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Les gens de conscience veulent des réponses. Il est grand temps qu’ils les obtiennent

Un Etat Prison

Source : ISM)

vendredi 8 février 2008

Gaza - 06-02-2008

Par Stephen Lendman > lendmanstephen@sbcglobal.net

Stephen Lendman vit à Chicago et il peut être joint à l’adresse suivante : lendmanstephen@sbcglobal.net.

Cela ne se terminera que lorsque les dirigeants mondiaux cèderont au sentiment grandissant dans le monde que ces graves injustices ne peuvent plus être tolérées. Combien de souffrances doivent être endurées, combien de morts sont acceptables, avant que la justice soit enfin accordée ?

Les gens de conscience veulent des réponses. Il est grand temps qu’ils les obtiennent.

La vie dans les territoires occupés de Gaza n’a jamais été facile, mais les conditions de vie se sont nettement aggravées après la victoire surprise du Hamas aux élections de Janvier 2006. Israël a refusé de reconnaitre cette victoire ainsi que les Etats-Unis et l’Occident.

L’ensemble de l’aide a été coupée, un embargo économique et des sanctions ont été imposées, et le gouvernement légitime a été isolé. Ensuite la répression s’est intensifiée avec des incursions répétées, des attaques et des arrestations des FOI.

La population de Gaza a été emprisonnée sur sa propre terre et traumatisée pendant des mois. Personne à l’extérieur des territoires ne s’y est intéressé ou n’a offert de l’aide. Puis les choses ont empiré.

Le président de l’Autorité Palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, de connivence avec Israël et les Etats-Unis, a déclaré "l’état d’urgence le 14 juin dernier, et a illégalement limogé le Premier Ministre du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et son gouvernement d’unité nationale.

Le 15 juin, il a nommé un ancien membre du FMI et de la Banque Mondiale, Salam Fayyad, en tant que Premier Ministre, bien que son parti n’ait obtenu que 2% des voix aux élections de 2006. Le 17 juin, Abbas a nommé un nouveau cabinet d’urgence (illégitime) de 13 membres avec des projets pour des futures élections, en excluant le Hamas.

Israël et les Etats-Unis ont montré de la gratitude. L’embargo sur la Cisjordanie a pris fin, Israël a commencé à libérer les recettes fiscales des Palestiniens qu’il avait gelées, et les États-Unis et l’Union Européenne (UE) ont repris l’aide à l’Autorité Palestinienne, mais ont continué à isoler le Hamas dans la bande de Gaza qui est considéré depuis 1995 comme une organisation terroriste.

Après le vote de la Loi Antiterroriste en 1996, le Département d’État a classé le Hamas parmi les 30 premières organisations terroristes étrangères en octobre 1997. Cela rend illégal le fait de lui fournir des fonds ou autres moyens de soutien. Cette loi ignore également comment Israël avait soutenu le Hamas dans les années 1980.

Son nom signifie courage et bravoure, et c’est aussi l’abréviation en arabe du Mouvement de la Résistance Islamique. Il est issu des Frères Musulmans (qui ont des racines en Egypte) et a été formé lors de la première Intifada en 1987.

À l’époque, Israël lui a offert son soutien et a utilisé le Hamas pour contrer la menace nationaliste de l’OLP sous Yasser Arafat. Depuis, on peut parler d’un véritable mouvement de résistance contre la répression, l’occupation et beaucoup plus.

Il fournit des services sociaux de base, comme des cliniques, l’éducation, y compris des centres pour les femmes, la gratuité des repas pour les enfants ; une aide financière et technique aux Palestiniens dont les maisons ont été détruites par Israël ; une aide aux réfugiés dans les camps, et des clubs de jeunes et des clubs de sport pour les jeunes.

Le Hamas est aussi un formidable défenseur, et cela lui pose des problèmes. Il a créé les Brigades Izz Al-Din Al-Qassam, une armée d’élite, et d’autres forces de sécurité comme le Tanfithya, une Force Exécutive d’auto-défense qui fait respecter la loi.

