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Témoignage implacable et bouleversant (ndlr)

Terrorisme d’Etat à Jabbaliya...

par Jacques Jedwab de l’UJFP

samedi 8 mars 2008

« J’ai entendu des tirs, puis des cris et je suis monté voir ; ils étaient par terre tous les deux. Jacqueline était morte, mais Iyad vivait encore. Les voisins ont appelé une ambulance, nous avons foncé à l’hôpital, mais il est mort dès qu’on y a été. »

L’armée israélienne, lors de sa dernière incursion à Gaza s’est particulièrement acharnée sur Jabbaliya.

L’incursion a duré 4jours, nuit et jour, depuis les premières heures du jeudi 28 février.

Durant cette période, les israéliens ont tué 108 palestiniens dont 54 civils désarmés, parmi eux 26 enfants.

Les habitants palestiniens de Jabalyia est, rue Abed Rabboet autour, ont subi des bombardements de F16 et d’hélicoptères, des tirs de tanks, de snipers ; leurs maisons ont été envahies et saccagées par des soldats israéliens, des adultes ont été suspendus avec des cordes.Des familles entières sont restées enfermées dans une seule pièce, et leurs maisons ont servi de postes d’où des snipers ont tiré sur des combattants palestiniens.

Jacqueline Abu SHebak, 16 ans et son frère Iyad, 14 ans, vivaient rue Abed Rabbo avec leur mère et trois frères et soeurs plus jeunes.C’est leur oncle, Hatem Hosni Abu Shebak qui a trouvé leurs corps aux premières heures du samedi 1er mars,quand il a foncé en haut en entendant les tirs nourris et les cris. « J’entends les tirs et Iyad criait. Je suis monté en courrant, on tirait encore et les deux enfants étaient là, par terre dans le living. », dit-il, alors que nous sommes assis là, dans le living teinté de sang où Jacqueline est morte et où Iyad fut mortellement blessé. « nous avons du attendre une ambulance, parce que ma voiture avait été touchée par les tirs d’un tank israélien. ». Hattim Abu Shebak nous montre le miroirs et les vitres brisées par les balles, les trous dans les murs et le sang des enfants sur les meubles.

Les soldats israéliens qui ont tué Jacqueline et Iyad occupaient la maison d’en face, et retenaient en otage Ramez Etbail et sa famille.

Ils pouvaient tirer depuis la maison sur les combattants du Hamas.

Les Israéliens ont tiré directement depuis les fenêtres de la cuisine dans la maison des Abu Shebak et ont atteints Jacqueline et Iyad qui étaient recroquevillés dans un coin. Leur mère était dans sa chambre, elle essayait de protéger le dernier des balles mortelles. Le père, Mohammed Hosni Abu Shebak est agent de sécurité à Ramallah en Cisjordanie. Il y est depuis la prise du pouvoir par le Hamas dans la bande de Gaza en Juin 2007.

Les Israéliens se sont repliés du nord de Gaza le lundi 3 mars, vers 6 heures du matin. Les gens sont aussitôt sortis dans les rues de Jabaliya et ont commencé les enterrements. A peine quelques heures plus tard, quand nous avons traversé Jabaliya, il y a avait des cortèges dans chaque rue.

Pour Israël, l’incursion dans Gaza est une opération militaire de « routine ». Toutefois, avant même le début de l’opération, le Ministre de la sécurité Intérieure Avi Dichter avait dit clairement quelles étaient les intentions de l’armée israélienne, quand il avait déclaré que le tir illégal de rockets par les milices palestiniennes devait être arrêté « sans égard au coût humain pour les Palestiniens ». L’emploi excessif d’une force pouvant entraîner la mort, et les tirs contre la population civile lors d’une opération militaire sont illégaux suivant la législation internationale des Droits de l’Homme, dont la quatrième convention de Genève.

La densité de la population de Jabaliya est une des plus élevées du monde, ce qui rend impossible qu’Israël puisse faire une différence entre des cibles militaires et civiles.

Cette année ( en 2 mois)l’emploi excessif continu par Israël d’une force pouvant entraîner la mort dans des zone densément peuplées de la Bande de Gaza a causé 237 victimes palestiniennes, dont 128 civils.

Majid Abu Jelhum vit dans une petite rue tranquille à un kilomètre environ de la rue Abed Rabbo. Samedi matin il était chez lui avec sa femme, et quatre de leurs jeunes enfants jouaient dans le jardin. Tout était tranquile - Majid dit qu’il n’y avait pas eu de combat près de chez eux et ils pensaient que leurs enfants étaient en sécurité dans leur jardin. Vers 8 heures et demi il a entendu une explosion et il a entendu son petit garçon qui criait à l’aide.

« J’ai couru au jardin et Selsabil était pas terre, inconscient ; elle avait été touchée par un petit rocket ». Les deux jeunes soeurs de Selsabil et leur frère, celui qui avait appelé à l’aide, avaient aussi été blessés lors du tir. Les quatre enfants furent amenés d’urgence à l’hôpital al Shifa à Gaza-city, qui a croulé sous les morts et les blessés pendant toute l’incursion israélienne. Selsabi est morte une demi heure après avoir été admise à l’hôpital Al Shifa. Elle avait deux ans.

Il y a beaucoup d’autres cas, tous aussi horribles, de morts d’enfants pendant cette opération militaire dite de routine.

Le 28 février, quatre cousins, jeunes, ont été atteints par des rockets israéliens, sur le terrain où ils jouaient au foot près de chez eux rue El-Querem, à Jabalyia Est. Les quatre enfants, Mohammad Na’im Hammouda, neufans, Ali Munir Dardouna, huit ans, Dardouna Deeb Dardouna, 12 ans et Omar Hussein Dardouna, 14 ans, ont été démembrés par les rockets. Le père de Mohammad, Naim Hamouda, a raconté à Ibrahim Sourani, un avocat spécialisé dans les Droits de l’Homme, au Centre Palestinien des Droits de l’Homme, qu’il n’avait pu reconnaître son fils quand il avait trouvé les corps des quatre enfants, parce qu’ils étaient déchiquetés.

Le premier ministre israélien Ehud Olmert a menacé d’une suite à l’opération militaire,disant qu’elle n’était que suspendue et reprendrait.

La population civile de la Bande de Gaza, parmi laquelle les résidents assommés de la rue Abed Rabbo, attendent de voir si Israël lancera d’autres attaques contre eux - et espère que de l’extérieur, des voix finiront par se faire entendre pour qu’on leur vienne en aide.

Jacques Jedwab (Union juive française pour la paix - UJFP - Provence Côte d’Azur)
Jabaliya Est ( nord de la Bande de Gaza