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Nouvelles du jour

Chronique de l’occupation

Vendredi, 8 février 2008

vendredi 8 février 2008

nombre d’entrées : 8

Envoyé le 08/02/08

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45801

Les forces d’occupation multiplient les barrages routiers et les checkpoints à travers la Cisjordanie

Les forces coloniales ont encore augmenté, ce vendredi 08/02/08, le nombre de barrages et de checkpoints dans le nord de la Cisjordanie, ce qui accentue les restrictions à la liberté de mouvement des Palestiniens.

Le correspondant de Ma’an à Tulkarem a cité des témoins et des sources de sécurité déclarant que les forces sionistes ont fermé les routes principales et empêché les gens de voyager, particulièrement dans les régions de Wadi Ash-Sha’er, à l’est de Tulkarem, et de Ash-Sha’rawiyah, au nord de Tulkarem.

En outre, le correspondant de Ma’an à Naplouse a déclaré que les forces coloniales ont bloqué les routes qui relient Naplouse à Jénine, Tulkarem et Qalqilyia, en plus des carrefours dans le village de Bazaria qui relie Naplouse aux villages du nord.

[commentaires : mais enfin, est-ce qu’un jour les gens qui nous gouvernent oseront demander au régime sioniste des comptes ? Dire aux sionistes que la légitimité de présence en Palestine vole en éclats lorsqu’on constate qu’ils se croient autorisés à carrément mettre tout un peuple en prison dans son propre pays ? Et que, quelles qu’aient pu être il y a soixante ans les votes de l’ONU, c’est à eux, les nouveaux venus, de se faire accepter par les Palestiniens, et non l’inverse !]

Tulkarem – Naplouse – Ma’an – 08 / 02 / 2008 - 13:22

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45802

Abbas : les négociations continuent sur tous les aspects du statut permanent

La président Palestinien Mahmoud Abbas a déclaré que les négociations continuent sur tous les points du statut permanent entre Ahmed Qure’i, qui dirige l’équipe de négociation Palestinienne, et le ministre sioniste des Affaires Etrangères Livni.

Le quotidien Palestinien Al-Hayah Al-Jadidah a rapporté, ce vendredi 08/02/08, qu’Abbas est prêt à travailler à un cessez le feu entre l’entité sioniste et Gaza.

Nabil Abu Rodeineh, le porte parole officiel d’Abbas, a déclaré que le président Palestinien voulait négocier entre l’entité sioniste et les mouvements de Gaza afin de mettre un terme aux sanglants massacres quotidiens de la région côtière.

Il a cité la disponibilité d’Abbas à prendre la responsabilité du contrôle de la frontière entre l’Egypte et Gaza comme une marque de l’espoir du président pour une réconciliation inter Palestinienne.

Au cours d’une réunion avec plusieurs parlementaires européens à Ramallah, Abbas a déclaré que si le Hamas revenait sur sa prise de contrôle de juin dernier sur la Bande de Gaza et acceptait la Feuille de Route, il serait possible de revenir à la table de négociations avec une perspective de tenir des élections.

Au même moment, le premier ministre Palestinien Salam Fayyad a déclaré qu’il doutait qu’une paix durable avec le régime sioniste soit possible.

Au cours d’un interview avec l’agence de presse Reuters au Texas, Fayyad a déclaré qu’il doutait qu’un changement intervienne concernant les implantations sionistes et les incursions sionistes en Cisjordanie, qu’il a décrit comme les obstacles essentiels à la mise en oeuvre de la Feuille de Route et à la mise en place d’une état Palestinien.

« Je doute que la solution finale intervienne cette année, » a-t-il déclaré

Le président étasunien Bush avait déclaré, au cours de sa visite au Proche Orient le mois dernier, qu’il y aurait un accord de paix entre l’entité sioniste et la Palestine avant la fin de son mandat en 2009.

