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Nouvelles du jour

Chronique de l’occupation

Jeudi, 21 février 2008

jeudi 21 février 2008

Numéro : 471

nombre d’entrées : 8

Envoyé le 21/02/08

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47101

Palestine Aujourd’hui, le 20 février 2008

L’armée d’occupation intensifie ses assauts en Cisjordanie, attaque Tulkarem et kidnappe 10 Palestiniens. Selon les sources locales, les forces coloniales ont attaqué les maisons de Na’im et Khalil Abu Hasana, à ’Atil, et les ont kidnappés et transférés dans un centre de détention non révélés.

Pendant qu’elles étaient dans la ville, les troupes sont entrées en force dans de nombreuses maisons, les ont saccagées, et ont prétendu avoir trouvé un missile pendant l’invasion.

Un peu plus tard dans la journée, un nombre important de soldats sionistes ont envahi Tulkarem, ont attaqué un café dans le centre ville et ont enlevé 10 palestiniens. L’un d’entre eux est Omar Badawi, chef du Jihad Islamique local.

Pendant ce temps, dans la Bande de Gaza, les Brigades Salah Eldin, la branche armée des Comités populaires de résistance, ont déclaré que ses combattants avaient blessé plusieurs soldats sionistes lors d’un affrontement qui a éclaté près du poste militaire de Kissufim, au sud de la Bande de Gaza. L’armée ennemie n’a pas fait de commentaires sur ce rapport.

Alors que les responsables égyptiens et sionistes continuent de discuter la possibilité de rouvrir le passage de Rafah, la seule voie par laquelle les Palestiniens vivant dans la Bande de Gaza peuvent rejoindre le monde extérieur, les Palestiniens continuent de mourir du manque de fournitures médicales et de traitement dans les hôpitaux de Gaza. Le siège de Gaza continue de paralyser tous les hôpitaux de la région côtière.

Les sources médicales palestiniennes ont annoncé mardi matin qu’un enfant était mort à l’hôpital de Gaza après que les autorités israéliennes aient empêché son transfert dans un hôpital à l’étranger. L’enfant, Sa’id Al Ayidy, avait 2 ans et il était de Rafah. Il souffrait d’une infection rénale. Avec la mort d’Al-Ayidi, le nombre de malades palestiniens morts à cause du siège est maintenant de 98, dont 17 enfants.

Source : IMEMC  Traduction : MR pour ISM

ISM et IMEMC - Palestine - 20-02-2008

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=8352&type=communique

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47102 Déjà paru en article solo mais tellement important !

La fascisation d’« Israël »

Le feu professeur Yeshayahu Leibowitz* a dit que si « Israël » ne rendait pas les territoires occupés, il se transformerait en État Shabak [1]. Mais il n’a pas imaginé qu’une situation pire encore surviendrait : la fascisation.

Les photos des femmes palestiniennes tentant de passer la frontière de Rafah m’ont rappelé ce que m’avait dit le Colonel Avraham Yaffe, dans les années 50, alors qu’il commandait l’école de formation des officiers de l’IDF (ndt : Forces de Défense Israéliennes).

J’étais étudiant dans cette école, et à cause de mon comportement quelque peu rebelle, j’étais de temps en temps convoqué dans son bureau, pour un « entretien ».

Ces discussions ont fini par créer une sorte d’affinité entre nous. Un jour, nous avons parlé de l’obligation de respecter les ordres reçus. Yaffe m’a raconté que lorsqu’il était commandant de brigade sur la frontière nord, le Chef d’État Major, Moshé Dayan, l’avait convoqué pour lui indiquer que, selon les services de renseignement, les réfugiés palestiniens du Liban étaient en train d’organiser une grande marche en direction de la frontière israélienne, qu’ils tenteraient de franchir de force.

« Je t’ordonne de tout faire pour les empêcher de traverser la frontière, y compris en ouvrant le feu » a dit Dayan à Yaffe. Yaffe a demandé : « Et s’il y a des femmes et des enfants en tête de la marche ? ». « Tire, même sur les femmes et les enfants » a répondu Dayan.

Yaffe est resté silencieux quelques instants, puis a dit « Monsieur, si vous voulez que je mette ceci en œuvre, je demande de recevoir un ordre écrit ».

Inutile de le préciser, Dayan n’a jamais mis l’ordre par écrit.

Les gauchistes engagés et les libéraux sont tombés dans la trappe du nationalisme. Confrontés aux attaques contre Sderot et les communautés du Néguev, ils s’alignent sur l’extrême-droite. La franche majorité du pays, comprenant une franche majorité parmi les gauchistes et les libéraux, dira qu’il est nécessaire de bombarder et d’affamer Gaza et sa population, jusqu’à ce que celle-ci arrête d’attaquer Sderot et ses environs.

Par là-même, ils approuvent la politique de crimes contre l’humanité adoptée par « Israël » à l’encontre des résidents de Gaza. Et certains d’entre eux veulent même que l’on fasse à Gaza ce qui a été fait par les Alliés à Dresde en Allemagne.

Selon le public, les Palestiniens harcèlent Sderot et ses environs sans raison ; après tout, « Israël » a évacué le Gush Katif (ndt : bloc de colonies dans la Bande de Gaza). Personne ne mentionne l’occupation de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza, l’annexion de la partie arabe de Jérusalem et les colonies, le démembrement de la Cisjordanie, et l’oppression subie par tous ceux qui y vivent et qui font l’objet de harcèlement et de manœuvres destinés à les faire partir de leurs terres. « Israël » n’a rempli aucune de ses obligations au titre de tout accord quelconque avec les Palestiniens, y compris les Accords d’Oslo ou de Wye Plantation.

Lorsque les Palestiniens tentent de prendre exemple de la Résistance française, l’IRA, le Lehi, l’Etzel et la Hagana, et de combattre l’occupation, nous violons toutes les règles du droit international et leur faisons ce que les Américains ont fait aux Indiens du Grand Ouest . Le dirigeant du parti Travailliste (ndt : Ehoud Barak) est très fier du fait que l’IDF ait liquidé 800 Palestiniens l’année dernière, la moitié étant des civils, des femmes et des enfants.

Du haut de son fauteuil au sommet de la société, il exige la soumission des Asmonéens (ndt : ancêtres des Maccabées) et des Vietnamiens ; mais il est impossible de vaincre une nation qui combat ses conquérants, à moins de les tuer tous en les affamant, en mettant à mort les faibles, les malades et les sans pouvoir de Gaza, dans l’espoir qu’ils vont contraindre le Hamas à arrêter le combat contre l’occupation.

Il a été si occupé à faire de l’argent qu’il en a oublié ce que tous les livres d’histoire enseignent au sujet des insurrections. Nos dirigeants, aveuglés par le pouvoir, ont manqué de voir ce qui allait arriver : « Israël » s’est transformé en une Sparte qui brûle sur le bûcher tous ceux qui refusent de servir dans l’armée.

