Accueil > Sociétés Civiles à Parlement Européen > Chronique de l’occupation (2ème de ce jour)

Nouvelles du jour (2ème édition )

Chronique de l’occupation (2ème de ce jour)

Samedi, 23 février 2007

samedi 23 février 2008

nombre d’entrées : 7

Envoyé le 23/02/08

********************

47301

Le président intérimaire du Conseil Législatif Palestinien se réjouit de l’appel de l’Union Européenne à la levée du siège de Gaza

Le président intérimaire du Conseil Législatif Palestinien (PLC), le Dr Ahmad Bahar, du parti du Hamas, a publié vendredi 2/02/08 un communiqué de presse où il s’est déclaré heureux de la déclaration faite par l’Union Européenne qui appelle à la levée du siège sioniste imposée à la Bande de Gaza.

Le Dr Bahar a ajouté que le PLC se félicite la prise de position de l’Union Européenne contre la poursuite des assauts sionistes et du siège imposé au peuple Palestinien, et a ajouté que des dizaines de malades sont morts à la suite de la pénurie de médicaments provoquée par le siège dans les hôpitaux de Gaza et de ce que les malades gravement atteints et qui ont besoin d’être soignés à l’étranger ne peuvent quitter la Bande de Gaza.

Il a encore déclaré que les Palestiniens espèrent une mise en oeuvre effective et rapide de la déclaration de l’Union Européenne, car plus d’1,5 millions de Palestiniens suffoquent sous le régime du siège qui provoque la mort lente des civils.

Le Dr Bahar a également demandé à l’Union Européenne d’imposer des sanctions au régime sioniste s’il persiste à ignorer ses appels à la fin des punitions collectives imposées aux habitants de la Bande de Gaza.

Le PLC se félicite de toutes les actions de protestation organisées samedi 23/02/08 dans plusieurs pays européens en soutien au peuple Palestinien de la Bande de Gaza.

IMEMC & correspondants – Vendredi 22 février 2008 – 22 : 12

http://www.imemc.org/article/53008

********************

47302

Quinze blessés dans la manifestation hebdomadaire de Bil’in

Les villageois de Bil’in, près de Ramallah, accompagnés par des militants internationaux et israéliens, ont conduit leur manifestation hebdomadaire contre le Mur sioniste illégal en cours de construction sur les terres du village. Les soldats sionistes ont attaqué les manifestants.

Comme chaque semaine depuis plus de deux ans maintenant, la manifestation a commencé après les prières du vendredi, et les manifestants ont défilé depuis le centre du village en direction du chantier du Mur.

Cette semaine, le thème de la manifestation était la célébration du troisième anniversaire de la lutte non violente du village de Bil’in et le 39ième anniversaire du FDLP.

Dès que les manifestants sont sortis du village et ont commencé à défiler vers les terres confisquées du village, ils se sont heurtés à un barrage militaire installé par les soldats sionistes. Dès que la manifestation a atteint le barrage, les soldats ont arrosé les manifestants de lacrymogènes et de bombes assourdissantes.

Le résultat a été que 16 civils, dont un journaliste, ont été blessés et ont dus être transportés vers un hôpital dans la ville voisine de Ramallah, où leurs blessures ont été qualifiées de légères à modérées.

Ghassan Bannoura - IMEMC & correspondants – Vendredi 22 février 2008 – 17 : 55

http://www.imemc.org/article/53000

********************

47303

L’armée d’occupation attaque une manifestation pacifique à l’ouest de Bethlehem et blesse 70 civils

Vendredi 22/02/08, l’armée coloniale a attaqué une manifestation non violente organisée par les villageois d’Al Khader, près de la ville de Bethlehem. Au moins 70 civils ont été blessés dans cette attaque.

Le Comité Populaire Contre le Mur et les Implantations d’Al Khader a organisé un manifestation contre la construction illégale du Mur d’Annexion sur une terre possédée par les fermiers du village.

Des officiels et des membres du FDLP s’étaient joints aux villageois d’Al Khader.