Washington et Tel-Aviv appellent cela du « terrorisme », parce que le Hamas veut que l’occupation se termine, il ne veut pas renoncer à sa souveraineté comme l’a fait le Fatah sous Arafat et sous Abbas, et il est prêt à reconnaître Israël (bien que cela n’ait jamais été repris par les médias), mais seulement si les Palestiniens obtiennent une reconnaissance et ce qui leur revient de droit : une patrie indépendante à l’intérieur des frontières d’avant-1967 ou un « Etat pour tous ses citoyens », Juifs, Musulmans, Chrétiens, Druzes et autres.

Au lieu de cela, le Hamas s’est retrouvé isolé, enfoncé et traité d’"entité hostile" par le cabinet de sécurité israélien.

Le 19 septembre, un renforcement des sanctions contre Gaza a été annoncé et il a été décidé de « réduire la quantité de Megawatts (d) fournis à la bande de Gaza, et le Hamas devra choisir entre fournir l’électricité aux hôpitaux ou armes de précision. » Il y a eu en plus des réductions de carburant, de nourriture, d’autres produits de base, et même des restrictions plus strictes au passage des frontières.

Même avant la dernière crise, Gaza était dévastée.

Sa production industrielle avait baissé de 90%, et sa production agricole correspondait à la moitié de son niveau d’avant-2007. En outre, presque tous les travaux de construction ont été arrêtés, le chômage et la pauvreté ont dépassé les 80%, et maintenant ils sont peut être de 90%.
Après le 19 septembre, la situation a empiré quand les commerces ont commencé à être à court de tout. Israël n’autorise l’entrée que de neuf produits de base, leur disponibilité est irrégulière, et certains éléments de base sont interdits, à l’instar de certains médicaments, et d’autres sont limités comme les fruits, le lait et autres produits laitiers.

Avant juin 2007, 9000 types de produits pouvaient être importés. Aujourd’hui, cela est tombé à 20 produits, les gens ne reçoivent pas assez de nourriture, et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a été anormalement virulent dans sa critique.

En novembre 2007, dans un rapport intitulé « Déni de la Dignité dans les Territoires Palestiniens Occupés », il a déclaré :

« .... Les Palestiniens .... sont confrontés à des difficultés (dans) leur vie (quotidienne), ils sont empêchés de faire ce qui constitue la trame quotidienne de l’existence pour la plupart des gens. (Ils) sont confrontés à une profonde crise humanitaire et des millions de personnes sont privées de leur dignité humaine. Pas de temps en temps, mais tous les jours. (et les habitants de Gaza sont) piégés (et) enfermés » .

« Le coût humanitaire est énorme, les gens peuvent à peine survivre, Les familles n’ayant pas suffisamment de nourriture ont augmenté de 14%, (et) les Palestiniens (sont) écrasés jour après jour. (Dans) Gaza assiégée, les Palestiniens continuent à payer pour le conflit et le confinement économique avec leur santé et leurs moyens de subsistance. Les coupures de courant et de carburant ont encore plus aggravé leur détresse. »

Les laisser manger, marcher, et vivre sans lumière ou sans chauffage est apparemment la solution d’Israël, et l’historien israélien, Ilan Pappe, a pris note. Il qualifie de « génocide .... ce que l’armée israélienne fait dans la bande de Gaza. »

Lorsque l’on connait les faits, qui pourrait ne pas être d’accord.

Puis, il y a la question de l’énergie. En diminuant l’approvisionnement en électricité et en carburant, Israël est allé plus loin. Il a fermé ses frontières et coupé toutes les livraisons de carburant en réponse aux tirs de roquettes palestiniennes sur et autour de la ville frontalière de Sderot.

