Qu’il te tue ? » s’écrie-t-elle, « Pourquoi ? Qu’est-ce que tu lui as fait ? »

Ceci n’est pas une plaisanterie (et nous ne sommes pas dans une semaine propre aux plaisanteries). C’est une leçon de psychologie. Elle m’est revenue à l’esprit en lisant la déclaration d’Ehud Olmert selon laquelle ce qui l’a particulièrement mis en fureur est l’explosion de joie après l’attaque de Jérusalem où 8 élèves d’une yeshiva ont été tués.

Auparavant, le week-end dernier, l’armée avait tué 120 Palestiniens dans la Bande de Gaza, dont la moitié de civils, parmi lesquels des dizaines d’enfants. Nous n’en étions plus à « Tue à Turc et repose-toi », mais à « Tue cent Turcs et repose-toi ». Mais cela, Olmert ne le comprend pas.

LA GUERRE DE CINQ JOURS à Gaza (comme un dirigeant du Hamas l’a appelée) n’a été qu’un bref chapitre du conflit israélo-palestinien. Ce monstre sanglant n’est jamais satisfait, son appétit ne fait que croître au fur et à mesure qu’il dévore.

Ce chapitre commence par la « liquidation ciblée » de cinq militants de haut niveau à l’intérieur de la Bande de Gaza. La réponse a été une salve de roquettes, et cette fois pas seulement sur Sdérot, mais aussi sur Ashkelon et Netivot. La « réponse » à la « réponse » a été l’incursion de l’armée et le massacre de masse.

Le but déclaré était, comme toujours, de mettre un terme aux lancement de roquettes. Les moyens : tuer un maximum de Palestiniens, pour de leur donner une leçon. La décision était basée sur le concept israélien traditionnel : frapper les civils encore et encore, jusqu’à ce qu’ils se débarrassent de leurs dirigeants. Cela a été essayé des centaines de fois, et a échoué des centaines de fois.

S’il fallait une illustration de la déraison des propagandistes de ce concept, elle a été fournie à la télévision par l’ex-général Matan Vilnai, lorsqu’il a déclaré que les Palestiniens sont « en train d’attirer une Shoah sur eux-mêmes ». Le mot Hébreu Shoah est connu dans le monde entier, où il a une seule signification claire : l’Holocauste mené par les Nazis contre les Juifs. La phrase de Vilnai s’est répandue comme un feu de broussailles à travers le monde arabe et a déclenché une onde de choc. J’ai, moi aussi, reçu desd izaines de coups de téléphone et d’e-mails de partout dans le monde. Comment expliquer aux gens que, dans la langue hébreue quotidienne, Shoah signifie « seulement » un désastre, et que le général Vilani, tout ancien chef d’état-major qu’il soit, n’est pas la personne la plus intelligente du monde ?

Il y a quelques années, le président Bush a appelé à une « Croisade » contre le terrorisme. Il n’avait pas en tête que pour des millions d’Arabes, le mot « Croisade » évoque l’un des plus grands crimes de l’histoire de l’humanité, commis par les croisés originels contre les Musulmans (et les Juifs) dans les rues de Jérusalem. [pardon, monsieur Avnery, vous oubliez les victimes chrétiennes : dans des villages chrétiens, des enfants ont été embrochés et rôtis par les croisés...]. Dans un concours d’intelligence entre Bush et Vilnai, le résultat ne serait pas évident.

VILNAI NE COMPREND PAS ce que le mot « Shoah » signifie pour les autres, et Olmert ne comprend pas pourquoi il y a de la liesse à Gaza après l’attaque de la yeshiva de Jérusalem. Des hommes avisés comme ceux-ci dirigent l’état, le gouvernement et l’armée. Des hommes avisés comme ceux-ci contrôlent l’opinion publique au moyen des média. Ce qu’ils ont en commun : des sensibilités fermées à tout ce qui n’est pas Juif/Israélien. C’est de là que vient leur incapacité à comprendre la psychologie de l’autre partie, et donc les conséquences de leurs propres paroles et de leurs propres actions.

Ceci se manifeste encore dans leur incapacité à comprendre pourquoi les gens du Hamas ont revendiqué la victoire dans la Guerre des Cinq Jours. Quelle victoire ? Après tout, il n’y a eu que 2 militaires et un civil israélien tués, en face de 120 morts Palestiniens, civils et combattants réunis.