« Israël » sera incapable de faire face pour l’éternité à l’hostilité de 100 millions de voisins et de 1,2 milliard de Musulmans. Si nous continuons à suivre la route des Croisés, nous subirons le même sort, et dans quelques centaines d’années les archéologues fouilleront les restes de nos immeubles et communautés qui s’appelaient des kibboutzim, et des tours bâties par les immigrants qui arrivaient de l’au-delà des mers et qui avaient pris le contrôle pour quelques dizaines d’années des territoires que de nombreuses générations d’immigrants avaient conquis avant eux.

Nos dirigeants, qui font le maximum pour perpétuer la haine, transforment « Israël » en État d’oppression qui n’a ni morale ni loi. La nécessité nous amènera à nous conduire comme les Allemands. Gaza, c’est le ghetto de Varsovie, et « Israël » est comme l’armée allemande qui a affamé et détruit le ghetto. La route de Sparte à l’Allemagne, sur le chemin des Croisés, est courte.

La seule voie qui pourrait nous conduire à la paix et à la survie pour les générations à venir est celle d’un accord de paix avec les Palestiniens, tout particulièrement le Hamas.

NOTES

[1] ndt : le Shabak est l’agence intérieure de renseignements et la police de sécurité israélienne

* Yeshayahu Leibowitz (1903-1994) était un philosophe israélien très connu et un scientifique affilié à l’Université hébraïque de Jérusalem. Quoique religieux, il a acquis sa notoriété parmi les Israéliens nationalistes en raison de son opposition totale à l’occupation et à la colonisation après la guerre de 1967. En 1993, il a refusé de recevoir le Prix d’Israël, à la suite d’une controverse relative à son appel lancé en direction des soldats pour qu’ils refusent de servir dans les Territoires occupés.

Source : http://www.france-palestine.org/  Traduction : Claire Paque

[commentaire : « Si nous continuons à suivre la route des Croisés, nous subirons le même sort ». Cela fait pas mal d’année que nous ne disons rien d’autre !]

ISM et Yigal Laviv - Israel - 19-02-2008

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=8341&type=analyse≤sujet=Sionisme

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47103

Hamas rejette tout projet de déploiement de forces internationales en Cisjordanie

Le Mouvement Hamas a exprimé son rejet catégorique de tout projet de déploiement de forces internationales en Cisjordanie, accusant le projet de chercher à remplacer l’occupation sioniste par une autre.

Le Docteur Sami Abu Zuhri a déclaré hier soir en exclusivité au Centre Palestinien d’Information que ce qui a été publié dans les journaux sionistes sur une proposition américaine de déployer des forces de l’OTAN en Cisjordanie après le retrait des troupes des forces d’occupation tente de donner l’impression qu’une solution est en vue, alors que sur le terrain, aucune n’a pu être réalisée.

Le Docteur Abu Zuhri a souligné que le peuple palestinien veut en finir avec l’occupation et exercer son droit à l’auto-détermination plutôt que remplacer l’occupation sioniste par une autre.

Le quotidien sioniste Jerusalem Post a rapporté que le Général James Jones, envoyé américain pour la sécurité dans la région, a émis cette idée au cours de ses récentes discussions avec les responsables israéliens.

Pour sa part, le Mouvement Jihad Islamique a également rejeté l’idée d’un déploiement des forces de l’OTAN dirigées par les USA, soulignant que l’administration américaine cherche, après avoir envahi l’Irak et l’Afghanistan, à parachever son hégémonie sur la région.

Dans un communiqué de presse reçu par le CPI, le mouvement a mis en garde contre ce plan dangereux pour la cause palestinienne et l’avenir du peuple palestinien parce qu’il vise à sauver l’occupation sioniste de son impasse interne et à lui fournir, ainsi qu’aux colons, protection et sécurité et le dispensant de sa responsabilité comme entité occupant les terres palestiniennes.

Le mouvement a renouvelé son adhésion à l’option de la résistance contre l’occupation sioniste et contre toute nouvelle occupation, soulignant que la seule solution est le retrait inconditionnel de l’entité sioniste des terres palestiniennes et la reconnaissance des droits palestiniens inaliénables.

Source : Palestine Info  Traduction : MR pour ISM

ISM et Palestine Info - Palestine - 21-02-2008

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=8354&type=communique≤sujet=R%E9sistances

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47104

Des intellectuels allemands : « La création de l’établissement sioniste a fait des Palestiniens des victimes de l’Holocauste »

Un groupe d’intellectuels allemands en visite (en Palestine, ndt) ont exhorté Berlin, lundi dernier, de modifier ce qu’ils ont qualifié de soutien aveugle à « Israël » enraciné dans l’Holocauste, affirmant que la création de l’Etat sioniste avait fait, des Palestiniens, des victimes de l’Holocauste nazi, eux aussi.

Ces quatre intellectuels, le Dr. Reiner Steniweg, le Pr. Gert Krell, le Pr. Georg Meggle et Jorg Becker, ont participé à un débat, lundi, au Netanya Academic College, consacré à l’avenir des relations germano-sionistes. Ils font partie des vingt-cinq signataires d’une pétition à propos de cette problématique, qui avait circulé dans les médias allemands à la suite de la deuxième guerre du Liban.

D’après le manifeste de cette pétition, la responsabilité allemande vis-à-vis des Palestiniens est « un des aspects de l’Holocauste qui fait l’objet d’une attention très insuffisante ». Le document poursuit, arguant du fait que c’est l’Holocauste que l’Allemagne a perpétré qui a entraîné « la persistance de la souffrance au Moyen-Orient tout au long des six dernières décennies, et qui est devenue, aujourd’hui, absolument insupportable ».

Cette situation, toujours d’après la pétition intitulée « Amitié et Critique », en raison du fait que « sans l’Holocauste des juifs, la politique sioniste ne se considérerait pas fondée – voire contrainte – à piétiner les droits humains des Palestiniens et des Libanais. »

Sans l’Holocauste, ajoute le document, « Israël » n’aurait pas bénéficié du même soutien politique et matériel de la part des Etats-Unis. Les chercheurs nous ont déclaré (Haaretz) que cela vaut, aussi, pour le soutien de l’Allemagne au régime sioniste.

« Ainsi, ce n’est pas seulement « Israël » qui est fondé à réclamer une considération spéciale de la part de l’Allemagne. En tant qu’Allemands, nous partageons non seulement une responsabilité vis-à-vis de l’existence du régime sioniste, mais aussi pour les conditions de vie du peuple palestinien », ont conclu les universitaires.

Les quatre signataires ont assisté au débat à l’invitation de l’ancien président de la Knesset, Dov Ben-Meir, qui en était l’organisateur. En décembre 2006, Ben-Mer a écrit ce qu’il a qualifié de « réponse amicale » à ce manifeste allemand, une réponse qu’il fit, à son tour, circuler dans les médias.

Dans sa réponse, Ben-Meir a déclaré que le manifeste originel reflétait une approche « simpliste ». Une des principales causes du conflit et de la situation qui est actuellement celle des Arabes et des Palestiniens, a-t-il dit, fut l’intransigeance, de leur part, et leur recours à la violence, au lieu du dialogue.