[commentaires : il a quand même un sacré sens de l’humour, Abbas ! Il consent à boire du thé en même temps que les gens de Gaza à condition que ceux-ci (a) lui présentent des excuses, (b) acceptent d’avaler toutes les couleuvre élaborées par la « communauté internationale » et acceptent des accords qui n’ont jamais aboutis, si ce n’est à donner de nouvelles excuses à l’aventure coloniale sioniste.

Fayyad est certainement plus clairvoyant, même s’il s’abstient d’évoquer deux problèmes centraux : celui des frontières et celui des réfugiés.

Bethlehem – Ma’an – 08 / 02 / 2008 - 11:51

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45803

Six blessés au cours d’une manifestation contre le Mur d’Annexion sioniste près de Bethlehem

Plus de 500 manifestants Palestiniens, auxquels s’étaient joints quelques militants israéliens et internationaux, ont défilé en direction du site de construction du Mur d’Annexion dans le village d’Al-Khadr, vendredi 08/0/08, au cours de ce qui est l’une des plus importantes manifestations hebdomadaires en Cisjordanie.

Au moins trente hommes de troupe sionistes lourdement armés, et six jeeps de police anti-émeute avaient déjà bloqué la route avec du barbelé. A l’issue des prières du Vendredi, deux minutes avant la manifestation, les soldats ont tiré des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes, ce qui a dispersé la plupart de manifestants et blessé six personnes.

Parmi les blessés, Khalil Salah, 60 ans, qui a du être hospitalisé après qu’une grenade assourdissante ait explosé à côte de lui. Abdullah Khalil a également été blessé par une grenade assourdissante . Les témoins ont déclaré que de jeunes enfants ont été atteints par des bouteilles de lacrymogènes. Leurs noms n’on pu être confirmé au moment de rédiger cette dépêche.

L’organisateur de la manifestation, Samer Jaber, a déclaré que son intention était de garder la marche pacifique, afin d’éviter une confrontation avec les troupes sionistes, mais, a-t-il déclaré, « les soldats n’attendent même pas qu’on leur fournisse un prétexte » pour ouvrir le feu.

Le gouvernement sioniste déclare que le rôle de ce Mur est de maintenir les Palestiniens hors de la zone sioniste pour des raisons de sécurité, mais, dans bien des cas, cette barrière de béton de 8 mètres de haut sépare des Palestiniens d’autres Palestiniens, et cela dans leur propre pays. En 2004, la Cour Internationale de Justice a déclaré que le Mur était illégal aux termes de la loi internationale.

Le maire d’Al-Khadr, Ramzi Salah, a déclaré que l’achèvement du Mur sioniste sera catastrophique et aura pour conséquence la confiscation de 90% des terres du village. Salah a déclaré que 65% des habitants d’Al-Khadr ont besoin de travailler la terre pour gagner leur vie (« Al Khadr », en arabe, peut signifier « le coin de verdure » ou « le coin aux légumes »). Le Mur aura aussi pour effet de couper la grand route entre Bethlehem et Hébron, ce qui affectera un demi million de Palestinien dans les deux villes, selon l’estimation de Salah.

Salah a déclaré qu’il était fier des gens de son village qui « défendent notre terre. La terre représente pour nous quelque chose d’essentiel – quelque chose de sacré. »

Le maire estime que le Mur sera terminé, à Al-Khadr, d’ici un mois environ.

Lorsqu’on lui a demandé s’il pensait que des manifestations pacifiques réussiraient à bloquer le Mur, l’organisateur, Jaber, a réfléchi une seconde avant de répondre « Nous ferons tout ce que nous pouvons : c’est un devoir. »

Auparavant, des hommes et des garçons d’Al-Kadr avaient assisté à la prière musulmane du vendredi sur la route qui mène au chantier de construction. Dans un sermon enflammé, l’Imam avait dénoncé l’occupation sioniste, et également appelé l’Autorité Palestinienne, actuellement engagée dans des négociations avec l’entité sioniste, à visiter le village et à être témoin de la confiscation des terres. Il avait également blâmé les dirigeants Arabes qui « restent silencieux » devant l’oppression que subissent les Palestiniens.