Environ 1 500 villageois, accompagnés par quelques militants pacifistes étrangers et israéliens ont défilé en direction de la route sioniste des colons voisine, qui sépare le village de ses terres. La manifestation a commencé après que les prières du vendredi aient été récitées sur le bas-côté de la route.

Deux discours ont été prononcés au cours de la manifestation, l’un par Taysser Khalid, un dirigeant du FDLP, l’autre par Samier Jaber du Comité Populaire Contre le Mur d’Al Khader, coordinateur des Comités Populaires à Bethlehem.

Peu après les discours, l’armée a attaqué les manifestants et les a arrosés de gaz lacrymogène. Quarante trois (43) personnes ont été gravement indisposées après avoir inhalé des gaz.

Lorsque les manifestants se sont dispersés, les soldats ont pourchassé les adolescents vers le village d’Al Khader et ont ouvert le feu sur eux, en blessant 18 jeunes gens, et ont attaqué plus violemment 3 d’entre eux, dont 2 enfants.

Jaber a déclaré à IMEMC que la manifestation était pacifique et que personne n’avait rien fait pour provoquer les soldats. « Ils nous ont attaqué sans aucune raison, » aa commenté Jaber.

Plus tôt, vendredi 22/02/08 au matin, l’armée d’occupation avait attaqué une manifestation du même type près de Bethlehem et blessé 4 civils, dont 2 enfants.

Le FDLP, qui célèbre aussi son 39ième anniversaire, a rapporté que Khalid avait été blessé à la jambe lorsque l’armée avait tiré des dizaines de grenades lacrymogènes et assourdissantes.

Evoquant le conflit entre le Hamas et le Fatah, Khalid a déclaré dans un discours, au cours de la manifestation, que le Hamas doit « mettre un terme à la situation illégale à Gaza » et que le Hamas et le Fatah doivent entreprendre un dialogue, car l’occupation est la seule bénéficiaire de ce conflit comme de toute division interne parmi les Palestiniens.
Il a appelé à l’unification des efforts nationaux menés en coopération avec l’Egypte, le Quatuor et les Nations Unies dans le but de lever le siège imposé par le régime sioniste à la Bande de Gaza et à s’assurer que le terminal de Rafah est ouvert sans aucune intervention sioniste, mais sous le seul contrôle des Egyptiens et des Palestiniens.

Khalid a également condamné la politique des négociations menés par l’équipe de négociations Palestiniennes avec le régime sioniste et déclaré que l’entité sioniste doit reconnaître les limites de 1967 comme frontières d’un état Palestinien, alors que le régime sioniste rejette des discussions à propos des frontières et poursuit la construction et le développement de ses implantations en Cisjordanie en plus de la poursuite de la construction du Mur d’Annexion dans le but d’imposer la version sioniste de la solution du statut final.

[commentaires : m’a l’air bien intéressant ce jeune homme, là, Khalid. Il a seulement besoin – mais, bon, ce n’est sûrement pas si facile, dans sa situation- qu’on l’appelle à un peu plus de cohérence. Il condamne à juste titre, et pour les bonnes raisons, la poursuite de négociations dans les condition actuelles, et il appelle le Hamas à une reddition sans conditions...]

Ghassan Bannoura - IMEMC & correspondants – Vendredi 22 février 2008 – 21 : 50

http://www.imemc.org/article/52999

********************

47304

Douze habitants blessés au cours d’une manifestation contre les expropriations de terres près de Salfit

Le Comité de la Résistance Populaire a rapporté, vendredi 22/02/08, que 12 habitants ont été blessés près de la ville de Salfit (entre Naplouse et Ramallah) après que l’armée d’occupation ait attaqué une manifestation pacifique contre la poursuite de l’annexion sioniste des terres Palestiniennes dans le but d’installer le revêtement d’une route « colons seulement ».

Les 12 habitants ont subi des inhalations de gaz lorsque l’armée coloniale a tiré sur eux des grenades lacrymogènes et assourdissantes.

Les habitants protestaient contre la dernière annexion de leurs terres dans le village de Kafil Hares et le bouclage total de leur village, en plus de la poursuite de la construction du Mur d’Annexion et de la poursuite de l’expansion des implantations illégales.