Concédant que l’attitude de l’Allemagne vis-à-vis de l’établissement sioniste s’inscrit dans une « relation spéciale » fondée sur l’Holocauste, Ben-Meir a dit, durant le débat, que cette relation – qui comporta d’énormes réparations allemandes payées à « Israël » dans les années 1950 – était avant tout une question d’intérêt allemand, avant que d’être une question relevant de l’intérêt de l’établissement sioniste.

« En acceptant de passer l’éponge sur le passé nazi de l’Allemagne, la nation juive a garanti à l’Allemagne un passeport d’entrée dans la famille des nations, après que l’Allemagne eut été considérée comme un pays paria, en raison de son passé nazi », a-t-il dit.

Le débat, qui attira près de cent-cinquante personnes, a eu lieu dans le cadre d’un panel de discussion. Les représentants des universitaires allemands étaient notamment le Pr Meggle, spécialiste de l’anthropologie philosophique à l’Université de Leipzig, et le Dr. Steinweg, chercheur à la branche de Linz du Centre Autrichien d’Etudes pour la Paix et la Résolution des Conflits [Austrian Study Center for Peace and Conflit Resolution].

Steinweg a indiqué que le groupe a réussi à éclaircir certains malentendus à propos du manifeste, lequel, d’après lui, avait été interprété erronément comme un appel à mettre un terme à la longue amitié germano-sioniste.

Les participants locaux à la tribune comprenaient un ex-ambassadeur d’« Israël » en Allemagne, Shimon Stein, la correspondante du journal allemand Die Zeit, gisela Dachs, ainsi que le professeur Moshe Zimmermann, directeur du Centre Koebner Minerva d’Histoire allemande, près l’Université Hébraïque de Jérusalem.

Zimmermann a déclaré que la question de l’Holocauste était actuellement l’objet d’une manipulation politique à la fois de la part d’« Israël », et de l’Allemagne. « Les sionistes essaient d’utiliser ce problème pour dépeindre les personnes qui critiquent l’établissement sioniste sous les traits d’antisémites. En même temps, ce manifeste est une tentative de manipulation des sentiments de culpabilité des Allemands vis-à-vis de l’Holocauste, en les projetant sur les Palestiniens », a-t-il argué.

« Si les Allemands veulent se sentir coupables de l’Holocauste, alors ils devraient plutôt s’en tenir aux Polonais, aux Hollandais et aux juifs. Inutile d’aller aussi loin que de se sentir coupable de ce qui est arrivé aux Palestiniens… », a-t-il ajouté.

Commentant la discussion animée qui s’ensuivit, Herman Bunz, du Friedrich Ebert Stiftung – l’organisation privée allemande à but non lucratif qui avait financé la visite des universitaires allemands – a dit aux orateurs : « Nous sommes en présence de la meilleure chance d’avoir entre nous un malentendu. Mais je ne saurais que vous conseiller de faire le contraire. »

« C’est une minorité, mais ils forment de jeunes esprits allemands, et nous ne pouvons pas nous permettre de repousser leurs critiques du revers de la main, au motif qu’elles seraient « antisémites ». Nous devons prendre ces critiques en compte », a déclaré M. Ben-Meir.

Source : Haaretz  Traduction : Marcel Charbonnier

ISM et Cnaan Liphshiz - Palestine - 20-02-2008

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=8351&type=analyse

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47105

Les femmes du Hamas

Elles sont dans toutes les institutions, dans les mosquées, dans les rues, aux frontières et dans les brigades d’Al-Qassâm.

Le mouvement de la résistance islamique (Hamas) a largement réussi à gagner ses derniers combats (politique et militaire), voire à briser le blocus imposé à Gaza en détruisant les barrières aux frontières avec l’Egypte. Les hommes du mouvement, qualifiés de durs par leurs adversaires, n’étaient pas les seuls à être derrière ces succès, bien au contraire, le mérite revenait souvent à une « armée » organisée qui, parfois, était en tête de ces batailles, ou qui se battait comme un soldat inconnu, ou qui, d’autres fois, était le fer de lance du Hamas. C’est « l’armée des femmes du Hamas ».

Nous n’exagérons pas en disant « l’armée des femmes du Hamas », car c’est une armée bien organisée dont le rôle s’est révélé fort et important dans son soutien au mouvement, lui permettant de gagner les dernières élections législatives en 2006. Et c’est cette même armée qui a forcé le passage frontalier à Rafah le mois dernier, en sensibilisant l’opinion publique et en gagnant sa sympathie avant l’arrivée des hommes avec les explosifs.

Aussi, dans les festivals « islamiques » du Hamas, contrairement à ceux du Fatah le « laïc », dans les campagnes électorales, dans les universités et les écoles, et dans les villes, les villages et les rues, on trouve les femmes du Hamas assurant une présence forte, remarquable, et apportant un grand support. Elles lèvent les drapeaux, elles sortent dans les manifestations, elles lancent les cris d’Allah-u-Akbar, elles apportent leur soutien, elles forment des délégations pour rendre visite, pour encourager et pour appuyer, et elles organisent des cercles de discussion dans les maisons et les mosquées. Beaucoup de ces femmes dirigent des associations, des écoles, et des institutions caritatives islamiques.

Ceci est, pour beaucoup d’observateurs, un paradoxe qu’ils n’arrivent pas à expliquer, car ils supposent, comme prétendent les adversaires du Hamas, que ce mouvement est « plus dur et plus fermé » en comparaison avec la liberté présumée donnée aux femmes du Fatah, un mouvement qui a toujours insisté sur les droits des femmes dans l’égalité et dans les rôles de direction.

Il est probable que la divergence entre le Fatah et le Hamas soit apparue profonde depuis le début du deuxième Intifada, où le Fatah avait autorisé à ses femmes de participer activement à la résistance contre l’occupation. Ce n’était alors ni un sujet d’étonnement ni un sujet de polémique pour personne, car le Fatah avait déjà envoyé Dalâl Al-Maghribi en 1978 avec 11 autres fidayîn à travers la mer, pour réaliser l’une des opérations les plus célèbres où 36 israéliens furent tués. Et en 2002, les brigades des martyrs d’Al-Aqsa, le bras armé du Fatah, ont envoyé, au début du deuxième Intifada, la première fille à se faire exploser pendant l’Intifada.

Wafaa’ Idrîss était une militante dans le mouvement Fatah, elle était belle et elle travaillait au croissant rouge palestinien. Elle s’était fait explosée le 27 janvier 2002 en touchant plus de 70 sionistes à Jérusalem-Ouest. Le 30 janvier 2002, les brigades des martyrs d’Al-Aqsa avaient revendiqué l’opération en déclarant : « C’est la femme martyre héroïque, et une fille fière des brigades, Wafaa’ Ali Idrîss, âgée de 26 ans et habitant la citadelle d’endurance du camp Al-Amaari, département de RamAllah, qui a accompli l’opération ».