Dany, un israélien juif de 27 ans venu de Tel Aviv, a déclaré que lui-même et 10 autres israéliens avaient participé à la manifestation parce que « nous pensons que ce qui se passe dans les Territoires Occupés est cruel et indéfendable. »

[commentaires : inutiles...]

Bethlehem – Ma’an – 08 / 02 / 2008 - 15:10

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45804

Raids de l’occupation près de Salfit et de Naplouse

Les forces coloniales ont envahi, vendredi 08/02/08, le village de Deir Estayah, au nord de Salfit, menant des raids dans beaucoup de maisons.

Le correspondant de Ma’an a déclaré que les forces sionistes ont appréhendé le jeune Amer Mohamad, avant de se retirer de la zone.

Ce correspondant a ajouté que plusieurs véhicules militaires étaient également allés au village d’Orta, à l’est de Naplouse, ravageant les maisons et tirant un barrage de bombes assourdissantes sir les habitants.

Les soldats ont aussi empêché les gens d’aller à la mosquée et de se déplacer dans les rues du village.

Naplouse – Ma’an – 08 / 02 / 2008 - 13:14

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45805

Les mouvements de résistance continuent les attaques sur Sdérot et le Negev

L’ail militaire des Comités de la Résistance Populaire, les Brigades An Nasse, ont revendiqué la responsabilité du lancement de 3 missiles sur Sdérot aux premières heures de la matinée de vendredi.

Elles ont également annoncé qu’elles avaient auparavant pris la ville sioniste avec 4 roquettes, et attaqué une patrouille militaire sioniste. Elles ont décrits ces attaques comme « le plus court moyen d’obtenir nos droits légitimes. »

Abou Abir, porte parole des Brigades An Nasser, a déclaré que les brigades répondaient aux massacres commis par les sionistes contre les Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza.

Par ailleurs, les Brigades Al Quds, l’aile militaire du mouvement du Jihad Islamique en Palestine, a revendiqué la responsabilité du bombardement, vendredi 08/02/08, de la ville d’Ashkelon.

Les brigades ont confirmé que ce bombardement était une réponse aux « agressions sionistes continuelles contre notre peuple en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza, » soulignant qu’elles poursuivraient le jihad et la résistance jusqu’à la libération complète de la Palestine.

De leur côté, les brigades Al Qassam, l’aile militaire du Hamas, ont revendiqué la responsabilité du lancement de 2 projectiles sur Sdérot dans la soirée de jeudi 07/02/08, et confirmé qu’elles avaient tiré 19 roquettes au cours des dernières 24 heures.

Elles ont déclaré que les cibles étaient les villes sionistes et les bases militaires qui bordent la Bande de Gaza.

Dans un communiqué envoyé à Ma’an, elles annoncent qu’elles ont bombardé une base de renseignements sionistes à l’est de la ville de Rafah, et pris pour cible des équipements militaires sionistes dans le quartier d’At Toffaha, à l’est de la ville, avec 28 obus de mortier.

Elles ont encore revendiqué la responsabilité d’une attaque sur Sdérot avec 8 missiles.

Les Brigades Al Qassam déclarent que depuis que 7 policiers proches du Hamas ont été tués dans l’attaque de leur quartier général à Khan Younis, mardi 05/02/08, elles ont tiré 52 roquettes Qassam et 73 obus de mortier sur des cibles sionistes.

Gaza – Ma’an – 08 / 02 / 2008 - 10:51

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45806

Un nouveau chef de la MPIT prend ses fonctions à Hébron

Le général de brigade Roy Grøttheim a commencé jeudi 07/02/08 sa nouvelle mission comme chef de le Mission de Présence Internationale Temporaire (MPIT) à Hébron.