Nasfat Al Khafsh, le coordinateur du Comité de la Résistance Populaire, a exprimé sa satisfaction et sa gratitude pour l’importante participation publique à la manifestation et a déclaré que cette protestation n’est qu’une partie d’une série de protestations contre les implantations, le Mur et l’annexion illégale et continue de vergers Palestiniens et de terres dans le district de Salfit.

Ahmad Boziyya, chef du conseil de village de Kafil Hares, a déclaré que la résistance continuerait aussi longtemps que les sionistes poursuivraient leurs activités illégales contre les habitants et leurs terres.

[commentaires : selon Wikipedia, Salfit signifie, en vieux cananéen, « panier de raisins ». Je me demande si ce n’est pas plutôt « coupe de vin », et si cette coupe n’est pas tout près d’être pleine. Après un certain nombre d’exploits, les sionistes en ont réussi un autre, et de taille vraisemblablement décisive. Les habitants de la Palestine, autrefois, ne constituaient pas une population distincte des autres habitants arabes de la région. Ils n’ont pas tout de suite réalisé tout ce que cela signifiait, de ne pas avoir un pays à soi. Ils sont en train de le toucher du doigt. Les sionistes ont réussi à créer la conscience nationale Palestinienne.]

Saëd Bannoura - IMEMC & correspondants – Vendredi 22 février 2008 – 23 : 02

http://www.imemc.org/article/53010

********************

47305

L’armée d’occupation envahit Naplouse : 3 blessés

Trois civils Palestiniens ont été blessés lorsque les troupes d’occupation ont donné l’assaut au camp de réfugiés d’El Aïn, situé dans la ville de Naplouse, samedi matin 23/02/08.

L’armée a cerné la maison de Majdi Mabrouk, 30 ans, et tiré de nombreuses grenades assourdissantes et fait détonner des explosifs près de la maison, blessant Mabrouk et sa soeur Nabilah. Un homme, identifié comme Sabah Salam, et un enfant, ont été blessés par les éclats des grenades assourdissantes.

Des témoins oculaires ont rapporté que les soldats ont menotté Mabrouk et lui ont bandé les yeux avant de l’emmener vers une destination inconnue.

Les sources locales ont déclaré que Mabrouk est un dirigeant des Brigades Abou Ali Mustafa, la branche armée du FPLP, et est recherché depuis trois ans par l’armée coloniale.

Des témoins ont déclaré que l’opération a duré plusieurs heures, au cours desquelles 17 véhicules militaires ont menés leurs rodéos habituels à travers le camp pendant que les soldats y fouillaient des dizaines de maisons.

Traduit d’arabe en anglais par : Ghassan Bannoura-IMEMC News

Amine Abou Wardah - IMEMC & correspondants – Samedi 23 février 2008 – 12 : 36

http://www.imemc.org/article/53011

********************

47306

La mission des 4 marseillais a réussi à passer à Gaza

Les amis, je profite de l’envoi de « Infos Gaza - 384 - » pour vous joindre 4 courriels qui vous donneront des nouvelles en direct via une copine marseillaise. (J. Salles)

13 février : « La mission des 4 marseillais a réussi à passer à Gaza ouf ! »" Ci-dessous leur mail :
« Hourrah, depuis ce matin, nous sommes a GAZA. Entrée sans aucun probleme et accueil chaleureux. Nous allons passer plusieurs jours et le programme est deja bien rempli. Nous sommes vraiment très heureux. Bises de nous quatre. NB : même la pluie a cessé »