A l’époque, le Hamas freinait la participation des femmes à la résistance, notamment la réalisation des opérations martyres. Des dirigeants du mouvement avançaient alors comme prétexte la nature traditionnellement conservatrice de la société palestinienne, et des recommandations religieuses qui interdisaient l’éloignement de la femme ou son voyage sans la compagnie d’un homme ‘mouhram’ (son mari ou un homme qui ne peut se marier avec cette femme comme le père, l’oncle, le frère, etc., afin d’assurer sa protection, ndt). Mais ceci n’était pas la position de tous les mouvements islamiques. A titre d’exemple, le mouvement du Djihad Islamique envoyait ses femmes pour accomplir ce genre d’opérations.

Cette position du Hamas n’a pas duré longtemps, et la première opération martyre féminine pour le Hamas fut accomplie par Rîm Rayâshi en janvier 2004. Ce fut une surprise, et feu le cheikh Ahmad Yassine, le fondateur du Hamas et son chef spirituel, déclara alors : « le temps du djihad de la femme palestinienne vient de commencer ». Des proches du cheikh Yassine affirmèrent qu’il voulait exercer de la pression sur les Israéliens en leur disant que même nos femmes pouvaient se faire exploser à leurs figures. Dans la littérature du Hamas, la femme joue un rôle de support dans le djihad, elle est considérée comme responsable de l’éducation de la jeune génération, elle a un rôle de soutien et d’encouragement, et aussi un rôle dans l’enseignement et dans les soins médicaux durant les batailles et les guerres, entre autres.
Mais le rôle des femmes du Hamas s’est élargi et a pris d’autres dimensions plus profondes et plus globales. L’analyste politique Abdussatar Qassim dit à Ash-Sharq Al-Awsat : « Elles se basent sur les enseignements islamiques, et ce sont des enseignements qui incitent au travail pour l’intérêt public ». Selon Qassim, le mouvement du Hamas « est plus engagé et plus organisé que le mouvement du Fatah. Et il réussit mieux dans l’exploitation de toutes ses capacités ». Qassim souligne aussi que le Hamas est un mouvement dogmatique et discipliné, et qu’il a réussi à faire jouer à ses femmes un rôle central et important.

Il poursuit : « Elles ont redoublé d’efforts durant les dernières élections législatives. Elles ont animé des cercles d’études et d’orientation dans les mosquées et les différentes institutions, elles ont organisé des visites de terrain dans les communes, les villages et les camps ». Qassim insiste sur l’existence de deux raisons principales qui expliquent le succès des femmes du Hamas : le respect des enseignements de l’Islam, et le respect des consignes du mouvement. Et il ajoute qu’on ne peut pas comparer entre le Hamas et le Fatah, car le premier est un ‘tanzim’ (un système organisé et discipliné, ndt), et le deuxième ne l’est pas.

Djamila Ash-Shanti, l’une des plus remarquables dirigeantes de la mouvance féminine du Hamas, et membre de l’assemblée législative, révèle l’existence d’un tanzim féminin dans le tanzim [du Hamas]. Elle déclare à Ash-Sharq Al-Awsat : « Nous avons notre tanzim, nous ne sommes pas des suiveuses au sein du Hamas, nous avons nos propres positions, nous nous opposons souvent aux hommes, nous n’acceptons pas tout, nous proposons, nous planifions, nous décidons, nous débattons, et nous disons non et nous réalisons ce que nous considérons comme le plus adéquat ».

Selon Ash-Shanti, il n’y a rien d’improvisé, d’ailleurs elle ne croit même pas qu’un travail sans organisation puisse réussir. Elle dit : « Nous sommes plus proches des gens que les femmes laïques. Nous sommes dans les mosquées, chez les martyrs et les blessés, dans les manifestation, dans les affrontements et dans la percée des frontières (en allusion à l’action de forcer le passage du Rafah entre Gaza et l’Egypte). Cependant Ash-Shanti n’y voit aucune nouveauté. Elle dit que c’est la voie du Hamas depuis toujours.

Selon elle, le cheikh fondateur Ahmad Yassine travaillait sur le tanzim des hommes tout en suivant en parallèle le tanzim des femmes. En cela, Ash-Shanti veut dire que les femmes forment un tanzim indépendant qui a sa propre existence. Et elle cite comme exemple les préparations qui avaient précédé les élections législatives en déclarant : « Nous avons préparé notre plan global pour la campagne et les hommes ont préparé le leur. Et quand nous avons échangé les plans pour en prendre connaissance, ils ont découvert que le notre était meilleur ». En réponse à la question de savoir s’il y a une compétition avec les hommes. Elle dit : « Oui, mais c’est une compétition dans le cadre du mouvement unifié. D’ailleurs ils [les hommes] nous y encouragent ».

D’autre part, Ash-Shanti est d’accord avec Dr. Qassim que l’Islam est le mobile et le moteur principal. Elle dit : « C’est ainsi que l’Islam nous l’a enseigné. Il nous demande d’entrer en communion avec les gens, leurs affaires, leurs problèmes et leurs soucis ». Et elle ajoute : « Nous, au Hamas, avons mis en pratique l’égalité réclamée par les laïcs. Nous, les femmes, nous asseyons avec les hommes aux niveaux politique et militaire, dans les assemblées de concertation et de prise de décisions et aussi dans les brigades d’Al-Qassâm. Nous avons également nos propres institutions que nous gérons seules ». Ash-Shanti attribue le soutien du Hamas à sa partie féminine à « la confiance considérable » que le mouvement avait accordée dès l’origine à ses femmes dans tous les domaines, et elle ajoute : « Nous ne sommes pas faibles dans le Hamas, nous avons nos décisions et nous avons nos positions ».

Selon Ash-Shanti, ce sont les femmes du Hamas qui ont fait évoluer le concept de « la mosquée ». Elle dit : « Toutes les femmes de tous les groupes viennent à la mosquée. La mosquée n’est pas qu’un lieu de prière et de prêche religieux, c’est aussi un centre pour organiser les réunions sur les questions politiques, culturelles, sociales et de santé, et aussi pour projeter des films vidéos. Nous l’avons transformé en un concept de ‘club’ ». Ash-Shanti parle avec beaucoup de fierté de l’expérience de l’aile féminine à l’intérieur du Hamas et de leur capacité à former un « tanzim capable de faire changer les choses ».

Il est manifeste que la participation des femmes du Hamas ne se limite pas au travail populaire de mobilisation et d’orientation. Les femmes du mouvement suivent tout autant que les hommes des entraînements militaires avancés dans les arts de combat. Il y a parmi elles des combattantes dans les brigades d’Al-Qassâm, le bras militaire du Hamas. Cependant, Ash-Shanti nie l’existence d’une armée militaire féminine comme on le prétend, mais elle reconnaît que les femmes reçoivent des entraînements militaires pour être prêtes à affronter des situations imprévues, et elle affirme qu’il y a des familles entières qui suivent les entraînements, l’homme, son épouse, ses sœurs et ses filles, mais volontairement sans aucune contrainte.