Le général Grøttheim sera à la tête d’un groupe de 58 observateurs de six pays (la Norvège, l’Italie, la Suède, le Danemark, la Suisse, et la Turquie) chargés d’observer et de faire rapport à Hébron.

Il a déjà été adjoint au chef de mission pour l’Organisation de Supervision de la Trêve des Nations Unies (OSTNU) à Jérusalem pendant 2 ans avant d’être nommé à la tête de la MPIT. Auparavant, il avait servi comme chef de bataillon dans l »UNIFIL au Liban et commandant du contingent national dans la LFOR au Kossovo.

« Je me réjouis de commencer mon travail à Hébron, » a déclaré Grøttheim, « et je crois que la situation dans cette ville est importante pour la région toute entière et que des solution obtenues ici peuvent ouvrir la voie à une solution plus large du conflit. »

La MPIT est une mission d’observation civile dans la ville de Hébron. La MPIT a été demandée par la partie Palestinienne et le gouvernement sioniste au cours des entretiens de paix d’Oslo, afin de les aider dans leurs efforts visant à rétablir la vie normale dans la ville de Hébron.

La MPIT observe et fait rapport aux parties Palestiniennes et sionistes sur les violations des accords conclus sur Hébron et des lois concernant les droits de l’homme.

[commentaire : voilà bien l’hypocrisie occidentale dans toute sa répugnante pruderie. On laisse s’établir une situation qui ne peut, à l’évidence, conduire à rien d’autre que des conflits, mais on met des observateurs, dont les rapports ne semblent d’ailleurs pas disponibles pour le grand public. Si on veut à tout prix dépenser l’argent des contribuables, il y a plus utile.]

Bethlehem - Ma’an - 07 / 02 / 2008 - 16:02

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45807

Gaza : le pouvoir du peuple

L’acte de courage collectif de Gaza est l’un des plus grands actes de désobéissance civile de notre temps, écrit Ramzy Baroud.

Dans un interview à la radio avant l’invasion américaine de l’Irak, David Barsamian demandait à Noam Chomsky ce que les Américains du peuple pourraient faire pour stopper la guerre. Chomsky a répondu, « Dans certaines parties du monde les gens ne se demandent jamais `que pouvons-nous faire ?’ Tout simplement ils le font. »

Pour quelqu’un qui est né et a grandi dans un camp de réfugiés à Gaza, la réponse apparemment indirecte de Chomsky n’avait besoin d’aucune explication supplémentaire.

Lorsque les Gazouites ont récemment donné l’assaut à la frontière bouclée entre leur territoire et l’Egypte, le commentaire de Chomsky m’est revenu à l’esprit, avec des réminiscences du passé encore si réel et qui me hante.

En 1989, le camp de réfugiés de Bureej vivait un couvre-feu militaire très strict, comme punition collective pour la mort d’un soldat sioniste. La voiture du soldat était tombée en panne devant le camp tandis qu’il s’en retournait vers son domicile dans une colonie juive. Bureej avait auparavant perdu des centaines de ses habitants à cause de l’armée d’occupation et le meurtre du soldat était un acte de vengeance prévisible.

Dans les semaines qui ont suivi, une masse de Palestiniens dans Bureej ont été assassinés et des centaines de maisons ont été démolies. La débauche de meurtres n’a alors eu droit qu’à une faible couverture médiatique en Israël.

Je vivais à cette époque avec ma famille dans un camp de réfugiés adjacent : Nuseirat. Bien que d’une pauvreté extrême, ce camp était un lieu de vie normal pour une grande partie du mouvement de la résistance palestinienne. Notre maison était située à quelques mètres de ce qui était connu comme le cimetière « des martyres ». C’était un secteur un peu élevé que les enfants du camp utilisaient souvent pour observer le mouvement des tanks sionistes alors que ceux-ci commençaient leur incursion quotidienne dans le camp. Nous avons sifflé ou crié chaque fois que nous avions repéré les soldats, et nous utilisions le langage des signes pour communiquer pendant que nous nous cachions derrière les tombes.