14 février : « Les check point ferment pour shabat, ils doivent donc être à Erez demain vendredi à midi. Personne ne comprend qu’ils aient pu passer ( peut-être la carte de médecin d’Ariane qu’ ’ils’ lui ont réclamée avec insistance a-t-elle été le ’sésame’ ?). La réalité est très très dure : la situation extrêmement dégradée par rapport à 2005. Plus que jamais l’opération ’des paysans pauvres aux familles pauvres’ doit être poursuivie ! Ils ont vu beaucoup de choses, notamment des centres sociaux dans des coins éloignés. Le pire : une famille dont la maison a été détruite, refuse de lâcher son terrain et ’vit dans des cartons’ à quelques mètres d’une montagne d’immondices puants. Ils ont rencontré pendant 2 heures au PCHR l’adjoint de Raji Sourani. Demain matin avant le départ ils rencontrent des médecins »

le 15 février : « L’occupation sioniste est soi-disant terminée mais les soldats sionistes entrent dans Gaza toutes les nuits, raflent les hommes et les enfants et en tuent certains autres. Ils viennent aussi avec les tanks et les bulldozers, détruisent les champs et les maisons. C’est ce que nous avons vu a RAFAH dans le sud de Gaza. La viande a quadruplé de prix en un an. Hier soir, dans la nuit, 30 hommes ont été kidnappés par les forces ennemies. Plus personne ou presque ne peut sortir de Gaza. Les gens disent que c’est pire qu’avant le retrait des colons. Les routes sont bombardées, comme les ponts et les batiments officiels, et ils n’ont pas les matériaux pour reconstruire. A Gaza, Les gens manquent de tout, médicaments, matériaux et nourriture. Dans un des villages, Nasser Village, 76% des enfants sont anémiés.
Les gens se plaignent du Hamas aussi bien que du Fatah parce que tous ne cherchent que le pouvoir et le peuple est très malheureux ; il ne peut pas sortir de Gaza, ne peut plus écouter de la musique, ne peut se nourrir décemment ou ne peut plus boire de l’eau saine, doit subir des coupures d’électricité en permanence, n’a plus beaucoup d’essence pour se déplacer, n’a plus de cigarettes selon les mois et jusqu’a leur récente excursion en Egypte n’avait plus de pneus pour les voitures et par exemple, quand les sionistes tirent ou cassent les fenêtres, ils remplacent par du papier ou du plastique. Le verre aussi est denrée rare. il n’est pas rare que les gens vivent sous des toits en tôle qui laissent passer la pluie ou le vent. Les Bédouins sont les plus mal lotis. Certains vivent à onze ou douze dans une pièce sous tôle de 8 mètres carres maxi.
Un jeune homme nous a dit ’Nous vivons dans la mort’ et c’est vrai.
Nous n’avons eu aucun problème pour entrer ou sortir de Gaza et les gens ont dit que c’était un miracle. A part les grandes ONG, il n’y a plus personne. »
Laurence
« Gaza, on vous en parlera plus tard, faute de temps ici. Nous avons quitté la bande de Gaza a midi, avec le coeur tres gros. Ce que nous avons vu pendant ces 2 jours (personne ne comprend par quel miracle nous sommes rentres) est infra humain, inimaginable, cauchemardesque. Nous avons rencontré beaucoup de gens, droits de l’homme, Medical Relief, en plus du PARC, et visité Beit Hanoun au nord, Rafah au sud, et autres... »
Ariane

[commentaires : P...c.., sacrées marseillaises ! C’est Aragon qui parle des quarante mille enfants de la patrie. Là elles étaient quatre, mais cette initiative, cette ténacité, ce succès, cette franchise. On est fier d’être du même pays.]

CCIPPP - vendredi 22 février 2008.

http://www.protection-palestine.org/spip.php?article5886

********************

47307

Captain Jo s’occupera de vous

Haaretz, 15 février 2008
www.haaretz.co.il/hasite/spages/954353.html (La version anglaise : Intifada redux ne donne pas la réponse du porte-parole de l’armée)

Des adolescents qui se font tirer dans les jambes, des pneus incendiés, des couvre-feu, une guerre de déclarations entre l’armée israélienne et les Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa, des routes semées de pierres, des colonnes de fumée noire. Les images de l’Intifada sont de retour, du moins à Azoun.