C’est un constat sur lequel le Hamas insiste : qu’il honore et qu’il se sent concerné par le rôle de la femme. Bien avant les élections législatives, le mouvement a sorti un communiqué à l’adresse de la population où il déclarait : « Il est temps que la femme palestinienne joue son vrai rôle, et que la société reconnaisse l’importance de ses sacrifices et de ses efforts. Elle est la mère, la sœur, l’épouse et la fille qui forme les créateurs, les héros, les martyrs et les générations du futur. Le Hamas œuvrera à ce que la femme ait sont rôle dans l’assemblée législative, qu’elle soit à côté de l’homme dans la direction du combat contre l’ennemi, et qu’elle légifère les lois qui protégeront la femme et ses droits. Le Hamas combattra toutes les tentatives de marginaliser le rôle de la femme ou de le rendre superficiel ».

Et c’est effectivement ce qui s’est passé. Car le Hamas a veillé, avec beaucoup d’intelligence, à présenter comme candidates des personnalités universitaires et influentes, et des épouses des dirigeants « martyrs » du mouvement, ce que les Palestiniens ont alors considéré comme un acte de loyauté et d’honneur du mouvement envers ses hommes et ses femmes qui se sont sacrifiés. Il était difficile d’entrer en compétition contre une femme comme Mariam Farhât, alors qu’elle était la mère de trois combattants du Hamas qui avaient été tués par les sionistes, et alors que son fils lui avait laissé une vidéo d’adieu avant d’attaquer une colonie en tuant cinq sionistes. Le Hamas se plait à l’appeler « Al-Khansaa’ de la Palestine » ou la « mère des martyrs » (Al-Khansaa’ bint Omar est une poétesse de la période pré-islamique convertie à l’Islam au temps du Prophète Mohammad. Elle est considérée comme la mère des martyrs, car après la mort de son quatrième enfant lors de la bataille d’Al-Qadissiyya, elle ne porta pas le deuil, remerciant plutôt Allah de l’avoir honorée de la mort martyre de ses quatre enfants, ndt). Elle a d’ailleurs été filmée pour annoncer sa candidature aux élections en portant une arme.

Six femmes du Hamas ont gagné dans les élections. Quelques unes ont été désignées comme ministres, comme Mariam Sâleh qui était devenue ministre des affaires féminines avant que le gouvernement du Hamas n’ait été destitué suite aux combats à Gaza. Elle est aujourd’hui détenue en zone sioniste avec d’autres collègues députés. Mais malgré la destitution du gouvernement et le contrôle du Fatah sur la Cisjordanie, le rôle des femmes du Hamas n’a pas régressé, mais a pris la forme de protestations contre l’autoritarisme du Fatah. Elles se sont même plus d’une fois accrochées avec les appareils de sécurité à Ramallah et à Nablous. Ces appareils de sécurité voient dans une femme comme Mouna Mansour, l’épouse de Djamâl Mansour, un important dirigeant du Hamas assassiné par Israël, une femme provocatrice qui œuvre contre la stabilité en Cisjordanie.

Des femmes du Fatah reconnaissent qu’elles ne se sont rendues compte que tardivement du rôle de la mosquée dans la mobilisation des gens. Le Fatah était probablement confiant, comme le confirmaient certains de ses membres, qu’il allait gagner les voix des femmes, en considérant qu’il portait le drapeau de la libération. Mais les voix sont allées pour le Hamas qui a une attitude plus stricte et qui respecte des recommandations plus contraignantes en ce qui concerne par exemple la tenue vestimentaire. Ainsi, il n’est pas possible de voir une femme du Hamas sans le foulard et sans la tenu officielle ‘al-djilbâb’ (une sorte de manteau qui couvre tout le corps de la femme, ndt).

Quelques unes portent aussi ‘al-niqâb’ (une couverture du visage, ndt), et aucune ne serre pas la main aux hommes. Ash-Shanti dit que les laïc ne comprennent pas l’Islam ; il n’est pas dur et notre rôle devient de plus en plus important, et nous allons donner une vraie image de l’Islam. Ils [les laïcs] ne respectent pas leurs femmes comme le Hamas respecte ses femmes. Nous partons avant tout des convictions religieuses, dont la plus importante est de suivre la voie médiane, ce qui est une question que même des gens religieux peuvent avoir du mal à comprendre.

1° février 2008 - Ash-sharq Al-Awsat - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.aawsat.com/details.asp?s...
Traduction de l’arabe : Iyad

Info-Palestine et Kifâh Zeboun - Ash-Sharq Al-Awsat – mercredi 20 février 2008

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=3837

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47106

Blocage

En dépit de la tenue de quelques rencontres entre Palestiniens et Israéliens, rien ne prédit une prochaine avancée.

L’état des négociations entre Palestiniens et sionistes l’indiquait, et le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, l’a confirmé : on ne peut parler d’aucun progrès et l’espoir né il y a quelques mois de la conférence d’Annapolis n’est plus. « Il n’y a eu aucun véritable progrès », a déploré Kouchner devant le président sioniste Shimon Pérès, selon un communiqué de la présidence sioniste. « C’est une chose dangereuse », a-t-il ajouté en évoquant la frustration et le désespoir grandissants des Palestiniens. Ce faisant, le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a souligné dimanche la nécessité de « créer un climat de confiance » au sein de la population palestinienne, déplorant que les différents projets de développement envisagés sont restés lettre morte.

M. Kouchner, a déclaré samedi en Cisjordanie que le régime sioniste devait stopper la colonisation afin que le processus de paix puisse progresser. « Nous sommes hostiles à la poursuite de la colonisation, nous l’avons déclaré, le président de la République française l’a déclaré très clairement, je le dis devant vous, on ne peut pas poursuivre à la fois un processus de paix, faire confiance à ses voisins, construire un Etat palestinien et continuer à bâtir ou à projeter même des implantations sur cet Etat palestinien », a-t-il dit après avoir rencontré le président palestinien Mahmoud Abbass à Ramallah.

« La situation économique et humanitaire à Gaza est particulièrement mauvaise. Les mesures de blocus mises en œuvre affectent directement l’ensemble de l’économie et des conditions de vie », a aussi déclaré M. Kouchner à Al-Quds, le principal quotidien des territoires palestiniens. « Nous appelons à la levée du blocus de Gaza. Il faut que les marchandises et les hommes puissent circuler », a ajouté le ministre français.

En effet, le régime sioniste impose des restrictions draconiennes sur le mouvement des personnes et des marchandises après la prise de pouvoir par les islamistes du Hamas en juin 2007 de la bande de Gaza. Depuis le 17 janvier 2008, il a mis en place un blocus sur le territoire palestinien en représailles aux tirs palestiniens de roquettes, provoquant des pénuries de produits de base et des coupures d’électricité. « Bien évidemment, une amélioration des conditions de circulation en Cisjordanie et vers Gaza est une condition nécessaire à une véritable reprise économique durable, comme le soulignent le FMI et la Banque mondiale », a poursuivi M. Kouchner.