Ces roquettes sont tirées en légitime défense et en riposte aux attaques israéliennes qui, dans la semaine du 17 au 23 Janvier seule :

• Israël a tué 19 Palestiniens dont 3 avaient été blessés dans des précédentes attaques des FOI ;

• Israël a exécuté de façon extrajudiciaire 7 personne dont 2 femmes ;

• Israël a blessé 71 Palestiniens, dont 24 enfants et 3 femmes ;

• Israël a effectué 33 invasions en Cisjordanie et 5 à Gaza ;

• Israël a arrêté 58 civils Palestiniens, dont 7 enfants en Cisjordanie et 32 à Gaza dont 3 enfants ;

• Israël a détruit 5 maisons et rasé des terres agricoles à Jabalya au nord de Gaza ;

• Israël a autorisé de nouvelles attaques de colons contre des civils et des biens à Hébron ;

Cela a continué la semaine suivante jusqu’au 30 janvier avec d’autres invasions, attaques et arrestations israéliennes en Cisjordanie :

• Naplouse a été visée et plusieurs civils palestiniens ont été arrêtés et plusieurs maisons ont également été fouillées et saccagées dans les villages de Kufer Kalil, Beit Dajan et Beit Fourik ;

• Les FOI ont kidnappé six Palestiniens à Jénine dans une invasion d’avant l’aube, d’autres invasions ont suivi quelques jours plus tard. L’armée israélienne a ouvert le feu au hasard, blessant un civil, quatre autres personnes ont été arrêtées et une maison a été mis à sac ; plusieurs habitations civiles ont été attaquées et saccagées dans la ville de Qabatiya et dans le village d’Abu Da’eif dans le nord de la Cisjordanie ; des sources locales ont indiqué que des soldats fortement armés avaient tiré au hasard, sans avoir été provoqués dans des quartiers civils.

• Les FOI ont envahi Bethléem, tué un civil, arrêté un gomme et blessé sept autres, des témoins ont signalé que les journalistes locaux avaient été empêchés d’assister et de documenter l’incursion ;

• Plusieurs autres villes de Cisjordanie ont été prises pour cibles et six civils y ont été arrêtés : il s’agit du quartier Al Toor, au nord de Jérusalem, le village de Beit Rima, près de Ramallah, la ville de Tulkarem et le camp de réfugiés voisin de Nur Shams, et la ville de Jénine.

Ce sont des actes d’agression provocants, des enlèvements et des assassinats gratuits. La plupart des civils sont pris pour cible, et quand les Palestiniens répondent avec des roquettes Qassam rudimentaires et des enfants qui lancent des pierres, on parle de « terrorisme ».
La réponse d’Israël, ce sont des attaques et des incursions féroces dans les territoires sous un prétexte quelconque ou sans et un renforcement de son siège médiéval de Gaza.

Ses points de passage frontaliers ont été fermés depuis le mois de juin 2007 et de graves restrictions ont été imposées à la liberté de mouvement. Enfin, les fournitures de vivres et de carburant ont été coupées.

La centrale électrique de Gaza a épuisé son stock de carburant, a cessé de fonctionner et la bande de Gaza a sombré dans le noir le 20 janvier. Israël reste méfiant, et le Premier ministre Ehoud Olmert a annoncé ....« En ce qui me concerne, tous les habitants de la bande de Gaza peuvent marcher s’ils n’ont pas d’essence pour leurs véhicules », et le porte-parole du Ministère des Affaires Etrangères, Arye Meckel, a déclaré à AP que la panne d’électricité était « Un stratagème du Hamas » pour prétendre qu’il y avait une sorte de crise afin d’attirer la sympathie internationale. »

Le Directeur de l’hôpital Shiffa, le principal hôpital de Gaza, le Dr Hassan Khalaf, a un avis différent.
Il a décrit la situation comme « potentiellement catastrophique ». Déjà le siège d’Israël était directement responsable de 45 décès, et il a ajouté que les coupures de courant de l’hôpital causeraient immédiatement la mort de 30 prématurés. L’Organisation Mondiale de la Santé s’est également alarmée. Elle a déclaré qu’une insuffisance en électricité « perturbe.... les unités de soins intensifs, les salles d’opération et les salles d’urgence (et) que les coupures de courant ont interrompu la réfrigération des médicaments périssables, y compris les vaccins. »

Pour fonctionner à pleine capacité, Gaza a besoin de 230 - 250 mégawatts d’électricité par jour. Sa seule centrale en fournit environ 30%, mais les gens dans le centre de Gaza et dans la ville de Gaza sont totalement dépendants de ce qui ne peut pas être fourni si la fourniture de diesel industriel pour la centrale est suspendu.