L’Intifada est de retour. Peut-être pas encore vraiment, mais ce qui s’est révélé à notre regard, cette semaine, dans la bourgade d’Azoun, nous a ramené d’un coup 20 ans en arrière. A la fin de la semaine, des bulldozers de l’armée israélienne ont barré l’entrée principale de la bourgade ; toutes ses rues étaient jonchées de pierres ; une fumée noire s’élevait haut des brasiers de pneus ; des pierres et des cocktails Molotov ; l’armée israélienne a diffusé des proclamations menaçantes signées « Captain Jo » ; le couvre-feu a été imposé à la bourgade et des dizaines de ses adolescents, fronde à la main, se sont rassemblés aux coins des rues, attendant les jeeps de l’armée israélienne, exactement comme autrefois.

Tout comme alors, régnait dans la bourgade l’odeur de pneus brûlés et l’ambiance dans les rues à moitié désertes était effrayante. Seuls les adolescents osaient sortir des maisons aux volets clos. Les habitants d’Azoun racontent que depuis l’arrivée de l’officier israélien Jo, leur vie a changé. Ils racontent les provocations à l’égard des enfants à l’école, les tirs fréquents dans les genoux des adolescents, les patrouilles et les arrestations.

D’une écriture manuscrite, dans un arabe approximatif – avec des fautes à quasiment chaque mot – la proclamation signée par Jo, disséminée dans les rues d’Azoun à la fin de la semaine, menace : « Nous exigeons des habitants du village d’Azoun l’arrêt des jets de pierres et de cocktails Molotov. Si vous n’arrêtez pas ces agitations, Captain Jo entrera dans le village et se mettra à ouvrir un feu meurtrier en direction des habitants, il arrêtera les enfants et fermera les magasins. Telle est la décision que nous avons prise. Si vous ne cessez pas les agitations, chacun en portera la responsabilité. Dernier avertissement. Captain Jo »
.
Les Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa ont été promptes à répondre. Leur proclamation, rédigée sur du papier à lettre officiel de l’organisation, porte la date du 1er février 2008 : « Des proclamations signées Captain Jo, un des soldats défaits par nos frères héroïques de la Bande de Gaza, ont été distribuées dans les rues de notre bourgade. Par la présente, nous annonçons que nous poursuivrons dans la voie des armes, que nous continuerons d’avoir l’arme à l’épaule. Le jour du jugement approche et nous déferons aussi Captain Jo, ses soldats et ses collaborateurs, Inshallah.

« A Captain Jo : nous sommes encore forts et nos balles continueront de siffler. Dans les prochains jours, nous mettrons le feu à la terre sous tes pieds et sous les pieds de tes soldats et de tes collabos. La forteresse d’Azoun continuera d’être forte comme un roc… Attendez, trouillards. Nous avons promis et nous tiendrons promesse, nous frapperons et nous ferons mal. »

Couvre-feu, pierres, proclamations et pneus : la première Intifada serait-elle de retour ?

Des clôtures de fil de fer et des monticules de terre dressés samedi barrent le principal accès à Azoun, une bourgade située sur la route Kalkiliya-Naplouse, à moins qu’il ne faille dire Kfar Saba-Kedoumim ? Dimanche, lorsque nous sommes arrivés à l’entrée barrée, un bulldozer de l’armée israélienne se tenait sur la colline qui domine l’entrée et d’où l’on a vue sur cette bourgade de 10 000 habitants. Plusieurs voyageurs sont descendus d’un taxi collectif palestinien et ont franchi à pied les monticules de terre et la clôture, pour entrer dans la bourgade placée sous couvre-feu.

Quelques minutes après notre arrivée, une jeep de l’armée israélienne a surgi de nulle part et un officier ayant le grade de lieutenant-colonel, commandant de régiment, en est sorti : « Je demande l’évacuation du carrefour… Quittez cette zone ». « Jusqu’à quand l’accès sera-t-il barré ? », avons-nous demandé. « Quand il fera calme, ce sera ouvert.