Bien qu’observer, crier et siffler étaient les seuls moyens à notre disposition, ils étaient loin d’être sans danger. Mes amis Ala, Raed, Wael et d’autres encore ont été tués dans ces incursions armées quotidiennes.

Durant ce couvre-feu de Bureej, alors de loin le plus mortel, le bruit des explosions venant du camp investi nous parvenait à Nuseirat. Les habitants de mon camp se perdaient dans des discussions sans fin qui n’étaient ni partisanes ni théoriques. Des gens étaient brutalement assassinés, blessés ou réduits à la pauvreté, alors que la Croix-Rouge se voyait refuser l’accès au camp. Quelque chose devait être fait.
Et soudainement cela s’est passé. Pas en raison d’une quelconque résolution approuvée par des intellectuels ou d’appels à l’action lancés dans des conférences, mais comme un acte non organisé et réalisé sur le moment par quelques femmes dans mon camp de réfugiés. Elles ont simplement lancé une marche dans Bureej, et ont été bientôt rejointes par d’autres femmes, par des enfants et des hommes. En une heure, des milliers de réfugiés ont convergé vers le camp voisin assiégé. « Que pourraient-ils faire de pire ? » a demandé un voisin, essayant de rassembler son courage avant de se joindre à la marche. « Les soldats ne pourront pas tuer plus d’une centaine d’entre nous avant que nous ne les maîtrisions. »

Les soldats sionistes ont été désorientés face à cette multitudes qui arrivait en chantant. Alors que beaucoup de marcheurs étaient blessés, un seul d’entre eux a été tué. Les soldats se sont par la suite retirés derrière leurs barricades. Les véhicules de l’ONU et les ambulances de la Croix-Rouge se sont mêlés à la foule et ensemble ils ont brisé le siège.
Je me rappellerai toujours de cette scène des habitants de Bureej ouvrant pour la première fois les volets de leurs fenêtres, poussant avec précaution leurs portes, faisant un pas hors de leurs maisons dans un état d’incrédulité se transformant en joie. Ma mémoire - celle des chants, des larmes, du mort qui devait vite être enterré, des blessés transportés avec les nombreuses mains venues à leur secours, des étrangers partageant la nourriture et les souhaits - confirme que cet événement était un des plus grands actes de solidarité humaine dont j’ai pu être le témoin.

La scène devait se répéter maintes et maintes fois durant le premier et le deuxième soulèvement palestinien : appliquée par les gens du peuple à qui cela semblait un acte ordinaire en réponse à une extraordinaire injustice.

Le père qui a perdu son fils pour libérer Bureej a dit à la foule : « Je suis heureux que mon fils soit mort pour que beaucoup d’autres aient pu vivre. »

Plus tard le même jour, notre camp de réfugiés est tombé sous le couvre-feu militaire le plus strict, pour revivre le cauchemar récent de Bureej. Nous n’étions pas étonnés et ne regrettions rien. Nous avions que c’était la bonne chose à faire et « nous l’avions simplement fait. »
Les femmes palestiniennes, une fois de plus, ont dirigé la société civile palestinienne de la façon la plus significative et la plus efficace. Au moment même où le ministre de la « défense » Ehud Barak se voyait félicité pour sa réussite à faire mourir de faim les Palestiniens de Gaza pour les amener à se soumettre, les femmes du peuple ont organisé une marche pour briser le blocus imposé à Gaza.

Le mardi 22 janvier, elles sont descendues vers la frontière entre Gaza et l’Egypte et ce que a suivi a été à la fois un moment de fierté et de honte : fierté pour ces personnes indestructibles refusant de se soumettre, et honte que la soi-disante communauté internationale ait toléré l’humiliation d’un peuple entier dans la mesure où les mères affamées ont été obligées de braver les matraques, les gaz lacrymogènes et la police militaire [égyptienne] afin de remplir un acte aussi élémentaire que d’acheter de la nourriture, des médicaments et du lait.