Le résultat est dramatique : les personnes gravement malades sont en danger, le pain et autres pâtisseries ne peuvent pas être fabriqués sans électricité pour faire fonctionner les fours, la nourriture est déjà insuffisante, il en est de même pour l’eau douce et les conditions sanitaires sont désastreuses.

Michele Mercier de la Croix-Rouge Internationale a déclaré que les médicaments pour les hôpitaux étaient presque épuisés et qu’ils ne permettaient de tenir que « deux ou trois jours. »

En outre, les livraisons de produits alimentaires autorisés sont en danger selon le porte-parole de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Christopher Gunness. Il a expliqué que l’agence devait suspendre sa distribution à 860000 personnes en raison d’une pénurie de carburant et de sacs en plastique.

Israël ne se cache pas avec le Ministre de la Sécurité Interne, Avi Dichter, qui déclare que l’armée israélienne doit « éliminer les tirs de roquettes depuis Gaza, quel que soit le coût pour les Palestiniens. »

Le ministre de la Défense, Ehud Barak, a ajouté : « Nous avons un impact sur la qualité de vie en général dans la bande de Gaza et nous détruisons l’infrastructure terroriste ».

Il voulait dire par là les civils comme l’a fait Ehud Olmert, en affirmant : « Nous essayons de toucher uniquement ceux qui sont impliqués dans le terrorisme, mais aussi nous indiquons à la population de Gaza qu’elle ne peut pas être exempte de responsabilité dans la situation. »

Israël ne fait aucune distinction entre les civils (y compris les femmes et les enfants) et les combattants de la résistance, et B’Tselem a déclaré que Yuval Diskin, le chef de l’Agence de sécurité israélienne (AIS), « définit chaque Palestinien tué dans la bande de Gaza comme un terroriste », y compris les petits enfants et les personnes âgées infirmes.

Le monde approuve, le Conseil de sécurité discute et s’abstient, les principaux médias sont muets, et les Palestiniens innocents souffrent et meurent - plus de 75 morts en janvier et plusieurs centaines de blessés. Qui s’en inquiète et qui les compte. Ce ne sont que des Arabes Musulmans.

Ce sont aussi des êtres humains démunis, maintenant désespérés, et le 23 janvier, ils ont répondu courageusement. Aucune aide n’est venue, alors le Hamas a agi de façon préventive. Il a détruit 200 mètres de barrière métallique qui sépare les deux parties de Rafah qui a été divisée en deux en 1982 dans le cadre du traité de paix entre Israël et l’Égypte.

Environ 40.000 personnes vivent en Egypte et 200.000 autres à Gaza dans la ville d’origine et un camp de réfugiés voisin. Jusqu’au début de la seconde Intifada en septembre 2000, le passage entre les deux villes était simple. Cela s’est terminé par une augmentation de la violence et Israël a construit un mur.

Maintenant il est ouvert, les habitants de Gaza en ont profité et certains l’ont appelé « Prison break ».

Des centaines de milliers de personnes sont allées en Égypte pour chercher des produits de base non disponibles à Gaza. Enfin, les médias l’ont remarqué.

Le 24 janvier, le New York Times a essayé de jouer sur les deux tableaux. Il a qualifié l’ouverture de la frontière par le Hamas d’acte de provocation et a continué avec indifférence. Oubliant les 18 mois de siège, d’appauvrissement massif, la crise humanitaire et les meurtres quotidiens, le correspondant Steven Erlanger a rendu les choses festives dans son reportage. A la limite de la désinvolture, il a déclaré : « Des dizaines de milliers de Palestiniens ont franchi la frontière .... pour un« course aux achats » de médicaments, de ciment, des moutons .... de l’essence, du savon et d’innombrables autres choses dont les livraisons ont été suspendues. »

La plupart des habitants de Gaza ne peuvent à peine se permettre d’acheter de la nourriture et des produits de base et ils luttent chaque jour pour survivre. Pourtant, Erlanger a déclaré qu’ils s’approvisionnaient en « Coca-Cola, cigarettes Cléopâtre et Malimbo et antennes paraboliques », et le 25 janvier, il a ajouté des « téléviseurs (et) des machines à laver. »

C’était la fête, les marchands égyptiens les ont accueillis avec une « corne d’abondance de biens de consommation », et le Hamas s’est joint aux festivités en « ne faisant aucun effort visible pour contrôler ou taxer les acheteurs ».