L’équation est toute simple. Vendredi soir, il y a eu un cocktail Molotov et samedi des jets de pierres. Maintenant, c’est fermé. C’est un endroit dangereux, Azoun. » Y a-t-il couvre-feu ? « Non, pas de couvre-feu. »
Mais il y avait bien couvre-feu. Venu avec nous, Salah Haj Yihyeh, le coordinateur des « journées médicales » de l’association des Médecins pour les Droits de l’Homme, a demandé au commandant de régiment comment les ambulances pourront entrer dans la bourgade. Le commandant de régiment a assuré que l’entrée sud était ouverte. Cela n’a pas satisfait Salah Haj Yihyeh : « Comment se rendra-t-on à l’hôpital de Naplouse ? » Pas de réponse. Mais aussi : « Ne prenez pas de photos ». Pourquoi ? « Parce que je ne suis pas photogénique », a expliqué le commandant de régiment. S’agissait-il de Jo ? Le commandant de régiment ne s’était pas identifié par son nom, seulement par sa fonction.

Tapis d’anémones et amandiers en fleurs : nous sommes entrés dans Azoun par un autre chemin, par l’ouest, en passant par les villages d’Islah et d’Azbat-Tabib. Quelques minutes plus tôt, une jeep de l’armée israélienne avait parcouru les rues de la bourgade pour annoncer le couvre-feu. De toute façon, les écoles étaient fermées ce matin-là, les soldats ayant empêché leur ouverture. D’après les habitants, au cours des trois derniers mois, la bourgade a connu 25 jours de couvre-feu. Cela a encore été le cas durant toute la fin de la semaine dernière.
Le dentiste Amin Selim, membre du conseil municipal, nous rejoint à l’entrée du village, à côté d’une charmante menuiserie. S’il s’assoit à l’avant de la voiture, peut-être ne nous lancera-t-on pas de pierres. Ce matin, nous raconte-t-il, un groupe de colons s’est rassemblé à l’entrée barrée de la bourgade, pour protester contre les jets de pierres sur la route principale. L’armée israélienne ne les a pas laissés entrer dans la bourgade. Un nuage noir s’élève haut au-dessus des maisons. Petite Intifada à Azoun.

Notre voiture s’est frayé un passage dans les rues, entre les grosses pierres semées sur la chaussée et les brasiers de pneus. Un des feux était particulièrement impressionnant : de hautes flammes s’en échappaient et sa fumée était noire et épaisse. Des pierres dans les mains, la colère dans les yeux, les enfants et les adolescents se tenaient près des magasins aux volets clos. Près de la place de l’Indépendance, au centre de la bourgade, à un endroit où se dresse un monument de pierre sur lequel est gravé le texte de la déclaration d’indépendance palestinienne, se tenait un rassemblement particulièrement important. Habillés de jeans, de survêtements de sport et de blousons bon marché, certains ayant une allure militaire, les cheveux coupés très courts et le visage brûlant de haine, certains chaussés de sandales ou de pauvres savates, des jeunes gens sans espoir, très amers, se tenaient là, l’un d’entre eux boitant à cause d’une blessure remontant à il y a un an. « La situation s’est aggravée depuis l’arrivée de Jo, il y a environ deux mois », ont-ils dit. « Depuis que l’armée israélienne entre tous les jours pour nous provoquer ». Quatre d’entre eux ont été blessés le mois passé.

Depuis vendredi dernier, il y a dans la bourgade un « couvre-feu drastique ». Dans le rassemblement autour de nous, cela grondait de plus en plus. Les habitants racontaient que les soldats entrent dans les maisons, lancent des grenades détonantes et des grenades lacrymogènes, et ouvrent le feu. Le mystérieux Captain Jo parle parfois dans le haut-parleur d’une des jeeps, lançant des menaces et des injures.

Dans le haut de la rue à moitié déserte, quelqu’un poussait un fauteuil roulant dans lequel était assis Mohamed Faysal, 16 ans, blessé le 5 janvier dernier. Sur l’écran de son téléphone portable, le Dr Amin Selim nous a fait passé le film montrant les circonstances dans lesquelles Faysal avait été blessé. Dans le haut-parleur du portable, on entendait les coups de feu. Cela s’est passé ici, sur la place. Faysal a raconté qu’il était sur la place quand les soldats sont entrés, à l’heure de midi. Il y avait eu des jets de pierres, tout le monde a fui et il a été blessé à la jambe par les balles des soldats. A travers la fumée des pneus enflammés, il a expliqué que la jeep de Jo se trouvait dans le haut de la rue. D’après Faysal, il aurait été touché à deux reprises : une fois de loin et une fois de près. Il a découvert sa jambe qui présente sur toute sa longueur la cicatrice d’une blessure recousue grossièrement. Un panneau de l’Association France Palestine Solidarité a été placé au bout de la place enfumée.