Mais cette bataille a opposé l’une des plus fortes armées du monde, équipée des armes les plus modernes de la terre, et quelques milliers d’irréguliers avec des armes primitives. Si la bataille se termine par un résultat nul – et une telle bataille se termine toujours par un résultat nul- c’est une grande victoire pour le côté militairement le plus faible. Dans la seconde guerre du Liban et dans la guerre de Gaza.

(Binyamin Netanyahu a fait l’une des déclarations les plus stupides de la semaine, lorsqu’il a demandé que « l’armée israélienne doit passer de l’attrition à la décision ». Dans une lutte de ce type, il n’y a jamais de décision.)

L’effet réel d’un telle opération ne s’exprime pas par des faits matériels et quantitatifs : tant de morts, tant de blessés, tant de destructions. Il s’exprime par des résultats psychologiques qui ne peuvent pas être mesurés, et sont par conséquent hors de portée des esprits des généraux : combien de haine a été ajoutée dans la marmite bouillonnante, combien de nouveaux attaquant-suicides potentiels ont été produits, combien de gens ont juré de se venger et sont devenus des bombes à retardement : comme le jeune homme de Jérusalem, qui s’est réveillé un beau matin, cette semaine, s’est procuré une arme, s’est rendu à la yeshiva Mercaz Harav , la mère, comme chacun sait, de toutes les implantations, et a tué autant de gens qu’il a pu.

Maintenant, les responsables politiques et militaires d’Israël sont réunis pour étudier ce qu’il faut faire , comment « répondre ». Aucune idée nouvelle n’a surgi ni ne surgira, parce qu’aucun de ces politiciens et de ces généraux n’est capable d’apporter une idée nouvelle. Ils ne peuvent que revenir aux centaines de choses qui ont déjà été faites, et qui ont échoué des centaines de fois.

LE PREMIER PAS pour sortir de cette folie est d’être prêt à remettre en question tous nos concepts et toutes nos méthodes, tenus pour assurés au cours des 60 dernières années, dès le départ.

C’est toujours difficile. C’est encore plus difficile pour nous, parce que notre direction n’a pas la liberté de penser : sa pensée est très étroitement liée à celle de la direction étasunienne.

Cette semaine, un document choquant a été publié : l’article de David Rose dans Vanity Fair. Il décrit comment, au cours des dernières années, des responsables étasuniens ont dicté chacun des pas de la direction Palestinienne, jusqu’au plus petit détail. Bien que l’article ne mentionne pas la relation israélo-étasunienne (ce qui est une omission surprenante), il va sans dire que le pilotage étasunien, jusqu’aux plus petits détails, est coordonné avec le gouvernement israélien.

Pourquoi ce document est-il choquant ? Ces faits étaient déjà connus, dans l’ensemble. A cet égard, l’article ne contient rien de surprenant : (a) les étasuniens ont ordonné à Abbas d’organiser des élections législatives, de façon à présenter Bush comme celui qui apporte la démocratie au Proche Orient. (b) le Hamas a emporté une victoire surprenante. (c) Les Etats Unis ont imposé un boycott aux Palestiniens, afin d’anuler le résultat des élections. (d) Abbas s’est écarté un moment de la ligne qui lui était dictée et sous les auspices (et la pression) Séoudiens, a conclu un accord avec le Hamas. (e) Les Etats Unis ont mis un point final à toute l’affaire et ont obligé Abbas à confier tous les services de sécurité à Mohammad Dahlan, qu’ils ont choisi pour jouer le rôle de l’homme fort en Palestine. (f) les Etats Unis ont fourni des quantités de ressources financières et d’armes à Dahlan, ont entraîné ses hommes et lui ont ordonné d’exécuter un coup d’état militaire contre le Hamas dans la Bande de Gaza. (g) le gouvernement élu du Hamas a pris de court les hommes de Dahlan et a lui-même exécuté un contre-coup d’état armé.

Tout cela était déjà connu. Ce qui est nouveau est que le mélange de nouvelles avérées, de rumeurs, et de supputations dont on disposait jusqu’ici est maintenant condensé en un rapport solide, bien établi, et qui fait autorité, basé sur des documents étasunien officiels. Il témoigne de l’ignorance abyssale des Etats Unis, qui parvient à l’emporter même sur l’ignorance israélienne, des processus internes Palestiniens.

George Bush, Condoleezza Rice, le néo-conservateur sioniste Elliott Abrams sont en compétition avec Ehud Olmert, Tzipi Livni, Ehud Barak et nos généraux assortis, dont l’entendement ne dépasse pas l’extrémité des canons de leurs chars.