Ceux qui en avaient les moyens en ont d’ailleurs profité. Des commerçants ont acheté des produits pour les revendre à des prix égyptiens inférieurs. Cependant, la plupart des Palestiniens ont acheté des produits de base : de la nourriture, du carburant, des médicaments s’ils étaient disponibles et divers articles ménagers.

Plus tôt, le 21 janvier, Israël avait cédé à la pression internationale et à une campagne de relations publiques désastreuse qu’il était impossible à ignorer.

Haaretz l’a souligné dans un éditorial du 26 Janvier intitulé « Le siège de Gaza a échoué. » Le Hamas y a mis fin »par une opération bien planifiée et a en même temps gagné la sympathie du monde entier qui a oublié la pluie de roquettes Qassam sur Sderot, (et Israël a l’air stupide) en se retranchant derrière une position qui a l’air dépassé. » Il y a seulement une semaine, le gouvernement fanfaronnait. Triomphalement, il affirmait que sa politique « portait ses fruits ».

Aujourd’hui, tout est difficile avec Olmert qui refuse de se rendre à l’évidence. Dans un discours lors de la Conférence de Herzliya en janvier, il a déclaré : « Des erreurs ont été commises et il y a eu des défaillances. Mais, des leçons ont été tirées, les erreurs ont été corrigées, les modes de comportement ont changé, et surtout, les décisions que nous avons prises depuis lors ont mené à une plus grande sécurité, à une plus grande sérénité et à une plus grande force de dissuasion qu’il y a quelques années. »

Haaretz a un autre point de vue, et il est sévère. Il a déclaré que les événements dans la Bande de Gaza contredisaient entièrement ses déclarations. « Si c’est comme ça que l’on tire des leçons, si c’est ça ce que veut dire la dissuasion, le gouvernement Olmert n’a guère à se vanter ». Donc, il a agi.

L’AP a annoncé le 21 janvier que les autorités « avaient accepté aujourd’hui d’expédier du diesel et des médicaments dans la bande de Gaza à titre exceptionnel » pour assouplir son blocus, mais qu’elles ne reprendraient qu’à condition que les tirs de roquette s’arrêtent. Puis tout a changé depuis le 27 janvier.

Aljazeera, le New York Times, Haaretz et d’autres sources ont indiqué que le gouvernement Olmert avait cédé. Il a décidé de reprendre les livraisons de carburant à Gaza, d’assouplir son blocus.

La décision a été prise le même jour où la Cour Suprême israélienne examinait une pétition de 10 organisations de défense des droits de l’homme demandant une reprise des livraisons et prévenir une catastrophe humanitaire. Aucune décision n’a été rendue, mais les autorités de l’Etat ont agi de toute façon.

Elles ont accepté de fournir 2,2 millions de litres de diesel industriel par semaine, la quantité minimum nécessaire pour alimenter le centre de la Bande de Gaza et la ville de Gaza, mais ce n’est pas suffisant selon Rafiq Maliha, le directeur du projet de la centrale électrique de Nuseirat.

Cela ne représente que les deux tiers de la quantité nécessaire et seule une infime proportion a été livrée le premier jour, et Maliha a ajouté que les stations-services de Gaza allaient se mettre en grève pour résister à ce « complot israélien » déguisé sous forme d’aide humanitaire. Ses doutes étaient fondés. Le jour où les livraisons de carburant ont repris, l’aviation israélienne a frappé de deux raids le nord de Gaza. Des sources du Hamas ont indiqué que deux missiles ont touché une voiture palestinienne et d’autres ont visé une position des Brigades Al-Qassam du Hamas, faisant quatre blessés.