De l’une des maisons ont surgi deux volontaires suisses, venues manifester leur solidarité avec la bourgade en effervescence. « La situation est difficile », a dit l’une d’elles, qui portait un anneau dans la narine. Chaque bruit d’une voiture se rapprochant faisait croître la tension. Tous attendaient l’armée israélienne. Nous sommes entrés dans une maison, parmi les plus défraîchies. Un adolescent de 16 ans, Otman Radouane, y était allongé. Lui aussi a été blessé, le samedi 5 janvier, et il est encore cloué au lit. Il était étendu sur un lit métallique, enveloppé de couvertures bon marché et colorées, dans une chambre aux murs tachés et moisis. Avec sur la lèvre l’ombre d’une première moustache, il porte un chapeau blanc sur lequel est dessiné la mosquée Al-Aqsa. Une porte bleue munie d’un œilleton et gravée du numéro 28 – qui sait comment elle a abouti ici – conduit aux autres pièces de la maison.

Otman Radouane travaille dans l’épicerie qui est sur la place. Ce fameux samedi noir, il était sorti quand les soldats sont arrivés. Les soldats lançaient des injures et ils tiraient, nous a-t-il raconté, les jeunes leur lançaient des pierres. Une balle l’a atteint à la jambe et il est tombé par terre. Ensuite, raconte-t-il, la jeep s’est approchée et un des soldats a encore tiré sur lui deux balles, d’une distance d’un demi mètre. Bilan : une balle dans la jambe gauche, deux balles dans la jambe droite.
Après les coups de feu, les soldats l’auraient traîné par terre et l’auraient, selon ses dires, également frappé. Après avoir passé une demi heure sur la chaussée, il a été évacué vers l’antenne médicale de la bourgade et de là à l’hôpital de l’UNRWA à Kalkiliya, puis de là à l’hôpital Rafidia de Naplouse, où il a subi une intervention chirurgicale. Il a le visage gris. Il peut déjà bouger sa jambe gauche ; la droite est encore paralysée. Ils ont tiré dans les genoux. Ici ce n’est pas Sderot et personne n’a rapporté comment Radouane et Faysal avaient été blessés.
Le Dr Amin Selim a expliqué qu’en trois mois, 27 jeunes gens avaient été blessés aux jambes par les tirs des soldats. Rami Issaf, de l’Association Palestinienne des Invalides, a précisé que la majorité des blessures se situaient au niveau des genoux. Salah Haj Yihyeh, de l’Association des Médecins pour les Droits de l’Homme, a raconté qu’il y a trois semaines, son association avait organisé une journée médicale à Azoun. Douze médecins israéliens étaient venus pour examiner les malades de la bourgade et ses blessés. 500 malades et blessés étaient venus recevoir des soins, mais l’armée israélienne était, elle aussi, entrée et des troubles avaient commencé. L’équipe médicale israélienne avait eu bien des difficultés à se dégager, à la fin de la journée.

Contacté par « Haaretz », le porte-parole de l’armée israélienne a communiqué cette réponse : « Le village d’Azoun, à l’est de Kalkiliya, est un des principaux foyers d’une activité populaire hostile et destructrice, comme des jets de pierres et de cocktails Molotov visant des citoyens israéliens se déplaçant sur la grand-route proche du village. Depuis le début de l’année, 26 cocktails Molotov ont été lancés et 16 incidents se sont produits à cet endroit, avec jets de pierres en direction de véhicules israéliens. Suite à cela, et comme composante de l’activité de l’armée israélienne dans la région, le couvre-feu a été imposé au village le 10 février, tôt matin, et pour une durée de cinq heures.