Entre temps, les Etats Unis ont détruit Dahlan en le déclarant publiquement comme leur agent, sur l’air connu de « c’est un enfant de salaud, mais c’est notre enfant de salaud ». Cette semaine, Condoleezza vient de porter un coup de plus, peut-être mortel, à Abbas. Il avait annoncé le matin même qu’il suspendait les négociations de paix (d’ailleurs sans portée ni signification) avec Israël, ce qui était bien le moins qu’il pouvait faire devant les atrocités de Gaza. Rice, apprenant la nouvelle alors qu’elle prenait son petit déjeuner en compagnie de Livni, a immédiatement appelé Abbas et lui a donné l’ordre d’annuler son annonce. Abbas a cédé, se montrant ainsi dans toute sa sémillante nudité.

LA LOGIQUE N’EST PAS ce qui a été donné au Peuple d’Israël sur le Mont Sinaï , mais elle a été remise depuis le Mont Olympe aux anciens Grecs. Malgré ce handicap, essayons de nous en servir.

Qu’est-ce que notre gouvernement essaie de faire à Gaza ? Il veut renverser la maîtrise du Hamas (et incidemment aussi mettre un terme aux lancements de roquettes contre Israël).

Il essaie de parvenir à ce but en imposant un blocus total à la population, en espérant qu’elle va se soulever et renverser le Hamas. Cela a échoué. L’autre possibilité est bien sûr de ré-occuper la Bande de Gaza toute entoère. Cela coûterait un pris élevé en vies des soldats, peut-être plus que ce que le public Isarélien est prêt à payer. Et cela ne servirait non plus à rien, parce quele Hamas se réienstallerait à l’intant même où les troupes Israéliennes se retireraient. (En accord avec le premier précepte de Mao pour les guérillas : « quand l’ennemi avance, recule. Quand l’ennemi recule, avance. »)

Le seul résultat de la Guerre des Cinq Jours est le renforcement du Hamas et le ralliement du peuple Palestinien derrière lui : pas seulement dans la Bande de Gaza, mais en Cisjordanie et à Jérusalem aussi. Leur célébration de la victoire était justifiée. Les lancements de projectiles ne se sont pas arrêtés. La portée des roquettes augmente.

Lais admettons que cette politique ait réussi et que le Hamas ait été brisé. Et alors ? Abbas et Dahlan ne peuvent y retourner que sur les chars israéliens, comme sous-traitants de l’occupation. Aucun compagnie d’assurance ne voudrait garantir leur vie. Et s’ils ne venaient pas, ce serait le chaos, d’où des forces encore plus radicales ne manqueraient pas de surgir, que nous ne pouvons pas même imaginer.

Conclusion : le Hamas est bien là. Il est impossible de l’ignorer. Nous devons parvenir à un cessez-le-feu. Pas une plaisanterie du style « qu’ils commencent apar arrêter de tirer, nous arrêterons à ce moment-là. » Il doit être la conséquence d’un accord détaillé qui inclura la cessation de toutes le hostilités, armées et autres, dans tous les territoires.

Ce cessez-le-feu ne durera pas s’il n’est pas accompagné par des négociations accélérées pour un armistice à long terme (hudna) et la paix. De telles négociations ne peuvent pas être menées avec le Fatah et pas le Hamas, et pas non plus avec le Hamas et pas le Fatah. Par conséquent, il est nécessaire qu’existe un gouvernement Palestinien qui incluse les deux mouvements. Il doit comporter des personnalités qui ont la confiance de l’ensemble du peuple Palestinien, comme Marwan Barghouti.

C’est exactement le contraire de la politique Israélo-étasunienne actuelle, qui interdit à Abbas de seulement discuter avec Hamas. Dans toutes la direction israélienne, tout comme dans la direction étasunienne, il n’y a personne qui ose le dire publiquement. Par conséquent, ce qui s’est passé se reproduira.

Nous allons tuer cent Turcs et nous reposer. Et, de temps à autre, un Turc viendra tuer quelques uns d’entre nous.

Au nom du ciel, pourquoi ? Qu’est-ce qu’on leur a fait ?

***************************************************

et voici le texte original en anglais

***************************************************

"Kill A Hundred Turks And Rest…" - By Uri Avnery

Date : 09 / 03 / 2008 Time : 16:45

I WAS reminded this week of the old tale about a Jewish mother taking leave of her son, who has been called up to serve in the Czar’s army against the Turks.

"Don’t exert yourself too much," she admonishes him, "Kill a Turk and rest. Kill another Turk and rest again…"

"But mother," he exclaims, "What if the Turk kills me ?"