Les groupes des droits de l’homme sont aussi méprisés. Ils ont noté que les précédentes promesses avaient été rompues, et le porte-parole du groupe GISHA (l’ONG israélienne pour la liberté de mouvement des Palestiniens dans les territoires) a déclaré qu’Israël « n’a cessé de promettre qu’il expédierait 2,2 millions de litres (de carburant) par semaine vers la bande de Gaza et il a maintes fois brisé cette promesse. « Pourquoi croire les autorités maintenant, et avec des événements aussi indéterminés, il semble que chaque jour, il y a une nouvelle politique. »
Dans le même temps, le Hamas et les forces de sécurité égyptiennes ont coopéré pour fermer la frontière huit jours après son ouverture.

Le 28 janvier, Haaretz a indiqué que les brèches avaient été fermées par des fils barbelés, mais pas entièrement pour que la circulation se poursuive dans les deux sens à partir du 30 janvier.

Le Hamas et les forces égyptiennes gèrent désormais la principale porte de Salah Eddin, la plupart des voitures et des camions ne sont pas autorisés à passer, mais les piétons toujours en Egypte « ont (presque) vidé les magasins de produits alimentaires et de consommation pour les ramener dans la bande de Gaza .... En craignant l’imminence de la fermeture de la frontière. »

Quelle sera la prochaine étape qu’on ne peut deviner, mais en tout cas, la Cour suprême israélienne va l’influencer.
Le 30 janvier, elle a confirmé les sanctions du gouvernement contre la bande de Gaza et son droit à imposer des restrictions sur le carburant et l’électricité. Dans leur déclaration, les trois juges ne laissent aucun doute sur leur position. Elle dit :

« Nous soulignons que la bande de Gaza est contrôlée par un « groupe terroriste meurtrier » qui s’applique sans cesse à frapper l’Etat d’Israël et ses citoyens, et qui viole tous les préceptes du droit international, par ses actions violentes ». Israël a, cependant, fournit suffisamment de carburant et d’électricité pour « répondre aux besoins humanitaires de base de la bande de Gaza, pour l’instant. »

Les groupes israéliens des droits de l’Homme signataires de la pétition n’ont pas tardé à réagir, et leur message était clair et sévère.
Pour sa part, le Centre Juridique Adalah Pour les Droits des Minorités Arabes a qualifié la décision de « dangereux précédent juridique qui permet à Israël de continuer à violer les droits des habitants de Gaza et de les priver des besoins humanitaires de base, en violation du droit international. »

Le porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, l’a également souligné. Il a ajouté : La décision de la Cour suprême « reflète le visage criminel et hideux de l’occupation. »

Les choses sont maintenant revenues à la case départ, le siège d’Israël a été sanctifié, et un accord sur la sécurité de 2005 impossible à réaliser reste en vigueur.

Le Hamas veut le remplacer par un nouveau et demande la justice pour les 1,5 millions d’habitants de Gaza. Sa principale objection est qu’Israël contrôle tous les mouvements et surveille avec des caméras et des ordinateurs ceux qui entrent et sortent de Gaza.

Le 27 janvier, le dirigeant du Hamas, Ismail Haniyeh, a déclaré : « Nous n’acceptons pas le maintien d’une veto israélien sur les mouvements, l’entrée et la sortie par Rafah. Il est temps de mettre en place un nouveau système. »

L’obtenir sera une autre histoire, selon les responsables israéliens. Ils ont commenté le 28 janvier en disant : « Israël ne permettra pas à la situation actuelle de perdurer car ses intérêts sécuritaires sont compromis », et Olmert et Abbas se sont réunis le 27 janvier pour en discuter.

Les premiers reportages disaient qu’Israël voulait que l’Égypte contrôle la frontière, le président égyptien Hosni Moubarak voulait que ce soit Abbas, et lui, à son tour, a accepté ce qu’Olmert et George Bush voulaient, et ils ont d’abord refusé de confier la responsabilité à Abbas, mais maintenant les choses ont changé selon Haaretz.