Le jour suivant, le courage de ces femmes a inspiré la même témérité que la celle des femmes de mon camp de réfugiés il y a presque vingt ans. Presque la moitié de la population de la bande de Gaza a franchi la frontière dans un élan collectif pour une simple question de survie. Et quand les gens avancent à l’unisson, il n’y a aucune force au monde qui puisse les arrêter, si ce n’est par des moyens mortels.

Cette « plus grande évasion d’une prison dans l’histoire », comme un commentateur l’a décrite, sera marquée dans la mémoire des Palestiniens et du monde entier pour les années à venir. Ce sera analysé sans fin dans quelques cercles, mais pour des Palestiniens de Gaza, leur acte est au delà de toute rationalisation : il devait simplement être fait.

Des armées peuvent être défaites mais l’esprit humain ne peut pas être soumis. L’acte de courage collectif de Gaza est l’un des plus grands actes de désobéissance civile de notre temps, apparentée aux marches des droits civiques en Amérique pendant les années 60, de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, et plus récemment des manifestations en Birmanie.

Le peuple de Palestine a réussi là où la politique et les milliers d’appels internationaux ont échoué. Il a pris son sort dans ses propres mains et il s’est imposé. Alors qu’il est difficile d’imaginer que ce soit le début de la fin des souffrances dans Gaza, c’est un rappel que la force d’un peuple est trop grande pour pouvoir être négligée.

*) Ramzy Baroud est l’auteur de « The Second palestinian Intifada : A Chronicle of a People’s Struggle » et rédacteur en chef de « PalestineChronicle.com »

Site Internet :
www.ramzybaroud.net

Du même auteur :
 Elections américaines : une superproduction hollywodienne
 Malgré les « bonnes nouvelles », l’Irak va mal
 Exploiter politiquement la misère qui sévit dans Gaza ?
 Somalie : ce que la presse ne vous dit pas

5 février 2008 - Communiqué par l’auteur - Vous pouvez consulter cet article à :
http://ramzybaroud.net/articles.php...
Traduction : Claude Zurbach

[commentaire : le mot « baroud », en arabe signifie... la poudre]

Info-Palestine et Ramzy Baroud – jeudi 07 février 2008

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=3756

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45808

Les Palestiniens, nouveaux Peaux rouges ?

Les développements actuels où l’Etat juif tente de réinstaller les Palestiniens hors de Palestine justifient les pires appréhensions.

Témoignages.

La déclaration Balfour de 1917 accordait la promesse de la création d’un foyer juif en Palestine. Inutile de rappeler que ce fut à l’origine de la création de l’Etat sioniste au détriment des Palestiniens. Depuis 1948 jusqu’à présent, la situation de ces derniers ne fait que s’empirer, perdant au fil des années, des crises et des conflits, des parties des territoires qui leur restaient jusqu’à l’heure actuelle où l’on cherche à les cantonner coûte que coûte n’importe où et à les faire disparaître.

L’Occident, les Etats-Unis en l’occurrence, se prête à ce jeu de dénégation ou d’aveuglement. En fait, on voudrait bien leur faire subir le sort de la majorité noire en Afrique du Sud sous l’apartheid ou même celui des Peaux rouges d’Amérique devenus presque des créatures de musée. Le poète palestinien Mahmoud Darwich l’a bien ressenti dans son poème Discours de l’indien rouge. « Ainsi, nous sommes qui nous sommes dans le Mississippi. Et les reliques d’hier nous échoient. Mais la couleur du ciel a changé et la mer à l’Est a changé. Ô maître des Blancs, seigneur des chevaux, que requiers-tu de ceux qui partent aux arbres de la nuit. Elevée est notre âme et sacrés sont les pâturages. Et les étoiles sont mots qui illuminent ... Scrute-les. Tu y liras notre histoire entière. Ici, nous naquîmes et sous peu nous renaîtrons dans les nuages au bord du littoral azuré », (Traduction d’Elias Sanbar, Revue d’études palestiniennes, numéro 46, hiver 1993).