"Kill you ?" she cries out, "Why ? What have you done to him ?"

This is not a joke (and this is not a week for jokes). It is a lesson in psychology. I was reminded of it when I read Ehud Olmert’s statement that more than anything else he was furious about the outburst of joy in Gaza after the attack in Jerusalem, in which eight yeshiva students were killed.

Before that, last weekend, the Israeli army killed 120 Palestinians in the Gaza Strip, half of them civilians, among them dozens of children. That was not "kill a Turk and rest". That was "kill a hundred Turks and rest". But Olmert does not understand.

THE FIVE-DAY WAR in Gaza (as a Hamas leader called it) was but another short chapter in the Israeli-Palestinian struggle. This bloody monster is never satisfied, its appetite just grows with the eating.

This chapter started with the "targeted liquidation" of five senior militants inside the Gaza Strip. The "response" was a salvo of rockets, and this time not only on Sderot, but also on Ashkelon and Netivot. The "response" to the "response" was the army’s incursion and the wholesale killing.

The stated aim was, as always, to stop the launching of the rockets. The means : killing a maximum of Palestinians, in order to teach them a lesson. The decision was based on the traditional Israeli concept : hit the civilian population again and again, until it overthrows its leaders. This has been tried hundreds of times and has failed hundreds of times.

As if an example for the folly of the propagators of this concept had been lacking, it was provided on TV by ex-general Matan Vilnai, when he said that the Palestinians are "bringing a Shoah on themselves". The Hebrew word Shoah is known all over the world, where it has one clear meaning : the Holocaust carried out by the Nazis against the Jews. Vilnai’s utterance spread like a bushfire throughout the Arab world and set off a shock wave. I, too, received dozens of phone calls and e-mail messages from all over the world. How to convince people that in day-to-day Hebrew usage, Shoah means "only" a great disaster, and that General Vilnai, a former candidate for Chief of Staff, is not the most intelligent of people ?

Some years ago, President Bush called for a "Crusade" against terrorism. He had no idea that for hundreds of millions of Arabs, the word "Crusade" brings to mind one of the biggest crimes in human history, the appalling massacre committed by the original crusaders against the Muslims (and Jews) in the alleys of Jerusalem. In an intelligence contest between Bush and Vilnai, the outcome, if any, would be in doubt.

VILNAI DOES not understand what the word "Shoah" means to others, and Olmert does not understand why there is rejoicing in Gaza after the attack on the yeshiva in Jerusalem. Wise men like these direct the state, the government and the army. Wise men like these control public opinion through the media. What is common to all of them : blunted sensibilities to the feelings of anybody who is not Jewish/Israeli. From this springs their inability to understand the psychology of the other side, and hence the consequences of their own words and actions.

This is also expressed in the inability to understand why the Hamas people claimed victory in the five-Day War. What victory ? After all, only two Israeli soldiers and one Israeli civilian were killed, as against 120 Palestinian dead, both fighters and civilians.

But this battle was fought between one of the strongest armies in the world, equipped with the most modern arms on earth, and a few thousand irregulars with primitive arms. If the battle ended in a draw - and such a battle always ends in a draw - this is a great victory for the weak side. In Lebanon War II and in the Gaza war.

(Binyamin Netanyahu made one of the most stupid statement this week, when he demanded that "the Israeli army must move from attrition to decision". In a struggle like this, there never is a decision.)

The real effect of such an operation is not expressed in material and quantitative facts : so-and-so many dead, so-and-so many injured, so-and-so much destroyed. It is expressed in psychological results that cannot be measured, and therefore are inaccessible to the minds of generals : how much hatred has been added to the seething pool, how many new potential suicide bombers were produced, how many people vowed revenge and became ticking bombs - like the Jerusalem youngster, who woke up one bright morning this week, got himself a weapon, went to the Mercaz Harav yeshiva, the mother of all settlements, and killed as many as he could.

Now the political and military leadership of Israel sits down to discuss what to do, how to "respond". No new idea has come up or will come up, because not one of these politicians and generals is able to bring up a new idea. They can only go back to the hundred things they have already done, and that have failed a hundred times.

THE FIRST step on the way out of this madness is the readiness to question all our concepts and methods of the last 60 years and start thinking again, right from the beginning.

That is always hard. That is even harder for us, because our leadership has no freedom of thought - its thinking is very closely tied to the thinking of the American leadership.