« L’armée israélienne opère dans le village d’Azoun comme partout où des actions terroristes sont perpétrées à l’encontre de citoyens israéliens. Et cela, à la différence d’autres villages de ce secteur dans lesquels il n’y a pas d’activité destructrice hostile, et où par conséquent, l’activité de l’armée israélienne est significativement réduite. L’armée israélienne opère ouvertement ou de manière cachée, tant sur la grand-route que dans le village même.

« A la date du 5 janvier 2008, une unité de l’armée israélienne a opéré dans le village, et au cours de l’opération, une série d’atteintes à l’ordre et de troubles se sont produits, avec jets de pierres mettant la vie en danger et visant les forces ainsi que des véhicules israéliens circulant sur la route. Les forces ont repérés les lanceurs de pierres, et à cause du péril qu’il y avait pour nos forces, un tir de précision a été effectué en direction de la partie inférieure du corps de ceux qui lançaient des pierres. Un tir au but a été relevé. L’incident fera l’objet d’un examen, et les résultats de l’enquête sont actuellement soumis à l’examen du procureur militaire.
« En ce qui concerne l’officier qui a fait afficher la proclamation, il s’agit d’une initiative individuelle d’un des officiers subalternes présent dans le secteur et qui, en l’occurrence, est allé trop loin. Les affiches ont été récoltées et le responsable de leur diffusion a été réprimandé par son commandant qui lui a montré la gravité de son acte. Il y a lieu de noter qu’il s’agit d’un officier et de soldats excellents qui, jour après jour, et dans des frictions permanentes avec la population palestinienne, opèrent afin d’empêcher que le terrorisme et une activité hostile destructrice ne se portent contre des citoyens de l’Etat d’Israël. »
Dans sa maison relativement spacieuse, le dentiste Amin Selim, membre du conseil municipal, explique que jusqu’il y a quelques mois, Azoun était un endroit paisible. « Depuis lors, la nouvelle politique a commencé, destinée à installer le chaos à Azoun. Le conseil municipal a demandé à l’armée israélienne de cesser ses provocations, mais l’armée continue d’entrer, quasiment tous les jours, provocant, insultant et ouvrant le feu essentiellement sur les enfants.

« Ils ont apparemment des visées pour l’avenir. Ils veulent construire un mur autour d’Azoun et l’emprisonner. Ils cherchent la provocation avec les enfants. Le conseil et le gouverneur de Kalkiliya s’efforcent de ramener le calme dans la bourgade, mais à chaque fois, l’armée israélienne y pénètre et les efforts sont réduits à néant. Si rien ne change, il y aura ici une catastrophe », avertit Amin Selim. Huit enfants et adolescents sont détenus par l’armée israélienne ; 19 autres ont été arrêtés puis libérés. Au cours des trois derniers mois, environ 70 habitants, au total, ont été arrêtés. Il me montre la liste des noms, griffonnée à la main.

Bayan Tabib, le chef du conseil du village voisin, Azbat-Tabib, dit que la moitié des maisons de son petit village – 22 maisons – font l’objet d’un ordre de démolition. La menace d’un ordre de démolition pèse également sur le nouveau centre pour les jeunes qui a été bâti entre Azoun et Jayyous. Une partie en a déjà été démolie et l’autre partie est censée l’être le 15 mars. Le centre a été construit grâce à des dons, sur une terre privée, mais n’a pas obtenu le permis de l’Administration civile. « Une oasis pour enfants au milieu du désespoir », c’est ainsi qu’en parle une brochure explicative en anglais qui lance un appel désespéré pour empêcher cette démolition. Le 21 février, les habitants organisent, dans la bourgade, une manifestation contre la démolition du centre des jeunes. Le Dr Amin Selim raconte qu’à l’Administration civile, on lui a dit : « Nous arriverons à effacer Azoun ».

[commentaire : quand les gens (et quand je dis « les gens »...) comprendront-ils que le « Captain Jo » n’est pas un incident isolé, mais bien un développement parfaitement logique de l’entreprise coloniale raciste, et que ceux qui ne s’en dissocient pas fermement ont bien des chances d’être confondus, le jour, qui finira bien par venir, où on finira par retrouver notre lucidité ?]

CCIPPP et Gideon Lévy - vendredi 22 février 2008