Ce maître blanc qui règne sans partage sur la région a-t-il eu le moindre sentiment humain à l’égard de ces nouveaux Peaux rouges ? Que leur faut-il ? « Il vous manquera, ô Blancs, le souvenir du départ de la Méditerranée et vous manquera la solitude de l’éternité dans une forêt qui ne débouche point sur un abîme, et la sagesse des brisures. Et il vous manquera une défaite dans les guerres... ».

Cette assimilation des Palestiniens aux Indiens d’Amérique n’est pas simplement une image littéraire. L’Amérique n’est-elle pas impliquée dans toutes sortes de partages et de compromis ethniques en Iraq ? Ne veille-t-elle pas à remodeler la carte du Moyen-Orient où prédominerait « Israël » et tous les autres deviendraient des vassaux ? Les Palestiniens qui sont déjà les premiers sacrifiés ne devront espérer que des bantoustans ou des réserves.

Cette poésie est un reflet du réel et l’imaginaire n’y joue aucun rôle. Ce témoignage publié dans Revue d’études palestiniennes, 2007, est bien significatif :

« Il y a des conséquences réelles lorsqu’on est apatride et faible. Pendant deux ans, j’ai été incapable de rentrer chez moi à Gaza. En 2006, j’ai été bloquée dans le Sinaï avec mes deux petits enfants, incapables de franchir la frontière fermée entre l’Egypte et la bande de Gaza. C’est peut-être de la folie de vouloir entrer dans cette prison, mais c’est là où vivent ma famille et mes proches. J’ai finalement abandonné. L’été dernier, j’ai essayé et échoué.
Pourtant, ma destination finale n’est pas Khan Younis, mais Beit Daras. C’est fondamentalement injuste - même après toutes ces années - que le monde se tienne aux côtés et approuve la décision prise par Israël d’exproprier les terres de ma famille.

Et c’est fondamentalement raciste de penser que je pourrais poser une menace pour « Israël » si je devais revenir dans le village de ma famille (ce que je ferais si j’en avais l’option). La notion d’un Etat juif qui doit toujours conserver un caractère juif - de sorte que les personnes d’autres origines ethniques ne puissent pas vivre dans leurs foyers ancestraux et que les groupes de minorités soient traités comme des citoyens de seconde classe - est effroyablement similaire à la situation de l’apartheid en Afrique du Sud, où les différents groupes ethniques étaient traités de façon inégale en vertu de la loi.

Si les Noirs et les Blancs d’Afrique du Sud ont pu résoudre leurs divergences sur la base de l’égalité, pourquoi est-il inopportun d’insister sur le fait que les sionistes et les Palestiniens fassent la même chose ? Assurément, tous les concepts modernes de la justice et de l’égalité devraient décrier un système qui place les juifs au-dessus des Palestiniens.

Ces deux peuples ont énormément souffert au cours des dernières décennies. Cependant, une solution ne viendra pas par les puissants qui dictent les règles aux faibles, mais par une insistance sur l’égalité entre les deux peuples ». Son auteure est Ghada Ageel, une réfugiée palestinienne de troisième génération. Elle a grandi dans le camp de réfugiés de Khan Younis dans la bande de Gaza et elle enseigne aux Etats-Unis.

Racisme et dénégation. Darwich le dit bien :
« Je suis l’une des voix de la fin
Je me jette de mon cheval au dernier hiver
Je suis l’ultime soupir de l’Arabe ».

Al-Ahram/hebdo - Semaine du 6 au 12 février 2008, numéro 700 (Evénement)

Info-Palestine et Ahmed Loutfi - Al-Ahram/hebdo – jeudi 07 février 2008

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=3747