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En violation de tous les droits, terrorisme d’Etat

Le vol et le dépeçage de Gaza

mardi 10 mai 2005

Mohammed Omer

publié le lundi 9 mai 2005

« Chaque jour, quand je prends cette route pour aller au travail je vois ces grands camions avec des plaques d’immatriculation israéliennes. Ils arrivent vides puis semblent retourner pleins en Israël. La curiosité me tue... que nous prennent-ils maintenant ? »

Ainsi parlait un passager dans un taxi palestinien arrêté dans la rue Salah al-Din, l’artère principale Nord-Sud de la Bande de Gaza. Bien sûr, ce n’est pas inhabituel que la circulation palestinienne soit arrêtée à Gaza par des soldats israéliens pour des raisons allant de la plus importante à la plus insignifiante. Des centaines de voitures et de taxis palestiniens peuvent être arrêtés pendant des heures alors qu’un autobus ou une voiture passe sur la route pour « colons seuls » et la plupart du temps, les Palestiniens coincés dans la circulation, n’en connaissent même pas la raison. Cette fois-ci cependant, l’homme, dans la cinquantaine, était perplexe.

« Chaque jour, quand je prends cette route pour aller au travail » explique-t-il « je vois ces grands camions avec des plaques d’immatriculation israéliennes. Ils arrivent vides puis semblent retourner pleins en Israël. La curiosité me tue... que nous prennent-ils maintenant ? »

« Pour ton information » répond le chauffeur de taxi avec un ton de voix très sarcastique « ils balayent Gaza pour nous. Israël est en train de nous voler même notre sable jaune ! » Il continua en expliquant qu’il y avait beaucoup d’années de cela, il conduisait un camion pour une compagnie israélienne et faisait des voyages réguliers à Gaza. En se basant sur son expérience, il n’avait pas de difficulté pour comprendre que maintenant Israël était en train de s’approprier même le sable de Gaza.

Un des aspects les plus ulcérant de l’occupation à Gaza est le monopole sur l’eau de Gaza pris par les colons israéliens. Alors que les Palestiniens dans les camps de réfugiés souffrent d’une insuffisance chronique d’eau potable, les colonies ont été construites sur et près des aquifères souterrains de Gaza. Les colons goûtent aux plaisirs de gazons et de jardins verdoyants toute l’année alors que les Palestiniens souffrent de la soif.

Maintenant, l’insulte s’ajoutant à l’injure, des rumeurs et des spéculations se font entendre sur le fait qu’Israël va permettre à la production de gaz naturel de reprendre à partir des réserves offshore de Gaza. L’acheteur principal sera Israël qui payera Gaza non pas en espèces mais en ...eau. La propre eau de Gaza, bien sur.

Des articles brefs dans la presse israélienne ont récemment rapporté que « British Gas », à qui appartient les droits de forage des réserves importantes de gaz offshore de Gaza, s’est adressé au gouvernement Sharon pour acheter le gaz naturel de Gaza. Les pourparlers semblent être au stade préliminaire. Tout ce que le journal israélien Ha’aretz a dit était que Sharon et son ministre de l’infrastructure, Binyamin Ben-Eliezer, n’avaient pas refusé l’offre. On dit que CCC, une compagnie qui appartient à la famille Khouri au Liban ferait partie du marché et qu’Isramco, une compagnie israélienne, s’occuperait probablement de la production de gaz. Tous les rapports actuels s’accordent pour dire qu’Israël veut éviter des transactions d’espèces avec l’Autorité Palestinienne de peur que l’argent ne finance en fin de compte les factions de résistance palestiniennes. Bien sur, ceci est en contradiction avec les discours des cessez-le-feu et de reprise de pourparlers de paix dont il est largement question.

Israël est toujours sur le marché pour les ressources naturelles. Un accord entre `Israel Electric’ et la compagnie égyptienne EMB était en négociations fin 2004. Des rapports dans la presse israélienne disent que la compagnie russe `Gasprom’ producteur de gaz tente de conclure un marché pour vendre à Israël quatre millions de mètres cube de gaz naturel via un pipe-line à travers la Turquie. Le fait de bloquer la production palestinienne de gaz naturel beaucoup plus accessible serait, pour Israël, une aubaine. Les réserves offshore de Gaza sont actuellement estimées à environ 40 millions de mètres cube.

« C’est à la fois comique et effrayant » dit ce professeur palestinien de 34 ans. « Ils ont déjà pris toute notre eau, notre sable, notre gaz. Maintenant ils veulent nous revendre notre eau en échange de plus de gaz. Dieu merci, les Israéliens n’ont pas encore trouvé le moyen de voler l’air. S’ils pouvaient contrôler l’air, nous serions certains de mourir d’asphyxie. » (En fait le professeur n’avait que partiellement raison. Israël, au moins jusqu’à présent, ne peut pas contrôler l’air que respirent les habitants de Gaza, mais il contrôle l’espace aérien de Gaza et a rendu l’aéroport international de Gaza inutilisable en détruisant ses pistes).

Les derniers rapports semblent indiquer qu’Israel est toujours déterminé à garder la mainmise sur toutes les ressources naturelles de Gaza. Depuis les quatre années d’Intifada, les bouteilles de gaz pour faire la cuisine sont devenus très rares et très chères dans tout Gaza. Il semble que l’ère « post-sommet » n’est pas prêt d’amener rapidement quelque amélioration que ce soit.

On vous rend la bande de Gaza dépouillée

Pendant que je rigole sur tout le chemin jusqu’à la Cisjordanie

*Mohammed Omer fait ses reportages à partir de la Bande de Gaza occupée ou il maintien un site web : http://www.rafahtoday.org

Publié dans Washington Report on Middle East Affairs : http://www.wrmea.com >/archives/April_2005/0504025.html