En ce qui concerne l’Autorité palestinienne, elle doit selon lui « faire des efforts très importants pour réformer les services de sécurité pour qu’ils soient plus efficaces ». Des « progrès très encourageants ont été réalisés » mais il faut « aller plus loin ». M. Kouchner, dont la dernière visite à Jérusalem et Ramallah remonte à novembre 2007, a affirmé que la France, « en tant que présidente de l’Union européenne, à partir du 1er juillet 2008, se fixera des objectifs ambitieux pour aboutir à une résolution du conflit ». « La France espère qu’un Etat palestinien verra bien le jour en 2008. Mais la France ne fait pas qu’espérer, elle agit pour que ce projet, ce rêve, voie le jour très rapidement », a-t-il assuré. Il a en outre appelé les deux parties sionistes et Palestiniennes à respecter les engagements pris en novembre à Annapolis aux Etats-Unis où le président palestinien Mahmoud Abbass et le premier ministre Ehud Olmert ont relancé les négociations de paix après sept ans d’impasse avec l’objectif affiché de parvenir à un accord de paix avant fin 2008.

En effet, au lendemain de la conférence d’Annapolis, le régime sioniste a dissipé tout espoir en déclarant la poursuite de ses projets de colonisation, en persistant à liquider les chefs du mouvement islamiste du Hamas, à mener des raids et des incursions dans la bande de Gaza et en minimisant les chances de parvenir à un Etat palestinien au cours de 2008 comme ils l’avaient promis. Bref, une panoplie d’actes et de déclarations qui ne confirment qu’un seul constat : la tergiversation et le manque de volonté d’aller de l’avant dans les négociations visant à ranimer le processus de paix. Les deux parties sont divisées sur la procédure.

Alors que les Palestiniens veulent un accord en bonne et due forme établissant un Etat palestinien, les dirigeants sionistes espèrent parvenir à une déclaration de principe qui serait appliquée progressivement et servirait ultérieurement de base à un accord à part entière.

Et tout en mettant les bâtons dans les roues du processus de paix, l’Etat hébreu frappe très fort. Quatre Palestiniens, dont trois activistes du mouvement islamiste du Hamas et un civil, ont été tués dimanche lors d’une incursion de l’armée israélienne à l’est de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, selon des sources médicales palestiniennes. Au moins neuf Palestiniens ont été blessés lors de cette opération, a-t-on indiqué de mêmes sources. « Quatre-vingts Palestiniens ont été arrêtés lors de l’opération et ramenés en territoire sioniste pour y être interrogés », a-t-on ajouté.En outre, un autre activiste du Hamas, blessé il y a trois jours lors d’un raid israélien à Khan Younès, a succombé à ses blessures, a annoncé ce groupe armé. Les nouveaux décès portent à 6 146 le nombre de personnes tuées dans les violences palestino-sionistes depuis 2000, en quasi totalité des Palestiniens, selon un bilan établi par l’AFP.

Du même auteur :
 "Discussions israélo-palestiniennes : de mauvais signaux" - 27 décembre 2007.
 "Liban : Et de 9 !" - 20 décembre 2007.
 "Annapolis : des engagements fictifs"- 6 décembre 2007.

Al-Ahram/hebdo - Semaine du 20 au 26 février 2008, numéro 702

Info-Palestine et Rania Adel - Al Ahram hebdo – mercredi 20 février 2008

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=3838

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47107

Fabriquer des réalités qui conviennent

Les médias officiels continuent sans aucune honte à répéter les explications officielles pour n’importe quoi, écrit Ramzy Baroud.

Dans le monde en concurrence des médias d’aujourd’hui, choisir rapidement et à bon escient un reportage est d’importance primordiale. GoogleNews, par exemple, revendique de balayer 4500 sources d’informations dont seulement quelques unes sont ensuite reprises. Il existe des milliers de services similaires, tous en concurrence les uns les autres pour produire un récit dans le temps le plus court possible. Le reportage complet — et par conséquent plus lent — est relégué et l’information importante semble souvent arriver trop tard. L’Irak, qui a donné une proportion énorme d’informations en première page pendant des années, en fournit de nombreux exemples.

Le 1er février, à peine à quelques minutes d’écart, deux femmes irakiennes se sont faites exploser dans deux marchés très fréquentés de la capitale irakienne. Les autorités ont indiqué que 98 personnes avaient été tuées et 200 autres blessées. Les témoins visuels ont décrit une scène atroce où des morceaux de corps humains et d’animaux maculaient les rues.

Une analyse complète des évènements impliquerait d’examiner plusieurs facteurs en relation les uns avec les autres. Cette analyse devrait d’abord comparer le nombre élevé de victimes avec les communiqués publiés par les américains et le gouvernement irakien sur le « retour à la normale » dans Bagdad. Ce prétendu « retour à la normale » a été repris pendant des mois comme moyen de valider la stratégie militaire de Bush de « renforcement des troupes ». Même si nous prenions pour argent comptant les statistiques douteuses visant à accréditer les résultats positifs de ces renforts — statistiques douteuses parce que fournies uniquement par les Etats-Unis et les sources militaires irakiennes, avec des objectifs évidents — la violence semble clairement s’être déplacée de la capitale vers les régions plus au nord.
Plutôt que d’admettre l’échec à arrêter la violence qui infeste l’Irak depuis l’occupation américaine de 2003, les Etats-Unis et les autorités irakiennes ont recourt à un vocabulaire qui distrait continuellement l’attention des vraies questions. C’est ainsi qu’Alissa J. Rubin a commencé son article dans le New York Times daté du 31 janvier : « La situation non contrôlée du nord de l’Iraq s’est encore manifestée mercredi alors que les troupes irakiennes s’amassaient à Mossoul pour combattre les extrémistes arabes sunnites. » Les citations de Rubin font référence aux déclarations d’un porte-parole irakien du ministère de la défense affirmant que le but de l’opération militaire était « d’évincer Al-Qaeda en Iraq de la ville et d’empêcher ses combattants d’y retourner ».
Ces sources d’information font une confusion dangereusement imprécise entre les Arabes, les Sunnite, les « extrémistes » et Al-Qaeda. Le New York Times, qui représente souvent la norme pour les reportages dans d’autres publications importantes aux Etats-unis, a ainsi jeté les bases pour justifier le nettoyage ethnique des Arabes sunnites de la ville sous couvert de « chasser » les militants d’Al-Qaeda.

Quant aux attaques-suicides du marché de Bagdad, la réponse officielle à cette tragédie était comme d’habitude trompeuse. Le gouvernement irakien a publié un rapport que l’on pouvait anticiper et les officiels américains dont la secrétaire d’état Condoleezza Rice ont fait connaître leur forte condamnation. Tous ces communiqués ont été retravaillés de manière à produire des centaines d’informations « fraîches » en l’espace d’à peine une heure.

CNN Online commençait ainsi un de ses articles : « Deux femmes handicapées mentales ont été bardées d’explosifs vendredi et envoyées dans les marchés bondées de Bagdad où on les a faites exploser par télécommande. » Cette allégation a été attribuée à un fonctionnaire du gouvernement irakien qui aurait déclaré que « des gens disent que la première attaquante au marché central d’Al-Ghazl dans Bagdad était une ’femme folle’ et que celle qui a attaqué le deuxième marché avait un handicap de naissance non précisé. »

Qui sont ces « gens » ? Le journaliste de CNN a-t-il vérifié la légitimité de cette explication lors de l’interview ?