This week, a shocking document was published : David Rose’s article in Vanity Fair. It describes how US officials have in recent years dictated every single step of the Palestinian leadership, down to the most minute detail. Though the article does not touch the Israeli-American relationship (in itself a surprising omission) it goes without saying that the American course, including the smallest items, is coordinated with the Israeli government.

Why shocking ? These things were already known, in general terms. In this respect, that article held no surprises : (a) The Americans ordered Mahmoud Abbas to hold parliamentary elections, in order to present Bush as bringing democracy to the Middle East. (b) Hamas won a surprise victory. (c) The Americans imposed a boycott on the Palestinians, in order to nullify the election results. (d) Abbas diverted for a moment from the policy dictated to him and, under Saudi auspices (and pressure), made an agreement with Hamas, (e) The Americans put an end to this and compelled Abbas to turn over all security services to Muhammad Dahlan, whom they had chosen for the role of strongman in Palestine, (f) The Americans provided plenty of money and arms to Dahlan, trained his men and ordered him to carry out a military coup against Hamas in the Gaza Strip, (g) The elected Hamas government forestalled the move and itself carried out an armed counter-coup.

All this was known before. What is new is that the mixture of news, rumors and intelligent guesses has now condensed into an authoritative, well substantiated report, based on official US documents. It testifies to the abysmal American ignorance, which trumps even Israeli ignorance, of the internal Palestinian processes.

George Bush, Condoleezza Rice, the Zionist neocon Elliott Abrams and the assortment of American generals innocent of any knowledge are competing with Ehud Olmert, Tzipi Livni, Ehud Barak and our own assorted generals, whose understanding reaches as far as the end of the gun barrels of their tanks.

The Americans have in the meantime destroyed Dahlan by exposing him publicly as their agent, on the lines of "he’s a son-of-a-bitch, but he is our son-of-a-bitch". This week Condoleezza dealt a mortal blow to Abbas, too. He had announced in the morning that he was suspending the (meaningless) peace negotiations with Israel, the very minimum he could do in response to the Gaza atrocities. Rice, who received the news while she was having breakfast in the exciting company of Livni, immediately called Abbas and ordered him to cancel his announcement. Abbas gave in, thus exposing himself to his people in all his nakedness.

LOGIC WAS not given to the People of Israel on Mount Sinai, but handed down from Mount Olympus to the ancient Greeks. In spite of this drawback, let us try to apply it.

What is our government trying to achieve in Gaza ? It wants to topple Hamas rule (and incidentally also put an end to the launching of rockets against Israel).

It tried to achieve this by imposing a total blockade on the population, hoping that they would rise up and overthrow Hamas. This failed. The alternative course is to re-occupy the entire Strip. That would carry a high price in lives of soldiers, perhaps more than the Israeli public is ready to pay. Also, it will not help, because Hamas will return the moment the Israeli troops withdraw. (In accordance with Mao Zedong’s first rule for guerrillas : "When the enemy advances, withdraw. When the enemy withdraws, advance.")

The only result of the Five-Day War is the strengthening of Hamas and the rallying of the Palestinian people behind it - not just in the Gaza Strip, but in the West Bank and Jerusalem, too. Their victory celebration was justified. The launching of rockets did not stop. The range of the rockets is increasing.

But let us assume that this policy had succeeded and that Hamas had been broken. What then ? Abbas and Dahlan could return only on top of Israeli tanks, as subcontractors of the occupation. No insurance company would cover their lives. And if they did not come back, there would be chaos, out of which extreme forces would emerge the like of which we cannot even imagine.

Conclusion : Hamas is there. It cannot be ignored. We have to reach a cease-fire with it. Not a sham offer of "if they stop shooting first, then we will stop shooting". A cease-fire, like a tango, needs two participants. It must come out of a detailed agreement that will include the cessation of all hostilities, armed and otherwise, in all the territories.

The cease-fire will not hold if it is not accompanied by speeded-up negotiations for a long-term armistice (hudna) and peace. Such negotiations cannot be held with Fatah and not Hamas, nor with Hamas and not Fatah. Therefore, what is needed is a Palestinian government that includes both movements. It must bring in personalities who enjoy the confidence of the entire Palestinian people, such as Marwan Barghouti.

That is the very opposite of the present Israeli-American policy, which forbids Abbas even to talk with Hamas. In all the Israeli leadership, as in all the American leadership, there is no one who dares to spell this out openly. Therefore, what has been is what will be.

We will kill a hundred Turks and rest. And from time to time, a Turk will come and kill some of us.

Why, for God’s sake ? What have we done to them ?