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Si vous poussez la pression dans un espace clos sans aucune soupape de sécurité, il finit par exploser.

En Israël ou à La Haye, Ehud Barak doit être jugé !

vendredi 1er février 2008 - Michel Warschawski - AIC

vendredi 1er février 2008

La semaine dernière, plusieurs lois sociales et physiques ont été démontrées.

La première établit que si vous poussez la pression dans un espace clos sans aucune soupape de sécurité, il finit par exploser. Le siège qu’Israël impose à un million cinq cent mille hommes, femmes, personnes âgées et enfants vivant dans la bande de Gaza, a eu comme résultat une crise humanitaire et une famine qui ont amené la population à ouvrir une brèche dans le mur hermétique qui enfermait Gaza.

Le mur a été démoli à son point le plus faible, sur la frontière avec l’Egypte, permettant à des centaines de milliers de gens affamés et assiégés d’entrer dans le Sinaï et de s’approvisionner en nourriture et médicaments.

La deuxième loi établit que les êtres humains ne réagissent pas toujours comme l’avaient prévu ceux qui sont le pouvoir ; au lieu de céder à la pression israélienne, les habitants de Gaza ont décidé de briser eux-mêmes le siège.

Et la troisième se rapporte à la surprise des dirigeants - services de renseignements, armée, think tanks et « spécialistes des Affaires arabes » - comme du gouvernement israélien, qui n’ont pas anticipé ce qui s’est produit la semaine dernière à Rafah, nul n’avait remarqué la destruction du mur par le gouvernement palestinien de Gaza. Une fois de plus, tous ces gens se sont laissés surprendre, comme ils le furent par la Première Intifada, par le rejet de Yasser Arafat des « offres généreuses » de Barak, par la Deuxième Intifada et par les capacités de réactions du Hezbollah, en été 2006.

Cette surprise ne résulte pas de la stupidité de ceux qui sont supposés saisir ce qui peut se passer, mais de l’aveuglement d’un dirigeant incapable de voir dans ceux qui sont en son pouvoir des êtres humains dotés d’une volonté autonome et d’une capacité propre à prendre des décisions. Aux yeux de l’occupant, l’occupé n’est qu’un objet, pas un sujet capable de penser et de réagir en dehors du scénario défini par l’occupant. A travers l’histoire, cette cécité a accompagné chacune des guerres coloniales, de l’Algérie à l’Afghanistan, du Vietnam à l’Iraq, et le colonialisme israélien ne fait pas exception.

Le jour où les habitants de Gaza se sont frayé un passage à travers le mur de leur prison est en effet un jour à célébrer, comme celui de la révolte de Soweto en Afrique du Sud ou celui du soulèvement de Budapest il y a quarante ans, une célébration qui distingue l’humain du bestial par l’aspiration à la liberté et la volonté de façonner leur vie eux-mêmes. Et si l’initiative des habitants de Gaza et de leurs dirigeants symbolise l’humain, le siège de Gaza, lui, symbolise la bestialité de l’occupant, lequel, avec le mince prétexte des roquettes Qassam sur la ville de Sderot, n’a pas hésité à imposer une punition condamnant un million cinq cent mille personnes à souffrir de la faim.

En effet, que les images télévisées sur Gaza aient pu frapper les esprits ne doit pas effacer le simple fait douloureux que les mauvais traitements des Israéliens à l’égard des résidents de Gaza ne se sont pas interrompus. On peut raisonnablement supposer que le quartier général de l’armée avait mijoté des punitions encore plus cruelles que les « expériences » dont Ehud Barak s’est tellement vanté. Que la « Coalition contre le siège de Gaza » n’ait pas annulé le convoi de solidarité du 26 janvier est justifié, car les habitants de Gaza ont toujours besoin de cette même solidarité, et pour une très longue période encore.

Les politiques, les conseillers, les responsables de haut rang et les journalistes seront sans doute tenus pour responsables de ce qui se définit assurément comme un crime de guerre.

Sur le banc des accusés, le ministre de la Défense Ehud Barak prendra une place spéciale d’[de dés]honneur. Cet homme qui fait des expériences sur les êtres humains est le même homme qui est responsable du massacre de citoyens palestiniens d’Israël en octobre 2000, de l’agression sanglante lancée contre les villes de Cisjordanie fin 2000, sans parler de ses actes en tant que militaire. Cet homme tâché de sang porte la marque de Caïn sur son front, et quand il se déplace à travers le monde, il faut le traiter comme un criminel de guerre que les salles d’audience attendent pour que justice soit rendue.

Menachem Mazuz, le procureur général israélien, a annoncé cette semaine que personne ne sera traduit en justice pour le massacre perpétré en octobre 2000. Ehud Barak, qui en porte la première responsabilité, n’aurait pas dû s’en sortir une fois encore.

Sur le même personnage :

"Attention à Barak" - 29 décembre 2007 - Ran HaCohen - The Electronic Intifada.