Le triste et insupportable constat de l’état d’un peuple à la dérive

Depuis quelques décennies déjà, l’information diffusée, aprés filtrage et formatage, est concurrencée par des technologies en constant developpement qui délivrent, quasiment en temps réel, un ensemble de nouvelles qui échappent, fort heureusement, aux fourches caudines des "milieux bien informés".

Cette information a deux vitesses présente, pour l’une, l’avantage de ne plus laisser le temps aux manipulateurs de la transformer à leur gré, pour l’autre l’inconvénient d’être obligée de courir éperdument après un public dèjà partiellement informé et ne lui laissant pour champ d’action que l’information trafiquée ou l’information de proximité, appellée en d’autres temps : "rubrique des chiens écrasés".

Dans le cadre du sujet traité habituellement sur ce site : le conflit israélo-palestinien, trois exemples illustrent ce qui précède.

Voici deux jours l’Israélien, Uri Avnery, dans un article qui fera date et qui est reçu par mail dans le monde entier quelques secondes après son émission, écrit ceci :

"Mais la profession dans laquelle Israël est, non seulement le plus fort, mais le numéro un incontesté est celle des liquidations.

Cela s’est confirmé une fois de plus cette semaine. Le verbe hébreu « lekhassel », liquider dans toutes ses formes grammaticales, domine actuellement le discours public. Des professeurs reconnus débattent avec une solennité académique sur quand « liquider » et « qui ». De vieux généraux discutent avec un zèle professionnel les techniques de « liquidation », de ses règles et de ses méthodes. Des politiciens habiles s’affrontent sur le nombre et le statut des candidats à la « liquidation ». EFFECTIVEMENT, il y a longtemps qu’il n’y avait pas eu une telle orgie de jubilation et d’auto-satisfaction dans les médias israéliens que cette semaine. fin de citation

Aujourd’hui même, Pierre Stambul, de l’Union Juive Française pour la Paix(UJFP) nous fait parvenir (ainsi qu’à des milliers d’autres) par mail, C.A.D. par communication instantanée, le communiqué suivant :

"Le gouvernement israélien prépare l’opinion publique mondiale à une nouvelle invasion de Gaza. Il explique que la situation est devenue « insupportable ».

Ce qui est insupportable, ce ne sont pas les centaines d’exécutions extrajudiciaires effectuées depuis des années à Gaza. Ce ne sont pas les milliers de morts civils (dommages collatéraux, 5000 morts en 7 ans). Ce ne sont pas les malades qui meurent à Gaza, déclaré « entité hostile » parce qu’on n’y trouve plus de médicaments. Ce ne sont pas ces gens qui vivent au milieu des eaux usées parce qu’il n’y a plus de station d’épuration. Ce ne sont pas les immeubles démolis, les maisons éventrées, les coupures de courant incessantes. Ce ne sont pas les 15 camions qui rentrent chaque jour au lieu des 400 nécessaires.

Non, ce qui est insupportable pour le gouvernement israélien, c’est que ces maudits palestiniens ont mal voté.

C’est que les Palestiniens n’acceptent pas leur sort comme les Amérindiens des Etats-Unis ou les Aborigènes d’Australie ont fini par le faire. Ils refusent de vivre dans une réserve. Ils n’acceptent pas que la Bande de Gaza soit devenu un laboratoire pour politiciens psychopathes qui expérimentent l’enfermement de tout un peuple. Ils ruent dans les brancards. Ils cassent à Rafah la belle prison qui les enfermait, ils vont se ressourcer dans le Sinaï et ils balancent quelques Qassams sur Sdérot ou Ashkélon pour rappeler qu’il peut être dangereux d’affamer ou de tuer.

Ce qui est insupportable, c’est l’impunité d’Israël, c’est l’absence d’indignation des opinions publiques et des gouvernements pour dire Basta ! C’est l’absence de sanctions, c’est le fait que tout le monde ne sort pas dans la rue pour hurler aux dirigeants israéliens : « Ca suffit, nous ne vous laisserons pas faire ». fin de citation

Ce matin enfin, France Inter, dans son bulletin d’information de 8 heures nous fait savoir, en quelques phrases de quelques secondes, que la population israélienne presse son gouvernement, et donc son armée, d’intervenir au plus vite et massivement à Gaza. (info qui n’a pû être enregistrée mot pour mot).

Israël se déclare "seule démocratie" du Proche-Orient et sous-entend donc que ses gouvernements successifs sont issus d’élections démocratiques, ce que dailleurs personne ne conteste. Il en découle que le peuple israélien dans son immense majorité, depuis plus d’un demi-siècle, choisit ses gouvernants et les soutient, quoiqu’ils fassent et quelques soient les conséquences de leurs actes.

Ce peuple, aujourd’hui même, demande à ses gouvernants d’aller au delà encore de ce qui est considéré dans le monde entier, mais hypocritement peu reconnu par d’aucuns, comme un terrorisme d’Etat vis à vis du peuple palestinien qui, comme le dénoncent Uri Avnery et Pierre Stambul, éxécute au quotidien et s’apprête à amplifier encore le génocide latent qui, jour aprés jour, tente de faire disparaître toute une population qui, chez elle et forte de son bon droit, lui résiste.

Il faut être conscient qu’afficher actuellement une sympathie pour l’Etat juif (ce dernier terme est revendiqué dans sa constitution) et donc pour son peuple est un acte qui procède soit d’une ignorance totale de la situation soit d’une "hypocrisie jusqu’auboutiste" coupable et qui ne fait que retarder l’échéance d’une décadence mortelle qui, comme l’histoire nous l’a si bien appris, est un phénomène qui, jusqu’alors, n’a pas souffert d’exception. Il est grand temps de se débarrasser des oeillères et d’arrêter de jouer sur les mots.

Merci à la fée électricité qui nous permet, sur les ondes ou par des moyens semblables à celui-ci, de faire circuler la voix de la vérité, quelque soient les obstacles posés sur son chemin.

Michel Flament.