Le 29 janvier, il annonçait : « Israël n’a pas l’intention d’empêcher .... Abbas d’assumer le contrôle du passage de frontière entre Gaza et l’Égypte (si Le Caire accepte). »

Abbas, à son tour, affirme qu’il le fera ainsi que l’UE, la Ligue arabe et Condoleezza Rice.

Le Hamas a réagi avec colère par l’intermédiaire de son porte-parole, Sami Abu Zuhri. Il a qualifié le plan de
« conspiration internationale dirigée par les Israéliens (contre le gouvernement légitime) avec la participation de certaines parties régionales. Nous disons à toutes les parties que nous ne permettrons pas le retour aux anciennes conditions concernant le passage. »

Donc ça continue. Rien n’a changé, et peu importe ce que les Palestiniens veulent, ont besoin et méritent. Après des décennies de violence, les forces qui ne peuvent pas contrôler continuent à être ballotés, et pourtant ils persistent et subissent.

Maintenant il y a la dernière crise, et il faut examiner le reportage d’Haaretz du 27 janvier. C’était après qu’Olmert et Abbas se soient rencontrés « pendant deux heures de tête-à-tête .... à Jérusalem » au cours desquelles Olmert a de nouveau fait des promesses. Il a dit qu’Israël ne laisserait pas se développer une crise humanitaire dans la bande de Gaza, alors qu’en fait, elle existait depuis des mois, son gouvernement l’a provoquée et il l’a accompagnée d’attaques quotidiennes, d’assassinats, d’arrestations et d’un vaste éventail de violations des droits de l’homme contre un population isolée, survivant à peine.

Le 23 janvier, différentes factions palestiniennes se sont réunis à Damas, avec beaucoup de choses à dire.

Avec peu d’espoir d’être entendus, ils ont demandé à Mahmoud Abbas de mettre fin à ses « ridicules » négociations avec Olmert qu’il persiste à poursuivre. Parmi les participants, se trouvaient Khaled Meshaal du Hamas et Ramadan Shallah du Jihad Islamique. Leur message était forte : « Je voudrais demander à nos frères de Ramallah (siège du Fatah), exactement ce que vous attendez ? Alors que vous parlez, les Palestiniens de "la plus grande prison dans l’histoire se fait massacrer. »

Même les partisans d’Abbas ont des doutes, et l’écrivain palestinien, Hani Al-Masri, a exprimé leur point de vue : « Il n’est pas logique de continuer les négociations alors qu’Israël est en train de changer les faits sur le terrain et compromet les chances d’une solution juste et acceptable. »

La Ligue Arabe a également répondu, mais sans montrer les dents. Elle a dénoncé le siège d’Israël, mais ne fait rien pour y mettre fin. C’est l’opinion de Khaled Meshaal du Hamas qui a déclaré que la Ligue pouvait obliger à changer les choses mais elle préfère plutôt les mots, les réunions, les résolutions et autres réunions dans les capitales arabes.

D’autres sont encore programmées. Le Caire est impliqué. Ainsi que les Saoudiens, mais surtout Washington et Tel-Aviv.

Ils contrôlent tout et décideront de la prochaine étape avec une chose assurée. Les habitants de Gaza seront isolés, enclavés dans le territoire, des enfants et des personnes âgées sont en train de mourir, ainsi que les malades sans soins médicaux, des attaques quotidiennes en tueront d’autres, et aucune fin n’est en vue.

Le sort des Palestiniens ne changera pas tant que les choses passeront d’une crise à une autre, comme cela dure depuis des décennies.

Cela ne se terminera que lorsque les dirigeants mondiaux cèderont au sentiment grandissant dans le monde que ces graves injustices ne peuvent plus être tolérées. Combien de souffrances doivent être endurées, combien de morts sont acceptables, avant que la justice soit enfin accordée ?

Les gens de conscience veulent des réponses. Il est grand temps qu’ils les obtiennent.

Source : http://www.counterpunch.org/  Traduction : MG pour ISM