Et que ces attaques nous apprennent-elles au sujet de la situation sécuritaire dans Bagdad, du succès ou de l’échec du « renforcement des troupes », ou de la guerre qui pousse des individus au suicide dans ses manifestations les plus brutales ?

Apparemment, ces attaques ne sous suggèrent rien du tout. Mais le lieutenant-colonel Steve Stover, porte-parole pour la division multinationale des forces [d’occupation] à Bagdad a une explication qui semble au moins du point de vue de CNN, beaucoup plus appropriée que les questions apparemment sans importance énumérées ci-dessus. « En visant des Irakiens innocents, ils (ceux qui ont manipulé les femmes « mentalement arriérées ») ont montré leur véritable caractère démoniaque. » D’où le titre de CNN : « Des militants démoniaques ont envoyé des femmes se faire exploser sur des marchés en Irak. »

Accorder de l’attention à de telles étranges associations — des femmes malades mentales agissant à la demande de diaboliques « extrémistes arabes sunnites » d’Al-Qaeda — sert beaucoup plus qu’à simplement détourner l’attention des nombreux échecs de la politique américaine en Irak. Cela contribue à créer une image de substitution qui forme et remodèle les perceptions des lointains consommateurs d’informations.

La description faite par les médias des évènements de Gaza pourrait se résumer en un seul titre : « Des hordes de Palestiniens ouvrent une brèche dans la frontière entre Gaza avec l’Egypte – Le régime sioniste préoccupé par sa sécurité. » L’emprisonnement de 1,5 million de Palestiniens dans Gaza, où la majorité de la population est « en insécurité alimentaire » selon les statistiques des Nations Unies, devrait avoir été décrit en premier lieu comme un désastre humanitaire provoqué par le blocus sioniste. Les dates liées aux étapes successives du siège obéissent à la logique de la politique sioniste et non pas à sa « sécurité ».

Mais cela n’aurait pas été conforme à a façon dont l’évènement a été rapportée. Comme dans le cas de l’Irak où les deux sources dominantes d’informations sont les forces d’occupation et le gouvernement irakien composé de marionnettes, n’importe quel récit d’une quelconque importance pour le régime sioniste et la Palestine doit être validée par la source sioniste officielle, et jusqu’à un degré moindre mais gagnant en importance, par leurs alliés palestiniens. Le reste n’est fait que « d’extrémistes », portant des ceintures d’explosifs pour détruire « l’état juif » (le « judaïsme » de l’établissement sioniste est souvent souligné dès que le mot « destruction » est employé).

Grâce à ces manipulations continuelles il devient plus facile d’oublier que le monde réel — en Irak, en Palestine, en Birmanie, au Kenya ou dans tout autre endroit — est un monde qui bien qu’apparemment chaotique est très rationnel. Il est construit sur les questions de cause et d’effet. Ce qui peut sembler « démoniaque » et « fou » à une personne qui n’est pas du monde des médias ne devrait pas être repris en tant que tel par un journaliste. La responsabilité de ce dernier est de relater, de remettre dans un contexte et de déconstruire avec un regard indépendant et critique. Il peut être plus commode et plus profitable de reprendre stupidement les discours venant de sources officielles, mais cela a des conséquences graves pour le journalisme et aussi pour toute possibilité de vérité et de justice.

(*) Ramzy Baroud est l’auteur de « The Second palestinian Intifada : A Chronicle of a People’s Struggle » et rédacteur en chef de « PalestineChronicle.com »

Site Internet :
www.ramzybaroud.net

Du même auteur :
 Le véritable miracle israélien...
 Gaza : le pouvoir du peuple
 Elections américaines : une superproduction hollywodienne
 Malgré les « bonnes nouvelles », l’Irak va mal

15 février 2008 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2008/883...
Traduction : Claude Zurbach

[commentaires : merci Mr « Baroud » de nous rappeler ces évidences que nous rappelons régulièrement. Vous souvenez-vous de l’époque, il y a une petite vingtaine d’année me semble-t-il, où les gens du Sud Liban, femmes, enfants et vieillards compris, étaient systématiquement désignés par les média français, par « chiite membre du Hezbollah pro-iranien » ? Et de grâce, que ceux qui écrivent en Français retiennent bien ceci : le mot anglais « activist » ne doit surtout pas être traduit pas « activiste », mais par « militant ». Ce n’est pas du tout la même chose ! ]

Info-Palestine et Ramzy Baroud - Al Ahram – jeudi 21 février 2008

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=3841

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47108

La démocratie : une menace existentielle pour Israël ?

En participant tous les deux récemment à la rédaction d’un document plaidant en faveur d’une solution à un seul Etat au conflit colonial arabo-sioniste, nous cherchions clairement à provoquer un débat (Voir en français : Déclaration de Madrid - ndt). De manière prévisible, des sionistes ont décrié cette proclamation comme une nouvelle preuve de l’attachement inébranlable d’intellectuels palestiniens - et de quelques sionistes radicaux - à la « destruction d’Israël ». Quelques militants pro-palestiniens nous ont accusés d’avoir, dans notre quête d’un rêve « utopique », délaissé des droits palestiniens urgents et cruciaux.

S’inspirant partiellement de la Charte Sud-africaine de la Liberté (1) et de l’Accord de Belfast (2), la bien plus modeste Déclaration à Un Etat, rédigée par un groupe d’universitaires et de militants palestiniens, sionistes et internationaux, professe que « la terre historique de Palestine appartient à ceux qui y vivent et à ceux qui en furent expulsés depuis 1948, sans considération de religion, d’ethnie, d’origine nationale ni de citoyenneté actuelle ». Elle envisage un système de gouvernement fondé sur « le principe d’égalité en matière de droits civils, politiques, sociaux et culturels, pour tous les citoyens ».

C’est précisément cette insistance fondamentale sur l’égalité qui est perçue par les sionistes comme une menace existentielle pour le régime sioniste, parce que minant ses fondements intrinsèquement discriminatoires qui privilégient ses citoyens juifs par rapport à tous les autres. Le Premier ministre Ehoud Olmert a montré une franchise rafraîchissante lorsque, tout récemment, il a admis qu’« Israël » serait « fini » s’il devait faire face, de la part des Palestiniens, à une lutte en faveur de droits égaux. (3)

Mais alors que la transformation d’un régime au racisme institutionnalisé, ou d’apartheid, en une démocratie était tenue pour un triomphe des droits de l’homme et du droit international en Afrique du Sud et en Irlande du Nord, elle est rejetée séance tenante, dans le cas israélien, comme une brèche qui serait faite dans le droit sacré à la suprématie ethno-religieuse (appelée, par euphémisme, le droit d’« Israël » « à être un Etat juif »).

Les Palestiniens sont pressés par un interminable défilé d’envoyés occidentaux et de bonimenteurs politiques - le dernier en date étant Tony Blair - à se contenter de ce que le Congrès National Africain avait, à juste titre, rejeté quand il se l’était vu offrir par le régime d’apartheid d’Afrique du Sud : un bantoustan constitué d’un patchwork de ghettos isolés, loin en deçà des exigences minimum de justice.

Des partisans sincères de la fin de l’occupation sioniste ont également sévèrement critiqué le plaidoyer en faveur d’un seul Etat, pour des motifs à la fois moraux et pragmatiques. Une proposition morale, soutenaient certains, devrait se focaliser sur l’effet probable qu’elle aurait sur les gens, en particulier ceux qui sont sous occupation, privés de leurs besoins les plus élémentaires, comme l’alimentation, un abri et des services de base. La tâche la plus urgente, concluaient-ils, est de demander la fin de l’occupation, et non pas de faire la promotion des illusions d’un Etat unique. Outre sa prémisse passablement paternaliste, par quoi ses partisans sauraient mieux que nous ce dont les Palestiniens ont besoin, cet argument est tout à fait problématique en ce qu’il suppose que, contrairement aux autres humains partout ailleurs, les Palestiniens sont tout disposés à renoncer à leurs droits sur le long terme à la liberté, à l’égalité et à l’autodétermination en échange de quelque allègement passager de leurs souffrances les plus immédiates.
Le refus des Palestiniens de Gaza - même en présence d’un blocus criminel visant à les affamer et qui leur est imposé avec l’appui des Etats-Unis et de l’Union Européenne - de se soumettre à l’exigence sioniste qu’ils reconnaissent son « droit » à établir une discrimination à leur encontre, n’est jamais que la dernière démonstration en date de la fausseté de pareils présupposés.

Un argument déjà plus convaincant, exprimé tout récemment par Nadia Hijab et Victoria Brittain, veut que, dans les circonstances actuelles de l’oppression, alors que le régime sioniste bombarde et tue sans discrimination, emprisonne des milliers de personnes dans de dures conditions, construit des murs pour séparer les Palestiniens les uns des autres et les séparer de leurs terres et de leurs ressources en eau, vole sans trêve la terre palestinienne et étend ses colonies, assiège des millions de Palestiniens sans défense dans des enclaves isolées et disparates, et détruit progressivement la structure même de la société palestinienne, appeler à un Etat laïc et démocratique revienne à laisser Israël « se tirer d’affaire ». (4)

Elles s’inquiètent à l’idée d’affaiblir un mouvement de solidarité international qui est « très largement derrière une solution à deux Etats ». Mais même en ne tenant pas compte du fait que l’ « Etat » palestinien proposé actuellement n’est rien de plus qu’un bantoustan morcelé et réduit à la misère sous la domination permanente de l’entité sioniste, le vrai problème avec cet argument tient à ce qu’il présume que des décennies de soutien apporté à une solution à deux Etats ont fait quelque chose de concret pour arrêter ou même adoucir de telles atteintes aux droits de l’homme.

Depuis la signature des accords palestino-israéliens d’Oslo en 1993, la colonisation de la Cisjordanie ainsi que toutes les autres violations sionistes du droit international n’ont pas cessé de s’intensifier, et dans la plus totale impunité. Nous voyons cela de nouveau, après la récente rencontre d’Annapolis : tandis que le régime sioniste et des fonctionnaires d’une Autorité Palestinienne non représentative et impuissante examinent les motions de « pourparlers de paix », les colonies d’Israël et le mur de l’apartheid continuent de croître en toute illégalité, et l’affreuse punition collective que le régime sioniste inflige à 1,5 million de Palestiniens à Gaza s’intensifie sans que la « communauté internationale » ne lève le petit doigt.

Ce « processus de paix » - ni paix, ni justice - est devenu une fin en soi, parce que tant qu’il se poursuit, le régime sioniste n’est confronté à aucune pression visant à lui faire réellement changer de comportement. La fiction politique selon laquelle une solution à deux Etats est toujours là, juste derrière le coin, mais jamais accessible, est essentielle à la perpétuation de la fable et au maintien, indéfiniment, du statu quo de l’hégémonie coloniale sioniste.

Pour éviter les pièges d’une plus grande division dans le mouvement des droits palestiniens, nous sommes d’accord avec Hijab et Brittain pour inciter les militants, sur tout l’éventail politique, quelle que soit leur opinion sur la question d’un ou deux Etats, à s’unir derrière l’appel lancé en 2005 par la société civile palestinienne au Boycott, au Désinvestissement et aux Sanctions - ou BDS - comme la stratégie de résistance civile la plus solide politiquement et moralement, qui puisse inspirer et mobiliser l’opinion publique mondiale dans la poursuite des droits palestiniens.
L’approche fondée sur les droits qui est au cœur de cet appel largement approuvé se concentre sur la nécessité de réparer les trois injustices fondamentales qui, ensemble, définissent la question de la Palestine : le déni des droits des réfugiés palestiniens, à commencer par leur droit à retourner dans leurs maisons, comme le stipule le droit international ; l’occupation et la colonisation du territoire de 1967, y compris Jérusalem-Est ; et le système de discrimination à l’encontre des citoyens palestiniens de la zone sioniste.

Soixante ans d’oppression et quarante ans d’occupation militaire ont appris aux Palestiniens que, quelque solution politique que nous appuyions, ce n’est que par une résistance populaire couplée à une pression internationale soutenue et efficace que nous avons une chance quelconque de parvenir à une paix juste.

De concert avec ce combat, il est absolument nécessaire de commencer à envisager des perspectives d’avenir de l’après-conflit et à en débattre. Ce n’est pas un hasard si des citoyens palestiniens de la zone sioniste, des réfugiés palestiniens et des Palestiniens de la Diaspora, ces groupes longtemps privés du droit de vote par le « processus de paix » et dont les droits élémentaires sont violés par la solution à deux Etats, ont joué un rôle clé dans la mise en avant de nouvelles idées pour sortir de l’impasse.

Plutôt que de voir l’émergence d’une vision démocratique et égalitaire comme une menace, une rupture ou un détour stérile, il est grand temps de la considérer pour ce qu’elle est : l’alternative la plus prometteuse à un déjà défunt dogme à deux Etats.

Notes :
(1) The Freedom Charter
(2) The Belfast Agreement
(3) “Israel risks apartheid-like struggle if two-state solution fails, says Olmert”, The Guardian, 30 novembre 2007.
(4) Nadia Hijab et Victoria Brittain, “Struggle for equality”, The Guardian (Comment is free), 17 décembre 2007

Ali Abunimah est cofondateur de The Electronic Intifada et l’auteur de "One Country : A Bold Proposal to End the Israeli-Palestinian Impasse".

Omar Barghouti est un analyste indépendant et un membre fondateur de la "Palestinian Campaign for the Academic and Cultural Boycott of Israel" [Campagne Palestinienne pour le Boycott Académique et Culturel d’Israël].

Info-Palestine et A. Abunimah & O. Barghouti – samedi 5 janvier 2008

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=3524